James Bond bien dur

007 Spectre, Spectre, Sam Mendes, 2015

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       Joie de retrouver nos repères sur plusieurs générations : scènes d’action, courses-poursuites, James Bond girls (à la place de Penelope Cruz, la superbe veuve noire et louve Bellucci, la plus vieille de la série, dans une sombre Rome antique et baroque ; la peu convaincante Léa Sédoux, affublée du nom ridicule de Madeleine Swann à l’aune de Honey Rider, Holly Goodhead (« sacrée bonne pipe ») ou Pussy Galore (« baise à gogo »), actrice uniquement physique avec ses poches de camée sous les yeux malgré sa robe longue de satin blanc, aussi glamour qu’un poisson mort, qui lui sied peu : « Moi, je cherche, même si j’ai encore du mal à définir mon style »; le problème est qu’elle n’a pas encore trouvé), le méchant Waltz (Franz Oberhauser alias Blofeld; Hitchcock disait : « Meilleur est le méchant, meilleur est le film »), échappé de Tarantino, avec son chat angora blanc, une brute, le désert, des champs de neige, un train mortel (pour Mendes, le meilleur James Bond est La mort aux trousses, North by Northwest, A. Hitchcock, 1959 : « un homme apparemment ordinaire, plongé dans le plus grand des dangers ; une espionne, Eva Marie Saint, dans un train de nuit ; (…) un méchant génial, joué par James Mason »), lors d’un combat avec un acteur venu du catch comme Harold Sakata (Goldfinger, Guy Hamilton, 1964), Peter Fanene Maivia (On ne vit que deux fois, You Only Live Twice, Lewis Gilbert, 1967) et Pat Roach (Jamais plus jamais, Never say never again, Irvin Kerschner, 1983), l’Aston Martin avec option siège éjectable (après la DB5, la DBS, la V8, la V12 Vanquish, la DBS V12, 7 Aston Martin DB10 ont été réduites en poussières façon César pour 32 millions de dollars ! 3 ont toutefois survécu) poursuivie par une Jaguar C-X75 comme dans Meurs un autre jour (Die Another Day, Lee Tamahori, 2002), le martini vodka « shaken, not stirred ». Mendes abonde : « 007 Spectre évoque en effet les classiques de la franchise à travers les véhicules, le ton, l’éclairage et même la coupe du costume de 007, mais je tenais également à renouer avec le glamour des destinations lointaines et exotiques des premiers James Bond et le pousser à l’extrême. ». Autre liste : Writing’s on the Wall, la luxueuse chanson du générique (de la soul chantée superbement par Sam Smith, voix soprano sur tempo lent), le thème musical ou James Bond Theme durant le générique graphique sur un instrumental composé par Monty Norman, avec son accroche de guitare mi, fa#, sol existant depuis James Bond contre Dr No (Dr No, Terence Young, 1962), l’exotisme, l’érotisme soft, la violence, les belles montres, le placement de produit, la paranoïa, l’univers de conte de fées. Mendes surenchérit : « C’est comme un Meccano : je savais qu’il faudrait des scènes d’action, une femme, des voyages dans des pays lointains où Bond n’est pas allé depuis longtemps, des retours au MI-6 à Londres, etc. (…) J’ai senti qu’il fallait structurer le film autour de trois grosses scènes d’action : à l’ouverture, au milieu, vers la fin. ». En prime, le déguisement en squelette au début, comme dans Vivre et laisser mourir (Live and let die, Guy Hamilton, 1973). Une scène époustouflante digne de Au-dessous du volcan (Under the vulcano, 1984, J. Huston d’après le roman de M. Lowry). Prégénérique splendide – concept initié dans Bons Baisers de Russie (From Russia with love, Terence Young, 1963), deuxième film de la série, comme une promesse marketing et une signature des Bond – réclamant plus de 1500 figurants, 107 maquilleurs, trois hélicos et neuf caméras : en pleine fête des morts, à Mexico, Bond, déguisé en squelette, entraîne une belle mortelle dans un hôtel pour mieux la laisser choir (« Je reviens dans cinq minutes ! »), le temps de poursuivre un méchant jusqu’à un hélicoptère qui menace de s’écraser sur une foule terrifiée. L’immeuble qui s’effondre laisse songer au World trade center. Ce film joue constamment sur les références de films antérieurs de la série, de l’intradiégétique en quelque sorte. Craig : « nous voulions rendre hommage aux Bond qui ont créé la légende dans les années 1960. Autrement dit, mixer le Bond d’aujourd’hui avec une certaine nostalgie qui nous habite tous ». Bref, « Blockbusters planétaires, les James Bond arrosent tous les marchés », rappelle Guillaume Evin.

