[Manuscrit] Sales rêves (épisode #14)

Comme on fait son lit – expédié à coups de poings -, on se touche. La nuit porte sommeil. Sauf insomnies en somme. Le lot nocturne quotidien. Lune pleine=luisante=moucharde=cachet effervescent=cymbale. Crimes & loups-garous. Grosse lune=pain à cacheter=lune silente. Marées, castagnettes de pinces de crabes entre les détritus en plastique, baisse du temps de sommeil. Eclipse chorizo. Se faire couper les tifs comme Déméter sarments. Bois luné incassable. Rêvation de Dark side of the moon, de la face cachée de la nulle, désoccultée par les chinois[1] après la tête de la femme de Méliès[2], énorme dans le ciel pur noir, loin du noir résolu des imprimeurs, prolongé par les montagnes de neiges éternelles saupoudrées au son de Quand la musique est bonne de J.-J. Goldman – BOUM ; year, au soleil menstruel, les flamants roses de Camargue en camarde car trop saline à cause de la montée des eaux – Le salaire de la peur succède aux westerns. Miami Inherent vice, impuni, à force de lire. De la brune sous mimosas. De la coke sous les palmiers. Les vieux se la coulent douce. Page est Pamela Anderson ou Bilitis sa toile, Don’t beat it Dirty Diana, princesse. Alister dos crawlé sur Led Zep pour lutter contre la cambrure congénitale.

Ecrire est cabrer barbaque puisque là où est la merde est l’&tre, c’est dit. Les livres jonchent le sol. Sens dessus dessous. Imprimé se livre. Tsundoku. Marcher dessus comble. Le plancher courbait. Bruit absorbé dessous. Mètre ressenti exigu dans passoire thermique. Tout est dompté. Rester interdit. Lagaffe© a attrapé la variole du songe. Imaginer une maison de S. Winchester à San José avec une fenêtre-balcon au milieu de la pièce et des escaliers menant nulle part. Former un igloo inouï de livres. Demander à reloger ailleurs – bien qu’il soit en u, l’appartement -, à cause de coups de froid, de manque récurrent de sommeil, de nombreuses châtaignes électriques, de coups sourds de l’unijambiste mort – ce locataire précédent – dans cet appartement traversant, de membres inexplicablement ankylosés, comme cette locataire de Fontenay qui en appelle au maire, sur le fondement d’une expertise de la Société de la Recherche Psychique avec exorcisme, nettoyage énergétique par SOS fantôme et une coach Harmonie option Feng j’suis. Risque de mourir comme les frères ermites d’Harlem quand les piles s’écroulent à cause d’avalanche d’objets. Syndrome de la cabane : huttopie. Intérieur inuit. Tranchée fœtale. Régression. Creusé, le terrier rassurant, Beckett[3] s’inspira de Kafka à travers Lewis. Quoi de neuf, docteur ?

Ne pas fêter son non-anniversaire transposé le jour marquant du premier pas sur la lune filmé dans la pseudo version alternative de Kubrick. Moonwalk one de Jackson, Moonraker avec Lonsdale échappé de chez Duras, évoquée dans Destination : lune. Un Petipa pour l’home en sweet-shirt et claquettes chaussettes – manger-bouger. Odeur des bougies à peine éteintes – mèches courtes – sauf quand un plaisantin leur substitue celles qui se rallument automatiquement. Poser un lièvre[4] qui mange un Mars® quand court la haze. Quoi de neuf, docteur ?

// j’aime le lit car c’est le seul endroit où comme le chat je puis faire le mort en respirant tout en étant vivant // Les acariens peuplent sa filasse=galette=son matelas=mouton=serpentin soldé trop vieux où, langueur oblige, ileli, hommelette[5], glandouneux, -euse, sans secousse, s’étale, évaché.e, à longueur de journée ou l’art de faire du lard=d’avoir la chienne=fader=se radasser=s’accagnarder=balocher depuis sa maladie du baiser=mononucléose infectieuse et échange de 80 millions de bactéries. Nul besoin de coach paresse. Au-dessus, une reproduction du péché capital par Teniers le jeune : jouer sa carte. C’est un lézard, un hareng, la gouape, une fenasse, un flan mou, un.e saint.e lâche, un.e malade du pouce, un.e sublime. Trône un diplôme ès paresse du primus inter paresse – « se faire un pénéquet après s’être pété le bédelet » – encadré avec des tickets de caisse, matière première à poésie populaire malgré l’abstraction comme posture. La vie est croûte.

Puces de lits=satanées bardanes s’étendent. Les dompter comme Charlot. Méridienne sans pause malgré le syndrome de l’anus sans repos. Récamier sans salon, mariée avec son père. Dark side of the mom : black Freuday, à sa solde, être esclave de la consommation. Surmoi trop présent, c’est ça. Le lit est son QG. Avoir le moral dans les chaussettes orphelines. Nul panneau de liège avec des poudres projetées et Céleste qui veille. Pas feu au QG malgré la lune pleine. Gare au Garou, Notre-Dame en feu, cancellé=effacé=lessivé, l’auteur de la kitsch flèche, Viollet-le-Duc, désirait restaurer les Alpes après sa chute dans la crevasse, vu que le sommet du Mont Blanc évolue. William inspire une fois qu’il expire. Juste la photo de la pochette de vinyle de U2, War, cet enfant irlandais grave aux yeux clairs qui vous fixent, gravée dedans – Un missile a élu domicile. Ileli n’aime pas les affiches de fan placardées au mur. Seules les constellations des deux hémisphères en pastilles fluo comme des noix=lobes de cerveau au mur. Tout de même, trône en NFT acheté sur le site OpenSea et Showtime avec la mention « Hope you like it ! », la photo agrandie de la radio d’un avant-bras transpercé d’une balle de kalachnikov, issue du dossier médical d’une rescapée du Bataclan, par un chirurgien.

§ : La phrase est un système planétaire, avec des trous noirs entre les mots ; être dense comme une étoile à neutrons avant de devenir supernova, avec sursauts Lorimer. Le radiotélescope d’Arecibo s’écroule comme son monde. Des deux mots, choisir le moindre. La poésie est admissible[6] si les silences sont malaxés en verbi-voco-visuel[7]. Comme la majoritaire antimatière, le silence creuse les sens puisque le mot n’est que le haut de l’iceberg – tropisme. Colère l’habite – foie. La poésie, à bout de souffle, a tenté de puiser sans succès sa création dans les arts plastiques causant un bref rebond[8] ; le pire étant les plasticiens qui se targuaient et se piquaient de poésie, une catastrophe. Une bombe derrière chaque mot. Arc électrique avant arc narratif. Stormy weather. La foudre gouverne toutes choses [frag. LXIV][9]. Temps malade : il fait d’orage. Prendre le pourpre, la turbine, la foudre, l’éclair, l’élicie, l’arge, le lanciz : convection de cumulonimbus en enclume – ascendance dedans -, en ligne de grain avec chapelet ; claquage – effet dans plasma – d’isolant à l’état ionisé ; traceurs en double arborescence. Sphères jaune-orange en ionosphère. TLE=elphes, TGF=flashs gamma ; sprite=sylphes rouges=méduse inverse=jets bleus. Hydroxyles et hydropéroxyles nettoyeurs. Purple rain. Mots sont fougères=figure de Lichtenberg=arborescence électrique. Fulguration. Enterrement rituel de la foudre avec du sel à Pompéi. Nulle aubépine dans le bocage. Tesla, cette guignolante bobine incarnée par Bowie, sensible comme une chauve-souris, né pendant les orages, se protégeait des vibrations avec un lit reposant sur des socles en caoutchouc.

