La zone d’intérêt de J. Glazer : chef d’oeuvre

The Zone of interest, d’après le roman de feu Amis, est du niveau des films de Kubrick. Ce dernier retira son projet Arian papers à cause de La liste de Schindler de S. Spielberg (Schindler’s List, 1993) qui, malgré son succès, suscita quelques remous à sa sortie. Comment représenter l’irreprésentable ? Quelques rares films ont réussi le pari ardu : l’étonnant La dernière étape de Jakubowska (Ostatni etap, 1948), La passagère (Pasazerka, Munk et Lesiewicz, 1963), le nécessaire Shoah de Lanzmann (1985) et Le Fils de Saul de L. Nemes (Saul fia, 2015, Grand prix à Cannes).

Glazer, qui nous émerveilla avec son incroyable Under the skin (2013) où Scarlett Johansson, en alien séductrice et dangereuse, déroute et joue l’un de ses meilleurs rôles, développe un dispositif surprenant, glaçant à la Haneke et pertinent. Filmer à distance avec dix caméras des plans lointains, un cadre fixe comme les frères Lumière, un montage strict, l’effet Koulechov sidérant, des contre-plongées déformantes, un bruit de fond incessant pour le hors champ, avec un énorme travail très fin sur le son. L’ouverture est un écran noir avec une musique dissonante de Mica Levi, égale à Ligeti ou Penderecki. Ensuite, des fleurs en gros plans, interrogeant la beauté, le statut de l’image entre le cinéma et la photographie.

Nous suivons le quotidien, presque comme Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles de C. Ackerman, (1975), d’une vie bourgeoise de la famille Höss se déroulant à côté du camp d’Auschwitz-Birkenau que le mari dirige. La femme, haineuse et cupide, vivant dans le déni, jouée par la désormais indispensable Hüller (Anatomie d’une chute, J. Triet, 2023), tente de rester belle en essayant une fourrure spoliée dans d’atroces conditions, s’occupe de ses nombreux enfants et de sa belle-mère, réveillée en pleine nuit par sa conscience, se consacre corps et âme à sa maison Bauhaus, à son jardin, à son train de vie, martyrise une servante – une jeune femme réduite à l’esclavage, y compris sexuel -, se soucie jusqu’à l’obsession de la possible mutation de son mari et de sa perte de confort et de qualité de vie. Un pique-nique bucolique en famille avec forêt de bouleaux que jouxte une rivière. Des transats dans le jardin. Jeux d’enfants. Discussion d’adultes dans la serre. Une réunion technique, remémorant La conférence (Die Wannseekonferenz, M. Matti Geschonneck, 2022) à propos des fours crématoires, dont nous voyons la fumée, tournants donc plus efficaces. A faire frémir.

Des échappées poétiques, une respiration, comme ces scènes d’intermède, régulières, en caméra thermique avec images en noir et blanc : un conte de Gretel en voix off, à partir d’un poème bouleversant d’un déporté en sous-titres, avec une petite fille, résistante, qui dépose la nuit des aliments pour les évadés ou exploités. La scène finale relève de l’installation d’art contemporain dans une photographie à la Gurski : le nettoyage dans un musée après un gros plan sur une pyramide de chaussures. Ce film, Grand prix à Cannes, est fascinant par sa richesse, où toutes les sensations sont convoquées, par le langage cinématographique original, par sa rudesse sans concessions. A voir absolument.

La Zone d’intérêt, The Zone of interest (Jonathan Glazer, 2023, US-UK-Pologne, couleurs) avec Sandra Hüller, Christian Friedel et Freya Kreutzkam.

Osage, etc.

Le 27e long-métrage de Scorsese est bon mais long. Il s’agit, à partir de l’enquête de David Grann (La note américaine, Globe, 2018), cet auteur de The lost city of Z, adapté lourdement par J. Gray (2016), d’une traditionnelle, voire classique, fresque historique américaine – dont j’ai nettement préféré Le temps de l’innocence (The Age of Innocence, 1993, d’après le roman d’E. Warthon, prix Pulitzer) -, un génocide, comme La porte du paradis (Heaven’s Gate, M. Cimino, 1980) mais aussi bien d’autres westerns où les indiens massacrés ont été souvent joués par des acteurs, souvent blancs, ridiculement grimés. Il s’agit de crimes commis entre 1918 et 1931 sur la communauté Osage du Grand Cheval en Oklahoma, assise, pour son malheur, sur du pétrole – j’ai préféré There will be blood (P. T. Anderson, 2007, ce membre du néo-Hollywood de C. Eastwood à J. Gray) quoique parfois artificiel. Pas de prohibition, pour éliminer les indiens à l’alcool ! Nous retrouvons une relation triangulaire, fondement de la tragédie : un vétéran débile interprété lourdement par Di Carpaccio, avec force prothèses à la Brando, le rapprochant d’Aviator (2004) et de reds necks, De Niro, à la tronche plissée, tout chafouin, et Mollie, jouée par l’éclatante Lily Gladstone (Certaines femmes, Certain Women, 2016 et First cow, 2019 de Kelly Reichardt), une interprétation qui sera retenue, laissant songer à la Mollie de l’Ulysse de Joyce. C’est un des plus beaux portraits de femmes depuis Bertha Boxcar (1974), Alice n’est plus ici (Alice Doesn’t Live Here Anymore, 1974), Le temps de l’innocence (The Age of Innocence, 1993) et Casino (1995). J’ai beaucoup ri en voyant les trognes plissées de Di Carpaccio, co-producteur, et De Niro cabotinant, j’avais l’impression d’assister à une caricature de théâtre japoniais, de la Commedia dell’arte à fond les potards, surtout quand les deux sont en gros plans. Etait-il nécessaire de se fader beaucoup de meurtres avec une complaisance dans l’horreur, vraiment gore, à l’autopsie ? La création du FBI, par cette ordure d’Hoover, sujet central du livre, aurait pu être développée. Jesse Plemons apporte sa touche d’étrangeté.

      Outre une caméra virtuose dans les plongées et, parfois, dans les contre-plongées expressionnistes, je retiens deux scènes. La scène de la punition chez les franc-maçons avec plafond bas à la Welles – dont nous notons ici les fausses images d’archives comme dans Citizen Kane (1941) – avec un cadrage hallucinant, englobant tout, en angle hollandais. La scène de l’incendie, laissant songer à Les moissons du ciel (Days of Heaven, T. Malick, 1978), ne s’exonère point d’une charge christique, comme une passion et une montée en croix – Scorsese n’a pu s’empêcher. La scène est graphiquement belle. J’aurais aimé plus appréhender la mode de vie des Osage, en plus de trois heures, cela aurait été possible. Reste, à la fin, à se rassasier de ce kaléidoscope humain lors d’une cérémonie Osage pour un western décalé, mâtiné de polar. La trop longue scène finale, juste un peu avant, est un moment de compassion – le cinéma filme la radio – où Scorsese, contrit et ressemblant de plus en plus à Woody Allen avec ses sourcils en circonflexe, émeut. Hommage est rendu au musicien de The Band, qui fit la musique avant de décéder peu après.

Allen : mort à Venise

Après une conférence de presse en catimini dans le jardin d’hiver de l’Institut Lumière où le tricard serine sa chance, Woody Allen, 87 ans avec le dos courbé, et son bob Hermès, en compagnie de de Laâge, Poupaud et Schneider se présente au public à l’Institut Lumière de Lyon pour l’avant-première de Coup de chance, un 50e film – entièrement tourné en français (faute de financement américain suite aux accusations sexuelles où Woody est ressorti blanchi par la justice), ponctué de jazz rebattu et répétitif comme Cantaloupe Island de Nat Adderley, tout comme un Paris de carte postale – comme déjà Minuit à Paris (2011) ou Emily in Paris du même producteur, Benoliel – avec Tour Eiffel à l’arrière-plan de l’Avenue Montaigne et l’écrivain, forcément bohème, dans les combles mais pas de baguette au bras comme Dujardin pour la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby-, faible, peu inspiré, ennuyeux, un film du dimanche à la papa, au scénario et au dialogue paresseux, bien éclairé par Storaro (couleurs automnales, dans un ton cuivré lourd, saturées puis désaturées vers la fin ou le noir domine en intérieur : le passage est gros), inspiré de Mais qui a tué Harry (The Trouble with Harry, 1955), un film moyen d’Hitchcock. Deux longues ovations pour Woody pour l’ensemble de sa carrière. A noter Lemercier, surprenante, en détective (on a échappé à l’agence Duluc) qui nous extirpe momentanément de notre léthargie. La seule saillie drôle : être « délicieusement solvable« . Le dialogue de Niels est plat. Ce film n’est pas le coup de chance que fut le très réussi Match point (2005), révélant Scarlett. Allen, tout comme Polanski, est mort à Venise : leur carrière est derrière eux mais une surprise du dernier moment n’est pas impossible.

[Cinéma] Beau Limbo : noir, c’est noir

Une vraie baffe, ce seizième long métrage, un thriller flippant, entre Les bas-fonds de Renoir (1936) et Kurozawa (Donzoko, 1957), option Chien enragé (Nora inu, 1949) – mon polar préféré – à cause du flingue perdu, et les mains de mannequins dans Le baiser du tueur (Killer’s kiss, 1955) de Kubrick. A cause de la censure – le film hongkongais, très violent à faire passer Se7en (Fincher, 1995) et The Chaser (Chugyeokja, Na Hong-jin, 2008) pour des bluettes, est légitimement interdit aux moins de 16 ans -, le film est passé de la couleur au noir et blanc pour notre plus grand bonheur grâce à l’expressionnisme poisseux du directeur de la photographie, Cheng Siu Keung, proche du cinéma japonais des années 60-70 (Kobayashi, Okamoto, Misumi). Une scène de fuite d’un parking, quasi en split screen, est d’une beauté suffocante.

« Vous qui entrez ici, laissez toute espérance. », telle est l’inscription sur la porte de l’Enfer dans La divine comédie de Dante : pluie, déchetterie, poubelles, détritus dans un labyrinthe, sans abris (« On est pauvres et paumés, personne ne veut de nous »), parfois junkies, peuplent un univers clos et oppressant lardé d’un métro aérien noctambule. L’immigré japonais fou à bec de lièvre, un peu comme dans La charrette fantôme (Körkarlen, V. Sjöström, 1921 ; J. Duvivier, 1939) s’attèle à couper systématiquement la main gauche de jeunes femmes à l’aide d’instruments contendants rouillés comme une pelle, viole l’appât. Comme l’affirmait Renoir, chacun a ses raisons. Le scénario, un arc narratif circulaire (épanadiplose) et diabolique, tiré du roman Wisdom Tooth de l’écrivain chinois Lei Mi, est signé Kin-Yee Au, auteur de PTU (R, 2003), Judo (Yau doh lung fu bong, 2004), Triangle (Tit sam gok, 2007) de Johnnie To qui l’a parfois produit.

Le fils d’Ang Lee se tape une rage de dent, justifiant le titre en mandarin de Dent de sagesse, au sein d’un duo classique, jeune flic sortant de l’école contre vieux flic bourru. L’actrice et chanteuse chinoise Cya Liu, serinant « Je ne veux pas mourir. » tout en faisant montre d’une force de vie hors du commun, ne bénéficiera pas, dans le film, d’un traitement très #me too.

Grâce aux mérités prix de la photographie du Festival international du film fantastique de Catalogne 2021, prix du meilleur scénario, de la meilleure actrice, photographie et du meilleur décor du Hong Kong Film Awards 2022, Grand Prix et Prix de la critique du Reims Polar 2023, grâce à la pression du pręsident du jury – le plus américain des français -, Gimenez, Grand prix (prix du public) et prix du jury lycéen aux Hallucinations collectives 2023, le film sort finalement sur les grands écrans. De quoi être scotché au fond du siège.   Honni Soi qui mal y pense !

Limbo de Soi Cheang (2021, n & b, Hong Kong, 1h58, interdit au moins de 16 ans) avec Gordon Lam, Cya Liu, Mason C. Lee Sun, Ikeuchi Hiroyuki, Fish Liew, Hugo Ng, Sammy Sum, Hana Chan, Kumer So, Iris Lam, Fung Yuk-Cheung.

[Cinéma] Il Boemo : tout un poème !

Ce film, un biopic – classique, en flash-backs, sans être académique – est un miracle d’autant qu’il a failli ne pas exister, par manque d’argent : Václav exhume un compositeur émérite – formé, grâce à la bourse du comte Vincent von Waldstein, à Venise par l’organiste et compositeur Giovanni Battista Pescetti (1706-1766) -, baroqueux finissant, contemporain de Gluck et Haydn, précurseur du romantisme, l’imprononçable Josef Mysliveček (Prague 1737- Rome 1781, mort seul et pauvre de syphilis à cause de vénériennes vénitiennes), «  Il (divino) Boemo », le minotier aisé officiant essentiellement en Italie (Venise, Naples et Rome ; Turin, Milan, Bologne, Padoue, Florence), vingt-trois opere serie dans un style classique, plus de 80 symphonies, des oratorios, environ 8 concertos essentiellement pour violons, de la musique de chambre, des trios, quatuors et octuors. Ses opéras n’ont jamais été représentés après sa mort. Il existe peu d’enregistrements : un par Magdalena Kožená, trois enregistrements des années 70-80 de qualité médiocre de ses opéras. Fils de musicien et de documentariste, le réalisateur, de nationalité désormais française, a rencontré l’historien américain Daniel Freeman qui a publié aux Etats-Unis Josef Mysliveček, Il Boemo, The Man and His Music et Vaclav Luks, corniste, claveciniste, musicologue, chef d’orchestre et fondateur de l’ensemble Collegium 1704, pour tourner le portrait documentaire Confessions d’un disparu (Zpověď zapomenutého, 2015, Fipa d’or dans la catégorie Musique et spectacle en 2016), sur Josef Mysliveček, alors que Luks venait de monter l’opéra d’il Boemo, après avoir retrouvé la partition en 2013, L’Olimpiade, après des recherches à la BNF (Richelieu), la bibliothèque de l’Arsenal, les archives de Naples et la lecture de récits de voyage de Sade, Denon et le traité musical, Voyage musical, de Burney, les Mémoires de Casanova et le précieux témoignage de Mozart (1756-1791) – incarné ici par le jeune pianiste virtuose allemand Philip Amadeus Hahn loin de l’insupportable cabotinage d’Hulce dans le trop hollywoodien Amadeus de Forman (1984) qui rêvait de tourner un film sur Josef Mysliveček -, puisqu’ils se sont rencontrés deux fois (juillet 1770 à Bologne et, en 1777, à Munich), quand le génie avait une dizaine d’années, l’admirant au point de lui emprunter deux oratorios et l’ouverture de son premier opéra italien Mitridate à partir de l’ouverture de La Nitteti. Il a fallu réunir pour le chant diégétique, Raffaella Milanesi pour Se cerca, se dice, chanté par le castrat Marchesi, Emöke Barath et sa fraîcheur, Giulia Semenzato, Krystian Adam et Philippe Jaroussky, Simona Saturová, toute en rondeur soprano, chante hors cadre sous les traits de l’inénarrable diva Gabrielli (1730-1796), jouée par l’actrice italienne Barbara Ronchi. Ruiné, il Boemo fut physiquement ravagé par la syphilis, le génie Mozart l’éclipse, comme Dylan dans la fin d’Inside Llewyn Davis (frères Coen, 2013).

Images sobres à la lumière naturelle et bougies comme certaines séquences de Barry Lyndon de Kubrick (1975) – ce rogaton impressionnant de Napoléon – dont O’Neil semble se mirer dans l’acteur principal, très ressemblant, d’Il Boemo, Dyk, jouant un queutard où, comme chez Fellini, chaque femme ouvre un chapitre (l’élève énamourée et dévouée, l’aristocrate libertine, l’insupportable diva et la femme mariée avec mari méfiant et jaloux). Le choix du cadre est précis. Retrouvant la qualité légendaire de la photo chez les tchèques, citons la direction photo : Diego Romero. La caméra à l’épaule – beaucoup de plans rapprochés – permet de ne pas évoluer dans un film historique amidonné, nous sommes proches des personnes. Les scènes tournées à l’opéra au Teatro Sociale de Côme en son direct sont vivantes : l’opéra comme lieu de rencontres, y compris sexuelles ; parler ; manger ; des détritus jetés des loges de l’opéra avec dédain par les aristocrates sur le peuple du parterre. C’est un film, une étude de mœurs, sur un XVIIIe où, malgré les effusions de sentiments, les libertins, les classes sociales sont compartimentées avec inégalités, la condition de la femme n’est pas extraordinaire à cause de la soumission dans des rapports patriarcaux de domination, le statut de l’artiste, au destin instable, est peu enviable. Une scène, le roi de Naples, Ferdinand IV, déféquant devant le compositeur est un hommage à la culture italienne où il est recommandé au bébé, qui doit en être fier, de bien chier (ben cagato) dans le pot. Le Roi lui commande, dans cette posture, un opéra, Il Bellerofonte, qui triomphe en 1767 au Teatro San Carlo grâce à l’interprétation d’une des plus grandes cantatrices de l’époque, Caterina Gabrielli.

Il Boemo, film tchèque, italien, slovaque de Petr Václav. Avec Vojtech Dyk, Elena Radonicich, Barbara Ronchi, Lana Vlady, Alberto Cracco (2h20).

« Cinéma spéculations » de Tarantino : une tuerie

Préquel

                                Après la novélisation (2021, 2022) peu convaincante d’Il était une fois Hollywood, développé en minisérie (2019) – produits dérivés, quand tu nous tiens ! – après le film éponyme (2019) qui cartonna, QT étale noir sur blanc son débit de mitraillette, à faire pâlir Scorsese : les phrases, oralisées, transmettant l’énergie débordante de QT, sont entrelacées d’argot bienvenu – j’ai même découvert, malgré mon Dictionnaire des mots du sexe d’Agnès Pierron, une dénomination que j’ignorais pour « couilles » (merci au traducteur, Nicolas Richard); le cool se révèle gonzo – pire que la plume fine de Phil Garnier, spécialiste de contre-culture, de rock et de good Goodis[1] the bad – surtout quand il cause du cool Steve McQueen à l’art minimal. Tel fut le cas, sans traduction simultanée ou sous-titre, pour la modique somme de 44 à 77 euros avec téléphones portables consignés dans des pochettes, comme au concert de J. White, du Tarantino show, sans extrait de film, au Grand Rex lors des giboulées de mars, avec Frémaux, Directeur de l’Institut Lumière en Sieur Loyal mais pas au point de nous ramener dans l’ancienne capitale des Gaules, le gonze, qui fut prix Lumière 2013, au point de l’électriser (faire crier « Merci Simca » par le public pour la séance de Le Voyou de Claude Lelouch, 1970), présent lors du prix Lumière Deneuve 2016 pour booster un cru flagada[2]. Le mecton envoie du bois grave : son initiation n’est pas Dernier atout de Becker (1942), comme chez le trop intello mais curieux Tavernier – admirateur de Tarantino – qui échoua l’entrée de Sciences po Paris, au désespoir du père dont il n’est jamais arrivé à la cheville. Le livre hommage de Frémaux, Si nous avions su que nous l’aimions tant, nous l’aurions aimé davantage (Grasset, 2022), n’y fera rien : Tavernier restera plus comme passeur (QT cause d’A. Polonsky, Phil Karson et B. Boetticher comme Bébert) et engagé que comme réalisateur – un cinéaste de deuxième zone comme ce raté Dans la brume électrique (2009), le pompon, pour un spécialiste du ciné ricain (remémorons-nous l’interview de QT dans Amis américains), de se faire entuber par un producteur US, avec quelques rares saillies tout de même comme Le juge et l’assassin (1976), Coup de torchon (1981) et, surtout, Un dimanche à la campagne (1984). Ici, c’est une autobiographie en creux, un portrait diffracté d’un ciné-fils (S. Daney), que maman Connie emmenait joyeusement pour, notamment, le double programme qui tue, pour l’ado, le sidérant La Horde sauvage (The Wild Bunch, S. Peckinpah, 1969) et le stupéfiant Délivrance (Deliverance, J. Boorman, 1972), qui a mis, au fur et à mesure, art et transgression au même niveau.


           Parti pris

                QT nous présente des films (1967-1981), souvent des Revengeamatics, genre défini, contextualisé, avec la mauvaise foi réjouissante du cinéphile, et une analyse fine. Dégommer, au détour d’une note, Richard Brooks, aussi bien excellent réalisateur qu’écrivain, ce qui est rare, nonobstant engagé, je ne suis pas d’accord même si quand Quentin sulfate, c’est de la balle ! Trouver le remake Le convoi de la peur (Sorcerer, W. Friedkin, 1977), l’un de ses films préférés des années 1970, supérieur à l’original Le salaire de la peur (Clouzot, 1953 ; malgré le mauvais premier rôle de Montand, en Camargue, qui s’en sort uniquement avec ses qualités physiques enrobées dans son Marcel sexy) est abusif. Bonnie et Clyde (Bonnie and Clyde, A. Penn, 1967) par cet ancien critique de mauvaise foi, dans le mauvais sens cette fois, qui fit des films somme toute plan-plan – à part le cycle Doinel (1959, 1962, 1968, 1970, 1979) -, Truffaut, fort bien, mais il oublie d’écrire que Godard aussi a été mis brièvement sur le coup ! Lalo Schifrin, c’est bien, c’est riche, mais pourquoi au détriment de Quincy Jones, aux multiples talents (l’un de mes films préférés est Le prêteur sur gages, The Pawnbroker, S. Lumet, 1964) ? Il est possible d’aimer les Who et The Rolling Stones, non ?

Ce qui est génial, c’est que, outre le fait que QT ramène les jeunes à la lecture et au ciné, il contextualise : dans l’époque, contre quelle époque, les films contemporains ou simultanés, les inspirations mais surtout dans quelle salle de cinéma. QT est intarissable sur le Nouvel Hollywood – sans les délires baudrillardesques, chiants et pseudo intellos du Thoret ton comme tout français qui ne se respecte plus – en partant de l’inévitable Biskind qu’il dépasse, des « movie brats » (le « parrain » De Palma, alors que, classiquement, c’est plus Coppola qui détient cet honneur, Bogdanovich, Scorsese, Lucas, Milius, Spielberg et Schrader), distincts des réalisateurs anti-establishment (Altman, Rafelson, Penn, Friedkin, Cassavetes-le-maître) en remarquant que les fins de films des années 1970 devenaient cyniques jusqu’au premier Rocky (J. G. Avildsen, 1976), revenant au happy end.

Restent quelques petits essais autofictionnés et concis de QT (l’introduction « Little Q regarde de grands films » est la chronique la plus roborative ; « Samouraï équipe 2 Un hommage au critique K. Thomas » ; « Le Nouvel Hollywood des années 70 » ; « Cinéma Spéculations » – qui donne le titre au bouquin alors qu’il en est assez peu question – « Et si c’était Brian De Palma qui avait réalisé Taxi Driver et non Martin Scorsese ? » ; « *Floyd, note de bas de page »). Ce qui est bonnard, Pierre, c’est que QT nous assomme de références, parfois à découvrir, d’où le plaisir, avec une langue simple, qui parle à tous, c’était l’objectif. Un vrai page turner, très addictif, avec quelques anecdotes croustillantes, heureusement non prédominantes comme chez ces pipelettes de Chirat et Tavernier. Le sexagénaire Quentin est notre grand frère. Il nous offre une généreuse master class en nous prenant par la main, avec, au passage, un éloge d’Almodóvar, le « rapport entre le déplaisant et le sensuel ».

Disque dur

Bon, les films, commentés par ordre chronologique, sont dans le jeu des 7 familles viriles : Bullitt, P. Yates, 1968 – pour moi un bon téléfilm, à la rigueur une série B de bonne facture, réhaussé par l’interprétation de McQueen (excellent acteur, toutefois peu crédible, tout de même, en jazzeux Rocky dans Une certaine rencontre, Love with the Proper Stranger, R. Mulligan, 1963), dont les excellents choix scénaristiques son dus, rendons à César ce qui est à César, à sa femme, Vaughn, qui n’a malheureusement jamais dépassé la célébrité depuis ses interprétations dans les séries, et la musique de Schiffrin ; L’Inspecteur Harry par le chirurgien de combat Don Siegel, 1971, – stupidement qualifié, sur le modèle de la critique anglo-saxonne, jugée réactionnaire parfois, par QT, par exemple Ebert ou la très crainte Kael (1919-2001), de « fasciste » à sa sortie dans la presse française, notamment de gauche (nous avons décidément la critique la plus bête du monde si nous tenons compte de Truffaut, taclé par QT – La mariée était en noir, 1968 révèle un « côté amateur empoté à la Ed Wood » – après Costa-Gavras et Lelouch, et ses inepties mais aussi de Kaganski, prix Chardère 2012 de la critique au Festival Lumière, qui qualifia Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, J.-P. Jeunet, 2001, de « film pétainiste » [sic] – passé crème au Masque et la plume, L’Inrockeux -, qui devrait écouter l’éthique critique selon QT, à savoir « ne jamais se juger supérieur aux films que l’on est payé pour chroniquer ») -, QT tempère avec le qualificatif, plus juste, de « réactionnaire », pour un réalisateur symbolisant le passage du western au film d’action, le serial killer notamment, que nous avons pu visionner au premier prix Lumière 2009 décerné à l’incernable Clint avec une belle section Don ; le cru mais nécessaire Délivrance, J. Boorman, 1972 où vous ne voyez plus et n’entendez plus le banjo comme avant ; la chronique de QT la plus longue pour l’incroyable Guet-apens, S. Peckinpah, 1972 (avez-vous remarqué que, sans tomber dans la moraline, le viol d’une femme est présent dans chacun des films de Peckinpah-le-sanglant, celle-ci n’en éprouvant pas de déplaisir ?) dont Tarantino a sa propre copie IB 35mm Technicolor – n’oublions pas qu’il est propriétaire depuis 2007 d’une salle à Los Angeles, le New Beverly, dont il assure personnellement la programmation – et compare les différences entre le film monté, le scénario et le roman de Thomson ; le formidable Echec à l’organisation de J. Flynn, 1973, le meilleur Parker de Westlake avec Duvall au sommet, Ryan, cet ancien boxeur, impeccable comme d’habitude, et Timothy Carey toujours aussi sobre – avec son improbable chemise, même mort, il bouge encore, avec un Kubrick noir (L’ultime razzia, The Killing, 1956) dans les pattes -, qui ne vaut tout de même pas que Point Blank, Le point de non-retour, J. Boorman, 1967, soit dégommé, tout comme Lee Marvin, qui jouerait « comme un arbre déplumé de ses feuilles », certes figé et statique, mais moins que Charles Bronson (toutefois très surprenant dans Le chevalier des sables, The Sandpiper, V. Minelli, 1965) alors que certaines scènes sont visuellement ébouriffantes ; Sœurs de sang, Brian De Palma, 1973 – pas le meilleur De Palma selon moi (« C’est l’impératif commercial qui a donné naissance à son visage hitchcockien. »), je préfère sur une thématique proche, Faux-semblants, Dead Ringers, de Cronenberg, 1988 avec G. Bujold, actrice et scénariste, à laquelle Tarantino consacre des lignes enamourées concernant d’autres rôles dans d’autres films ; Daisy Miller, P. Bogdanovich, qui aurait dû s’abstenir, malgré l’opposition de Jeanne Moreau, pour la reconstruction de l’imbuvable De l’autre côté du vent (The Other Side of The Wind, O. Welles, 1970-1976, 2018), avec sa femme C. Shepherd, 1974, la chronique la plus courte (6 p.); Taxi Driver, M. Scorsese, 1976, redécouvert au prix Lumière Scorsese 2015, où Tavernier était absent à cause de son cancer, avec un son extraordinaire à l’Amphi 3000 et la musique entêtante d’Herrmann, De Niro, Jodie Foster – dont on espère qu’elle obtienne enfin un prix Lumière, car elle coche toutes les cases, alors que l’Institut Lumière la piste depuis des années au point d’être sur la short liste avec S.S. aka Spielberg à qui QT rend hommage à travers Les dents de la mer, Jaws, 1975 -, Keitel (présent depuis le premier film du fidèle Martin, Who’s That Knocking at My Door, I Call First, 1967) pour, coup double, le placer de toute façon et calmer la communauté noire, sensible sur le sujet, mais rien sur la chaleur new-yorkaise, les mafieux soudoyés, la population récalcitrante d’après Martin himself ; le génial et méprisé Légitime violence, J. Flynn, 1977 avec la superbe étoile montante qui ne brilla pas, Devane-au-gros-melon, et, surtout, T. Lee Jones qui n’aurait pas démérité dans le rôle principal, sans omettre la scène mythique de torture au broyeur ; La Taverne de l’Enfer, Paradise Alley, S. Stallone, 1978 ; Saint Quentin commente le génial L’Évadé d’Alcatraz, Don Siegel, 1979 ; Hardcore, P. Schrader, 1979, scénariste et réalisateur, boussole de QT, qui a comme défaut non seulement d’avoir une « faiblesse criante : il ne sait pas écrire un film de genre » mais aussi, selon moi, comme J.-C. Carrière, de partir de concepts forts mais pas toujours cinématographiques voire didactiques, pour seriner ses idées, avec en sus la patine protestante, peu légère, ici ; Massacres dans le train fantôme, T. Hooper, 1981, Massacre à la tronçonneuse, The Texas Chain Saw Massacre, 1974 étant perçu comme un film parfait.  

Défauts

Quelques défauts : le bandeau imprimé sur la couverture, concept marketing inconnu mais qui risque de faire florès ; le titre mal traduit, pour être proche de l’intitulé original – selon la petite bourg’ à particule, de Lamberterie au Masque et la plume Littérature, détestant le corpus filmique étudié, ne se fonde sur rien pour affirmer qu’il existe des erreurs manifestes de traduction ; la phrase « Nous ne regardons pas le viol de Bobby, nous en sommes des témoins oculaires. » (p. 97 ; au regard du viol homo présent également dans Pulp Fiction, 1994, non évoqué ?) n’est pas bien claire et mériterait développement à propos de Délivrance (Deliverance, J. Boorman, 1972) ; les liens ne sont pas faits entre le corpus étudié des années 70 et ses films ; il existe de nombreuses redites ; si il existe un index (28 pages en tout), l’un, général, l’autre, des titres des films et de séries, permettant d’alléger le corpus de texte, nulle table des matières ; le peu de photo (gageons que le marketing de l’édition nous agrémente d’une réédition cartonnée et hors de prix avec de nouvelles photo en couleurs)  – ici, le peu présenté est en noir et blanc et uniquement sur l’addiction de Lugosi à la drogue (« The True Facts Behind Lugosi’s Tragic Drug Addiction » par B. Brown, Castle of Frankenstein #10, 1966) ; aucun remerciements à Miramax et les frères Weinstein – nous savons pourquoi, Quentin s’est exprimé là-dessus – qui, en tant que producteurs, le lancèrent. Il est étonnant que le livre ne soit pas publié chez Actes sud / Institut Lumière, l’achat des droits a dû être redoutable à la Reservoir dogs (1992) : Quentin, avec son book tour à la Twain, vaut une poignée de dollars sonnants et trébuchants mais ceci n’est que spéculations.

The last picture show

Total : Quentin a terminé le script de The Movie Critic qui se déroule en 1977 – rien à voir avec un biopic de Kael (pures spéculations !) qui soutint, entre autres, Siegel, Peckinpah, Coppola, Scorsese et De Palma mais dégomma, entre autres, Eastwood, Lean et Kubrick, qu’elle n’a jamais compris -, avec tournage, si tout va bien, en automne. Cut dit QT. Après, il y aurait écriture et théâtre. Attendons Melville qu’il affectionne mais il ne s’autorisera aucun commentaire sur Le convoi de la peur (Sorcerer, W. Friedkin, 1977) ou Apocalypse now (F. F. Coppola, 1979), paralysé par l’admiration.

Michaël-« Kael »

Tarantino, Quentin. Cinéma spéculations. Paris : Flammarion, 2022. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nicolas Richard. 440 p. 25 €

Le Masque et la plume, France Inter, 02/04/23, à 41’30 :

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-masque-et-la-plume/le-masque-et-la-plume-du-dimanche-02-avril-2023-5095000

Entretien Salamé / Tarantino, France Inter 30/03/23 :

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-30-mars-2023-9237933

[1] Garnier, Philippe. Retour vers David Goodis. Paris : Éditions de la Table Ronde, 2016. 365 p. 978-2-7103-7889-1 ; Tourneur, Jacques (réal.) ; Goodis, David (aut. Adapté). Nightfall. Stirling Silliphant, scénario ; George Duning, comp. ; Aldo Ray, Brian Keith, Anne Bancroft… [et al.]. [Paris] : Wild side vidéo, [2012]. Classics confidential. 1 DVD (2 h 10 min) : n. et b. (PAL), sonore, Copa Production, 1956 + 1 livre Garnier, Philippe. Le noir n’est pas si noir : le cinéma de David Goodis. 80 p. Bonus : Jacques Tourneur, à l’ombre du film noir : entretien avec Michael Henry Wilson (26 min). Bande annonce (2 min). Galerie photos. 3700301028426 ; Garnier, Philippe. Goodis : la vie en noir et blanc. [Paris] : Éd. de l’Olivier, 1998. Petite bibliothèque américaine. Éd. révisée et augm. d’une postface. 244 p. 2-87929-198-4.

[2] Un moment rare : au Lumière Terreaux, dans la plus grande des petites salles, le dernier film de Litvak, La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, The Lady in the Car with Glasses and a Gun, 1970, d’après le polar de Rossi / Japrisot, projeté en 35mm dans une copie rosée – ce qui était étrangement parfait même si ce n’était pas bon signe – en présence de Tavernier, Tarantino et Isabelle Huppert. Cette dernière, en tournage dans notre région, négociait avec QT sa participation à Il était une fois … à Hollywood, Once Upon a Time… in Hollywood, 2019 : ils se sont engueulés; elle aura moins de chance que dans La porte du paradis, Heaven’s Gate, 1980, M. Cimino – puisque aucune actrice américaine ne voulait jouer une pute dénudée et Cimino a dû insister auprès de la production – qu’elle présenta au Festival Lumière 2012 avec le réalisateur à la froide Halle Tony Garnier.

Première photo en haut : Nathanaël B.

[Manuscrit] Sales rêves (épisode #24 & fin)

Selon elle, le dernier lecteur noté sur le logiciel, libre ou non, qui plante tout le temps et qui n’arrive pas à bien référencer les revues – cet angle mort informatique -, semble mort. Personne ne se souvient de ce livre. Le document n’apparaît dans aucun catalogue, informatisé ou papier, local, quand il n’est pas attaqué par un hacker, ou national, quand le Sudoc® ne plante pas, même mondial avec le KVK®. Mystère. Fantôme►Fuzz ? La bibliothécaire-enquêtrice, se récitant, comme un mantra, ce proverbe irakien « le lecteur ne vole pas et le voleur ne lit pas », demeure bredouille. Ici, un mur délabré, noirci par la suie, protégé par une vitrine, comme dans un musée ; à côté, des piles de livres calcinés témoignent. Tombouctou ? Mossoul ? Non, Tôkyôto© : un incendie criminel par l’extrême-droite est suspecté, jamais prouvé. A y regarder de plus près cependant, un tesseract© peut être détecté par preuves indirectes. D’après Kip Thorne, physicien théoricien réputé notamment en astrophysique, prix Nobel, explorant la théorie de la relativité générale d’Einstein-rien-ne-s’Etablit pour qui l’espace-temps est un « mollusque élastique », il serait possible de voyager dans le temps, grâce aux trous de ver même si les vers disparaissent du sol. Difficile au bibliothécaire – cette taupe dans un ruban de Möbius – de faire son trou, surtout entouré de ces escaliers compliqués à la perspective infinie à la Escher. Le directeur et conservateur argentin aveugle[1], ce modèle indépassable et castrateur au pays du dulce de leche®, n’en a pas eu l’intuition malgré sa description de son fameux Bab[ib]el© – babelisme. Tout lecteur de Le lecteur impossible disparaît semble-t-il inexplicablement. Lire=passer dans un trou de ver comme le chameau dans un trou d’aiguille, correspond à s’évader, prendre du temps alors que la temporalité s’est accélérée d’autant à cause des technologies, comme l’affirmait Virilio, ce catholique hanté par l’apocalypse.

Cette ville ésotérique réserve décidément bien des surprises. Même les magnétiseurs sont déboussolés. L’Inspecteur.rice=commandant.e – avec une majuscule – Shift a vu, sans succès un Maj. Les membres des congrès de médecine légale, d’exorcistes sont incompétents sur le sujet. La phalange révèle à force – car l’extrémité avait baigné dans l’acide afin d’effacer l’empreinte digitale – des traces de poison. Un docteur Nimbus©, un lecteur impassible, se réfère à la mort par empoisonnement selon Au nom de la rose renvoyant à l’horreur de la chrétienté concernant le rire provenant forcément du bas ventre – le corps étant, selon eux, fort distinct de l’âme -, notamment dans la partie manquante, car occultée, de la somme d’Aristote concernant Le rire – comme Saint Thomas, croire ce que l’on voit puisque le rire, si peu universel dans ses expressions, n’est, au regard du règne animal, plus étendu que la hyène, pas le propre de l’homme – dans la seconde partie de La Politique croisée avec L’apocalypse selon Saint Jean. Même Paul Pavlowitch, le petit-cousin de Gary – au bout du rouleau -, ce prête-nom d’Ajar, cette imposture littéraire, pour quatre livres à succès, brièvement bibliothécaire, comme il fut nègre, travailleur de prisons, prof pour gendarmes, receveur de billets dans le petit train de Rocamadour, répondeur au standard de SOS Dépannages, n’avait aucune idée ; il est sec. Seule une anthropologue, amatrice d’Interstellar de Nolan, apporte une réponse satisfaisante : la disparition progressive du lecteur en Occident, malgré le livre du pédant Manguel, disciple de l’argentin suscité, qui lui succéda à la direction de ladite bibliothèque puis viré, corroboré avec le titre du livre incriminé. Certains sont en quête d’une vérité, souvent biaisée par le médium même, d’autres attendent que l’auteur.e leur mente.

L’inspecteur.rice=commandant.e Shift a beau activer du Ctrl C, ileli n’aboutit inévitablement et par qu’à du Ctrl Alt Suppr. Du Arlt à sa table de chevet. Les channibals lecteurs=forts lecteurs se réduisent comme peau de chagrin jusqu’à devenir une denrée rare, comme le bœuf dans Soleil vert, d’après les statistiques sur une longue période, chacun est capté par les écrans où il s’agit de vendre du temps disponible. Un signe qui ne trompe pas : pendant la pandémie de covid 19[2], le nombre de lecteurs a baissé lors des diverses vagues épidémiques alors que la diffusion de séries, loin des sagas islandaises, des Contes des Mille et une Nuits, des feuilletons imprimés au XIXe et début XXe, des premiers ciné-romans muets, a explosé sur les plateformes. Le livre français le plus lu a été écrit par Musso, sa réédition en poche®, peu de temps après, a atteint également la première place. Bref, la victime, c’est toi, lectrice[3]. Peut-être es-tu la dernière sur cette terre, surtout après l’ultime lecture de La route de Cormac McCarthy, cet épisode surprenant et répétitif sur une longue durée des auditeurs du Masque et la plume©, cette émission, critique, la plus ancienne de la radio.

            Envie d’évasion : aller à Zanzibar, ce pays peuplé de beach boys alpaguant l’italienne lors de full moon parties sur la plage avec force danses lacives, où la ville est envahie de Bohemian Rhapsody de Queen car son chanteur, Freddie Mercury-aux-dents-longues, est né là-bas ; manger du pape Jean-Paul II[4], Wojtyla-que-je-te-pousse, à chaque coin de rue de Cracovie où le musée Schindler, sans ascenseur, est à éviter au profit du dynamique ghetto juif avec son festival international de klezmer ; faire patacu, débarouler, tomber dans l’eau sale de Venise, ville s’affaissant sous les bons sentiments et l’amour feint, envahie de touristes et de paquebots dévastateurs pointés par M. Hulot – des rangées de Nave No sur les fenêtres d’autochtones -, comme cet artiste germanophone mort en glissant en repérage pour la biennale ; people is coming, éviter le tourisme de masse à Dubrovnik-Raguse, où les toits ont été reconstitués par erreur avec des tuiles de Toulouse suite à la guerre nonante en Europe, à cause d’une série culte, Game of thrones© ; se réfugier à Komodo pour la nature où il est possible d’échapper aux varans en disparition en dormant dans des hamacs perchés à forte hauteur et en chantant, tel le barde Assurancetoutrix© d’Astérix et Obélix©, Casser la voix de Bruel pour les faire fuir ; sniffer du crack en Iran alors que la consommation a multiplié par 3 alors que la peine de mort par pendaison est effective ; s’émerveiller de mégafeux dans le sud de la France jusqu’en Corse, en Australie en offrant un steack de kangourou trop cuit. Pétroléninstal, Barceland, Parigrad, Viennise. Road trip en Harley® : : Geneva, Macon, Saint Clair (Alabama), Chicot, Prairie, (Arkansas) Madera, Marin, Orange, Placer  (Californie), Grand (Colorado), New London (Connecticut), Kent, New Castle, Sussex (Delaware), Collier, Orange, Sainte Lucie (Floride), Camden, Macon (Géorgie), Caribou, Teton (Idhao), Bureau, Champaign, Macon, Saint Clair, Saline (Illinois), Orange, Ripley, Vigo (Indiana), Des Moines, Kossuth, Lyon (Iowa), Bourbon, Cloud, Jewell, Saline (Kensas), Bourbon, Bullitt, Christian, Clinton, Larue, Lyon, Magiffin, Martin (Kentucky), Ascension, Beauregard, La Salle, Lafourche,  Orleans, Pointes coupees, Rapides, Sabine, Saint Bernard, Saint Charles, Saint Martin, Terrbonne, Union (Louisiane), Oxford (Maine), Caroline, Charles, Cecil, Frederick, Kent, Somerset (Maryland), Bristol, Essex, Middlesex, Plymouth, Worcester (Massachusetts), Alger, Grand Travers, Kent, Luce, Presque isle, Saint Clair, Saint Joseph (Michigan), Lac qui parle, Le Sueur, Lyon, Martin, Nobles, Pine, Rock, Roseau, Saint Louis, Swift, Traverse (Minnesota), Attala, Bolivar, Grenada, Lamar, Marion, Union, Yazoo (Mississipi), Camden, Christian, Clinton, Dent, Gasconade, Laclede, Macon, Maries, Marion, Ripley, Saint Charles, Saint Clair, Saint François, Saint Louis, Sainte Genviève, Saline,  (Missouri), Carbone, Cascade, Garfield, Glacier, Granite, Mineral, Petroleum, Prairie, Rosebud, Rosebud, Teton, Treasure (Montana), Arthur, Blaine, Gage, Garden, Garfield, Hitchcock, Loup, Saline, Sioux (Nebraska), Churchill, Esmeralda, Eureka, Humboldt, Lyon, Mineral, Pershing (Nevada), Cheshire (New Hampshire), Burlington, Camden, Essex, Gloucester, Middlesex, Ocean, Somerset, Sussex, Union (New Jersey), Chaves, Curry, Eddy, Gadalupe, Hidalgo, Lea, Luna, Quay, Union, Valencia (New Mexico), Clinton, Essex, Orange, Orleans, Yates (New York), Avery, Beaufort, Camden, Gaston, Hyde, Macon, Orange, Pamlico, Scotland, Transylvania, Union (Caroline du Nord), Cavalier, Eddy, Lamoure, Sargent, Sioux, Stark (Dakota du Nord), Champaign, Clinton, Defiance, Guernsey, Hanckok, Lorain, Marion, Medina, Noble, Portage, Stark, Trumbull, Union (Ohio), Beckham, Blaine, Canadian, Coal, Cotton, Dewey, Garfield, Hugues, Le Flore, Love, Major, Noble (Oklahoma), Curry, Deschutes, Josephine, Lake, Malheur, Marion, Union (Oregon), Blair, Cameron, Centre, Clinton, Dauphin, Luzerne, Montour, Snyder, Union (Pennsylvania), Barceloneta, Ponce (Puerto Rico), Bristol, Kent (New Jersey), Abbeville, Beaufort, Florence, Jasper, Lancaster, Lexington, Marion, Marlboro, Union, York (Caroline du Sud), Aurora, Bon Homme, Brule, Butte, Dewey, Hugues, Hyde, Lake, Stanley, Sully, Turner, Union (Dakota du Sud), Coffee, Dickson, Hancock, Lake, Marion, Macon, Roane, Union (Tennessee), Bandera, Bell, Bowie, Brooks, Camp, Castro, Coke, Crockett, Delta, Gillespie, Guadalupe, Kenedy, Kent, La Salle, Lamar, Marion, Martin, Medina, Newton, Orange, Rains, Reagan, Refugio, Sabine, Schleicher, Titus, Tyler, Wharton, Wise, Young, Zapata (Texas), Emery, Garfield, Grand, Kane, Rich, Wayne (Utah), Caledonia, Essex, Grand Isle, Orange, Orleans, Windsor (Vermont), Saint Croix, Saint Thomas (Iles vierges), Bristol, Caroline, Charlotte, Craig, Essex, Frederick, Giles, Gloucester, Hanover, Henry, Lancaster, Louisa, Lunenburg, Middlesex, Nelson, New Kent, Northampton, Orange, Page, Patrick, Petersburg, Southampton, Sussex, Wise (Virginia), Ferry, Garfield, Mason, Pend Oreille, Whitman,  (Washington), Hancock, Mineral, Pocahontas, Ritchie, Roane, Summers, Tucker, Tyler (Virginie de l’Ouest), Adams, Calumet, Door, Douglas, Eau claire, Florence, Fond du Lac, La Crosse, Marathon, Marinette, Pepin, Portage, Racine, Rock, Saint Croix, Sawyer,  (Wisconsin), Converse, Platte, Teton (Wyoming). Dans l’hexagone, si varié : admirer les sculptures de chat de Bourdarias, Rino, Topaz, Cofee, Sécha à Gouttières, dans les Combrailles en Auvergne, au nord-ouest du Massif central, entre les gorges de la Sioule et la chaîne des Puys, abritant les sources de deux rivières, le Chalamont et la Bouble ; rôder entre Bèze (Côte-d’Or), Le Fion (Haute-Savoie), Chatte (Isère), Verges (Jura) et Sainte-Verge (Deux-Sèvres), La Queue-en-Brie (Val-de-Marne), Les Lèches (Dordogne), Lorgies (Pas-de-Calais), La Trique (Deux-Sèvres), Montcuq (Lot), sous le patronage de Prévost dans Le petit Rapporteur et le génial Nino Ferrer, où un cycliste, D’epagne en France, créa le raid Parla-Moncucq ; Vatan (Indre) dans la Champagne berrichonne avec le musée circassien du docteur Frère ; Arnac-la-Poste (Haute Vienne) entre Creuse et Limoges ; Arnac-Pompadour en Corrèze plutôt que le Zambèze ; Monteton (Lot-et-Garrone) dans la vallée de la Dropt. Traquenard d’intérêt=cliffhanger. Tourner la page de Ce livre dont vous êtes le héros puisque vous êtes celle qui est arrivée à le finir –sauf si vous vous cantonnez à la dernière ligne tout en étant friand de l’incipit.


[1] Qui n’a pas eu son Nobel pour avoir fricoté avec un régime peu recommandable, Cry for me, Argentina.

[2] L’article, masculin ou féminin, est l’objet d’un débat furieux dont Tôkyôto© a le secret : Madame « le » Secrétaire perpétuel de l’Académie française, Mme Carrère d’Encausse, « immortelle » par carrière, spécialiste de la Russie, peu prise au sérieux par les universitaires tout en assurant sa tournée médiatique, n’ayant rien compris à l’invasion de l’Ukraine par Poutine, avec qui elle fut complaisante au point de bénéficier de ses largesses, députée européenne sur la liste UDF-RPR (1994-1999), mère d’un journaliste devenu « écrivain » – ce dépressif à l’ego démesuré, monopolisant les médias friands, faisant de fréquents séjours à Saint-Anne, en transposant Capote en France tout en assurant le chiffre d’affaire de P.O.L., militant farouchement contre la féminisation de la langue, imposera de façon autoritaire « le » Covid alors que l’usage, pétri de bon sens, est, logiquement, « la » Covid.

[3] « On a essayé toutes les combinaisons, mais on n’a pas encore écrit le roman où le Lecteur est coupable, celui où il est Victime. » (Roubaud, Jacques. L’Enlèvement d’Hortense. Paris : Seuil, 1996 [1991]. Points. p. 150). Or, La Lecture assassine d’Enrique Vila-Matas, qui fut hébergé par Duras, est cité dans Decout, Maxime. Pouvoirs de l’imposture. Paris : Les Éditions de Minuit, 2018. Paradoxe. Chap VI La littérature est-elle coupable ? Mort au mauvais lecteur. p. 166.

Lectrice car, d’après les statistiques du Département d’Etudes et Prospectives du Ministère de la Culture, le lectorat le plus assidu est majoritairement féminin, sans doute une stratégie culturelle afin d’améliorer son statut social et son ascension progressive grâce à l’éducance depuis le XVIIIe, où le livre et la lecture sont encore centraux.

[4] Ce « guignol triste », « obstinément passéiste », « Cramponné au dogme comme une vieille fille à son chapelet, insensible à la critique comme à la compassion, il a produit un miracle, un seul : sa popularité. » (Cavanna).


Bong Joon-ho, l’intranquille

Bong Joon-ho est en France pour promouvoir la ressortie de The Host (Gwoemul, 2006) en 4k.

Thierry Frémaux [Délégué général du Festival de Cannes, Directeur de l’Institut Lumière, Lyon]                      Il y a une grande force visuelle dans votre cinéma. Quelle est la part de la mise en scène par rapport au scénario ?

Bong Joon-ho             Je prévisualise les images, anxieuses et qui font peur, avant le scénario. En filmant, je peux contrôler mon anxiété et ma peur car je suis très anxieux. Sauf pour Memories of murder (Salinui chueok, 2003) où j’avais peur. Peut-être que le coupable est venu voir le film ! Kim Jee-Woon a un vrai impact visuel. Lee Chang-dong est plus stylé que moi. Kim Ki-duk, il ose.

TF       A Cannes, Iñárritu a dit : Parasite (Gisaengchung, 2019), c’est quelque chose.

BJH     Ca qui compte, c’est l’impact de la mise en scène.

TF       Es-tu un cinéaste anarchiste ?

BJH     Les protagonistes ne sont pas anarchistes, ce n’est pas leur philosophie. Ils sont démunis, maladroits, ils se débrouillent comme ils peuvent. Ils sont loin de l’Etat, du système social qui les laisse de côté. Ils sont rejetés du système qui ne veut pas d’eux.

TF       C’est le prolétariat coréen ?

BJH     Tout est mélangé avec le système militaire traditionnel très prégnant. J’ai connu la dictature, la violence est répandue ; il y a eu des mouvements de grèves, violents, les ouvriers étaient révoltés. Cet aspect existe toujours.

TF       Les personnages sont créés dans le cadre de la famille.

BJH     Mother (Madeo, 2009) aussi. Il s’agit du rapport mère / enfant. Elle est exclue du système et du pays ; c’est émotionnel. J’utilise l’humour noir, c’est plus vivant.

TF       La famille est solidaire, aimante, affectueuse.

BJH     C’est la relation plus solide. En Corée, on s’occupe beaucoup de la famille, comme en Italie (cf. Rocco et ses frères, Rocco e i suoi fratelli, Visconti, 1960).

TF       Song Kang-ho, la rencontre ?

BJH     C’est vrai qu’il est comme Mastroianni chez Fellini. Je l’ai rencontré avant, quand j’étais assistant, j’étais débutant sur un film où Chris Doyle a été chef opérateur, pas un film de WKW. J’étais aussi assistant sur Green fish (Chorok mulkogi, Lee Chang-dong, 1997) sur le milieu mafieux.  Song Kang-ho en Pan-su était fabuleux. On a beaucoup discuté autour d’un café. Kim Sang-kyung a été rencontrée sur Memories of murder (Salinui chueok, 2003). Sur 8 films, j’en ai déjà tourné la moitié avec Song Kang-ho.

TF       The Host (Gwoemul, 2006) est une grosse production tournée avec des acteurs familiers.

BJH     C’est le premier film avec des effets spéciaux générés par informatique. Chaque acteur de la famille, je les ai choisis, sauf la fille, sur audition.

TF       Tu choisis les acteurs ou tu as un directeur de casting ?

BJH     Je choisis. Pour Mother (Madeo, 2009), j’avais déjà choisi l’actrice principale. Parfois, c’est un mix des 2 : j’écris le scénario et je choisis les acteurs après.

TF       Et Snowpiercer, le transperceneige (Snowpiercer, 2013) ?

BJH     Je n’ai pas choisi en amont. Il y a un premier casting étranger avec une équipe étrangère ; c’était la première fois. Au début, j’avais prévu un vieil homme et puis j’ai changé pour une actrice. Ce n’était pas Tilda Swinton au début.

TF       The Host (Gwoemul, 2006) est ton 3e film, celui de la maturité, de l’accomplissement.

BJH     J’ai ajouté un côté réaliste par rapport au monstre généré par informatique. C’est un genre documentaire. La bestiole pourrait être dans le National Geographic. Le film est réussi grâce aux efforts de toutes les équipes. L’interprétation des acteurs est exceptionnelle, Song Kang-ho regarde fixement, tout est dans le geste. Il a une sorte de stabilité. Avec l’interprétation des acteurs, le monstre réagit différemment.

TF       Le dialogue : tout est écrit ?

BJH     Tout est écrit, le story-board est conçu dans ses moindres détails. Il est possible que le dialogue soit modifié par les acteurs, jamais le story-board. Je suis un obsédé, un control freak. Je story-board moi-même sauf si il y a trop d’effets spéciaux (notamment pour The Host, Gwoemul, 2006). Sinon, je suis très nerveux, paniqué. Il n’y a aucune improvisation dans la mise en scène ; les acteurs, eux, peuvent improviser.

TF       Et le montage ? Il y a des modifications par rapport au story-board ?

BJH     Je bénéficie du système coréen, qui est différent du système américain : le montage s’effectue en même temps que le tournage au sein d’un système de production coréen, très particulier par rapport au reste du monde. Les coréens sont impatients.

TF       Des cinéastes d’auteur réécrivent le film au montage.

BJH     Le story-board est complet mais dans la salle de montage, il y a de nombreuses choses à faire, il faut être créatif. Les acteurs sont étonnés car tout est lié, séquences par séquences.

TF       Ford et Hitchcock story-boardait de telle manière que le montage du studio ne peut que suivre. Clouzot et Chabrol sont des influences pour toi. Quelles sont-elles dans le cinéma français contemporain ?

BJH     Je trouve Alain Guiraudie très intéressant, notamment L’inconnu du lac (2013), Rester vertical (2016). Ses films sont étranges. Je suis attiré.

TF       Il y a aussi les courts-métrages de Guiraudie.

BJH     Le metteur en scène aime ce qui est différent, ce qu’il ne sait pas faire. On rêve d’avoir une autre technique. J’admire Hong Sang-soo. Il écrit le matin et donne aux acteurs l’après-midi, c’est impensable pour moi car tout est fini un mois avant sinon je suis angoissé. Spielberg ne fait pas de story-board, je crois [confirmé par quelqu’un du public].

TF       Pour Hitchcock, tout est dans la préparation.

BJH     Je veux être comme ça.

TF       Dans le cinéma coréen, il y a 3 traditions : l’historique (films en costumes) ; films de genre ; films d’auteur.

BJH     Im Kwon-taek est notre J. Ford. Park Chan-wook et moi sommes des cinéphiles ; après nous avons réalisé ; après avoir digéré. Hong Sang-soo est vraiment un auteur ; il cite souvent Rohmer. Lee Chang-dong a écrit un roman.

TF       Vous voulez être ministre ?

BJH     Non.

BJH     Je ne veux pas que Barking dog (Peulandaseui gae, 2000) soit vu même si c’est film précieux car les acteurs sont bons et l’équipe magnifique mais je n’en suis pas fier. Je suis passé, grâce à ce film, d’amateur à professionnel. Mon père, professeur à l’Université, n’aime pas ce film.

TF       The Host (Gwoemul, 2006) est parfait !

BJH     Sauf une scène qui est ratée mais je ne vous dirai pas laquelle [TF insiste tout le long de la conversation]. Je voudrais l’enlever. Pour Parasite (Gisaengchung, 2019), je suis satisfait.

TF       Comment a été vécue le succès de Parasite (Gisaengchung, 2019) ?

BJH     J’ai eu le même rythme de travail. Pendant la pandémie, j’ai vécu un moment calme avec mon chien. J’ai écrit deux scripts dont un terminé Micky 17 (appelé Micky 20 avant) pour 2024 [avec Robert Pattison].

TF       Tu viens de finir un film anglo-saxon ?

BJH     Micky 17 était prévu avant Parasite (Gisaengchung, 2019) ; l’autre, c’est un script d’animation qui sera prêt en 2024-25. J’aime réaliser des films : Okja (2017) et Micky 17 sont produits par Brad Pitt avec sa société de production, Plan B. Pour mon dernier film, d’animation, en stop motion sur un projet écrit d’après une histoire originale, Very deep sea creators, je m’inspire des photographies marines d’Abysses de Claire Nouvian, l’élue écologiste.

TF       Tu restes un cinéaste coréen ?

BJH     Oui, je reste coréen. Un autre réalisateur s’est déplacé. Je veux rester à Séoul. Je suis avant tout un cinéaste coréen.

TF       The Host (Gwoemul, 2006) est l’un des plus grands succès coréens en 2006 avec 13 millions d’entrées.

Tu as collaboré avec Carax et Gondry pour Tokyo ! (segment Shaking Tokyo, 2008). Tu vas collaborer à nouveau ?

BJH     Les 3 réalisateurs ont été réunis à Cannes après avoir tourné dans 3 endroits différents. Carax ne parle pas beaucoup ; mais il m’a aidé à réparer mes lunettes à Cannes. Je l’ai revu pour Annette (2021). Pourquoi ne pas renouveler mais il y a forcément comparaison entre nous et cela me génère du stress.

Questions du public

Vous avez un rapport ambivalent à la violence ?

BJH     Pour moi, il y a deux genres de scènes violentes : la violence que j’ai vécue et la violence qui me fait peur. Le slapstick, la violence avec l’humour, c’est ce que je préfère. J’aime les scènes maladroites, où les genres de violence sont mêlés. Ce n’est pas de la violence à la Tarantino, avec le sang qui jaillit ; ce n’est pas la vérité mais un effet de cinéma. Dans White man ( , 1993), il y a la chanson « C’est si bon ». On y retrouve le nom du jus dans une publicité avec la chanson « C’est si bon ».    

The Host (Gwoemul, 2006) ?

BJH     Ce que dit le film, c’est que, en cas de catastrophe, on n’est pas protégés. Il ne faut compter que sur nous-même. C’était le cas avec le grand naufrage de bateau Sewol en 2014 (308 morts). Si on revoit les funérailles, il s’agit d’un traumatisme coréen. En cas de catastrophe, c’est nous qui devons nous en sortir tout seul ; il ne faut pas compter sur l’Etat.  Dans Memories of murder (Salinui chueok, 2003), la catastrophe, ce sont les femmes des villages qui ne sentent pas protégées. J’avais le même sentiment, enfant. Au fond, tout coréen se sent angoissé, inquiet. C’est ce qu’on voit dans The Host (Gwoemul, 2006) ; Song Kang-ho dit « Pourquoi personne ne nous aide, pourquoi personne ne vient ? ». C’est très coréen.

Le monstre est une métaphore de l’arrêt du monde. Le monstre aussi est une victime. On a de la pitié pour lui. Etre addict au travail, comme je le suis, comme le sont mes personnages, cela représente la Corée. C’est avant tout un film de famille, sur la famille.

Il existe une manière démocratique, avec chaque personnage notamment dans l’action ou la prise de décision dans la famille. Comment, dans ce cadre, concevoir le rôle des acteurs et le thème de la déshumanisation ?

BJH     C’est dans le story-board. Quand je parle avec un acteur, il a mieux compris que moi. L’acteur m’offre un cadeau en jouant, je suis prêt à recevoir. Je ne veux pas avoir de tensions, pour laisser libres les acteurs, pour qu’ils puissent se concentrer. La position de la caméra est de toute façon dans le story-board. J’explique le mouvement de la caméra aux acteurs. Ensuite, l’acteur s’exprime pour le détail. Je choisis tout, du plus petit rôle aux rôles majeurs. La qualité de l’interprétation est déjà définie. J’ai l’œil pour choisir les bons acteurs pour les rôles.

D’où vient cette fascination pour la cave, le sous-sol ?