Rupture dans la continuité : Miss Moneypenny (Naomie Harris), jeune et noire, souvenons-nous de Gloria Hendry, James Bond girl noire dans le très blackxploitation Vivre et laisser mourir (Live and let die, Guy Hamilton, 1973), n’est plus la dévouée secrétaire de feu M, devenu une femme avant de trépasser, mais une femme d’action au rôle prépondérant, Q n’est plus un bricoleur de génie vicelard mais un jeune geek et hacker (Ben Whishaw).

       Sam Mendes, metteur en scène d’American Beauty (1999, premier film, 5 Oscars), de pièces de Shakespeare (ne pas voir d’allusion hamletienne dans le spectre : « il ne se pose pas assez de questions pour être Hamlet. Il est trop lucide pour être Macbeth. Il pourrait peut-être rappeler Hotspur dans Henry IV, mais il n’est pas aussi tête brûlée. Je ne suis pas sûr que ce soit un personnage shakespearien ») telles que Troïlus et Cressida pour la Royal Shakespeare Company (1990), Comme il vous plaira , La Tempête, dirige Kevin Spacey dans Richard III (2011), Le Roi Lear (King Lear) au National Theatre à Londres (2014) ainsi que de comédies musicales comme Cabaret, Charlie et la chocolaterie dans le West End, a « donné aux scénaristes trois idées (…) essentielles : Bond devait poursuivre l’exploration de son enfance longtemps tue, le film devait refaire le lien avec les premières missions, et 007 devait être face à un choix de vie très fort » (« Désormais, j’ai mieux à faire » dit D. Craig selon une réplique écrite par le metteur en scène).

Adoubé par le double succès au box-office pour ses deux premières missions dans la peau de l’espion britannique, Daniel Craig, la 6e incarnation officielle de Bond ou le trapu sauce Noureev bodybuildé à tête de Poutine, présente Sam Mendes à Barbara Broccoli en 2010. Elle a repris les rênes du père « Cubby » Broccoli avec son demi-frère Michael G. Wilson. Ils créent EON, une mini-major qui ne produit que les James Bond. Les choix : un nouveau réalisateur à chaque épisode, de Bond 17 (GoldenEye, Martin Campbell, 1995) à Bond 22 (Quantum of Solace, Marc Forster, 2008), quitte à déroger à la règle implicite de la nationalité en enrôlant un étranger à la couronne britannique, le Suisse-Allemand Marc Forster en 2008. Elle écarte Quentin Tarantino car il propose des changements trop radicaux. Avec Mendes, La Broccoli tient la perle rare : un jeune cinéaste doté d’une sensibilité d’auteur, capable de manier un blockbuster à deux cents millions de dollars sans être tétanisé par les enjeux financiers, un metteur en scène oscarisé amusé à l’idée de se frotter au cahier des charges bondien, prêt à jouer avec les codes du genre sans toutefois les transgresser complètement (« réaliser un film à grand spectacle qui resterait personnel »), un britannique aux States qui a envie de revenir sur son île d’origine. Bingo avec Skyfall (2012) et son 1,1 milliard de dollars de recettes, l’acmé financier de la série depuis James Bond contre Dr No (Dr No, Terence Young, 1962). Début 2013, Broccoli et Wilson suppliaient le Roi Midas, auteur de Jarhead – La fin de l’innocence (Jarhead, 2005), de reprendre du service pour la prochaine aventure. Mendes, fatigué, refusa dans un premier temps. Ang Lee, Tom Hooper, David Yates, Danny Boyle, Shane Black, Christopher Nolan et Nicolas Winding Refn ont été approchés. Play it again, Sam !

Sur les romans de Ian Fleming, Mendes déclare : « Le meilleur portrait de Bond reste celui qu’en donne Judi Dench dans « GoldenEye«  : « Un dinosaure misogyne et sexy, une relique de la guerre froide. » ». Quinqua, le réalisateur anglais a façonné à son image l’agent secret imaginé par Ian Fleming : quadragénaire, hésitant sur la suite à donner à sa carrière, retournant en Grande-Bretagne après un long séjour à l’étranger. En 1935 rencontre Muriel Wright, « trop belle pour être vraie », dit-il, avant d’en tomber éperdument amoureux. Ben Macintyre, journaliste du Times, voit dans cette femme le point de départ de toutes les héroïnes bondiennes. « Souple et peu exigeante, belle mais innocente, aimant le plein air, forte physiquement, implicitement vulnérable mais qui ne se plaint pas, puis tragiquement décédée, juste avant ou peu après le mariage. » Comme ses nombreuses transcriptions cinématographiques, Muriel Wright n’eut qu’un passage éphémère dans la vie de Fleming. Elle est tragiquement décédée un jour de mars 1944, lors d’un raid de la Luftwaffe allemande.