Rentabiliser loyer trop cher par un taux d’occupation maximum jusqu’aux reproches – Trop pot-au-feu ! – du proprio FN/RN qui s’en vante, ___sieur vautour[10], du dessus pour lui payer sa résidence secondaire chez ses congénères racistes dans le Gard, ses fringues à la Barclay pour sauver les apparences, ses voitures polluantes comme sa 4*4, ses motos, ses vélos et son buggy, ce quad de Crown des-bacs-à-sable sorti deux fois par an jusqu’à faire trembler les voisins du quartier, masquant une retraite chiche après avoir arrêté de travailler à moins de quarante ans – toujours un gamin, le vieux. Pastis & boules – il ne baise jamais le cul de Fanny, même pas celui de sa flanquée=bague=brodeuse=chandelière=fenne=marmotte=panuche=digue=cocodète=douillarde=juteuse=YL=vieille, qui tape du talon et porte la culotte, que le macho engueule tout le temps avec des velléités de démon de midi avouées au creux de l’oreille. Il arrondit sa retraite avec sa rente d’appart’ et son orchestre de reprise de Johnny et Eddy – qui trouve Bowie ridicule -, Delpech, etc. ‘C’sont pas les noirs qu’ont apporté l’rythme qu’ils l’ont d’jà dans la peau, hein ? – Faisant trop de bruit, un voisin, fumant compulsivement du haschich, alors que son proprio, invisible, est flic, se présente, fulminant, en déclarant un duel avec le choix entre la machette et le sabre japonais. Pays d’héritiers en monarchie élective. Suis mouchique à sec. Se camisoler : ourserie. Murs fins comme papier à cigarette – OCB, Oxyde Carton Blindé où elle tire la langue – soit plus un Malaparte[11] qu’un Bonaparte. S’acagnarder. Ailes d’ange anatomique, inspirant Prévert, comme l’aigle de sang, torture viking, en manches derrière.

Un voisin efféminé, la soixantaine sonnante mais pas trébuchante, teint en blonde, moins beau qu’Helmut Berger mais plus que dans La cage aux folles. Assurancetoutrix chante avec une voix aiguë jusqu’aux whistles. Derrière un galandage fin comme du papier à cigarette, un noyé de clopes et d’alcool, un ancien d’assurance gémit – il y a de l’oignon – de douleurs dépressives à peine adoucies en tronchant diverses femmes qui s’exercent à gémir d’autant pour exciter le mâle. Après l’amour pisser sagaie : terminer inévitablement dans le buen retiro=fientoire=une caisse des dépôts et consignations=un numéro 100=être à droite=aller où le roi n’envoie personne=un cabinet des grimaces=aller où le roi ne va qu’à pied=wc où il lâche de l’eau=fait le petit=lancequine=change l’eau des olives=fait pleurer son aveugle=lance=écluse=change son poisson d’eau=quimpe la lance=lascaille=pleut=arrose les pissenlits puis flushe la toilette. Vos luttes partent en fumées. Un couple musulman : le boxeur gémissant se taillade devant sa femme en pleurs. Ils se défoncent sur les lames du plafond, passé l’orage. Boy meet girl, Modern love et plus si lovés.

Jeunette genre, selon les canons actuels (indice de masse corporelle, rapport cuisses/hanche, entre cuisses, taille/seins/fesses), cheveux de jais longs attentivement lissés et talons hauts dans une collection pléthorique de chaussures (Encyclopédie Comprendre la femme : vol. 1 Les pompes), avec force talons aiguilles pour montrer la hauteur de son exigence sexuelle et de distinction sociale avant de devenir un sac à patates en baskets à la Lolita, ébranlant l’immeuble chaque matinée, pour faire comme et appeler le mâle – éthologie -, astigmate comme le télescope spatial Hubble. La fille de militos découvre le sexe via Tinder® avec un chauve style chimio de son âge sien puis une armoire à glace barbue, déjà passé de mode, façon hipster à la Garibaldi pour affirmer sa virilité au poil[12], sur fond de musique radio, mode porno. Faire comme. Les mêmes cris étouffés avec des mecs différents. Faire comm. Cendrillon ne trouve pas Saussure à son pied qu’elle ne prend pas. Une française sur trois est insatisfaite : coq écorné.

Masturbation se généralise. In godmiché we trust. Beaucoup n’ont pas d’orgasme avant la trentaine. Travail ton périnée, travail ton périnée dit le coach périnée. 80 % pratiquent la fellation – proscrite chez les romains pourtant amateurs de vulves de truie persillées, car perçue comme une soumission. 50 % se font taper dans le Gnafron=prendre la voie italienne=se font postillonner=tarauder la bagouse=se font faire un petit ramonage de printemps=passer par l’entrée des artistes=le trou du souffleur=jouent à fesse-Guignol=se font faire con cocu=se font besogner la ragougnasse=taper dans l’oignon=enganyméder=rejoindre le carrefour des enfants perdus=se font taper dans la moelle=redresser la colonne vertébrale=se le font faire au cold-cream©=s’en prennent plein le couloir à lentilles=se font retourner la médaille=déplisser la rosette=taper dans le pile=baptiser à la bonne adresse=se font retourner le continent=frapper au buffet=casser le verre de montre=se font baptiser poste restante=baguer le pigeon=ganymédiser=prendre du moulineaux=prendre du rond=se font mazouter le pingouin=taper, ouvrir la boîte à pâté, à ragoût=donner un bouillon pointu=retourner comme une crêpe=vont à la moutarde=se font fourrer le Choco BN®=bourrer le Nuts®, le Bounty®=se font faire une visite guidée des usines Suchard®=une petite grignote coupe-faim=aiment la terre jaune=se font, comme l’écrit Proust, casser le pot, en progression – trop important chez les maghrébines (=cheviller à l’orientale) forcées de rester vierges (hymen recousu). 20 % baisent avec un casque sur les oreilles – l’étude ne précise pas si le son est coupé ou, s’il ne l’est pas, si il s’agit de musique, de personnes qui parlent voire des sketchs.