BJH     Quand j’étais étudiant, il y avait un sous-sol long et sombre. Je me souviens de balles de ping-pong avec qui les gardiens jouaient ; les femmes de ménage faisaient leur travail. Le sous-sol, c’est l’espace surréaliste, de l’imagination. Comme dans Barking dog (Peulandaseui gae, 2000). Je me sens plus libre pour imaginer. L’idée de la cave dans Parasite (Gisaengchung, 2019) est venue tard dans le scénario ; cela développe l’imagination.    

Je fais un mix de genre mais je ne prévois pas ; cela me vient comme ça et c’est intégré au scénario. Je ne prévois pas un découpage comédie / noir. C’est mélangé. On suit une histoire, une scène.

[Question d’une coréenne en coréen puis traduit en français par ses soins] Vos

films sont l’image de la société coréenne : la famille a une valeur spécifique. La société coréenne évolue vite. Les films vont changer. Sur quels sujets pour vous ?

BJH     La génération Z et post Z est incarnée par le chauffeur de camion dans Okja (2017). Le prochain film pourrait être une fille qui fait un stage sur le terrain. J’ai eu l’idée l’année dernière à Cannes. Ce qui m’intéresse, c’est la réalité que vivent les jeunes. Je veux montrer le ressenti des jeunes. A 53 ans, je montre les 2 générations. J’ai un fils de 26 ans [avec une scénariste], cinéaste.

*

Dans « Monstre de bonne compagnie », Quentin Girard, Libération, 07/03/23, s’inspire de la master class, la veille, au Grand Rex, rénové, à Paris : la gueule immonde du monstre dans The Host (Gwoemul, 2006) est inspirée de celle de Steve Buscemi ; « Je dirais plutôt que c’est le cycle de l’histoire. A l’époque, il n’y avait pas le Covid, mais le Sras. Ça m’a beaucoup influencé. » ; son amour de la nuit et de la pluie et son rejet du soleil au point que « Je ne comprends pas comment les gens peuvent être heureux en Californie. » ; il jure qu’il « n’a pas étudié la politique, l’économie » [il s’était inscrit en Sociologie à l’Université] ; « Mon psy me dit que je suis un inquiet qui a toujours peur de ce que les autres pensent de lui. Mais ce n’est pas forcément négatif. Au contraire, c’est un moteur. Pendant l’écriture du scénario, le story-board, le tournage, c’est mon anxiété qui me pousse à ce que cela soit le mieux possible. » ; le comédien coréen Song Kang-ho est « un mélange d’Al Pacino, de Joaquin Phoenix et de Michael Shannon » ; « Quand je travaille avec lui [Song Kang-ho], je me sens plus à l’aise, plus sûr de moi. Je sais que son jeu, son énergie, persuadera le spectateur.» ; son grand-père, écrivain célèbre, est passé en Corée du Nord ; « Quand on s’intéresse aux animaux, on arrive à parler de l’essence de l’être humain. Okja est l’âme sœur de la petite fille, mais, pour tous les autres, ce n’est que de la nourriture. C’est ce fossé entre les perceptions qui m’intéressait. » ; il connaît Goscinny, avec Astérix, et le Petit Nicolas ; il pointe le paradoxe d’une société coréenne « avec Internet le plus rapide au monde mais des familles coupées en deux. […] Notre passé est si tumultueux, les sources d’histoires sont inépuisables. Chaque Coréen a énormément de choses à raconter. ».

[Manuscrit] Sales rêves (#épisode 23)

Estomaquée, l’inspecteur.rice=commandant.e Shift comprend que la communication est partout, à tous les niveaux même si les échanges d’informations internes, plus proche au mieux du téléphone arabe, sont mauvais malgré des conf’coll=assemblées générales, dignes du Soviet suprême de l’URSS, et des réunions à répétitions – « la sexologie est en pointe. » -, ennuyeuses à périr, où l’oral, dominé par l’ego, est redondant avec l’exposé sur Powerpoint® sur écran projeté comme si les gens étaient incapables de comprendre ce qui est écrit – ce qui est un comble en bibliothèque, pense l’inspecteur.rice=commandant.e Shift. Souvent une femme qui a nombre de problèmes psychologiques non résolus, relationnels également, occupe le poste dit de communication. Hermès est communication et vol.

Pour l’inspecteur.rice=commandant.e Shift, les cadres passent leur temps en formation. Les plus élevés, logés en haut du bâtiment, vont à l’étranger au frais de la princesse plus très fraîche. La hiérarchisation, souvent digne de la Corée du Nord, Biélorussie, du Kirghizistan ou de l’Ouzbékistan est pire que dans les hôpitaux, tous les étrangers sont étonnés par cette rigidité absurde qui confine au ridicule : être A,B,C relève des castes indiennes ou des cercles dantesques, rares sont les transfuges de catégories[1] sauf si vous endurez longtemps – à ronger votre frein comme dans le management à la Mac Donald’s® – du travail de la catégorie supérieure, payé évidemment moins cher, si la hiérarchie a l’insigne honneur de s’intéresser à vous – ce qui doit être vécu comme un privilège digne de la somme de Saint Simon ou de la Comtesse de Boigne, surtout quand certaines brassent du vent, exécutent des moulinets pour être vu et attrapent des aphtes à force de lécher pour obtenir une promotion avec force paperasse à remplir ; héritage du Roi Soleil et de Napoléon, un n+1 ou supérieur hiérarchique direct (SDH) a droit de vie ou de mort sur sa subordonnée nommée agent.

Les notes de l’inspecteur.rice=commandant.e Shift sont effarantes. Voyons. Une directrice pique dans la caisse ? C’est la syndicaliste dénonciatrice, ancêtre de la lanceuse d’alerte, qui est sanctionnée. Une autre directrice, venue en central du Ministère de la Culture, se roule sous la table à cause de l’alcoolisme ? Elle aura une bonne promotion – pas un placard doré. Un conservateur frappe un subordonné devant sa supérieure ? Ils se couvrent entre eux, le Procureur classe la plainte de la victime sans suite ; le conservateur a conservé son poste au même endroit. Le même – pour qui Freud n’a rien à voir avec la psychiatrie -, s’érige soudainement en psychiatre en empruntant un livre, Les personnalités pathologiques : approche cognitive et thérapeutique. Médecine et psychothérapie, commandé par sa n-1 incriminée afin de nourrir un dossier bidon, où il est inventé que la n-1 commande des livres néonazis, pelotent moniteurs et monitrices et prône le néonaticide, pour l’exclure de la fonction publique via un dossier médical risible pour paranoïa auprès du comité régional de médecine ? La question qui trotte dans la tête de l’inspecteur.rice=commandant.e Shift est la suivante : cette ancienne professeure de lycée de banlieue – forcément difficile – aurait-elle, au nom de la soumission, aidé et signé pour déporter des enfants juifs pendant la guerre ? Une conservatrice, Mme Boukin, fraîche sortie de l’école des Chartes en déposant son serre-tête mais point la haute opinion d’elle-même, lors d’un conflit avec sa subordonnée dans un même syndicat à propos d’ouvertures nocturnes dans une petite ville pour augmenter la notation de son chef (n+1) plus visible auprès de l’administration centrale pour une future promotion, obtiendra, quand Boukin se livre, 8 jours d’ITT par un médecin complaisant pour violences pour plomber le dossier de la subordonnée. C’est cher payé pour avoir lancé un « vous trahissez notre syndicat », non ? La commission des conflits de ce syndicat, noyautée par un stalinien à la naphtaline de la pire espèce roulant en Skoda®, se réunira pour la première fois de l’histoire de ce même syndicat et s’opposera à la création d’une section syndicale locale malgré la possibilité offerte par les statuts. La conservatrice amènera son frère pour un stage et son mari par mutation locale malgré les us en vigueur. La corruption est à tous les niveaux chez les ronds-de-cuir. Ainsi un administratif fil-de-fer, ancien alcoolique, aura facilement une promotion en se maquant avec une grosse directrice de bibliothèque, Laurel et Hardy, pro learning center, les yeux pleins de l’EPFL de Lausanne[2], qui n’hésitera pas à imposer ses filles, d’un premier lit, comme stagiaires, les œuvres d’une amie peintre pour l’inauguration d’une bibliothèque affreuse réhabilitée dans ses murs toujours atroces genre ambiance Zizi béton d’une Amérique fantasmée lors d’années industrieuses et pompidoliennes[3].

Pour l’inspecteur.rice=commandant.e Shift, les bibliothécaires sont dépossédés des acquisitions au profit des catégories B, réintitulés Bibass, en demande de valorisation mais certainement pas payés plus : déshabiller Paul pour habiller Jacques sans reggae PierrePaulJak. Le magasinier (C), peu payé et souvent dévoué – à peine le SMIC, et remplacé progressivement par des automates à fort bugs pour les prêts et retours de documents -, est également évalué sur sa maîtrise de l’écrit, ce qui est inutile. Ils sont recrutés localement, avec les dérives afférentes, et non plus nationalement avec un concours stupide comme le classement, distinct de la classification[4], continu ou discontinu en temps limité. Souvent, ils sont plus diplômés que les gens qui les dirigent, ce qui n’est pas sans poser de sérieux problèmes. La jalousie comme mobile ? A noter que les fonctionnaires de catégorie D ont disparu progressivement, il va en être de même à terme pour les catégories C. L’administration essaye depuis des années=serpent de mer, de transformer par les rubans bleus du ministère, les corps des bibliothèques en corps administratifs car moins chers et plus malléables donc plus faciles à contrôler. Vive Vidocq ! L’inspecteur.rice=commandant.e Shift n’est pas au bout de ses peines.

            Les bibasses sont des femmes âgées, des boomers, qui vont bientôt partir à la retraite. Pas facile à traiter tant elles traînent la langue. Faire strike dans 50 bouteilles de champagne pour un petit pot de retraite. Certaines ne rallongent pas la sauce même pour quelques dollars de plus tant elles sont lessivées. C’est autant d’appel d’air pour une carrière rapidement ascendante pour la génération suivante, des louves affamées sans foi ni loi loin d’avoir inventé Rome. La mentalité a changé, la notion de travail bien fait n’existe plus, tout est élaboré dans l’urgence, le nez dans le guidon, d’où un burn out constant avec un sentiment permanent d’inachevé. Bien faire – le mieux est l’ennemi du bien – est souvent mal vu car perçu comme une mise en danger pour les autres en soulignant leurs imperfections. Ainsi, une catalogueuse sourde, dont le mari s’était suicidé à cause d’elle, copiait les notices en les dérivant, tout en critiquant sans cesse ses collègues auprès d’autres, tandis que les ouvrages étrangers neufs restaient longtemps sur ses rayons en attendant que quelqu’un dans le monde se colle à la notice à sa place, en privant tout lecteur d’accès puisqu’il ignore l’existence du livre. Tel chroniqueur de livre sur le rigide site internet est tancé car n’étant pas assez grand public, ne cédant pas ainsi aux sirènes de la facilité. La souffrance provient également du manque de sens du travail effectué : chacune est un pion facilement remplaçable. De dépit, il arrive qu’un membre du personnel pioche au hasard un livre dans le rayon Young adults dirigé par une conservatrice qui ne jure que par la Fantasy, la SF et la dark romance, succédant à une lettrée mariée au fabuleux traducteur Hoepffner, emporté par une vague sur une côte irlandaise : c’est le braconnage selon le jésuite Michel de Certeau ; ce personnel averti choisit systématiquement, comme les lectrices anonymes dans le métro, Musso, Lévy, Nothomb, Vargas, Gavalda, Bussi, Perrin, Pancol, Le Vigan, Valogne et cette autoresse de Toutes les femmes qui croquent une pomme ne s’appellent pas Eve, ces écrivants – à côté des livres dits de psycho, de développement personnel, qui nourrissent richement leur auteur, ou les guides comme celui du moutard – qui tomberont heureusement dans l’oubli à terme.

Une syndicaliste, honnête celle-là, balance. Evidemment, les départs en retraite ne sont pas remplacés (RGPP de Sarkozy) : il s’agit de faire plus avec moins de moyens. Saint Jérôme roque avec Sainte Rita. C’est Marat, bout de ficelle. Si être Président de la République consiste à endosser le rôle de VRP, une Directrice de bibliothèque quête sans arrêt de l’argent comme une pleureuse jusqu’à monter des projets bidons dans un sabir bureaucratique à la mode. Le rite, en fin d’année civile, est de dépenser à peu près pour n’importe quoi en un temps record afin d’au moins maintenir la ligne budgétaire pour l’année suivante.

La syndicaliste poursuit. Une loi Bibliothèque est attendue – arlésienne – depuis les années 80, sans résultat. Plutôt que des escape games pour essayer d’intéresser les jeunes lecteurs usagers inscrits séjourneurs clients, les -thèques vont finir par créer, en sus des produits dérivés (sacs avec logo sérigraphié, stylos, stabilo boss®, règles, marque-pages, etc.), des tombolas pour survivre genre Sauve ma bibliothèque. Toutes les recettes sont mises en œuvre, à perte. Qui, à part les professionnels, descendra dans la rue pour sauver une bibliothèque ?

  • Qui a suivi une formation manipulation des extincteurs dans la bibliothèque ?
  • Deux personnes sur le campus rétorque l’administrative.
  • Je n’ai pas eu le temps, répond la directrice, sise depuis une dizaine d’années, soutenant que le signet de communication comportant « en liste » est valide (au lieu de l’expression « en lice »).
  • Il y a le DUER, ce document administratif sur l’hygiène et sécurité surenchérit la directrice de service. Le papier n’est pas ce qui brûle en priorité, d’autres produits, comme l’hydrogène, sont plus dangereux ; de toute façon, ici, nous n’avons que des pompiers d’opérette. La sortie de secours donne de toute façon dans une salle de cours.

S’il est arrivé que des citoyens se mobilisent parfois pour une bibliothèque de quartier, le cas est rare au point de souligner qu’à Villiers-le-Bel, une bibliothèque et une école, institutions emblématiques, ont été brûlées par des révolté.e.s de quartier, sans omettre ces activistes écologistes radicaux qui ont vandalisé des bibliothèques, en criant « Pour sauver les arbres, tuez les écrivains ! », sous prétexte que toute édition de livres implique la déforestation. Des suspects possibles.

            ALone Chaney, l’inspecteur.rice=commandant.e Shift, le long de la lône. Se changer les idées. // le rêveur comme le masturbé // Longtemps, ileli s’est touché.e de bonne heure genre berniesque pour clowneries sensuelles. Ileli a le haricot à la portière, le cliclin qui fait la robe à queue, de bal. L’abricot en folie, la praline en délire, ileli a mangé ses cerises, en est à ses gogues, a la fraise à la crème, le haricot qui démange, appuie sur le bouton d’ascenseur, mis le nez à la fenêtre, chauffé le micro-ondes. Dessous les lendilles, landrons, spopondrilles, labies, espondilles, courtines, escalopes – panées, bibilles, le foie gras et nymphes, la gâchette, la praline, la lampe amoureuse, la petite éminence, le mamelon du diable jusqu’à gicler sa cyprine. Hérmaphrodite, Shift a la grosse flèche qui pointe vers le haut. Ileli s’est dressé.e, monté.e le chapiteau sous les draps, tiré.e la poudre aux moineaux, secoué.e la cartouche, fait la guerre de 5 contre 1, astiqué.e, gonflé.e le poireau, le spaghetti ou la colonne – Morris, collé.e, cogné.e un  – petit – rassis, monté.e le chapiteau entre minuit et les couvertures, la chaufferette, aiguisé.e le couteau, joué.e à mets couverts, gonflé.e son andouille triple A voire AAAA, arraché.e le manche à en faire des copeaux, à se râper le gruyère sur la nouille pour lui donner du goût, allongé.e le macaroni, chatouillé.e le spaghetti, tiré.e la courte, chipolaté.e le nougat sournois, la membrane, le levier de force, fait marcher son p’tit moulin, marcher aux feuilles de figuier, chatouillé.e l’hibiscus, pété.e le yaourt dans ses mains, tiré.e sur la guimauve, fait sauter le bouchon, s’en bat une quand ileli s’est fréquenté.e, flatté.e le petit chauve, poli.e, régalé.e, balancé.e, secoué.e le chinois, fait à la pogne et non à la Saint-Genix, jusqu’à s’en faire fumer la plomberie, fait les cuivres façon grand-hôtel, passé.e à la feuille d’or, tapé.e un silencieux, pianoté.e l’émoi, fait le concerto de mes 2, d’Aranjuez, joué.e Vivaldi, fait les 4 saisons, fait saigner à blanc, paluché.e jusqu’à s’amidonner la main de sa sœur, lustré.e les cuivres au blanc d’Espagne, fait son lavage à la main, monté.e la guitoune, fait la glimblette, torché.e coquette, passé.e au buvard, fait un nez à la Pinocchio, sorti.e son Gnafron, joué.e à 5 contre 1, fait la bataille des jésuites, des moines, juté.e, rompu.e une lance, branlé.e à fresque jusqu’à repeindre les plafonds de la chapelle Sixtine, fait trembler et emmêler les pinceaux, dessiné jusqu’à étaler et appliquer des cartes de France pas rance, astiqué.e la colonne Vendôme, fait un truc façon Karagheuz, poli.e le Mont-blanc, revu.e ma géographie, en bon français, découvert.e l’Amérique, joué.e au billard anglais, fait une géographie dans les draps, astiqué.e le geyser, taquiné.e le hanneton, fait pleuré, cerné.e les yeux, gallimardé.e, sur l’Arétin par cœur, agacé.e le sous-préfet, repeint.e l’appartement, décollé.e ou cloqué.e le papier peint, secoué.e coquette au-dessus du bénitier, bu.e seul.e, étranglé.e le robinet, tapé.e, secoué.e le Mahomet – attention aux islamistes et à leurs menaces -, fait du cinéma, longtemps de bonne heure. La bête a lâché son cri ; ileli se dégorge les amygdales, s’essore les rognons, éternue sa cervelle, pleure entre deux guichets, se désencombre les aumônières, le sirop de navet, le fromage, le jus de couillon, ileli fait feu, éternue sa Chantilly®, envoie la crème, fait l’omelette, bien baveuse, envoie, crache, balance la purée, lâche la semoule, le potage, envoie le dentifrice, fait mousser son blaireau, vide son carafon, fait tout outre, encense l’intérieur, dégorge le poireau, fait éternuer son cyclope, fait son beurre blanc, tousse sur le seuil, précoce, envoie le yaourt, pleure ses fautes, des larmes de joie. L’inspecteur.rice=commandant.e – ♪ Dieu avait mis le kilt -, est – comme escargots, vers et sangsues – un.e hermaphrodite, ou intersexe dirait-on improprement aujourd’hui, avec des posters d’Herculine Barbin, de Morse de T. Alfredson, de Tomboy de Sciamma, XXY de Lucía Puenzo, cernés de bouquets de – boutons-d’or – renoncules – boutons-d’argent.

            Tout est étrange en –thèque pour l’inspecteur.rice=commandant.e Shift, hébété.e : un squelette d’anatomie nommé Gasper©, ayant échappé à SOS fantômes, dans un monte-charge pour documents ressemblant à un monte-plats de Le grand repas sur fond de Playtime et de L’aile ou la cuisse ; une chauve-souris morte dans une enveloppe anonyme dans un casier ; des tapis clandestins de prières musulmans en mezzanine ; une chaussette désormais sèche sur un radiateur ; une capote usagée avec du sperme dedans, dans la cuisine du personnel ; une femme, à particule – pas bozon mais probablement achetée comme VGE comme l’indique cet annuaire -, qui s’est fait mordre au poignet par son mari en indiquant que, même dans son milieu, c’était possible ; un clodo puant notamment l’alcool, surnommé « Codo », qui a renversé un piéton, s’informe pour son procès en se plongeant dans les codes ; dans une annexe, la bibliothèque d’un musée, entre les livres, il est possible de trouver de l’adipocire=gras de cadavre, un fœtus de 5 mois passés dans un bocal de confiture Bonne maman®, une boule de pétanque Obut® extraite méticuleusement d’un anus ; une conservatrice ambitieuse, amatrice de Napoléon malgré un droit restrictif des femmes dans le Code civil, pleure – maman, ma fille – au téléphone, avec un psy au bout du fil, dans son bureau puis couchera avec un dirlo ancien dir’ cab’ aboutissant à une promo rapide tout en étant directrice d’une petite bibliothèque prestigieuse ; d’autres, placardisées, s’effondrent à cause d’une réorganisation intitulée transversalisation causant un burn out généralisé ; un magasinier alcoolo qui pue logiquement l’alcool, rendu fou à cause du sol rouge, moqué par une directrice fashion habillée en Chanel® qui n’aspire qu’à une mutation dans un poste prestigieux ; un autre, clodo punk, qui vient quand il veut ; une cadre – la même tête que son bouledogue -, protégée, qui fume dans son bureau en toute impunité malgré la loi Evin et les rappels de la médecine du travail ; un cadre a été pris en flagrant délit de vol et trafic d’incunables sur un site internet de revente ; l’icelle, qui se suicida suite à un article d’un quotidien, « La bibliothèque des emprunts définitifs », sur un fonds enrichi à partir des apports de Breton, Aragon et Suarès, avec disparition, entre autres, dans des sacs recouverts de son écharpe, en absence d’inventaire, de l’édition originale de Lunes en papier d’André Malraux et Fernand Léger, un livre de Tzara, 600 lettres de Roger Munier, le traducteur de Heidegger, un dépliant de 1916 contenant six poèmes d’Apollinaire, Jacob et Reverdy, un portrait du compositeur Erik Satie en ange par Cocteau datant des années 20, une gravure de Picabia, Chagall, Toyen, un dessin d’Annette Messager, avec un libraire, ancien vice-champion du monde de Scrabble©, pratiquant échanges et shadow banking en piochant dedans au mépris des règles de la domanialité publique ; un autre, acajou=bille d’ivoire=genou=déplumé=bobine dévidée=tête de veau (lavée)=qui n’a plus de chapelure sur le jambonneau=de fil sur la bobine=de mouron sur la cage=de cresson sur la fontaine=de gazon sur la pelouse=de paille sur le tabouret=qui a   la tête qui dépasse les cheveux=le front dans le coup=se dégazonne=ramène=boude aux cheveux attend son jugement pour harcèlement sexuel.

Les magasins, quand ils ne sont pas équipés de rayons en amiante[5], sont parfois inondés par infiltration, lors d’une fuite de wc par exemple. Un magasinier a été écrasé par un compactus®, ces rayons massifs sur rails avec un volant. Une chauve-souris morte dans un Kardex®, pour classer les revues par ordre alphabétique. Un technicien de surface n’hésite pas à vociférer à qui veut l’entendre ses opinions racistes en vertu de l’expérience psychologique mensongère de Stanford qu’il ignore. Reste ce cadavre embarrassant. Une garde à vue, avec ledit technicien, borgne, COTOREP peut-être, afin de renforcer les statistiques pour le ministère et obtenir, outre une possible promotion comme une carotte qui pend depuis des lustres, plus de moyens pécuniaires pour le service entier

  • Que faisiez-vous à l’heure fatidique (que nous n’avons pas réussi à déterminer susurre-t-ileli dans sa tête comme un mantra peu manga) ?
  • Rien, la vérité si j’mens.
  • Où étiez-vous ?
  • Nulle part.

Un vrai chat de Schrödinger. L’inspecteur.rice=commandant.e Shift hallucine.


[1] Ou transclasses selon une philosophe spinoziste, étudiant ainsi le point aveugle bourdivin, ce philosophe devenu sociologue, avec sa conception restrictive de la reproduction sur fond de marxisme mal assimilé. Une autre voie est étudiée par G. Bronner, inspiré par le subtil R. Boudon.

[2] Ce temple où chaque personne en vue dans la profession se doit d’effectuer un pèlerinage, comme une intimation d’une religion du Livre.

[3] Pompidou, ce « modèle » seriné qui « s’est cramponné au pouvoir comme un morpion, à pleines mâchoires, n’en voulant rien laisser, même incapable de l’exercer, même mort plus qu’aux trois quarts, agrippé à la France comme un avare à un tas d’or, jusqu’au dernier râle. » (Cavanna).

[4] La plus répandue est la Dewey, réactualisée régulièrement, consacrant une large place à la religion, évidemment en première position.

[5] L’Etat a utilisé l’amiante pour son faible coût tout en sachant, dès le début du XXe siècle, sa nocivité sur l’homme. Si, en Italie, l’Etat fut condamné, il n’en est rien en France.


[Manuscrit] Sales rêves (#épisode 22)

L’inspectrice Shift est sur le coup avec sa cape et une musique à l’œil d’Isaac Eyes. Etude au microscope de la police scientifique[1]. Les multiples pièges sont inopérants. Un autre jour, tant par un coup, juste un det=clapoton=apôtre=salsifi=pilon=doigt a été retrouvé entouré d’une nappe de musique insistante. Il sera enfermé dans un sac en sous scellé en papier kraft, avec une étiquette beige. Shift zoome. L’hypothèse du yakuza est écartée. Qui a fait du raisiné=boudin alors ? Pour avoir les idées claires, l’inspectrice Shift table sur Ctrl + Shift + B. Sur sa table de chevet trône l’essai Upon the Tracing of Footsteps publié par Sherlock Holmes en 1878, dont l’existence est contestée depuis le Ex bibliotheca holmesiana de Tage de la Cour (1951).

– Quel est le motif ? S’interroge le Commissaire Maigrelet© en cure d’amaigrissement pour éviter le diabète de type 2.

– Les carreaux sur la nappe entourant le doigt, mais je ne vois pas le rapport répond du tac au tac et imperturbablement l’Inspectrice Shift.

L’inspection générale des bibliothèques, impuissante lors de la prise de pouvoir du F.N. sur la bibliothèque de Vitrolles – où des revues de gauche, de nombreux livres ont été exclus -, suite à l’élection municipale démocratique à deux tours après le mandat d’un maire socialiste pourri, a mené une enquête non aboutie. Elle n’a pas été plus efficace concernant les vols à la bibliothèque Doucet.

Dans son rapport, l’inspection expose que    la première médiathèque en France, créée sans doute grâce à une collection unique d’emballages de carrés de sucre, y compris la famille de Louis Malle, est née en 1977 dans la ville de Verlaine et Koltès[2]. Si les bibliothèques en tous genres ont rattrapé, grâce à des maires riches et soudainement entichés, dans les années 80-90, leur retard sur celles anglo-saxonnes, germanophones, scandinaves et japonaises, tout a été vite perdu depuis. Plus besoin de faire tourner, comme les voitures de fonction ou estafettes de policier ou camions de l’armée, les bibliobus à vide dans le froid hivernal pour remplir les quotas d’essence utilisés façon GOSPLAN – technique somme toute peu écologique. Les réseaux perdent leur cohérence pourtant durement acquise, l’achat de livres diminue nettement, mouvement inauguré par un maire vert, par delà Malraux et Lang qu’il trouve éculé sans proposition alternative crédible et consensuelle, des bibliothèques sont fermées comme en Angleterre au nom de la rentabilité à cause de l’endettement à long terme. Les bibliothèques appartiennent à un milieu désormais sinistré.

Le rapport poursuit sur le poncif consistant à affirmer constamment que la bibliothécaire lit sur place mais – révélation – elle n’a pas le temps. Les étudiant.e.s sous payé.e.s comme moniteurs, -trices, une main d’œuvre bon marché qui permet de mettre du beurre dans leurs maigres épinards, concurrençant le personnel titulaire et contractuel, lit beaucoup in situ et travaille ses cours sur place. La mémoire se perd car les archives électroniques sont trop onéreuses, concernant le rétroactif profond ou temps long, et les documents en papier sont progressivement mis au pilon=jetés par manque de place suite à récolement=inventaire et désherbage=tri annuel, en général lors de canicule, les étudiants ayant terminés leurs cours ou épreuves, et la poussière. A part les bibliothèques patrimoniales[3], la mémoire s’efface progressivement à cause des coûts et de la surface. ROM RAM. La pâte à papier à partir de bois, la pulpe d’où pulp, s’autodétruit à cause de l’acidité ; la numérisation cède face à la migration des données. Notre civilisation est en danger. Le cadavre bouge encore.

Toujours selon le rapport, les chercheurs consultent uniquement des articles en ligne depuis chez eux. L’anglo-saxon prédomine. Les chercheurs sont rarement présents en -thèque. En terme de bibliométrie, fondée uniquement sur le quantitatif, donc biaisée, les chercheurs, obsédés, comme les influenceurs, par leur popularité par leurs pairs=impact factor, payent pour publier – publish or perish – en plus de leur laboratoire=double vol et parfois truandent le système en s’autocitant à l’infini[4] et/ou truquent les mots-clés de leurs articles. Ce sont les chercheurs en physique théorique du CERN qui ont développé le modèle de la toile, du web, avec ArXive, un prix décerné à leurs yeux. Les européens se sont regroupés trop lentement, en des groupes de négociations dits Couperin, pour pouvoir peser contre des entreprises privées – Elsevier, Wiley, etc. -, qui entendent la seule musique du profit, gérant des journaux essentiellement électroniques dans des bases de données chères impliquant un achat moindre de revues papier. Les -thèques sont prises à la gorge, le public aussi. Un directeur, ancien Mao et peu chanteur, a confié la numérisation des documents de sa bibliothèque à Google® – désormais propriétaire -, suscitant un débat national pour lequel un directeur médiatique d’une grande bibliothèque, placé là par appuis politiques, qui se tapait sa secrétaire, monta sur ses ergots afin de s’assurer sa propre publicité en une virginité bienvenue – bien longtemps que la secrétaire avait vu péter le loup-garou.

Le rapport poursuit. Rétifs au globish imposé, les étudiant.e.s de première année, souvent nul.le.s en langue, sont féru.e.s de livres de référence imposés dans des bibliographies prescrites par des profs – auxquel.le.s ilelis se cantonnent bêtement pour une efficacité supplantant la curiosité -, téléchargent des articles uniquement en français. Les lecteurs usagers inscrits séjourneurs clients étudiants utilisent les bibliothèques essentiellement pour leur salle de travail – « silence » au point d’acheter des casques de chantier anti-bruit coupant le piano, sur lequel s’acharnent des étudiant.e.s, déposé dans le hall ; chaleur, lumière, concentration, voir ses amis ou du moins des gens – comme les clodos. Les lectrices usagères inscrites séjourneuses clientes étudiantes jouent à la femme selon le modèle unique imposé en frappant du talon aiguille, qu’elles ne savent pas porter avec leurs jambes flageolantes, comme un flamenco de toc ou claquettes du pauvre – pathétique.

Interpopol, cette organisation, sise finalement à Tôkyôto© grâce à un coup de rouge sur repas gargantuesque, qui protégea Barbie, pote avec le dirlo fin années 70, dont la tête, un directeur chinois, fut enlevé, fut saisi, sans résultat. La ministre de l’enseignement supérieur et de l’éducation nationale, luttant pour être nommée Mme «la » Ministre, est venue constater avec un ami cher académicien prônant le Mme « le » Ministre : vert, l’Immortel© sèche ; un coup d’épée dans l’eau. Le rapport n’est pas plus favorable. En –thèque, le milieu professionnel est fortement féminisé avec force crépages de bourres=chignons qu’elles arborent inévitablement [5]. C’est la planque de nombreuses dingues, cassoc’ ou marginales, de tristes consensuel.le.s frustré.e.s, de profs raté.e.s, qui n’en ratent pas une pour donner des leçons aux autres qu’ils ne s’appliquent surtout jamais à eux-mêmes. Ces derniers, mal payés, fatigués de se fader des élèves, se recasent, malgré les rapports de jury de concours des bibliothèques soulignant cet écueil devenant un danger pour la profession, une fois qu’ils sont rentrés dans la fonction publique d’Etat : la bonne gâche pour le loup entré dans la bergerie. Idem pour les administratifs, insupportables avec le personnel des corps des bibliothèques. Pas besoin de thérapie aux rayons, les rayonnages calment, sauf les ambitions. Les cancers variés rongent le personnel vu l’ambiance confinée : bulle. Parfois, des personnes entrent par vocation – elles perdent vite la foi -, une partie du quota des chartistes est réservée aux conservatrices qui continuent parfois leur recherche qui n’intéressent qu’elles-mêmes. Peu sont de vieilles filles, certes à barniques=mirettes en glacis=lunettes comme dans les livres ou les films. Elles sont devenues des gestionnaires, parfois soucieuses de l’intérêt général mais surtout du leur ou stratégie à la Sun Tsu pour leur promotion, en grattant la rogne=flatter, comme le hamster dans sa cage préférant écraser sa concurrente, qui ne s’intéressent plus aux livres qu’elles ne voient plus et ne lisent même plus par manque de temps. Elles se livrent peu dans la clinique de la Forêt noire, dépeuplée à cause du papier d’une usine Seveso, comme celle de Tarascon, générant une odeur entre œuf pourri, soufre, pet et chou-fleur, sans compter les façades noircies, le rejet de cadmium, nuisible aux reins, de chlore dans Igor, les nausées, les maux de tête, les difficultés respiratoires, dont l’asthme, et les divers cancers.

Le maire – l’arbre et la médiathèque -, avec qui elle collabora au plus près, a fait un saut, rien. Le mystère demeure. Le squelette Gasper© s’agite. Il découvre qu’un étudiant s’est immolé à cause de sa difficile condition ; son visage sera intégralement greffé grâce à de la culture sur surface imprimée en 3D, Tôkyôto© le lui devait bien. La profession a inventé un énième concept fumeux emballant toute la communauté frustrée en demande, le « tiers lieu »[6] où il s’agit de retenir au maximum le lecteur usager inscrit séjourneur client, comme le visiteur de musée, à l’aide de services tels que cafés, lectures de détente, rédaction de CV, aides à l’écriture administrative, aux devoirs, à la formation bibliographique pour les mémoires ou thèses même quand le réseau plante – que l’usager inscrit, le séjourneur lecteur n’écoute pas pour revenir ensuite dans le module « bibliothécaire à la demande » ou « utilisez-moi », « louez-moi » en panneau d’homme-sandwich pour effectuer un travail en doublon -, yoga, etc. « Troisième lieu », l’expression moderne à l’Odette© car empruntée au monde anglo-saxon au profit d’une conservatrice thésarde et thésée qui a droit à son quart d’heure de célébrité dans l’avide microcosme, avant qu’une autre idée fumeuse, un poncif à la mode, longtemps, longtemps après, vienne la chasser mais Baudelaire est loin.

L’inspectrice Shift comprend que les étudiant.e..s présentent rapidement – deux minutes, douche comprise – dans des BarCamp®, leur thèse en autant de mots qu’un tweet® : c’est l’effet hub® et FabLab®. Le haut fait d’arme, suite à un voyage à l’étranger, sera de régler l’attente de places réservées par des personnes venues trop tôt, par un système de gestion du temps avec un carton à volant pour libérer la place au bout d’un laps défini.

  • Les horaires d’ouverture ne correspondent pas, ils datent de l’année dernière remarque innocemment une lectrice.
  • Les lecteurs n’ont qu’à savoir lire affirme de façon péremptoire la chargée des usagers.

Suggérer de distinguer imprimante et photocopieuse est perçu comme saugrenu alors que les étudiant.e.s confondent systématiquement, le papier étant souvent en rupture de stock.

Etonné.e, l’inspectrice Shift déduit que la dominante, c’est le management. Shift n’aimait pas le Tage Mage et la culture du chiffre. Des converties, ces vestales ayant reçu la lumière, s’extasient sur des camemberts aux tristes relents. Leur monde se divise en deux : celles qui encadrent et que personne ne peut encadrer ; celles qui n’encadrent pas ou monde d’en bas, le sublunaire aristotélicien. Les anges des Ailes du désir se sont fait la belle ; restent les anges gardien de la paix avec force contredanses et obsession du quantitatif comme inspecteurs des affaires finies. La machine à gaz est mobilisée en laps avec force stress pour rapports, dépouillement d’enquêtes, statistiques ou ESGBU sans compter les entretiens professionnels souvent avec un logiciel inadapté qui peut planter après une heure de saisie avant que tout ne soit régenté par des algorithmes. Les entretiens d’évaluation dits professionnels jugent la manière de servir, le taux de servitude, de bon command et d’aptitude à l’obéissance. La règle intangible : ne pas faire de vague, la loyauté à tout prix même dans l’abject[7], aucune tête ne doit dépasser[8], sauf celles bénéficiant de copinage ou corruption ordinaire. Etre Rantanplan© favorise sa carrière.

Pour l’inspectrice Shift, le personnel relève souvent du psychiatrique : l’une, gênée par d’insupportables acouphènes, suite à un coup du lapin dans un accident de voiture, se noiera sciemment dans le fleuve Grichka ; une autre se défénestrera depuis un bâtiment voisin – une enquête, sans responsabilités pointées, avait été tout de même diligentée ; l’autre, commandant de son poste de travail des bicornes napoléoniens en nombre, s’avalera du Destop® impliquant la pose d’une sonde à la place de l’œsophage avant de séjourner définitivement en hôpital psychiatrique après s’être fait chambré par ses collègues peu compréhensifs, sautant sur le bouc émissaire pour conforter le groupe. Une directrice prenait plaisir à insulter ses collègues en réunion et à les harceler. Une autre, dont l’ambition était puisée dans sa survie à la naissance de ses enfants, faisait des pétitions sur ses collègues pour prendre leur place – la stratégie du jeu de la chaise musicale se révéla payante même si d’autres directrices se plaignaient à l’impuissante inspection générale des bibliothèques du vol permanent des idées qu’elle s’appropriait, Ctrl C, Ctrl V. Une nullipare-qui-en-souffrait, qui le faisait bien payer, de formation philosophique, se valorisant à tout prix aux frais de l’Etat dans des congrès avec des pratiques non éprouvées qu’elle s’appropriait sur fond de féminisme à la mode, martyrisait ses subordonnées. Elle a fini par être virée d’une autre institution, dont elle nidifia le poste à la coucou, à force de se gaver de voyages gracieusement offerts pour représenter ladite institution en brassant du vent aux frais de la princesse. Autant dire que ces données sont peu valorisantes pour le service qualité selon la norme 9001 ou Charte Marianne, même si la -thèque se targue d’avoir gagné son label plutôt proche du label rouge, bien saignant.

            L’inspecteur Shift saisit une conversation à la volée :

– Intelligent, c’est s’adapter – être efficient dit la catholique qui a démissionné de l’éducation nationale tout en briguant une promotion de catégorie A en bibliothèque au point de dénoncer ses collègues pour mieux s’affirmer.

– Seuls animaux – adaptés – théorie de l’évolution – cafards et moustiques, rend raison l’incriminé.e aka Dude aka Dikkenek, ayant marre de cette moraline néolibérale intériorisée et étendue sur fond de darwinisme mal assimilé.

– Arrête d’être contraçant rétorque le pot-à-tabac=brasset=saucisson de Bologne=la bedondaine=mâche-dru=capitonnée=godemarre=corsue=triquedondaine=grosse pleine de merde= l’hommasse=adipeuse à cause de la sédentarité devant son écran.

L’inspectrice Shift arrive à déterminer que ladite catholique avait laissé, dans une souillarde=un réduit sous l’escalier où étaient entreposés les produits de nettoyage, un bureau avec des tiroirs jonchés d’énormes rognures d’ongles et de quignons de pain moisis ; après elle, le déluge, question d’interprétation biblique. Bel accueil, non ? Elle sera évidemment bien perçue par sa hiérarchie, « une sainte », même, selon une cadre, une excitée, une autre prof ratée, une incompétente notoire en bibliothèque.


[1] Ce criminel qui déféqua sur le lieu du crime pour narguer la police a été confondu par Lacassagne car ses selles révélaient une bactérie rarissime, dont l’origine, exotique, était localisée. Tel est pris qui croyait prendre.

[2] Où la ville est peu épargnée dans Retour au désert par De Pange où les noms de quartiers sont des personnages. Citer le scandale d’un acteur d’une origine différente que celle citée en didascalie n’est pas ici l’objet.

[3] Grâce à la censure, après l’affaire des placards, établie par François Ier sous la forme de dépôt légal (1537) impliquant la présence automatique de publications, livres ou revues édités, dans une bibliothèque de référence (BNF ou BMVR). A noter que dès l’inauguration, la BNF – cet espace où le jardin est en prêt indirect, c’est-à-dire à toucher avec les yeux, notamment avec les arbres en bronze de Penone alors, qu’à l’intérieur, les arbres en carton de Jospin sont exposés – était victime d’infiltrations et d’inondations – seul un énarque peut émettre la géniale idée de construire une bibliothèque nationale au bord d’un fleuve car le terrain est vaste et moins cher dans le XIIIe à côté du Brouillard sur le Pont de Tolbiac où officia Nestor Burma, par un Mallet anarchiste mais antisémite, avant d’accéder au quartier chinois où loge Houellebecq en haut de sa tour dans sa salle perso de musculation après avoir fui les impôts au fin fond de l’Irlande ; des champignons ont contaminé les livres en magasin par la climatisation et l’aération interne.

[4] Comme le professeur Raoult-à-la-hydroxychloroquine, dans une revue qu’il dirige lui-même, ou de nombreux chercheurs chinois grâce au paper mills, une école dentaire indienne était montée dans les classements en publiant massivement des travaux d’étudiants enrichis de références bibliographiques citant cette école. La revue de référence The Lancet a une réputation affaiblie depuis 2020, après d’autres affaires comme dans Nature, à cause de la publication d’une étude controversée, un preprint, sur l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid, finalement retractée, par des détectives de la mauvaise science ou chasseurs de fraudes, puis retirée.

[5] Sauf avec l’actrice vieillissante aux terribles cernes dans Les Amants de Salzbourg (Interlude, 1957) de Douglas Sirk.

[6] Préférons le Tierce lieu d’Holder.

[7] Malgré la loi Anicet Le Pors sur la fonction publique.

[8] « Celui dont la tête dépasse de la foule reçoit le fruit pourri. » (Proverbe chinois).

[Manuscrit] Sales rêves (#épisode 21)

Trié.e.s sur le volet – parti.e.s 5 000, nous nous vîmes 40 (période faste) : asiate de capitale, Marie1800, au capital culturel fort – Lycée Fénelon -, au parler mitraillette et logorrhéique, dénigre les provinciaux depuis sa butte – à bobos – aux-Cailles et contente, dans un désir forcené d’intégration et de reconnaissance, sa hiérarchie ; une bretonne2100 trop badigeonnée à force de se refaire la façade, se sucre la gaufre façon cagole, tient à montrer, en lama satisfait, sa supériorité soi-disant écrasante tant son ego tient droit comme de l’amidon – elles sauteront logiquement de bibliothécaire, corps flou et bâtard soit A -, à conservateur – ce personnel dit scientifique A+ aux nouveaux statuts – convoité secrètement par le bibliothécaire en manque de reconnaissance selon le Dictionnaire du diable du Bibliothécaire – susurrés par la conservatrice, Orsay & Louvre, de la deuxième femme – cachée – de Mitterrand, logeant au 11 quai Branle-y, protégée par un fidèle qui s’est fait pomper son fric pour financer ses campagnes, tombé tant en disgrâce qu’il se suicida sur le lieu même de la garde des femmes secrètes, aux frais du contribuable comme au temps des favorites du roi. Tragédie du Grand siècle.

Une majore, Annie1300, donc directe à l’étoile noire BNF, timide, fille de psy, qui, – comme la petite-fille de Sacher-Masoch, qui a opté pour une vie rock’n roll plutôt qu’être professeure -, a des tétasses à la périgourdine=bossoirs=oranges sur l’étagère=avant-scènes=gardes-côtes=collines d’amour=globes=monts d’ivoire=blanches collines=boîtes au lait=blagues à tabac=avant-postes=éclaireurs=de gros arguments=un bel avenir=ragoût de poitrine=pignon sur rue=une belle livraison de bois devant la porte=une triperie=une laiterie Saint-Hubert=la poitrine à la mode de Caen=les deux calebasses=amuse-gueules=mottes de chair=deux grands pendards=tertres besson=prisonniers=pelotes à épingles=deux igloos=elle dispose de belles sacoches=met les pamplemousses en devanture=les fruits confits sur l’étagère=l’espoitrinement à la façon de Venise=l’herbe à grimper=le mou de veau=les avoir en citrouille=c’est le défilé qui passe=ne pas être une boîte à camembert vide=du gras-double=tétonnière, se tait en accent pointu, gare à la Garonne et à l’eau qui dort ; une caractérielle, Mégéra1500, retardée sexuellement, se décabane tous les 3 ans en mutant et tente d’imposer ses vues ; un fils sudiste de barman, Doume1400,  pour qui tout s’arrange ! contourne régulièrement le règlement par plaisir ; une poétesse de grande taille, Louise1560, avec des poches continuelles sous les yeux en tongs kitschs s’est faite faire un bébé – Elle a fait un bébé toute seule – par un artiste, qui l’ignorait, et passe son temps, la monoparentale, à se lamenter à cause d’une fatigue permanente – la surcharge mentale sans doute ; une caniche d’origine tchèque, Sarah1100, ivoires en gargue, collée à son miroir, en révérant Spinoza et un éditeur, Anarchasis, regarde tant d’haut – Il ne faut pas dire Mucha mais Murrra – qu’elle devient myope ; un rond-de-cuir psychorigide s’évade en jazz manouche ; un fils d’ouvrier miné par la pénibilité jacte en Simonin pour prosélytisme trotskiste ; un asmathique provocateur se révèle hyperconservateur de droite et sera rétrogradé dans une catégorie inférieure, Dan1050 ; un mari-grande-perche, Yves1610,  d’une hôtesse de l’air, ne parle qu’en Audiard[1] ; un dépressif tourne en clown blanc la vie en drôlerie désabusée – Droopy© drop1110 en Dropbox®, une espèce particulière à la bibliothèque Buffon, etc. Peu se reverront, la solidarité de promo n’est pas la même qu’avec les renvois d’ascenseur grâce au réseau dans les grandes écoles. La plupart ne souhaitait pas repasser un concours de la catégorie supérieure ou briguer une promotion afin de ne pas se retaper des cours creux parcourus d’idéologies nauséabondes : ils avaient déjà donné.

Se changer les idées : manger du kino-a pour être végétarien tendance – c’est un cas – malgré les paysans locaux pris à la gorge, se faire une toile avant de se taper une mousse. Fuzz mate Hot Fuzz d’Edgar Wright. Les Lumière, inventeur du projecteur cinématographique pour le public, n’ont pas figuré sur un billet de banque à cause de leur collaboration avérée pendant la Seconde guerre mondiale : tulle gras sur plaies ouvertes – info tue. A part Guignol dans la cité conservatrice – une copie de sortie d’usine a été récupérée in extremis dans une poubelle pour des raisons de droits d’héritage -, l’humour à Tôkyôto© se résumait à L’arroseur arrosé. Eviter les gens qui parlent pendant un film, les mauvaises odeurs, déodorants ou parfums – horrible musc, sprays polluants – persistants, les bruits de papier de bonbons, de pop-corn ou autres, les doigts qui résonnent sur l’accoudoir ou qui bougent à cause de Parkinson, certaine.s. bougent leurs mains de façon irrationnelle, les tickets ou pages de journaux triturés, les mouchoirs en papier sortis de leur étui en plastique, le portable allumé, auquel répond ou pas le quidam pendant la projection, quand ce n’est pas pour filmer le générique ou plus malgré, parfois, l’interdiction du studio ou producteur, après une sonnerie atroce, le bruit d’un chewing-gum mastiqué ou d’un bonbon qui entrechoque bruyamment les dents, les bruits gastriques ou concert de l’estomac, les respirations, expirations assourdissantes par la bouche ou le nez ou les deux, les éternuements pendant un film d’horreur notamment, un nez encombré,  les reniflements, la toux de faibles à fortes, répétitives jusqu’à gâcher parfois (une vieillc toussa de tout son corps tous les 45 secondes puis toutes les minutes tout le long de Les contes de la lune vague après la pluie de Mizoguchi d’après Maupassant), les ronflements parfois bruyants, les rots et pets, de vieillEsc ou non, les pieds, avec ou sans chaussures, sur le dossier du dessous, les rognures d’ongles contre les dents, passer la main sur une barbe de plusieurs jours, le grattage et les mouvements de bras, de jambes, de dos, le bruit des bracelets des dames qui tintinnabulent, le tic-tac  d’une montre qui se reflète parfois jusqu’à gêner la vision du film, les coups de pieds dans le dos, les jambes croisées, décroisées, les retardataires bruyants – éclairer avec son portable comme avant la lampe de poche de l’ouvreuse, les parlotes, enlever peu délicatement la veste, le bruit du sac plastique -, la personne trop grande qui s’installe devant au dernier moment surtout quand elle bouge énormément, ce qui augure mal de ses nuits.

Un jeune qui fait rebondir son ballon dans la salle quand ce n’est pas un enfant qui tape sa balle, résonnant, contre le mur ; un couple hispanique qui, en conversation à voix haute, gâche le fameux début en plan-séquence de La soif du mal de Welles avec le mari qui menace avant que la bombe n’explose ; Monsieur Décathlon® en tête de pine qui devise à pleine voix avec un jeune pendant un film lors du cycle Ciné, sport et littérature ; un père boxeur qui veut se battre dehors, pour parader devant ses enfants, car il se comporte comme un porc pendant la nuit Rocky ; après le drôle et délirant film de maison hantée House, un caillera de banlieue vient, après une acrobatie de cirque sous barre pour arrimer les fauteuils électriques, frapper violemment du plexus en serinant « pardon, pardon » car sa « meuf » [sic] s’étalant façon camping est incapable de se replier quand la salle se retire une fois le film terminé ; la femme, d’origine arménienne, du créateur du lieu qui, en manifestant fort son mécontentement, gâche sciemment toutes les projections dont celle de Zabriskie point d’Antonioni avec apothéose Pink Floyd, des rideaux qui bougent autour de l’écran. Des menaces de péquins se comportant mal, des cassos – invoquant un handicap, un membre de la famille soi-disant en train de mourir en direct sur son téléphone – qui s’excitent lorsque quelqu’un manifeste son mécontentement, des bruits de veste de vigiles qui mangent et matent leur portable avec le son pendant les films. Sans oublier les pédophiles qui mettent la main dedans, des filles en minijupe sans culotte, la queue du garçon dans les condiments comme dans La boum, des bisous mouillés bruyants, une amoureuse maladroite avec ses mains puis qui fait une scène.

La bobine en nitrate sent la banane ou les pieds. Un benshi électrique, les stars poitrines nues du New burlesque de Tournée d’Amalric. Des raccords fantaisistes, des romains en jupette qui portent des montres, une voiture sur The good, the bad and the queen qui se déplace à la fameuse fin dans le cimetière Sad Hill[2] reconstitué près de Santo Domingo de Silos en Castille sous Franco dans Le bon, la brute et le truand, des scènes qui sautent jusqu’à l’incompréhensible, l’absence de son pendant un moment, Dorothée qui a une voix ralentie et grave à la Marielle Alors, heureuse ? dans un Truffaut du cycle Doinel à cause de la vitesse de la copie, des cadres rognés, Snake eyes de Ferrara au lieu de celui de Brian de Palma, un double sous-titrage pour des copies de certaines cinémathèques étrangères, un mauvais cadrage, un film par-dessus tête, sens dessus dessous upside down en split screen improvisé,  Training day de T. Scott en 35 mm, une copie du cru, à l’envers au bout de 30mn, un 35mm griffé jusqu’à l’expérimental imprévu, de sensuelles copies des années 70 tirant au rouge comme le raté La mort en direct de Tavernier en sa présence, au rose – le dernier Siodmak psyché d’après Japrisot, La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil en présence de Tarantino, Huppert qui devait tourner dans Il était une fois Hollywood et qui s’est fâchée, Down by law qui crame en direct pour le plaisir tant le film est mauvais jusqu’à acquérir un statut de film expérimental, rendant ainsi le film plus intéressant, un début piètre d’Evita – à éviter – qui brûle, les haut-parleurs grésillants, les plots de sortie de secours qui deviennent des stroboscopes de discothèque.

Une voisine morte d’une crise cardiaque lors de la remise, finalement annulée, de la médaille de Tôkyôto© à Forman ; un camé, pote de Fuzz, qui cause fort et qui agresse un spectateur jusqu’à se hisser en vol plané sur les sièges plus bas pour le frapper, bloqué par d’autres spectateurs, pendant Shining. Mettre la main au porte-monnaie pour une énième version de Métropolis de Lang, Il était une fois en Amérique de Leone avec des scènes en qualité atroce VHS. Les affres de la vie sociale ; résonance des problèmes ; la communion, substitut de la messe, est une utopie car chaque perception est singulière. Le ciné, c’est la vie – Truffaut est revenu sur cette phrase. L’immersif, vivre des tranches de vies, diversifier ses expériences même si ce sont des poncifs cinématographiques avec soif d’étiquettes. Le ciné, c’est l’avis. Telle actrice, généralement de moins de 40 ans, cantonnée à tel type de rôle toute sa vie. Conduire lentement à Hollywood[3] car les seins proéminents de l’actrice sont assurés même si Russ Meyer n’est pas dans les parages. Où est le fixer ? Elles sont jetées après 50 ans. Les gimmicks. Des jeunes premiers qui vieillissent. Psychose d’Hitch en 5.1, L’Etrangleur de Boston de Fleischer en split screen, Compartiment tueur de Costa-Gavras en 35mm en double poste, Seconds de Frankheinemer. Des séries tv qui cartonnent.

Très affecté à Tôkyôto©. L’Etat rembourse un premier déménagement moyennant un formulaire complexe à remplir comme il se doit. Un prof moustachu reconverti, aux paupières atteintes de myxomatose et au crâne dégarni tâché à la Nestor©, formateur-dragueur pour étudiantes, brigue à tout prix le poste du bibliothécaire, a chu car il mourra peu après d’un cancer sur les traces de Tchernobyl. S’y faire à Tôkyôto©. Trouver ses marques à Tôkyôto©. Progressivement. Plaisir de la découverte puis habitude puis routine puis usure. Un couple avec Tôkyôto©. Un tango avec Tôkyôto©. Tôkyôto© n’a pas révélé tous ses mystères. La capitale Tôkyôto© résiste. Parfum capiteux de Tôkyôto©. Battue par son compagnon – une de plus -, elle affirmait de dépit que c’était la faute de Tôkyôto©. En boucle. Zizi Béton s’est fendu à Tôkyôto© d’un bâtiment massif de cube sis sur l’arrête à la Rem Kolhaas, transparence sur le Rubick’s cube® pour bibliothèque : fluidité des flux, modularité, mobilité avec des rayons qui peuvent être déplacés tout comme le mobilier spécifique, les espaces culturels, signalétique modifiable sur écrans de différentes tailles, enfer de la surveillance et du chauffage, surtout en cas de crise énergétique, sur divers niveaux.

            Que Naudé, le bibliothécaire de Mazarin collectionneur de mazarinades, fut un libertin a été d’un certain attrait. A force d’extirper des documents pour la première fois dans des coins étranges en magasin – là où les documents sont entreposés -, les arcanes poussiéreuses de la -thèque d’étude à l’aide de magasiniers dévoués et volontiers aventuriers à la Livingstone, je présume, Indiana Jones© et Allan Quatermain© dans les rayons, travailler en -thèque, donc au milieu du papier, d’odeur de plus en plus industrielle à donner le mal de crâne quand le papier ancien jauni gratte, de déjections d’acariens générant tant d’allergies non reconnues – même si l’administration argue du fait que la poussière est statique, contre l’avis même des allergologues mais pas d’une syndicaliste pourrie[4] – siégeant au national, qui obtiendra, par ce biais, sa promotion – donc non nocive. Un conservateur a le droit d’être asthmatique, plutôt psychologique que physiologique, mais pas le bibliothécaire, ne parlons pas des autres – le magasinier n’aura que ses yeux atteints pour pleurer. La motivation fut renforcée en regardant, dans son bureau, Dux / Emerich – une espèce de Dassault, après l’affaire des avions renifleurs, peignant son chat persan-poussah -, à Auclair / Leprince dans 3 hommes à abattre de Deray, d’après le noir de Manchette, évoquer l’anecdote, grâce au dialogue piquant de Bernard Frank, où De Gaulle, s’arrêtant pour uriner, se confesse : « Si j’avais été bibliothécaire, ici ; quel bonheur ! ». //

Tout s’entasse : il s’est plus écrit depuis les années 90 que l’ensemble depuis 2500 ans même si tout est loin d’être du niveau de Shakespeare[5], aux professionnels de trier selon des critères dits objectifs qui se révèlent – au final, devrais-je écrire, selon le tic du temps – finalement subjectifs et tributaires des croyances de l’époque. Il arrive que des islamistes turcs envoient un livre à la couverture en papier glacé avec une revue de presse en français avec leurs arguments contre la loi contre le port du voile par le personnel dans les services publics.

Des vieux de la vieille déposent encore des fantômes entre les livres pour signaler le document manquant. Quelqu’un ou quelque chose – Hugo et ses tables tournantes – s’amuse à les déplacer, ce qui désorganise tout. A côté de l’Eloge du mauvais lecteur de Maxime Decout, L’histoire sans fin, adapté en film par Petersen, du Livre noir des bibliothèques et de l’inachevé Le mystère Edwin Drudd de Dickens – générant, après Chesterton et Conan Doyle, Colette avec Le Blé en herbe avec une Vinca-la-Pervenche mariée et enceinte, entre autres, un genre à part entière, les écrivants, humains ou par IA, de Le mystère Edwin Drudd et les Dickens impersonator, sur les rayons, quelques « acerbes Wisigoths »[6] avec Les Bibliothèques invisibles comprend la tragédie Zénobie de Shakespeare, Vie de Maria Wutz (1793) par l’écrivain allemand Richter aussi abyssal que Borges dans Pierre Ménard auteur du Quichotte, le théâtre de Clara Gazul de Mérimée, Borges plagié par anticipation par Carlyle, auteur avec Sartor resartus (1833) du commentaire d’un traité imaginaire attribué à Diogène Teufelsdröckh à savoir Une philosophie des habits, le Traité de la volonté de Lambert relaté par Balzac ou le regretté Archer de Charles IX de Lucien de Rubempré, la pièce À chacun son rôle de Pirandello relatée dans Six personnages en quête d’auteur, Νεκρονομικον=Necronomicon de Lovecraft[7], le Manuel de la bibliographie des livres jamais publiés ni même écrits de ce roublard de Cendrars, Bénabou et son Pourquoi je n’ai écrit aucun de mes livres (1986), le legs remarqué de Perec avec Cantatrix sopranica L. et autres écrits scientifiques (1991), Le Lys dans la vallée de la peur d’Honoré Doyle et Miller Levy chez Braffort, Les malheurs d’un amour de Swann de la comtesse de Ségroust, le manuscrit de dom Adso de Melk conté par U. Eco[8] dans le préambule du Nom de la rose, Olivia Sturgess de Floc’h et Rivière au regard de Rendez-vous de Sevenoaks et Le Dossier Harding, La Littérature nazie en Amérique de R. Bolaño (1996), L’œuvre posthume de Thomas Pilaster chez Eric Chevillard, Schlanger médite Sur la nature d’Anaximandre, le Traité des dieux de Gorgias et les tragédies de Diogène mentionnées par Laërce, l’anthologie établie par F. Werst de la littérature des Ward Ier-IIe siècles (2011) -, un trou perdure sur la deuxième rangée en partant du bas. Le livre, qui n’est pas une édition orpheline[9], demeure introuvable malgré les nombreuses relances par recherches informatisées. Voici ce que l’imprimante édite avec une encre rémanente pour l’inspecteur.rice=commandant.e Shift qui se souvient que, pour activer la fonction de sticky keys, appuie 5 fois sur Shift :

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Demandeur                                                                                                   N° Inv. : 66666

I.S.B.N. : 2-666-66666-2      

Descript. Bibliogr.

Vedette : Le lecteur impossible / A. Nonyme / Mas-d’Azil : Edition Hannibal lecteur, 1999 / Collection écarlate / [Préface de Claudius de Cap Blanc] / Reprint, 1527 / 666 p. / In 8°

Cote : M 666666                                                                                           Prêt : libre accès

Prix total TTC                                                                                               Destination :

Inscription                                                                                                     Intercalation

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noté sur le fantôme avec le renvoi :

Statistiques.

A Statistiques, une note énigmatique :

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Le lecteur impossible [ca. 22 fév. 1526]

Attention au Shift + Suppr fatal ! Un jour, au pied de ce trou, un cadavre recroquevillé a été retrouvé en putréfaction. L’odeur du cadavre masquait celle, caractéristique, des livres. Du grand Guignol tant les taches de sang et autres liquides, abondent.


[1] Ce talentueux roi de la petite reine néanmoins collabo antisémite et populiste, dans L’Appel notamment. Elements omis pour les cent ans d’Audiard, commémoré à tout-va.

[2] Avec, désormais, le nom désiré sur la croix par le fan, parrain d’une pierre tombale.

[3] Cf. Anger, Kenneth. Hollywood Babylone, 1959.