Viennent ensuite des considérations passionnantes de la part de Mendes : « J’ai beaucoup pensé à Le Carré en préparant 007 Spectre. En fait, entre Fleming et Le Carré, c’est une question de services. Le Carré écrit principalement sur le MI-5, le Security Service, basé à Londres ; Fleming, lui, se réfère au MI-6, le Secret Intelligence Service, qui s’occupe des agents anglais à l’étranger. Les premiers sont une brochette de fonctionnaires auxquels Le Carré donne parfois une dimension mythologique, comme Smiley ; les derniers sont ces Anglais très anglais qui partent en mission protéger le monde libre. Quand Fleming a inventé Bond, puis à l’époque des premiers films, on était en pleine guerre froide, les espions du MI-6 étaient les « bons », puisque les communistes étaient, de l’avis général, les « méchants ». Un demi-siècle plus tard, c’est plus compliqué. Pour refaire de Bond un héros positif, nous avons dû inventer un autre personnage, « C », qui doit beaucoup à Le Carré. C ne croit plus au terrain, il croit aux drones, à la surveillance permanente. Ainsi, face à lui Bond reste le gardien des valeurs démocratiques d’antan. Curieusement, on n’est pas si loin de la vérité. Pendant que l’on tournait 007 Spectre, le patron du MI-5, Andrew Parker, a fait des déclarations assez tonitruantes contre le droit à la vie privée. Si nos données personnelles, a-t-il dit en substance, permettent de prévenir des attaques terroristes, quel droit avons-nous de les garder privées ? On voit où ça peut nous mener : tout le monde traité comme un coupable potentiel. » Cette digression est intéressante au regard des fusions de service en temps de crise (RGPP, politiques successives de modernisation du service public) générant souffrances au travail. Ici, il s’agit d’une reprise en main musclée du MI-5 et du MI-6. Le nouveau patron, affublé du matricule « C », est un jeune fonctionnaire puant, genre énarque voire polytechnichien ou je-sais-tout en manque d’expérience de terrain malgré ses stages. « C », comme Con, entend mettre un terme au statut, selon lui désuet, des double zéro : « Bond est obsolète ». Le drone détrône.

À l’heure des lanceurs d’alerte (Snowden, Assange), des pirates informatiques, de la surveillance des citoyens par la NSA, de la découverte d’un programme de surveillance électronique britannique siphonnant nos données personnelles, de la non confidentialité des données sur internet (big data, réseaux sociaux, marketing) ou des lois controversées sur le renseignement, les thématiques présentes dans ce 24e volet de James Bond sont actuelles. Ces points négatifs, contreparties obligatoires du tout-numérique et de l’évolution technologique, sont concentrés dans les mains de Spectre (Service pour l’espionnage, le contre-espionnage, le terrorisme, la rétorsion et l’extorsion), entre terrorisme et contrôle de l’information, organisation déjà présente dans Opération Tonnerre (Thunderbal, Terence Young, 1965), Donald Pleasence dans On ne vit que deux fois (You Only Live Twice, Lewis Gilbert, 1967), le charmant Au service secret de Sa Majesté (On Her Majesty’s Secret Service, Peter R. Hunt, 1969), avec deux actrices de Chapeau melon et bottes de cuir (The avengers), Diana Rigg et Joana Lumley, ou encore Max von Sydow (Bond « pirate », Jamais plus jamais, Never say never again, Irvin Kerschner, 1983). Des problèmes de droit ont chassé le nom Spectre des films récents. Une décision de justice de novembre 2013 a redonné à Eon production le plein usage de l’organisation inventée par Fleming. Sans compter les « back doors » installées dans le logiciel ou l’intégration polémique de la nanotechnologie « smart blood » (« sang intelligent ») avec possibilité de localisation (puces RFID, GPS). Bref, le journal britannique le Telegraph résume le ping-pong espions et analystes des données : « Plus que jamais, la technologie a rapproché les soldats, les espions et les hackers dans les services de renseignement. ».