Le Père Noël[13] est lassé des cheminées, les rennes en extinction – échappés du Kvarnen en Södermalm – sont en grève, la zoophilie augmente tout comme le cancer du gland -Pey évoque ces canards, mis dans des tiroirs, enculés dès la tête coupée dans le sud-ouest. 40 %  des hommes se pognent au travail, 30 % des femmes : clavier pas tempéré. Le tiers des cadres font l’amour pendant le télétravail. La norme depuis ladite libération sexuelle. Difficile liberté. Injonction du jouir, le culte de la performance. Mode échangisme puis sado-maso ou le rêve en catalogue CAMIF®, Jacquie & Michel® comme Jacob & Delafon®, Marx & Engels. Au pays du chocolat, la femme préfère lesdites douceurs à l’amour. Un bon placement.

§ : Etre en résidence d’artriste confiné chez soi, rester actif en appartement conspiratif. Se cantonner. Sauter de coin en coin, de résidence en résidence en reconstituant mentalement Le tour de France par deux enfants. Se lancer à soi-même des commandes. Cumuler des dossiers imaginaires avec détails bureaucratiques, noir sur blanc, pas de fiches comme Vlad-Sirine ou le structuraliste Roland Rien-ne-vaut, le barde sans roman. Postuler pour un salaire à vie, même avec pédophilie avérée, vantée dans les livres financés. S’inventer un label scandaliste© & atterré : tout est bon dans le choCon. Etre à soi-même son propre atelier d’écriture. Toute création, peu propre, génère son propre écosystème. Escarres guettent now. Comme cosmonaute Gagarine. Son ADN mute en cours de route, tout est relatif. Tous des indiens. Retour à. Maladie familiale. Systèmes immunitaires affaiblis, amygdales enlevées. Partout dans les fers[14]. Epidémies et épizooties dehors. Coronakrach. Exponentiel. Toux automnales. Nombre atones. Gastro trois étoiles, rhino féroce – là où il y a des gênes, il y a du plaisir, grippes, angine – Stone.


[1] Après Frau im Mond de Lang, les chinois ont envoyé un enfant dans l’espace alors que les USA ont donné enfin sa chance pour la première fois à un trans.

[2] Jehanne d’Arcy façon La bataille du siècle avec Laurel & Hardy et la scène finale censurée d’Adam dans Le Dr Folamour.

[3] Selon Martin Amis, « Non, je n’aime pas ses pièces. Dans La Transparence des choses, Nabokov décrit un ermite assis nu sur un siège de toilettes déglingué. Il suggère que cette image à elle seule résume tout le théâtre de Beckett. Ces lignes m’ont toujours fait sourire. »

[4] En soulever un, ça rote : en faire courir plusieurs à la fois, contrairement au conseil de la studieuse Sarraute.

[5] Etre ou ne pas être où être n’est qu’un verbe.

[6] Ishaghpour, Youssef. Le poncif d’Adorno. Le poème après Auschwitz. Paris : Editions du Canoë, 2018. 91 p.

[7] La poésie, par essence intermédia (aède, troubadours, comptines, glossolalie, chanson, poésie sonore, visuelle, électronique) selon Philippe Castellin à la suite de Dick Higgins, utilisant les divers systèmes de communication, se doit de s’opposer à la communication, de l’interroger. Elle est « Une machine de destruction de la langue majoritaire. » (Frank Smith).

[8] Certains perdurent comme S. Calle, V. Mréjen et L. Mauvignier.

[9] Héraclite in Dumont, Jean-Paul (éd. scientifique). Les Présocratiques. Paris : Gallimard, 1988, 2004. Bibliothèque de la Pléiade. p. 160-161. Selon Hippolyte (Réfutation de toutes les hérésies, IX, 10 où le prêtre d’Ephèse précise : « le feu est doué de conscience et cause de l’ordonnance de toutes choses. »), le nom de foudre est donné au feu éternel.

[10] Curieuse confinité, Neighborhood d’Arcade fire sur Funeral après Fuck the neighbors d’Iron Reagan.

[11] Quoique sa villa à Capri dans Le Mépris de Jean-cul God suscite l’envie.

[12] Des bactéries dans la barbe – le Père Noël, rénové par Coca® dans les années 30, est une ordure.

[13] Il a été l’objet de vives polémiques après avoir été brûlé à Dijon à cause d’un prêtre, qui a eu la moutarde qui lui a monté au nez, désavoué par l’Evêque du cru, Cesbron contre Barjavel, Cocteau – ce soutien de sculpteur nazi en son vernissage choquant Jean Marais – contre Mauriac, Lévi-Strauss y a été de son étude ethnologique, Dolto également, l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Dijon l’ayant définitivement réhabilité.

[14] Césarienne généralisée, souvent de confort, n’arrange rien et encore moins le corps de la femme.


[Manuscrit] Sales rêves (#épisode 13)

Longtemps l’impression, malgré l’enfilade de mouillantes=bouillantes=soupes avec des lettres d’alphabet, de ne pas savoir lire=comprendre les imprimés à cause de diverses méthodes scolaires[1], sujets d’âpres débats comme la France les aime, au gré des déménagements et des changements politiques. Ratures littérales = litté-rature[2]. Peur de crucifier les papillons-mots, eupithecia nabokovi, bulles de savon irisées en vanité, pâte-mot selon SokraTe mort en costard, dont la grammaire, truffée d’exceptions comme le brie=côtelette de perruquier, de vache, de menuisier=entrecôte de lingère, de brodeuse – ce «roi des fromages » selon Talleyrand au Congrès de Vienne -, méldois (AOP), meluniais (AOP), columérien du tout, nangissien et tien ou provinois, est un mille-pattes. Seule l’odeur âcre des livres anciens, hérités dans la bibliothèque d’acajou, avec confiture d’abricot=beurre d’oreilles=cérumen sur pattemouille en peau de siamois, comme encaustique afférent comme le parquet de bois craquelant, chevauché prudemment avec des patins infligés par une TOC du côté du Pont de la Révolte dionysien, vers chez Cavanna, l’embaumera. Chaque volume exhale un parfum différent. Inégalité soucieuse[capital culturel].


[1] Les méthodes d’apprentissage de la lecture varient, de la globale ou reconnaissance automatique des mots par entrée de mots entiers et l’anticipation ou la devinette de leur sens d’après Decroly, Freinet et Foucambert à l’apprentissage syllabique et phonologique en passant par les méthodes de lecture mixtes. Avec le temps, comprendre que l’école ment, dépendante du savoir contemporain : la localisation du goût dans la bouche se révèlera fausse ; la composition de l’atome comme système planétaire, comme une première topique psychanalytique, est une erreur ; rien sur La Commune, la rafle de Marseille, même si l’esclavage ou le colonialisme pointent enfin dans les cours d’histoire.