[4] Le «  mal-être persistant dû à l’emprise d’un syndicat et de son principal représentant sur la gestion et les évolutions des bibliothèques  » connues sous l’appellation de cogestion, a été repéré depuis longtemps par l’Inspection générale des bibliothèques.

[5] Benjamin Millepied a, selon la mode, transformé Juliette en lesbienne ou Roméo en homo, selon la soirée : curieux retour après la pandémie de Covid 19 !

[6] Aux dieux ultérieurs (W, 1986), Giorgio Manganelli (1922-1990) citant les écrivains pour lesquels la littérature vaut comme « un joyeux mensonge, un jeu, une partie d’échecs éternelle, fatale et inutile ». 1986) nommait en effet « nouveaux et acerbes Wisigoths »

[7] la version latine de Wormius, Simon – Slater et Levenda -, Price, Culp, Stone, Chalker, De Camp, Giger, The Necromantic Grimoire of Augustus Rupp de Raven, Necronomicon : The Book of Dead Names dit Necronomicon Hay, Necronomicon : The Book of Shades d’E. A. Saint George, version Carter.

[8] Son grand-père paternel, enfant trouvé par les  jésuites lui attribuant un nom, à partir d’une formule latin Ex coelis oblatus, E-C-O, c’est-à-dire « donné par les cieux ».

[9] Seront retrouvées ainsi 57 lettres, pourtant numérisées, de Marie Stuart, à code homophonique de 191 symboles différents, cassé par G. Lasry, informaticien et cryptographe, N. Biermann, pianiste et professeur de musique, et S. Tomokiyo, astrophysicien, grâce aux participes et adjectifs conjugués au féminin.


[Manuscrit] Sales rêves (#épisode 20)

chant 13 Bibliorama

« // il y a danger pour le corps à lire mes livres // »

Notes A. Cravan

En France, tout est Etat. Les bébés, conçus grâce au planning familial et aux aides favorables et incitatives d’Etat, héritées d’une triste période où l’Etat était entre parenthèses, naissent tant bien que mal majoritairement dans des hôpitaux d’Etat. Il faut dire qu’un enfant représente, jusqu’à sa majorité, fixée par l’Etat, une demi-part pour les parents sur les impôts prélevés par l’Etat et redistribués par l’Etat. Dès la naissance, le bébé doit être déclaré à l’Etat qui délivre en échange un livret de famille d’Etat et une carte d’identité d’Etat. L’Etat tatoue et scarifie : des vaccins d’Etat lui seront inoculés par l’Etat dans une école d’Etat et tracés dans un carnet de santé d’Etat. L’Etat impose un rythme biologique, contrôlé dans un établissement d’Etat, avec le changement d’heure pour, soi-disant, économiser de l’énergie d’Etat. C’est le changement d’heurts de l’Etat. L’enfant ingère des produits contrôlés par l’Etat. Endoctriné par des professeurs d’Etat ayant réussi un concours d’Etat selon des critères imposés par l’Etat, – le professeur d’Etat étant un propagateur des idéologies renforçant l’Etat, ou décervelage d’Etat, tout en appartenant à un Etat dans l’Etat -, l’enfant suit un parcours balisé par l’Etat dans des écoles d’Etat dont le programme, sujet d’âpres débats d’Etat, est édicté par l’Etat. L’enfant est noté par un représentant de l’Etat. Le parent d’élève de l’Etat, critique le programme d’Etat tout en se soumettant finalement à l’Etat car il n’a pas le choix. L’adolescent, censé être libre, est canalisé par l’Etat sauf manifestations encadrées par l’Etat ou exactions sanctionnées par l’Etat pour le ramener dans le droit chemin fixé par l’Etat. Le péquin, selon sa couleur de peau, sera contrôlé par un policier d’Etat qui le sommera de montrer sa carte d’identité d’Etat. Les forces d’Etat peuvent lui enlever un œil ou arracher une main, c’est, paraît-il, le monopole de la violence légitime d’Etat. Nul dans l’Etat, dont il est impossible de sortir, n’est censé ignorer la loi de l’Etat. L’adolescent.e passe son bac, un diplôme d’Etat désormais sans consistance – selon les statistiques d’Etat, au regard du certificat d’étude d’Etat que les adolescent.e.s actuel.le.s seraient incapables de réussir selon d’autres statistiques de l’Etat -, fixé par l’Etat. La culture consommée est financée en grande partie par l’Etat. Ileli écoute des radios, dont celles de l’Etat avec des publicités d’Etat et des animateurs et des journalistes d’Etat. Une partie de l’argent sur les cigarettes et l’alcool est prélevée par l’Etat qui dépense de l’argent d’Etat dans de la communication d’Etat peu dissuasive contre le tabac et l’alcool. L’adolescent.e bénéficie d’aides d’Etat pour pouvoir s’installer et, parfois, de bourses d’Etat au mérite selon les critères de l’Etat. L’adolescent.e dépend de mutuelles d’Etat ou d’assurances d’Etat. L’adolescent.e, sachant rarement quelle position ileli veut occuper au sein de l’Etat, rentre dans une Université d’Etat pour obtenir un diplôme d’Etat. Souvent l’étudiant.e doit trouver un travail à côté, parfois dans une structure ou administration de l’Etat, pour financer ses études d’Etat. Une partie de l’essence dans les voitures, dont les ventes sont incitées par l’Etat tout en prônant une écologie d’Etat, est ponctionnée par l’Etat. Parfois l’étudiant.e s’inscrit dans un syndicat d’Etat pour entrer, plus rarement, dans un parti d’Etat et gravir les échelons – de militants à, encore plus rarement, Président.e de la République. Une majorité se prépare pour obtenir un concours d’Etat pour être fonctionnaire d’Etat dont les droits et devoirs au regard de l’Etat sont défendus par des syndicats d’Etat, parfois dits anarcho-syndicalistes, peu représentatifs au regard de l’Etat. Le fonctionnaire d’Etat est noté par un supérieur, fonctionnaire d’Etat. Le fonctionnaire est donc noté par l’Etat de l’enfance à la retraite, délivrée par l’Etat. Si le fonctionnaire d’Etat veut progresser dans sa carrière de fonctionnaire d’Etat, il faut passer un autre concours d’Etat comme dans un jeu vidéo mais d’Etat. Le restant, s’il ne trouve pas d’emploi d’Etat ou aidé par l’Etat, bien que contrôlé par l’Etat, doit passer par une agence d’Etat après avoir touché des assurances chômages de l’Etat jusqu’à extinction des droits d’Etat selon l’Etat qui radie le chômeur régulièrement pour truquer les statistiques d’Etat. Imposé incessamment par l’Etat, le péquin doit, moyennant remboursement en partie par l’Etat via la Sécurité sociale d’Etat et son légendaire trou abyssal d’un Etat lui-même endetté, passer par des médecins agréés par l’Etat. Le péquin touche en majorité une maigre retraite, d’Etat s’il était fonctionnaire d’Etat, – dont l’âge est régulièrement décalé en défaveur du travailleur -, pour pouvoir bénéficier des services de santé de l’Etat et des hôpitaux d’Etat. Les seins et la prostate sont vérifiés systématiquement par l’Etat ; la coloscopie est obligatoire selon l’Etat. Le péquin et toute sa descendance payent la dette croissante de l’Etat. Une fois en sale état, il reste à mourir, ce qui est strictement régenté par l’Etat : l’euthanasie est strictement encadrée par l’Etat ; l’enterrement s’effectue sur le lieu de résidence dans l’Etat sauf rapatriement hors de l’Etat pour un autre Etat ; les paperasses d’Etat s’accumulent ; les cendres ne peuvent être jetées n’importe où dans l’Etat ; la personne ne peut être enterrée dans son jardin dans l’Etat. C’est l’Etat Providence ou l’Etat-à-tout[1] souvent corrigé par des politiques, paraît-il au service de l’Etat, pour un soi-disant mieux d’Etat.

Recevoir le décret d’Etat en duplicata : grâce à celui qui a ployé son jonc=crevogné=avalé sa cartouche=fermé son parapluie=avalé son goujon, le gorgeon=perdu sa secousse=est défunté – peut-être un chêne a-t-il sué, un suage est-il maquillé, a-t-il été dépontelé -, ileli devient, à l’âge du christ crucifié, fonctionnaire d’Etat[2], pris.e sur liste complémentaire d’Etat comme le loto d’Etat. D’une pierre, deux couilles. Existent les bocons=poudres de successions=bouillons d’onze heures=boucon de Lombard=poisons, arme féminine=vénéfique, indétectables – les russes le prouvent. Valse des oiseaux fatals=grailles=corbaques ou vautours, charognards. Le malheur des uns fait le bonheur des hôtes – a-t-il chu ou autre ou la mort était-elle préméditée à force de lire des polars, des gialli ou de voir en boucle le film revenge movie Le couperet de Costa-Gravos d’après Westlake avec le Rosé Garcia – « l’enfer, c’est les hôtes » ? Ouverture d’un boulevard pour auto-thunes. Avoir une fonction, même dérivée, dans la société, rassure, ne serait-ce que dans les conversations : profession tertiaire, intellectuelle, CSP+.

Centre de déformation pour les métiers des bibliothèques. S’enfiler des listes d’acronymes plus ridicules les uns que les autres – surtout les longs ou les imprononçables. Respecter les canons du mandarinat où la culture générale commence à être expulsée à partir d’un président[3], avocat hors ENA, affirmant qu’il n’était pas besoin de connaître Mme de La Fayette pour se poster derrière un guichet de la Poste faisant foi. La prépa fut finalement profitable malgré ce conservateur arménien, n’aimant pas Aznavour, affirmant que les personnes acculturées ne sont pas bêtes – nul n’en doutait. Tirez pas sur le pianiste Tirez sur le pianiste qui jouait debout mais pas sur l’ambulance. 3 parties, pas 2 : Hegel est tenace. Intro : accroche, définition, citation, problématisation, annonce de plan ; les parties se divisent en sous-parties qui se divisent en sous-sous parties. Une idée, un exemple. Des transitions soignées. Conclusion : synthèse, ouverture, parfois en forme de question. Les chercheurs utilisent ce système canonique rigide digne de la scolastique pour être reconnus par leurs pairs et publier des articles ou des livres de recherche. Pas mieux du côté synthèse, cet exercice rébarbatif. Une vieille fille, également arménienne d’origine, l’avait pris.e en grippe. Une jeunette speed, mariée à un roumain en quête de nationalité française avant que la Roumanie, ce pays – où Cioran joua à la pétanque avec des crânes – qui échangea des juifs contre des cochons moyennant finance avec force garde de fer à laquelle succéda la terrible securitate d’un dictateur fou en son palais immense aux lignes droites, assassiné comme un chien, n’entre dans l’Union européenne, a les dents qui rayent le parquet, une de plus. L’amatrice de jeu vidéo de stratégie, Annette2800 deviendra donc directrice de bibliothèque prestigieuse où le vent s’engouffre dans les pièces par le toit malgré l’architecture ultramoderne – un peu comme l’arlésien Lacroix qui, avec ses nœuds-nœuds suspendus partout pour La beauté à Avignon a omis un mistral omniprésent, destructeur de ses œuvres -, tout en profitant pour divorcer grâce à la hausse quantitative et qualitative de son statut social, Ian2100, ne supportant pas que sa femme gagne plus. Assurer son train de vie. Ressources in-humaines. Une infirmière sèche, Yvette1400 reconvertie au centre de doc du service de formation, Yvette1700, avait un visage de mort. Documentaliste n’est pas bibliothécaire et réciproquement. La rock’n roll au parler charretier – probablement quelques convictions encore chevillées au corps -, Ginette1500 finit par monter en grade, Ginette1650, via le concours. Une gigasse aux pommettes hautes de sourires, Valérie1700 convolait. Bosley2900, efféminé, est une pâte molle, ses drôles de dames, Ginette1500, Yvette1700, Valérie1750, travaillaient pour lui. L’enseignement était administratif et pro management avec force schémas inutiles mais rassurants – pour eux.

L’école de la fonction publique, avec obligation de présence et émargement imposé, est décentralisée à Tôkyôto© et normalise les cerveaux selon l’AFNOR, Boris : mismanagement – new public management® mal traduit, compris, transposé et inspiré de techniques nazies, de Fuzz avec force tableaux de bords=dashboards – à tout va, cours de droits, des modules (accueil, histoire du livre, gérer, collections), la norme de catalogage Z 39-050, la norme 9001 à atteindre – plus quantitatif que qualitatif -, ennuyeux comme un Etat bureaucratique. L’art de la fugue : un stagiaire1200 payé mate des films sur ordi pendant les cours ronflants. Ce siècle serait celui de l’information, des data ou plutôt des liens entre data et de l’exploitation de leur stock – idéologie dominante serinée. Autoroutes de l’information, routes de soi, pertinence de l’info dans un océan de données et de désinformation. Les enseignant.e.s – salarywomen in black – traînent des pieds pour finalement toucher leur prime et rajouter leur intervention sur leur CV pour une éventuelle promotion et, surtout, bien bouffer comme Chabrol en capitale gastro Tôkyôto© à visiter, surtout le balisé quartier UNESCO©. La seule fantaisie, créée par un référent dans la profession – qui ne réussira jamais à être directeur de bibliothèque prestigieuse par manque de thèse universitaire -, était des clinquants bustes féminins nus bleu Klein© sortant des cloisons comme dans le bureau de Tono dans Yakuza de Pollack – 1% culturel – excitant comme des chiots Marie1800 et sa sœur jumelle2100 nous regardant comme des singes en cage.

Les conservateurs, eux, avaient droit à un ping-pong. Pongistes, tel Secrétin, mais pas pongiens[4], ils se révèlent très mauvais en ressources humaines tant l’humain est oublié selon les principes de Fuzz. Le directeur3500 était un chartiste, avec une canne de dandy à la Montesquiou ou Docteur House et une moustache de frustré autoritaire au parler d’abord enjôleur, dans un placard doré, un obscur spécialiste de la bible italienne à 42 lignes – qu’il devait se faire en loucedé -, qui jouait au docteur avec une autre chartiste3000 à serre-tête dans l’encadrement – endogamie respectée. Sa successeure3450, de la mangeaille au point d’aimer le veau=de faire la cuisine à l’ail=éplucheuse de lentilles qu’elle aime sucer=de la maison tire-bouchon=verse dans l’aïoli, cette belette=tribade=fricatrice=chipette=fricatelle=minettière=Bilitis aimant se faire tailler la haie, chassait avidement, amatrice de sang neuf, dans diverses promotions. L’enseignante, reconnue par le ministère jusqu’à la crucifier de plaisir avec ce hochet napoléonien, la légion d’horreur tant convoitée, a refoulé au tableau de chasse nombre de cadres se recyclant de désespoir dans d’autres bibliothèques voisines. Elle a tué à force d’harcèlement un syndicaliste cardiaque2200. Le crime parfait, Hitch.

Une chargée de formation1900, syndicaliste au profit de sa carrière, à coupe obole obsolète d’une chanteuse-oubliée-à-fort-accent-du-sud, insulte une promo rebelle à la standardisation, au management imposé et au sacro-saint marketing. Sanctionnée. Sa collègue1850 ne jure que par le management lave les mains à la Ponce Pilate, comme une religion révélée : la trinité ne peut être que agency (capacité d’agir), empowerment (autonomisation), enabling (encapacitation). Les disciples de Fuzz sont sans limites. Un professeur d’informatique2500 d’origine iranienne, que personne ne perce, se révèle nullissime car incompréhensible – peut-être un problème d’imam caché. Un historien du livre3000,- mors, entre-nerf, tranche de queue, gouttière et chasse – né, semble-t-il, avec des pellicules, laid comme l’inspecteur Morse, passe son temps, aussi ennuyeux que Derrick© sans puits de pétrole – ce nazi reconverti -, à expliquer pourquoi il a raté, il est raté et est incompris bien que, paraît-il, reconnu comme l’un des meilleurs parmi ses pairs – grand bien lui fasse. Tatort. Plein le dos de livre.


[1] Du walfer state à l’enabling (encapacitation) state (Etat facilitateur).

[2] Quand ileli était enfant, il a demandé à son père, fonctionnaire : « Faut-il être malheureux pour ‘réussir’ » ? La réponse étant positive, il a décidé d’être fonctionnaire pour profiter de la retraite, tant que l’Etat n’est pas en faillite, et de méthodiquement ne pas « réussir » ou art de perdre pour gagner une certaine paix.

[3] Ajoutons l’écrivain, académicien, de droite participant aux Grosses têtes de RTL qui écrit, dans Les horreurs de l’amour (1963) cette phrase d’anthologie : « La Princesse de Clèves nous emmerde. ».

[4] Le poète fut journaliste dans le quotidien local et publicitaire, pour un rouge à lèvres notamment, à Tôkyôto©.


Quand sur le tard, l’art de Tàr rate

 

Le générique est expérimental, comme chez A. Kiarostami ou G. Debord, avec, sur écran noir, un défilé de mentions techniques d’un générique de fin, sur le son d’Elisa Vargas Fernández, une chamane péruvienne de la tribu des Shipibo-Konibo, enregistrée par Tàr pour sa thèse de musicologie. S’ensuit un échange de SMS sur Tàr alors qu’elle dort dans un avion, entre deux lieux, leitmotiv de sa vie mondialisée entre hôtels aseptisés. Commence alors une trop longue scène d’exposition : le vrai journaliste A. Gopnik expose le parcours impressionnant de Tàr (premier prix de piano, thésarde en musicologie à Vienne, cheffe résidente du Berliner Philharmoniker après la direction du Cleveland Orchestra, compositrice) qui pontifie, avec force Big Five ou les cinq plus prestigieux orchestres symphoniques des États-Unis, Mahler et M. T. Thomas, free bowing ou jeu à contre-archet (spécialité d’un Stokowski tombée en désuétude), en relatant les origines de son métier jusqu’au au Grand Siècle avec Lully, mort d’une gangrène à cause d’un lourd bâton de direction en battant la mesure sur son orteil pour le Te deum pour la guérison du roi soleil atteint d’une fistule anale à cause d’un plumassier défaillant, puis cite quelques rares consœurs (Nadia Boulanger ; Nathalie Stutzmann, contralto, à l’Orchestre de Philadelphie après Atlanta, vue à l’Auditorium de Lyon dans le Concerto pour violoncelle en si mineur, op. 104 de Dvořák et la Symphonie n° 5 en mi mineur, op. 64 de Tchaïkovski ; Simone Young, Laurence Equilbey, Armenouhi Simonian) et son approche de la 5e Symphonie de Mahler enregistrée pour Deutsche Grammophon.

L’excellente Noémie Merlant, actrice (le beau et figé Portrait de la jeune fille en feu, C. Sciamma, 2019 ; Les Olympiades, J. Audiard, 2021 ; L’innocent, L. Garrel, 2022) et réalisatrice (Mi iubita, mon amour, 2021), s’envole ici vers une carrière internationale en incarnant une assistante admirative, mutique, renfrognée, frustrée. Nina Hoss joue une lucide Konzertmeisterin qui l’a dans l’os dans son appartement design aseptisé de béton brut à côté d’une voisine maltraitant sa mère déclinante.

Tàr, Todd Field (Film américain et allemand, 2h38, couleurs) avec Cate Blanchett, Noémie Merlant, Nina Hoss, Sophie Kauer.

[Manuscrit] Sales rêves (épisode #19)

 Vomi est mot vie. Travailler son massif périnée – vérité en deçà. Pensée positive comme méthode Coué® : « je séropositive ». Reprogrammation neurolinguistique. Certains pauvres qui glanent après les marchés, dont les patates, à la Varda, se jettent sur les restes de seins coupés suite aux tumeurs. En sus quand le chirurgien Fuzz se trompe de sein. Ajout d’herbes sèches conseillé. Les jours se lèvent, Hum !, les nuits tombent indifféremment. Aux complotistes : le soleil ne se lève et ne se couche pas parce que je le regarde, voilà pour la différence entre lien, corrélation et causalité – ces deux derniers étant sans cesse confondus. Ascenseur soupire. Colonne sèche. Asthme l’inspire. Ennui, durée vécue pleinement comme le sucre dans l’absinthe avec iris absente. Avoir le temps est un luxe selon Apollinerf, surtout quand Cravan conchie la Laurencin. Air sur noir sur blanc. Chaque jour révolu rapproche de la mort dans la vie. Ecouter The death is not the end sur la cassette de The death is not the end sur le label The death is not the end. Depuis la naissance. Vivre tue. Heildegger, ce beauf avec chapeau et chaussettes tyroliens dans sa cahute faussement campagnarde, reprend poncif. Chute des feuilles, chut ! petites morts. Chien à la porte donc. Mort dans vie. Soupirs. C’est écrit. Noir sur blanc.

En quarantaine. Comme ce cheval en cadeau entré au pays sans nom. Pas de Lazare, Balthazar. Fort alarmé, le castor junior© a perdu son couteau Bowie® à Fort Alamo. Au mitan de sa vie, nulle forêt car l’arbre fuyant génère d’Hallé sa propre énergie propre – pas bête Mac, North by northwest avec blonde platine sirote sa fine au nez _résident. Pas dedans tête. Pas de fête. Vivre : ni inconvénient ni un bien – dans pavé Chateaubriand : infliger la vie, soit. Activer sa viande. Difficile d’exister. Etre _______briand ou rien. 14 morts pour un vivant en moyenne mais l’écart se creuse ; la vie est évaluée à 3 millions d’euros l’année de la pandémie 2020 par tête de pipe avant qu’ileli ne la casse entre biens immeubles. Au milieu des meubles anachroniques d’enfance ou récupérés, dans le style design anthropocène, dans la rue, tant grand est le gâchis. Poubelles, bennes, encombrants – comme l’homme, selon l’écologie profonde -, regorgent d’objets quasi neufs. Romantique, ileli déclare avec l’aisance, être Re-né.e : « Yé toi la pou belle ». Merci le préfet, les anses.

Les chiffonniers réapparaissent. La biffe=le grafin=l’hotteriau=le taffouilleux=cupidon. Honneur à la cabane comme structure éphémère, nulle Fiancée du pirate. Tendance. Des migrants survivent, loin Tom Sawyer© et Joe l’Indien©, Mud de Nichols inscrit sur le mood board. Les radeaux médusent – anthropophagie à Jamestown au début du pays sans nom avant génocide. Lesbos – honte de l’Europe selon Ziegler – s’expose avec force mur : Pape y fut, capote à l’Index. Couvertures de survie. Tentes de fortune. Le conseil d’état donne droit à une douche. Le conseil constitutionnel donne le droit à l’examen des os & de l’adn des migrants vivants pour une datation exacte. Droit au sol, jus sanguinis. Pas d’enfants sans toits. Une autre facette de l’urbanisme tactique : salon du mobilier urbain comme ce siège Anti-Confort d’Andrea Branzi ou tronc d’arbre piqué de métal, ce fauteuil éjectable sur ressorts d’Hermann Waldenburg, l’assise en fil barbelé d’Arik Levy ou la chaise One Magis de Konstantin Grcic, graphique avec son assise triangulaire en aluminium, conçue pour que l’assis, mal à l’aise, laisse rapidement sa place à un autre. Une chaise hérissée de vagues ou d’accoudoirs, une banquette de type « assis-debout », avec parrainage personnalisé moyennant finance – comme pierre qu’arrape pour gens au ban -, anti-clochards qui meurent de froid, sont frappés au hasard façon Droogs©, utilisés pour tester des tortures à venir. Pour chasser les jeunes : des lumières spéciales pour mettre en évidence leurs boutons ; des sons répulsifs que seules les jeunes oreilles peuvent percevoir. Où est la patrie des droits de l’homme, où ? Ça matche, ça switche ; avant on réparait. – On est un con -. Tout se jette, obsolescence programmée ou non, même l’amour, même l’humain – pas que les clones.

Hétérhomo : hommes & femmes attirées. Sol-sol, sol-air. L’ambiance est au poussy-couça. Mode bi voire wasabi – rose trémière, même de montagne, pousse sur le fumier -, sinon, t’es pas in – mais il faut dire désormais gender fluid. A voile et à vapeur, dans le même bateau. Le rose fut mâle chez les aristos, le bleu féminin, inversion des valeurs comme la bouillabaisse, mangée par Napoléon. Infâme code civil pour les femmes. A quand un salaire égal à compétence égale ? C’est à Tôkyôto© qu’avait œuvré la première femme bourreau. Les féministes luttent pour l’égalité entre les prises mâles et femelles. Marre de ces bons contes, cruels et genrés, – princes et princesses se marrèrent, vécurent enfant et eurent beaucoup d’heureux – ne faisant pas de bons amis, serinés depuis l’enfance. Elles luttent contre le baiser non consenti de la Belle au bois dormant par le prince qui en pince ; cancel culture. Blanche-Neige en gang bang avec les nains, dwarfs warf ouarf. Perrault cruel périmé. Elles se battent contre le barbecue perçu comme viril car le mot contient « barbe » ou Q dans BBQ. Elles manifestent pour le climax. D’autres arborent ce panneau : « La vie est trop courte pour se raser la chatte. ». Quand elles – féministes radicales et écologistes – prônent la déconstruction de l’homme, elles rejoignent le totalitarisme dont la visée est l’émergence de l’homme nouveau. La théorie du lion consiste à ce que les hommes favorisent le fait que leur femme travaille dans des postes à responsabilité pour, eux, moins travailler, s’occuper de la vaisselle, de la lessive et des enfants, avoir une meilleure espérance de vie, avec moins de stress malgré la surcharge mentale, en fumant moins. Emoticonne homme enceint[1]. Leur féminisme s’arrête en haut des marches d’un grand magasin de vêtements. L’une renie les œuvres de tous les hommes pour ne se nourrir que de celles des femmes. Troisième sexe – neutre – pour quatrième dimension. L’avenir est androgyne[2] à cause du réchauffement climatérique. Un inverti est-il un extraverti introverti ? ♫ Etoile des gènes. Androscène ; anthropocène. Théorie du climax.

Je t’aime : performatif intransitif ne souffrant aucun adjectif ; comme « made in China », n’apporte aucune garantie. Nul Don Juan pourtant. Commandeur cloné. Indifférent.e. aime le beau. Des enceintes. A la masse ? Trouple perceptible sur son visage : trouble dans les genres[3]. Elles : hommes immatures, trop d’ego, toujours en avant, à se valoriser, maman trop, infidèles, pensent queue, rationnels, manquent d’empathie & d’écoute. Petite typologie des mâles hétérosexuels après #MeToo de Chloé Delaume : relou, couard essentialisé, verrat visibilisé, réactionnaire en sandales, masculin révulsé, séducteur en laisse, « purple fucker », faux allié, ouin-ouin, flippé, fabriquant de déni, éveillé tardif, ver galant, Je-suis-féministe-mais, géniteur dessillé, dépatriarcalisé. Il faut beaucoup aimer les hommes. Râle, sève ! Il se fait agrandir le pénis, allonger, à Las Vegas, Montréal ou en Turquie en low cost, les jambes – implantation d’un système autour d’un clou, allongé via une télécommande externe par le patient lui-même, dans le fémur ou le tibia et le péroné, s’appuyant sur les principes de distraction osseuse par régénération découverts par le soviétique Ilizarov et son fixateur, cette cage ronde métallique composée de tiges qui percent le membre -, avec risque de mauvaise union de l’os, infection ou embolie, passe son temps en musculation pour torse bomber et pectoraux affleurer, Bombez le torse bombez ! Prenez des forces bombez ! Ça c’est my way, se fait poser des implants capillaires à Istamboul, refaire les dents en Hongrie. Elles abandonnent les couettes comme des rideaux bonne femme tenus par des embrasses, elles aiment être dessous mais plus à n’importe quel prix. Carne : coq-porn partout. Utérus, organe sans âge, générerait des hystériques où les femmes étaient manipulées, par Charcot et d’autres, à coup de cérémonial autour du baquet de Mesmer. Avant-garde et arc hystérique : Sarah Bernhardt puisque des actrices participaient au bal des folles à Saint-Anne, femmes de Mucha, postures de la chanteuse Y. Guilbert. Papillomavirus. Hystérectomie. Endométriose. Congrès de la vulve à Copenhague avant le syndrome de Stockholm. Des clitos – détectés par Soranos et Rufus d’Ephèse[4], là où la femme-fontaine ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve selon Héraclitoris – en 3D, comme un sot-l’y-laisse, en boucles d’oreilles ou en sculpture de rond-point. Au troisième millénaire, une cinquantaine d’années après le premier pas sur la lune, découvrir enfin[5] que le mamelon du diable=clitoris=la nymphée=lampe amoureuse=praline=petite éminence, ce bonnet d’évêque innervé comme le gland mâle, mesure une dizaine de centimètres – à clitoriser. Terrible excision, mutilation pratiquée sur le seul organe féminin consacré au plaisir. Humains (dys)fonctionnels. Les hommes chaussent des souliers dont les bouts sont offensifs à taper dans les parties de l’adversaire ; les femmes portent des faux ongles longs comme ceux des princesses chinoises. Les fonctionnaires ponctionnaires fonctionnent – comme ils peuvent. L’intelligence artificielle dépossède de la virilité dans les travaux physiques du type manutention. Heureusement, nous sommes en train d’en finir avec cette mulierbrité où « Les femmes sont soupières, c’est dire l’importance du plumeau ».

Eux : elles ont des problèmes avec papa, trop voyeuses[6], trop dans l’émotion, parlantes, doutes, compliquées, besoin d’être rassurées (homme = doudou ou bouillote ?), jamais contente de leur physique ou trop, surcharge mentale, dépensières ; « les emmerdantes, les emmerdeuses, les emmerderesses » selon Valéry qui a souffert à la fin de sa vie à cause de sa maîtresse libérée. Toutes ne sont pas des Cannary. Elles intériorisent les pncifs masculins dans Sois belle et tais-toi de D. Seyrig : femme = soins.. Il faut beaucoup aimer les femmes qui sont l’avenir de l’homme. 😕 Et mes rognons, tu les aimes mes rognons ; mon poumon, tu l’aimes, dis ? Se passer ses cheveux plus ou moins longs entre les doigts. L’œil dit américain se meut vite=ginginer comme le chante Bowie, le champ de vision est plus étendu pour la sélection du mâle : elle mouchaille, renucle. Atroce regard oblique=à la borgnette bloqué du poisson mort=quart d’œil entre faux cil, eye-liner et mascara – France, championne de la cosmétique ; spécialité française – mater sans être observé, hypocrisie ou torticoli=tortcou élevée en art comme politesse. Se teindre les poils du nez, gonfler les seins, fesses ou lèvres, refaire les grandes lèvres du « derrière du devant »[7], liposucer – une infirmière mexicaine s’est tuée en tentant de s’autoliposucer -, ravaler la façade, blanchir son anus qu’elle aura fait toutefois bronzer en diverses contorsions de yoga puis le mouler en chocolat qu’elle mangera et offrira pour la Saint Valentin. S’accepter comme best-seller. Malentendus : Mars mal Vénus[8], l’un dans l’autre ; exoplanètes par milliers – Copernic sa mère. Est ainsi soit-il. Sommes os & eau. Mosper Périmé, loto du patrimoine dérivé de son but : ravalement de façade à la duchesse d’Albe pour la cougar, parfois dès l’adolescence, cet âge cochon. Ne pas aimer les flatteries. Apprécier les mûr.e.s – pour un homme, un peu comme les chiens, avoir 70 ans correspond en valeur médiane à l’adolescence mentale. Libéré.e.s d’obligations. Sous pressions. Trop de tabac, seule égalité réelle gagnée par les femmes : vivre moins longtemps, baisse de l’espérance de vie durement gagnée, poumons ravagés, crises cardiaques. PMA, avoir un bébé toute seule – l’homme n’est plus or mais hors -, GPA. Homme : que géniteur ? Le père s’éclipse partielle puis totale. Parent 1, parent 2 = parent d’, parangon de la modernité. Jeu du chat et de la souris. Garder ses chaussettes pendant augmente la possibilité d’orgasme, avec fort ambitus, qu’elle simule d’après IRM, scanner. Les bottes près du lit : promesses. Fini bukkake.

Se plonger en taches blanches de crépi écru comme nuages. Fixer. Répulsion en swinging London grammar. murseressèrent. Un couloir de bras-chandeliers de Bérard à La belle & la bête. Position d’odalisques ; creux des reins, clef des songes sur fond de contrebasse. Café du commerce, conception femme-homme. Sommes bien peu. Pas compagnon ou compagne : impôts frappent (animaux décimés, air irrespirable, armement nucléaire) – réduire empreinte carbone, ginks=nul enfant car, Swift[9] is green, bonus Malthus, réduction de l’émission de CO2 égale le recyclage des déchets par 700 adolescents pendant toute leur vie, 180 000€ économisé en moyenne. Etiquette femme, pression sociale : nullipare, corbeau. Bombe démographique, transition.

Pas de voiture, pas de portable, pas de tv, pas d’ordi : une personne AZERTY en vaut deux, Jean-Christophe.Ileli est membre du Luddite club où le smartphone est banni. Inscrit.e à aucune asso. Aucun sport, revendique l’asthmatique fumant un Churchill. – J’adore quand un plan se déroule sans accroc répète Peppard avec son barreau de chaise dans la bouche dans Agence tous risques, le même que dans Déjeuner chez Tiffany’s avec la fée Audrey et le cabotin Rooney -. Premier et dernier rendez-vous chez le psychiatre scannant du regard le manteau noir à la coupe stricte : « Pas de compagne ou compagnon, pas d’enfant, pas d’animal de compagnie, vous avez raté votre vie ». Le synesthésique russo-franco-germano-americano-suisse, épiléptique, avait raison. Les psychiatres sont les derniers classés, avec les pédiatres, en trop faible nombre, et la médecine générale – reconnue tardivement comme spécialité -, de l’internat (ECN) de Médecine, voilà qui est rassurant ! Pas de responsabilités, nulles contraintes. Etre zéro, kamikazé. Un Dude. Le grand rien du grand tout. Parti de rien, arrivé.e à rien. Hikikomori=retirant=syndrome de Bartleby te salutant comme dans De l’autre côté de la porte de Thrush.

La plaque électrique fait masse. Les plombs sautent. Hamlet par Castellucci. Véhémente extériorité du mollusque qui s’exerce à plier l’espace-temps. Tous se drogassent : trop d’anxiolytiques partout, B.Z.D. notamment (C9H8N2)[10], kétamine remplace Prozac®. Le ronronnement du chat calme paraît-il, comme le cheval ou le bébé phoque robot pour quinquado ou les doudous=objets transitionnels de femmes adulescentes – la vie s’allonge surtout pour qui est né un 29 février (c’est le meilleur mois car c’est le plus court=moins de bêtises sont dites).

Les félins prolifèrent. Certains sont utilisés, comme du temps de la guerre froide où le pionnier se fit écraser d’entrée, pour espionner avec l’aide d’implants. A l’instar de la Chine, le gouvernement instaure la politique du chat unique à cause d’écosystème déséquilibré & de raréfaction des oiseaux. Les heureux félins sont fixés : FELIX. Les chattes, trop en sinanthropisation, se suicident en masse. Un ingénieur s’ingénie à torturer son chat : condamné. Depuis Da funk, les canidés pullulent. Ils se sont révoltés à l’hémisphère gauche sud, téléguidés par Fuzz. La rébellion est circonscrite même si les CRS mâles, de glace, se sont portés pâles car ayant mal à l’épaule nord à cause du burn out. Trop de médicaments, trop d’animaux.

Voir en face. Psyché réfléchit trop. Vivre in naturalibus. Peeping tom n’aime pas se voir. Rear window, les fenêtres sont des cases d’échiquier – une veuve, cette fille qui danse devant son écran, un macho sur son vélo d’appartement puis son babyfoot sur son balcon, une poitrine généreuse en aube d’été chaud & clair, un jeune couple nus à la Masaccio juste après l’amour, une femme sur son balcon en pleurs à cause d’un burn out et surcharge mentale devant ses deux enfants qui la regardent sans comprendre -, pas de cour, pas de chien déterrant des ossements humains, L’Homme de fer a fait son coming out, nul Arizona dream. Playtime again, Sam. Des vieux trompent l’ennui derrière leurs rideaux. Les miroirs sont condamnés. Play it against, Sam. Ne pas être photographié pour ne pas avoir l’âme aspirée. Tout est image. Encore moins s’entendre. Etre quadra – cercle. Ne pas s’étendre. Face-à-face.

Eau & gaz à tous les étages, Sokolov. Magnéto, Serge. Un nouveau compteur d’électricité, dénoncé par la Cour des Comptes, et d’eau malgré des détracteurs. Enième théorie du complot. Des on-dits. Les imbus éclatent. Outre les ondes hertziennes à modulation de fréquences, vu à l’origine comme maléfiques, baigner dans les ondes électromagnétiques. WIFI is WTF. Vivre avec un sac plastique cancérigène et non biodégradable sur la tête pour protéger des ondes : 8e continent. Perturbateurs endocrinières même dans les cheveux en quatre sur la soupe d’écolos. Pas de cellulaire et d’étrangers exploités dans les mines, parfois clandestines, dangereuses – cyanure, lithium, cuivre, silicium -, pas sous l’oreiller adonc avec le manque de sommeil, en chute piéton chut !, au resto avec comparse face-à-face devant l’écran idem, sans discussion continue. Rebel, rebelle. Apprendre à voir, flâner. Océan technologique. Métier Jacquard dont les cartes perforées servent pour des œuvres contemporaines abstraites, des motifs de robes ; révolte des cervelles de bombyxiers=canuts. Luddisme non ludique, Rage against the machine, Thiers, Guizot.


[1] Le planning familial a suscité une polémique à cause d’une affiche avec un trans enceint.

[2] Se référer de la statuaire grecque jusqu’au chanteur Anthony Hegarty / Anohni en passant par les « onnagata » du kabuki, l’opéra chinois, Shakespeare, Louise Labé, le castrat Farinelli par Barthes pour la guérison de la léthargie mystique de Philippe V ou au cinéma, une photo de Nadar, la pensée du Sâr Joséphin Péladan, – ce « prêtre de l’idée », envoyé du Mont-Salvat et du Chevalier du Graal, distinct du Sâr au palais d’hiver où les protagonistes étaient ivres après un dîner chez Marius, un bouchon.-, les suffragettes, les flappers, Orlando de Woolf, Fil d’or de Suzy Solidor, La grande illusion de Renoir, le cabaret, berlinois ou parisien, les glams Bolan de T. Rex, Bowie et son acolyte K. Nomi,  Certains l’aiment chaud de Billy Wilder (Some like it hot, 1959), Phantom of the paradise de B. de Palma (1974), le groupe Indochine, Titane de J. Ducournau (2020, Palme d’or).

[3] « All gender is like drag, or is drag. » (« Tout genre est semblable au travestissement, ou est travestissement. » (Butler, Ces corps qui comptent : De la matérialité et des limites discursives du « sexe ». Paris : Ed. Amsterdam, 2009. p. 236, traduction par C. Nordmann de Bodies That Matter : On the Discursive Limits of “Sexe”. New York : Routledge, 1993. p. 234 in Marty, Eric. Le sexe des modernes : Pensée du Neutre et théorie du genre. Paris : Seuil, 2021. Fiction et Cie. Note 4. p. 233). L’angle mort de la pensée de Judith Butler, valet à la Woodhouse,  de sa propre pensée, c’est le trans comme le souligna le Fuck you Judith Butler de cette trans FtM. Pour elle, la dynamique de développement n’est qu’un calque du management assassin : agency (capacité d’agir), empowerment (autonomisation), enabling (encapacitation).

[4] Hippocrate, Galien et Vésale, corrigeant les erreurs de Galien, n’ont rien vu contrairement à l’italien Eustache, le lyrique Colombo – le Colomb du clito passé à côté de cette terra incognita – et surtout Fallope. Ne pas oublier les bulbes du vestibule.

[5] Que dire sur la petite prostate féminine. La femme-fontaine reste un mystère non élucidé pour l’heure.

[6] Soit elles sont complexées à cause de leur éducation ou la dictature de la mode façon photoshop, soit elles paradent.

[7] Cette expression proviendrait du baron Dudevant – mari divorcé, à la demande et à l’avantage de la dame qui aimait, comme son mari, tout ce qui avait trait du derrière – de George Sand.

[8] « Fielding nous dit que l’homme est de feu et la femme d’étoupe, et que le Prince des Ténèbres les enflamme. » Dickens, Charles. Les papiers posthumes du Pickwick Club, Chap. VIII. Traduction de Sylvère Monod.

[9] Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres en Irlande d’être à charge à leurs parents ou à leur pays et pour les rendre utiles au public, écrit absurde de 1729 du prêtre irlandais présent dans l’Anthologie de l’humour noir (1940) de Breton.

[10] Valium© est la star.


Fabulous « The Fabelmans »

Voici, par le « joueur à la montagne » ou « montagne de jeu » (« play-mountain »=Spiel-berg) devenu homme-fable pour un film-somme, un bel amer Portrait de l’artiste en jeune homme. Il s’agit d’un vieux projet de 1978 – Growing up développé par Zemeckis  et Gale, vite supplanté par E.T., l’extraterrestre (E.T. the Extra-Terrestrial, 1982), où D. Wallace incarnait, tiens, tiens, une mère divorcée – réactivé grâce au Covid, décidément propice à réflexions (introspections avec Armageddon time, J. Gray, 2022 et Bardofausse chronique de quelques vérités, Bardo, falsa crónica de unas cuantas verdade, A. G. Iñárritu, 2022 ; le 7e art qui réfléchit sur lui-même avec Babylon, D. Chazelle, 2022 en référence au croustillant livre Hollywood Babylone, 1959 du cinéaste expérimental K. Anger). C’est le film le plus personnel de Spielberg, ce raconteur d’histoires issu du Nouvel Hollywood (Duel, 1971, téléfilm pour la tv), promoteur de blockbusters – comme quoi, il ne faut pas désespérer.

Son intimité est touchante jusqu’au déchirement (comme le souligne l’oncle d’Amérique tiré du théâtre yiddish, joué par le génial J. Hirsch et son inoubliable trogne, souvenons-nous de Des gens comme les autres, Ordinary people, R. Redford, 1980 et A bout de course, Running on empty, S. Lumet, 1988), tiraillé entre une mère créative et fantasque, ayant renoncé à sa vocation, et un père, sobrement interprété par l’impeccable P. Dano (Little Miss Sunshine, J. Dayton et V. Faris, 2006 ; There will be blood, P. T. Anderson, 2007 ; 12 years a slave, S. McQueen, 2013 ; Love & Mercy, la véritable histoire de Brian Wilson des Beach Boys, Love & Mercy, B. Pohlad, 2014 ; Okja, Bong Joon Ho, 2017), scientifique et rigoureux, sur fond de triangle amoureux, d’années 50-60 à la American graffiti (1974), cet autre teen movie de l’ami G. Lucas, devenu directeur de franchise et d’effets spéciaux.

Il ne fait pas bon être cinéaste, si nous nous référons, par exemple, à l’enfance de Bergman et ses angoisses (Fanny et Alexandre, Fanny och Alexander, 1982, film, 1983, tv), au voyeurisme traumatique de Brian de Palma, à l’asthme dans un quartier mafieux de New York pour Scorsese, à l’ennui de Tim Burton à Burbank (LA) avec un père absent (Big fish, 2003 avec l’excellent A. Finney), surtout si l’antisémitisme, avec harcèlement, s’immisce, comme en Californie. Les références filmographiques citées le long de cet article démontrent l’attachement de Spielberg à une enfance revisitée, fantasmée.

La lanterne magique devient ici caméra Super 8 ; nous revivons la préhistoire du cinéma avec les essais enfantins et artisanaux de Spielberg à coups de colleuse et de ciseaux avec, au mieux, son Arriflex (reconstituer un accident de train à la suite de Sous le plus grand chapiteau du monde, The greatest show on earth, Cecil B. De Mille, 1952, ce pré blockbuster, qui inspira Le Train fantôme, Ghost train, 1985, Histoires fantastiques, Amazing stories, saison 1, épisode 1, tv ; une bataille avec des figurants scouts annonçant Il faut sauver le soldat Ryan, Saving private Ryan, 1998 ; une scène de tempête préfigurant La Guerre des Mondes, War of the worl worlds, 2005).

Une scène clé, poignante, se révèle être une leçon magistrale de cinéma : sur une musique classique (l’Adagio du Concerto en ré mineur, BWV 974 de Bach), jouée par la mère Mitzi (superbe M. Williams, Le secret de Brokeback Mountain, Brokeback Mountain, A. Lee, 2005 ; Blue Valentine, D. Cianfrance, 2010 ; My week with Marilyn, S. Curtis, 2011 ; Manchester by the sea, K. Lonergan, 2016) – une fée Clochette, sortie de Hook ou la revanche du Capitaine Crochet (Hook, 1991), en danse éthérée de camping, digne d’une famille fantasmée à la Capra -, le cinéma devient voyeurisme avec une triste révélation comme dans Blow-up (M. Antonioni, 1966), Blow out (B. de Palma, 1981) et Conversation secrète (The conversation, F. F. Coppola, 1974). Derrière la catharsis et la fameuse résilience, c’est une réflexion, par mise en abyme, sur le statut de l’image dont il s’agit, de son rapport à la vérité.

Pour cela, il s’adjoint son équipe de choc : Tony Kushner (Munich, 2005 ; Lincoln, 2012 ; West side story, 2021), prix Pulitzer pour l’indispensable pièce Angels in America (superbe Al Pacino dans l’adaptation en série, 2003) et un Tony Award, avec qui Spielberg signe son scénario – fait rare (Rencontres du troisième type, Close encounters of the third kind, 1977, où apparaît le Truffaut de Les quatre cents coups, 1959, L’enfant sauvage, 1970 et L’argent de poche, 1976 ; A.I. Intelligence artificielle, A.I. Artificial Intelligence, 2001, d’après une idée originale de Kubrick); J. Kaminski (Il faut sauver le soldat Ryan, Saving private Ryan, 1998 ou La liste de Schindler, Schindler’s List, 1993; sorti de sa retraite, J. Williams à la musique ; montage par Sarah Broshar et Michael Kahn ; la productrice K. Macosko Krieger, citée plusieurs fois aux Oscars (Pantagon papers, The post, 2017 ; West side story, 2021). Spielberg s’est reconstruit une famille, celle du cinéma, le seul langage avec lequel le prince de l’entertainment peut s’exprimer – enfin ! – sous le sceau de l’impérieuse nécessité.

La scène avec l’impénétrable et menteur Ford (L’homme qui tua Liberty Valance, The man who shot Liberty Valance, 1962 est cité plusieurs fois sous différentes formes), incarné par Lynch, restera dans les annales. Les bruits de l’allumage de cigare restent en tête. Rien de tel qu’un hommage au cinéma en ces temps de salles vides, sauf pour Avatar (J. Cameron, 2009, 2022).

Si les Américains ne se sont pas précipités au box-office depuis novembre, The Fabelmans a déjà raflé le prix du public au Tiff (Toronto), du Meilleur film dramatique et du Meilleur réalisateur aux Golden Globes. Un Oscar est assuré pour celui qui reçoit un prix pour l’ensemble de son œuvre à la Berlinale.

The Fabelmans, USA, 2022, couleurs, 2h31 : avec Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Paul Dano, Mateo Zoryon Francis-DeFord, Seth Rogen, Judd Hirsch.  

[Manuscrit] Sales rêves (#épisode 18)

Chaussettes noires et blanches sur un radiateur blanc : sempiternelles variations Goldberg. Pas de point G avec le musicien canadien autiste – le grand dadais au tabouret scié – contrepoint à la ligne. Enclume sur les touches de piano sonnant comme un clavecin comme Thelonious et ses chapeaux ridicules. Torture à la Ludwig van d’un Funeral Parade of Roses quand Le monde est bleu comme une Orange mécanique, Wendy. Des coups sur les mains lors de l’exercice Chopin trop peu porté sur la chose selon Aurore(=George) pas de nowhere mais de Nohant. Charme funèbre. Un bémol : Bach, dont les contrepoints, ou contresujets comme des chants polyrythmiques de peuple poli, grand comme mon poing=pygmées, comportent nombre d’erreurs selon Moondog, est rigide oxydant – Bach est barbaque : Killing Bach de Filidei avec perceuse et taser – que contrecarrent Karlheinz Stockhausen avec son kontra-punkte, achtung gamelans balinais, respirations inuits, bien assimilées par Björk et incompris de Prigent, chants de gorges profondes en diatoniques tchouvaches. Ecosystème fruste mais vivace. Tout animal de compagnie est interdit : le chien, avec un muscle facial en sus du loup pour apitoyer l’humain afin d’atteindre son but surtout après son yoga immersif quotidien, et chat, du Cheshire, Potasson[1], Alexandre Vladimirovitch ou de Schrödinger[2] posant quelques problèmes de traitement dans l’hôpital pour chats ; avec poils, hamster, rat, cochon d’Inde, belette, écureuil, lémurien ; sans poils, caméléon, serpent, mangouste, tatou, pangolin et autres créatures domestiquées en arche de Noé. Le monde se divise en deux : les animaux de compagnie qui chiaillent=pleurent leur maître ; ceux qui les mangent ; ceux qui le divise en deux et les autres ; toi, tu creuses la question. Psychotiques, névrosés. Epizooties, zoonoses, épidémies, Everybody knows : morts en masse.

Après avoir doté enfin l’âme aux femmes & aux indiens, ouverture récente enfin des droits des animaux. Au Moyen-âge, la truie, vêtue d’une veste, d’un haut de chausses aux jambes arrières et de gants blancs aux jambes avant, mutilée à la tête et aux jambes avant pendaison pour avoir tué un enfant en lui déchirant le visage et les bras, le taureau était jugé et condamné même si quelques rats furent sauvés par l’avocat de François Ier, Barthélémy Chassaneux dit Chassanée d’Autun, pour vice de procédure ; hier un jau=coq a été condamné à cause d’un chant trop bruyant ; une mare est vidée sur décision de justice après le marc car les ranes=grenouilles, mâles, empêchent de dormir ; un gaye=parisien=poulet d’Inde=cagne=grès=roussaille=galier=cheval est abattu car la bouse incommode le voisin. Le joli manchot est parfois pédophile et nécrophile. Se mirer en psyché, les acariens des sourcils meurent dès leur première déjection ; d’autres, fécondés par leurs frères, tuent le mâle reproducteur, puis éclatent dès la naissance. Asthme. Air extérieur, bien encore gratuit, pollué, naturellement. Le solaire est taxé en ibérique à cause de la crise. Don Quichotte© se bat contre les éoliennes chinoises battant marché européen. Sancho pansa© les oiseaux déchiquetés. Bruit invivable, paysage massacré. Gros smog est dû à l’abandon du nucléaire. Boire aqueux des molécules de médicaments testés sur les pauvres dans les pays tiers. Filtre Br[u]ita®, obtuse terre d’angle ; eau, nuit filtrée, inflitrés partout. Pas ibérique.

Ventrose malgré apocalypse. Nous sommes ce que nous mangeons en somme. Vous n’aimez pas l’astringent ? L’acide ? L’âcre ? L’aigre ? L’amer ? L’âpre ? L’épicé ? Le relevé ? Le fort ? Le fade ? Le doux ? Le fruité ? Le sucré ? Le chaud ? Le froid ? Le tiède ? Allez vous faire foutre ! dit-il à bout de souffle. Sortir opinel® de survivor. Mmmmm, MIAM, l’onomatopée envoie le goût vers l’arrière-bouche. Umami= osmazôme[3]=saveur délicieuse, salivante comme la dominante glutamate de sodium dès le lait maternel ou dans le parmigiano reggiano® ou un comté 36 mois, avec le dashi=bouillon Knorr®[4] (E621) bio bonite et kombu, bouillon de poule, tomates séchées – l’affaire tomates-crosnes – ou avec l’ail noir de la Drôme. Les asperges,[5] vertes craquantes, ou blanches, récoltées à la gouge sur butte, au Gorgonzola dolce selon cette recette de cuisine en copier-coller malencontreux dans une loi belge. C’est le seul moment où le pipi, qui se boirait pour sa santé selon certains, dans la lunette se sent pour moitié humain : acide asparagusique dégradé en soufrés de méthanethiol, où le nez souffre comme pour un putois, + sulfure de diméthyle. De l’inconvénient d’être nez, tirade de Cyrano de Bergerac comprise, surtout avec lunettes. Bien que plein de casseroles, comme certains politiques, ileli ne sait pas cuisiner. En faire, pavé d’intentions bonnes, un black Angus Young[6]. Alphitomancie comme Alf : selon la farine d’orge, nous allons tous mourir, les impôts arrivent.

Comme les incohérents, Roussel en roulotte et Kubrick, il faut commencer par le dessert car la digestion des fibres est meilleure tout en luttant contre un ordre stupidement imposé. Pour pouvoir s’alimenter, Tesla calculait le volume, divisible par trois, des assiettes, des tasses et des aliments. Se sustenter de complot de pommes en agriculture névrosée. Les fruits sont mangés blets comme Nothomb-la-graillonneuse-au-chapeau, les bananes, hors chlore-déconne pour mûrisseries, bien tigrées. Les usines Nutella® sont en arrêt : c’est la fin du hamburger Nutella® en Italie ; des supermarchés dévastés. Venez comme vous êtes Come as you are de Nirvana. Se caler des badigoinces : biscuit Thé® ramolli dans thé ou chocolat de Mister T©, une craquante cigarette russe – à boycotter depuis l’invasion russe de la Crimée et de l’Ukraine – ou du chocolat sur le biscuit du Petit écolier® – enfance : fantosmie. Marquises au chocolat ; Baba de Stohrer® rue Montorgueil après la place Stanislas de Nancy ; Copacabana de Chambé sous arcades près des quatre sans cul. Des fraises de Woippy au vinaigre de cidre normand Archie Shepp, au vinaigre blanc de fleurs de la pucelle, d’Orléans, au vinaigre balsamique extravecchio IGP de Modena, de Dardilly avec de la crème fouettée maison ou d’Isigny. Manger-fantôme.

Malgré le camping gaz, un nomade figé, manger-bouger, nourrir le microbiote du deuxième cerveau peuplé de millions de bactéries, régulièrement décimées par les antibiotiques malgré les ultra-levures anti mise en bière polonaise au goût de vagin ou belge au bacon, avec boîtes de conserve[7] roides – il Appert que les vitamines C sont préservées paraît-il dans les boîtes malgré les sucres additifs et l’huile de palme non académique, trop de Buitoni® rue Nicolas-Appert. La carence en vitamine D est un problème de santé public. A fortiori si sont portés drapé céphalique=voile, burqa ou burkini® comme les habits de bain proustiens façon 1900, facce d’elle, ce débat hexagonal surprend le monde anglo-saxon – dégrossir le gigot, comme l’impro de Piccoli imitant le coléreux tchékhovien Sautet, se coupe toujours debout -, qui rendent la femme si érotique sauf quand elles bloquent leur téléphone portable dedans pour raconter leur vie ou faire des courses. Retour de l’huile de foie de morue, ce cauchemar d’enfance. L’une après l’autre dans l’antre. Mieux vaut doigts de mort=salsifis – ceux des frères Marcon vers le Velay avec vue sur les Alpes plutôt que la cantine de triste souvenir – que le salafisme – pasdamalgame. De la panse vient la danse même si nulle carrante. Alimentation d’égale humeur.

Les dieux sont dans la cuisine selon Héraclite : être un cordon bleu est son fil rouge. Faire ses courses au Radis radieux où McCartney croque du céleri, à la Carotte qui dépote of course. Boubouille ou Pot-bouille pour réfection de dessous le nez. David Sylvian sur un mix d’Akira Rabelais. Gus Le Breton faisait le tour de la table=se caressait l’Angoulême=chargeait pour la Guadeloupe=tortorait=morfilait=regatait=riflait=trognait=tortillait (du bec)=bribait=morfiait=affutait, graissait ses meules=faisait trimer les mathurins=babouinait=bauffrait=béquillait=morfignait=se calait les joues, les badigoinces, les amygdales, les soupapes=passait à biffre=se fourrait dans le tube=emplissait le bocal=se flanquait une bosse=bourrait le canon, la paillasse=chargeait la cannonière=se mettait quelque chose dans le, allait se refaire le, nourrir son cadavre=travaillait des mâchoires, pour les Jules=se passait par le coco=carrelait le ventre=se garnissait, remplissait le coffre, le jabot=estropiait un anchois=faisait feu des dents=astiquait le corridor=jouait des dominos, aux Osanores=tordait le cou à un lapin, à une gibelotte=tapait sur les vivres=se refaisait le torse=avait un trou sous le nez (qui coûtait cher)=mettait à la caisse d’épargne=se poussait un excellent=était en train de bien faire=biffrait=jaffait=morfiaillait=mastéguait=clapotait=gouffiait=morganait du Picard®.  Les chips sont meilleurs dans un bol bleu, l’étude est formelle.

Consulter le Grand Dictionnaire de la cuisine du comte de La Pailleterie aka Dumas, notamment les nageoires de tortue à la Régence, son potage moelleux de tortue[8] très épicée à vous brûler la langue, adorée de la princesse Victoria-aux-dents-noires-de-sucre. Le steak et pavé d’éléphant, arraché du zoo du Jardin des Plantes[9], seront accommodés plus tard. Les véganes n’aiment pas l’irlandais Francis Bacon, surtout crispy comme à Londres selon le valet de pied à l’ambassade, Garnier. Tout flexitarien.ne – gorre baissière – opte pour un trip au miel de sapin. Les véganes ne mangent pas de figue car des bestioles ont pu y être piégées ; ils n’intégreront pas le Beefsteak club, ce groupe de vampiristes. Sluuurp dans la soupe primordiale avec quarks et muons. Le plat signature ? Plutôt qu’un beignet provençal de fleurs de courgette, tenter l’omelette en éminçant lesdites fleurs. Il faut décarboner la carbonara© malgré guanciale – et surtout pas d’œuf. Manger du bar de ligne bio car, en temps de confinement, c’est le seul moment où les bars sont ouverts. Hitler, amateur de truite au beurre par nécessité, avait une brigade de dix goûteuses, son cyanure étant réservé pour sa chienne en priorité. Ne consommer des boîtes de conserve qu’avant la date de péremption de l’an débile du grand bug comme Janet Jackson Bug[10], comme dans Chungking express de Wrong Car Wash en romantisme post-moderne. Manger du couscous, ce plat, patrimoine mondial de l’UNESCO, aimé même des gens d’extrême-droite, Garbit® avec du cicero=pois chiche.  Pourquoi ouvrir une boîte de sardines des mers celtiques, avec clé intégrée ?

Le bonheur – o tempura, ô morilles – est un sang de poisson=olaf=une huile de La Fare, Nyons, Perdisacca – avec une ardance parfaite à partir de l’olive Rosignola – d’Illyrie dans La nuit des Rois où il y rit, de la famille Martin à la Magnanerie en Ardèche tournée côté Cévennes, vers Gard et sa cuvée cosmos d’olives toscanes telles que leccio del corno – avec frais et végétal au nez remémorant amande verte et avocat, fruité intense et long en bouche, complexe sur des notes de garrigues, amer et piquant – sur argile rouge du tertiaire, Munoz n° sur un fenouil, voire, comme un panda avec le bambou, de jeunes pousses, ou des petits poireaux à peine cuits avec le tchaIkou Anji bai cha – tataki l’a quitté -, des petites patates de Noirmoutier, protégées par la nicotine, l’huile de goudron ou par le fiel de lézard vert, et salées naturellement grâce au sel marin, sautées, sans être pelées, directement à la poêle. Eviter chicon=endive Arhol. L’affaire tomates-crosnes. S’offre parfois un palatable cassoulight bio[11] avec des gonfles=bougres=gaziers=boulots=pétards=bourre-coquins=gargousses de la canonnière= musiciens=manches à balles berlingot avalé en poste comme l’affirme Joséphine-au-plus-beau-cul-du-monde concernant Nabotléon, ou une fondue savoyarde (Beaufort de 5 à 7, Comté, Gruyère, les deux derniers n’étant pas à dédaigner dans une gratinée au Madère), avec un appareil design ressemblant à un chatBot, en pleine canicule d’été, le jeu consistant à regarder la sueur sur le front[12]. Café décaféiné ou thé rooibos. Mettre les petits plats dans les grands : serviettes natives. Ileli mange de l’ail pour obtenir une bonne odeur d’aisselles. Se shooter au pain au pavot. Les cervelles d‘agneau – délogées par les cabocheurs ou pourfendeurs dans les caves – tourangelles au beurre, en carpaccio à la elBulli, après les rillons, en fouace ou non, comme ileli l’a appris à la Cravandière. Un bouillon de poulet aux os cassants, en miso Gucci® comme probiotique sur base soja. S’enfiler à sec un castré de Bresse en demi-deuil – kitchen is chicken – ou géline de Racan – préférer la chair du cou. Caprin de Coimbra. A la réception de l’impôt sur le revenu déclenchant une hernie fiscale, manger des linguinales au foie gras, avec de la gelée de foin parfumé à la cistre du Vivarais, et à la figue, sur fond d’Artie Show. Les figues turques au foie gras avec ratafia ou Pineau des Charentes, dont le François Ier, « fol qui s’y fie », servi au Ritz®, sont à savourer par temps de grippe aviaire. Ghostwriter tord le cou à une négresse pour se rincer le corgnolon en songeant à la mère Cottivet : Côte-rôtie®, Vosne-romanée®, Nebbiolo ; pourquoi pas un champagne de l’exécuteur des bassses œuvres. Une crème de cidre du très-connu-malgré-lui Seznec. Du chèvre du Rove pour tyromantie avec du saké ou un thé vert d’Anhui, le Tai ping hou kui. Un clafoutu d’écrous – pulpeux, rouges carmins, pourpres noirs, roses claires ou jaunes presque blancs ; agriote ou griotte, guigne, bigarreau, Napoléon, burlat -, « c’est simple comme un clafouti » dit-elle dans Edward aux mains d’argent de T. Burton, ou un wagashi, sans compter les pâtisseries en Lego®. Nourrir, mourir.