La série Bond a été avant-gardiste sur la mondialisation. Ici, il est question d’Oujda, de Londres, Woodstock, Rome, Solden, Altaussee et Obertilliach en Autriche, Tanger et Erfoud au Maroc et Mexico. Tanger, Londres et l’Autriche étaient déjà présentes dans Tuer n’est pas jouer (The living daylights, John Glen, 1987). La Norvège, l’Inde et la Campanie (Italie) ont été abandonnés.

Devenons une petite souris sur le tournage : « La scène d’ouverture : je suis à Mexico, il y a deux mille figurants en costumes, trois hélicoptères, neuf caméras en simultané. Avant le premier « Moteur ! », on me montre sur une tablette les images que la seconde équipe tourne simultanément dans les Alpes. Je dois leur parler tout de suite, parce que le cadrage n’est pas le bon. En même temps, dans les studios de Pinewood, à Londres, quelqu’un est en train de construire un décor à une mauvaise échelle. Je regarde les plans, les photos du chantier, je dois intervenir. Toujours au même instant, le directeur du casting cherche des comédiens pour une scène de réunion à Rome, et je dois choisir. Et c’est là que le premier assistant vient me voir : « Tout le monde est prêt, que veux-tu exactement ? » ».

Mendes a dû faire face à d’inévitables imprévus. Le 8 décembre 2014, fête des lumières, neuf Range Rover, préparées pour le filmage en Autriche, ont été volées en Allemagne. La valeur totale des véhicules s’élevait à un million de dollars. A cause de la fragilité des monuments, une scène à Rome n’a pas pu être tournée sur la place des quatre fontaines tout comme la course-poursuite en voiture qui devait avoir lieu dans La Via delle Quattro Fontane. De plus, une association religieuse s’est opposée au tournage sur le Pont Sisto, lieu où Daniel Craig devait se poser en parachute et des moines ont aussi interdit à la production de tourner dans le cimetière de Verano. Sam Mendes a alors choisi de filmer dans le Musée de la civilisation romaine. Pour la scène tournée dans les Alpes autrichiennes, 500 personnes ont été engagées aux fins, seulement, de maintenir la neige artificielle et des hélicoptères ont lancé des explosifs pour éviter une avalanche.

Lors du premier jour de tournage à Erfoud, au Maroc, l’équipe du film a eu la mauvaise surprise de se retrouver au milieu d’une immense tempête de sable. Elle a dû interrompre le filmage pour le reste de la journée et se réfugier dans les véhicules afin de se protéger des vents qui atteignaient les 80 km/h.

Nonobstant l’énième phrase imbécile de Truffaut, ici sur le cinéma anglais, il reste la saillie du producteur David Puttnam : « En France, le cinéma, c’est de l’art, aux Etats-Unis, c’est du commerce. En Angleterre, ce n’est ni l’un ni l’autre… ! ».

Le british Danny Craig, coproducteur, en burn out de promo, n’en rate pas une quand l’on sait qu’il doit contractuellement avec Sony jouer encore au moins une fois, le contrat de production arrivant à terme, la Warner jouant des coudes : « Je crois que je préférerais briser ce verre et m’ouvrir les veines. (…) Tout de suite, si je fais un autre James Bond, ce sera pour le fric. ». En effet, Danny s’est blessé au genou en tournant une scène de combat dans le train et a dû subir une opération chirurgicale. Le tournage a été arrêté pendant deux semaines afin que l’acteur soit totalement guéri. Mais il sait mettre aussi de l’eau dans le vodka-Martini : « On m’a posé la question deux jours après la fin du tournage, mais je me réserve le droit de changer d’avis. Je pourrais vous répondre n’importe quoi [« bullshit » en VO]. Je ne sais pas si je referai un James Bond. Le scénario du prochain n’est pas écrit. Tout ce que je sais, c’est que Sam Mendes et moi avons commencé quelque chose avec Skyfall et que j’aimerais beaucoup retravailler avec lui. ». Il a inscrit dans son agenda le rôle de Iago dans Othello de Shakespeare, avec l’acteur David Oyelowo (Selma, Interstellar, Nolan, 2015) en automne 2016 à Broadway; il rêve d’une adaptation du conte satirique de Mikhaïl Boulgakov Le Maître et Marguerite. La place ne restera pas vide : une rumeur persistante se focalise actuellement sur Idris Elba, révélé dans les séries The Wire et Luther avant d’incarner Nelson Mandela. Bookmakers, vice anglais, à vos tablettes : dès août, le magazine Esquire avait recensé pas moins de quinze prétendants possibles comme Tom Hardy (Mad Max : Fury Road, George Miller, 2015 ; Inception, Nolan, 2010), Henry Cavill (Man of steel, Zack Snyder, 2013) ou Michael Fassbender (Twelve years a slave, Steve McQueen, 2013 ; Steve Jobs, Danny Boyle, 2015). Puisque nous n’en sommes pas là, d’où vient Danny ? Il a incarné le pionnier de l’Aéropostale Guillaumet dans Saint Ex (1996), mais aussi George Dyer, l’amant du peintre Francis Bacon dans Love is the devil (1998). Il a tourné Lara Croft : Tomb Raider (Layer Cake, 2004), aux côtés d’Angelina Jolie, pour Steven Spielberg dans Munich (2006) et pour David Fincher dans Millénium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes? », 2011). Au théâtre, les New-Yorkais l’ont découvert en 2013 dans Trahisons, d’Harold Pinter.