[2] Littérature est un des rares mots dont l’étymologie est ignorée. Humour français ?

Caresser le dos, la couverture, pour le Daumal. Shön brune Say Say Say Shōnagon. Passe ton Bashō, banane ! Faire les Feuillantines. Chemins verts de Greenaway qui ne mènent parfois nulle part, no way out Hölderlin en sa tour. Wozu ? To lose, en ville rose, Losey blacklisté – vil. Beauté des plats en reliure dorée sur tranche avec nerfs. Microcosme des pages de garde marbrées. La monomanie du maroquin détectée chez le baron hollandais Westreenen van Tielland.

Les pages réunies dessinent parfois une figure sur la tranche. Flipbook=folioscope=feuilletoscope=feuilleur fait flipper – pouce. Spins. Une bibliothèque est un tout organique, en évolution, qui crée son propre écosystème. Mots en chats de Schrödinger ou du Cheshire. Le bibliomane de Nodier, le Dico des mots du sexe. Spinoza encule Hegel, Hipparque nique Ptolémée, Rimb’ encule Verlaine[3], Philosophie de la misère et Misère de la Philosophie, Marx nique Proudhon, France sodomise Proust, Fantaisie militaire. Bière et mise en bière. Le dico du diable comme bible[4]. L’érudition est une poussière tombant d’un livre dans un crâne vide. Des tapisseries causent vieux françois lors de la guerre des ligues. Le grand couloir au Vatican s’anime avant la chapelle Sixtine – !Zitti Shut up crié et répété en haut-parleurs. Hapax. Jeff Séquelles et Jelle de Bour. Une partition ronéotypée trèspeulue par un obscur catholique polonais en Suite suisse : Du triunisme en tapuscrit, l’ère de trois n’aura pas lieu. Apax. Isthme d’-ismes. Suis-tu ?

[§ : ? – : En moi, coule l’Arno. Jamais vecchio, le ponte. Le fleuve charrie la boue du réel en son épaisseur en tableaux synoptiques dans Calculs[3] que corrobore le Cinéma intérieur de Naccache. Vitesses : paradoxe de Zénon. Que nul n’entre s’il n’est schmidtomètre. – Sujet pour thésard : confronter la conception du temps chez Bergson et Schmidt (notre autodidacte hurlerait de rire !-)) – Anneaux de Berechnungen. ? : Sa tératologie — Entre autres : trilogie des Enfants de nobodaddy + Soir bordé d’or : une farce-féerie : 55 tableaux des confins rust(r)iques pour amateurs de crocs-en-langue. Hommage à Nadeau et alii jusqu’à Tristram (: éditeur, race tant adorée par schmidt !). Entrer en schmidtie, c’est se nourrir du rire du chaos en jubilation des mots ; la peau du monde à l’étal noir sur blanc ; digresser en abîmes ; plurivers singuliers. Après Sterne, c’est la star. —

Schmidt, c’est comme Dupont, Martin, Moretti ou Smith ? – : Oui mais celui-là est vraiment spécial. Pasbanallebougre. Chancelier Helmut ~ — ! Les journaleux écrivent : c’est le Joyce allemand – cliché ! cliché ! Schmidt, c’est la cantatrice chauve à la voix discordante de l’Allemagne. Supernova du crépuscule. C’est l’escrimeur qui touche juste, toujours. D’où la ponctuation inédite et adéquate. Nicht die nacht notte nicht die nacht night nicht die nacht noche. En chambre de discernement avec force remue-méninges, trotte à toute vitesse la phrase de Celan « La mort est un maître d’Allemagne. ». Schmidt tripote l’humus de la mauvaise conscience allemande, déterre les cloportes au grand jour. C’est celle-là, la voie de la cantatrice. Schmidt est un solœil lucide. Les journaleux écrivent : le Bern hard[5] allemand – cliché ! cliché ! Une lampe de poche dans le tunnel d’Oxydant. Jean Wahl Jean l’a écrit son Malheur de la conscience dans la philosophie de Hegel, l’élève juif de Bergson, introducteur d’Heildegger en France qui refusa de serrer la main de Martin. Il l’a évité de justesse l’arbeit macht frei grâce à un royaliste membre de l’Action française. De la transascendance chez Schmidt, affirme le thésard. Mais qui en _rance – depuis bien longtemps, notre pays a perdu sa majuscule – aurait les c_______ de dire que nous sommes un pays profondément antisémite ?? Où sont nées les idéologies totalitaires ,, Qui ? ! Pendu haut et court _ . Oui, oui la patrie des droits de l’homme, bien sûr. BHL ? BHV de la pensée. Schnaps Schmidt brûle les boyaux pour notre plaisir.

 A défaut de GWF, parlons de JW von. C’est sans pitié qu’il le cancelle. Quel culot, l’Arno ; c’est revigorant. Il lui préfère Wieland, Holberg, Moritz, Schnabel, Tieck, Wezel, Cooper, Swift, Scott, Cramer. Etre noir d’amis d’entre temps : la librairie d’autodidacte, son château Eyquem ; à la main Magna servitus est magna fortuna. Il va vers l’épiquaresque, l’ours du lande de Lunebourg – ça sonne, ça : ♪ lande de Lunebourg ♫ lande de Lunebourg. Mieux vaut Fouqué que Fouquet. Alors, il s’y consacre, l’enfant terrible. Il traduit Cooper more and more. Et problèmes pour pornographie, pour remises en cause – censures encore et encore. Arno passe outre les on-dines. Il est comptable à personne, l’exhaustif. Un esprit libre – la liberté a un prix. La droiture du subversif : Schmidt & Wesson. Se con  fesse au renard. Schmidt = posture.

Un jour Beckett conseilla à Federman d’écrire à fond sans se soucier de. D’outre-tombe ;;depuis 1979 ; A.S. intime. Et j’ai tiré la bonne carte : « Poète, écris à coups de poing », c’est dans Aus dem Leben eines Fauns – ça c’est comme gravé là. Arno m’a légué le courage d’écrire, d’aller jusqu’au bout sans concession. Cryogénie au panthéon personnel. Serendipity. En moi, coule l’Arno. Mon maître est venu d’Allemagne « Un crime derrière chaque mot ! » écrit Novarina[6] dans Le drame de la langue française dans Le théâtre des paroles. Arno, c’est de la bonne. Les débuts de phrase sont des injections – ! sic : dixit lui -, un fixe sur papier. Les mots sont en guêpière. Et là, c’est l’extase. Arno est un contrepoison en cornue. Arno abat les cloisons, les murs, même de Berlin.