 Son penchant pour Raoul Ponchon – rendons à César ce qui est à César -, ce poète prolixe de plus de 120 000 vers, conduit à entonner ce poncif international devenu proverbe des piliers de bar : Quand mon verre est vide, je le plains ; quand mon verre est plein, je le vide. 3 ou 4 verres de vin, ça sulfite, par semaine, 2 ballons par jour pour vivre longtemps selon lobbying – ou ne pas boire de molécules selon le sinistre de l’agriculture sous la pression des bouilleurs de cru qui eurent la peau de Mendès France, même si les vignes bourguignonnes, au taux d’alcool élevé, moins acides, plus confiturées et avec un goût affirmé de fruits mûrs, auront disparu comme la Bretagne qui se met désormais à la vigne – la Grande-Bretagne rempile côté vinicole ; les barbus, vénètes, sont implantés en Scandinavie.

20 éjaculations par mois contre le cancer de la prostate. Coca l’âne, « Ne buvez pas idiot, buvez engagé » au fronton du château de Coca® en Ségovie : boire du wahl-cola – pruneaux marinés à la cannelle avec de l’eau gazeuse – mieux que le fada cola®, le kofola®, le coca colla®, le breizh cola® passé sous proprio normand, le beuk cola®, le britt cola®, le bougnat cola®, l’alpa cola®, le biarnés cola®, chtilà cola®, elsass cola®, cola’rdèche®, l’ehka cola®, le corsica cola®, liger cola®, loère cola®, vexin cola®,  mecca cola®, l’imazighen cola®, le qibla cola®, zelal cola®, zam zam cola®, tukola®, selecto®, l’inca cola®, l’opencola®, ubuntu cola®, le jolly cola®,  kola real®, 1642 cola® versus le pepsi colapse® très à la mode en ces temps.


[1] Comme Linossier-Bibi-la-bibiste, Larbaud, Satie, Poulenc-l’éléphant, Beach, selon Fargue et Monnier, Fleurus 25.05, et sa confrérie. L’indépendante George Sand n’aimait pas les chats, na, contrairement à Colette qui n’a jamais recueilli, contrairement à Léautaud, de bison en surnombre.

[2] Ce chat a été entrevu entre Noël et le jour de l’an, alors que, sur le tard, Schrödinger fut saisi par le démon de midi avec sa jeune amante.

[3] Brillat-Savarin et Dumas confirmés par l’Académie française.

[4] Que certaines se fourrent dans le cul en suppo pour exciter les amateurs, -trices de grosses fesses à la Kim Kardashian.

[5] Celles également de Manet ou Proust.

[6] Cet écossais d’origine – dont le prénom remémore le comte dont les partisans enlevèrent le fils de Marie Stuart, Jacques VI d’Ecosse, futur roi d’Angleterre sous le nom de Jacques Ier – devenu australien avec le pays au chardon dans son cartable derrière son riff.

[7] Au début de l’invention, il était possible de trouver de la soupe antillaise à la tortue. Comme la viande pourrissait, tant l’invention n’était pas au point, la boîte de conserve était nommée – humour anglais amateur de Grand-Guignol – Fanny Adams, une enfant de 8 ans démembrée vers Hop[e] Garden (Flood Meadow) par Baker, foi de Norma Jeane, qui n’était pas boulanger, pas clerc, mais qui inspira le nom de la rue où officia Sherlock Holmes© et Herlock Sholmès©, Baker Street. Les boîtes de conserve de paëlla de Doudou Rimbaud de Marseille dans la French connection permettaient d’importer de la drogue des Etats-Unis.

[8] Un goût de vase et de viande.

[9] Sont épargnés : les singes, trop proches des hommes ; les lions et les tigres, trop dangereux; les hippopotames, trop chers. Un avant-goût du repas de Noël au Café voisin par le chef Alexandre Choron – probablement un descendant du Professeur – sous l’occupation prussienne en 1870 après le salami de rats à la Robert – « le rat, s’il était désagréable à toucher, donnait une viande d’une formidable qualité, quoique fine et un peu fade, mais parfaite si elle était bien assaisonnée. Thomas Genin servit des terrines de rat avec une farce de chair et de graisse d’âne. » raconte Jean Vitaux, médecin, auteur de Les petits plats de l’Histoire parmi plusieurs ouvrages sur la gastronomie ; la peinture à l’huile Le Vendeur de rats pendant le siège de Paris de Narcisse Chaillou en 1871 témoigne avec le mulot mort sur un étal de fortune, bricolé à partir d’une chaise au dossier de laquelle est accroché un drapeau français – au Jockey Club ? Hors d’œuvre Tête d’âne farcie Potage Consommé d’éléphant Entrées Le chameau rôti à l’anglaise Le civet de kangourou Côtes d’ours rôties sauce poivrade Rots Cuissots de loup sauce chevreuil Le chat flanqué de rats La terrine d’antilope aux truffes. Passons sur la patte d’ours polaire, la trompe d’éléphant ou la cervelle de singe – peut-être venue d’Indiana Jones – dans Le festin chinois de Tsui Hark (1995).

[10] La musique contient une fréquence de résonance naturelle des disques durs ; une fois propulsées via les haut-parleurs, les ondes sonores de la chanson sont capables de dérégler le disque dur.

[11] De grands chefs s’y mettent tout en conservant le goût. Le cassoulet serait né lors d’un siège pendant la guerre de Cent ans. Gambetta en serait mort d’indigestion : Il n’y a pas loin des canards du Capitol à la roche Tarpéienne.

[12] Ceci n’est pas sans rappeler l’ordre de la mouche à miel de la Duchesse du Maine à Sceaux (L.BAR. D. SC. D. P. D. L. O. D. L. M. A. M.), relaté par Alexandre Dumas dans Le Chevalier d’Harmental : « Jurer et promettre d’apprendre incessamment à danser toute contredanse comme furstemberg, derviches, pistolets, courantes, sarabandes, gigues et autres, et de les danser en tout temps, mais encore plus volontiers, si faire se peut, pendant la canicule, et de ne point quitter la danse, si cela n’est ordonné, que les habits ne soient percés de sueur, et que l’écume n’en vienne à la bouche. »


[Manuscrit] Sales rêves (#épisode 17)

Tv on the radio. Sur fond d’inévitable Esotérik Satie[1], la Callas mitée et son mufle=os à moelle=sabot=éteignoir=tubercule=reniflant=blaireauteau=nazicot ou, foi d’Echenoz, du BeauZéro, effroyable espagnolade, du puceau AvRel de Monfort-l’Amaury, avec un ton condescendant, pour faire culture : telle peinture est retrouvée après spoliation, une autre dans une poubelle pour des raisons de droit d’héritage et celle-là dans un grenier prouvant ainsi que les historiens d’art s’étaient encore une fois trompés comme pour ce Léonard qui n’a été peint que par son atelier. Dans la lignée de The square, une œuvre invisible italienne, Io sono de Garau a été vendue à 15 000 €[2] ; l’artiste américain Tom Miller l’a attaqué pour plagiat suite à une « exposition » de son œuvre Nothing en 2016. La fin du film Titanic est encore divulgâchée par les critiques de cinéma peu scrupuleux, échaudés par la mission de riches dans un sous-marin qui a implosé sous la pression ; l’un soutient que les riches sont morts de rire à cause de cette blague gainsbourgienne, « Iceberg ? Encore un juif ! ». Débat : Ceci n’est pas une pipe de Magritte est-elle une peinture pompière ? Magritte a-t-il baillé mornifle sur les lèvres du roi=produit du carme à l’estoque=le mornifle tarte avec les invalides ? A la question du grand oral « Qui est Delacroix ? », la réponse datée « L’effigie d’un billet en francs. » est-elle recevable ? La reine de la country, Dolly, ce clone connu au nom de caméra entonne, contre Emilou, un yodel pour sa vaccination anti-covid ou pour chasser les UFO[3] comme dans Mars attacks ! de Burton. Après A bout de souffle, largement inspiré de Gun crazy, le démon des armes de Lewis avec la pétulante Peggy, Godard travaille sur Bonnie and Clyde mais. Munster class avec l’anartiste Ungerer en son musée strasbourgeois.

Néant n’est pas nul. Homme=mammifère=animal à vie lente. Un sapiens, ça pionce. Dor=nostos=saudade. Dormir sur waterbed®=matelas à eau comme dans Police frontière de T. Richardson, Edouard aux mains d’argent de Tim Burton et Licorice Pizza de P. T. Anderson. Captagon malgré, A scanner darkly. Dit-il à Monica dans Twin Peacks 3 de Lynch, selon les Upanishad, « Nous sommes comme le rêveur qui rêve et ensuite vit à l’intérieur du rêve (…) Nous vivons dans le monde que nous avons rêvé. ». Ronfler comme le tournoiement d’une machine à granita. L’insomniaque[4] tapant de l’œil plonge parfois dans le sommeil paradoxal[5] où les yeux se meuvent violemment sous les paupières fermées, échappant à la paralysie faciale (=rêveur lucide parfois vs rêve blanc) – œil mort de pique-en-terre, Lorre et von Stroheim tarabustent, cristallins éclairés de kangourous massacrés de nuit dans le bush australien avec regard bleu halluciné de Pleasence en Wake in fright de Kotcheff, une tête cheval dans le lit du producteur du Parrain qui a fait une proposition qu’il ne pouvait pas refuser. Un âne pleure, plane en bullet time® comme Matrix©, à Andorre-la-Vieille, mange un livre avec dans le titre OSS, jette du riz à l’homme qui a vu l’âne, ce broutard, devant l’iteko en transe : en la carrière Boulbon, Le songe d’une nuit d’été par Savary au profit du printemps. Sweet dreams d’Eurythmics. Zoom avant et travelling arrière sur scène mécanique dans Vertigo. Tomber dans le trou de ver du temps. Enregistrer son rêve[6] après l’avoir noté comme Desnos ; dessiner avant / après comme Virgile Novarina. L’inception des frères Nolan est le mini DC de Paprika de Tsutsui – Kon. Voler comme dans Bardo d’Iñárritu ou en en Airbus A300 Zéro-G®=R0g=vomit comet, être Gagarine – ce mètre 57 – en lisant de la philosophie. Le somnambulologue examine l’activité cérébrale congruente et son ça – ce freudisme d’Hollywood après Huston – et l’emmène sur La planète interdite où rêver du jouet star, le pataud Robby le robot. Pour le reste, les dossiers s’accumulent au Bureau des rêves perdus. Syndrome de Pickwick et de Rimsky-Korsakov. S’entraîner à être nyctalope. Rêvie : vie est rêve[7] éveillé – cauchemar parfois. Curieuse croyance : les araignées pondraient dans les oreilles, les iragnes s’introduisent dans les bouches ouvertes, surtout pour les anémophobes. Connaître en dormant, les neurones dansent la tarantelle. C’est prouvé : tableau de Mendeleïev après que ce dernier plongea dans les bras de Morphée ; E=MC² au réveil pour le violoniste tirant la langue qui affirma que le seul infini certain est la bêtise. Aspirer le savoir. Dans le dormir, la vie se révèle. Spiruline. Du gras pour le caisson. Vivre est rêver. Voire l’inverse. Avancer dans l’avenir à reculons. Dantesques spires. En soi, un kaléidoscope en phosphènes, en appuyant sur ses paupières fermées, amenant à être platonicien après ce passage de formes géométriques de Trumbull vers Vénus dans 2001, l’odyssée de l’espace. Aplanation. La rêvolution selon la musique assistée par ordinateur n’est pas un dîner – grand soir et dure gueule de bois du petit matin – de Lady Gaga ou de Gala, cette nympho dans son château catalan de Púbol. Grand soir et petits matins. ♪ Le dormeur doit se réveiller chante Pleasure Game ; Le rêveur doit se réveiller selon Dune d’Herbert et le raté Lynch après l’impossible Jodo rattrapé par Villeneuve.

$érendipité tracée selon les écoutes illégales. Nudging=Sludge en coups de coude comme mouche du coche dans l’urinoir : vous aimez le hardcore mélodique alors vous aimerez le post-punk anguleux ainsi que 785, les musiques fonctionnelles. « Vous aimez ce que vous connaissez déjà, bande d’idiot ! » rétorque le dépressif à l’œil cacodylate Picabia. Monter un vélo : O’Brien emprunté donc Blondin qui lui suce la roue, les deux ne suçant pas que des glaçons.  Debord se murge à la rhumerie de Saint-Michel. Un billet de train proposé façon Chevallier et Laspalès de Lille à Toulouse en passant par Nantes vendu cher car la grève sévit. Le lien entre Pagnol et Malraux ? Le premier a failli tuer le second en bricolant avec un piston qui a failli crever à toute vitesse le plafond. Vous aimeriez fêter votre divorce alors achetez des cotillons avec force musique : mariez-vous avec vous-même=sologamie ou avec votre poupée gonflable, une vache comme ce jeune indonésien, sous la contrainte, après relation sexuelle avec ladite – très pratique en temps de chaleur alors que votre femme se précipite et se colle sur vous l’hiver à cause de ses froides extrémités -, votre attaché-case, votre autocuiseur à riz ! Succès du site de rencontres Emma B. pour les femmes infidèles. Ch. bac+5 min., beau centre de gravité=barycentre, sans tatouage, sans tabac, avec faible empreinte carbone pour plan Q dans QSR=Quartier Sans Relous dans ZFE=Zone à Faibles Emissions. Echanger résultats HIV, syphilis, Covid, variole du singe ; tests sanguins dès la deuxième rencontre : romantique ! Comme vous aimez Vivaldi, voici une pizza quatre saisons avant celle au cannabis. Elle est fichée S car elle voulait se rendre à la scierie. Les soldes permettent d’acquérir le presse-agrume de « Grand Moi Moi » Starck, Juicy Salif®, présent au MoMa, avec versions plaquées or – qui n’ont jamais été destinées à être utilisées car l’acide citrique du citron décolore le pressoir – dont le pépin, comme la machine Peltzer Peeler Juicer© dans Gremlins de Dante, est qu’il n’a jamais fonctionné, de l’agrume partout. Bogue de l’an débile. Le bricolage à la Retour vers le futur se dérègle, la domotique est erratique : la maison a brûlé à cause d’un court-circuit dans le chauffage à distance mais peut-être est-ce une escroquerie à l’assurance. Avec son GPS, il se retrouve à 1000 km de sa destination : villes homonymes. Marketing ciblé en nanotechnologie via les algorithmes. Xénobots dans le corps. Puces dans la main à la place du poil – corps augmenté -, dans la jupe où chaque citoyenne, transgenre et écossais est noté.e.

Data est or. Le péquin produit ses propres données qui nourrira l’intelligence artificielle, sa propre cage, l’enclosure, la matrice : quand c’est gratuit, tu es le produit. L’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN) veille. « Dites donc, messieurs, est-ce qu’on ne pourrait pas l’envoyer valdinguer, toute cette raison, d’un seul coup de pied, seulement pour envoyer ces algorithmes au diable, et pour vivre à nouveau selon notre liberté stupide ? »[8] . Une étude dans The Lancet Planetary Health montre que le nombre de tweets haineux suit les variations de températures. De nombreux travaux scientifiques attestent d’une corrélation, dans le monde physique, entre la chaleur et l’agressivité qui conduit aux conflits depuis la théorie des climats chez Montesquieu. Les votes, facilement truqués, actes délictueux anticipés. Dur d’être hors. Fuzz siphonne les données sur le darknet puis les revend avec ses potes data brokers, notamment de OTDH. La vie est chiffres & nombres depuis les jésuites tentant de bouleverser l’ordre monarchique. Maladie du siècle : le tatouage sur le bras homologué par IBM® pour classer les humains avec cartes perforées dans les « zones d’intérêts »=camps de travail – tout est tatou aujourd’hui ; tout est data dans tout et réciproquement. La division de l’information, causant anomie et aliénation, succède à celle du travail. La notation est trafiquée en donnant une commission ridicule à la monoparentale en lieu périphérique permettant un bon référencement du produit chinois. Le notateur est à son tour noté sans le savoir : un site écran impose une note au lambda avec son historique à la Truman show du web ; une société sous-traitée note la dangerosité d’activistes sur les risques évalués au profit de la police ; les entreprises privées, via le Health Data Hub, donnent une note de santé, invisible au péquin, sur ses risques vitaux projetés dans le futur, afin de proposer leurs produits les mieux ciblés possibles. Sur Tripadvisor®, un faux resto est créé avec succès grâce à une fausse page facebook ; la fumisterie est poussée plus avant lorsque, malgré des produits surgelés patents et des boîtes de conserve à la Kaurismäki, les clients renvoient un avis excellent, concurrençant ainsi les 3 étoiles les plus sérieux. L’eau est siphonnée, comme pour Coca®, pour refroidir, en sus des circuits de refroidissement qui pompent l’électricité, le data center, parfois en plein centre-ville, à 65 DB, le bruit de la ruche, et sa salle blanche attaquée par des terroristes sous la férule de Fuzz. Rivière asséchée, peuple assoiffé, bilan carbone lourd ; journée d’information, la politique publique est régentée par des statistiques[9] – contrôle -, qu’il est laid Quételet. Flux. Quantofrémie. La cryptographie traîne malgré la découverte de l’intrication quantique : le message du serial killer le Zodiac n’a été décodé qu’en 2020 ! Fuzz s’invente un cryptage quantique pour donner ses ordres, parfois envoyés en pneumatiques[10] dans un réseau complexe de tuyaux, concernant ses nombreux méfaits.

 Donnez-moi des nouvelles données : les œuvres d’art les plus chères sont vendues 9 fois moins quand les auteurs sont des femmes. La corrélation est établie entre la consommation de chocolat per capita et le nombre de lauréats du prix Nobel pour dix millions d’habitants dans un total de 23 pays. Pourquoi le dindon préfère le cou de la femelle alors que la poule sans tête est attirante pour son mâle ? Pourquoi la constipation après autotomie affecte la reproduction des scorpions (Ananteris balzani, Amérique du Sud) ? Pourquoi la crème glacée prévient les mucosités buccales par inflammations sous chimiothérapie ? Quelle est la meilleure façon d’utiliser ses doigts pour tourner une poignée ? André Game sera une synthèse en allant au charbon façon scotch avec du graphène (Nobel), cette matière très résistante qui s’étend grâce aux cônes de Dirac et la lévitation de la grenouille grâce au gaz liquide (igNobel). La sillyconne valley travaille, c’est clair, sur l’éclaircissement des nuages pour sauver les coraux. L’hydrogène métallique a été créé avec des pointes de diamants. Est étudié un cas de lait maternel sortant de la vulve. Un bébé irakien est né avec 3 pénis. Les femmes mangeant des pâtes et du riz ont leur ménopause plus tôt qu’avec des poissons bleus comme une orange. Cyberattaques russes, chinoises, aaaaaaaaaatchoum, c’est le printemps. Un mormon ne fait pas le printemps. Allergique au bouleau, ses pollens, et au boulot. Le rhume des foins, virus à foison, Fuzz s’y emploie. Dieu, yahvé, allah, etc. est un algorithme comportant nombre de biais. Votre banque vous verse. Voici vos retraits. Menaces. Fishing sans mouches. Un compte peut être vidé d’un laps. Les calculs des mouvements de l’œil – marketing par l’iris. Tout est facial, de la reconnaissance à l’éjaculation. Odeur de pop-corn ou de viennoiseries pour titiller les sens primaires et l’hippocampe dit faussement « reptilien ». La mission essentielle de l’étrange lucarne : vendre du temps disponible. Idem pop-up. Vous aimez Lewis Carroll alors vous aimerez La méthode bibi-binaire de Bobby Lapointe et le logicien Quine, logique – la Queen s’y est laissée prendre, mat. La police des mœurs veille. Sweeney décoiffe. Quine, Colombo au pays de Shakespeare, Fellini, zobie Zorba. Gainsbourg force sur le pantoum façon Hugo autour de la paire de Levi’s®. Comme une boule de flipper de Christophe roule et amasse. Faire tilter l’appareil disparu. Silver ghost en marche arrière. Le juke-box débite son son pourri pour tous par compression, idem avec l’image numérique à mauvaise résolution dont l’icônomie, l’image distributive dominée par Getty® et Corbis® de Bill Gates, ou la démocratie de façade, le nivellement par le bas. Creuser son sillon en vinyle : profondeur des basses; retour à la galette. Afin de respecter le son, Dr. Dre et Neil Young vendent leur casque audio, respectivement Beats® et Pono player®. Le CD, en voie de disparition, n’a qu’une durée de vie moyenne de 70 ans. S’en contenter.

Ici, sérail, air intérieur naturablement pollué : relenteur. Déposer les trottignoles=reniflantes=grollons=trottines (feuilletées)=cuirs de brouette=passides=sorlots=boîtes à violon=estivallets=passifs=esclots=fafiots secs=galettes=cocos=passifles=trottinets=auverpinches=riflards=tatrines=passades=caliges=rigadin=ripatons=tinettes=rigodons=salaires=mains-courantes=rigodins=passes=gants de pieds=gâteauxfeuilletés=escaffignons=paffiers=philosophes=luisants=paffes=chtibbes=diamants=prisons de Saint-Crépin=pafs=bobelins=bateaux=passants=housés=croquenots vernos=portes pages=grolles dans le genkan comme les suisses ou cette française d’origine serbe, traumatisée, racontant avec emphase que les ennemis montaient des colliers avec les restes des Serbes lors de la guerre à nos portes, en ex-Yougoslavie. Bunker salace hôtel, Arno. Architecture oblique de Virilio-Parent. Voyage autour de sa chambre. Emmobilier avec des poignées de porte en cuivre, virucide. De la peinture violette dont la lumière froide réfléchie sur la peau permet de conserver de la fraîcheur. Des tapis de champis sur les murs par vapeurs d’eau à cause d’une perspirance peu perspicace : constellations intérieures. Microcosme / macrocosme à tout instant. Jeu Miró. Philokalie. Horizon des évènements : murs crépis blancs tapissés de mythes et de papillons de riz et artes=mites écrasés. L’art contemporain est à la portée de tous. Pas de papier peint sans arsenic, sans son afférent façon maison de Pierre Henry sur modèle Satie, avec couples copulant à la Bowie chez Ashley® – censuré : murs nus. Frissons de timidité. Les nuages passent jusqu’à leur disparition prévue. Odeur âcre du.de la célibattant.e empeste, probablement. Intérieur nuit. Les poils d’aisselles ont une odeur poivrée d’eucalyptus. La mode de la non épilation alors que l’intégrale, comme l’œuvre, se répand. Frifri en danger selon doc gynéco et son gynécée ? Le nez, habitué, ne se sent plus. Quand l’ag(n)osie sert ses gloses, il reste le goût. Sauf si l’un et l’autre disparaissent avec la pandémie de corona.

Seul.e plutôt que mal accompagné.e. Nulle zone humide : ne pas confier son sexe, My precious, aux mains étrangères avec force bactéries. Solution hydroalcoolique agréée AAA. Les chiées=chiures de mouches sur le plafond composent, tel le bon âne Boronali de Sichuan, l’arte povera virant vers le land art. Ne pas faire l’école de la propreté ou l’école de la rue Monsieur , où il est inscrit au fronton « Les femmes font et défont les maisons », centrée sur les arts ménagers réclamant productivité et polyvalence, en vue du concours, de « la Fée du logis » organisé par l’union nationale des caf, ou du salon des arts ménagers avec l’épreuve physique chronométrée de transfert de poubelle à roulettes dans un parking pour spic et span comme dans un bon épisode de Chapeau melon et bottes de cuir, chez Walser via les frères Quay ou dans La bonne épouse de Provost où Binoche serine dans l’école, « La bonne épouse est avant tout la compagne de son mari. Ce qui suppose oubli de soi, et bonne humeur. ». Si le singe – et sa brachiation -, réprouvé par les créationnistes depuis l’acmé du procès US des années 20, ou l’intelligence artificielle, pouvait écrire homèrshakespeare[11], Tolstoïevski, intégrerait-il l’écriture inclusive et les successives réformes d’orthographe ? Les féministes luttent contre le dominant accord masculin trop patriarcal pendant qu’icelui se bat pour la parité avec le mot sage-femme, maïeuticien n’étant pas satisfaisant. Nénuphar, nénufar. Monet for nothing car atteint de problèmes ophtalmiques. L’homme descend du singe qui, selon McKenna consommait des champignons hallucinogènes à l’ère glaciaire, descend de l’arbre – BOUM. One vision, one chicken ; selon Darwin : Keith de pierre qui roule avec le logo de la langue tirée, habitué à renouveler son sang de camé, a failli avoir un crâne sans bandana fendu par la noix de coco – le gagner, le cocotier. Anthroposcène.

 Compagnie seule des punaises, araignées à force d’oublier d’araigner, blattes, cafards, ♫Samsa du démon. Angle hollandais Fisher kitch à la Hammer© – gothique. Fines pattes sur le mur, Manu Manu©  issu de The thing – les doigts émaciés du gringalet fifrelot=dégingandé et le laborieux=grand las de chier=las d’aller=araignoir -, Les mains d’Orlac sur les touches de tapotoir=accordéon du riche=piano à queue – la fille Sido, la soixantaine approchante, en trucsasfouttsulapeau=cosmétiques fabriqués par elle-même avec fruits, légumes et cold-cream, Colette sur col Claudine=col Peter Pan©=col bavette, est demi-ton pour le goujon=brochet=dauphin=maquereau Willy. Soies et soi. S’activer l’arachnoïde. Non araignée point ne sourit point, Odilon ; attention aux phalanges. Selon Bourgeois, une mère invasive en rouge à lèvres, entre mamma et mère juive, pour l’unique, tisse sa toile. Le baiser de la femme-araignée. Veuve noire contre alzheimer – préférable à Al Qaida ? Replonger dans les bras de Morphée – retiré du dico d’immortels qui se féminise enfin – pour ne morfler point, y compris des mouflettes. Sodo, dos au mur. Pas de yoga pour celui ou celle qui tentera, même du rire. Encore moins de tantra.


[1] Les Gnôssiennes et rarement Je te veux ; Embryons desséchés ; Sonatine bureaucratique ; Choses vues à droite et à gauche (sans lunettes) : choral hypocrite ; Aperçus désagréables ; Airs à faire fuir ; Les 3 valses distinguées du précieux dégoûté : sa taille, son binocle, ses jambes ; Danses maigres (à la manière de ces messieurs) ; Prélude canin ; Véritables préludes flasques (pour un chien) ; Fugue à taton ; Fantaisie musculaire ; Affolements granitiques ; Avant-dernières pensées. Recommandations : très lent svp ; du bout des yeux et retenu d’avance ; plein de subtilité, si vous m’en croyez ; sans bruit, croyez-moi encore ; hypocritement ; sans rougir du doigt ; sans orgueil ; un peu chaud ; rébarbatif et hargneux ; sec comme un coucou ; léger comme un œuf ; lourd comme une truie ; comme un rossignol qui aurait mal aux dents.

[2] Dans le prolongement de la Zone de Sensibilité Picturale Immatérielle de Klein achetée en partie par le galeriste Blu de Milan.

[3] A l’ère technologique, les UFO sont comme les licornes à l’époque.

[4] « Tout le monde connaît cet état d’esprit désagréable, dans lequel une sensation de lassitude physique lutte en vain contre l’incapacité à trouver le sommeil. » Dickens, Charles. Les papiers posthumes du Pickwick Club, Chap. XI. Traduction de Sylvère Monod.

[5] Rêve du chat selon Jouvet ou des poulpes – avec qui le directeur du grand aquarium de Tôkyôto© joue aux cartes – changeant de couleurs alors que les pieuvres tremblent des tentacules. Le sommeil paradoxal génère des courts métrages de nuit et des longs métrages de divertissement lorsqu’il est diurne selon Paprika de Kon.

[6] Selon la légende grecque, reprise dans l’Odyssée (chant XIX, v. 562) et l’Énéide (chant VI, v. 894), les songes trompeurs sortent d’une porte d’ivoire tandis que les songes véritables passent par la porte de corne. BBAA, Note 8, Chap. V, Ada ou l’ardeur in Nabokov, Vladimir. Œuvres romanesques complètes. Paris : Gallimard 2020. Bibliothèque de la Pléiade, Tome 3, p. 1397.

[7] « La vie, le rêve, c’est pareil. » dit Prévert à travers le pantomime Baptiste Deburau dans Les enfants du paradis de Carné.

[8] D’après Dostoïevski. Les carnets du sous-sol. Le sous-sol. Chap. VII.

[9] Labiche se moquait déjà de la possibilité et de l’inutilité de connaître le nombre de passage de veuves sur le Pont neuf en 1860. Quelqu’un (Churchill, Coluche, possiblement Aaron Levenstein) aurait affirmé : « Les statistiques sont comme le bikini : elles sont intéressantes mais cachent l’essentiel. ».

[10] Grâce à l’invention de l’écossais Murdoch, sans doute pour s’envoyer à lui-même de l’argent.

[11] Les deux faisant sa poire branle-lance au gant de velours ont-ils existé selon le débat récurrent comme un serpent de mer façon loch Eliot Ness ?


Soucis, sourcils et les banshees

N’Aran

            Voici un conte pastoral cruel, une tragicomédie gore, un surprenant film Disney par McDo, reconstituant le duo gagnant Farrell (Coupe Volpi ou prix d’interprétation à Venise pour le dublinois dans Banshees ; prix du meilleur scénario à la Mostra) / Gleeson dans Bons baisers de Bruges (In Bruges, 2008) et la rugosité de Three Billboards (Les panneaux de la vengeance, 2017 ; meilleur scénario à Venise, quatre Golden Globes et deux Oscars pour la coennienne Frances McDo – très John Wayne – et Rockwell).  Ici, c’est de l’irish pur et dur, trognes d’îliens (l’idiot du village, obsédé, pas si dingue, superbement interprété par le dérangeant dublinois Barry Keoghan, décidément à suivre, qui tourna avec Colin dans La mise à mort du cerf sacré, The killing of a sacred deer de Y. Lanthimos, 2017 ; ce sale père de flic porté sur la bouteille et pire encore ; nous échappons au prêtre pédophile ; la commerçante commère qui ouvre les courriers) et accent à l’appui devant pintes de stout dans un pub perdu, bacon et porridge mais sans stew. L’anglo-irlandais Mc Do, entre Londres et Galway, a tourné entre Inishmore (Inis Mór, la plus grande des îles avec ses murets en pierre sèche côté ouest jusqu’aux falaises abruptes) et Achill (ses falaises vertigineuses comme celles de Croaghaun, ses plages comme Keem Beach, ses montagnes, ses tourbières sur la Wild Atlantic Way) dans l’archipel d’Aran, déjà filmé par l’Américain Flaherty (Aran, l’île des tempêtes, Man of Aran, 1934). Nous ressentons physiquement l’Irlande, nimbée de mythologie avec les banshees, ces créatures surnaturelles, messagères de l’autre monde ; nous n’en voyons qu’une. 

« Je suis meilleur que cet enculé de Shakespeare ! » clamait Mc Do, suscitant quelques sarcasmes. The Banshees of Inisherin, jamais développé au théâtre, est le dernier volet de la trilogie des îles d’Aran après les pièces à succès The Cripple of Inishmaan (1996) et The Lieutenant of Inishmore (2001).

Le trèfle fend le cœur

L’image de Ben Davis est à couper le souffle, le travail de la lumière, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, est remarquable. Le long plan-séquence du parcours rapide sur la plage de la sœur Siobhán (Kerry plus Condom que Condon, à suivre, tant l’indépendance et la lucidité mènent malheureusement à être la vieille fille) remémore le superbe La fille de Ryan (Ryan’s Daughter, D. Lean, 1970). La maison de Colm, le clown blanc au nom beckettien en diable (solitude, vacuité, peur de la mort entêtante, absurdité ; Pinter n’est pas loin sur fond de musique du coenien C. Burwell), est un clin d’œil, avec son toit en chaume et le mur blanchi à la chaux, à L’homme tranquille (The quiet man, J. Ford, 1952).

L’irish coffee tourne à l’aigre. Le motif est ténu, l’intrigue, mince, avec une problématique universelle sur le sens de la vie, telle que Faut-il se satisfaire du quotidien ou réclamer plus à la vie avec désordre pour conséquence ? : l’ânesse Jenny, décidément tendance, poney, vaches versus chien ; il s’agit d’intranquilles, ne manquant pas d’Eire, dont l’un veut cesser son amitié avec l’Auguste à sourcils en circonflexe et regard perdu, affligé comme un cocker, le paysan creux Pádraic Súilleabháin (Colin Farrell), pour se consacrer à l’art pour éventuellement laisser une trace sur fond, en écho à la violence des rapports interpersonnels, de fin de la guerre civile irlandaise (1922-1923) suite à la guerre d’indépendance (1919-1921). Autant dire que nous sommes loin du ripoliné Belfast (2021) du shakespearien Kenneth Branagh.

*

La réalité dépasse la fiction : il m’est arrivé que des amitiés cessent sans explications, ce qui laisse pantois, une forme de sidération (souvenons-nous du morceau de bravoure de Cyrille Martinez à propos d’une poétesse dans Le poète insupportable : et autres anecdotes, Questions théoriques, Forbidden Beach, 2017) ; j’ai parfois coupé abruptement le cordon mais j’en connaissais les raisons et la personne en face également. Plutôt qu’un Aran ou un Tyrconnell, je conseille, puisque le whisky est d’origine irlandaise, un Ledaig 10 ans, mention spéciale si embouteillée aux Orcines, iodé, tourbé, smoke & spice (très adapté aussi pour le superbe Je sais où je vais, I know where i’m going !, Powell-Pressburger, 1945, qui se déroule à l’île de Mull, Tobermory, Ecosse ou l’incroyable The wicker man, R. Hardy, 1973) – malheureusement le regretté poète Gil Jouanard ne peut plus discuter autour du whisky. A consommer avec modération. Cité dans huit catégories pour les Golden Globes, un Oscar au moins semble probable pour ce beau film, profond, un peu trop long.  

Les Banshees d’Inisherin de Martin McDonagh (Grande-Bretagne, Irlande, Etats-Unis, 2022, 1h54) avec Colin Farrell, Brendan Gleeson, Kerry Condon, Barry Keoghan.

[Manuscrit] Sales rêves (épisode #16)

Voix à la radio, bloquée sur la même station, berce à s’en cogner la tête. Ce générique de Jarre ; un morceau de Vladimir Cauchemar avant le Sacre du Tympan. Apprendre sans effort. Inframince. Sur les rayons, rangés sans ordre, dardent les babillards de Sceptique de Fos, Sterne, du groupe Oblomoff, Lafargue, Stevenson[1], Coppée, Perec, l’anthologie des poètes scandalistes chez Nique les éditeurs, Le Ponge de Soliphile, Henri -avec hasch inspiré- Chie-mots avec morphine et tétrachlorure de carbone et al. Tcha-tcha, Bruce lit, réchappé d’Il était une fois Hollywood, Opération dragon versus drag queen, jusqu’à sentir un choc dans le plexus solaire avec sa cage thoracique bloquée. Cellulose et lignine du papier libèrent des composés organiques dont l’arôme est la vanille, l’amande[2], les douceurs (éthylbenzène, éthylhexanol). On ne se baigne jamais deux fois dans le même effluve, la vague sans fin modifiée emmène sur le sable ; développer le macrosmatique. Des livres qui se lisent d’une main, d’autres qui vous tombent des deux comme Selle du baigneur du Cohen, ce roman de 1968 ultra contemporain, à côté de Tout sur ma merde proche de L’Art de péter, ce best-seller d’Hurtaut qui heurte sur le tard, chez Florent Q, rue Pet-en-gueule, au Soufflet, en Westphalie dédicacé en cette ville de double Collomb par cet amateur de pet-de-nonne Pujol=pétomane de Phocée qui débuta à Chave pour aller à chai, du Merdiana et du Péteriana,[3] Le rouge et le noir, c’est un Stendhal selon le secrétaire général du PC, outré que le noir soit finalement accolé au rouge, l’ésotérique Au-dessous du volcan, merci Nadeau, retraduit en Sous le volcan de Lowry[4] ou 1984 du didactique et idéologue Orwell où la novlangue, inventée par la femme d’Audiberti, a disparu de la nouvelle traduction. Affres de la tombée dans le domaine public. Mein Kampf est publié, en français avec un appareil critique, pour la fête des pères ; il est le best-seller de l’été – silicone et neurone ne vont pas de pair. L’intelligence artificielle – là où l’humain est, réside l’erreur – est otium du peuple.

Désordre est création. La Fonction du balai, héritée de Méditation sur un balai de Swift, selon l’écrivain-tennisman suicidé David Foster Wallace. Letou Match point ? Pas de côté comme crabe : être isocèle. Couenne de lard=brosse à cheveux Alexandre® en poil de sanglier dans le verre tulipe à whisky, Port Charlotte® 10 – 40 PPM en Bruichladdich® d’Islay, ce qui n’est que billevesée à côté d’un Octomore® – ou Ledaig® 10 ans de Tobermory d’île de Mull, parfait pour le personnel Je sais où je vais de Powell-Pressburger chez leur Archer ou The Wicker Man d’Hardy, Révolte dans la vallée de Wilcox d’après le Walsh de L’homme tranquille adapté par Ford – l’origine du whisk(e)y est irlandais. Fourchette dans chaussure. Couteau pour beurre pour trancher menu l’ail.

Porte abat-jour comme portemanteau. Chaussettes gauches trouées comme maniques. Chou-fleur dans l’escarpin du fétichiste Avida Dollars en Gala. Souris noire compatible IBM® avec ail de Provence, bien enlever le germe, les flageolets de la Belle époque attendront. Malgré sa théorie de la réémergence des objets, escape game quotidien pour retrouver son bien, sans omettre le principe d’échange de Locard. Pas gaie, la pagaille. 120 BPM et beat qui bronze avec la voix aiguë de l’écossais Somerville remixé par le colosse Zend Avesta aka Rebotini aux cheveux gominés. Vie est art.

Les voix de la radio invitent à l’imaginaire. Passons Radio Meuh où Enjoy Music from Roblochon land. A la radio, l’écran est plus grand que celui de ciné selon Orson de La guerre des mondes où l’Amérique était soi-disant terrifiée, la presse se défendant contre le nouveau média, la radio, après la conférence de presse dudit Orson. Fantômes peuplent. Le service public existait encore. Le Collège de France sur l’éthique à nikomouk est son MOOC. Une dette envers TEDx. Autre est ondes. Les rusées sœurs Fox n’en disconviennent aucunement. Les mêmes invité.e.s du CNRS, EHESS ou autres issu.e.s des grandes écoles ou d’institutions=sachants en pantalon à velours côtelé et chandail végane en laine au col non Mao périmé de chemise ouverte. Champ lexical de sélection : « polysémie », « dichotomie », « acception », « quasi », « nonobstant », « aporie », « schème », « paradigme », « eschatologie », « sémantique », « cristalliser », « axiologie », « sém(é)iotique », « heuristique », « idiosyncrasie », etc. Nécro d’oublié.e.s sortie des tiroirs. zzzzzzzzzzz

Zzzzzzzzzzzzzzzz

Nous nous excusons pour ce dérangement, Zbigniew, pour ce brouillage d’ondes. Capter une suite de Fibonacci sur une station de nombre. Fin de la crise : hausse des ventes de rouge à lèvres, baisse d’achat de caleçons homme dont la fertilité décline, baisse de la natalité. Lors du confinement à cause de la pandémie, les claquettes chaussettes sont haussières à 100% alors que le cidre dégringole comme le pétrole et l’électricité. Grève chez Fauchon[5] : analyse, profondeur historique, perspective. Le syndicat des filles & fils à papa, plus colonne Cerruti que Duruti, revendiquent : ils sont contre. Les Bisounours® manifestent contre leur monde trop caricaturé, toujours pris en exemple négatif. Trop de roux en Roumanie. Un roumain assigne dieu, non sujet de droit à l’adresse inconnue – serait-il adroit ?-, en justice pour escroquerie, abus de confiance, corruption et trafic d’influence quand un américain se juge lui-même devant le jury alors qu’un autre, indien, intouchable peut-être, este en justice contre ses parents[6] pour préjudice, n’ayant pas demandé à naître, préférant n’être. Vive le witz !

Un homme décapite sa mère qui finit dans le four avec une sauce gribiche. Un récent divorcé – jugement plus d’Abraham que de Salomon – coupe tout en deux y compris son fils, pas de jaloux. Il a sans doute trop vu Le grand amour d’Etaix. Contre la peine de mort, Hugo, exilé pour raisons fiscales et politiques – Napo-le-petit – dans l’île anglo-normande de Guernesey[7] à s’empiffrer de poulets en crapaudine, opte pour les fenêtres à la française contre celles à la guillotine, favorisant ainsi les infiltrations d’eau ; dans l’autre île d’à côté, il a fait venir la dame blanche sur la grève en faisant tourner la table pendant deux ans. Courteline, Labiche et Feydeau se sont étripés pour savoir si Napoléon avait un bon aparté ; pour Jacques Brunius, Napoléon et Bonaparte sont deux personnes différentes. Le facteur Cheval, découvert par le même Brunius, était-il timbré ? Selon les gigantologues, le Néandertalien était-il dépressif ? Le grand remplacement est-il celui du néandertalien par l’homo sapiens ? Que révèle l’expertise des cheveux de Charles le Chauve ? Hitler était-il vraiment végétarien ? Quel est le point commun avec Léautaud ? Langue au chat : ils se prêtaient – comme les dauphins – à ce que leur compagne pratique l’ondinisme=urolagnie. Les associations lgbtqiabcdzqy+ s’insurgent contre la reconstitution de la voix de Léonard de Vinci ressemblant à Serrault dans La cage aux folles modifiant ainsi l’image du génie sans bouillir.

Saison des prix _éraires[8] – transparents (oxymore) -, tout le monde retient son souffle sous le regard ébahi des étrangers : est-il Renaudible si il n’est pas Goncourable dans le marketing du milieu d’oligopoles à frange anciennement concentré dans le noble faubourg – Dallas à Saint-Germain, Sacré français ! – où les boutiques de fringues remplacent libraires et éditeurs autour de l’église du showbizz contenant les peintures académiques de Flandrin dont le Jeune homme nu assis au bord de la mer ? Polémiques. Pour la senior planneur stratégique, le livre est une névrose personnelle d’un auteur emballée par un style[9]. Avec la hausse du coût du papier, les livres déshonorés du prix Goncourt sont recyclés l’année suivante pour publier d’autres livres du même éditeur, le nombre de bouquins diminue lors de la rentrée littéraire, soulageant les critiques littéraires, les libraires, les bibliothèques et les lecteurs. Disparition des prescripteurs. « On ne devrait jamais quitter Montauban. » aurait déclaré Olympe de Gouge sur l’échafaud. L’être et le néandertal servait-il de poids ou pour caler le lit pendant la guerre que Sartre-le-bigleux – comme l’artilleur dans La grande vadrouille -, n’a pas faite ? Avec sa Sonate à Kreutzer, Tolstoï, ce scénariste de cinéma, a écrit un roman, guère épais. Dans ses diverses versions, l’amant de Lady Chatterley est épuisé. La peste, c’est Camus, la grippe est-ce Pagnol ? M’harcèle pas, gnôle La gloire de mon père. Illusions perdues de Balzac, c’est du Scorsese. Kafka, dont la judéité se situe dans le tréma de son nom adjectivé, était fan de k-pop dans kaf’ conc’. Un poète, néanmoins professeur de français, indique, dans une émission intellectuelle, que Labé est une poétesse du XVIIe ; d’autres[10] affirment que Scève (ou de Tyard ou Des Autels) et Labé, c’est la même chose. Foi de Boris Viande, c’est l’essor de la littérature végane versus le scandalisme©. Trop peu d’informations sur le cri amer du cœur de laitue de mer, la SCarroll, clergeon, doucette=levrette=poule grasse qui a été fatiguée, toute plante coupée. Le scénariste de Les choristes publie un best-seller, un roman choral, encore un. Les romans de Roth sont-ils centripètes ? Le fameux style Carver est dû à la censure et à la réécriture de son éditeur. Tom Jones n’a jamais lu Tom Jones. Un Dictionnaire amoureux insiste sur l’extracteur de jaune d’œuf. Quoiqu’il en soit, il est plus facile de faire l’amour à quatre mains que d’écrire un livre avec le même nombre de paluches à l’aide, comme Steinbeck, de crayons, non hexagonaux, Mongol 480 #2 3/8 F ronds.

Inauguration en pays francophone du Musée de la chaussette orpheline dont celle de l’Archiduchesse, de Sarah Bernhardt – qui tua son serpent avalant son croco -, du soldat inconnu et de son amant, du capitaine Acab, rose de Moncorgé cotée à 305 € selon un commissaire-priseur, technologique, à rendre jaloux Lapidus, envoyé par le Massachussets ; à noter cette pièce consacrée à l’uchronie : quel serait le monde sans chaussettes ? Succède celui du musée de la constipation où il est indiqué « Poussez fort » en gros sur la porte d’entrée, et « Tirer » pour sortir, puis voir la serinette, le paléophone de Cros[11] (1877), auteur d’une communication avec les planètes, d’une synthèse des pierres précieuses, avec une boîte à cigare au musée de la parole en respectant le « Silence » intimé à l’entrée alors qu’un restaurant est adjoint pour plus de rentabilité afin que personne ne s’exclame : « J’ai les crocs, Charles ». Le Musée des tanks ne peut que se fendre d’un « tank you » à la sortie pour remercier le curieux – peu de femmes sont intéressées – de sa visite. Quant au Musée de la procrastination, le public était sempiternellement refoulé par une pancarte énonçant : « Exposition remise à plus tard. ». En archéologue du futur, Moncorgé créé, contre les écologistes – soit vert versus rose -, un musée du désastre et de l’accident avec un couple homo pris dans la lave du Vésuve, les restes calcinés lors de l’accident du train de Melun où il finit en mesclun, le dernier chirurgien-major de l’Hôtel dieu, Jaboulay, la série Chernobyl en boucle derrière des veaux à quatre pattes et deux têtes dans le formol, des tubes de vieux ordinateurs®[12] éclatés par des mouches causant des bugs, une porte de la voiture de Baquié parodiant Duchamp vandalisée par les habitants de La Rose contre le 1% culturel à Marseille ; Museum of failure de West, un musée dédié aux échecs commerciaux en Suède, de l’Apple Newton à la Kodak® Digital Camera en passant par les lasagnes surgelées Colgate®, le stylo Bic® pour les femmes, le jeu de plateau « Trump the game » (1989); un musée de conservation du sac plastique car générateur de vie. Un challenge entre musées sur twitter #bestmuseumbum, #meilleuresfessesdemusées : des photos de derrières d’œuvres d’art pour le plus beau cul du monde pour attirer les touristes. Le concours international du pull moche est consacré à la Joconde. Destruction du Palais de la découverte, tant pis, à cause de la formule de John Machin, où ont été détectées des erreurs sur 200 décimales de pi ; finis, les cheveux dressés par l’électricité statique en chantant Voyage voyage de Desireless[13] en Compartiment n°6. Un défilé de mode au PC du PC, rue du Colonel-Fabien, avec la très attendue chemise déchirée du DRH d’Air France®, plus radicale que la série dans la collection de Galiano inspirée de clochards, reprise par McQueen.

Dénoncer les rapts du Front de Libération des Nains de Jardins, générant le groupe de rock Les Nains porte quoi !? à fort coït pour la paire d’anses=d’oches=de plats à barbe=d’escoutes=de loches=d’esgouvernes=d’oreilles, inspirant Mon nain de jardin de l’abstème Renaud après cette brève chanson Je voudrais être un nain Pour avoir une grosse bite, pendant la trêve des confiseurs correspondant à la journée internationale de l’hygiène des nains où le cagoulé avec son nom dessus met en scène pour Canal + le vol dans le jardin de sa grand-mère. Suite à d’autres vols de nuit de nains de jardin, en terre cuite, en céramique et en plastique, à côté de ceux créés par Présence Panchounette, Koons, Starck et Ben, grand nanologue[14] devant l’éternel, lors d’une grande exposition nanologique dans les jardins de Bagatelle par l’historien d’art et éminent nanologue Le Bon, les Renseignements Généraux, dont Navarro© incarné par Hanin, ont établi après une enquête minutieuse que le foyer d’origine était localisé en forêt d’Ecouve en morne Orne par un commando dont la marraine était Blanche-Neige©. Le rapport est un nain. Le vol de nains défraya la chronique puisque ceux-ci, bien payés, revendiquaient de pouvoir être lancés in vivo en discothèque[15]. Quoiqu’il en soit, tremblent le Manneken-Pis© et Oncle Ronald McDonald’s®. Duchamp, grand maître chez Marseille Duchamp, a perdu à Cadaqués contre le christ de l’Evangile selon Saint Mathieu de Pasolini avant de se rattraper avec une jeune femme nue.

Pourquoi Pierre Roche, inspiré de la vie sexuelle des pierres vivantes avec les priapolithes et les hysterapetrae selon Pierre Borel au XVIIe, est-il nul en géologie ? Un platiniste invente une fusée et meurt heurté par elle comme un boomerang : il n’a pas pu prouver que la terre n’est pas ronde. Jalouse de ses frontières, la France a perdu 2,2 m en 2021 à cause d’un agriculteur belge qui a déplacé une borne. Jacques Pédehontaà, ce participant au Paris-Dakar en tracteur, véhicule qu’il utilise pour son pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compost/elle, est prince de la principauté béarniaise de Laàs en invoquant les Fors de Béarn qui donnaient, jusqu’en 1789, des libertés aux citoyens : postes de douane aux entrées du village ; passeport pour des « citoyens d’honneur » ; mariage princier organisé dans le château local avec transport en carrosse et petit tour dans le « yacht » de la principauté – une ancienne barque de pêcheurs naviguant sur le Gave ; son « Grand Prix », comme à Monaco, mais la course se fait en brouette ; un « Laàs-Vegas Boulevard » avec son walk of fame parsemé d’étoiles en hommage à des célébrités, de Vianney à Manu Chao et Maxime Le Forestier, qui ont tous participé au festival de musique locale, créé pour fêter la transhumance ; son cabaret, dans l’ancienne chapelle désacralisée, La Fourmi rouge. Kenny, fils d’universitaire, est tant à l’west qu’il affirme que « Lire, c’est comme manger des choux de Bruxelles. ». Une couille dans la science, chez les féministes : compte tenu des protéines, le cerveau est le plus proche d’un testicule dans le corps humain, voilà qui rassure l’homme, ce couratier, qui pense queue. Aller sur Mars grâce à un nouveau Frank Einstein décodant le dossier CIA déclassifié de Tesla ou celui du FBI relatant l’appel à un medium pour communiquer avec les martiens. A peine élu, le doyen de l’humanité – encore un homme – meurt[16]. Ne plus utiliser d’éponge depuis qu’un ver marin avec une centaine d’anus détachables peuvent vivre dedans. Les girafes n’ont pas de faux col, je répète, les girafes n’ont pas de faux col. Grâce à la ligue animale, obligation suisse d’assommer le homard avant de l’ébouillanter. Homard m’a tuer. Mireille m’a thieu. Dans la même journée : une nouvelle espèce humaine sur une île façon King Hong-Kong ou, Copens – Lucie, – à toutes les sauces ; première image, floue, d’un trou noir, rouge, c’est troublant[17]. Pour la Saint-Valentin, un zoo propose de donner le prénom de son ex à un cafard, Ovide-les-naseaux et Kafka-l’étique auraient apprécié.

Marronnier : les carambolages, maigrir pour la plage ; les fusillades, attentats, guerres ; que manger pour les fêtes ? Boucheries dévastées, véganes condamnés, louchébem aphasique, garçons bouchers aphones. Le gang des rillettes a encore frappé dans le pays de ce candidat conservateur malheureux à la présidentielle dans la Sarthe – suggérant la vente de rillettes sur la placr rouge : des distributeurs vandalisés à Solesmes, et son abbye, Saint-Jean-de-la-Motte, le 1er juin et Saint-Vincent-du-Lorouër où la rillette est honorée de la médaille d’or au Salon de l’agriculture de 2019. Dans les annales : arrestation d’un berruyer noir qui rentrait dans les voitures d’autrui, des Bourges en particulier, et jouissait en s’enfonçant le levier de vitesse dedans à toute vitesse. Se faire simultanément vibrer la virgule. Prendre vit en main. Chacun.e son plaisir. Un autre s’enfonce un obus de poilu dans le fion ; si l’eau bue éclate, il n’a pas le cul bordé de nouilles car il a fini à l’hôpital avant d’avoir pu se finir. Fist édition pour les nuls. L’univers se dilate chez B’Hubble et le ministre de l’économie Le Maire.

Attentat terroriste pour le maintien du 7 avec barre ([conflit de civilisations, post Hufftington] : chiffres arabes versus anglo-saxons sans barre versus chiffres romains avec manifestations violentes à Rome). Dans la Tunisie du superstitieux Ben Ali, le 7 est le fruit d’un étrange culte. Les racistes manifestent en exigeant de compter autrement qu’avec les chiffres arabes. Moïse-le-cocu exposa les commandements sur tablettes électroniques, à partir d’un téléchargement dans l’infonuagique=le cloud, d’où la mouise actuelle. Un intellectuel israélien est interrogé à propos de l’Egypte. Sa réponse : I don’t Ca[i]re. Géopolitique des catastrophes, dernier acte de la tragédie antique repris par l’humaniste Alcofribas Nasier. Régimes d’émotions. Tornades, cyclones à répétitions, la maison d’Hemingway en Key détruite, et migrations climatiques. Des volcans en éruptions, Pline pétrifié, fumerolles Frankenstein et son monstre quand Polidori penche pour le vampire et les avions cloués au sol en dehors des grèves à répétitions. Tazieff en TAZ. Les experts sont formels. Comme les lignes, les frontières bougent. Des milliers de morts. Hommage international. Jour de seuil. Débat à  10 TEV entre Zadig & Voltaire / la faute à Rousseau – le traité des couleuvres de Goethe valorise le regardeur et la perception, pactisant avec Faust en Murnau et Gounod, invalidé par Newton ; goût de pastéis de Belém. Horreur régalante selon Turner : tsunamis – ressurgit – notre F(i)erté. Aussi, l’accélérateur Bacon, spires en piloris, sous Tôkyôto© à cause de la recherche, après chérie bozon, de gagaons – hommage à Tôkyôto©-Gaga à Shinjuku (Kabukichô) de Wenders sur Ozu ou Radio gaga de Queen, l’inspiration des scientifiques est sans limites.

They don’t care about us. Des enfants jouent dans des déchèteries en Egypte, Brésil et. Murs : Chypre, Bangladesh, Chine, Mexique, Israël, Corée, US. Lego® prolonge la vie. Brexit : l’Angleterre, comme le chat du Cheshire – exule-t-il ? – hésitant lorsque la porte est ouverte, lâche la proie pour Londres ; la clef et la crème ne sont plus anglaises. Enfants, femmes, hommes, chiens et rats comme kamikazes. Terreur, sidération puis habitude. Drones de vies. 300 victimes indemnisées. Jour de deuil. Hommage national au pays des commémorations.

Bande-son inspirée de la méthode forte d’interrogatoire=no-touch torture : Wanted Dead or Alive de Bon Jovi et The End de The Doors pour que les américains délogent, en 1989, Manuel Antonio Noriega, le dictateur panaméen, de l’ambassade du Vatican ; Kim du rappeur Eminem, du heavy metal avec lumière stroboscopique à Guantánamo ; Born in the USA de Bruce Springsteen et America de Neil Diamond, des titres de Limp Bizkit, AC/DC, Tupac, Britney Spears, Nine Inch Nails, Queen, Skinny Puppy Dr. Dre, Enter Sendman de Metallica ou Rage Against the Machine dans « la discothèque », à Mossoul ou Babylon de David Gray à Abu Ghraib; Thin Lizzy ou The Offspring pour anéantir en 2010 les talibans dans les montagnes afghanes ; Mamma mia d’Abba et Believe de Cher pour l’ukrainien entre les mains de séparatistes russes ; les internautes, friands de playlists noires, ont désigné dans le Chicago Tribune, Muskrat Love de Captain & Tennille, comme la pire torture possible.

Darwin awards : sur un bruitage de ventouses comme lorsque les wc sont débouchés comme dans ce seul porno avec du thérémine©, la mascarade de Mascara de Findlay et Pachard le long de la gorge pas très claire au cours d’un polissage du chinois pas sage=elle lui fait le chapeau du commissaire=une politesse à Monsieur=elle lui a tété la matraque=elle a plombé les molaires=elle a épongé le clown du Big Mac®=elle a scalpé le mohican=elle a tutoyé le pontife=elle a fait zorber le grec=elle fait les fourmis japonaises=elle fait son apprentissage aux postes avant d’être directrice de la grande poste=elle a téléphoné dans le ventre=elle a ripoliné le candélabre, fumé, c’est du belge !=elle a dégelé le mammouth=rogné l’os tant elle a besoin de calories=mangé elle-même sa race=fait une petite mayonnaise=dit bonjour à la vache-qui-rit=défromagé le minaret=fait épi de maïs=a soufflé dans le poireau=n’a pas donné sa part de dessert=fait un After Eight®=elle a aimé les Treets®=croqué le Mon Chéri®=siroté l’apéritif=fait une pomponnette au kirsch même si elle est buveuse d’orgeat=tiré un demi – sans faux-col=polisseuse de mâts de cocagne=elle se prend des cales aux genoux avec sa langue-au-paf=elle prend les chemins de Fatima=elle fait la chaloupée sur le savoyard=elle va en Chine à pied sec=elle n’est pas recalée à l’oral=elle fait le poisson souffleur, la sage-femme est emportée par une vague hawaïenne, ce léchage toujours recommencé. Prix spécial 4 croix.

Comme un piqué d’oiseau-mouche pour sa belle, excité par les battements d’ailes de la mouche verte de la femelle sur le cadavre ?- !: il demande, fortifié par la cantharide en poudre, sur les bords – alors que, poursuivi par un orque revendicatif, un yacht, destructeur de posidonies, écrase le ponton -, en mariage par le haut-parleur du drone,,, plus futée que – ~, à la mort – collé-noyé devant la vitre, devant la dulcinée© bée dans la chambre d’un hôtel de luxe exotique sous eau profonde. Pas #me too, 007.

Darwin awards (suite) : le roi de la pizza, comme deux randonneurs ailleurs, a été foudroyé sur son vélo électrique ; il a étouffé mortellement en avalant le soutien-gorge pailleté de la strip-teaseuse arraché avec ses dents ; un homme ouvre sa lettre piégée, retournée par la poste car sans timbre – BOUM ; en Alaska, il lance un bâton de dynamite sur le lac gelé, son chien, bien dressé – Flike d’Umberto D. -, le lui a rapporté – AÏE ; un policier est poignardé par son collègue en démontrant que la veste Kevlar® résistait aux coups de couteau ; sauter de l’avion pour filmer les parachutistes, sans porter de parachute – BING ; l’egoportrait l’emporte dans le précipice ; électrocutée l’influenceuse, en rechargeant son cellulaire dans son bain en écoutant Cloclo comme ce joueur du Benfica dans son jacuzzi ; il canne en tentant de siphonner une voiture électrique ; mourir à moto en défilant sans casque pendant la manifestation contre le port obligatoire du casque ; crever de froid en dormant dans la rue pour raconter une histoire au clodo ; le cheval Sweet kiss a gagné, grâce à kiss kiss bank bank, en rentrant bredouille, le jocker mourrant d’une fracture du myocarde ; le sport ne réussit pas car une équipe congolaise a été décimée par la foudre à cause de crampons vissés alors que l’équipe adverse a été sauvée grâce à des crampons moulés – juste fais-le ; faisant selfish, il est mangé par un requin à la Réunion sur la musique de John Williams ; nourrissant son tamagotchi®, elle se crashe en voiture contre le mur façon César ; aviné dans le zoo, il est avalé par ce lion en cage – chaîne alimentaire.