Gary Oldman et Chiwetel Ejiofor (Twelve years a slave, Steve McQueen, 2013) ont été approchés pour le rôle du diabolique Oberhauser mais il n’était pas prêt à s’engager sur une production qui impliquait des tournages à l’étranger sur une durée de 6 mois.

Ne boudons pas l’aspect freudien, tirant vers le prequel : dans Skyfall (2012), Bond se révèle orphelin. Son père s’appelait Andrew, sa mère Monique Delacroix; ils sont morts quand James avait 12 ans. Ici, il s’agit d’un père qui adopta James pendant 2 ans, notamment les vacances d’été, avec un demi-frère et vrai fiston, rongé par la jalousie et le sentiment d’abandon. L’ennemi est forcément un être proche, qui nous connaît. Cela sent le côté obscur de la force. Petite scène de torture assez prenante, trous à l’appui. Il recherche et drague la fille, rencontrée dans une clinique alpestre (intérieur de la clinique Hoffler dessiné à Pinewood, extérieur à l’Ice-Q situé à 3000 mètres d’altitude sur le mont Gaislachkogl) remémorant le nid des anges de la mort d’Au service secret de Sa Majesté (On Her Majesty’s Secret Service, Peter R. Hunt, 1969), de son vieil ennemi, M. White, qui le conduira à détruire Spectre. Le spectateur en vient à se demander si elle n’est pas sa (demi)sœur, les scénaristes ont dû hésiter, le puritanisme excluant l’inceste. En effet, les producteurs du film ont été forcés de faire réécrire le script après le piratage de Sony. Une version du scénario aurait été volée par un groupe se faisant appeler Les Gardiens de la Paix. La production a confirmé que cette cyber attaque avait causé un changement drastique dans le dénouement de l’intrigue. En 1956, Ian Fleming décrit la femme parfaite dans son livre Les Diamants sont éternels. Il affirme ainsi que « la femme idéale doit savoir faire la sauce béarnaise aussi bien que l’amour. Il faut aussi qu’elle soit douée de tous les petits talents de société habituels. Des cheveux d’or. Des yeux gris. Une bouche à damner un saint. Un corps parfait. Et naturellement un grand sens de l’humour, de l’élégance, et une dextérité convenable aux cartes. Il attend d’elle, encore, qu’elle ne commette pas d’erreur de parfums comme la plupart des Anglaises. Qu’elle sache s’habiller : il adore les robes noires, surtout sur une peau bronzée, pas trop de bijoux et des ongles exempts de vernis ». Les françaises ne sont pas rares dans les rôles principaux puisque Seydoux est la septième actrice hexagonale parmi les 11 James Bond girls frenchy (notre nationalité représente 14,28 %) après Bérénice Marlohe (Skyfall, 2012), Eva Green (Casino Royale, Martin Campbell, 2006), Sophie Marceau (Le Monde ne suffit pas, The world is not enough, Michael Apted, 1999), Carole Bouquet avec sa beauté et ses yeux bétassons mal éveillés (Rien que pour vos yeux, For your eyes only, John Glen, 1981), Corinne Cléry (Moonraker, Lewis Gilbert, 1979) et Claudine Auger (Opération Tonnerre, Thunderball, Terence Young, 1965).

Le Guiness World Records s’en mêle avec l’explosion du 29 juin 2015 à Erfoud, au Maroc nécessitant 33 kilos d’explosifs et 8 418 litres de fuel grâce à l’artificier en chef Chris Corbould.

Un film tourné en 35mm, projeté en Imax qui ne mord pas le plein écran. C’est le premier opus de la série à être filmé avec des lentilles anamorphiques depuis Meurs un autre jour (Die Another Day, Lee Tamahori, 2002). Tout est bon dans Bond !