! : Et la poésie, quelle poésie. La lune est déclinée comme jamais, comme jamais – lande de Lunebourg. C’est mordant, c’est tordant. Bargfeld follies. Télécharger son Riehl player – travail de titan pour la traduction dudit. Il est dur de restituer le réel digéré et vomi d’Arno – de Lillo rêve d’écrire un livre sur trois minutes de la vie d’une personne avec sa somme d’affects, avec les sommes de nos nous. Arno l’a fait. Pour paraphraser Adorno : il est impossible d’écrire après ArSchmidt. Arno est un passeur, Jirgl – prix Büchner – s’en inspire. Arno est le ponte vecchio, frais debout. Un jour, un magnat lui donna la $omme égale au Nobel. De la dynamite car c’était nécessaire, Arno. an = bn + cn. Il inciterait presque à me mettre à l’allemand – ne pas connaître uniquement blaß mir einen. Premier mot : weltanschauung. Puis : volksgeist. Arno militerait-il pour le maintien du ß ? Parles-tu le Schmidt ?]

§ : La basse de Flea des Radote chili peppers. Etre à sauts et à gambades avec vitesse[7] à la Tsvetaïeva en mode urgence, à la façon de l’éborgné à coup d’agrafeuse, Tex Avery – Gimme some more de Busta Rhymes, de blocs piochés dans un Pet words à la Good vibrations des Beach boys, dont Brian Wilson, ou dans le Journal de mes sons de Pierre Henry, des connexions inédites du logiciel son en acousmonium de pièces d’Aperghis et de LouBez, de John Zorn en buvant Eyquem[8], ce célèbre auteur d’un livre sur le rugby[9] sur l’ongle, Les essais, inspirant Proust[10], dont l’intérêt, outre d’interminables descriptions[11] dignes d’un collégien maladroit[12], inspiré par l’historien d’art anglais, éculé jusque dans sa grammaire et sa syntaxe, un skin russe ennemi de Whistler, est la translation de sens et de sensations sur fond, à compte d’auteur avec force complaisances et lobbying[13], de critiques de salons[14] et sexualités[15] en société en mutation, anticipant le sexe des modernes[16]. Gare ! Montagnes russes avec ou sans cigarette. Mieux vaut profiteroles que paperoles=béquets=post-it® [inserts : copier/coller]. Jean Sans œil n’a qu’un œil. Proust générera nombre de pseudo[17] – légitimation – en République des lettres. J’ai pleuré quand j’ai terminé La Recherche, dit-elle. Manger avec Houang (Kia-tcheng), ce chinois, prêtre catholique à Saint-Eustache, spécialiste du bouddhisme en France, des ravolis chinois magnifiques, complexes, au goût multiple chez Du côté de Tché-Souan.

A la recherche du pain perdu, ce french toast. Ne plus petit-déjeuner depuis la révélation que, en palimpseste, la madeleine fut, dans une version antérieure, du pain rassis, grillé, une biscotte[18]. A sa décharge à 320v, le grille-pain est l’invention complexe la plus inutile de l’anthropocène ; les archéologues du futur, perplexes, s’interrogeront sur la fonction et l’utilité de cet appareil. Les plombs ont sauté. Les hommes politiques sont des fusibles. Perfection par le taxidermiste : un lapin mort, élevé en cuniculture, transformé en grille-pain. La carotte[19] est trop sucrée pour être mangée par un lapin. What’s up, Doc ?

§ : Phrase-protée en plasticité du cerveau via les cellules gliales et les neurones miroir saisie par le Professeur Simon, Nobel, peintre d’abord, Naccache bono. Maître hérisson[20] creuserait le même sillon, soit. Préférer les renards, les éponges sado à la Picasso, Schwitters, Dylan, (pute) Bowie, Kubrick, Björk, la création toujours renouvelée. Tendance musique fusion. CyberLab©. Etre conçu sur In a silent way de Miles pour bavard.e – à part Bernardo chez Zorro en hommage au ciné muet, l’humain prononce 16 000 mots par jour en moyenne. Mala est là.

La poussière entre les pages jamais ouvertes déclenche derechef une allergie. Chiures d’acariens à vue de nez. Ileli est asthme. Y viendra aux livres électroniques : la santé et le manque de place. Ancien et nouveau cohabitent, un classique : oral-manuscrit, passage dénoncé par Platon, manuscrit-imprimé, ce dernier imitant cela puis devenu indépendant. Ceci tuera cela. Le petit immortel goncourisé à moustache ou koala[21] – à force de s’arracher les cheveux – au pseudo emprunté à Le rivage des Syrtes de Gracq et sa dénonciation de la littérature sans estomac -, fit faillite – avoir raison trop tôt.

Faire courtine avec les pages attachées. Shibari à gorge déployée. Cyprine noir sur blanc. Plaisir des découvertes. Sens s’arrache. Illusion de l’osmose. Croyance magique : la totalité du contenu d’un livre aspirée d’un coup d’œil. Le MIT développe la caméra à rayonnements térahertz avec algorithme – encore un – selon la fréquence émise par la page fermée dans le livre. Ses préférés livres sont sous blister comme l’ultime, érotique, du suisse Ches$ex. Le Bayard évoque avec sapience les livres non lus pour le dîner mondain. Ça s’imprime, là, le livre. Révélateur. Lis assis dos sur lit. Tu me dis comment tu t’installes en lisant, dans quelle position et où, je te dirai qui tu es. Lit est page : de naissance à roupille dans le nanot=grand=pageot=portefeuille ; commencer en couches et bavoir, en landau, terminer, 8e incontinent, en couches, déambulateur, en fauteuil roulant puis expirer seul en linceul entre murs blancs[22] : l’humain fait sa rêvolution. 2001 L’odyssée de l’espace, inspiré du non polaque Ikarie XB1 avec les intervalles atonaux, concurrencé par la commande de l’URSS[23]. L’homme n’est que poussière, c’est dire l’importance du plumeau selon le chroniqueur de La Montagne, traducteur du fantaisiste Kafka Et c’est ainsi qu’Allah est gant, Fuzz.


[1] Deux coups de feu, dormeur Duvel®, deux doigts de whisky.

[2] Le livre des livres ou ce best-seller reboot.

[3] Cf. Roses & poireau. Un nouvel apport concernant les flux de conscience semble décisif comme la première vague au XXe siècle, sur fond de freudisme, avec l’écriture automatique, et de psychologie comportementaliste de James : Faulkner, Joyce et Woolf.

[4] Pour paraphraser Martin Amis à propos de Tom Wolfe : « On dirait que sa machine à écrire ne marche pas bien. On soupçonne un fonctionnement défectueux de la touche “répétition”. »

[5] Ce dramaturge, poète et dessinateur, méritant le prix Nobel, a été porté sur scène par Maréchal et sa compagnie du cothurne sur la colline à Tôkyôto©. Le metteur en scène et acteur fera ses adieux à la Criée à Phocée en cabotinant dans un seul en scène, Falstafe.