« Tout est perdu, gardons la perte. » selon l’opéra de Cixous qui se Derrida. Au dehors, les normales saisonnières se dérèglent : l’hanami du sakura, Prunus jamasakura ou Yamazakuraen, est avancé, selon l’étude phénologique, d’une semaine à cause du réchauffement climatique ; la toundra du Spitzberg crame ; le permafrost=pergélisol aaaaaaatchouuuuuummmmm se révèle à nu avec, par exemple, des maladies débilitantes chroniques, d’abord chez le cerf, du protoxyde d’azote (N2O), nocif à l’ozone selon un cosmochimiste; la tourbe[18] est en feu continu. Déclencher la pluie à partir de bureaux de modification climatique façon Bochimans de Kalahari de langue khoisan dans Les dieux sont tombés sur la tête en ensemençant les nuages – cloud seeding – depuis 1958 façon professeur Miloch et colonel Olrik dans Blake et Mortimer dans SOS Météores, grâce au plan La rivière du ciel, succédant au projet Cirrus, avec des missiles ou fusées sol-air remplies d’iodure d’argent ou d’azote liquide tirées du sol ou depuis des avions ou drones Wing Loong-2H directement dans les nuages. Pauvre plexus polaire. Y’a pu d’saison ma bonne dame comme disait Vivaldi. Des espèces de faune et de flore, préhistoriques, antiques ou non, apparaissent, les gaz toxiques s’évaporent, les résidus nucléaires contaminent désormais à l’air libre, Atmosphère – ?-: est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère – modifié, Fuzz active la fonte d’une partie de la banquise libérant ainsi des virus mortels=virus zombies se propageant comme de l’anthrax en Sibérie à cause d’un vieux cerf ; Hibernatus – crie au génie – atteint de grippe espagnole est extrait des restes du Titanic© – insubmersible sous aurore boréal ; un petit coffre à bijoux, échoué dans le crash de l’Air India®, est retrouvé suite au retrait du glacier des Bossons – le réchauffement climatique réchauffe le cœur des archéologues ébaubis – nourrissant un débordant lac de glacier avec moraines instables; une nouvelle guerre pour l’exploitation d’énergie fossile raréfiée, ouvertures de nouveaux couloirs commerciaux concurrençant le canal de Suez bouché à cause d’un bateau échoué par une mauvaise manipulation humaine, le pôle magnétique se déplace d’autant que la terre tourne plus vite avec ses 6 ronnagrammes. 3e type. Crabes bleus, poissons-lapins, poissons-flûtes, poissons-hachette, poissons-lions envahissent la méditerranée comme la perche du Nil au lac Victoria. Les survivalistes s’enfoncent au milieu de leur vie dans la forêt obscure avec un couteau Bowie® à l’aide d’un manuel des Castors juniors©. Epidémie de cauchemars d’écoanxiété : des jeunes se réveillent mouillés de chaud en criant en incriminant les générations antérieures. Un satellite s’écrase, échoue à dévier le parcours de l’astéroïde géocroiseur, pas d’Armageddon, Tcheliabinsk guette, le grand esc, tout cancellé point. Solastalgie : alpnihiliste du Mont Analogue ou montagne inversée du Bucharach lors de la fin du monde maya le 12/12/12. La sonde Dart, cet impacteur cinétique a réussi à dévier, moyennant éjectat transformé en comètes, un astéroïde de forme oblate comme un smarties®, armageddon n’aura pas lieu avant l’explosion du soleil.


[1] Son Apologie des oisifs dans le Cornhill Magazine (1877).

[2] Benzaldéhyde avec valence hédonique comme dans la colle Cléopâtre® en primaire.

[3] Au Pays des Bonnes-Odeurs : Pète en l’Air Libraire-Editeur, 1883. In-12, frontispice, 127 p., demi-chagrin bleu-nuit à la bradel : pets de province, d’huître verte, pucelles, demoiselles, jeunes-filles, femmes mariées, de ménage, bourgeoises, paysannes, bergères, vieilles femmes, boulangers, de potier de terre, tailleurs, géographes, cocus (volontaires), de maître d’armes.

[4] Le film de Huston suffira avec l’époustouflant Finley et sexy Jacky.

[5] « Ainsi la distance qui sépare le riche du reste des citoyens s’accroît chaque jour, & la pauvreté devient plus insupportable par la vue des progrès étonnants du luxe qui fatigue les regards de l’indigent. La haine s’envenime (…). » (Mercier, Louis-Sébastien. Tableau de Paris. Amsterdam : 1783. Nouvelle édition corrigée & augmentée. Tome 1. Chap. XV Au plus pauvre, la besace, p. 23.

[6] La partie civile se fait l’avocat du dabe.

[7] A Jersey, île voisine, officiait une série de crimes et se cachait un ermite.

[8] « Les jurys littéraires sont autant de temples où va s’agenouiller le conformisme. » (Fallet, René. Journal de 5 à 7. Paris : Editions des Equateurs, 2021. p. 119).

[9] Défini par les linguistes, généticiens, pratiquant de l’IA comme, entre autres, la fréquence caractéristique des articles, prépositions et connecteurs notamment.  Ainsi la pièce La Francesa Laura a-t-elle été détectée comme création de Lope de Vega.

[10] Gallimard a confié à quelqu’un qui conteste l’existence de Louise Labé, l’édition du volume de la poétesse dans la collection de La bibliothèque de la Pléiade !

[11] Cet huluberlu, fumiste, de la famille de Druon, l’auteur de Les Rois maudits, co-auteur avec Kessel de Le chant des partisans – écrit non dans le Sussex mais le Surrey, pour Sablon, cette interprète de Mon légionnaire et amante officielle de Jef, à partir d’un chant de guerre russe intitulé Partisansky puis Guerilla Song par Anna Marly -, homme de gauche ayant viré nettement à droite.

[12] Le treme provient d’un professeur latiniste de la Sorbonne pour IBM® qui piocha dans le vocabulaire théologique, l’ordinateur étant dieu qui est décidément partout.

[13] Reconvertie dans l’huile essentielle en Ardèche.

[14] De l’Egypte antique à la Thuringe.

[15] Ce en quoi le Conseil d’Etat mit rapidement un terme au nom des droits de l’homme (Arrêt Commune de Morsang-sur-Orge, Conseil d’Etat, Assemblée du 27 octobre 1995, 136727) au grand désespoir desdits nains interjetant appel à la Cour européenne des droits de l’homme qui les débouta (Commission, deuxième chambre, Wackenheim c. la France, 16 octobre 1996, 29961/96).

[16] Nous sommes programmés pour vivre 120, 130 ans, somme moyenne de l’obsolescence de l’humain mais les transhumanistes tentent de prolonger la date de péremption voire la supprimer en cherchant du côté de la petite méduse, de la baleine boréale, du requin du Groenland, de l’axolotl,  et du végétal. Le problème avec l’immortalité, c’est que les cons seront également immortels à force d’être sur orbite. CQFD. Si, selon Woody, « L’éternité, c’est long surtout sur la fin. », c’est également vrai pour le début, Dante aurait dû en tenir compte.

[17] Des milliers d’années pour diffuser un … anus, une échographie d’utérus, un pétard ou une cigarette allumés dans la nuit – Jah est grand -, un œil de chat dans son énième réincarnation, un donut ou un bagel.

[18] Dont les fonctionnaires européens et nationaux empêchent les vieux paysans irlandais l’utilisation pour se chauffer an nom de l’écologie malgré la crise de l’énergie.


[Manuscrit] Sales rêves (épisode #15)

Ainsi son clone mort sans humour de clown : greffe rejetée. Autre, cet antre. Ileli aime l’odeur de pisse rance des printanières glycines en cabinet, fait main comme gloriette, au fond du jardin[1] – écommuns=toilettes sèches sans le moustachu d’Astaffort – ou dans la cuvette parentale nocturne, des traces rouges, ses lunes=époques=classiques=camélias=soviets=coquelicots=rougets=mâles semaines=mois=triqueniques=le petit clown saigne du nez=ses babouins=elle a le nez cassé=fait relâche=son échéance de fin de mois=afficher complet au Grand-Guignol=elle casse la gueule à son porteur d’eau=bande sur l’affiche=à cheval sur un torchon=se bourre la dinde=fait de la sauce=a l’hémorragie à la cheville=son drapeau en berne=repeint sa grille en rouge=le fourrier de la lune a marqué le logis=s’est taché la moquette=a des ennuis de plomberie=de la visite=reçoit sa famille, ses cousins, tante Rose (un vrai Cluedo® !)=a son prince russe=son américain=l’armée rouge est en ville=elle reçoit un courrier de Rome=a son cardinal=logée à la grande motte=voit Sophie=pavoise=a les confitures=sa rue barrée=son calendrier rubriqué=la pluie des mois=les anglais ont débarqué=la balançoire à Mickey=jouer oncle Vania pocket® – Julianne Moore chez le dernier Malle, Drive my car d’Hamaguchi -, love. What’s up, Doc ?

Un tabloïd intello, Voiçà traduit de Ecce homo, sur le rebord : Elsa Morante a sucé l’homosexuel notoire Visconti ; Aragon a fini comme une vieille folle communiste ; Les yeux d’Elsa ont été écrits, selon Tavernier, pour la mère de Bebert, femme du revuiste, éditeur et résistant, et non pour la Triolet qui en a éprouvé une extrême jalousie ; l’auteur de Sur la route n’avait pas le permis ; Heidegger s’est tapé son élève juive Hannah Arendt avant de devenir nazi, il gardait ses chaussettes tyroliennes pendant ses ébats ; Mauriac, de la famille de Proust par alliance, était un homo refoulé avant de perdre sa voix ; le macho Nougaro a eu des relations homosexuelles ; entouré de femmes, Langlois, le tyrannique et peu méthodique directeur de la cinémathèque, était un homo avide devenant un homme de poids ; Camus n’aimait pas le Meurseault ; après une relation rapide avec la chanteuse et actrice Streisand, Roth-queutard-Portnoy s’est fait poser un lapin magistral par l’actrice Kidman hors griffes de la scientologie; rencontres ratées entre Proust, ce fils et frère de médecin se plaignant de son ventre, et Joyce[2] évoquant sa vue qui baisse, Céline et Renoir à propos de La grande illusion, Céline et Artaud, Breton et Freud, Bowie et Warhol, etc.

Selon le souffreteux et branleux philologue Fred Nicht[3] : « Mieux est ‘dors’ », phrase amplement commentée. Pas du matute, pas de l’après-midi – piquer son chien=sa place -, pas noctambule non plus. Réactance : landore pour rabasseur. Ileli n’a qu’un soupir de vigueur. Se renverser : tenter de dormir=repiquer=fermer les châssis=taper l’œil=faire Michaux=voir en dedans. Rester interdit, inédit, hors saison, √5 + 2i. S’emplir de la chaleur de son corps unique. Vie est coquille. Comme Eurydice selon Jellinek, « Je ne suis rien. Je suis ». Comme l’écrit Personne=Pessoa ou l’un de ses hétéronymes, « Je ne suis rien. / Je ne serai jamais rien. / Je ne peux vouloir être rien. / À part ça, j’ai en moi tous les rêves du monde. ». Tendre vers un beau zéro tout rond. Invention fondamentale : mayas►indiens d’Inde►Al-Khwârizmî et l’algèbre et son algorithme►zéphirum de Gerbert d’Aurillac devenu pape►Léonard de Pise, et son penchant, dit Fibonnacci usité dans les compositions de Stockhausen. Abeilles comme Maya, décimées[4], connaissent le zéro. Saint-Simon Mande ville. Découverte d’une lettre d’Einstein adressée à un éthologue où il établit que les forces magnétiques terrestres ont une influence sur l’orientation des abeilles. Miel, met international selon le spécialiste mondial du droit de l’environnement sis sur un site de faitières=coguenaudes=stryges=guenaudes=saganes=sorcières jurassiennes – le démon ne chasse pas le démon – amatrices du sabbat mater, vain dieu jaune – satori en pissée=lance de bain qui chauffe=farinante d’estivale avec turbine=arge=pluie avec odeur de terre mouillée ou humer le petrichor à partir d’huile végétale sécrétée et particules de géosmine – fragrance terreuse et musquée produites, selon Bear et Thomas en 1964, par les actinobactéries et les cyanobactéries telluriques.

Dans la verdure, piocher une tige épaisse et charnue de belladone de la tristesse[5] – souffrir pour être belle, ô vénitiennes, avec la dilatation des pupilles, jusqu’à mourir ;-( par atropine. Distanciation sociale ni kantienne ni brechtienne vaut mieux deux ton aura. La plénitude de nulle chose[6]. S’effacer, se vider pour être une éponge. Vivre dans l’éolienne comme Joyce dans sa tour Martello en tête à Sandy Cove – roque ?

Inspirer, coller le nombril près du sol. L’un dans l’autre, plus d’échanges financiers avec force algorithmes que de copulations par seconde. Se coucher en chapon, en position fœtale – conseillée par divers praticiens – dans le bardanier qui croque. L’occasion fait le larron : solstice, pleine lune, éclipse. Rave, rêve, grid, pattern. La spiritualité des derviches tourneurs, l’épidémie de tarantella en 1518, le mal des ardents avec l’ergot de seigle.

Take-off en tech de Jack de Marseille, jungle de Roni Size, hardcore de Manu le Malin, flics à têtes de porc – Las Vegas parano – ; Requiem de Mozart This Town Ain’t Big Enough For Both Of Us des Sparks Only Shallow de My Bloody Valentine I’m in Love with my car de Queen Mer du Japon d’Air Audio, Vidéo, Disco de Justice Come to Daddy d’IDM d’Aphex Twin sur WARP avec clips de Cunningham en boucle ; lasers, strobo, mix selon le tempo, la couleur, l’atmosphère, la platine Technics MK2 et son pitch à laquelle succède le laptop et les fichiers d’ordi ; acid TB-303[7], boîtes à rythmes en folies, kicks, beats, cuts, breaks, climax, reprise de beat, cris qui montent=libération ; smiley© de Ball[8], ecsta=E=X sans polytechnicien=XTC en sus de l’excellent groupe=taz ; énormes enceintes►sound system►wall of sound, (infra)basses à faire vibrer le pantalon, coller l’oreille sur 85 DB – ça sature en flou, pas de panique[9], Pan[a]Sonic© – entre clarté & douleur, des papillons dans le ventre ; danseurs en habits délirants avec des types en combi antiradiation, à la couleur de la direction de l’équipement ou en pantalon kaki avec des poches fonctionnelles surmonté de casquette, bras levés à la montée du DJ en construction de son set, TR-909, trans surmaquillées à la Devine – par Waters – sur échasses ; VJ revisite pour trans, Goa, le kaléidoscope ; s’éclater, se réaliser dans le grand tout, nombril party, free party, fait social total, Zone Urgente de la Teuf, art total, immersif, théories fumeuses de Maffesoli-au-nœud-pape ; numéro sur flyer plus ou moins graphique ; Spiral Tribe, les travellers en van chassés d’Angleterre sillonnant l’Europe dont la France, législation restrictive des gouvernements, interdictions administratives, saisies de matériels ; la poussière montpelliéraine monte au set de Garnier – ce DJ à l’Hacienda de Liverpool, au Fuzz de Bruxelles, au Rex à Paris – et ses cojones del can en Boréalis, relaté dans son Electrochoc, servant généreusement ses plats musicaux FCOm jusqu’au soleil levant après Daft Punk-qui-a-du-chien et big beat Chemical brothers où ileli s’est endormi.e par terre au milieu des teufeurs à cause d’un somnifère pris pour de la coke en chili-out spice and space à côté d’un apiacé nommé fœniculum vulgare Mill. dit fenouil sauvage et d’une fille belle en crop top et paumée à la natte blonde revenue lessivée de New York. Non piétiné.e, se réveiller masturbé.e par un joueur de flûte d’Hamelin©. Sale rave. Vide n’est pas rien. Rester inédit. Retrouver son nombril. Le vide remplit. Etre hors saison. Le vide n’est pas le néant. Inscape. Vivre la durée sans macaron, Henri, Valérie Donzelli sert. Chercher le nombril d’or.

Voix à la radio, bloquée sur la même station, berce à s’en cogner la tête. Ce générique de Jarre ; un morceau de Vladimir Cauchemar avant le Sacre du Tympan. Apprendre sans effort. Inframince. Sur les rayons, rangés sans ordre, dardent les babillards de Sceptique de Fos, Sterne, du groupe Oblomoff, Lafargue, Stevenson[10], Coppée, Perec, l’anthologie des poètes scandalistes chez Nique les éditeurs, Le Ponge de Soliphile, Henri -avec hasch inspiré- Chie-mots avec morphine et tétrachlorure de carbone et al. Tcha-tcha, Bruce lit, réchappé d’Il était une fois Hollywood, Opération dragon versus drag queen, jusqu’à sentir un choc dans le plexus solaire avec sa cage thoracique bloquée. Cellulose et lignine du papier libèrent des composés organiques dont l’arôme est la vanille, l’amande[11], les douceurs (éthylbenzène, éthylhexanol). On ne se baigne jamais deux fois dans le même effluve, la vague sans fin modifiée emmène sur le sable ; développer le macrosmatique. Des livres qui se lisent d’une main, d’autres qui vous tombent des deux comme Selle du baigneur du Cohen, ce roman de 1968 ultra contemporain, à côté de Tout sur ma merde proche de L’Art de péter, ce best-seller d’Hurtaut qui heurte sur le tard, chez Florent Q, rue Pet-en-gueule, au Soufflet, en Westphalie dédicacé en cette ville de double Collomb par cet amateur de pet-de-nonne Pujol=pétomane de Phocée qui débuta à Chave pour aller à chai, du Merdiana et du Péteriana,[12] Le rouge et le noir, c’est un Stendhal selon le secrétaire général du PC, outré que le noir soit finalement accolé au rouge, l’ésotérique Au-dessous du volcan, merci Nadeau, retraduit en Sous le volcan de Lowry[13] ou 1984 du didactique et idéologue Orwell où la novlangue, inventée par la femme d’Audiberti, a disparu de la nouvelle traduction. Affres de la tombée dans le domaine public. Mein Kampf est publié, en français avec un appareil critique, pour la fête des pères ; il est le best-seller de l’été – silicone et neurone ne vont pas de pair. L’intelligence artificielle – là où l’humain est, réside l’erreur – est otium du peuple.

Désordre est création. La Fonction du balai, héritée de Méditation sur un balai de Swift, selon l’écrivain-tennisman suicidé David Foster Wallace. Letou Match point ? Pas de côté comme crabe : être isocèle. Couenne de lard=brosse à cheveux Alexandre® en poil de sanglier dans le verre tulipe à whisky, Port Charlotte® 10 – 40 PPM en Bruichladdich® d’Islay, ce qui n’est que billevesée à côté d’un Octomore® – ou Ledaig® 10 ans de Tobermory d’île de Mull, parfait pour le personnel Je sais où je vais de Powell-Pressburger chez leur Archer ou The Wicker Man d’Hardy, Révolte dans la vallée de Wilcox d’après le Walsh de L’homme tranquille adapté par Ford – l’origine du whisk(e)y est irlandais. Fourchette dans chaussure. Couteau pour beurre pour trancher menu l’ail.

Porte abat-jour comme portemanteau. Chaussettes gauches trouées comme maniques. Chou-fleur dans l’escarpin du fétichiste Avida Dollars en Gala. Souris noire compatible IBM® avec ail de Provence, bien enlever le germe, les flageolets de la Belle époque attendront. Malgré sa théorie de la réémergence des objets, escape game quotidien pour retrouver son bien, sans omettre le principe d’échange de Locard. Pas gaie, la pagaille. 120 BPM et beat qui bronze avec la voix aiguë de l’écossais Somerville remixé par le colosse Zend Avesta aka Rebotini aux cheveux gominés. Vie est art.


[1] Certaines affectionnent bien les rejets de cachalot en bijou.

[2] « Un illettré dont toutes les citations sont incorrectes. Ses quelques allusions en grec sont fausses. Ses quelques essais de tourner une phrase en gaélique absolument monstrueux. » (Myles na Gopaleen, Cruiskeen Lawn, 16/06/1954 ; « Un petit homme morose plein d’inhibitions. (…) C’est un parasite qui a l’habitude de taper les gens et qui a trouvé Sylvia Beach et cette autre bonne femme pour vivre à leurs crochets. » (Richard Wale, Town Magazine, vol. 6, n°7, septembre 1965).

[3] Qui franchit le delta du Nihil où naquit la philosophie selon Assaad et ses Préfigurations.

[4] Drônes et chômeurs avec de minuscules pinces, dont une retrouvée dans l’urètre, pourvoient à la pollinisation.

[5] Jeanne parlant comme le bunraku, dans la trilogie Animerama yamamoto de Fukai, venu du gekiga – Fukuda et Tezuka – d’après Michelet avec psyché orgue, pédale wah-wah et trompette Satô, annonçant Hantai et Ecchi.

[6] Le livre de l’inquiétude. F. Pessoa.

[7] Même si batterie a été créée pour aider les guitaristes dans leur apprentissage.

[8] Graphiste au sourire Droopy©.

[9] M²=I² : Comme le musicien Michel Magne en concert qui verrouilla les portes, le public se tordit de douleurs – ventre, cou – tandis que le lettriste Isidore cria au génie sur l’estrade.

[10] Son Apologie des oisifs dans le Cornhill Magazine (1877).

[11] Benzaldéhyde avec valence hédonique comme dans la colle Cléopâtre® en primaire.

[12] Au Pays des Bonnes-Odeurs : Pète en l’Air Libraire-Editeur, 1883. In-12, frontispice, 127 p., demi-chagrin bleu-nuit à la bradel : pets de province, d’huître verte, pucelles, demoiselles, jeunes-filles, femmes mariées, de ménage, bourgeoises, paysannes, bergères, vieilles femmes, boulangers, de potier de terre, tailleurs, géographes, cocus (volontaires), de maître d’armes.

[13] Le film de Huston suffira avec l’époustouflant Finley et sexy Jacky.


[Manuscrit] Sales rêves (épisode #14)

Comme on fait son lit – expédié à coups de poings -, on se touche. La nuit porte sommeil. Sauf insomnies en somme. Le lot nocturne quotidien. Lune pleine=luisante=moucharde=cachet effervescent=cymbale. Crimes & loups-garous. Grosse lune=pain à cacheter=lune silente. Marées, castagnettes de pinces de crabes entre les détritus en plastique, baisse du temps de sommeil. Eclipse chorizo. Se faire couper les tifs comme Déméter sarments. Bois luné incassable. Rêvation de Dark side of the moon, de la face cachée de la nulle, désoccultée par les chinois[1] après la tête de la femme de Méliès[2], énorme dans le ciel pur noir, loin du noir résolu des imprimeurs, prolongé par les montagnes de neiges éternelles saupoudrées au son de Quand la musique est bonne de J.-J. Goldman – BOUM ; year, au soleil menstruel, les flamants roses de Camargue en camarde car trop saline à cause de la montée des eaux – Le salaire de la peur succède aux westerns. Miami Inherent vice, impuni, à force de lire. De la brune sous mimosas. De la coke sous les palmiers. Les vieux se la coulent douce. Page est Pamela Anderson ou Bilitis sa toile, Don’t beat it Dirty Diana, princesse. Alister dos crawlé sur Led Zep pour lutter contre la cambrure congénitale.

Ecrire est cabrer barbaque puisque là où est la merde est l’&tre, c’est dit. Les livres jonchent le sol. Sens dessus dessous. Imprimé se livre. Tsundoku. Marcher dessus comble. Le plancher courbait. Bruit absorbé dessous. Mètre ressenti exigu dans passoire thermique. Tout est dompté. Rester interdit. Lagaffe© a attrapé la variole du songe. Imaginer une maison de S. Winchester à San José avec une fenêtre-balcon au milieu de la pièce et des escaliers menant nulle part. Former un igloo inouï de livres. Demander à reloger ailleurs – bien qu’il soit en u, l’appartement -, à cause de coups de froid, de manque récurrent de sommeil, de nombreuses châtaignes électriques, de coups sourds de l’unijambiste mort – ce locataire précédent – dans cet appartement traversant, de membres inexplicablement ankylosés, comme cette locataire de Fontenay qui en appelle au maire, sur le fondement d’une expertise de la Société de la Recherche Psychique avec exorcisme, nettoyage énergétique par SOS fantôme et une coach Harmonie option Feng j’suis. Risque de mourir comme les frères ermites d’Harlem quand les piles s’écroulent à cause d’avalanche d’objets. Syndrome de la cabane : huttopie. Intérieur inuit. Tranchée fœtale. Régression. Creusé, le terrier rassurant, Beckett[3] s’inspira de Kafka à travers Lewis. Quoi de neuf, docteur ?

Ne pas fêter son non-anniversaire transposé le jour marquant du premier pas sur la lune filmé dans la pseudo version alternative de Kubrick. Moonwalk one de Jackson, Moonraker avec Lonsdale échappé de chez Duras, évoquée dans Destination : lune. Un Petipa pour l’home en sweet-shirt et claquettes chaussettes – manger-bouger. Odeur des bougies à peine éteintes – mèches courtes – sauf quand un plaisantin leur substitue celles qui se rallument automatiquement. Poser un lièvre[4] qui mange un Mars® quand court la haze. Quoi de neuf, docteur ?

// j’aime le lit car c’est le seul endroit où comme le chat je puis faire le mort en respirant tout en étant vivant // Les acariens peuplent sa filasse=galette=son matelas=mouton=serpentin soldé trop vieux où, langueur oblige, ileli, hommelette[5], glandouneux, -euse, sans secousse, s’étale, évaché.e, à longueur de journée ou l’art de faire du lard=d’avoir la chienne=fader=se radasser=s’accagnarder=balocher depuis sa maladie du baiser=mononucléose infectieuse et échange de 80 millions de bactéries. Nul besoin de coach paresse. Au-dessus, une reproduction du péché capital par Teniers le jeune : jouer sa carte. C’est un lézard, un hareng, la gouape, une fenasse, un flan mou, un.e saint.e lâche, un.e malade du pouce, un.e sublime. Trône un diplôme ès paresse du primus inter paresse – « se faire un pénéquet après s’être pété le bédelet » – encadré avec des tickets de caisse, matière première à poésie populaire malgré l’abstraction comme posture. La vie est croûte.

Puces de lits=satanées bardanes s’étendent. Les dompter comme Charlot. Méridienne sans pause malgré le syndrome de l’anus sans repos. Récamier sans salon, mariée avec son père. Dark side of the mom : black Freuday, à sa solde, être esclave de la consommation. Surmoi trop présent, c’est ça. Le lit est son QG. Avoir le moral dans les chaussettes orphelines. Nul panneau de liège avec des poudres projetées et Céleste qui veille. Pas feu au QG malgré la lune pleine. Gare au Garou, Notre-Dame en feu, cancellé=effacé=lessivé, l’auteur de la kitsch flèche, Viollet-le-Duc, désirait restaurer les Alpes après sa chute dans la crevasse, vu que le sommet du Mont Blanc évolue. William inspire une fois qu’il expire. Juste la photo de la pochette de vinyle de U2, War, cet enfant irlandais grave aux yeux clairs qui vous fixent, gravée dedans – Un missile a élu domicile. Ileli n’aime pas les affiches de fan placardées au mur. Seules les constellations des deux hémisphères en pastilles fluo comme des noix=lobes de cerveau au mur. Tout de même, trône en NFT acheté sur le site OpenSea et Showtime avec la mention « Hope you like it ! », la photo agrandie de la radio d’un avant-bras transpercé d’une balle de kalachnikov, issue du dossier médical d’une rescapée du Bataclan, par un chirurgien.

§ : La phrase est un système planétaire, avec des trous noirs entre les mots ; être dense comme une étoile à neutrons avant de devenir supernova, avec sursauts Lorimer. Le radiotélescope d’Arecibo s’écroule comme son monde. Des deux mots, choisir le moindre. La poésie est admissible[6] si les silences sont malaxés en verbi-voco-visuel[7]. Comme la majoritaire antimatière, le silence creuse les sens puisque le mot n’est que le haut de l’iceberg – tropisme. Colère l’habite – foie. La poésie, à bout de souffle, a tenté de puiser sans succès sa création dans les arts plastiques causant un bref rebond[8] ; le pire étant les plasticiens qui se targuaient et se piquaient de poésie, une catastrophe. Une bombe derrière chaque mot. Arc électrique avant arc narratif. Stormy weather. La foudre gouverne toutes choses [frag. LXIV][9]. Temps malade : il fait d’orage. Prendre le pourpre, la turbine, la foudre, l’éclair, l’élicie, l’arge, le lanciz : convection de cumulonimbus en enclume – ascendance dedans -, en ligne de grain avec chapelet ; claquage – effet dans plasma – d’isolant à l’état ionisé ; traceurs en double arborescence. Sphères jaune-orange en ionosphère. TLE=elphes, TGF=flashs gamma ; sprite=sylphes rouges=méduse inverse=jets bleus. Hydroxyles et hydropéroxyles nettoyeurs. Purple rain. Mots sont fougères=figure de Lichtenberg=arborescence électrique. Fulguration. Enterrement rituel de la foudre avec du sel à Pompéi. Nulle aubépine dans le bocage. Tesla, cette guignolante bobine incarnée par Bowie, sensible comme une chauve-souris, né pendant les orages, se protégeait des vibrations avec un lit reposant sur des socles en caoutchouc.

Rentabiliser loyer trop cher par un taux d’occupation maximum jusqu’aux reproches – Trop pot-au-feu ! – du proprio FN/RN qui s’en vante, ___sieur vautour[10], du dessus pour lui payer sa résidence secondaire chez ses congénères racistes dans le Gard, ses fringues à la Barclay pour sauver les apparences, ses voitures polluantes comme sa 4*4, ses motos, ses vélos et son buggy, ce quad de Crown des-bacs-à-sable sorti deux fois par an jusqu’à faire trembler les voisins du quartier, masquant une retraite chiche après avoir arrêté de travailler à moins de quarante ans – toujours un gamin, le vieux. Pastis & boules – il ne baise jamais le cul de Fanny, même pas celui de sa flanquée=bague=brodeuse=chandelière=fenne=marmotte=panuche=digue=cocodète=douillarde=juteuse=YL=vieille, qui tape du talon et porte la culotte, que le macho engueule tout le temps avec des velléités de démon de midi avouées au creux de l’oreille. Il arrondit sa retraite avec sa rente d’appart’ et son orchestre de reprise de Johnny et Eddy – qui trouve Bowie ridicule -, Delpech, etc. ‘C’sont pas les noirs qu’ont apporté l’rythme qu’ils l’ont d’jà dans la peau, hein ? – Faisant trop de bruit, un voisin, fumant compulsivement du haschich, alors que son proprio, invisible, est flic, se présente, fulminant, en déclarant un duel avec le choix entre la machette et le sabre japonais. Pays d’héritiers en monarchie élective. Suis mouchique à sec. Se camisoler : ourserie. Murs fins comme papier à cigarette – OCB, Oxyde Carton Blindé où elle tire la langue – soit plus un Malaparte[11] qu’un Bonaparte. S’acagnarder. Ailes d’ange anatomique, inspirant Prévert, comme l’aigle de sang, torture viking, en manches derrière.

Un voisin efféminé, la soixantaine sonnante mais pas trébuchante, teint en blonde, moins beau qu’Helmut Berger mais plus que dans La cage aux folles. Assurancetoutrix chante avec une voix aiguë jusqu’aux whistles. Derrière un galandage fin comme du papier à cigarette, un noyé de clopes et d’alcool, un ancien d’assurance gémit – il y a de l’oignon – de douleurs dépressives à peine adoucies en tronchant diverses femmes qui s’exercent à gémir d’autant pour exciter le mâle. Après l’amour pisser sagaie : terminer inévitablement dans le buen retiro=fientoire=une caisse des dépôts et consignations=un numéro 100=être à droite=aller où le roi n’envoie personne=un cabinet des grimaces=aller où le roi ne va qu’à pied=wc où il lâche de l’eau=fait le petit=lancequine=change l’eau des olives=fait pleurer son aveugle=lance=écluse=change son poisson d’eau=quimpe la lance=lascaille=pleut=arrose les pissenlits puis flushe la toilette. Vos luttes partent en fumées. Un couple musulman : le boxeur gémissant se taillade devant sa femme en pleurs. Ils se défoncent sur les lames du plafond, passé l’orage. Boy meet girl, Modern love et plus si lovés.

Jeunette genre, selon les canons actuels (indice de masse corporelle, rapport cuisses/hanche, entre cuisses, taille/seins/fesses), cheveux de jais longs attentivement lissés et talons hauts dans une collection pléthorique de chaussures (Encyclopédie Comprendre la femme : vol. 1 Les pompes), avec force talons aiguilles pour montrer la hauteur de son exigence sexuelle et de distinction sociale avant de devenir un sac à patates en baskets à la Lolita, ébranlant l’immeuble chaque matinée, pour faire comme et appeler le mâle – éthologie -, astigmate comme le télescope spatial Hubble. La fille de militos découvre le sexe via Tinder® avec un chauve style chimio de son âge sien puis une armoire à glace barbue, déjà passé de mode, façon hipster à la Garibaldi pour affirmer sa virilité au poil[12], sur fond de musique radio, mode porno. Faire comme. Les mêmes cris étouffés avec des mecs différents. Faire comm. Cendrillon ne trouve pas Saussure à son pied qu’elle ne prend pas. Une française sur trois est insatisfaite : coq écorné.

Masturbation se généralise. In godmiché we trust. Beaucoup n’ont pas d’orgasme avant la trentaine. Travail ton périnée, travail ton périnée dit le coach périnée. 80 % pratiquent la fellation – proscrite chez les romains pourtant amateurs de vulves de truie persillées, car perçue comme une soumission. 50 % se font taper dans le Gnafron=prendre la voie italienne=se font postillonner=tarauder la bagouse=se font faire un petit ramonage de printemps=passer par l’entrée des artistes=le trou du souffleur=jouent à fesse-Guignol=se font faire con cocu=se font besogner la ragougnasse=taper dans l’oignon=enganyméder=rejoindre le carrefour des enfants perdus=se font taper dans la moelle=redresser la colonne vertébrale=se le font faire au cold-cream©=s’en prennent plein le couloir à lentilles=se font retourner la médaille=déplisser la rosette=taper dans le pile=baptiser à la bonne adresse=se font retourner le continent=frapper au buffet=casser le verre de montre=se font baptiser poste restante=baguer le pigeon=ganymédiser=prendre du moulineaux=prendre du rond=se font mazouter le pingouin=taper, ouvrir la boîte à pâté, à ragoût=donner un bouillon pointu=retourner comme une crêpe=vont à la moutarde=se font fourrer le Choco BN®=bourrer le Nuts®, le Bounty®=se font faire une visite guidée des usines Suchard®=une petite grignote coupe-faim=aiment la terre jaune=se font, comme l’écrit Proust, casser le pot, en progression – trop important chez les maghrébines (=cheviller à l’orientale) forcées de rester vierges (hymen recousu). 20 % baisent avec un casque sur les oreilles – l’étude ne précise pas si le son est coupé ou, s’il ne l’est pas, si il s’agit de musique, de personnes qui parlent voire des sketchs.

Le Père Noël[13] est lassé des cheminées, les rennes en extinction – échappés du Kvarnen en Södermalm – sont en grève, la zoophilie augmente tout comme le cancer du gland -Pey évoque ces canards, mis dans des tiroirs, enculés dès la tête coupée dans le sud-ouest. 40 %  des hommes se pognent au travail, 30 % des femmes : clavier pas tempéré. Le tiers des cadres font l’amour pendant le télétravail. La norme depuis ladite libération sexuelle. Difficile liberté. Injonction du jouir, le culte de la performance. Mode échangisme puis sado-maso ou le rêve en catalogue CAMIF®, Jacquie & Michel® comme Jacob & Delafon®, Marx & Engels. Au pays du chocolat, la femme préfère lesdites douceurs à l’amour. Un bon placement.

§ : Etre en résidence d’artriste confiné chez soi, rester actif en appartement conspiratif. Se cantonner. Sauter de coin en coin, de résidence en résidence en reconstituant mentalement Le tour de France par deux enfants. Se lancer à soi-même des commandes. Cumuler des dossiers imaginaires avec détails bureaucratiques, noir sur blanc, pas de fiches comme Vlad-Sirine ou le structuraliste Roland Rien-ne-vaut, le barde sans roman. Postuler pour un salaire à vie, même avec pédophilie avérée, vantée dans les livres financés. S’inventer un label scandaliste© & atterré : tout est bon dans le choCon. Etre à soi-même son propre atelier d’écriture. Toute création, peu propre, génère son propre écosystème. Escarres guettent now. Comme cosmonaute Gagarine. Son ADN mute en cours de route, tout est relatif. Tous des indiens. Retour à. Maladie familiale. Systèmes immunitaires affaiblis, amygdales enlevées. Partout dans les fers[14]. Epidémies et épizooties dehors. Coronakrach. Exponentiel. Toux automnales. Nombre atones. Gastro trois étoiles, rhino féroce – là où il y a des gênes, il y a du plaisir, grippes, angine – Stone.


[1] Après Frau im Mond de Lang, les chinois ont envoyé un enfant dans l’espace alors que les USA ont donné enfin sa chance pour la première fois à un trans.

[2] Jehanne d’Arcy façon La bataille du siècle avec Laurel & Hardy et la scène finale censurée d’Adam dans Le Dr Folamour.

[3] Selon Martin Amis, « Non, je n’aime pas ses pièces. Dans La Transparence des choses, Nabokov décrit un ermite assis nu sur un siège de toilettes déglingué. Il suggère que cette image à elle seule résume tout le théâtre de Beckett. Ces lignes m’ont toujours fait sourire. »

[4] En soulever un, ça rote : en faire courir plusieurs à la fois, contrairement au conseil de la studieuse Sarraute.

[5] Etre ou ne pas être où être n’est qu’un verbe.

[6] Ishaghpour, Youssef. Le poncif d’Adorno. Le poème après Auschwitz. Paris : Editions du Canoë, 2018. 91 p.

[7] La poésie, par essence intermédia (aède, troubadours, comptines, glossolalie, chanson, poésie sonore, visuelle, électronique) selon Philippe Castellin à la suite de Dick Higgins, utilisant les divers systèmes de communication, se doit de s’opposer à la communication, de l’interroger. Elle est « Une machine de destruction de la langue majoritaire. » (Frank Smith).

[8] Certains perdurent comme S. Calle, V. Mréjen et L. Mauvignier.

[9] Héraclite in Dumont, Jean-Paul (éd. scientifique). Les Présocratiques. Paris : Gallimard, 1988, 2004. Bibliothèque de la Pléiade. p. 160-161. Selon Hippolyte (Réfutation de toutes les hérésies, IX, 10 où le prêtre d’Ephèse précise : « le feu est doué de conscience et cause de l’ordonnance de toutes choses. »), le nom de foudre est donné au feu éternel.

[10] Curieuse confinité, Neighborhood d’Arcade fire sur Funeral après Fuck the neighbors d’Iron Reagan.

[11] Quoique sa villa à Capri dans Le Mépris de Jean-cul God suscite l’envie.

[12] Des bactéries dans la barbe – le Père Noël, rénové par Coca® dans les années 30, est une ordure.

[13] Il a été l’objet de vives polémiques après avoir été brûlé à Dijon à cause d’un prêtre, qui a eu la moutarde qui lui a monté au nez, désavoué par l’Evêque du cru, Cesbron contre Barjavel, Cocteau – ce soutien de sculpteur nazi en son vernissage choquant Jean Marais – contre Mauriac, Lévi-Strauss y a été de son étude ethnologique, Dolto également, l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Dijon l’ayant définitivement réhabilité.

[14] Césarienne généralisée, souvent de confort, n’arrange rien et encore moins le corps de la femme.


[Manuscrit] Sales rêves (#épisode 13)

Longtemps l’impression, malgré l’enfilade de mouillantes=bouillantes=soupes avec des lettres d’alphabet, de ne pas savoir lire=comprendre les imprimés à cause de diverses méthodes scolaires[1], sujets d’âpres débats comme la France les aime, au gré des déménagements et des changements politiques. Ratures littérales = litté-rature[2]. Peur de crucifier les papillons-mots, eupithecia nabokovi, bulles de savon irisées en vanité, pâte-mot selon SokraTe mort en costard, dont la grammaire, truffée d’exceptions comme le brie=côtelette de perruquier, de vache, de menuisier=entrecôte de lingère, de brodeuse – ce «roi des fromages » selon Talleyrand au Congrès de Vienne -, méldois (AOP), meluniais (AOP), columérien du tout, nangissien et tien ou provinois, est un mille-pattes. Seule l’odeur âcre des livres anciens, hérités dans la bibliothèque d’acajou, avec confiture d’abricot=beurre d’oreilles=cérumen sur pattemouille en peau de siamois, comme encaustique afférent comme le parquet de bois craquelant, chevauché prudemment avec des patins infligés par une TOC du côté du Pont de la Révolte dionysien, vers chez Cavanna, l’embaumera. Chaque volume exhale un parfum différent. Inégalité soucieuse[capital culturel].


[1] Les méthodes d’apprentissage de la lecture varient, de la globale ou reconnaissance automatique des mots par entrée de mots entiers et l’anticipation ou la devinette de leur sens d’après Decroly, Freinet et Foucambert à l’apprentissage syllabique et phonologique en passant par les méthodes de lecture mixtes. Avec le temps, comprendre que l’école ment, dépendante du savoir contemporain : la localisation du goût dans la bouche se révèlera fausse ; la composition de l’atome comme système planétaire, comme une première topique psychanalytique, est une erreur ; rien sur La Commune, la rafle de Marseille, même si l’esclavage ou le colonialisme pointent enfin dans les cours d’histoire.

[2] Littérature est un des rares mots dont l’étymologie est ignorée. Humour français ?

Caresser le dos, la couverture, pour le Daumal. Shön brune Say Say Say Shōnagon. Passe ton Bashō, banane ! Faire les Feuillantines. Chemins verts de Greenaway qui ne mènent parfois nulle part, no way out Hölderlin en sa tour. Wozu ? To lose, en ville rose, Losey blacklisté – vil. Beauté des plats en reliure dorée sur tranche avec nerfs. Microcosme des pages de garde marbrées. La monomanie du maroquin détectée chez le baron hollandais Westreenen van Tielland.

Les pages réunies dessinent parfois une figure sur la tranche. Flipbook=folioscope=feuilletoscope=feuilleur fait flipper – pouce. Spins. Une bibliothèque est un tout organique, en évolution, qui crée son propre écosystème. Mots en chats de Schrödinger ou du Cheshire. Le bibliomane de Nodier, le Dico des mots du sexe. Spinoza encule Hegel, Hipparque nique Ptolémée, Rimb’ encule Verlaine[3], Philosophie de la misère et Misère de la Philosophie, Marx nique Proudhon, France sodomise Proust, Fantaisie militaire. Bière et mise en bière. Le dico du diable comme bible[4]. L’érudition est une poussière tombant d’un livre dans un crâne vide. Des tapisseries causent vieux françois lors de la guerre des ligues. Le grand couloir au Vatican s’anime avant la chapelle Sixtine – !Zitti Shut up crié et répété en haut-parleurs. Hapax. Jeff Séquelles et Jelle de Bour. Une partition ronéotypée trèspeulue par un obscur catholique polonais en Suite suisse : Du triunisme en tapuscrit, l’ère de trois n’aura pas lieu. Apax. Isthme d’-ismes. Suis-tu ?

[§ : ? – : En moi, coule l’Arno. Jamais vecchio, le ponte. Le fleuve charrie la boue du réel en son épaisseur en tableaux synoptiques dans Calculs[3] que corrobore le Cinéma intérieur de Naccache. Vitesses : paradoxe de Zénon. Que nul n’entre s’il n’est schmidtomètre. – Sujet pour thésard : confronter la conception du temps chez Bergson et Schmidt (notre autodidacte hurlerait de rire !-)) – Anneaux de Berechnungen. ? : Sa tératologie — Entre autres : trilogie des Enfants de nobodaddy + Soir bordé d’or : une farce-féerie : 55 tableaux des confins rust(r)iques pour amateurs de crocs-en-langue. Hommage à Nadeau et alii jusqu’à Tristram (: éditeur, race tant adorée par schmidt !). Entrer en schmidtie, c’est se nourrir du rire du chaos en jubilation des mots ; la peau du monde à l’étal noir sur blanc ; digresser en abîmes ; plurivers singuliers. Après Sterne, c’est la star. —

Schmidt, c’est comme Dupont, Martin, Moretti ou Smith ? – : Oui mais celui-là est vraiment spécial. Pasbanallebougre. Chancelier Helmut ~ — ! Les journaleux écrivent : c’est le Joyce allemand – cliché ! cliché ! Schmidt, c’est la cantatrice chauve à la voix discordante de l’Allemagne. Supernova du crépuscule. C’est l’escrimeur qui touche juste, toujours. D’où la ponctuation inédite et adéquate. Nicht die nacht notte nicht die nacht night nicht die nacht noche. En chambre de discernement avec force remue-méninges, trotte à toute vitesse la phrase de Celan « La mort est un maître d’Allemagne. ». Schmidt tripote l’humus de la mauvaise conscience allemande, déterre les cloportes au grand jour. C’est celle-là, la voie de la cantatrice. Schmidt est un solœil lucide. Les journaleux écrivent : le Bern hard[5] allemand – cliché ! cliché ! Une lampe de poche dans le tunnel d’Oxydant. Jean Wahl Jean l’a écrit son Malheur de la conscience dans la philosophie de Hegel, l’élève juif de Bergson, introducteur d’Heildegger en France qui refusa de serrer la main de Martin. Il l’a évité de justesse l’arbeit macht frei grâce à un royaliste membre de l’Action française. De la transascendance chez Schmidt, affirme le thésard. Mais qui en _rance – depuis bien longtemps, notre pays a perdu sa majuscule – aurait les c_______ de dire que nous sommes un pays profondément antisémite ?? Où sont nées les idéologies totalitaires ,, Qui ? ! Pendu haut et court _ . Oui, oui la patrie des droits de l’homme, bien sûr. BHL ? BHV de la pensée. Schnaps Schmidt brûle les boyaux pour notre plaisir.

 A défaut de GWF, parlons de JW von. C’est sans pitié qu’il le cancelle. Quel culot, l’Arno ; c’est revigorant. Il lui préfère Wieland, Holberg, Moritz, Schnabel, Tieck, Wezel, Cooper, Swift, Scott, Cramer. Etre noir d’amis d’entre temps : la librairie d’autodidacte, son château Eyquem ; à la main Magna servitus est magna fortuna. Il va vers l’épiquaresque, l’ours du lande de Lunebourg – ça sonne, ça : ♪ lande de Lunebourg ♫ lande de Lunebourg. Mieux vaut Fouqué que Fouquet. Alors, il s’y consacre, l’enfant terrible. Il traduit Cooper more and more. Et problèmes pour pornographie, pour remises en cause – censures encore et encore. Arno passe outre les on-dines. Il est comptable à personne, l’exhaustif. Un esprit libre – la liberté a un prix. La droiture du subversif : Schmidt & Wesson. Se con  fesse au renard. Schmidt = posture.

Un jour Beckett conseilla à Federman d’écrire à fond sans se soucier de. D’outre-tombe ;;depuis 1979 ; A.S. intime. Et j’ai tiré la bonne carte : « Poète, écris à coups de poing », c’est dans Aus dem Leben eines Fauns – ça c’est comme gravé là. Arno m’a légué le courage d’écrire, d’aller jusqu’au bout sans concession. Cryogénie au panthéon personnel. Serendipity. En moi, coule l’Arno. Mon maître est venu d’Allemagne « Un crime derrière chaque mot ! » écrit Novarina[6] dans Le drame de la langue française dans Le théâtre des paroles. Arno, c’est de la bonne. Les débuts de phrase sont des injections – ! sic : dixit lui -, un fixe sur papier. Les mots sont en guêpière. Et là, c’est l’extase. Arno est un contrepoison en cornue. Arno abat les cloisons, les murs, même de Berlin.

! : Et la poésie, quelle poésie. La lune est déclinée comme jamais, comme jamais – lande de Lunebourg. C’est mordant, c’est tordant. Bargfeld follies. Télécharger son Riehl player – travail de titan pour la traduction dudit. Il est dur de restituer le réel digéré et vomi d’Arno – de Lillo rêve d’écrire un livre sur trois minutes de la vie d’une personne avec sa somme d’affects, avec les sommes de nos nous. Arno l’a fait. Pour paraphraser Adorno : il est impossible d’écrire après ArSchmidt. Arno est un passeur, Jirgl – prix Büchner – s’en inspire. Arno est le ponte vecchio, frais debout. Un jour, un magnat lui donna la $omme égale au Nobel. De la dynamite car c’était nécessaire, Arno. an = bn + cn. Il inciterait presque à me mettre à l’allemand – ne pas connaître uniquement blaß mir einen. Premier mot : weltanschauung. Puis : volksgeist. Arno militerait-il pour le maintien du ß ? Parles-tu le Schmidt ?]

§ : La basse de Flea des Radote chili peppers. Etre à sauts et à gambades avec vitesse[7] à la Tsvetaïeva en mode urgence, à la façon de l’éborgné à coup d’agrafeuse, Tex Avery – Gimme some more de Busta Rhymes, de blocs piochés dans un Pet words à la Good vibrations des Beach boys, dont Brian Wilson, ou dans le Journal de mes sons de Pierre Henry, des connexions inédites du logiciel son en acousmonium de pièces d’Aperghis et de LouBez, de John Zorn en buvant Eyquem[8], ce célèbre auteur d’un livre sur le rugby[9] sur l’ongle, Les essais, inspirant Proust[10], dont l’intérêt, outre d’interminables descriptions[11] dignes d’un collégien maladroit[12], inspiré par l’historien d’art anglais, éculé jusque dans sa grammaire et sa syntaxe, un skin russe ennemi de Whistler, est la translation de sens et de sensations sur fond, à compte d’auteur avec force complaisances et lobbying[13], de critiques de salons[14] et sexualités[15] en société en mutation, anticipant le sexe des modernes[16]. Gare ! Montagnes russes avec ou sans cigarette. Mieux vaut profiteroles que paperoles=béquets=post-it® [inserts : copier/coller]. Jean Sans œil n’a qu’un œil. Proust générera nombre de pseudo[17] – légitimation – en République des lettres. J’ai pleuré quand j’ai terminé La Recherche, dit-elle. Manger avec Houang (Kia-tcheng), ce chinois, prêtre catholique à Saint-Eustache, spécialiste du bouddhisme en France, des ravolis chinois magnifiques, complexes, au goût multiple chez Du côté de Tché-Souan.

A la recherche du pain perdu, ce french toast. Ne plus petit-déjeuner depuis la révélation que, en palimpseste, la madeleine fut, dans une version antérieure, du pain rassis, grillé, une biscotte[18]. A sa décharge à 320v, le grille-pain est l’invention complexe la plus inutile de l’anthropocène ; les archéologues du futur, perplexes, s’interrogeront sur la fonction et l’utilité de cet appareil. Les plombs ont sauté. Les hommes politiques sont des fusibles. Perfection par le taxidermiste : un lapin mort, élevé en cuniculture, transformé en grille-pain. La carotte[19] est trop sucrée pour être mangée par un lapin. What’s up, Doc ?

§ : Phrase-protée en plasticité du cerveau via les cellules gliales et les neurones miroir saisie par le Professeur Simon, Nobel, peintre d’abord, Naccache bono. Maître hérisson[20] creuserait le même sillon, soit. Préférer les renards, les éponges sado à la Picasso, Schwitters, Dylan, (pute) Bowie, Kubrick, Björk, la création toujours renouvelée. Tendance musique fusion. CyberLab©. Etre conçu sur In a silent way de Miles pour bavard.e – à part Bernardo chez Zorro en hommage au ciné muet, l’humain prononce 16 000 mots par jour en moyenne. Mala est là.

La poussière entre les pages jamais ouvertes déclenche derechef une allergie. Chiures d’acariens à vue de nez. Ileli est asthme. Y viendra aux livres électroniques : la santé et le manque de place. Ancien et nouveau cohabitent, un classique : oral-manuscrit, passage dénoncé par Platon, manuscrit-imprimé, ce dernier imitant cela puis devenu indépendant. Ceci tuera cela. Le petit immortel goncourisé à moustache ou koala[21] – à force de s’arracher les cheveux – au pseudo emprunté à Le rivage des Syrtes de Gracq et sa dénonciation de la littérature sans estomac -, fit faillite – avoir raison trop tôt.

Faire courtine avec les pages attachées. Shibari à gorge déployée. Cyprine noir sur blanc. Plaisir des découvertes. Sens s’arrache. Illusion de l’osmose. Croyance magique : la totalité du contenu d’un livre aspirée d’un coup d’œil. Le MIT développe la caméra à rayonnements térahertz avec algorithme – encore un – selon la fréquence émise par la page fermée dans le livre. Ses préférés livres sont sous blister comme l’ultime, érotique, du suisse Ches$ex. Le Bayard évoque avec sapience les livres non lus pour le dîner mondain. Ça s’imprime, là, le livre. Révélateur. Lis assis dos sur lit. Tu me dis comment tu t’installes en lisant, dans quelle position et où, je te dirai qui tu es. Lit est page : de naissance à roupille dans le nanot=grand=pageot=portefeuille ; commencer en couches et bavoir, en landau, terminer, 8e incontinent, en couches, déambulateur, en fauteuil roulant puis expirer seul en linceul entre murs blancs[22] : l’humain fait sa rêvolution. 2001 L’odyssée de l’espace, inspiré du non polaque Ikarie XB1 avec les intervalles atonaux, concurrencé par la commande de l’URSS[23]. L’homme n’est que poussière, c’est dire l’importance du plumeau selon le chroniqueur de La Montagne, traducteur du fantaisiste Kafka Et c’est ainsi qu’Allah est gant, Fuzz.


[1] Deux coups de feu, dormeur Duvel®, deux doigts de whisky.

[2] Le livre des livres ou ce best-seller reboot.

[3] Cf. Roses & poireau. Un nouvel apport concernant les flux de conscience semble décisif comme la première vague au XXe siècle, sur fond de freudisme, avec l’écriture automatique, et de psychologie comportementaliste de James : Faulkner, Joyce et Woolf.

[4] Pour paraphraser Martin Amis à propos de Tom Wolfe : « On dirait que sa machine à écrire ne marche pas bien. On soupçonne un fonctionnement défectueux de la touche “répétition”. »

[5] Ce dramaturge, poète et dessinateur, méritant le prix Nobel, a été porté sur scène par Maréchal et sa compagnie du cothurne sur la colline à Tôkyôto©. Le metteur en scène et acteur fera ses adieux à la Criée à Phocée en cabotinant dans un seul en scène, Falstafe.

[6] Dramatique d(r)omotique de Virilio.

[7] A-t-il été mangé par les poux et la gale voire la vérole, ce collectionneur de calculs, dans la tombe de plomb dans les réserves ou le cénotaphe du musée de Bordeaux – s’il s’agit bien de lui ?

[8] Cette ville où étudia brièvement et avec souffrance Lewis Carroll.

[9] Ce « psychologue original » (Le petit Larousse, 1925). Ni dieu ni maître ni naissance ni animaux dans son œuvre.

[10] Avec une phrase record de 931 mots et, avec une moyenne de 35 mots par phrase, Proust bat Mme de Sévigné (32), Chateaubriand (28) ou Stendhal (24) mais pas le Huysmans d’A rebours.

[11] Il n’y a pas que les pavés de la basilique Saint-Marc de Venise qui sont inégaux (à noter que dans l’avant-nef, la mosaïque de la  Création du monde magnifie, selon Lacan, « sublimement l’idée infernale de Dieu » imposant à l’Adam Kadmon (le Un), de la kabbale en illustration de couverture, d’avoir une compagne issue de son corps (Un divisé en deux), inspirant le $/a dans La logique du fantasme (Le Séminaire, Livre XIV, 1966-67 avec force schémas pseudo scientifiques, logiques notamment avec le paradoxe de Russell, la structure algébrique de Boole, les intersections de De Morgan, les calculs de prédicats de Frege, la théorie des ensemble de Cantor, la topologie des groupes de Klein). Proust torturait, selon la légende trop belle, rapportée par l’homme de Chaminadour, Jouhandeau (La vie comme une fête, Entretiens. Paris: J.-J. Pauvert, 1977, p. 139-140) – mais comme le suggérait l’us-irish Ford à travers une réplique de L’Homme qui tua Liberty Valance (1962), imprimons la légende -, des rats avec une aiguille de chapeau, qui finissaient par s’entredévorer, dans le bordel homo, l’hôtel Marigny, tenu par Albert Le Cuziat.

[12] C’est son côté proustitué, Proust ma chère comme le personnel disait en commère au Ritz. Le questionnaire de Proust n’était pas sa tasse de thé.

[13] Wharton, ô Hyères – ville adorée par Stevenson -, beaucoup plus douée, adaptée en 1924, 1934 et surtout par Scorsese pour Le temps de l’innocence (The age of innocence, 1993) avec les ultimes Bass et Hermann. Elle rend hommage à Proust en ces termes : « exquise délicatesse de touche ».

[14] Un bottin de Qui suce qui ?, voire plus. Quant à Totor, c’est l’ancêtre de Tintin.

[15] D’Eric Marty. Colette, – « autresse », entre autre, de Le pur et l’impur, aidée par le partouseur mari Willy, initiateur, qui l’exploita -, loua chez Proust sa description de l’inverti notamment entre Jupien et de Charlus.

[16] La Donnadieu, fille de prof, se révèlera une piètre analyste de Proust, ce passage obligé. La Quierez a écrit des romans surannés avec passé simple et imparfait du subjonctif pour Bonjour sesterces, d’après le dionysien Eluard – cette copie ennuyeuse de bonne élève -, en absence complète de psychologie, loin de Camus et Beckett tout en captant l’esprit du temps, pied nu sur le champignon de la Jaguar® dont les médias étaient friands, jouant à la pétanque avec Pompidou à Brégançon, Mitterrand devant financer la ruinée par le casino et la drogue ; sa seule œuvre, révélatrice de sa générosité, sera son interview hilarante par Desproges.

[17] Selon l’écossais Stevenson – fin observateur, les français savent beurrer le pain toujours du bon côté – leur côté cartésien, sans doute. Quelle ne fut pas la surprise d’apprendre également que Nirvana envisagea, pour la pochette de Nevermind, d’accrocher à un hameçon dans la piscine un CD, steak, burrito, billet attirant un bébé qui demandera, trente ans plus tard, réparations pour pédopornographie.

[18] Un fruit selon les Portugais.

[19] Partition créée par I. Berlin, à propos de Tolstoï, reprise par S. Hoffmann.

[20] Homme à femmes, petit-fils de Monsieur Maille qui m’aille, neveu d’un banquier, gendre d’un éditeur de Gallimard, extirpé de son bateau, le breton qui édicta une charte des valeurs pour Bolloré avant de se rebeller contre lui en un pamphlet vieillot – pardocadémin, voltairien – qui ressemble à un coup d’épée d’académicien dans l’eau en espérant réinventer la roue, le bobo sherpa-qui-ne-sert-plus, économiste des matières premières qui lui donnent la moutarde au nez, d’un résident florentin PS, nul en économie, amateur de Barrès, Chardonne, Rebatet et Morand.

[21] Sauf la crémation généralisée – l’une fit un cake avec les cendres du grand-père ; BOUM-BOUM, l’autre CRAC-CRAC les mit dans une urne miniature dorée dans son gode 21 grams Memory box© par le designer hollandais Sturkenboom, transparent et personnalisé -, polluante, avec le retrait du pacemaker atomique sinon crématorium BOUM sur Crematorium music d’A. Bustead – gain de place pour pain de glace – pour finir en Soleil vert comme compost. Selon une étude de 2017, l’inhumation émet 3,6 fois plus d’équivalents en CO2 que la crémation et représente 11 % des émissions sur un an, contre 3 % pour la crémation.

[22] Solaris de Tarkovski détesté par l’auteur polack Lem.


[Ciné, Eo] Donkey is a key

Eo est une belle fable picaresque et écologiste, à l’esthétique expérimentale, sur la condition animale et l’ânerie de l’homme.

« Je me suis concentré peu à peu sur la condition animale parmi les hommes. Ce film est devenu un chant d’amour et un cri de protestation pour les animaux, pour changer nos attitudes et le traitement que nous leur infligeons. » affirme Skolimowski qui a le génie pour capter l’esprit du temps tout en lui donnant un coup de pied de l’âne.