[6] Dramatique d(r)omotique de Virilio.

[7] A-t-il été mangé par les poux et la gale voire la vérole, ce collectionneur de calculs, dans la tombe de plomb dans les réserves ou le cénotaphe du musée de Bordeaux – s’il s’agit bien de lui ?

[8] Cette ville où étudia brièvement et avec souffrance Lewis Carroll.

[9] Ce « psychologue original » (Le petit Larousse, 1925). Ni dieu ni maître ni naissance ni animaux dans son œuvre.

[10] Avec une phrase record de 931 mots et, avec une moyenne de 35 mots par phrase, Proust bat Mme de Sévigné (32), Chateaubriand (28) ou Stendhal (24) mais pas le Huysmans d’A rebours.

[11] Il n’y a pas que les pavés de la basilique Saint-Marc de Venise qui sont inégaux (à noter que dans l’avant-nef, la mosaïque de la  Création du monde magnifie, selon Lacan, « sublimement l’idée infernale de Dieu » imposant à l’Adam Kadmon (le Un), de la kabbale en illustration de couverture, d’avoir une compagne issue de son corps (Un divisé en deux), inspirant le $/a dans La logique du fantasme (Le Séminaire, Livre XIV, 1966-67 avec force schémas pseudo scientifiques, logiques notamment avec le paradoxe de Russell, la structure algébrique de Boole, les intersections de De Morgan, les calculs de prédicats de Frege, la théorie des ensemble de Cantor, la topologie des groupes de Klein). Proust torturait, selon la légende trop belle, rapportée par l’homme de Chaminadour, Jouhandeau (La vie comme une fête, Entretiens. Paris: J.-J. Pauvert, 1977, p. 139-140) – mais comme le suggérait l’us-irish Ford à travers une réplique de L’Homme qui tua Liberty Valance (1962), imprimons la légende -, des rats avec une aiguille de chapeau, qui finissaient par s’entredévorer, dans le bordel homo, l’hôtel Marigny, tenu par Albert Le Cuziat.

[12] C’est son côté proustitué, Proust ma chère comme le personnel disait en commère au Ritz. Le questionnaire de Proust n’était pas sa tasse de thé.

[13] Wharton, ô Hyères – ville adorée par Stevenson -, beaucoup plus douée, adaptée en 1924, 1934 et surtout par Scorsese pour Le temps de l’innocence (The age of innocence, 1993) avec les ultimes Bass et Hermann. Elle rend hommage à Proust en ces termes : « exquise délicatesse de touche ».

[14] Un bottin de Qui suce qui ?, voire plus. Quant à Totor, c’est l’ancêtre de Tintin.

[15] D’Eric Marty. Colette, – « autresse », entre autre, de Le pur et l’impur, aidée par le partouseur mari Willy, initiateur, qui l’exploita -, loua chez Proust sa description de l’inverti notamment entre Jupien et de Charlus.

[16] La Donnadieu, fille de prof, se révèlera une piètre analyste de Proust, ce passage obligé. La Quierez a écrit des romans surannés avec passé simple et imparfait du subjonctif pour Bonjour sesterces, d’après le dionysien Eluard – cette copie ennuyeuse de bonne élève -, en absence complète de psychologie, loin de Camus et Beckett tout en captant l’esprit du temps, pied nu sur le champignon de la Jaguar® dont les médias étaient friands, jouant à la pétanque avec Pompidou à Brégançon, Mitterrand devant financer la ruinée par le casino et la drogue ; sa seule œuvre, révélatrice de sa générosité, sera son interview hilarante par Desproges.

[17] Selon l’écossais Stevenson – fin observateur, les français savent beurrer le pain toujours du bon côté – leur côté cartésien, sans doute. Quelle ne fut pas la surprise d’apprendre également que Nirvana envisagea, pour la pochette de Nevermind, d’accrocher à un hameçon dans la piscine un CD, steak, burrito, billet attirant un bébé qui demandera, trente ans plus tard, réparations pour pédopornographie.

[18] Un fruit selon les Portugais.

[19] Partition créée par I. Berlin, à propos de Tolstoï, reprise par S. Hoffmann.

[20] Homme à femmes, petit-fils de Monsieur Maille qui m’aille, neveu d’un banquier, gendre d’un éditeur de Gallimard, extirpé de son bateau, le breton qui édicta une charte des valeurs pour Bolloré avant de se rebeller contre lui en un pamphlet vieillot – pardocadémin, voltairien – qui ressemble à un coup d’épée d’académicien dans l’eau en espérant réinventer la roue, le bobo sherpa-qui-ne-sert-plus, économiste des matières premières qui lui donnent la moutarde au nez, d’un résident florentin PS, nul en économie, amateur de Barrès, Chardonne, Rebatet et Morand.

[21] Sauf la crémation généralisée – l’une fit un cake avec les cendres du grand-père ; BOUM-BOUM, l’autre CRAC-CRAC les mit dans une urne miniature dorée dans son gode 21 grams Memory box© par le designer hollandais Sturkenboom, transparent et personnalisé -, polluante, avec le retrait du pacemaker atomique sinon crématorium BOUM sur Crematorium music d’A. Bustead – gain de place pour pain de glace – pour finir en Soleil vert comme compost. Selon une étude de 2017, l’inhumation émet 3,6 fois plus d’équivalents en CO2 que la crémation et représente 11 % des émissions sur un an, contre 3 % pour la crémation.

[22] Solaris de Tarkovski détesté par l’auteur polack Lem.


[Ciné, Eo] Donkey is a key

Eo est une belle fable picaresque et écologiste, à l’esthétique expérimentale, sur la condition animale et l’ânerie de l’homme.

« Je me suis concentré peu à peu sur la condition animale parmi les hommes. Ce film est devenu un chant d’amour et un cri de protestation pour les animaux, pour changer nos attitudes et le traitement que nous leur infligeons. » affirme Skolimowski qui a le génie pour capter l’esprit du temps tout en lui donnant un coup de pied de l’âne.

Avec steadicams et tracking shots, la caméra est alerte pour un rendu au petit format, quasi carré, comme lors du cinéma muet. Jerzy, cet octogénaire en armoire à glace, qui fut poète, éclairagiste pour concerts de jazz, batteur, boxeur et acteur, nous revient en pleine forme filmique, s’extirpant de sa peinture en pleine forêt en Mazurie (Pologne). « Et que je peigne ou que je tourne un film, c’est la même chose : je choisis toujours une couleur dominante. Ici, je n’ai pas hésité une seule seconde. Le rouge symbolise le sang, et plus précisément le sang des animaux, qui à un moment du film forme une rivière. ». Avec l’homme de Lodz et sa célèbre école de cinéma, où il rencontra Polanski pour travailler sur Le couteau dans l’eau (Nóz w wodzie, 1962) et le prochain The Palace, une comédie noire tournée à Gstaad le soir de la Saint Sylvestre à la veille du nouveau millénaire, le rouge est mis, son fil rouge étant le carmin comme Pialat travaillait le bleu dans Van Gogh (1991).

« J’en ai assez des films chronologiques et des performances d’acteurs qui en font toujours trop. » déclare Jerzy, rejoignant ainsi Au hasard Balthazar (1966) du sobre et hésitant Bresson plus intéressé par le parcours christique, une passion, de l’âne (les 7 péchés capitaux : l’orgueil avec l’instit’, la paresse incarnée par les voyous, la luxure avec Marie, la gourmandise avec l’alcoolique Arnold, l’avarice du marchand de grains, la colère de Gérard et Arnold et l’envie avec le dresseur du cirque) dont Tavernier, ancien attaché de presse, affirmait dans son Voyage à travers le cinéma français (2016) que les actions se succèdent autant que chez … Tarantino ! Voilà qui nous éloigne enfin – et ce, pour moins de deux heures – de cette pléthore de films nombrilistes d’autofiction jusqu’à Armageddon time de Gray (2022) compris – on s’en fout de sa vie, d’autant qu’aucune universalité ne se dégage à part, peut-être, le racisme et les relations familiales. Peu de dialogues et d’acteurs, Kasandra, au prénom prédestiné, jouée par S. Drzymalska, sera sa Âne Wiazemsky ; la surprenante Huppert, transformée par la chirurgie esthétique, en aristocrate italienne décadente, incestueuse et blasphématoire, dans une scène incongrue, la bankable, en demande – où n’est-elle pas ? -, étant probablement imposée par son agent et les crédits du Latium. Les héros, salués par le metteur en scène recevant le prix du jury à Cannes 2022, ex aequo avec Les Huit Montagnes (Le otto montagne, F. Van Groeningen et C. Vandermeersch) sont les ânes : Tako, Hola, Marietta, Ettore, Rocco et Mela. « Mais l’âne, lui, est parfait tout le temps, égal à lui-même, car les animaux ne jouent pas. Ils sont. Ils ne se perçoivent pas en train d’exécuter quelque chose. Il n’y a pas de meilleur acteur que cela. »

Eo (Hi-Han) de Jerzy Skolimowski avec Sandra Drzymalska, Isabelle Huppert, Lorenzo Zurzolo

Un générique époustouflant de rouge paré. Un âne inanimé, ressuscité par l’équilibriste Kasandra, sur un mouvement stroboscopique rouge, dans un cirque animalier de province, Orion. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, des militants de la cause animale – bonnet d’âne ! – libèrent l’ongulé, traumatisé de la séparation avec sa maîtresse, cette femme qui murmurait à l’oreille de l’âne, la seule personne aimante du film avec son muffin aux carottes pour son anniversaire, avec les enfants handicapés. Commence alors un road-movie, une odyssée, un Donkey Kong, de la Pologne à l’Italie (Lazzio) au gré des financements, avec diverses séquences, structure non linéaire assez souple pour parer aux complications dues au Covid, où trois directeurs de la photo se sont succédés. « C’est probablement le film le plus difficile que j’aie jamais tourné, mais, dans la tourmente, nous étions aidés par son côté fragmentaire, composé de séquences très indépendantes. » renchérit Jerzy. Nous retrouvons l’articulation entre l’animal et la machine avec la casse auto, prétexte à composition picturale, la chorégraphie du chien-robot arrivant comme la séquence des lapins dans Inland Empire de Lynch (2006), la splendeur de la nature, de la forêt notamment, comme dans Essential Killing (2010)  avec les variations sur la fuite, Gallo en afghan en cavale, sur le blanc avec des travellings sidérants de drone, d’une rivière et d’une nature, belle mais inquiétante, avec la chouette, autre animal philosophique, une araignée, un renard figé, un loup qui hurle, animaux de contes – une scène bien plus réussie que celle, artificielle et irregardable, dans La nuit du chasseur (The night of the hunter, C. Laughton, 1955, d’après Grubb) -, un nuage de chauves-souris échappant d’un tunnel, une nature animiste expurgée du catholicisme lourd de Malick, le rapport cheval – au ralenti, en majesté puisque l’équidé est à l’origine du cinéma avec le chronophotographe du physiologiste E.-J. Marey qui en étudia le mouvement pour étendre ses études à d’autres espèces dont l’homme – / âne – en retrait, observateur, révélateur comme Candide de Voltaire ou le prince Mychkine, l’idiot de Dostoïevski. Foi de Pastoureau, la symbolique a inversé le rapport tout comme l’ours a été détrôné par le lion par la chrétienté, qui censurait l’animalité dont les proéminents attributs génitaux de l’âne. Beauté technique, l’éolienne, avec qui nous tournons dans un magnifique paysage toutefois dénaturé par l’icelle, s’avère mortelle avec cet oiseau mort tombant fauché. L’aube rougeoyante, un barrage hydraulique en pierres régulières crachant de façon symétrique les flots. Sous les voûtes dans un village typique et désert à la Delvaux, l’âne s’arrête devant une vitrine avec un grand aquarium plein de poissons. Dans une scène comique, des pompiers l’arrêtent. Une réfugiée est prise par un camionneur tatoué amateur de métal ; un inconnu le tue sauvagement.

Il existe deux façons de critiquer la société : le polar ou la SF, prétexte à description sociologique souvent acide ; l’autre, extérieur et observateur, des persans, un e.t. ou un âne. Mascotte d’une équipe de foot victorieuse, l’âne est tabassé par les mauvais perdants – haro sur le baudet. Un discours – « Asinus asinum fricat » (« L’âne frotte l’âne ») – rappelant la ridicule période communiste qui valut l’exil à Jerzy suite à Haut les mains ! (Rece do góry, 1981). Un couloir, avec des cages pour animaux destinés à la fourrure, contre laquelle le monde de la mode a fini enfin par se rebeller, remémore le couloir de cette curieuse piscine initiatrice dans le magnifique Deep end (1970). La fin, l’abattoir au milieu des vaches, remémore tant les camps de la mort où a fini, entre autres, le père, résistant polonais, de Skolimowski, que les magnifiques scènes de troupeaux à Abilene dans divers westerns. Beauté et mort, un indémodable pour une courte et intense expérience esthétique dans un conte moral, au sens noble du terme. Le tout sur une magnifique musique du compositeur P. Mykietyn, auréolé du prix Cannes Soundtrack. Un film immersif proche de l’art contemporain, comme Bardo d’Iñárritu. « On peut dire qu’il s’agit d’un poème ou d’un récit moral. Ou bien d’un essai philosophique, en effet» conclue Skolimowski.    