Avec steadicams et tracking shots, la caméra est alerte pour un rendu au petit format, quasi carré, comme lors du cinéma muet. Jerzy, cet octogénaire en armoire à glace, qui fut poète, éclairagiste pour concerts de jazz, batteur, boxeur et acteur, nous revient en pleine forme filmique, s’extirpant de sa peinture en pleine forêt en Mazurie (Pologne). « Et que je peigne ou que je tourne un film, c’est la même chose : je choisis toujours une couleur dominante. Ici, je n’ai pas hésité une seule seconde. Le rouge symbolise le sang, et plus précisément le sang des animaux, qui à un moment du film forme une rivière. ». Avec l’homme de Lodz et sa célèbre école de cinéma, où il rencontra Polanski pour travailler sur Le couteau dans l’eau (Nóz w wodzie, 1962) et le prochain The Palace, une comédie noire tournée à Gstaad le soir de la Saint Sylvestre à la veille du nouveau millénaire, le rouge est mis, son fil rouge étant le carmin comme Pialat travaillait le bleu dans Van Gogh (1991).

« J’en ai assez des films chronologiques et des performances d’acteurs qui en font toujours trop. » déclare Jerzy, rejoignant ainsi Au hasard Balthazar (1966) du sobre et hésitant Bresson plus intéressé par le parcours christique, une passion, de l’âne (les 7 péchés capitaux : l’orgueil avec l’instit’, la paresse incarnée par les voyous, la luxure avec Marie, la gourmandise avec l’alcoolique Arnold, l’avarice du marchand de grains, la colère de Gérard et Arnold et l’envie avec le dresseur du cirque) dont Tavernier, ancien attaché de presse, affirmait dans son Voyage à travers le cinéma français (2016) que les actions se succèdent autant que chez … Tarantino ! Voilà qui nous éloigne enfin – et ce, pour moins de deux heures – de cette pléthore de films nombrilistes d’autofiction jusqu’à Armageddon time de Gray (2022) compris – on s’en fout de sa vie, d’autant qu’aucune universalité ne se dégage à part, peut-être, le racisme et les relations familiales. Peu de dialogues et d’acteurs, Kasandra, au prénom prédestiné, jouée par S. Drzymalska, sera sa Âne Wiazemsky ; la surprenante Huppert, transformée par la chirurgie esthétique, en aristocrate italienne décadente, incestueuse et blasphématoire, dans une scène incongrue, la bankable, en demande – où n’est-elle pas ? -, étant probablement imposée par son agent et les crédits du Latium. Les héros, salués par le metteur en scène recevant le prix du jury à Cannes 2022, ex aequo avec Les Huit Montagnes (Le otto montagne, F. Van Groeningen et C. Vandermeersch) sont les ânes : Tako, Hola, Marietta, Ettore, Rocco et Mela. « Mais l’âne, lui, est parfait tout le temps, égal à lui-même, car les animaux ne jouent pas. Ils sont. Ils ne se perçoivent pas en train d’exécuter quelque chose. Il n’y a pas de meilleur acteur que cela. »

Eo (Hi-Han) de Jerzy Skolimowski avec Sandra Drzymalska, Isabelle Huppert, Lorenzo Zurzolo

Un générique époustouflant de rouge paré. Un âne inanimé, ressuscité par l’équilibriste Kasandra, sur un mouvement stroboscopique rouge, dans un cirque animalier de province, Orion. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, des militants de la cause animale – bonnet d’âne ! – libèrent l’ongulé, traumatisé de la séparation avec sa maîtresse, cette femme qui murmurait à l’oreille de l’âne, la seule personne aimante du film avec son muffin aux carottes pour son anniversaire, avec les enfants handicapés. Commence alors un road-movie, une odyssée, un Donkey Kong, de la Pologne à l’Italie (Lazzio) au gré des financements, avec diverses séquences, structure non linéaire assez souple pour parer aux complications dues au Covid, où trois directeurs de la photo se sont succédés. « C’est probablement le film le plus difficile que j’aie jamais tourné, mais, dans la tourmente, nous étions aidés par son côté fragmentaire, composé de séquences très indépendantes. » renchérit Jerzy. Nous retrouvons l’articulation entre l’animal et la machine avec la casse auto, prétexte à composition picturale, la chorégraphie du chien-robot arrivant comme la séquence des lapins dans Inland Empire de Lynch (2006), la splendeur de la nature, de la forêt notamment, comme dans Essential Killing (2010)  avec les variations sur la fuite, Gallo en afghan en cavale, sur le blanc avec des travellings sidérants de drone, d’une rivière et d’une nature, belle mais inquiétante, avec la chouette, autre animal philosophique, une araignée, un renard figé, un loup qui hurle, animaux de contes – une scène bien plus réussie que celle, artificielle et irregardable, dans La nuit du chasseur (The night of the hunter, C. Laughton, 1955, d’après Grubb) -, un nuage de chauves-souris échappant d’un tunnel, une nature animiste expurgée du catholicisme lourd de Malick, le rapport cheval – au ralenti, en majesté puisque l’équidé est à l’origine du cinéma avec le chronophotographe du physiologiste E.-J. Marey qui en étudia le mouvement pour étendre ses études à d’autres espèces dont l’homme – / âne – en retrait, observateur, révélateur comme Candide de Voltaire ou le prince Mychkine, l’idiot de Dostoïevski. Foi de Pastoureau, la symbolique a inversé le rapport tout comme l’ours a été détrôné par le lion par la chrétienté, qui censurait l’animalité dont les proéminents attributs génitaux de l’âne. Beauté technique, l’éolienne, avec qui nous tournons dans un magnifique paysage toutefois dénaturé par l’icelle, s’avère mortelle avec cet oiseau mort tombant fauché. L’aube rougeoyante, un barrage hydraulique en pierres régulières crachant de façon symétrique les flots. Sous les voûtes dans un village typique et désert à la Delvaux, l’âne s’arrête devant une vitrine avec un grand aquarium plein de poissons. Dans une scène comique, des pompiers l’arrêtent. Une réfugiée est prise par un camionneur tatoué amateur de métal ; un inconnu le tue sauvagement.

Il existe deux façons de critiquer la société : le polar ou la SF, prétexte à description sociologique souvent acide ; l’autre, extérieur et observateur, des persans, un e.t. ou un âne. Mascotte d’une équipe de foot victorieuse, l’âne est tabassé par les mauvais perdants – haro sur le baudet. Un discours – « Asinus asinum fricat » (« L’âne frotte l’âne ») – rappelant la ridicule période communiste qui valut l’exil à Jerzy suite à Haut les mains ! (Rece do góry, 1981). Un couloir, avec des cages pour animaux destinés à la fourrure, contre laquelle le monde de la mode a fini enfin par se rebeller, remémore le couloir de cette curieuse piscine initiatrice dans le magnifique Deep end (1970). La fin, l’abattoir au milieu des vaches, remémore tant les camps de la mort où a fini, entre autres, le père, résistant polonais, de Skolimowski, que les magnifiques scènes de troupeaux à Abilene dans divers westerns. Beauté et mort, un indémodable pour une courte et intense expérience esthétique dans un conte moral, au sens noble du terme. Le tout sur une magnifique musique du compositeur P. Mykietyn, auréolé du prix Cannes Soundtrack. Un film immersif proche de l’art contemporain, comme Bardo d’Iñárritu. « On peut dire qu’il s’agit d’un poème ou d’un récit moral. Ou bien d’un essai philosophique, en effet» conclue Skolimowski.    

Eo, Jerzy Skolimowski, 1h26, couleurs, Pologne / Italie ; Tako, Hola, Marietta, Ettore, Rocco et Mela ; Sandra Drzymalska, Lorenzo Zurzolo, Mateusz Kosciukiewicz, Tomasz Organek, Isabelle Huppert.

[Ciné, Netflix] Cogite Bardo

Un choc rare

Bardo est un film total, un gros choc depuis 2001, l’Odyssée de l’espace (2001 : A Space Odyssey, Kubrick, 1968) : une expérience de vie. Comme le 8 ½ de Fellini (1963), il narre itou. « C’est la première fois que je m’essaye à un film sans structure», « C’est très difficile de faire un film qui n’a pas de centre gravitationnel. » déclare le mexicano-américain au tournant de sa vie et de sa carrière artistique. Daniel Gimenez Cacho (La Mauvaise éducation, La mala educación, P. Almodóvar, 2004, Blancanieves, P. Berger, 2012, Memoria, A. Weerasethakul, 2021) est le double d’Iñárritu comme Marcello l’était avec Fellini au point qu’Iñárritu souligne que, tout comme lui, l’acteur, qui s’approprie totalement son rôle, est marié depuis longtemps, a deux enfants. Inspiré par Buñuel et Borges (« Borges a toujours mélangé le temps et l’espace de manière labyrinthique. C’est la source d’inspiration pour moi. »), Iñárritu vous immerge totalement dans son univers grâce à de longs plans-séquence en grand angle, frisant le fish eye (65 mm, 2:39), en demandant à ce que « La lumière cloche grâce à Darius [Khondji] : c’est métaphysique. », une caméra légère, fluide tout en étant en mouvement, des plans soigneusement composés, et à un sound design hallucinant. Il s’y était déjà essayé avec un court-métrage en VR, Carne y arena (2017).

Taillé sur le vif

Bardo est du pur cinéma que tout le monde pourra voir sur grand écran Imax … sauf les français, au grand regret du réalisateur, pour raison, anachronique et absurde, de chronologie des médias. Vive le pays où le cinéma est né ! Essayant de financer ce film sur ses deniers personnels, deux vagues de Covid passant par là, il a dû se tourner vers Netflix, comme distributeur et non producteur, auquel il a soumis ses conditions. Le film durait initialement quatre heures. Suite à la projection à Venise où il avait à peine terminé le montage et les effets spéciaux, Iñárritu a coupé 22 minutes : « J’ai cherché une possibilité de synthèse. Avec les changements, j’ai pu rendre les scènes plus compactes et musclées. Je travaille jusqu’à ce que je ne puisse plus enlever. Il faut rendre plus pur, jusqu’à l’épure. ». Une séquence où le personnage principal se tape la discute avec un chauffeur de taxi à Mexico a été ajoutée. Le film fera donc plus de deux heures.

Un film « guacamole »

Bardo correspond, dans la philosophie bouddhiste tibétaine, à un état mental intermédiaire, qu’il est possible d’atteindre par la méditation, le rêve ou lors de la mort, quand l’âme se détache de l’enveloppe corporelle. Il s’agit ici des trois dernières minutes d’un journaliste mexicain venu recevoir son prix à Los Angeles. Selon Iñárritu, c’est un film « guacamole ». La figure dominante est le cercle comme la spirale de la mémoire labyrinthique : un appartement familial circulaire envahi de sable mexicain, l’éternel retour de la scène d’envol.

Souvenirs, souvenirs

« Il n’y a rien de mieux que la fiction pour raconter le réel. ». Au programme, ses souvenirs comme la disproportion dans la taille du personnage face à son père en géant, les liens familiaux avec sa femme et ses enfants, le bébé perdu qui rôde sous forme de minuscule être rejeté à la mer pendant que la famille y disperse les cendres du nouveau-né décédé, ses hantises, le passé comme le présent sur le plan personnel et historique, avec sa violence, ses discriminations et ses féminicides, l’identité (« trop américain pour les Mexicains et trop mexicain pour les Américains »), les références à la mythologie aztèque avec l’axolotl et le dieu du feu, le succès, la mortalité.

Politique

Le film est également politique : il critique l’impérialisme américain avec un discours sur la guerre américano-mexicaine (1846-1847), avec deux personnages discutant de la façon dont les États-Unis ont acquis la moitié du Mexique pour seulement 50 millions de pesos impliquant un complexe d’infériorité (« Quand tu es mexicain et que tu dis des choses, tu es prétentieux. »), il relate la bataille de Chapultepec, reconstituée avec son château, la guerre des classes, il pose des questions sur la nationalité, le protectionnisme (la scène de passage de la douane à l’aéroport de Los Angeles est marquante), la nature fabriquée de l’Histoire (la mise en abyme avec le film sur le conquistador Cortés sur une pyramide d’aztèques massacrés), d’un pays où disparaissent des milliers de gens, sur la relation de la télévision (l’invitation de l’ami Luis dans son show télévisé) aux sponsors ou sur la méfiance envers les informations.

Rêve et sensations

Le film débute comme Birdman (2014) – un unique plan-séquence virtuose des coulisses d’un théâtre à l’univers mental d’un acteur sur le déclin : Iñárritu réussit, grâce à une scène de vol dans le désert, à nous faire revivre nos rêves, universels, d’envol. Normal, Bardo a été coécrit avec Nicolás Giacobone, avec qui il avait déjà collaboré sur Biutiful (2010). Une scène comique mais profonde, digne de la psychomagie de Jodorowsky : à la naissance, le retour du bébé, ne souhaitant pas vivre dans ce monde, dans l’utérus de sa mère. S’inspirant de Buñuel, « Un film est un rêve dirigé. », Iñárritu déclare «  C’est une expérience sensorielle. Un rêve. ». Il ajoute : « La même histoire va prendre une tournure très différente selon le point de vue adopté. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la réalité d’une situation, mais la vérité qui se dessine à travers la superposition de ces points de vue. ».

Let’s dance !

L’ancien DJ de radio, nous agrémente, lors d’une scène de fête, d’un Let’s dance de Bowie a capella – sans doute pas la meilleure période du musicien. C’est la foule fellinienne. Mon moment préféré est un court passage dans une rue de Mexico où vous traversez une synthèse de la vie mexicaine avec les bruits et les odeurs qui vous envahissent. Ce serait une sensation réussie d’un voyage touristique, c’est  ici le parcours d’une vie dont se dégage un sentiment de nécessité vitale.

Bardo, fausse chronique de quelques vérités, Bardo, falsa cronica de unas cuantas verdades, 2022, mexicain, couleurs, 2h14.

[Manuscrit] Sales rêves (#épisode 12)

Atteint par la goutte[1], façon moulage en cire de Baretta – dont un enasé, un autre à l’air pas beau à la Baudelaire[2] – du musée de Saint-Louis de dermato pathologique pour initier les étudiants ; taches logiques dans Swift par Grandville ayant fini fou à cause de la syphilis, aussi connu dans Innuendo de Queen – tous les chemins mènent au ROM : Freddy art déco, force pop, I want to break free. Show must go on. Boire un Pam-Pam®. L’acide tue la page. Prendre des gants en tissu. Après pso-pss-oasis-ras-psoriasis comme Staline, Updike, Nabokov et Cyndi Lauper, Time after time. La poupée de porcelaine cassée, se méfier des Bellmer. Collectionneur d’Unica, L’homme-jasmin, de curiosa à deux Louÿs, érotomane sodomite[3] en compagnie de la lectrice Musidora, amie de Colette. Moi-peau de vache. Contre-poison, read, read : papier neutre comme le pays du coucou selon Rose Buddy Holly Orson dans Le 3e homme[4] : la Suisse a connu la fraternité, 500 ans de démocratie et de paix. Et ça a donné quoi ? … Le coucou ! L’argent nazi fructifiait pendant le Cabaret Voltaire à Zurich où le voisin Lénine n’est jamais venu ; un commando juif tenta un casse chez les nases, Inglourious Basterds.

S’immiscer dans. Tendance no wash. L’acide tue les bonnes bactéries. Une boîte de Petri de bonnes intuitions. Ecosystème dans les poils paresseux. Quoi de neuf, docteur ? Technique du doigt mouillé, ma belle. Agent de zone humide. Du vent, Joris. Sayat nova. Page humide, livre abîmé. Principe constitutionnel de précaution grâce à la Charte de l’environnement intégrée au préambule. Tourner les pages – sans page Turner, Proud Mary – comme observer les étoiles : passé – poire (turbiné pear, disappear, Shakespeare, Jambonlaissé) avec singularité – se mire. Flashback : les sonorités du mot « convoitise » évoquent sans décesser un conil gentil[5] dans un manuel scolaire éclairé en isocèle par les rayons de soleil, comme les miroirs ardents d’Archimède ou de Villette, à l’inexorable ciel sec en boîte en fer blanc. What’s up, Doc ? Tout se débloquait d’un laps. Rembrandt n’était pas qu’un frigo® sans magnet. Gagnez une nuit devant La ronde de nuit. Secouez, Secouez-moi, boisson à la Tulp, quinquina pour quinquado.

Bruit du moteur du frigo®, gaz rare polluant, le fréon[6], chez chacun.e : émettre de la chaleur pour produire du froid, attention aux éons, Chevalier, aux orgons, Reich. Avec de l’eau chaude, les glaçons se constituent inexplicablement plus vite. Age du congelé ; avoir un coup de vieux quand les musiques d’enfado=d’enfance sont remixées et le vouvoiement énoncé systématiquement par les jeunes qui vous cèdent parfois la place dans les transports.

Moderne catharsis : schéma Z de La lettre volée de Lacan-dira-t-on[7] à la carrière politique éclipsée avec, dans commodités=fiantoir=restaurant à l’envers=cagadou=wc, une maîtresse rousse avec l’atelier de la génération, de Vénus=le tablier de forgeron, de sapeur=le théâtre des opérations=le quartier de devant=la caverne d’Ali baba=l’étui à clarinette=le petit Mozart=le rouge et le noir=la chatière=la crête de dindon=le croucougnou=la moniche=le trou punais=le museau de tanche=le baveux=le sourire édenté=le maître-autel=le beau dédale=le morceau friand, le guillevard=le guilboquet=le sadinet=le guillenard=le calibristi=le middle=le morveau=le trésor à crinière=la berlingue=la belouse=le biribi=le mirliton=le tirliberly=la salle des fêtes=le corridor des braves=la lampe amoureuse=la pièce du milieu=la porte cochère=le vieux grognard, pneu=la ligne Maginot=le petit appétit=l’Empire du Chicotin=la bouteille à miel=le cripsimen=le grobis=le dauph=le lèchefrite=le distributeur Gillette®=le vaisseau accoutumé=l’autoroute du Sud=les demoiselles d’Avignon=le Café aux deux Colonnes=le carrefour des enrhumés=le barathre noir, hypnotisée par Fuzz, disputée avec Whistler[8], L’origine du monde de Courbet[9] derrière le paysage suggestif du beau-frère Masson comme dans l’expo de Jean Clair, Freud, du regard à l’écoute[10] où trônait le baquet de Mesmer. Ayant, selon la formule de Jeanson, fait Kafka dans sa culotte, l’étron=mouscaille=factionnaire=poudre de Diamerdis est la couleur primaire : nous sommes donc tous peintres sans le savoir. Escherichia coli et en entérocoques.

Ring de vie – tératologie, Wagner, Dupuytren : syndrome de Protée, elephant-Merrick[11]-Hurt-man, chez Lynch, salue le rôle au théâtre par Bowie ; côtés rectangle, carré parfois, quatre pour yeux deux, quadrature quelquefois, section Dico des fous littéraires. Espace vital est parallépipède. Jeu de forces. Impossible n’est pas français. Pas de pétrole mais des idées. – Je pense donc tu suis -. Hypoténuse. Théorème limite. Sa marelle à la jamberotte. Peu d’enfer[12] dans la bibliothèque grandissante en arborescence jusqu’à la saturation. Recueils de signes. Etre isocèle. Prendre la tangente : vecteurs. Tir arc tendu. Paradoxe de Russell, les crocs, chemins de la liberté. Gödel, ses théorèmes d’incomplétude en réponse au programme de Hilbert, tutoie dieu.

Force est de constater : n’aime pas lire. Peu scalaire. Aucune congruence. Triste obligation scolaire. Trop d’efforts. Tout prof n’est pas Pennac ou Luchini ; Green lit, comme anglais, Racine et La Fontaine dans son jus – jeu, set et match. Mal aux yeux. Epidémie de myopie à cause de la position de l’oreiller pendant le sommeil. « Epidémie » de glaucome dans le 69. Quadra presbyte guette now. Opération banale de la cataracte sous hypnose à partir du magnétisme animal et harmonia universalis – mesmerising[13]. Constance est plus un lac qu’une vertu où l’amour est plus froid. Mesmer[14], financeur de Bastien et Bastienne de Mozart, sera expulsé à cause de la jeune pianiste aveugle von Paradis – attouchements. Myopie résolue par la dioptrie – Descartes, Scopa ! crie Sordi – la vieille Bette ne crachera pas son fric, j’te fiche mon atout.

Hautecombe, Lamartine sur la réserve depuis la branlée des élections, Tresserve au bord du lac Paul Bourget[15] où se déroule le salon de l’aviation avec les avions renifleurs, des hydravions, une réplique du Concorde®, un Rafale®. La Saint Point du corps matin, de la famille du poète, femme du critique de ciné – « 7e art » – Canudo, prône le viol pendant la guerre dans son manifeste futuriste[16] avant sa conversion à l’islam. Les intellectuel.le.s français.es sont doué.e.s pour la myopie quand les yeux se battent en duel=regardent le diable au poirier=quand un œil dit merde à l’autre=un œil se crisse de l’autre=les carreaux sont brouillés=les chasses sont à l’estorgue – le pire d’entre eux. Jean-Sol[17], concurrençant « cinq minutes, douche comprise », détestait les tomates et révérait le Munster au grand dam des dames. Fallait-il avoir raison avec Aron même quand il craignait l’invasion des chars soviétiques dès l’élection du socialiste-à-dents-longues-limées en 81 avec des communistes dans son gouvernement ?

Duras, cette amatrice de roman-photos – sur Ramona chantée par Tino Rossi -, qui aimait faire dégorger le poireau[18] pour sa recette favorite malgré la main tremblante d’alcool, est l’une des plus grandes comiques du XXe siècle quand la pseudo pythie pour paumé.e.s[19] faisait mouche contre la vitre avec moult descriptions devant le petit cercle ébahi – tout est dans le débit, y compris de boissons ; débile, forcément débile, la duraille, celle qui se regardait écrire et qui filma[20] pour s’occuper et nous ennuyer. Duras-Platini : match vraiment nul, adapté en théâtre, sur fond de We will rock you et We are the Champions de Queen, l’appel contre la pluie à Woodstock[21], « Ce soir, on vous met le feu » d’après la polka transposée du tchèque Polka, Seven Nation Army de The White Stripes, popopopopopopopo. Rien, elle ne donne à dieu mais tout aux autres. Sa voix trafiquée à la fin de sa vie à cause du cancer de la gorge à force de cloper comme dans Alphaville de Jeancul God, L’année du dragon de Cimino ou Cérémonie secrète de Losey.

Livres audio, inspirés par la machine à faire parler les livres avec son je-ne-sais-quoi de métal de Savinien de Cyrano de Bergerac : oralité primordiale. Economiser l’œil, Peter. Difficile de capter le gueuloir, notamment chez pue-la-sueur Gustave[22] pourtant admiré par le russe exilé, synesthésique, négociant avec Pivot, qui le pourchassait depuis des années, du whisky dans une théière pour faire comme, chasseur de papillons et son verrat. Rien sur La chambre obscure de Clouzot sur le scénar dudit russe[23] avec l’aveugle Jouvet torturé par un couple façon La rue rouge de l’autoritaire Fritz FreLang, remake de La chienne de Renoir.

§ : Création est camera obscura. What’s up, Doc ? L’artiste est anarchique et tire dans le noir, selon Mahler[24], et construit des échafaudages dans le vide[25]. Un film avance comme un train dans la nuit. L’artiste est auxiliaire de vide. Pour vivre heureux, vivre caché. Seul Céline[26] abuse des points de suspension[27] pour figurer une oralité reconstruite. Voyage au bout jamais adapté en film.

§ : Rabelais, il a perdu, certes. Icigo, devine : il[28] sort ses gryphes en publiant Pantagruel et Gargantua ; l’éditeur Dolet en douleurs sur le bûcher. Ripolin® Amyot, Vaugelas, fils de juge : barre-les crie Rabelais. Il ne faut pas pousser la grammaire dans les orties, juste la syntaxe. Il faut écrire mal armé, Stéphane, mais avec curiosité et rigueur, comme Beckett, ce La Fontaine d’avant-garde sans moral, qui inventa une langue en décidant, en exil, d’écrire en français. Pas de ci pas de ça, la France ne signe pas la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Bretons, Corses, Occitans, Picards et al. Collectionner les brichetons=mots selon. Sur rivage, saisir les derniers tremblements, comme un principe d’incertitude d’Heisenberg, du papillon rare eupithecia nabokovi au virage. L’avenir de la littérature française réside dans les apports des francophonies, Caraïbes notamment[29], Caramba. Caresser la peau du monde – Prigent récuse cette expression alors que le phénoménologue Merleau-Ponty évoque la « chair du monde » – compte-tenu du paradoxe de Russell et de l’inadéquation des mots au monde – sens sont dans béances. Déjeuner avec Wittgenstein, Ludwig inspire Stein.

§ : Les auteurs de littérature française, soit des bons élèves bien appliqués=poesy, soit des cancres fiers de leur posture, ne savent que recracher leur leçon – avec huître=crachat, achtung Artaud au gamelan contre Bach, ou non. Obligation de clarté, des bons mots, la maîtrise d’une langue unifiée[30], la perfection étroite qui se souhaite, en toute illusion, universelle[31], jeu d’étiquettes et entregent avec carnet d’adresses, classement sec, chacun dans sa case, chacun son stéréotype. Créer, c’est ruer dans les brancards donc ne correspondre à aucun créneau voire, encore mieux, de l’inventer. 

§ : A quand, à l’heure des ordinateurs® quantiques, une création artistique quantique[32] alors que les fondements théoriques ont été élaborés depuis plus d’un siècle ? Certes, « la collusion stupéfiante des mots » de J. Vaché. L’écrivain est-il l’alliancier composant les tissures de phrases protons, avec l’interaction forte entre quarks[33] grâce aux gluons ou les résultats de collisions proton-anti-proton dans un anneau pour hadrons ? Zepto-, yopto-, ronto-, quecto-. A Tôkyôto©, les bosons sont aimées mais pas quand elles sont à cacaboson. La littérature a des années-lumière de retard sur les découvertes scientifiques et artistiques, Bessette (Résumé ou GRP ; GPS de Giorno avec Dial-A-Poem), Gysin et Heidsieck l’affirmaient déjà. Pas assez pertinent, le système standard de physique, bien beau (kalos kagathos), digne de l’astronomie avec les épicycles chez Apollonios de Perga, Hipparque et Ptolémée en sphère armillaire : trop de matière et d’énergie noires inexpliquées que les mots doivent retranscrire ; les muons ébranlent l’édifice, ce clinamen à la X-Or© rousseauiste, un petit grain de sable salutaire ; la gravitation[34] n’arrive pas à unifier strictement mécanique quantique et relativité générale, théorie des cordes (ou théorie du string) vs théorie de la gravitation quantique. Changer de paradigme. Noir, c’est noir, noir sur blanc.


[1] « la goutte, c’est une maladie qu’on a quand on vit trop bien et qu’on s’en fait pas assez. » Dickens, Charles. Les papiers posthumes du Pickwick Club, Chap. XX. Traduction de Sylvère Monod.

[2] Syphilis et accroc au laudanum.

[3] Qui fit passer Molière pour Corneille, fixé sur les filles du parnassien de Hérédia, à faire frémir Michel Simon du pays neutre et ses photos pornos.

[4] Le prodige poupin aurait écrit le peu de dialogue dans sa brève apparition dans la pénombre. Il a cependant oublié que, comme les Suisses l’ont rappelé, l’horloge à coucou a été inventée par un allemand !

[5] Se nourrissant de sa propre crotte.

[6] Dont le logicien Gödel avait grande peur, l’empoisonnement étant sa terreur.

[7] De l’ivre nul dans le caniveau sans lune par un nœud pape nabot psy, marié à une actrice de Renoir, qui jouait de l’escarpolette à la Frago, Une partie de campagne – Maupassant sur fond sonore de Tellier -, ex-compagne du chartiste Bataille, plus intéressé par l’enfer de sa bibliothèque.

[8] L’une chasse l’autre : Jeanne ou plus probablement Constance selon le spécialiste des Dumas – qui détestaient Courbet -, Claude Schopp.

[9] L’homme de la colonne Vendôme, peintre de cette toile censurée sur la toile par facebook. A noter qu’il existe L’origine du monde d’Hugues Dufourt, un musicien contemporain spectral.

[10] Merci Orsay en L’heure d’été d’Assayas où le musée VGE succéda à Orson dans Le procès de Kafka.

[11] On a le squelette qu’on Merrick (1862-1890), l’exosquelette venant s’ajouter. L’emplacement de l’enterrement à Londres a été découvert au XXIe siècle.

[12] Photo de l’hermaphrodite par Nadar, les plaques médicales Lumière Polka d’athlètes nu.e.s.

[13] Par exemple « La célèbre Karsavina dansait devant le public mesmerisé du théâtre Mariinsky  » (Memoirs of a Professionnal Cad, G. Sanders, 1960, Mémoire d’une fripouille, trad. R. Slocombe, 2004, 2023).

 

[15] « Si j’avais la gloire de Paul Bourget je me montrerais tous les soirs en cache-sexe dans une revue de music-hall et je vous garantis que je ferais recette. », A. Cravan, Maintenant, n°3.

[16] Cravan viendra, avec sa stature de boxeur, à sa rescousse lors de la conférence du 27 juin 1912 à la salle Gaveau.

[17] Nommé ainsi par Vian car le binoclard, coureur d’amours contingents mais peu connu pour ses performances sexuelles, le trompait avec sa femme.

[18] « Rien, dans la cuisine française, ne rejoint la simplicité, la nécessité de la soupe aux poireaux. […] Dans les maisons son odeur se répand très vite, très fort, vulgaire comme le manger pauvre, le travail des femmes, le coucher des bêtes, le vomi des nouveau-nés. » (Duras, M. Outside, A. Michel, 1981, POL, 1984 ; Duras, M.  La cuisine de Marguerite, B. Jacob, 1999). Après avoir longtemps laissé la porte de l’hôtel ouverte au possible inconnu en rut ; elle était fière de vivre avec un homo, dont elle réinventa le nom, pour son palmarès sexuel. Ainsi savoura-t-elle sa danse avec lui sur Capri c’est fini du giton du secrétaire de J. Moulin, Cordier alias Caracala, Hervé Hilare.

[19] Ignorant qu’elle coécrivit – un Vichy, s’il vous plaît – un livre colonialiste sur la Cochinchine sur la demande de Mandel au Ministère des colonies et rejoindre à la 25e heure – fin 1943, début 44 – la Résistance.

[20] « Marguerite Duras n’a pas écrit que des conneries, elle en a aussi filmées. », résume Sieur Cyclopède.

[21] Ce compte du XIVe dans Les rois maudits de Druon.

[22] Le « neveu », Guy, doué mais queutard que jamais soit dit au Maupassant, peignant la vérole sur son service trois pièces, rattrapé par la syphilis m’était contée avec dédoublement à la Hors-là.

[23] Le film existera tout de même – rien ne se perd, tout se transforme – avec Tony Richardson comme metteur en scène ou la solitude du coureur de fondu enchaîné.

[24] « Archer qui tire dans le noir. » paraphrasa A. Co[h]en dans sa lettre du 27/03/1978 à D. R. Goitein-Galpérin. Godard reformule : chercher du « définitif par hasard ». Ou alors : la création « Un savon dans une main mouillée. » (D. Makavejev).

[25] « Créer, c’est donner des bords au chaos. » (Pascal Dusapin).

[26] Dit « 6 lignes dont 5 antisémites ». Docteur haineux de banlieue – au point de se plaindre auprès d’Abetz qu’Hitler ne massacre pas assez de juifs ; il aurait fallu roquer avec Brasillach -, cumulard de punchlines avec des touches, mentant constamment comme un arracheur de dents lors d’interviews, bronzant à poil dans le jardin de sa maison de Meudon, pour se mettre en état malgré sa plaque de métal dans la tête suite aux éclats d’obus de la grande guerre des ders. Reste à examiner les feuillets subtilisés à Montmartre de La Volonté du roi Krogold, roman médiéval refusé par Denoël, Guerre, Londres et Le casse-pipe augmenté.

[27] ..; selon Guyotat.

[28] Viré de l’Hôtel-Dieu pour absentéisme.

[29] Comme l’art africain pour la création des avant-gardes du début du XXe siècle. L’alternative à la mondialisation est, foi d’archipel menacé par la montée des eaux, le Toutou-monde.

[30] Richelieu, Versailles, jardins Le Nôtre beaux comme une chatte bien rasée, rien ne dépasse – le vôtre, de plaisir ne comptant point. Exemples devenus désormais anglo-saxons à l’encontre du jardin anglais, faussement profonds genre R. Padgget et la Nobel Louise Glück.

[31] Le coq, ergots et ego, le seul animal qui chante avec les pieds dans la merde, Coluche avait raison.

[32] Des pistes ont été ouvertes avec Tandis que j’agonise de Faulkner, dans le champ théâtral avec S. Kane, cette fille de l’Essex d’un père journaliste de tabloïd, à partir de Manque, sur fond d’E. Bond, suicidée par pendaison avec ses lacets de chaussures dans les toilettes ; Jon Fosse mis en scène par Claude Régy. Certrains films de Lynch, 71 fragments d’une chronologie du hasard (71 Fragmente einer Chronologie des Zufalls, 1994) de Haneke, les vibrations chez les frères Quay, pour le cinéma. P. Bayard inaugure, à partir de Borgès, la critique quantique. La mode est à l’appropriation artistique de la théorie des supercordes et ses plurivers.

[33] Les scientifiques se sont inspirés de Joyce-qui-dit-oui.

[34] On tombe tellement dans la langue française, tant les expressions abondent, que la gravitation aurait dû être découverte par un.e français.e.


Emotions ukrainiennes

Contre-Sens est un bébé du Festival Sens Interdits, nous dit au TNP Patrick Penot, à côté de Jean Bellorini. Je suis derrière l’adjointe à la Culture, Mme Perrin-Gilbert. Repéré à la Manufacture (pavillon ukrainien), dans le off du dernier Avignon, le spectacle a tourné, dans l’urgence, dans 3 CDN Rhône-Alpes : la Comédie de Saint Etienne et de Valence. C’est Imperium delendum est, avec la variante Imperium delenda est, en référence à la phrase de Caton l’Ancien lors du débat au sénat romain pendant la 3e guerre punique. Un grand rideau en noir et blanc avec des expressions en hashtag.

7 femmes en costume militaire noir avec des liserés argentés et chapeau haut façon période bonapartiste du Lesia Ukrainka Lviv Academic Dramatic Theatre, mis en scène par Dymytro Zakhozhenko. L’hiver a été fatal à Bonaparte et Hitler ; le sera-t-il des valeureux ukrainiens ? Des voix magnifiques pour des chansons classiques ukrainiennes. Après chaque témoignage, poignant, un poème, écrit dans l’urgence, de Kateryna Kalytko, Halyna Kruk et Marjan Pyrozhok. L’une des 7 égrène les articles de la convention de Genève bafouée par la Russie. Des images de guerre qui défilent. Des cris de la haine de la guerre. Une femme qui se tord de douleur en gémissant et pleurant – c’est trop. Un projecteur cru nous éblouit. Je regarde une partie du spectacle, d’une heure, avec des lunettes de soleil. Dur de voir les surtitrages qui défilent parfois vite. L’émotion ne peut pas ne pas nous étreindre. Un moment fort.

A la fin, le public se lève, Mme Perrin-Gilbert assez peu. J’avoue avoir été gêné par un discours militariste ; certes, il faut prendre les armes, résister. Un homme au fond entonne l’hymne ukrainien, tout le monde reprend derrière. Les 7 femmes ont glissé le drapeau ukrainien sur scène. Pourquoi n’est-il pas sur le fronton du TNP en solidarité ?

[Manuscrit] Sales rêves (#épisode 11)

chant 3 Warum war room ?

« L’inexistence est sanglante. »

E. Ionesco[1]

Chiche ! Bocal. Tous ont une mémoire de poisson rouge, trop swallow, où la tension est fonction de la stratégie de l’attention, au pays des Bisounours® mangeant des chamallows®. Intérieur nuit américaine. La nuit est noire en son sein. Complexée par sa truffe, la battante Nath’. Assistant jurassien, Stévenin est harassé jusqu’à ce qu’il tourne un film d’entrain qui avance dans l’ennui. Suite armoricaine. Des blousons dorés, coureurs de nuit, défilent façon Fellini roma. Restif, poissard, typographe et imprimeur graphomane, le « Jean-Jacques Rousseau des Halles », le « Voltaire des femmes de chambre », grave de nuit sur les ponts et nuit aux murs en latin – Le monstre est parti aujourd’hui – dont celui d’Y. Adrien – île[1] : il bûche. Genou, hibou, chouette de Minerve, la tournée du grand-duc, caillou. Timide comme un arbre. Nuit livre. Trop d’arbres tués – râles, sève : se vengent à la Seigneur des Agneaux[2]. Plongé.e dedans. C’était écrit. Script. Noir sur blanc.

L’inné, l’acquis, jongler avec ses 242 pg de chromosomes. Flashforward : les livres seront son maquis & sa prison. Voire l’inverse. Depuis l’enfance. L’enfant est celui qui ne parle pas puisque la vérité sort de leur bouche. Rituel des pages tournées – revolver – scande le silence relatif. Se décartonner. Fini l’insupportable tic-tac de l’horloge à remonter le. Chat des grands-parents avale coucou. Contre-plongée. Creuser dans le sol comme Citizen Orson ou Keith Moon Who, sous drogue dans sa chambre d’hôtel où il creusa le parterre. TIC-TAC. Faire coucou. Fin des coups de poignards secs – ce Ligeti contre Staline dans la bande-son ultime du film de Kubrick[3]. TIC-TAC. Jumelles shootées par Arbus pour l’ancien photographe[4]. Tip-top. – Tuer le temps avant qu’il ne te tue -. TIC-TAC. Sur pellicule, cran à cran selon machine à coudre sans parapluie, chercher l’image-fantôme subliminale entre photogrammes – persistance rétinienne : tête de mort sublime, vanité de la mère empaillée en surimpression du schizophrène Bates©[5], lors de la levée de la voiture ; Tourneur et ses croyances ésotériques, vaudou ; chez les cinéastes nippons ; fœtus mystérieusement momifié[6] rectum circa 1934 par le magnétisme naturel des mains par un prix Nobel. Bruit de la systole, inspiration-expiration, air dans le nez comme les yogi Maigrelet-Cremer sorti des films de guerres coloniales, diastole et bouche, déglutition – zen : boules Quiès®, la plus grande invention du siècle passé – selon la carte des bruits à coups de db en évoluant de façon logarithmique -, nonobstant la fin du millénaire – station Mir BOUM selon Paco, No Logo© -, avec Sopalin® et le copier/coller© de Telser[7].

Intérieur nuit. Immersion en silence des organes, des natures. Paresse intestinale. Syndrome de Cotard – ce médecin ridicule, qui a perdu un t en route à force d’en boire, chez Proust. Chambre anéchoïque : intéroception. Cage. 70 jours de portes ouvertes en yellow submarine©, devenu vert dans la reprise de Chevalier. Willard[8] en attente sous l’hélice du ventilo, se chope des suées à Saigon pendant la guerre, Au cœur des ténèbres, The end de The Doors, raccord, l’hélico décolle, Moteur ! parle-chante Chédid, hurle Mocky. Ouïr déglutition. Etre en adéquation avec soi. Je est un hôte. Soigner son corps. Médit’action : wu wei. Trouver sa voie : do. Le moi n’est plus maître en sa maison, paraît-il. Balayer devant sa porte. Emdr = mdr. Conscience des cellules, paraît-il. Body movin’ Body movin’ toaste le rappeur blanc bouddhiste, fort en Mastermind®, fils du dramaturge et harceleur Horovitz. Le fils d’Echenoz, l’auteur Minuit pour qui les pigeons sont cons[9], pose son flow dans TTC.

Se voir d’haut. La lunette d’un microscope Et tous ces petits êtres qui courentA voir le monde de si haut Comme un damier, comme un Lego® Comme un imputrescible radeau Comme un insecte mais sur le dos La lunette d’un microscope On regarde, on regarde, on regarde dedans On voit de toutes petites choses qui luisent Ce sont des gens dans des chemises qui se découpent selon les points, les pointillllés-és-és chante l’ancien yé-yé – Pifou© selon Dick. Trop d’intérieur nuit. Noir c’est noir répète l’autre ex yé-yé[10]. Storytelling board. Les boules, rate contractée, se faire de la bile – noire : mélancolie. Il est trop dit que la génuflexion oblique est acédie, Adson de Melk©, ce personnage d’un roman post-moderne finalement classique, où l’auteur, sémiologue et érudit, a sous-traité le travail de nombre d’étudiants. What’s up, Doc ? Conscience de soi. S’oublier. Tester sa chasse d’eau[11] La naissance de Vénus comme dans Le tigre de Risi et un ballet à chiotte en forme de flingue noir à la 007 dans un wc intelligent recyclant pisse et poudrette=poudre de Diamerdis=gandouse=vasivite=estronspicine=plus-fine=bran=riclée=mouscaille=griache=gabouille=scybale=caquerette=sentinelle=cagade=bran=merde pour l’agriculture.

Ouverture au cornet à bouquin[12]. Les livres seront son marquis. Pas de bourquin mais des bouquins, trop. Pour Lévinas, l’homme est un être-pour-le-livre. Gardant ses poils sous ses aisselles, ileli sent aussi le bouquin : acide acétique – vinaigre, furfural – biscuits sucrés, benzaldéhyde (amande) ou vanilline (vanille) pour le papier vieilli. Ileli est d’un caractère de grande police. Ne pas enduire son doigt de salive – surtout le doigt médical – ne pas souiller le livre, ne pas. Lui tourner le feuillet, la page=donner dans le noir=emproser=ruer des feuilles=enfuir entre deux parenthèses. C’est sale. Des bactéries partout. Ph non neutre. The pillow book, pile. Peau acide : versicolor. Homo homini lupus est. Tous tatoués ; ileli tatou gratuit tente de chanter Daho, les fourmis à la Phase IV se planquent.

Pas lago les livres anglais du XIXe reliés en peau humaine ou basane, avec un cuir jaune à gris clair épais et grené, ambiance à la Dickens par Lean noir et blanc, les Mystères de Sue par Poutouille, Des destinées de l’âme d’Houssaye ( ?-: Houghton Library, Harvard – Darnton) ou Lacassagne fils reliant les confessions de condamnés à mort avec la peau d’icelui rapport qu’il n’en a pas[13] – COUIC. la bibliopégie anthropodermique : La philosophie dans le boudoir reliée en peau de vierges, very sade ; la danse de Wygman, cette sorcière pendue, Bateman, finie en jambon d’York sans Robin pour le chic Hurt of sedition de Sir Cheeke et The arcadian princess de Braithwaite ; Westcomb d’Exeter couvrira Paradise lost de Milton, l’humain relié l’a perdu, le paradis ; Le scarabée d’or de Poe chez un collectionneur qui caresse sans cesse la couverture ; Les Terres du ciel et La pluralité des mondes habités de Flammarion avec sa maîtresse enamourée qui lui fit du plat jusqu’à sa couverture, qu’elle tira à elle, jeune épouse du comte de Saint Ange, femme d’origine polonaise morte de tuberculose ; passons sur les allusions des Goncourt, réhabilitant Frago, Le blason du tétin de Marot[14], Kieffer pour le docteur Cornil, professeur d’anatomie pathologique, avec L’éloge du sein des femmes de Mercier de Compiègne où la peau de téton[15] – et non de conil -, est incrustée en médaillon central dans le maroquin du plat ; idem pour Justine. Le livre comme sein des seins. Fuzz crée ses gants à partir de la peau de la main de l’assassiné.e.

Gabin dans Le tatoué : mon corps, j’ai. Mon, ma, mes. Celui, gemmologue voire gemmologiste, du pays des Troisgros prône la Plouf économie tout en bombardant les pays de pétales de rose, en peignant avec des os de mammifères. Le rejeton, bien qu’il soit l’avocat du Dabe, traîne sur la colline-qui-travaille de Tôkyôto© où les bobos se succèdent en duplex en plafond haut. T’as d’belles jambes, d’beaux yeux, tu sais. Alexis, s’associe avec le cuistot Camdeborde pour un Gabin à table : petit salé aux lentilles ou crêpes Suzette sont alignés.Wim Delvoye, inspiré par Kabris, touche l’argent de la peau d’un vivant tatoué achetée par un collectionneur. Etre acide.

§ : Au pilon, les livres où la Marquise est à l’heure. Merle moqueur. Préférer Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d’amour. Poésie générative et post-mortem de Balpe[16] ou d’intelligence artificielle générative, Play it again, Pim Pam Poum©. Préférez l’heurt. Pas du gâteau, la Marquise. Nulle histoire, caguesangue, pas de narratif[17], surtout pas.


[1] Le barbier et le pâtissier de la rue des Marmousets s’entendaient de conserve pour offrir leur tourte, tant adorée par le roi, à base de chair humaine – le boucher a été très correct.

[2] Les Beatles avaient acquis les droits pour adapter au cinéma la trilogie de Tolkien, avec les membres du groupe qui auraient joué différents rôles. Les ayants droit ont refusé.

[3] Vieux projet, ambiance à la Schnitzler, Vienne-New York de studio, fin de siècle. Arthur hante Eyes wide shut d’après une Traumnovelle : ce masque sur l’oreiller, est-ce un rêve ?

[4] Mise en scène du kiosquier à la mort de Roosevelt.

[5] Ce scopique, au regard ras, comme McDowell-Alex des Droogs©.

[6] Tôkyôto© était, sous François Ier, qui en était grand consommateur, la plaque tournante du trafic de momies, ingérées contre les maux d’estomac voire comme aphrodisiaques.

[7] La deuxième vague de cutter age fut le cut up ; l’échantillonnage ou sample, invariant, est pourtant un signe de modernité.

[8] Keitel, ingérable, puis Sheen et son attaque cardiaque.

[9] Tout comme Renata n’importe quoi de Catherine Guérard : le pauvre pigeon, symbole de bêtise, n’a pas le beau rôle dans la littérature, sauf quand il est messager – et encore puisqu’il est docile. A cause de ses nuisances, à cause de ses déjections, le pigeon, nourrit, malgré l’interdiction par l’article 120 du Règlement Sanitaire Départemental, par les enfants, personnes âgées, touristes, clochards, est l’objet d’élimination, jusqu’à son martyre, Giuseppe Belvedere (appartement►expulsion►voiture►camion) : poison (grain de maïs, blé), picots, petits pics (de type pics à brochettes), fils en métal tendus, effarouchage (objets qui réfléchissent la lumière tels que des vieux CD, de l’aluminium, des objets qui bougent comme un petit épouvantail en forme de moulin à vent, un vieux t-shirt sur un cintre ou encore des rapaces en plastique), cage mortifère de triste mémoire (électrocution, gaz), stérilisation, dispositifs électroniques avec certaines fréquences (boîtiers à ultrasons), fauconnerie, chasse à la carabine, plaques dites bouche-tuiles, ballons comme gros yeux, spray répulsif anti pigeons.

[10] Expression inventée par Edgar Morin, l’intellectuel centenaire, qui rabâche les poncifs.

[11] Le mécanisme de la chasse d’eau connectée à l’assainissement, breveté au XVIIIe siècle en Angleterre s’est répandu dans les logements bourgeois français au XIXe siècle avant de se développer progressivement dans l’ensemble des foyers dans l’après-guerre.

[12] Proche de la voix humaine selon les anciens.

[13] Ainsi Louis Rambert qui légua son corps en 1934 avec son compagnon d’infortune, Gustave Mailly.

[14] Ce poète maudit en ce qu’il transposera de l’Italie – cette feuille de chêne selon Pline à la botte dès le XVIIe -l’accord du participe passé malgré l’auxiliaire avoir, si le COD précède, rappelez-vous.

[15] Pour Segawa – son frère aime se planter des fils de fer et des feux d’artifice dans le bras – à Paris, ce sera un sein cuit de l’hollandaise Renée, « belle à croquer », au goût de poisson cru, sur un lit de petits pois ; après le forfait, il ira voir West side story de Wise et continuera le dépeçage ensuite. Nicole Caligaris, étudiante dans la même promotion et buvant quelques verres avec eux, l’a échappé belle ; elle entretiendra une correspondance où il lui offrira Eloge de l’ombre de Tanizaki. Claude Sarraute se rebellera dans Le Monde contre le transfert de Segawa au Japon. Il sera libéré, sera invité à nombre d’émissions, animera un programme tv culinaire, tiendra des conférences, écrira ses mémoires, peindra en signant avec une fourchette et un couteau ensanglantés.

[16] Il semble que dieu, s’il existe, joue finalement aux dés contrairement à ce qu’affirmait Einstein qui s’est heurté à ses propres limites concernant la piste féconde de la mécanique quantique.

[17] La cible n’est point Balzac – ce qui ne tient pas chez Robbe-Grillet, qui a le mérite, via Kierkegaard, de favoriser la reprise comme les insistances chez Stein, puisque le texte est tissé, contre la variation et la répétition, et où Boudu, Michel Simon, dans Boudu sauvé des eaux de Renoir, crache sur la Comédie humaine – mais Houellebecq ou Michel-pue-du-bec et ses écrits classiques post-balzaciens, peu pérennes, comme des rapports de sociologie, dont la profondeur et le style simple, empruntés à un domaine désormais supplanté par l’économie appliquée ici au sexe, n’atteindront jamais ceux de l’excellent Bove, sur fond de décadence fin XIXe et, parfois, de la SF. Michou est guidé par la haine à cause de sa laideur générant un besoin inextinguible de reconnaissance, de sa mère baba, peu aimante, convertie à l’islam.



[Festival Lumière 2022; Avant-première] Bardo : Iñárritu offre une expérience unique bien qu’il « n’aime pas tourner »

Présentation généreuse et intime du film inédit Bardo, une œuvre personnelle, immersive et expérimentale intense (Netflix, sortie le 1er déc. 22) :


Iñárritu « Le film est tourné à Mexico. C’est la 1ère fois que j’y retourne depuis Amours chiennes (Amores perros, 2000). Je suis parti en Californie avec un sentiment d’identité fracturée, de dislocation. Mes sentiments sont mêlés. Il s’agit d’introspection ou d’autofiction intime. J’ai le sentiment d’être un immigré ; l’absence cruelle de mon pays c’est faite ressentir. C’est la première fois que je m’essaye à un film sans structure. J’ai voulu aller jusqu’à ce qui marque historiquement [microcosme / macrocosme]. C’est un film guacamole : ne pas être rationnel au pays de Descartes [crainte du réalisateur ; oubli que le surréalisme est né aussi ici]. Il faut se laisser aller. « Un film est un rêve dirigé. » (Buñuel). C’est une expérience sensorielle. Un rêve.« 


Frémaux Sur la folie du film ?


Iñárritu « Il ne faut pas expliquer. C’est mon film le plus personnel. Formuler, c’est trahir. Le film parle de tout et de rien. Il s’agit de sensation personnelle et universelle. Le subconscient.« 

Du réalisme au surréalisme ?


Iñárritu « Le réalisme m’intéresse moins. La mémoire oublie, il n’y a pas de vérité mais simplement une conviction émotionnelle avec l’impact de l’évènement en moi ; du pur émotionnel. Tout se transforme lors de la vie. C’est peut-être la crise de la cinquantaine [rire]. C’est ici une fiction honnête, une émotion honnête.« 

Frémaux Un changement de forme par rapport au réalisme, un changement de chef opérateur ?


Iñárritu « Oui, c’est le franco-iranien Darius Khondji. Dessner est à la musique. Le rêve réclame un son spécifique. Tout le film se concentre sur les 3 dernières minutes de la vie du protagoniste [cf. Outremonde, Underword de de Lillo]. C’est la vie ; le rêve, c’est la vie ; le rêve, ce n’est pas l’hallucination. Nous passons 40% à dormir ; c’est là que nous sommes le plus vivant. La réalité est en décalage. Nous sommes au-delà du surréalisme, au-delà de la partition corps/esprit. C’est métaphysique. La lumière cloche grâce à Darius : c’est métaphysique, au-delà de la physique.« 


Terrence Malick ?


Iñárritu « Je n’aime pas tourner, c’est tortueux, difficile. J’aime l’intoxication de l’idée qui infuse. J’aime ma vie. Tout est pause et silence. Et puis, il faut vomir à un moment donné cette intoxication. Ce n’est pas moi qui choisit le film, c’est le film qui me choisit. Je revis dans la solitude du montage. Je n’aime pas faire la promo, c’est un moment délicat. Il y a un grand malentendu avec le plaisir de faire du cinéma. Ce qui m’intéresse, c’est la naissance des idées, puis leur sculpture. Le pire, c’est de rechercher les financements.« 


Quelle est votre position personnelle concernant Netflix ?


Iñárritu « C’est un film personnel, il n’y a pas eu de (re)lecteur de scénario. J’ai essayé avec mon financement personnel. Il y a eu 2 arrêts à cause du Covid. Le film était en danger. Netflix a suivi. J’ai posé mes conditions de liberté : ce devait être mon scénario ; je veux utiliser le 65mm ; je vise l’expérience visuelle et sonore (design). Il y aura une sortie en salle pendant 6 semaines au Mexique, 7 semaines ailleurs. Sauf en France, et je le regrette, à cause de la chronologie des médias. « 

Le montage final est différent de celui de Venise ?


Iñárritu « Les effets visuels sont complexes, les plus difficiles que j’ai eu à réaliser. J’ai fini un premier montage avec les effets visuels pour le montrer à Venise. Je n’ai pas eu le temps de le projeter à des gens de confiance pour qu’ils me conseillent. J’ai cherché une possibilité de synthèse. Avec les changements, j’ai pu rendre les scènes plus compactes et musclées. Je travaille jusqu’à ce que je ne puisse plus enlever. Il faut rendre plus pur, jusqu’à l’épure. Du coup, j’ai enlevé de mon fait 22 minutes car c’est moi qui monte. « 


[Iñárritu inaugure, agréablement surpris, sa plaque sur le mur des cinéastes, rue du premier film; il filme le public; des mexicaines viennent chanter avec lui avec le drapeau mexicain : un moment plein de vie, très touchant.]

[Manuscrit] Sales rêves (épisode 10)

Nœuds d’autoroutes, sud-nord link et sud by sud-est avec portion nommée Tina Turner pour L.A.-aux-petits-pieds où les instrumentistes s’entraînent au cor de chasse sous les piles du pont de béton en vue de la chasse à courre rétablie par un banquier-président à court d’idées. Avec toits-terrasses, l’échangeur d’Aoba de la Tomei Expressway. Seule la rue de la Quarantaine, en face, subsiste comme trace du lazaret – disparu – de pestiférés, de lépreux et d’aliénés. Fumerolles l’hiver ; des conduites de gaz explosent à Tôkyôto©, d’autres à cause de fatberg de graisses de volailles de fête. Rituels bouchons, CO2 notamment sous le grand tunnel nord-sud et inv. Surtout en vénèredi, ce jour de fin de semaine où tout le monde est vénère du trop-plein de ladite semaine, tout en espérant un week-end, encore plus épuisant tout en écoutant Venus VNR.

Deux abris antiatomiques en béton armé, pouvant héberger une cinquantaine de personnes, construits dans les années 50 de guerre froide, enterrés à 3m dans le sol et dotés d’épaisses portes blindées de 25 cm. Des infrastructures en partenariat public-privé de lieux séquentiels comme ces stades onéreux privatisés au nom d’entreprise qui accueillit, grâce au préfet, souparfait et contre les élus, la Juventus® de Fiat® quand Turin et le Piémont étaient confinés à cause du covid 19. Au milieu des tifosi, Fuzz propagea le virus – promo sur les abords avec cette odeur persistante de graillon : « 1 Corona® pour 2 Mort subite® » selon le patient 0 dont le traçage a été perdu. Un nu-vite=streaker au poil, sévèrement nuqué en coupe mulet, désormais interdite en Corée du Nord, plaqué par des stadiers, est embarqué avec une couverture par des policiers.

Des hypermarchés, « village » lisse. Des fruits d’antipodes moins chers que ceux d’alentours en circuit court. Retirer le lait en poudre industriel car il s’est révélé nocif. Des noix de Saint-Jacques à la noix gonflées d’eau, sans goût. De moins en moins d’huîtres qui réapparaîtront dans deux millions d’années. Du thon pourri, en sus des métaux lourds et des microparticules de plastique, recoloré en rouge, du saumon toxique.comme au bon vieux temps des maquilleurs de poissons au pavillon Criée des Halles Baltard. Revenir au plancher des vaches : vaches folles, steack tire-fiacre=cheval de pays périphériques via Fuzz, ainsi que ses abats en mariage de blancs, grippe aviaire, fin gras du Mézenc[1], persillé, fin et tendre grâce à la cistre ou « fenouille des Alpes », sous la burle, salmonelles selon Schwob. La rupture de la chaîne du froid ne laisse pas de glace. – Les boules et cornets de glace bio avec coques, laissent songer au Big Freeze : le monde mourra dans le froid, l’enfer de Dante -. Des crottes de rat, avec risque d’histoplasmose, dans les tartes au chocolat chez Ikea® alors que les clients s’amusent à rester dans les lits quand le magasin est fermé. C’est l’aventure moderne.

Une salle de concert, avec mini incendie Fuzz pour la dernière tournée du cirque Canada dry du soleil=oseille, où résonnent les cris et le sang des bêtes – L’année des 13 lunes, L 214 ; highline en quartier Gerbant. Des jardins participatifs bio sur une terre emplie de métaux lourds d’une défunte industrie lourde. Réintroduction d’ours[2], de loups. Prendre les oiseaux du bon dieu pour des anars sauvages devant la cathédrale où les poussières de travaux bloquent l’horloge astronomique – Saint-Michel bloqué terrassant Dragon Ball Z©. Les cathos intégristes sont en révolte comme la flamme sur le méthane quand le compagnon, chef de chantier, signa d’us, en français et en arabe, d’une figure mahométane dans la pierre. Les renards roux, visons, dromadaires, colombes poignardées et lézards Jésus-Christ gambadent de la banlieue jusqu’en hypercentre, les sangliers, élevés pour être sauvagés=chassés, détalent depuis les parcs en zoo city comme des bisons Buffalo grill® qui chargent. Fuzz les lâchent : Roar, Razorback, une panthère échappée du zoo. Les girafes sont sous prozac®. L’asso de BB prend la défense et récupère les éléphants du parc suite à la mobilisation de la population n’ignorant point que le pachyderme mais presque – même si Stravinsky, ce compositeur pour la fanfare de Barnum©, n’a pu finalement travailler avec Orson Welles – est déclaré en voie de disparition depuis le début du XXe siècle. Les flics sur leur canasson jouent au lasso pour leur rodéo sécuritaire ; tirer du sédatif avec leur arme sur fond de Gloria Lasso – Quand la ville dort. A chu à cause de Pikatchu© : les jeunes se noient en cherchant un Pokémon© dans le lac du grand parc. A cause d’oublis, la mémoire est trop trouée, l’île de Souvenance est fermée : ils. Le chewing-gum serait mauvais pour la mémoire, les masticateurs faisant 10 % d’erreurs en plus, selon Kozlov dans Quarterly Journal of experimental Psychology.

Périphériques engorgés. Klaxons®. Quelques rares restes d’industries encore viables – Ghost town des Specials. Squats mutants. Ruines rouillent. L’autoroute d’oseille – ravi, bison futé® est noir et envoie mille bisous – vers la côte d’Az-au-soleil-de-toc pour cure d’Azote avec – punaise ! – la fatigante cymbalisation des cigales, qui ont vaincu le scat d’Ella, parfois diffusée par haut-hurleurs, où les touristes, comme Eggar dans sa Ford Thunderbird® automatique bleue dans le dernier Litvak[3], attendus de pied ferme au bout du tunnel bouché avec le pouvoir d’achat en bandoulière plutôt que le flingue ou le braquemard. Des traces de bretelles sur des corps pourris et calcinés, retournés pour toute beauté – mélanomes. Avoir sa dose. Le pubard hâlé à la face de calzone décrète que ta vie est ratée si tu n’as pas de Rolex® après 50 ans. Selon le résident de la République, épinglant les sans-dents=chauves de la gueule, qui a la rue du bec mal pavée, et ceux mangeant avec les doigts, est riche toute personne gagnant au-dessus de 4 000 € par mois alors que le centriste-aux-grandes-oreilles, le benêt-qui-n’a-jamais-eu-de-Pau déclare que c’est un salaire de, selon la traduction de La Politique d’Aristote par Champaigne, classe mitoyenne des fortunes=citoyens de fortune moyenne=citoyens d’état médiocre=classe moyenne. La vérité est en deçà des pires aînés. Un ancien ministre se plaint de ne vivre chichement qu’avec un salaire de prof de 3 000 €. Passer du temps avec la radio ou le portable, deux en un, écrans à cran. Absorbés en jeux débiles.