Eo, Jerzy Skolimowski, 1h26, couleurs, Pologne / Italie ; Tako, Hola, Marietta, Ettore, Rocco et Mela ; Sandra Drzymalska, Lorenzo Zurzolo, Mateusz Kosciukiewicz, Tomasz Organek, Isabelle Huppert.

[Ciné, Netflix] Cogite Bardo

Un choc rare

Bardo est un film total, un gros choc depuis 2001, l’Odyssée de l’espace (2001 : A Space Odyssey, Kubrick, 1968) : une expérience de vie. Comme le 8 ½ de Fellini (1963), il narre itou. « C’est la première fois que je m’essaye à un film sans structure», « C’est très difficile de faire un film qui n’a pas de centre gravitationnel. » déclare le mexicano-américain au tournant de sa vie et de sa carrière artistique. Daniel Gimenez Cacho (La Mauvaise éducation, La mala educación, P. Almodóvar, 2004, Blancanieves, P. Berger, 2012, Memoria, A. Weerasethakul, 2021) est le double d’Iñárritu comme Marcello l’était avec Fellini au point qu’Iñárritu souligne que, tout comme lui, l’acteur, qui s’approprie totalement son rôle, est marié depuis longtemps, a deux enfants. Inspiré par Buñuel et Borges (« Borges a toujours mélangé le temps et l’espace de manière labyrinthique. C’est la source d’inspiration pour moi. »), Iñárritu vous immerge totalement dans son univers grâce à de longs plans-séquence en grand angle, frisant le fish eye (65 mm, 2:39), en demandant à ce que « La lumière cloche grâce à Darius [Khondji] : c’est métaphysique. », une caméra légère, fluide tout en étant en mouvement, des plans soigneusement composés, et à un sound design hallucinant. Il s’y était déjà essayé avec un court-métrage en VR, Carne y arena (2017).

Taillé sur le vif

Bardo est du pur cinéma que tout le monde pourra voir sur grand écran Imax … sauf les français, au grand regret du réalisateur, pour raison, anachronique et absurde, de chronologie des médias. Vive le pays où le cinéma est né ! Essayant de financer ce film sur ses deniers personnels, deux vagues de Covid passant par là, il a dû se tourner vers Netflix, comme distributeur et non producteur, auquel il a soumis ses conditions. Le film durait initialement quatre heures. Suite à la projection à Venise où il avait à peine terminé le montage et les effets spéciaux, Iñárritu a coupé 22 minutes : « J’ai cherché une possibilité de synthèse. Avec les changements, j’ai pu rendre les scènes plus compactes et musclées. Je travaille jusqu’à ce que je ne puisse plus enlever. Il faut rendre plus pur, jusqu’à l’épure. ». Une séquence où le personnage principal se tape la discute avec un chauffeur de taxi à Mexico a été ajoutée. Le film fera donc plus de deux heures.

Un film « guacamole »

Bardo correspond, dans la philosophie bouddhiste tibétaine, à un état mental intermédiaire, qu’il est possible d’atteindre par la méditation, le rêve ou lors de la mort, quand l’âme se détache de l’enveloppe corporelle. Il s’agit ici des trois dernières minutes d’un journaliste mexicain venu recevoir son prix à Los Angeles. Selon Iñárritu, c’est un film « guacamole ». La figure dominante est le cercle comme la spirale de la mémoire labyrinthique : un appartement familial circulaire envahi de sable mexicain, l’éternel retour de la scène d’envol.

Souvenirs, souvenirs

« Il n’y a rien de mieux que la fiction pour raconter le réel. ». Au programme, ses souvenirs comme la disproportion dans la taille du personnage face à son père en géant, les liens familiaux avec sa femme et ses enfants, le bébé perdu qui rôde sous forme de minuscule être rejeté à la mer pendant que la famille y disperse les cendres du nouveau-né décédé, ses hantises, le passé comme le présent sur le plan personnel et historique, avec sa violence, ses discriminations et ses féminicides, l’identité (« trop américain pour les Mexicains et trop mexicain pour les Américains »), les références à la mythologie aztèque avec l’axolotl et le dieu du feu, le succès, la mortalité.

Politique

Le film est également politique : il critique l’impérialisme américain avec un discours sur la guerre américano-mexicaine (1846-1847), avec deux personnages discutant de la façon dont les États-Unis ont acquis la moitié du Mexique pour seulement 50 millions de pesos impliquant un complexe d’infériorité (« Quand tu es mexicain et que tu dis des choses, tu es prétentieux. »), il relate la bataille de Chapultepec, reconstituée avec son château, la guerre des classes, il pose des questions sur la nationalité, le protectionnisme (la scène de passage de la douane à l’aéroport de Los Angeles est marquante), la nature fabriquée de l’Histoire (la mise en abyme avec le film sur le conquistador Cortés sur une pyramide d’aztèques massacrés), d’un pays où disparaissent des milliers de gens, sur la relation de la télévision (l’invitation de l’ami Luis dans son show télévisé) aux sponsors ou sur la méfiance envers les informations.

Rêve et sensations

Le film débute comme Birdman (2014) – un unique plan-séquence virtuose des coulisses d’un théâtre à l’univers mental d’un acteur sur le déclin : Iñárritu réussit, grâce à une scène de vol dans le désert, à nous faire revivre nos rêves, universels, d’envol. Normal, Bardo a été coécrit avec Nicolás Giacobone, avec qui il avait déjà collaboré sur Biutiful (2010). Une scène comique mais profonde, digne de la psychomagie de Jodorowsky : à la naissance, le retour du bébé, ne souhaitant pas vivre dans ce monde, dans l’utérus de sa mère. S’inspirant de Buñuel, « Un film est un rêve dirigé. », Iñárritu déclare «  C’est une expérience sensorielle. Un rêve. ». Il ajoute : « La même histoire va prendre une tournure très différente selon le point de vue adopté. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la réalité d’une situation, mais la vérité qui se dessine à travers la superposition de ces points de vue. ».

Let’s dance !

L’ancien DJ de radio, nous agrémente, lors d’une scène de fête, d’un Let’s dance de Bowie a capella – sans doute pas la meilleure période du musicien. C’est la foule fellinienne. Mon moment préféré est un court passage dans une rue de Mexico où vous traversez une synthèse de la vie mexicaine avec les bruits et les odeurs qui vous envahissent. Ce serait une sensation réussie d’un voyage touristique, c’est  ici le parcours d’une vie dont se dégage un sentiment de nécessité vitale.

Bardo, fausse chronique de quelques vérités, Bardo, falsa cronica de unas cuantas verdades, 2022, mexicain, couleurs, 2h14.