Jean Paulhan ploie mais ne rompt pas. Il fleure de Tarbes aux NRV. Louer des gens sur application pour faire la queue, surveillés par le manager de file d’attente ; job au lait : contrats-minute. Observateur, -trice de tris sélectifs, sirène de parcmètre, cacheur, -euse de plaque d’immatriculation, troisième passager, -ère de voiture (à la place du mort ?), évaluateur, -trice d’haleine, électrocuteur, -trice de personnes ivres, goûteur, -euse d’eau, chauffeur, -e de taxi karaoké, remplisseur, -euse de bus, pousseur, -euse dans le métro, assureur.e de voyage en train, recycleur, -euse de vélos, pêcheur, -euse, récupérateur, -trice de vélos, aide d’embarquement, docteur, -eresse aérien, collaborateur, -trice sur des croisières pour naturistes, câlineur, -euse professionnelle, réchauffeur, -euse de lit, coordinateur, -trice d’intimité, en fonction du contrat de nudité, testeur, -euse de sextoys, assistant, -e laic de cérémonie, accompagnateur, -trice de tourisme équestre, taxi ou ostéopathe voire psy animalier, gardien.ne d’autruches, testeur, -euse de nourriture pour chiens et chats, professeur, -e de yoga ou coiffeur, -euse pour chiens, agent.e de chattes influenceuses suivies par des pets lovers, nounou pour pandas, héliciculteur, -trice, récolteur, -euse de vers de terre, loueur -euse de sangsues, compteur, -euse de poissons, extracteur, -trice de venin, fendeur, -euse de porcs, attrapeur, -euse de taureau, inséminateur, -trice, sexeur, -euse de poussins, branleur, -euse de dindons, mesureur, -e de pets et rots de moutons – ovin est ovni – et de vaches , comportementaliste canin, posteur, -euse de commentaires sur internet, hacker, -euse informatique® éthique, photographe pour google maps… à vélo, spectateur, -trice de netflix à temps plein, livreur, -euse de pain, décorateur, -trice de gâteaux – d’anniversaire -, vendeur, -euse de noix, développeur, -euse de glaces, goûteur, -euse de chocolat, ambassadeur, -rice du whisky, créateur, -trice de blague Carambar®, de papillote – née à Tôkyôto© que diable grâce au commis du pâtissier Papillot -, de Malabar®, testeur, -euse de bonbons, de marijuana, de maillots de bain, de duvets, de lit, de lune de miel, de bière, organisateur, -trice de mariages, styliste pour… Barbie®, apporteur, -euse de fleurs, membre du comité des noms, dessinateur, -trice de pistes de ski, inspecteur, -trice de dés, plongeur, -euse de balle de golf, constructeur, -trice de Lego®, applicateur, -trice de crème solaire, siffleur, -euse professionnel.le, voix de la SNCF, de jingle, mannequin mains et pieds, tâteur, -euse de visage, sourceur, -euse, créateur, -trice de mots-croisés – mots-croisistes ou verbicrucistes -, client-e mystère, feutier, -ière, cobaye professionnel, graveur, -euse de timbres, gardien, -ienne d’île, collecteur, -trice de plantes sauvages, régleur, -euse d’horloges, ambianceur, -euse ou chauffeur, -euse de salle, créateur, -trice de noms, soudeur, -euse subaquatique, testeur, -euse de toboggans, auteur, -e de cartes de vœux, consultant, -e en couleur, rabatteur, -euse de musées, renifleur, -euse de mouchoirs, d’aisselles, claqueur, -euse, excuseur, -euse de chantier, social party reporter, acheteur, -euse de bouteilles cassées, cueilleur, -euse d’orphelins, vendeur, -euse de dentier, tailleur, -euse de limes, fouirnilleur, -euse, transcripteur, -trice de braille, chief happiness officer en bon françois comme vieux français via Guillaume le Conquérant nous revenant en boomerang – management. L’anglais n’est que du français mal prononcé[4].

Chômage de masse pourtant : jeunes – génération woke on the wild side -, comme variable d’ajustement des politiques publiques, et vieux sont régulièrement sacrifiés dans le même panier par les gouvernants selon les directives de Fuzz. A 80 ans, ils travaillent encore pour compléter leur retraite parfois en logeant sous une tente ou dans une caravane. Ambiance de studio post-apocalypse dans un souterrain cramé puant la pisse où des gens dormaient sous une tente – la pietà contemporaine est une rom, une réfugiée économique, politique ou climatique, avec un enfant dans les bras. L’IA met nombre de gens sur le carreau : les caissières, le dos cassé par les produits lourds, encensées parce qu’en 1ère ligne lors d’épidémie, seront remerciées sans ménagement par le management. Un train chasse l’autre, Schumpeter a bon dos avec sa destruction créatrice – IA, blockchain, énième G de portable, ordi quantique – et son entrepreneur sentant le Job, le Musk et son parfum de poil brûlé, le Bezos se tirant la bourre pour le tourisme spatial.

A chaque édile son traîne-fesses=tram, bondé, après travaux d’éventrés. Le tram Kahlo facilite l’accès au shit dealé façon The wire dans la ville-où-la-mayo-est-mise-sur-tout par les bandes de Fuzz. Métro irrégulier. Les têtes du matin enfarinées : zombies land. Plateformes multimodales avec leur hub. Des métros en retard, erreur, panne d’aiguillage, d’électricité. Incidents voyageurs : viols, altercations, agressions, rixes, suicides, accidents, attentats, etc. Peu réagissent. Quais trop étroits. Seuls les pieds plats sont réformés. Des clans se bastonnent. Blouson noir, c’est noir.

Grèves, manifestations générées par Fuzz – diviser pour mieux régner. Années de plomb fondu. En périphéries abandonnées. Mal desservies. Commerces et services publics fantomatiques. Tours crades. Dans lieu au ban, soulèvement médiatique 80’s. Babel de langues : chacun dans sa communauté. Des bidonvilles de réfugiés disséminés, des bidons vides. Retour syphilis, tuberculose, rougeole, peste, choléra, Fuzz propage avec sa trousse de magnétiseur de Dubois, enfermant des bacilles nocifs dans des tubes.

Attentat dans un P4 malgré les normes parasismiques et les exercices dans la ville native du Nobel de médecine néanmoins eugéniste au point de débaptiser toutes les rues au nom de l’auteur de L’homme, cet inconnu : de virulents virus, dont les Frankenvirus par gain de fonctions, circulent à cause d’intégristes à la Fuzz cachés dans des grottes afghanes, férus du bactériologique – astérohache en missile hellfire du shonen Goldorak©. Panique. Fuzz avec son masque collector anti gaz moutarde en profite, avec Belphégor©, pour voler un gode du XVIIIe et un Monet aux Beaux-Arts pendant. Tôkyôto© qui dort. Entreprise à tubes et gélules, en dose infinitésimale – loi de similitude, des semblables d’Hanhemann apportée par Des Guidi – coule à cause de Fuzz. Règlements de compte entre, tout comme à l’Institut NeuroMyoGène (INMG). Trafics. En périphérie – pour mater les vibrants étudiants, entre A et A’, une université, classée architecture remarquable malgré les nombreuses fuites d’eau comme le MUDAM de Pei ou le Pompidou Metz, de Dottelonde et la structure de Prouvé avec des hublots pour mater d’une salle de cours à l’autre, des sièges pivotants dans certains amphis, d’atroces poteaux cylindriques en métal, des éléments tridimensionnels parallélépipédiques pour les planchers et les plafonds – brevet Petroff©. Un type qui a lâché ses études tout en se faisant passer pour un expert en errant sur les parkings, assassinant parents, femme et enfants ; une miss France – au nom de qui un autre a tué père, mère et chien selon, paraît-il, sa demande – adoubée par une dame vieille France, surmaquillée avec un grand chapeau.


[1] Le steack « Ça se rate toujours comme la tragédie. » (Duras, M. La cuisine de Marguerite, B. Jacob, 1999). Quelques autres perles pour le plaisir : les boulettes Pojardsky soi-disant, « Mélangez […] de la kacha. […] Le reste, je ne l’ai pas noté. Je l’ai noté seulement pour le mot kacha, je ne sais pas ce que c’est. » ; – le polygonacée=sarrasin ayant été importé lors des croisades dans l’hexagone et ailleurs, avant que l’onomastique hypnotise l’ « autresse », peu dotée en sarrasines, même si une tuile provençale lui est tombée sur la tête, qui fonctionne ainsi, la kacha semble être du sarrasin torréfié, au goût de noisette, très utilisé dans les pays de l’est – ; les boulettes sans nom « Jamais mangé. » ; le bortsch bâtard à la française sans crème, « Je n’ai jamais essayé de faire ce bortsch. Je crois qu’il faut faire macérer des betteraves rouges mais dans quoi, je ne sais pas, ni combien de temps et prendre le jus. ».

[2] Ce roi des animaux détrôné, au profit du lion, par la chrétienté pour lubricité ; animal mal aimé de Buffon.

[3] La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil d’après le phocéen polardeux Rossi.

[4] « On estime à près de la moitié la part du lexique anglais empruntée à l’ancien français ou au normand. » (3 « Le Français n’est pas « envahi » par l’anglais » in Les linguistes atterrées. Le français va très bien, merci. Paris : Gallimard, 2023. Tracts ; n°49. p. 18


[Manuscrit] Sales rêves (épisode 9)

Des manifestants, dont certains payés pour manifester à leur place font grève, notamment du haka, à leur tour, dans un rassemblement statique – avec dispositifs sonores portatifs=casseroles en téflon®, fabriqués en Haute-Savoie, ce PFAS nocif pour la santé -, étudié par un foulologue mention fouloscopie, après un référé liberté, pour une énième cause légitime – tique, torche, lorgne, Ray-la-matraque ; au milieu des lacrymos, grenades de désencerclement, gaz incapacitants, des armes non létales projetées par des auteurs de science-fiction dans le projet Red Team avec filets immobilisants japonais et menottes électriques chinoises piochés dans le Milipol, des fumigènes bleus, blancs, rouges ennuagés de pales d’hélicos de surveillance et d’odeur âcre, des éborgnés, des mains arrachées par les balles LBD[1] – pourchassés pour une comparution immédiate. On ne se prend jamais une baigne dans le même fleuve. Une bombe spécifique aspire les mots dits gros, les slogans et les revendications. Un tag rouge sur un mur borgne : « Cellulite finale ». Plus loin : « ni dieu ni maître ni troglycérine » « ni dieu ni maître … même nageur » à côté de « travail famine pâte-riz », « Les riches ont les couilles en or, les pauvres, les nouilles encore » et de « Ils ont la police. On a la peau dure ». Tournent, drones – reconvertis, pour ceux qui ont échappé aux canons à confettis des rebelles, en reportages Géo grâce à la caméra aéroportée -, blessent, chassés par les gypaètes nichant grâce à la Ligue de Protection des Oiseaux dans la tour. Faisons l’amour avant de nous dire adieu chante l’ex de Bougrain-Dubourg. Les militaires surveillent à cause des attentats, fama du famas, privilège de l’uniforme.

Rares sont les commerces de proximité – dans un espace fonctionnaliste ou les dégâts du modulor ; l’un après l’autre, ils ferment un à un à cause des fonds de pension sur la parole de Fuzz. Chercher lettres et colis dans l’hypermarché proche où un pauvre bougre est mort plaqué à cause du zèle de la sécurité. Amazon® work hard have fun make history avec des salarié.e.s – loin d’être des sans-culottes – ne souriant pas comme le logo, qui durent 3 ans max en travaillant avec des couches-culottes de bébé à la Droogs©, mille Besos, pour éviter les pauses pipi ou cabiner=faire trimer le cyclope=grosse commission, à plein régime, s’implante près du lieu symbolique et rentable tel que l’aéroport : c’est la mort du réseau des librairies malgré la loi Lang du prix unique du livre. Dans la clairière Anastasia au degré fahrenheit élevé dans la forêt du Petit prince des bois, les gens se retrouvent pour réciter des livres censurés.

Où trouver une simple baguette souple et craquante avec de la mie compacte[2] – patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO en attendant le béreeeeeet comme l’énonçait Jacques Brunius dans L’affaire est dans le sac de Pierre Prévert – dans une boulangerie, souvent des chaînes sans âme, proposant nonobstant des pains au piment d’Espelette housewives, au zeste et ziste de yuzu – vert, acide et herbacé, ou jaune, d’humus à fraise -, main de bouddha, combava, citron caviar, au café torréfié, au chocolat, au lard ? Où trouver une simple et bonne blanquette de veau faite maison dans un troquet de base ? Street food, fooding, bistronomie, nouvelle cuisine, cuisine moléculaire, being bar … Au milieu des petites pierres brutes qui butent où des déporté.e.s avec cv sont dedans pour une trop fugitive remembrance, des dalles de trottoirs-en-couilles-du-pape[3] à tête de grands chefs de cuisine avec une toque tous les 3,14 cm fignolées pour les touristes qui battent en ruine, notamment celles qui ont un Bocuse. Tesla aurait été en grande souffrance puisqu’il comptait ses pas dont le nombre devait être divisible par 3.

Doubles tranches=files clandestines sur les trottoirs. Enfilades de musées aux façades rénovées.

– !: Salluste

– ?-!!A Plutarque

Un quartier classé UNESCO, dans l’angle entre la 10e et 11e avenues, sauvé des appétits de Zizi Béton. Un horloger ; un crieur au quartier de l’apocalypse. Icigo chaque année, les fa, qui ont leur école nationale Fuzz pignon-sur-non-rue à Confluence, avec option harcèlement sexuel, et antifa se ruent sur le sol et se castagnent rituellement et si et mi. Librairie anar’ saccagée.

Hausse mécanique de la fréquentation touristique : faire du chiffre. Un nouveau parcours Fuzz « se mettre dans la peau d’un clodo », pardon SDF – les français aiment les acronymes[4] – pour 80 €. Sens interdits. Des commerces hideux gâchent les façades – ne plus pouvoir lever les yeux. La zone piétonnière en urbanistique tactique – expérience parfois en temps limité. Les bars résistent. Malgré les pressions des voisins (obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires, AVC). Que de pressions sur les bars. Les rares oiseaux réveillent en chantant trop fort – effet Lombard. La loi son avec capteurs méduse suivant les deux roues=scooter®. Le nombre de bars se réduit comme peau de chagrin. Sociabilité réduite. Des voisins vieillissants comme la population globale se plaignent du bruit des gentrifiés d’à côté. Densité de la population disséminée. Halles en béton, agora de marché en plein air, seule apparition des politiques lors d’élection.

Ventre : du quai avec Subs pour sel, reconverties en école des Beaux-arts, où les artistes-communicants apprennent à se vendre[5], via Marché-gare, où les concerts se succèdent, à la Sucrière où les expos s’empilent, dont l’itinérante Human body® fit scandale[6] ou Hyperréalisme avec des visites de nudistes, et la boîte électro-techno branchouille en haut avec roof top à bobos – drog, drog, drog, Abyssal zone de Djedjotronic en boucle ; le marché de gros au sud est près de l’amigo technologique=centre de détention (CDD), sous gobelet où portes – Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux – s’ouvrirent automatiquement par erreur tout comme les bracelets électroniques à cause d’un bug – coup d’hacking de Fuzz -, remplaçant une des prisons, où Lacassagne visita Kropotkine dans sa cellule, bondées, les plus vétustes, régulièrement tancée par les organisations internationales pour manque d’humanité, convertie en fac catho high tech, murmures de murs en murs encore gravés.

Sociétés de services. Bureaux vides en tours aseptisées – crise du logement – aux fenêtres translucides accuei‼ant open spaces et coworking, construites par Zizi Béton, vomissent la fourmillante de pendulaires en méridienne et en heures de pointe.

[Champ] ?- :- Conne journée

[Contrechamp] !- Merci, ce n’est pas pire, benne journée, rebrique-t-elle en barbe.

?- Et toi, ça va

[Plan séquence] : – Mieux que bien, blézimarde-t-il.

– Je dirai même plus-que-parfait.

Fatigue de la fonction phatique.

Votez Fuzz : pubs de zaibatsu – ®Hemmo roiD Dior Homme® – sur écran géant, cet élément de marketing urbain, comme un publicitaire plaçant son produit dans Blague runner sur le modèle Shibuya-Tôkyôto©-sur-New-York. Petites en sox=chaussinettes, surtout celle en Sailor moon©, sont kawaï surtout quand elles disent kampai. En Akihabara Electric town, entre Chiyoda – où Tomohiro Katō, sur l’injonction de Fuzz fonça sur la foule avec un petit camion et poignarda au hasard avec une dague en prenant exemple sur Mamoru Takuma et son massacre à l’école primaire d’Ikeda – et Taitō, les filles en socquettes et jupe en maids cafés ; des otaku dont Masahiro Kanagawa parti déguisé en jeu vidéo Ninja Gaiden®=Dragon Sword® poignarda au hasard 8 personnes avec une dague.

Mine – hôtel-alvéoles ocre et rond par Cossutta via Pei, comme tourelles renaissantes à la Giotto, poumon-ruche au sommet et vue panoramique à la Néron depuis le bar comme là où se terre Bill Murray à Nishishinjuku, Kabukichô – et cutter (haut : O2 sans H, bar à alcools – la bartender, après le Manhattan au goût boisé et le Cutter’s way qui n’a pas de mal à passer, crée sur mesure et selon l’inspiration[7], la trousse est pleine – la tour signale : ensemble capitaliste copié, rutilants radiateurs en fonte empilés ou piles d’agrafes imbriquées, empire de pics à glace érigés à l’acmé juste avant le krach. Accolée, une brutaliste cité administrative, arêtes abruptes et formes simples et massives, où tout est intégré sous béton brut se fissurant : étoile noire. Je suis ton parent 1 dit Zizi Béton, cet assureur de bagnoles avant d’être bourgmestre=condé avec sa sous-ventrière. A côté, l’auditorium où il est possible d’entendre le triton[8]= diabolus in musica, symbole du diable, du mal et de la mort dans la symphonie n° 2, en ut mineur, op. 27, Asraël de Suk, le gendre de Dvořák, dans l’opéra de chambre L’Empereur d’Atlantis de Viktor Ullmann, composé dans le camp de concentration de Terezín où mourut Desnos.


[1] Plus nombreuses que les masques chirurgicaux ou protection FFP2. Les responsables des forces de l’ordre, ce soi-disant « monopole de la violence légitime » (Max Weber), font leur marché dans le salon du LBD à Angoulême.

[2] La Yourcenar, cette amatrice de gazon qui taclait sans cesse Green, vendait avec son accent aristocratique snob son pain ou œuvre au blé, dans le Maine.

[3] Comme dans un village classé – à côté de l’aéroport où Renoir fit son baptême de l’air, où Saint-Ex eut son diplôme d’aviateur – où, après avoir tourné Marquise des Anges et Les trois Mousquetaires, les mariées se faisaient photographier, voire shooter, avant de participer à un concours, dit l’enfer du Nord au Centre, de talons hauts sur les rugueuses et pointues couilles du pape, avec un mastard à l’arrivée avec un drapeau de F1 qui crie : « Bon divorce ».

[4] Egalement ailleurs comme en témoigne Allez coucher ailleurs (I was a male war bride, H. Hawks, 1949) dans le Berlin de l’immédiat après-guerre.

[5] La grotte de Platon, la reproductibilité selon Walter fucking Benjamin, réel/virtuel, regardeur, immersif, etc.

[6] Quels humains derrière les corps, peau de fantôme Gasper© ? Tué.e.s par Fuzz ? dans des prisons ou des camps ?

[7] Un whisky lorrain avec bitter et zeste d’orange appliqué sur le bord et épinglé avec une mini-pince à linge sur le pied du verre, le Catherine II soit un rye au goût très vanillé avec bitter, un glaçon rond massif, une crème de mandarine à la bombe, et le Savage avec du Bunnahabhain, quelques gouttes de bitter et du Noilly-Prat.

[8] Intervalle, de trois tons, de quarte augmentée.

[Manuscrit] Sales rêves [épisode 8]

Croiser sans fréquenter. Ami.e.s et couples avachis sur leur cellulaire-aux-métaux-rares-arrachés-dans-mines-clandestines, avec nomophobie, devant leur verre Duralex® sed sex de chez Pyrex® au grand réfectoire où subsiste encore leur écho que subsume la cuisine d’inspiration créole de Ravin avec la mode de la cuisson à basse température payée sans contact, comme l’amour et les fantômes nippons – nagori. Ils ne savent plus voir : ni au-dessus – cette plaque satanique d’ancêtre de Fuzz ; une autre, dans un resto de luxe, du guérisseur star[1], de l’hémophile tsarévitch, où il fabriqua son héliosine -, ni devant – cette dalle rouge du président[2] rebouisé (cher acteur du TNP), dans son landau à coups de poignard[3] par l’anarchiste italien et néanmoins boulanger vengeant l’exécution de Ravachol lors de l’expo universelle où les personnes des colonies étaient capturées et exhibées dans des cages, cela allait de soie -, encore moins autour. Heureux qui communique selon du Bellay. Communiquer n’est pas échanger. Moshi moshi. Des cabines téléphoniques végétalisées, devenues au mieux des boîtes à livres, abandonnées, taguées, enlevées.

Des spectacles en plein plein air, très sol-sol, pour occuper l’été : du baroque dans les parcs – Shaft à voix de castrat ; 25 000 spectateurs sans raquer sur pelouse interdite pour du Dvořák, inspirant Initials BB du point G. avec vue uniquement sur la moitié de l’orchestre symphonique et parlotes GenZ pimentées de force castagnes de spectateurs masquant la vue par paresse et individualisme malgré protestations – gueule et sifflets; retransmission sucrée de l’opéra pour tous ; projections de films – parfois depuis une péniche -, des concerts en île. Un javelot transperce une voiture – !Simca !Simca Lelouch par Tarantino – en double tonneau à la belle Zoë Bell au milieu du boulevard : Royal de luxe©.

Le 22 fév.1526, fête de Fuzz, chaire de Saint Pierre, Meriadeg, Saint Bernard après l’extinction de chandelles et de cloche en détestation sonne : Dario, Dario, von Sydow dare-dare dans le parc, exorcisme par Portalenqui avec l’abbé de Montalembert sous François II de Rohan sur l’esprit frappeur – margaude=lève-groin=poutrône feu sœur Alice=Alix de Theizé=Télieux[4] qui tac-tac-tac cognait sous les pieds et genoux en traçant de nuit, le signe de croix sur le visage effleuré, alors que le chien jaune de Basketville, venu de la Drôme, rôdait dans la nuit avec ses yeux de feu – en riche femme damnée=tâtant de la brioche infernale Antoinette de Glosée, où les poules du licencieux couvent – ratichonnière Saint-Pierre-les-Nonnains, devenu palais (des Arts, Saint-Pierre) puis musée (Saint-Pierre)=MBA – couvent – avec des fœtus et des cadavres d’infanticides dessous – après déni de grossesse comme dans  La maison de la rue en pente – retrouvés après la destruction par le protestant baron des Adrets. Des partouses sataniques de l’abbé Boulard[5] ; gare au traité de sorcellerie Vauderye en brief sous Charles VII et à l’échec de l’inquisition dominicaine quant à la chasse aux sorcières et leur sabbat. Quelle idée de nommer sa fille Häxan selon l’étrange film, censuré, de Christensen. Des messes noires dans les recoins.

Rituels sataniques de Fuzz. Les féministes manifestent encore contre la venue du réalisateur de Rosemary’s baby[6], où Mia-Maison-des-bois prépare, en chantant sur une musique de Komeda, comme Ophélie qui ne fait pas d’Hamlet aux huîtres à la taïwanaise sans casser les œufs, du romarin dans le Bram(Stoker)ForDakota, près de Central park Sodome, vers l’Annie Lennox Avenue, là où Lennon fut assassiné par Chapman qui fut au premier rang de la pièce Elephant man dont le rôle-titre fut joué magistralement par Bowie, et divorça par téléphone pendant le tournage avec son (ex-)mari mafieux, The Voice[7], Franck psalmodié dans une rave des Nuits sonores par Miss Kittin & the Hacker.

Fleuves deux, quais aménagés. Masculin féminin. On ne se bugne jamais dans le même fleuve. Tôkyôto© est 1 des piliers du triangle ésotérique de magie blanche Turin-Prague, qui en croise un autre, plus sombre. Franc-maçonneries puissantes, loges en stock. Le soyeux Willermoz, maçon spéculatif, créa la loge des Maîtres réguliers où il acquit le grade de chevalier de Saint-André, ainsi qu’une autre loge, avec son frère dans le Midi, le chapitre des chevaliers de l’Aigle Noir, avec l’hymne bien connu de Barbara, évitant les griffes de Cagliostro avec son rite égyptien dans la loge « La Sagesse » puis La Sagesse Triomphante,  pour rejoindre le culte des Coens de Martinès de Pasqually et y acquérir le grade de commandeur d’Orient et Occident avec la charge d’inspecteur général de l’ordre des Coens, puis il fonda la loge La Bienfaisance en lien avec la Stricte Observance templière des barons allemands Hund & Weiler et la loge, grâce à l’alsacien Salzmann, des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, avec le grade de Grand Profès puis la franc-maçonnerie Rectifiée depuis le Convent de Wilhemsbad, la Société des Initiés puis la Loge Elue et Chérie de la Bienfaisance. Casanova a traîné icigo dans une loge. Tous s’intéressent au cas de la somnambulique Jeanne Rochette et de l’Agent Inconnu=Mme de Vallière=Marie-Louise de Monspey. Mesmer, préfigurant l’homme de la Berggasse après Charcot dont il fut l’élève, avec sa loge de l’Harmonie Universelle fondée avec l’avocat Bergasse, qui paradait en toge en soie et chapeau pointu sur fond d’harmonica de verre, serait venu à Tôkyôto©, peut-être pour y montrer ses passes magnétiques, autour du baquet contenant des bouteilles remplies d’eau magnétisée[8] sur un mélange de verre pilé et de limaille de fer avec rajout d’aimant, de plantes médicinales[9], où les femmes, après avoir touché les tiges en métal tout en mettant la corde sur le creux de l’estomac ou autour du poignet ou de la cheville, se pâmaient dans des chambre de crise où les valets-toucheur en profitaient pour les peloter. Le marquis de Puységur, en bon disciple, affilié à la loge La Candeur de Strasbourg pour y créer l’une des premières loges Rectifiées avec la Société Harmonique des Amis Réunis de Strasbourg, propagea la bonne parole, générant fluidistes, animistes, psycho-fluidistes, sceptiques et spiritualistes. Succède au spiritualisme magnétique de Tardy de Montravel et du Chevalier de Barberin, le journal Le Somnambule, journal de magnétisme du spirite Possin, diffuseur de magnétisme d’école du Dr Billot. Les convulsionnaires se réunissaient à la janséniste. L’Athénée a cru. Le théosophe Ballanche, proche de Récamier, Chateaubriand, Sainte-Beuve et Ampère, nourri de Boehme et de Saint-Martin, fonda la Société chrétienne à base de philosophie romantique allemande. Et Jacques Aymar, Pythonisse, Madame de Thèbes. (Léon-Hippolyte aka Allan) Kardec à l’école du franc-maçon Pestalozzi, de la loge La Tolérance, pénétré de rousseauisme – sa société et sa revue spirite – sont dans le Kardex®. Le visionnaire Vintras célébra ses « messes rouges », reprises par l’abbé Boullan. Le journal spirite s’inspire du curé d’Ars et du père Chevrier, fondateur et chef de la communauté du Prado avec ses prêtres pauvres. En face de la Fédération spirite, réunissant la Société Fraternelle de Sausse, le cercle Amitié et le groupe Chevalier-Deprêle, s’opposent les Indépendants avec la fédération des Spiritualistes Modernes. Mme Combes, médium spirite, ouvrit un nouveau cercle par écriture automatique, la société Jeanne-d’Arc avec recueillement, les passes magnétiques et la chaise avec incorporation où se manifestent les esprits des ténèbres, les esprits familiers et les esprits-guides. Puiser dans le Centre de doctrine et de sciences spirites Allan-Kardec. Le gnostique Thiellement, exégète des ronds-points, tourne de l’œil devant la fresque au-dessous de laquelle le boulanger, marié à une cubaine, est mort en poursuivant un client malcommode sortant en courant de la boutique – le cœur lâcha.

En DUMBO de Crooklyn sur fond de  Cass(i)us Belli, L’Animalerie, Bavoog Avers, Oster Lapwass, Chilla, Sasso, Les Enfants Sauvages, Ming8 Halls Starf, Mazoo, Pifi, Lyonzon, Zeguerre, Vrax, Robse, La Famax, Vax-1, KLM, 666, 667-669, RA2Z, Pouya ALZ, d’IPM : autour d’un quartier envahi de magasins de bricolage, un Petit avec des grandes oreilles écoute, chez un disquaire ayant miraculeusement survécu, le son d’Homard violet, de Starshooter, d’Haine Brigade, de Garlic Frog diet, Crazy skankers, Marie et les Garçons, Straight Royeur, d’Electric Callas, de Carte de séjour ou art de jouer seC d’un groupe qui splita l’année du bicentenaire de la Révolution française, Bananas at the audience, Kabuki Buddah, Chevignon, Binaire, Mensch, Brice et sa pute, Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, Bye bye Dubaï, Venin carmin, Tôle froide, Le peuple de l’herbe, High Tone, le grunge Mudhoney et son maxi Superfuzz Bigmuff sur Sub Pop, Fuzz, ce groupe de hard rock  jouant en generator show dans un tunnel abandonné avec la guitare alerte de Ty Segall, les labels Arty farty, InFiné et Jarring effects. Pas assez de koto à Tôkyôto©.

Sos amor et la verte=gonorrhée à Sodomorrhe-sur-Babylone more : échangismes dans les coins en adéquation avec l’idéologie politique et économique, La vie sexuelle de Catherine M., jalouse, pionnière du droit d’importuner en temps de #MeToo, avide de viol pour prouver sa résilience, aimant vit et directrice d’Art press-purée venue voir derrière les jalousies la directrice des Beaux-Arts. Ayant trop le feu au cul, la boîte à culs, trois étoiles dans GQ, flamba=en charbonaille dans la presqu’îl de la belle ville en archipel, trop d’îles flottantes avec l’orgue de barbarie. Traczire dans le bouic. Rue de l’épée, un club d’arts martiaux, anciennement un lieu d’accueil de bordeliers=bobinard=cambrouse=bouc=garcerie=beule=claque, parmi 32 dont 26 maisons de RDV, moins regardantes, le Panier fleuri pour ne plus compter fleurettes : coursive intérieure supérieure pour plonger voir s’il y a du monde au balcon avant de tester la marchandise – Palper là cet épiderme / Qui fait que je me dresse; sur la façade extérieure, le balcon, loin du pont des soupirs, attenant aux appartements de la baillive=maquerelle. Possibilité de laisse is mord pour l’option d’un S.M. minimal ; « J’ai d’autres chattes à fouetter. » dit la maîtresse Jeanne de Berk[10]. Sans omettre les rapports d’émigré.e.s de Gomorrhe dans l’immeuble de rapport vers l’avenue Q près de Ginza street. Pas de J’accuse aux jacuzzis. Feu au QG, coups de Fuzz. Emprunter le pont d’échangisme pour fouler une petite île verdoyante, contenant une belle église partagée entre plusieurs appartements, où l’échangisme en plein air se pratique 7 jours sur 7. Comme Casino®. Se sustenter d’une tarte à la praline chez Ejacteur.

Les pistes cyclables[11] sont partout – étendues temporaires=coronapistes pendant les pandémies quand tout va à vé-lo. Inondables malgré normes. Piétons perdus versus mob et mode doux à tout va. Les verts virent les boîtes à livres d’occasion, malheureusement pas classés Unesco, pour les pistes : le monde doux aura la peau des romans durs. Les boutiques de réparation de vélo pullulent comme les cafés-vélos où il est possible de se lover moyennant lovés. Les trottoirs végétalisés débordent en ZFE.

Dans le métro – !: Attentifs ensemble -, les médiateurs guettent pour éviter les piétinements et écrasements des rencognés qui ont la comprenure difficile lors des heures de pointe – un mort déjà, poussé par Fuzz. Le lapin Serge s’épuise à clamer dans l’indifférence Fais attention. Tu risques de te faire pincer [au cul] très fort. Une religieuse portugaise défroquée, concurrencée par les familles roms, qu’elle jalouse d’un racisme à fond catholique, vend des canettes pour son frère dépendant d’opérations chirurgicales coûteuses, à côté de dingues sortis d’hôpitaux psychiatriques ou de jeunes désœuvrés. Beaucoup prennent exemple sur Chirac – qui ne prenait jamais le métro, comme Balladur, Kosciusko-Morizet ou Pécresse en campagne, sauf pour la pose, cela va de soi – pour éviter de payer en surmontant le tourniquet d’entrée ou en passant à travers les portes derrière vous, en vous collant tout en assurant vos arrières, les jeunes vous tançant si vous n’acquiescez pas, certains demandent la permission – les français seraient plus coopérants que les allemands. Les femmes – l’une a un t-shirt rose fluo : « l’amour est déclaré » – se mirent dans la vitre en face avec force grimaces. Damoches et damottes. L’odeur de livres neufs des corps aseptisés à cause de l’identique lait de corps détraquant tout parfum et le corps à cause de perturbateurs endocriniens. Elles causent des bleus aux alentours à cause de la vie indépendante de leur sac à main ou accessoire, comme bombarde, à marqueur social, où ce qu’elles cherchent se situe forcément au fond. Les bouches pincées se mordent de dedans la bouche – visage plastique. Une femme-araignée roumaine, marchant sur ses moignons inverses, quête. Ça mate en triple bande. Nombreux déblatèrent en soliloque logorrhéique. Tou.te.s autistes=zombies avec casque, avec portable ou non, les hommes exhibant leurs couilles autour de leur cou ; en mains, souvent féminines ou autistes reading, des livres parfois[12]. Seuls ensemble. Distribution quotidienne de journaux gratuits dirigés par des épiciers fortunés pour conditionner – A quoi ça sert qu’ils se décarcassent ? -, Fuzz l’a compris : forger l’opinion. Obésité généralisée – non prévue dans les places de transports en commun -, solutions propophiles pour le deuxième cerveau. L’amplitude de l’écartement des jambes masculines=manspreading, souvent gênante, est supérieure à celle des femmes même si Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tout sens, lui donnant son équilibre et son harmonie et les pellicules de cinéma recyclées en talons de chaussures.

Dans une voie de garage, une dizaine de personnes ont disparu, jamais revues comme entre Charing cross et Temple dans l’underground avec culex molestus de Deep end ou dans L’attaque du métro 123, ce remake de Tony Scott, ou la station fantôme ou désaffectée Arsenal, Plaine des Jeux car puits de descente du tunnelier Agathe, la station Lortet ou, à la Subway de Besson, la « station cinéma » sur la liaison entre la ligne 3 bis et 7 bis, près de la station Sans sushis près du lac artificiel de Biwa à Shiga, peuplé de butors, où est né le sushi[13] : enlèvement par Fuzz moyennant monnaie. Des rats, mutants, se sont échappés de l’animalerie du labo de la Fac de Médecine, se multipliant comme blobs et Gremlins©, et grossissant grâce aux manips génétiques de Fuzz ; ils envahissent par escouades malgré les produits d’hygiène toxiques. Le joueur de flûte d’Hamelin© meurt d’une overdose d’héro comme Ziggy, pas la poupée Mattel©. Du gaz sarin dans les rames de métro de Tôkyôto© à la station Kasumigaseki, au croisement de 3 lignes, sous la direction de Fuzz[14] à la tête de la désinvolte et sweet secte apocalyptique Aum Shinrikyo-Aleph et ses « ventes spirituelles » aux adeptes à prix exorbitants de produits de faible valeur éclatant en scandale : 14 morts, 6 000 intoxiqués. Mais pourquoi les kiwis m’empêcheraient-ils d’être sarin ? Dodo disparu, regénéré par ADN.

Un couloir souterrain, condamné depuis le passage du métro, surveillé par les little red cornettes dans la guérite, pour les patients passant de vie à trépas entre l’hôpital et le médico-légal amphi Lacassagne avec une forte odeur d’autopsie[15] où des scènes de polar comme Les rivières pourpres de Kassovitz ont été tournées. Parfois le solliceur de lacets=balai=chandelier=QRM 22=gendarme accompagnateur tourne de l’œil. Le grand réseau souterrain reste inexpliqué : les arêtes se prenaient par la rue des Fantasques – dépôt de monnaies romaines, couloirs secrets pour l’armée, tombes, trésor des Templiers ou autre ?

Rendez-vous clandé du speakeasy Fuzz avec force chandeliers. Après EnCuledo®, jeu d’arcades : passages=allées pour celles et ceux qui pratiquent le plus vieux métier du monde, passe-murailles=espions maussades aux initiales de mauvais whisky, de dissidents chinois[16] hush hush aux scores sociaux au crédit négatif visible par tous, suite à l’édiction d’un kompromat, après les Résistants very hush hush, RDV avec X. Rue Constantine, rue clandestine.

 Icicaille : secret des cours. Vidéosurveillance intelligente dont caméras-dômes – focus. Des rebel.le.s avec du scotch noir ou du maquillage dazzle asymétrique sur le visage, maigre tribu en  degré de liberté, pour parer le pointage, l’identification faciale – fleuron français : des clowns tristes d’une tribu amérindienne inconnue ; Raoni reste sans voix avec plateau labial bloqué, Sting s’est cassé la voix déjà fausse – Message in the bottle. Fuzz use de split screen façon Conversation secrète de Coppola et Phantom of the paradise, Blow out, Snake eyes de de Palma. Identification faciale, à l’iris, visage, voix ou par le microbiote intestinal, par les selles, par le phallus pour la prédiction des criminels – K. Dick K. Dick – avec algorithme biaisé de racismes, dans la ville où naquit la police scientifique par le médecin, amateur d’opérettes et opéras, hématophobe[17], à l’origine de l’association du Merle blanc. Bombe artisanale Fuzz en safe city friendly dans la grande rue commerçante malgré. Tolérance zéro.

Une fille violée par Fuzz, pote des Droogs©, qui prit son pied au pied des tours, érigées par Zizi Béton, qui bandent de tourbe de cravatés en face de la gare ; pas loin, vrille=Woolf[18], une gendarmette=fuzz a sa meuf violentée par des bandes d’adotes au cutter, hypnotisées par Fuzz – homophobie croissante. Run away, turn away Small town boy.


[1] Annonçant le général Murat, le mouloujik & sa femme, Raspoutine-Depardieu. La tombe de maître Philippe, dont était féru Lacassagne, est la plus fleurie du cimetière. Celle de Kardec, comportant la mention « Naître, mourir, renaître encore et progresser sans cesse, telle est la Loi. », est fleurie après chaque vœu exaucé, selon le souhait du maître.

[2] Rose $Selavy, Sadi, prénom prédestiné pour l’œil persan ; pas d’hasard, Lazare.

[3] Reproduit une centaine de fois comme un produit dérivé, au centre du monde selon Dalí.

[4] Préfigurant Sœur Raphaëlle=Madame Delaunay=Madame du Lac=Madame de Florainvalle=sœur Eugénie Guillou de la congrégation des sœurs de Sion, hors château de Louvières, qui, à la Belle Epoque, fit, bien que « petite, brune, pas belle », sa publicité en aguichant « Recevoir le fouet est chez moi une passion, un besoin. Si vous pouvez me trouver un monsieur aisé aimant fesser la femme, je vous dédommagerai généreusement. » à domicile ou dans son Beauty Salon avec force martinets.

[5] « C’est d’ici que le vénérable Boulard enlevait tous les jours un mètre de raretés toisé à sa canne de mesure, pour lequel ses six maisons pléthoriques de volumes n’avaient pas de place en réserve. » par le franc-comtois et bibliothécaire de l’Arsenal Charles Nodier. Le bibliomane. Paris : Librairie L. Conquet, Imprimerie générale Lahure, 1894. 24 compositions de Maurice Leloir ; gravées sur bois par F. Noël. Préface de R. Vallery-Radot. p. 16 in Contes de la veillée.

[6] Un film interdit à Salem.

[7] 45 % de bite selon Ava à Ford, choqué, qui la taquina pourtant sur le sujet.

[8] Un apothicaire mort centenaire, Lanoix, y développa le principe électrique à coups de bouteilles de Leyde.

[9] Comme lavande, hyssope, verveine, chèvrefeuille, tilleul et feuilles d’oranger mêlés, menthe poivrée, baies de genièvre et centaurée.

[10] Longtemps mariée à un ingénieur-écrivain – le publicitaire, fils de pétainistes adorés, de nouveau, ramant, siégeant dans un ancien bordel avec force œilleton pour le voyeur-, impuissant, piètre réalisateur, épée, hors fourreau, refusée de l’immortel, supplanté par une femme pour fin de vie.

[11] Les cyclades, envahies de touristes, ne sont qu’en Grèce.

[12] Produits surtout par des personnes dont le talent est souvent inversement proportionnel au nombre d’exemplaires vendus. Ces livres sont édités pour les distributeurs en fonction des ventes potentielles, non selon les lecteurs. « Les littératures démocratiques fourmillent toujours de ces auteurs qui n’aperçoivent dans les lettres qu’une industrie, et, pour quelques grands écrivains qu’on y voit, on y compte par milliers des vendeurs d’idées » (Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. Tome second. Paris : Gallimard, 1961. p. 66) ; « Avec nos mœurs électorales, industrielles, tout le monde, une fois au moins dans sa vie, aura eu sa page, son discours, son prospectus. » (Sainte-Beuve. De la littérature industrielle. Paris : Allia, 2003) in Olivier Bessard-Banquy (Sous la dir.). Splendeurs et misères de la littérature : Ou la démocratisation des lettres, de Balzac à Houellebecq. Paris : Armand Colin, 2022. p. 25-26.

[13] Le funazushi, apparu dès le VIIIe siècle, est composé de poisson funa (genre carassius), notamment l’espèce nigorobuna, écaillé, vidé, salé puis mariné puis fourré et recouvert de riz cuit puis fermenté.

[14] Ami de ce spécialiste et collectionneur de Nostradamus, avec bibliographie exhaustive, imprimeur, revuiste, tendu comme un démonte-pneu, également élu, chargé de la mémoire gay à Tôkyôto©.

[15] Barbie – pas la poupée de 29 cm de Mattel© créée en 1959 à partir de Jayne Mansfield quand elle avait encore toute sa tête, quoiqu’une, vêtue comme une déportée, fut heureusement retirée du marché – heureusement condamné outre la défense hargneuse de Vergès, et filmé dans la ville où il a sévi, L’armée des ombres suscitant l’émoi des tôkyôtoïtes à cause des kakémonos nazis pour décor : un tortionnaire au cœur de jeune homme. Hernu, connu pour l’explosion mortelle à la Cruchot par la DGSE du bateau de Greenpeace, le Rainbow warrior qui l’acheva : grosse bite, certains sont plus égaux que d’autres.

[16] Alors que leur président, après la visite du premier institut franco-chinois, se sustenta d’une selle d’agneau du Limousin fondante dans la paille fumante par JC2A de l’auberge de l’île échangiste.

[17] Locard joua un rôle, grâce à une expertise graphologique – qui s’opposa par sa méthode à celle de l’antisémite Bertillon qui se discrédita dans l’affaire Dreyfus -, dans l’affaire de l’œil du tigre (inspirant sans doute le tube de Survivor pour Rocky) de Tulle, qui inspira Le Corbeau de Clouzot, tourné dans la ville de Ravel, à la Continentale, autour de l’anonymographe, film aussi détesté par les français (cote 6 : au-delà d’à proscrire selon la centrale catholique vichyssoise), dont les Résistants, que par les nazis.

[18] Cette auteure – Orlando furiosa -, trop consciente de sa classe sociale dite upper upper=supérieure, à coup de ouistiti Mitz, où, foi de Toynbee, place to be or not place to be est plus important que to be or not to be, qui se regardait écrire dans sa Chambre à soi, heureuse uniquement lorsqu’elle fabrique du pain, antisémite mariée au juif Léonard, en rivalité avec sa sœur peintre Belle, qui n’a, sauf Cap Canaille vers Cassis et St Yves (Cornouailles), dépassé Picadilly que pour se noyer bien que la phalène aimait la pêche – préférer Bloom à Bloomsbury ainsi que Conrad.


[Manuscrit] Sales rêves [épisode 7]

Urbex. Vinciffageland. Tractations Fuzz-qui-fuse. Transformer patrimoine en tiroir-caisse : Hôtel-Dieu[1] cinq étoiles, que ville vive ! Nez rouge est icicaille gastronomique, comme son prix. Dessous, une royale tombe, majesté inconnue devant les archéologues désemparés[2], recouverte illico – ni vu ni connu je t’=archéologie préventive, quand c’est INRAP, c’est râpé. Dôme reconstruit depuis la destruction de la guerre n’aspire plus les miasmes mais les monnaies et devises sonnantes & trébuchantes=fiat ou cryptoactifs=cryptomonnaies comme dogecoin, Ada ou l’ardeur d’acheter, déclinées en monnaie locale telle que gonette, tissou, doume, sol-violette, épi, abeille, nissart, galleco. Soufflot, qui n’assista pas à la fin des travaux à cause de l’appel du Roi Soleil à Versailles, s’en retourne dans sa tombe. Monuments hystériques complaisants. En faillite, la Cité gastro dite interactive sur le modèle du musée des microbes à Amsterdam près du Botanique. Désillusion du musée des illusions à cause du prix peu magique du billet.

Je t’ : un mari avec sa réchauffante=son gazon=sa moumoute, Marcel Carne, subitement fou travaille dans le rouge sur l’incitation de Fuzz – Red rum red rum ; Jack a dollar dull Jack a dollar dull Jack a dollar dull, ad lib. : sa jeune femme, lâche la rampe=a perdu le goût du pain=remercie le boulanger=n’a plus mal aux dents – = énième féminicide -, qui chauffa la carte – femme à chats = femme-achats : « je dépense, donc je suis » Descartes de crédit – dans les commerces de luxe adjacents. Un tien vaut mieux deux tu l’auras. Un autre, soit ayant trop joué sur Twitch® against Moscou, soit ayant trop lu Breton[3] – foi de Quincey – et rempli de Waco minute soupe®, a fait la maison entière en imitant le sniper de Sarajevo et de Las Vegas et tue à la Fuzz 20 personnes, si je ne Mabuse, en tirant au bazooka sur les voitures en bord de fleuve. A chacun son Pac-Man© et pas qu’en post-it® de Silver sur la vitre de bureau ou de la chambre : Atari® jaune, Ubisoft® pas safe. Keitel en Mister W – Winston Wolf -, le nettoyeur de Pulp fiction enlèvera le sang, les bouts d’os et les bouts de cervelle dans la Chevrolet verte de 74. Boucherie attenante : retour aux origines.

[ambiance : avant Musique pour aéroport d’Eno-l’ambient-stratégie oblique – aéroport (où zone, en transit une dizaine d’années, tel un fantôme, l’iranien Sir Alfred) nommé Toine (et cet homme planté, attendant un voyageur, avec un panneau indiquant « En attendant Godot »), il a été construit avec des escalators trop courts et impraticables, des terminaux inactifs, des circuits de refroidissement d’eau sous les câbles électriques sous le faux plafond et inauguré pendant le confinement -, musique pour meurtres d’Hitch inspirant le rap d’Eminem et son flow rapide comme l’asthmatique et clopeur Busta Rhymes Gimme some more avec le sample d’Herrmann dans Psycho].

Amarrée icigo lors du siècle positiviste et hygiéniste, la morgue flottante, à cause de maires-médecins raspis=rapiamus=avec oursins, hérissons=fers barbelés dans les poches au mépris de l’hygiène, avec boulanger remercié en tant que gourdés=noyés[4] ou qu’assassinés au choix pour identification comme dans Thérèse Raquin de Zola ; ancien bateau=plate, dirigé par un plattier gueulard, pour poules d’eau=sautes-fleuve=relaveuses=lavandières battant batillon et baquets insolents, peu enchanteur, pourrissant et puant, à côté des carpes et des brochets[5] en surnombre évidées et des bèches d’où plongeaient quelques nageurs dont des carabins – visité les week-ends par les enfants d’humeur baladoire avec leurs parents ; parfois le criminel venait admirer le résultat de son crime et se faisait capturer – échoua, go fast, en vallée de la chimie à cause de la grande crue centennale.

Un nuage passe comme un ange – une anguille[6] sous la meule de foin : arbre macchabée machabé macabrée maicaibré maucaibré montcabré macabre abrecâbre abrecâbe machabe macabe macade marcabe marcade méquébé. Le cunnilingus est un gros nuage annonçant _rage tout comme le pyronimbus. Bérézina printanière, les corps, conservés grâce à un système de douchette pompant l’eau dans le fleuve, flottent comme dans Coup de torchon[7] par le réalisateur local de L’horloger et le scénariste Aurenche-le-parleur. Par manque de place, les dégelés=bouquets=corps=rebouis, go free, sont déposés, à l’aide d’un garde de bonne morgue, dans des camions frigos® pour la boîte aux refroidis lors de la clavicule, signalée par l’avant-chien, ou un espace frigo® marché-ventre comme le musée des claqués à cause d’épidémie avant l’île aux morts entre les 4e et 5e avenues[8] ou à la ficelle, comme l’andouillette évaluée par Standard & Poor’s AAAA avec du sang d’artiste, avec – ni ail  ni crucifix – force chevaux et trimbaleur de carne pour la sèche – vampire contre-attaque. Le canasson finira en tartare, shushis ou en Canigou®, Ragoutoutou©[9] : rien ne se perd, tout se transforme. Avec un panneau d’un pape qui explosa, manifestation des embaumeurs – le marché de la mort, inévitable, est très lucratif avec un lobbying puissant où règne la loi de la rentabilité – à cause d’usage de produits nocifs, polluant sols et nappes phréatiques lors de la décomposition du « je ne sais » selon le Méldois Bossuet, avec reconnaissance de la pénibilité, de la concurrence du low cost à forte intensité où des vers sortent de bouches mal cousues. 11 millions le nombre d’arbres sains sont abattus et coupés pour produire les cercueils, soit plus de 30.000 km2 de forêt, Rika Zaraï préférant l’humusation, sur lit de broyat, à l’aquamation et au cercueil en carton-cellulose, ou « boîte Amazon® », selon le design funéraire en cours, comme sa valise, avec une émission supplémentaire de 14 kg de CO2 par rapport aux cercueils en bois lors des crémations. Le cimetière est le seul endroit tranquille où animaux s’ébrouent et abeilles pollinisent : passée l’allée des vampires dont le fameux Vlad, le cercueil de verre dans la colonnade de la comtesse Demidoff-beauf Strogonoff, morte en 1818, où si tu te démerdoffes à rester un an dans la crypte où elle repose à force de voir les Contes de la crypte, tu gagnes le gros lot selon son testament ; après quelques paroles terminales genre « Le soleil, c’est dieu. » (Turner), « Laisser verdure. » (George Sand), « Je meurs. » (phrase incontestable du médecin Tchékhov), « C’est fini. » (Nathalie Sarraute), « J’ai l’impression qu’il y a une histoire d’amour entre l’infirmière et le type qui fait le ménage. » (Jacques Tati), l’écrivain Fournier agrémente son épitaphe de « Finalement, nous ne regrettons pas d’être vénus. » ; « Ci-gît un dur à cuire » pour celui qui ne se priva, le musicien, incinéré, Jo Privat ; « Chômeur à vie intégrale / sous-consommateur total. » Parmentier-qui-n’a-plus-la-patate ; « gémissons, gémissons, gémissons. » selon l’homme aux dents longues.

Concentration mondiale de centrales nucléaires – éculées, au bord de montagnes jeunes qui montent comme nos ongles, autour du Mont Pourri[10], sur plaques en mouvement ; lors de canicules, l’important, c’est l’arrose pour que la température tombe. Fuzz comme Zorine avec walkman® à San Andreas, vers Frisco ou San Fran selon le snobisme, active, comme Lex Luthor par Gene Hackman avec les missiles dans le premier Superman de Donner, la faille avec des explosifs – Big one – et engloutit la Sillyconne valley. Eau vive de Giono sans Béart : barrages hydroélectriques, bientôt privatisés alors que l’hydroélectrique est producteur de méthane, menacent de rupture – avec l’aide de Fuzz en plus. Où est le regard bleu intense de Lee Remick ?

 Musée high-tech avec architecture décalée[11], avec peu d’espaces d’expo, dans l’eau s’enfonce lentement comme le tribunal néoclassique à colonnes où les dossiers sciento-qui-ont-pignon-sur-rue, en libre communication, furent volés par Fuzz. Un théâtre classique classé, touché par un incendie partiel à cause de travaux, où a été créé Boudu sauvé des eaux. La population, soulagée par le pain et les jeux comme le grand feu d’artifice de l’anniversaire de la prise femelle ou mâle de la Bastille, paye les travaux avec les impôts. La ville est une marque déposée – comme le blanc Allais©[12], initiant les nombreux procès de plagiat, psychologique[13] ou non, de monochromes, le bleu Klein©[14], Monory© ou Hockney©, le noir Kapoor®, la rose shocking© de la grand-mère de Marisa Berenson, Elsa Schiaparelli, le jaune – cotée en bourse. Calcul du temps de nuité, de visitorat et du taux d’occupation par les clients.


[1] Bail emphytéotique comme la Punta della dogana à Venise par Pinault-simple-fric et Ando.

[2] Dont le mari d’Agatha-whodunnit après le « troyen » Winckelmann né Stendhal.

[3] Le Second manifeste du surréalisme, 1930.

[4] Réanimés parfois au siècle des Lumières avec du tabac – fort prisé au point d’être volé – dans l’anus grâce au soufflet afférent. Se référer à « Les mœurs des noyés » de Jarry dans La chandelle verte.

[5] Au point de les recycler en quenelles.

[6] Ce poisson excommunié par bulle papale à cause de sa prolifération dans le lac Léman.

[7] Ce n°1000 de Thompson dans la Série noire, collection nommée par Prévert, qui perdit quelques âmes dans la traduction française.

[8] Ce carrefour de la mort© où naquit le blues.

[9] Examinons ces menus de paquebots transatlantiques ; « Pour votre toutou madame, le plat de Médor : consommé de boeuf, toast et légumes » ou, au choix, « la gâterie Normandie : carottes, viande hachée, épinards et toasts ».

[10] Pas la montagne noire d’Aude, cette mine d’or d’Etat recouverte, avec arsenic pur qui se déverse à chaque inondation, notamment dans une école adjacente.

[11] Pangolin en écailles de métal sur squelette de béton : toute ville veut son obéliscal Guggelbao, gare au Gehry all Wright, cette araignée d’eau.

[12] Pour Wang Wei (VIIIe), c’était au lavis. Les prédécesseurs directs sont les Scapagliati en Italie.

[13] L’« autresse » (Rétif de la Bretonne ; mot oublié malgré l’appui de l’Académie française, cette « glorieuse maison de retraite » selon Jean Dutourd de L’Académie par un des Quarante), virée de P.O.L, pourtant amante de l’éditeur, qui inventa ce concept fumeux, à propos d’un enfant mort devenu sujet de fiction, critiqua fortement une autoresse, article à l’appui, afin qu’elle cède sa place à son compagnon, qui s’y substitua de bonne grâce, sur la liste du prix Goncourt, dont il fut finalement exclu dans un bref sursaut d’honnêteté arborée – le conflit d’intérêt étant trop flagrant. L’« autresse » vigilante et déboutée, aura tout de même son Quarto, antichambre de la Pléiade.

[14] IKB (International Klein Blue) pucerons. Dans le bleu peint en bleu de Domenico Volare Modugno, inspiré par Chagall.




Marilyn de risque

Les arcanes des festivals de ciné


   Frémaux, dégueulé général, souhaitait la présence au Festival de Cannes de Blonde de Dominik, un film Netflix qui a mis une dizaine d’années à émerger pour des problèmes de droits, de financement, résolus grâce à Brad Pitt et sa boîte de prod. Plan B Entertainment et la plateforme, refroidie par un « film d’art et d’essai vague et obtus », le peu de dialogue, les scènes de sexe impliquant une interdiction (- de 17 ans aux USA) allant jusqu’au conflit sur le final cut avec le metteur en scène heureusement tenace. Netflix aurait opté pour ne pas présenter Blonde en 2021 aux Oscars pour favoriser Don’t Look Up : déni cosmique (A. McKay, 2021), d’où un retard de plus. Refus de Netflix car Frémaux imposa la catégorie Hors compétition au Festival de Cannes. Voilà encore une fois comment la Mostra de Venise a damé le pion au festival français.


Mais, grâce à Frémaux, schizophrène à Cannes à cause des exploitants, nous bénéficions, grâce à son carnet d’adresses et sa diplomatie, d’une projection à l’Institut Lumière d’un film Netflix, aux abois depuis la perte d’abonnés avec la guerre en Ukraine, la fin de la pandémie, la crise et le manque d’argent, et les abonnements pirates.

 
Un angle enfin singulier


Blonde est un film long tourné à partir du pavé brillant de plus de mille pages de Joyce Carol Oates où les scènes en italiques devenues voix off alternent de façon fluide avec les actions de Marilyn (1926-1962) à partir de sa psyché complexe, tourmentée par des traumas d’enfance tels qu’une mère folle et actrice ratée qui ne la désirait point, un père absent (« l’homme-dans-le-cadre ») au point de qualifier ses maris, entre un Di Maggio violent et un Miller méprisant – incarné par l’excellent Brody, the tarin, perdu des radars depuis son Oscar pour Le pianiste (The pianist, R. Polanski, 2002) -, de « daddy » comme dans Le Milliardaire (Let’s Make Love, G. Cukor, 1960) où elle chante « Mon cœur est à papa / You know, le propriétaire » sur un schéma freudien basique, une fille ballottée entre différentes familles d’accueil, un producteur qui la viole, une maternité contrariée dont un avortement pour pouvoir tourner Les hommes préfèrent les blondes (Gentleman prefer blondes, H. Hawks, 1953), l’écart, de plus en plus abyssal, entre Norma Jeane Mortenson/Baker et la glamour Marilyn Monroe (« Le cercle de lumière est le vôtre » lâche-t-elle aux paparazzi) qui commença comme pin-up (« Marilyn était à la fois l’armure et la prison de Norma Jeane. » selon de Armas) ; bref un chemin de croix qui finit par une passion (« Où s’arrête le rêve et où commence le cauchemar ? », demande Marilyn Monroe lors d’une audition). Oates précise : Marilyn est « complice de sa propre exploitation, qui ne s’extirpa jamais de la machine à broyer, qui accepta son calvaire »).


Le ton du roman et du film est original grâce à une construction en synecdoque au cordeau, une mise en abyme comme dans Requiem for a dream de Darren Aronofsky (2000) : le biopic – car c’en est tout de même un – saisit Marilyn autrement, de l’intérieur jusqu’à quelques rares pointes de mauvais goût comme la vue du vagin via le spéculum (nous échappons à un cunnilingus pendant les règles), un fœtus de synthèse qui parle à Norman Jeane/Marilyn. Pas mieux concernant l’orgasme illustré par les chutes du Niagara en référence au film (Niagara, H. Hathaway, 1953), ce porc, addict au sexe, de Kennedy – dont l’image, enfin exacte, ne ressort pas redorée – qui bande tout en regardant à la tv l’érection de lance-missiles lors de la crise des fusées à Cuba (1962) en attendant une fellation imposée, avec monologue intérieur, alors que le Président répond au téléphone à quelqu’un qui le met en garde contre ses frasques – scène très difficile à voir mais nécessaire à la narration. « Je pense qu’il a réussi à montrer l’expérience de Norma Jeane Baker de son point de vue, plutôt que de la voir de l’extérieur, le regard masculin sur une femme. Il s’est immergé dans son point de vue. » déclare Oates.

Qui est Dominik ?


Dominik est un réalisateur intéressant en tant qu’il arrive à investir un genre, bien calibré par définition, tout en apportant une originalité, un pas de côté, un petit décalage passionnant comme dans L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford, 2007 avec Brad), Cogan (Cogan – Killing them softly, 2012, avec Brad). Pas étonnant qu’il ait porté longtemps le projet Blonde avec sincérité : c’est un bon film, un biopic légèrement décalé, lui aussi. Le roman est difficile à adapter pourtant ; CBS en eut les droits pour une adaptation tv.


Dominik utilise parfois les mêmes procédés que Luhrmann dans l’hideux Elvis (2022) sans pour autant être aussi kitsch que Baz car tout est dans le dispositif établi par le réalisateur. Les changements de formats (1:37, 1:85) et de couleurs, de visions subjectives en anamorphoses expérimentales – beaucoup plus réussis que chez Tony Scott – n’y sont pas étrangers : « J’ai voulu recréer au détail près certaines images ou scènes très connues de la vie de Marilyn dont certaines étaient en noir et blanc. De ce fait, vous êtes en permanence en train de voir des images que vous connaissez pour partie mais le sens que je leur donne est différent. C’était ça l’idée visuelle du film : solliciter la mémoire collective que nous avons d’elle et, en même temps, donner le sentiment qu’elle veut échapper à cette image. » précise Dominik. Le spectateur devient alors schizophrène, entre voyeurisme pour le glamour et empathie avec une descente programmée aux enfers dont nous sommes lointainement les complices.

Ainsi, nous évitons le poncif resservi du « Happy birthday Mister President » le 9 avril 1962, ce qui est un bon signe. La scène de crise de nerfs de Monroe avec Wilder, qui, toujours vachard mais perspicace, déclara que « Marilyn avance sur deux pieds gauches », sur le tournage de Certains l’aiment chaud (Someone like it hot, 1959) est marquante tout comme la robe de William Travilla dans Sept ans de réflexion (The seven year itch, B. Wilder, 1955) qui se soulève longtemps et plusieurs fois à cause du ventilo mimant le souffle de la bouche de métro – pour l’anecdote la scène retenue sera retournée en studio où Marilyn doublera sa culotte de coton blanc ; la première séance, imposée par la Fox, étant publicitaire, avec un « Quel bonheur d’être en robe, je vous plains dans votre pantalon ! » censuré par le code Hays. Dominik poussera la précision jusqu’à tourner dans la maison même où Norma Jeane a bon an mal an grandi et dans celle où elle a été retrouvée morte.


De Armas : de Bond à Blonde


Naomi Watts – ici, on ne peut pas ne pas songer à Mulholland Drive (Lynch, 2001), réinterprété à l’aune de Blonde, pour l’onirisme noir, le passage de la brune à la blonde ou de Norman Jeane à Marilyn -, Chastain ont été envisagées. Et bien, ce sera de Armas, complètement investie à vous faire dresser les poils tant la ressemblance, externe et interne, est affolante : elle tient son rôle à Oscar ; « Elle changera de dimension, comme Julia Roberts avec Pretty Woman », prédit Bruno Barde, le directeur de Deauville qui a auréolé l’actrice cubano-espagnole du mérité prix du Nouvel Hollywood. A star is born !

Elle a été repérée, face à Keanu, dans I Knock Knock (2015) un thriller érotique d’Eli Roth, le « roi de l’horreur ». Elle avait déjà cartonné dans la série espagnole El internado (2007-2010). Elle a éclaté en James Bond girl voire en James Bond Woman dans Mourir peut attendre (No Time To Die, C. J. Fukunaga, 2021) en mettant ses adversaires KO en jupe fendue, porte-jarretelles et talons hauts. Assayas, ex critique aux Cahiers du cinéma, qui l’a filmée dans Cuban network (2019) ne tarit pas d’éloges : « Elle aimantait la caméra, faisait décoller chaque plan. Avec une intelligence intuitive, elle a aussitôt compris le parti à tirer de l’espace de liberté. (…) La largeur de sa palette est assez unique, de la fantaisie la plus débridée aux nuances les plus intimes de l’émotion. Elle a une étonnante capacité d’adaptation, de transformation. ». Jamie Lee Curtis, son amie depuis le tournage de À couteaux tirés (Knives out, Rian Johnson, 2019, où elle joue Marta Cabrera, une infirmière au service d’une famille aisée qui donne la réplique à Danny Craig pour qui « Elle a du cran, elle sait tout jouer. » dans une comédie policière façon Agatha Christie dans un manoir du XIXe siècle de la côte est des États-Unis), l’a comparée à Sophia Loren. Elle donnait déjà la réplique à Ryan Gosling, comme hologramme amoureux, et Harrison Ford en 2017 dans Blade runner 2049 (D. Villeneuve). Les critiques sur l’accent cubain de de Armas, soutenue par la famille de Marilyn, pourtant critique sur certaines scènes de Blonde, sont absurdes. De Armas se lance dans la coproduction avec une comédie d’aventure, Ghosted, bientôt sur Apple TV+.


Good Cave


La musique laisse songer à Robert Wyatt. Quelle ne fut pas ma surprise de voir qu’il s’agissait de Kick Ink Nick Cave et de son complice Warren Ellis puisque Dominik leur a consacré un documentaire, This much I know to be true (2022) ! La partition, éthérée comme une lettre au-delà de la mort, est magnifique.

Conclusion

Voici un beau film sensible et original pour commémorer la mort de Marilyn, le 4 août 1962. La perception de Marilyn correspond à la mienne à l’aune des nouvelles données, du recueil de poèmes, du livre de Michel Schneider – de la famille de la regrettée Maria Schneider, récemment disparu, sur les rapports de Marilyn avec son psy -, des images – Marilyn nue dans et au bord de la piscine – du film inachevé (Something’s got to give, George Cukor, 1962) car interrompu par la mort de Marilyn, restée heureusement non élucidée dans Blonde bien que le roman penche pour l’assassinat. La scène clé – l’une des plus belles de l’histoire du cinéma -, la porte d’entrée pour comprendre Marilyn est, pour moi, sa crise de nerf lorsque Gable capture des mustangs dans le dernier film, maudit, Misfits – Les désaxés (The misfits, J. Huston, 1961) où Norman Jeane perce Marilyn en un moment de vérité d’une rare intensité comme un documentaire sur l’actrice. Cette scène n’est pas présente dans Blonde mais d’autres crises de nerfs y ressemblent fortement. J’ai appris sa relation à la Jules et Jim avec Charlie Spencer Chaplin jr et Edward G. Robinson jr, des rejetons de célébrités délaissés par leurs pères.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sans-oser-le-demander/blonde-de-joyce-carol-oates-qui-a-tue-marilyn-7600757

[Manuscrit Sales rêves] Feuilleton 6

Fumer des cigarettes indonésiennes aux clous de girofle échappées des tsunamis pour chasser le moustiques-tigre – !Pas le baume© – porteurs de pathologies. L’amour, c’est comme une cigarette selon la Vartan-aux-dents-du-bonheur. La nicotine protègerait du Sars-cov-2 selon l’auteur de L’homme neuronal[1]: les patchs de nico sont dévalisés, Sunday morning – live ; le cow-boy de Marlboro® est mort ; le lobby du tabac se cantonne à la e-cigarette=vapoteuse. L’ambroisie invasive, suite à la danse de la capitale en kimono, sature le système ORL.

Papillotes[2] et billets doux vers la place d’hétéro avec sa Société d’études psychiques, après la rue de la do-Ré, avec chère fontaine, destinée à une autre ville – Bordeaux refusa la fontaine chère de Bartholdi bâtie sur celle de Moreau, identique à celle dans l’Avenida 9 de Julio à Buenos aires, elle-même construite sur celle du dragon de Piot -, par l’auteur de la Statue de la Liberté tant bafouée[3], déplacée comme les temples d’Abou Simbel à cause de Buren, l’homme aux rayures pas rayé de la liste des artistes d’Etat, biaisé tant l’eau manque, perdant son procès pour sa demande de droits photos et réclamant la réhabilitation au burin impliquant l’onéreux nettoyage quotidien d’Onet® – ballet de voitures-balais – aux grands frais des contribuables bastonnés. Loin far niente breton en fog au soleil-smog sur chaises longues des Wet legs, dolce vita sur la place – jadis, hélas.

Tôkyôto©. Vivre ville, vite ! Jumelée avec une bourgade de campagne d’hexagone, des villes internationales – permettant ainsi de réviser, en dehors des guerres, sa géographie -, le satellite de Saturne. Tomber dans le panneau : ___ 545 km, Théia sous Gaïa, Ebola P4 100 microns, covid 19 géocalisé 1m patient 0 à R0 3,3 plus asymptomatique qu’asymptotique, Lune ****** km, cité nano-, zetta-, yotta-, ronna-, quetta-, Amas de la Vierge, Laniakea, Alpha du Centaure y années lumières, Bételgeuse, c’est pire. Comme Laàs, cette principauté béarnaise – jumelée avec 4 000 micronations dont Hélianthis, une principauté créée en 2013 à Blaye (Gironde) -, avec ses panneaux dont l’un indique « Vous êtes ici au centre du monde » et d’autres mentionnent les distances jusqu’à Pékin, Jérusalem ou encore New Delhi et La Havane. Red label sur labels 5 : ville fleurie, ville connectée, ville gastro, ville géronto, ville lgbtqiabcdzqy+, ville, ville, ville. Top 10. Smart grid pour mini Smart City en Green hook, pâle imitation de MasdarSongdo®, en aseptisée Confluence tendant vers La Défense ou Potsdamer Platz® en Lego® par ses enfilades architecturales prestigieuses sans cohérence[4] : flop -, déserte darse.

N’eussent été les borgnes d’Hollywood, yeux deux admirent la paire de fleuves – croquer les brouillards de l’un comme de la barbe à papa à côté de mangeur de nuages – Igor et Grichka charriant force PVC, tritium, per- et polyfluoroalkylées=PFOS, PFNA, PFOA, PFDA, PFHxA et PFHS=PFAS=polluants éternels via fluorés d’Arkema® et Daikin®, antibiotiques et médocs, en sus de l’amiante, déversés par la troupe de Fuzz, avec des poissons morts en surface[5]. Requin Orque Dauphin  Baleine  Béluga® échoué.

Côté Igor, l’ouvre-boîte, patrimoine culturel immatériel, baisait le cul de la vieille quand le bouquineur, rarement flanelle mais astiqueur de virgules surtout quand le typographe a chié dans le cassetin aux apostrophes, porta son attention sur celui qui est en dare édité au Puits-Pelu, une grosse bouteille=un pavé – un rhinocéros=une histoire de la Chine -, une vraie drouille=panouse, un bouillon=rossignol avec cabochon qu’aura finalement déboulonné son proprio souriant. Chiner La Disparition de Perec et sa quinzaine de traductions, dont une en finnois par le traducteur Ville Keynäs, qui ne s’est pas privé de « a », un lipogramme de plus, la lettre la plus fréquente dans sa langue, mais de « ä » puisque le titre est Häviäminen, avec un pied-failli=une coquille où le e apparaît dans la boîte de Marco-râle, ce punk et libraire de la famille Canson® succédant au papetier Montgolfier d’Ardèche avec la première montgolfière qui décolla d’Annonay. Ce corsaire du quai pratique pourtant un métier inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco.

Sur l’autre quai, le passant a la même tête que son chien[6], gaugnes=couennes=joues comprises ; pitbull, son clebs stupide, à l’arriviste en jogging avec sa montre connectée comme un hamster se damne,  étrangle la chandelle, graillonne=despume=cramiaute=expectore un crachat=serpent=copeau truffé de virus rutilant au soleil et arrive essoufflé ; idem pour la cagole à queue-de-cheval ne se lassant point de son allure Lassie©[7] indigeste pour le concours canin grâce à l’extrait de placenta façon Fruit Chan[8], vendu par Fuzz, appliqué sur les pattes-d’oie et autres rides ; l’autre, mirzales dorées, accoutre l’azor Mirza, blessé par Médor, d’un gilet jaune revendicatif à cause de la lassante pluie verglaçante ; estronpicine – plus-fines=gandouses=merdes dans Snoopy dogg bag aux bords des trottoirs envahis de trottinettes[9] – que des brigades écolo Fuzz jettent dans les fleuves -, patins à roulettes, rollers – Faut qu’ça glisse – qui heurtent jusqu’à la mort, puis au resto pour la chasse au gaspi alors que des voitures-balais se concurrencent en une course digne de la Messe pour le temps présent ; les valises roulent en bruit assourdissant comme un skate – papier déchiré et tremblement. Passé l’Igor, c’est l’aventure.

A la place du chien Saucisse[10], un food truck[11]=camion de nourritures de rue=camion-restaurant=popote roulante=boîte à lunch bio façon rétro caravane currywurst à la Hopper dans Les ailes du désir, intitulé Retour vers la friture, avec VGE, habillé en Gaultier©, derrière l’accordéon comme Yvette Horner around the corner pour plus de proximité avec, entre pains sans glu, croques non binaires à la ileli, hot dog éthique de Saw 6 avec tofu soyeux, traces de coques et algues, archi Tres de mayo – On badigeonne avec (l’) amour -, relevante=moutarde synthétique[12] avec sucre inverti, avec Heinz® zwei drei, une pointe de sKetchup® du grand chef hors sol sans ses tomates extrait d’un tube de dentifrice intitulé joliment L’écume des jours de Boris Viande, sur un steack végétal concurrençant celui développé en labo grâce à une imprimante 3D. Manger-bouger. That’s all, Falk ! – Voix Sauvion – sorti du combo Colombo & Cassavetes-avec-sa-caméra-à-la-tremblante-du-mouton.

Nul banc. Rien à wallacer, Gromit© : pépie-soif. Une plaque commémorative dans une rue banale : « Ici il ne se passa strictement rien. Ici personne n’est mort. Date indéterminée. Passez votre chemin ». A côté, une plaque  volée[13] sur un mur défoncé par les racines d’arbre – comme un monstroplante© – qui se glissent dans les interstices, rue du Premier film où Fuzz a volé toutes les plaques de cuivre de cinéastes, sauf les rayées.

Festivals avec public en cosplay[14] dans un hangar – ancien abattoir art déco, méritant la projection de Le sang des bêtes, où les vaches suivaient des courbes pour moins stresser afin d’offrir une viande de meilleure qualité – devant les people, parfois des croulants hagards avec leur nécro sous le coude[15] tout en sucrant les fraises, une actrice à la peau étirée façon Los Angeles 2016 ou Brazil à coups de kobido et guasha, Cimino – dear my deer, poupée plastique avec une transformation en femme ratée, maquillage de Tuttle loupé – opéré par Fuzz comme pour Bambi Jackson après sa pub Pepsi®, postérieur à son complexe du tube=picou=blair=caillou=nazaret=chandelier=décognoir=piffard=tasseau=blaireauteau=piton=tarin dès l’enfance, marchant millimètre par millimètre avec son Stetson® et ses châssis=lunettes fumées, sur l’estrade suscitant ennui comme un crouton de pain derrière la malle, Huppert, Tip top, fait la potiche en lâchant deux mots banals. Le grimpion[16] s’improvisant en Monsieur Loyal, sans son vélo, nous met ippon vomitif à force de dialectique-à-la-évêque-d’Hippone, de jeter de la poudre aux yeux surmontés de Rimmel® en forçant la voix selon l’indéboulonnable et abstème présentateur de tv, Michel Druncker. Si – cette plaie belge – les frères Dardenne, ces cinéastes-aux-deux-Palmes-d’or-qui-dardent en utilisant la caméra avec l’éreintante tremblante du mouton sur fond réaliste de thèse catho, sont des habitués[17], nul Jean Jacques Rousseau par Jean Jacques Rousseau, ce réalisateur belge néanmoins ouvrier maçon.

Biennulles pour l’image dont les points de Kuzama. Art volatil en demi-deuil près de la Bresse : danse dans le parking, défilé des crapauds=dorelots=fieulx=abaris=flos=chiards=moucherons=QRP=babolets=péchons (de Ruby)=fabricants de moutarde=bessons=diableteaux de chœur=bocons=charipes=bougeons=fifis=grabotons=jargilles=molécules=morjons=sampille=champis, des manifestants avec panneaux ; les poules colorées dans l’ancienne usine à soie avec l’odeur de déjections de volatiles – évolutif : des plantes grasses dans le tunnelier, du jasmin et des araignées exotiques avec des toiles guidées avec une captation sonore dans des cubes translucides pleins de lumière UV. Les médiatrices commentent comme elles peuvent. Relationnel, paraît-il. Un squat arty tenu par un marchand de tapis=d’art coté en bourse avec carcasses d’avion et hommes en suspension et femmes empaquetées en shibari avec cire chaude de bougies sur le corps.


[1] Changeux ne devrait se consacrer, pour changer, qu’à la peinture française du XVIIe.

[2] A Tôkyôto© tout semble avoir été inventé comme les ralentisseurs, les plaques d’immatriculation, les vélos en libre-service, le jorkyball de Paniez mélangeant squash, jeu de ballon, billard et cardio.

[3] Déjà le premier projet en Egypte pendant la fameuse campagne coloniale après avoir battu les mamelouks de l’Empire Ottoman, le retour de flamme de l’amiral Nelson, la rébellion des arabes du cru qui sodomisèrent et décapitèrent quelques soldats prisonniers, Napoléon en pratiquant de même en symétrie.

[4] Le maire – que Collomb repose en pets – marque de sa patte au forceps comme Staline-Mao-Hitler au pied des laids Antigone, Polygone de Bofill en ville médicale septantenaire en Septimanie.

[5] Selon Sans pitié du pays qui clame ses matins calmes où règnent ichtyophages « : !J’aime pas les pouascailles, t’as l’impression que les flottants se foutent de ta gueule et qu’ils racontent des conneries. »

[6] Physiognomonie de Lavater précédant la phrénologie de Gall dont il est resté la caboche à X=la bosse des maths=la bosse des affaires. Ces fumisteries, dont le mesmerisme ou magnétisme animal, ont inspiré Balzac (Louis Lambert, Ursule Mirouët), Barbey d’Aurevilly (Une histoire sans nom), Nerval, Baudelaire, Musset, Saint-Point de Lamartine (Le Tailleur de pierres), Camille Flammarion (Stella), Twain (Tom Sawyer), Dumas (Le collier de la Reine), Sue (Les Mystères de Paris) et bien d’autres.

[7] Chienne colley, héroïne d’un roman d’Eric Knight, paru aux Etats-Unis en 1940, Lassie, chien fidèle(Lassie Come-Home) a connu un grand nombre d’adaptations au cinéma et à la télévision.

[8] Eternelle jeunesse comme Paloma chez Boro ou la Báthory-Seyrig en Lèvres rouges dans un bain de sang de vierges en Ostende-en-Carpates, Flottez hippocampes droits comme des i Laissez-vous porter par l’extrême obligeance ou les escalopes sur les joues de d’Ormesson à l’affût.

[9] La mode revient comme les comètes depuis Oort avec yoyos®, Rubick’s cubes® ou jupes et pantalons, chemises ou vestes façon bûcheron, à carreaux, pantalons à pattes d’éph’.

[10] Candidat aux municipales à côté d’un aristocrate libertaire proche du benjaminien et dramaturge belge Bruno Teckels.

[11] L’ancêtre provient des fournaises à pardon=fours mobiles des oubloyers qui, dès 1270, se sont constitués en corporation afin de vendre des oublies=gaufrettes de pâte légère sans levain entre deux fers portés au rouge.

[12] Cette denrée rare, comme l’huile de tournesol pour la friture et les frites ou les pois chiches, depuis la guerre en Ukraine, générant nombre de manifestations qui dégénèrent : « ventre vide n’a pas d’oreille ».

[13] Hitch à cause de The lady vanishes, où ni Trop d’ski tue le ski ni Paul en ski, à cause des féministes.

[14] Free hug et léchéors en règle à en avoir des aphtes, même la brosse à reluire provient de chez Alexandre®. La merveilleuse famille du cinéma : 2 membres du métier, dont Mocky qui s’en offusqua, présents pour l’enterrement en été de Bernadette Lafont.

[15] Leur (auto)bio, écrit souvent par un nègre, se nomme frigo®=chambre froide.

[16] Bobo de banlieue, pour des raisons politiques et non de salaires – mensonge initial sur le story telling, devenu nabab, Yes, we Cannes ! sur fond du lassant extrait en boucle du Carnaval aux animaux de Debussy.

[17] Jusqu’à être une solution de repli l’année de la pandémie ou du rat de métal.


[Manuscrit Sales rêves] Feuilleton 5

Tôkyôto© calling to the zombies of death. Sur les quais, échappée d’hypermarchés, la zombie walk®, avec ses maquillages dégoulinants à cause de la chaleur d’un « été tentaculaire » en chantant Thriller, sans le rire final de Vincent Price, puis Kiss puis Rob Zombie, grâce à la fanfare métal non létale, concurrencée plus loin par un orchestre d’asthmatiques, les Tambours des Bronches, a un boulevard ouvert grâce à bison futé sur la plage dynamique & éphémère[1] pour nudistes façon Zizipothéque au Mexique Fuzz en Body snatcher de consommateur – ils sont partout car la vérité est ailleurs ; en Écosse, les gosses précoces écossent=égoussent les cosses d’où Le village des damnés d’enfants-roi tyranniques avec leur portable, bélials et autres goules.

Rudologie. Retour à la niChe, empire du milieu en pire : les pays pauvres, sous la férule de Fuzz, renvoient en boomerang les équevilles avec force plastique polluant et polymerdes jusqu’aux vraies Fosses des Mariannes, explorées par le Cameron d’Abyss, et à l’estomac du gros poisson Jonas ou autre cachalot blanc. Acab© devient vert. Les sous-traitants chinois abdiquent, le nez de Pinocchio© grandit. Le plastique, c’est fantastique. L’invention des polymères, dérivés du pétrole, nommés « plastiques » date de 1907. L’inventeur Léo-le-belge du bakélite®, trop poly pour être honnête, n’est pas excusé par le divertissement offert par Plastic Bertrand©. Tes petits seins de bakélite qui s’agitent. Ça plane pour personne.

Du rififi à Tôkyôto©, Fist city de Loretta Lynn, Fuzz and co : L’affaire du courrier, Fouché et sa caisse noire pour la police grâce aux frères spoliant les joueurs, Bono beau « l’anar’ »[2], jusqu’aux juges assassinés[3] en passant par le fameux gang avec Momon qui lit le Vidal, P’tit Louis le Saucisson brioché, l’enlèvement de fils, d’une fille de, Nenœil ou Pierre Rémond tombé en 69, le convoyeur fuyant avec le butin – les 2,5 millions manquants 😕 C’est votre dernier mot ? -, le braquage, avec enlèvement de la fille du convoyeur, qui a de la Suisse dans les idées malgré dénonciation anonyme, le super flic décoré, après Javilliey, amateur de Living on the edge et Walk the line, passant la ligne rouge jusqu’au schtard quand la réalité dépasse les frictions.

Une société de divertissement, propriétaire de la rue Glosée, abandonnée en hypercentre[4], organisant des meetings en dépassement de comptes de campagne pour le Président de la République élu, pourtant avalisés par un énième comité Théodule à la solde qui reconnut des falsifications antérieures pour le bien de la république – passé crème. Malheur aux vaincus. Fact-checking des fastes. Selon un cocktail, des Cocteau[5], Les français sont des italiens de mauvaise humeur ; la corruption est ici plus diffuse à tous les niveaux – rien qu’à la Commission municipale des balmes ou à celle des cadrans solaires.

Tout s’arrange. Surtout pour les riches, entre eux, qui se réfugient avec leur yacht [6] dans l’île libertarienne de Disneyland®, fabriquée par un néonéolibéral, petit-fils du Chicago boy et Nobel Friedman, créateur de The Seasteading institute®, autour de Selgaverland, selon le modèle de milliardville par Verne[7], où l’opticien constate que l’Atol® de corail a blanchi[8]. Humus pour Fuzz. Façon Houdini, Ghosn is gone se fait la malle dans la housse d’un volumineux instrument, autant en apporte l’orang-outan alors que la primatologue étudie les bonobos : il se prépare pour les JO de Tôkyôto©, souvent supprimés – fatalitaire cause Tu n’as pas tout vu à – picadon – Hiroshima réplique pour qui épèle en phonétique, – BOUM – Nagasaki, in Godzilla we trust, tsunamis activés par Fuzz, Fukushima – sagai : eau dans feu dans eau – et tout le tremblement – constipés Tôkyôto©[9] et Kobé sur dos de poissons-chats=silures – et ses répliques. What’s up, Doc ?

Dessus gassouilles=crottes=gabouilles=orphelins de muraille d’happins=cagne=!ouah ouah, après avoir fait traîneau-trompette, chaque pierre est une carotte de temps[10], déjà icicaille sévissait la guerre des religions. Tôkyôto©, ville palimpseste où tout est alluvions et allusions. Féroces protestants[11] dans l’hexagone – qui aurait 4 coins au pays du rosicrucien Descartes, celui de la « rationalité ». Selon Philippe Bouvard et Pécuchet, les ponts ont été funestes pour le duc d’Angoulême. Fouché imposa le mitraillage de la plaine. Les mathevons et la Révolution, auparavant durement réprimée, pas finie, en monarchie républicaine où le phrygien perd ses élytres et les traits d’union, frigide équilibre pour l’ELF (Egalité-Liberté-Fraternité), où pointe enfin sororité, bafouée chaque seconde – 119 : elle a été tuée car la soupe n’était pas assez chaude – et invoquée tant que dure dure. C’est la fin du contrat social et du pacte de sécurité – Léviathan lave plus blanc, lévite depuis la sécurisation autonome par la blockchain et l’intrication quantique appliquée à la cryptographie. Les fossés se creusent en abîmes. Emargent les sans-culottes qui émergent en #guillotine même si les cahiers de doléances du grand débat terminent dans l’invention du fameux préfet=poubelle.

Haut du panier de crabes. West Point Godwin. L’élite, multiple et différenciée, pantoufle jusqu’à « conflicter », se reproduit en toute consanguinité dans les rallyes pour enfanter après Tcherno[12], têtes de pine=Spoke=Vol 714, « le meilleur d’entre-nous » ou La tentation de neVise – dans le placard doré du conseil constitutionnel après la direction de Bordeaux Chesnel®[13] après quelques lacunes, condamnation et exil québécois mais Dumas[14], n’était pas un saint non plus, avec ses pompes Berluti® en peau de ______ à la peau des fesses, ses œuvres d’art issus de vols, comme Malraux[15], sa « putain de la république », La fille sur la balançoire de Fleischer, La fille coupée en deux de Chabrol, qui balance sur La garçonnière, tout comme le responsable mais pas coupable de La tête et les jambes Fabius Pictor dédouané[16] par ses pairs=cour de justice de la réplique en jury croupion pour le sang contaminé, pas plus que Debré[17], le porte-flingue du Chi contre Sharko se découvrant comme auteur de polar puis comédien sur le tard -, avec cuillère en rageant, lobbyistes, politiques et journalistes avec crâne de Toulouse win-win – Sky is not a limit I’m bad Common à l’accordéon par Yvette Horner en Gaultier® – issus des mêmes grandes écoles sélectives, mandarinat éculé, favorisant l’endogamie, dit le creuset avec l’ascenseur social en panne malgré la tyrannie de la méritocratie, tropdicieux=rentiers qui multiplient leurs gains – crémasters & chrématistique – dont ils ne peuvent profiter en une seule vie tel Jabba le Hutt. Toujours, toujours plus=pléonexie. Malgouvert. Capitain Kirk, Entreprise connaît pas la crise, avant d’être envoyé dans l’espace par une société privée déclenchant overview effect=spleen, chante la reprise de Common people dans Different Class de Jarvis Cocker de Pulp inspiré du film de Redford et son Ordinary people, maigre consolation. Mortifère égalitarisme. Pothain, martyrs en mémoire. Irénée renaît rue des Martyrs (Les 400 coups puis Arditi).

Autown. L’empereur – beau comme quincaillier –  incarné comme son ongle[18] pour onymantie[19] – par Laughton, Quasimodo-mais-presque qui a été marqué en B comme bancanne=a l’as de carreau dans le dos=un moule à melon=un porte-belle=est échappé d’Esope dans l’inachevé « von » Sternberg, film A, gambille=bancane=cloche=fait cinq et trois font huit=est tortillard=zigzag=fait six et trois font neuf : la table, cette pierre de Rosette comme le jésus, sous les vignes renaissantes, rouges d’automnes autonomes, sur La colline [qui] a des yeux ; les gaulois sont représentés par paquets. Untel a reconnu son pied amputé en dessous de Vivre nuit gravement à la santé. Vivre tue. Etre au monde pour mourir. What’s up, Doc ?

Pour qui sonne le glas ? Eglise éclaboussée par la pédophilie de Fuzz et le silence d’archipointus=prunes de Monsieur=grands bonnets=évêques[20], dont un, manipulé, condamna La dernière tentation du christ de Scorsese, dont un autre, définitivement disculpé et relaxé en appel, finit, Grâce à dieu, tout de même par démissionner – Hosanna Ozon. Merci pour ce moment ;-(


[1] « On dépensera beaucoup moins d’argent, au lieu d’amener la mer à Tôkyôto©, en transportant Tôkyôto© au bord de la mer. » (A. Allais).

[2] Ce réparateur de voitures, ancien chauffeur, paraît-il, de Sir Doyle, dont l’enseigne du garage à Saint Saint clamait « Vous pouvez tous crever ». D’où l’expression « macache bono ».

[3] Spectateurs criant ?-! SAC, SAC, SAC sur les bips du film censuré de Boisset, avec le météore Dewaere et la mannequin reconvertie Clément (.) (.) ( ‖ )1.

1 La même, nue, dans la scène de la colonie française dans Apocalypse now redux et final cut, versions pour financer la cuvée de vin Director’s cut d’un Coppola soi-disant Renaissant.

[4] Où, PAN dans Le Bec, officia un chef étoilé entubé, expatrié en Chine, par la classe politique locale via Fuzz alors qu’un ancien maire, devenu ministre pour services rendus, alors que les locaux complotaient dans son dos, emmenait tout le gouvernement se sustenter du HTV=homard tête de veau de Têtedoie sur les hauts du pain de sucre.

[5] Préfacier, en tant que dépendant de drogues et de soirées ou salons et amateur de menthe poivrée, de Les cocktails sont un jeu d’enfant de Michel Oliver ou guide de la lèche-babine.

[6] A noter que celui de « T’en fais pas, » Jeff « Bisous » Bezos d’Amazon© – qui s’engagea à raquer pour la reconstruction -, impliquait la destruction d’un pont historique Dans le port d’Amsterdam pour mouiller au large, dam, ce en quoi, damned, la population, AmsterdAmer, s’est heureusement rebellée. Un autre, le plus grand du monde, chinois, a dû être détruit dès sa construction à cause de la faillite de son entreprise lors d’une énième crise aussi rapide et intense que les vagues de canicules.

[7] Cet homo refoulé, misogyne, dramaturge raté, antidreyfusard en ville négrière, auteur du célèbre Géographie de la Corse.

[8] Confirmé par les satellites sans déterminer toutefois s’il s’agit d’un animal, d’un minéral ou d’un végétal. Cheveux longs, pensée courte mais porte-monnaie plein. De la musique permet le retour des poissons qui revitalisent lesdits coraux.

[9] Selon Albert Londres dans Japon (1922), la ville est une « cité décourageante », « née de l’union d’un typhon et d’un tremblement de terre ».

[10] Il était une fouille …Tout paysage est horizon des évènements, des sols – passé-présent-futur -, non en flèche mais en vis platinées avec plurivers simultanés ou une pelote de laine, comme la face du Mont Cindre, Sainte-Victoire, sans éoliennes, par Cézanne, Bibémus papam et, au pied, château de Vauvenargues de Picasso, avec le spectre qui rôde de la bataille des Cimbres comme la rizière de Sekigahara où gagna l’armée de l’Est, sous les couleurs de Tokugawa Ieyasu.

[11] A noter que, de l’autre côté, la croix dite de Lorraine était l’emblème des ducs de Guise – dont celui assassiné qui fut le sujet de l’un des premiers films de fiction du cinéma -, responsables, avec d’autres, du massacre de la Saint-Barthélémy, nom gravé dans une île caribéenne ou paradis fiscal où est enterré notre Johnny national – mais pas pour payer les impôts.

[12] Le nuage radioactif de Tcherno s’arrêta à la douane sans se faire de bile grâce à l’anticyclone sur les indications de Fuzz, aucune condamnation. Autour de la centrale ukraignos, pourléchée pendant la pandémie par un incendie à cause de la sécheresse, le tourisme du tour-operator Fuzz se développe grâce à la série US aboutissant à des jeunettes à poil en selfie, avec atomes crochus et plus si affinités sur du deutérium 235 sur fond de survivalisme.

[13] Nous n’avons décidément pas les mêmes valeurs argue la voix de canard Chaban et sa Nouvelle satiété.

[14] Que Genet, avec le circassien et romanesque Romanès, avait dévalisé en grimpant sur le mur dudit baveux=blanchisseur.

[15] Celui qui a suivi La voie royale a souvent joué à Stop ou Angkor avec case résidence surveillée option sursis.

[16] A noter que malgré son réseau, son pouvoir et son ascendant, Olivier Duhamel, constitutionnaliste, professeur à Sciences Po, président de la Fondation nationale des sciences politiques et du très sélect Siècle, avocat associé du cabinet de Me J. Veil, revuiste avec Pouvoirs, directeur de collection chez Dalloz et journaliste, rentre dans la Série noire en ayant été dénoncé dans La Familia grande de Camille Kouchner pour pédophilie sur l’un de ses beaux-enfants issus de Kouchner. Duhamel ne convoitera donc plus un poste au Conseil constitutionnel.

[17] Vilain petit canard de la dynastie républicaine dont Carrington fut le premier sinistre d’une République qu’il créa de toute pièce, à partir d’Uriage, avec cette école de hauts factionnaires, l’ENUL devenue ISPE où ils ont tous des problèmes psy. Constance Debré, auteure avec peau sur la table, est la fille du vilain petit canard de ladite dynastie. Mise en abyme.

[18] Il fera donc l’objet d’un livre d’autofriction à succès►poche►occas’►vide-grenier avant le pilon en un laps ou circuit court de la non-création pour terminer en essuie-tout, papier toilette ou carton.

[19] Ainsi que la libanomantie ou art d’interpréter l’encens comme Mademoiselle Lenormand.

[20] « Par la bérézina le vit d’un archevêque / au fromage a donné le nom de Pont-L’Évêque », répond à poétride, ce Scève, selon certaines thèses – dont celle qui s’occupe de l’édition en Bibliothèque de la Pléiade -, de la Belle cordière, férue de clystère barbarin : « d’or barbarin et d’argent de copelle ».


[Manuscrit Sales rêves] #épisode 4

Rite icigo : tout être vivant porte son faux visage ou son masque[1] comme le masculin Fuzz – épidémies, air filtré taxé à des points de recharge – pour devenir une personne. Avant Trinità voire Django par le réalisateur polyflemmes, foi de Nemo, travaillé du cyclope ou n’a qu’un œil, où il n’y a pas de Réveillon chez Bob le flambeur, son nom est personne selon le test de Valéry ou de Turing façon moutons éclectiques !Almería chante Gainsbourg en tilde dans le désert avançant alors que les figurants provenant de l’armée de Franco s’affairent pendant que Serge se tape BB, feulant dans une version originale et inédite de Je t’aime, moi non plus tout en étant mariée au playboy allemand Sachs, aménageant, pour Bardot, rue de Verneuil dans cette boutique obscure d’antiquités dans un noir total à la Dalí – châsse d’occase=œil de verre tombant sur le toit des Galeries Lafayette® comme dans Peur sur la ville avec musique angoissante en accords plaqués de piano d’Ennio. Se méfier de celle-là, c’est une masque affirme celui qui chante La beauté cachée des laids. Boire un milkShakespeare : le monde est une scène, Fruit et Bourreur[2]. That’s all, Faulkner !

Niveau supérieur à Tôkyôto© grâce à Persona 5 royal® et ses membres fantômes. Loin Les Sims©, détecteur de psychopathes grâce aux arcanes de doute dont le 17, dans Le Ranch diavolo, western muet où pointe l’expressionisme de Ford au Carey. Tumbleweeds roulent au vent. – Théâtre antique là-haut -. A cause de l’épidémie, le pain de sucre catho sur le forum[3] défoncé par un avion – sidération, – un projet de Fuzz, gentleman démotivateur selon le réalisateur de Monsieur Fantômas[4]. Tour de métal sans Eiffel à Tôkyôto©, Beat Takeshi, ancien yakuza de toc – « rooftop, c’est top » rue du Bât-d’Argent ou Gît-le-Cœur, ce Beat hotel® avec dream machine© -, sourire Colgate® en NHK®. Lesdélices de Tôkyôto© rendent béats : des dorayaki au thé vert sencha chimique ou artisanal dans une ancienne boucherie au nom de médoc avec, entre, montagnards=haricots rouges=anko. Peu d’eau pour le gyokuro qui, après infusion rapide à température basse dans théière en fonte, peut être mangé en salade. Dojo, pour la cérémonie du thé, opter pour chaussettes trouées, afin de danser le cha-cha-cha selon Bruce Lee, et l’oubli du flavonoïde suscité, cool zen.

Se ressourcer, après être allé.e chez un coiffeur holistique, en lisant un Coelho=Paris Match, avec brume mémoire©, le nettoyant micellaire©, dans un institut de beauté pluridisciplinaire, dans un bar-spa wi-fià oxygène de diverses couleurs avec des caissons hyperbares de la marque Jackson & co© pour vieillir moins vite, sur fond d’easy listening lo-fi – Take it poeasy ! – et de poissons mangeurs de males mules=durillons, agacins et cals sur pieds – rudes de stress – ensuite desangoniés=massés, en activant les neurones Mrgprb4=C-tactile►neurones GPR83 en moelle épinière►tronc cérébral►aire tegmentale ventrale►dopamine dans noyaux accumbens, comme dans Épouses et concubines, par des fétichistes haletants façon Tarantino travaillant à la flamme moyenâgeuse ou Papa Schultz was a rolling stone. Préférence pour un chauffeur de seins de danseuses en Louboutin® du Crazy Horse comme l’inventeur de la Baronne de la Tronche-en-biais©. Derrière, comme tous crient au génie, le corps cryogénisé de Bowie à côté de celui de la Belle au bois dormant, la réveillez pas, pas avant 2043.

Comme, come, dos massé par les pierres chaudes, aller tuer le temps long avec Jenkins-Marguerite, l’épouse du citizen Hearst qui la contre-aime tant, s’égosillant-faux-à-se-tenir-les-côtes sur l’air de la Reine de la nuit de W.A.M, ce maçon opératif, à l’opéra rénové par Nouvel, où chanta ce baryténor, velu de poitrail, en reine pour La reine des neiges et cette soprano, sur laquelle il est analysé par Perecquation, l’étude intitulée Experimental demonstration of the tomatotopic organization in the Soprano (Cantatrix sopranica L.), du baroqueer, avec les sièges chers[5] et ruineux pour le dorsal – mal du siècle mais lequel ? – La musique est de la mathématique transformée en sons combinée avec de la physique -. Une ministre, porteuse de la loi pour le mariage pour tous, caillassée par les amis de Fuzz lors de la création de Claude[6]. En haut, la 9e muse[7], Uranie, s’est éclipsée, volée pour plus de symétrie, par Musidora© sur une mazurka célèbre du Second Empire, amie très Roques ‘n rollmops de Fuzz et de la rockeuse Barbara dans L’enfant laboureur de Sheller, puisque persistent au-dessus du méridien des traces de soie noire de Poiret dans la ville des soies. Une sculpture du cyclope Polyphème à trois yeux par l’ignorant Pascal. Ô fantasma, en latex, le maléfique Musidor multiplie les amants effrénés du même sexe par barebacking. Voguer en Cruising. Un vogueur en procès à cause d’une grande roue déboîtée lors de la vogue des marrons. Aimez-vous Brahms Stoker ?

Pilotisée sur uligineux : ville en vrille. En Tetris©, des habitations apparaissent façon Abeille dans Les jardin statuaires, comme champis après Tcherno, disparaissent, réapparaissent autrement au gré – nombre réhabilitations  en urbanisme circulaire où le réseau concentrique se fonde sur un schéma infrastructurel rigoureux, composé de radiales et de circulaires, de zones urbanisées se développant de manière homogène dans toutes les directions : la population aisée, entassée d’haut en shrinking city dans des cubes en perspectives Giotto à digicode® en mycélium d’hypercentre en urban core – La forme d’une ville change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel[8] -, spécule, à côté d’apparts vides, loués pour compléter le salaire ou financer la retraite chiche ou remplir les rentiers=pains plus que cuits malgré les impôts lourds comme l’eau ; la ville est gluante comme une méduse inverse qui étend ses tentacules ou des mangroves pour rétention d’eau, où les pauvres s’éloignent en vases communicants – avec la montée d’eau (réchauffement climatique), les riches de bords d’eau envahissent le centre gentrifié comme, en US, dans The hope six demolition project, où les pauvres, désormais exclus, sont jetés en pâture aux inondations malgré les plans de prévention des risques peu révisés. ExTreme, Katrina, Ida. Des quartiers de structures modulaires, réversibles=pavillonisation par chalandonnettes érigées à coups d’imprimantes 3D en montage parallèle sur nouveaux terrains artificialisés se boboïsent, à partir d’habitat intercalaire et du chanvre comme isolant, avec brigades privées payées rubis sur pieu.

Babylon zoo en Gomorra. Omertà comme un tire-moi-d’ssus sans mascarpone. Témoins à décharge. La pieuvre Fuzz pénètre toutes les couches de la société. Elle se nourrit, entre autres, d’ordures, de souillures, de traitement et de recyclage d’homo detritus pas Rigolus©. Kiss kiss kiss : 30 000 t/j à l’île de Fresh kills à Tôkyôto©, dont les décombres du 11 septembre avec 4527 restes humains dont 300 identifiés, bioremédié=recyclé, entre soft et hard kills en parc à t’aime Freshkills – Recycle the Land, Reveal the Future tapée à l’Underworld. Et cet énorme chant de l’humaine rumination chaque jour commencée, chaque jour repris à l’aurore, par la benne de sa rue, c’est, le chant, qu’on le veuille ou non, de l’irréductible communauté organique des hommes de son temps. Tous pareils devant la gueule énorme et magnifique de la benne, tous estomacs devant l’éternel[9]. Des décharges sauvages puent et pullulent, un maire tué. Dévaloirs dégorgent. Scarecrow s’épouvante. Grèves des poubelaïres – déchets, encombrants ou non -, suants et puants à l’air libre – rats, surmulots, cafards et autres, un nouvel écosystème. Odeur pas nice. Retour des négs de petit croche=chiffonniers, friands de regs’, vie en bémols plus que sinusoïdes – tendance plus baissière qu’haussière – ou flexuosités, piochent dedans.


[1] Image est masque de mort en cire.

[2] Comme l’écrira le sudiste US et alcoolique d’us, scénariste à Hole-y-wood, le Nobel Bill posant pendant sa jeunesse rif-raf en faux lieutenant blessé de la R.A.F. pour faire comme.

[3] Pas d’expiation du massacre de la Commune comme au sommet de Montmartre avec cet os de seiche pour touristes, plus que « blême comme un navet » (Paris au mois d’août, René Fallet) ou « crâne de ville orné d’un panache blanc » (Les XX arrondissements de Paris, Léon-Paul Fargue) pour boule à neige.

[4] Après Apollinaire, Cendrars, Jacob, Cocteau, Aragon, Breton, Artaud, le baveux=lessivant=habillé de noir=avocat=lessiveur finissant dans une roulotte, Moerman, ce versificateur belge de Fantômas 33 et filmeur de Monsieur Fantômas (1937) avec musique de Ledent pour 6 saxophones, pose sa chique dans la roulotte -, avec Jean Mi – pronier=daron du figurant dans Les  diaboliques de Clouzot d’après Barbey d’Aurevilly : Lidl® des jeunes, ?- : Quoi ma gueule finissant en sculpture de Lavier, une Harley® sur manche de guitare causant la furie des bikers – Eh dis donc David fils de pute – en Fantômas en smoking et chapeau claque. Le tout doublé de La complainte de Fantômas de Desnos, ce poète radiophonique, mort du typhus dans les camps, interprété par Bashung dans L’imprudence. Rappel pub :

  • FANTÔMAS !
  • Vous dites ?
  • Je dis … FANTÔMAS !
  • Cela signifie quoi ?
  • Rien et tout.
  • Pourtant. Qu’est-ce que c’est ?
  • Personne. Mais cependant quelqu’un.
  • Enfin que fait-il ce quelqu’un ?
  • Il fait PEUR.

[5] Autant que ceux de la femme de l’architecte de la BNF-où-les oiseaux-s’écrasent-contre-les-vitres avec ses travelators, pas loin de ce centre psychiatrique de jour amarré, L’Adamant, et de la BM-aux-alentours-de-Tôkyôto©.

[6] Badinter-Hugo-Escaich-Py d’après Claude Gueux d’Hugo.

[7] Les Muses, « Illustres gueuses du Parnasse », avec la robe « coupée au cul » (Oeuvres de Maynard, Paris, Courbé, 1646) : dépenaillées et courtes vêtues.

[8] L’hautboïste, l’air de rien, brasse du vent comme un homme politique, bât, bas de l’air en maniant du badelaire comme Baudelaire qui, poète dit maudit, battait de l’aile, tel L’Albatros. Crénom ! Fargue ajoute « Ah ! l’urbanisme va plus vite que la lumière ». (Léon-Paul Fargue, op. cit.).

[9] Duras, M. Madame Dodin. Paris : Gallimard, 1954 in Duras, M. La cuisine de Marguerite. « Les poubelles » de Madame Dodin Paris : B. Jacob, 1999. p. 61

[Nuits de Fourvière, Danse] Millepied, c’est le pied !

Je n’avais jamais vu du Benjamin Millepied, plus connu parfois par sa femme, Nathalie Portman, l’excellente actrice, que nous connaissons depuis toute petite dans Léon (L. Besson, 1994), surdiplômée. Ces derniers points sont suffisamment rares pour être notés. Benjamin a mis le pied à Lyon où il a débuté au Conservatoire avec Philippe Cohen : retour aux origines, donc. Viré de l’Opéra national de Paris (2014-2016), il a monté sa compagnie à Los Angeles, le L.A. dance project, avec Van Cleef & Arpels et Netflix comme sponsors, qui est inscrit – pas les sponsors ! – à la craie par une danseuse sur un tableau noir et filmé, quel honneur pour un anniversaire de 10 ans !

Le titre surprend par rapport à la pièce de Shakespeare (1597) : Roméo et Juliette suite. « C’est plutôt une série de tableaux qui me permettent de faire jouer d’un soir à l’autre un homme et une femme, une femme et une femme, un homme et un homme » clame Benji. Je n’ai pas vu la célèbre chorégraphie de Preljocaj sur un décor d’Enki Bilal ; pas plus pour Sasha Waltz. Au début, j’ai eu quelques craintes pour Millepied, entre la chorégraphie de West side story et du néo Béjart – qui est, pour moi, un génial néo classique. Ici la danse est, à la Robbins, bondissante et swing. Encore de l’image à l’écran, bigre ! Voyons ce spectacle d’une heure et seize minutes.

*

Et puis, nous avons tous été conquis, chaque tableau – une série trop séquencée, un manque de fluidité – est intensément applaudi – ce qui est rare -, sauf vers la fin où l’ambiance est, du fait de l’histoire, plombée. Le public fait un triomphe mérité, Millepied vient saluer. Les danseurs sont heureux de s’exprimer : le spectacle attend depuis 2 ans à cause du Covid.

J’ai rarement vu de l’image en direct (« Le spectacle est différent à chaque fois grâce à la vidéo, qui nourrit la narration du spectacle. » Millepied ajoute : « Ce sont les images d’un film fantastique qui se sont imposées à moi. Je l’ai d’abord pensé comme un long métrage. »), utilisée aussi intelligemment, tout comme l’exploitation du lieu, la zone antique, romaine. Même les bouts de colonnes sont exploités – ce qui est malheureusement rare. Heureusement qu’il n’a pas plu comme annoncé ! Pensez pour l’image : la scène phare, avec la musique assommante de Prokofiev (ballet de 1935), bien connue jusqu’à être exploitée pour la pub du parfum Egoïste de Chanel dans les années 80, est uniquement filmée et diffusée sur un écran géant, aucun danseur sur scène. Le bruit des pas nous indique que ce n’est pas une supercherie. Nous songeons aux précurseurs N + N Corsino. Nous découvrons ainsi les coulisses des Nuits de Fourvière – fantasme assouvi – et on songe, évidemment à Black Swann (D. Aronofsky, 2010) notamment pour la perception de la scène depuis les coulisses. Un chauve massif avec caméra imposante harnachée et contrepoids, le steadicameur Trevor Tweeten, parfois assisté d’un type véloce avec réflecteur, filme de façon très physique à la Shining (à la Dolly chez S. Kubrick, 1980). Et il y a cinéma, même si la scène de l’assassinat n’est pas tout à fait réussie à cause de la tremblante du mouton et si la mort de Roméo est interminable ! Filmer la danse en plongée, c’est simple et très efficace : nous captons les mouvements de groupe autrement tout en conservant la vision de face ou quatrième mur, ce serait presque du split screen ; nous envisageons la danse sous un autre angle, un peu comme la perception nouvelle de l’univers par le télescope tant attendu James Webb après Hubble. Millepied en Colomb de la danse ? Filmer en bord de scène avec des miroirs, permettant de travailler la profondeur de champ, est du meilleur effet.


Les gestes sont techniques, des solos et des duos magnifiques, des pas de deux mais rien de très novateur. Le brun gominé Roméo est parfait : grand corps souple, gestuelle parfaite. Son ennemi, un danseur d’origine asiatique, presque féminin, un petit, râblé, tout en muscle (Shu Kinouchi en Mercutio) comme Noureev, finit par nous conquérir, sans tomber dans la caricature des arts martiaux. Juliette est petite et trapue avec ses docks. Millepied utilise des corps non normés, c’est l’apport aussi de la danse contemporaine. L’amante de Juliette – c’est le côté proustien et un peu à la mode en ce moment tout comme le côté interracial, même si nous échappons à une Juliette en homme avec robe et talons – est une noire élancée qui, au début, n’épate pas puis nous enchante, notamment en solo et en duo. Les scènes de drague et d’amour filmées en dehors du plateau sont réjouissantes. Une autre dimension est apportée à la chorégraphie, même si l’apport est essentiellement technologique. Quand la petite incarnant Juliette transporte l’inanimée amante, nous sommes impressionnés par la force physique de la petite.

Côté scénographie, plutôt sobre avec un canapé bobo rouge, la saisie à pleine de mains de néons, façon Luke Skywalker, dans la nuit est un truc qui fonctionne toujours et permet des figures géométriques bienvenues. Placé aux premiers rangs des gradins, nous avons le bonheur de voir les danseurs et danseuses défiler devant nous pour l’enterrement de Roméo – je ne divulgâche rien. Malheureusement, j’avais oublié mes lunettes de soleil mais pas ma casquette, car nos yeux, éblouis, en ont pris un coup.

Il y a un génie incontestable de Millepied. Mais sa chorégraphie marquera-t-elle la danse comme Béjart, Preljocaj, Olivier Dubois et d’autres ? Pas si sûr. Il est très appréciable qu’il soit demandé de ne pas filmer avec son portable et même de l’éteindre même si les cultureux d’à côté, dont un type efféminé qui m’a heurté 5 fois, ne se sont pas gênés.

*

Un solo de et avec Millepied, accompagné par le pianiste Alexandre Tharaud, sera présenté aux Nuits de Fourvière en 2023. C’est la dernière édition de Delorme, directeur du Festival Les Nuits de Fourvière, le plus étendu dans le temps de France, depuis 2003.

[Manuscrit Sales rêves] #épisode 3

What’s up, Doc ? Apocolapse sur les pas du maudit doc Monstradamus=Nostradamus, cet auteur de Salon du Traité des confitures, – loin de celles de l’alsacienne femina Ferber -, mauvais en prévisions météos et boursières malgré fractales©. Trop d’autos. La limitation à 80 km/h pour préserver des vies en benchmarking déclenche les révoltes aux ronds-points[1] ridicules tant ils sont laids[2] comme édicules, dont la France est, comme le bidet[3] depuis le siècle des Lumières, la championne mondiale. – Manèges, sur fond de musique Lemarque pour Tati sur le sketch de Devos -. Se succèdent les bonnets rouges, Nuit debout, avec ses réunions parfois non mixtes, et les gilets jaunes. Arc-en-ciel contestations, sport national ou quand l’hexagone est octogône. Vos luttes partent en fumée.

Le chant du styrène de Resnais d’après Queneau à partir de la raffinerie. Smog dans le couloir=la vallée de la chimie, entre acide sulfurique, produits fluorés[4] et médicaments en passant par la lessive, où trônent les torchères en jeu de dames pour les phobiques de Fogg. Au marteau de Babinski en Armory show, lever de coude pour le (dé)zingueur avec des pousses-au-crime en coups d’arrosoir, Un tomahawk sur l’armoire, en brèves de comptoir, ‘Ahlàonvaaubar éructe Fuzz fiché S, maître de chai, J’sais pas pas pas : tour du monde en 80 ballons[5] pour buvaisons dont Brouilly®, Saint-Amour®, Juliénas®, Morgon®, Fleurie®, Moulin-à-vent®, Chiroubles®, Chénas®, Régnié®, Saint-Jo®, Crozes-hermitage®, Condrieu®, Côte-rôtie®, Givry®, Mâcon® du pays de James Brown et alii, ces petits jésus en culotte de velours avec les dents du fond qui baignent,

– Ce vin nature a un goût Didier !

– C’est-à-dire ?

– Il sent la merde, le temps de décanter.

– Mercy pour ce vin inclusif, moi qui croyais que le Beaume-de-Venise était une tête de gondole.

20 morts, peau de zébi, que tchi, peau de balle, que pouic, nada, macache (bono), nib, que dalle, peau de zob, oualou, des nèfles pour qui empile les slips et caneçons sous les couches-culottes devant les 75 vierges en Californication dreamin’ ou les 11 000 verges.

Arracher le chiendent=aller au persil : casse de durailles=diams=rapes d’Orient à coups de pressons et de percerettes en longs plans-séquences à la Melville et en split screen façon Thomas Crown avec BB F. Dunaway – cherchez la femme -, barbot Fuzz, bijoute – vol à aumône -, fait le flic-flac, écorne un boucard avec RPG=bazooka et AK=kalach en plein jour – voilà le chiendent – par les avales-tout-cru pour qui en croque ; y’a de la graisse pour la grenouille, plus d’un million – bousin bouffe grenouille, le scorpion et la grenouille, hypothèque pour apothèque. Trier les bijoux d’exposition car, selon Cartier, il existe des diams aussi vrais que ceux du Canada, surtout ceux qui émettent des sons comme cette rappeuse salafiste revendicatrice désormais voilée. Y’a du schproum ! Un blessé. Envers et contre tous, T’as voulu voir Anvers, t’as vu Montmartre. In media res, le fait divers se retrouve dans la seconde dans les médias en boucle. Fuir en plein jour, sous l’effet Dunning-Kruger, en s’enduisant le visage, à découvert, de jus de citron afin d’être invisible devant les caméras de surveillance comme pour l’encre sympathique – le polaroïd faisant foi, sans chômer en trottinette électrique, atteint du syndrome de l’écureuil, puis aller au moulin chez le carreur=fourga=crossin=receleur pour le restant malgré. Disséminer de la crotte de lion lyophilisée pour perturber l’odorat des alarmistes=tambours=boules=clebs. Taramis, le ciel tombe sur la tête pour Jules l’Averne non loin des Allobroges dans un nanar français[6] aux trois bidets d’or avec Christophe Lambert, tourné en Bulgarie avec des rugbymen. Cul sec, le vin rouge dans Les Folies gauloises, cette taverne à putes. Tunnel enfumé à la jonction d’autoroutes et aux abords d’un amphithéâtre édenté antique. Un goût de revenez-y façon Reverzy et vice-versa.

Barjoland à Mâchonville pour les mâches-dru au pays des tribars, « des crocheteurs et des porteurs de chaises » selon L.-S. Mercier de la rue Mercière : dans les murs de la colline des corbeaux attrape-pantes, il est gravé – comme fossiles dans la pierre de Rogne aqua sextine[7] – le bruit des gamelles contenant des gâteaux de foies de volaille, des gratins d’andouillettes lors de l’odeur des croissants, pour un travail harassant. La baronne von Freytag-Loringhoven née Plötz au blason noir, se promène, crâne rasé puisque, par harmonie feng shui, La baronne rase ses poils pubiens, en Witch village, coiffée d’un panier de pêcheur, d’une corbeille à papier ou d’un seau – le 7e – et de petites cuillères, jouets en fer-blanc, légumes plaqués or, anneaux de rideaux, boules à thé, ampoules électriques, trouvés ou volés, en guise de boucles d’oreilles pour courir derrière un verre à vin rempli de petits objets et de plumes=M. Duchamp-anti-poils(pubiens) puis se baigne nue dans la fontaine de Très vie. Au pays des marionnettes – la plus connue (si la girofle Madelon à l’entre-sort ; ♪ Moi, je construis des marionnettes) à la tavelle et au parler ouvrier bien pendu distrayait le patient, qui ne l’était pas, lors d’arrachage de dents sans anesthésie[8] -, pantes de pantins -!- Chenu reluit en small talk et guenilles de nuit, connues ni des lèvres ni des dents, sorties de konbini avec, devant les pachinkos clandestins, des buveurs cassés de saké – osons Ozu plutôt qu’Oz – et d’umeshu – kanpai ! – se croisent quelquefois, Virginie Despentes savonneuse de la colline sous Subutex®[9], la disquaire chez Fuzz, punk éructant dans Straight Royeur[10], entre la colline qui travaille[11] et celle qui prie comme le psalmodie le chanteur d’inVariété, ce gringalet sans voix au regard abâtardi par le cannabis, avec son saucissontube[12], pote de Clit Boris-Bébert Mounier, héros de BD, chanteur et meneur de L’Affaire Louis’ Trio – Chic planète, pas tant que ça en fait. Fuck Fric c’est chic sur fond de bistanclaques – PAN à la Rodgers où les ovalistes peinaient arrabiate tandis que l’équipe de rugby s’échinait. Chabal participe à une pub pour Gilette© en hommage à Vinaver et à sa fille Grinberg.

Breaking news sur Euronews en cube vert – Ghostbusters sur chienne info continue, jingle de Ray Parker Jr : foi de sabodet, attaque du saucisson chaud géant (à pistache ou non ?) à cause de Fuzz – images en boucle -, panique, Panos. Loin Bibendum® et moussaka. Info ignorée par le pro grasse mat’ qui se pourlèche de l’oreiller de la belle Aurore®[13] mauvais pour l’aragne=mal du saint genoux=goutte selon pro autodiagnostic par téléconsultation et automédication sur Doctissimo® avec du sang de poulet KFC®, sur un air de Lee « Scratch » Perry, comme pour Condé ou le phrénologue Carême avec un repas diététique pour Georges IV. What’s up, Doc ?


[1] Entre 20 000 selon Alonzo de la police et 65 127 selon Alex du syndicat. La naissance se joue entre W. P. Eno (USA, 1905) vs Eugène Hénard (L’Etoile, Paris, 1907). Selon le Certu, le rond-point doit se conformer à 13 conditions dont voici la première : « Un carrefour giratoire est tout d’abord un carrefour. ».

[2] La fusée de Tintin (Chabeuil, Drôme), la Porte d’harmonie d’Annemasse (Haute-Savoie), l’Opinel® de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie), le Kiwi de Peyrehorade (Landes), les vaches bleues – et non la madeleine – de Commercy (Meuse), l’Ours de fer de Gramat (Lot), la Mante religieuse de Sérignan-du-Comtat (Vaucluse), la Chaufferie avec cheminée à Vitry-sur-Seine (Jean Dubuffet, Val-de-Marne), les Panneaux à Villeurbanne (Patrick Raynaud, Rhône), la Main jaune à Châtellerault (Francis Guyot, Vienne). Plé se consacre à l’art giratoire en polyuréthane ou mousse PU : Hommage aux cycles à Saint-Quentin (siège des usines Motobécane®, Aisne); Charrette & Tonneaux à Aigre-Villejésus (Charente); Le tonneau (rond-point d’Archiac, entre Charente-Maritime et Charente); L’Enfant et l’Huître à Marennes-Hiers-Brouage (Charente-Maritime); Les Cagouilles charentaises à Lorignac (capitale mondiale de l’escargot petit-gris, Charente-Maritime); Les Bateaux de papier à La Tremblade (Charente-Maritime); Les Chaînes brisées à Cayenne (Guyane); Le Ramasseur de galets à Saint-Jouin-Bruneval (Seine-Maritime); La Baigneuse aux goélands à Mers-les-Bains (Somme).

[3] « Chacun a secrètement l’idée de Dieu, comme chacun a un cabinet. », A. Cravan, Notes. Le papier Q étant plein de PFAS=polluants éternels, le nettoyage par bidet revient à la mode, pour les hommes notamment.

[4] Mousse anti-incendie, peintures, pesticides, poêles en Teflon®, papier cuisson, emballage alimentaire, textiles, cosmétiques.

[5] Selon l’érudit Gabriel Peignot, dans un mémoire, intitulé, Philotésie, présenté en 1835 à l’Académie de Dijon, le vin « réveille l’esprit, électrise l’imagination, dispose à la gaieté, à la franchise, aux sentiments généreux. »

[6] Avec Spinrad au scénar’.

[7] Ville qui ne s’est jamais remise du passage du Roi Soleil – où le fou chantant,, est rattrapé par un scandale sexuel, La chance aux chansons – et de Chabrol, attiré par le manger provençal, sur le Cours Mirabeau, coule la scène, et alentours pour A double tour.

[8] -:- C’est sans danger, dixit Laurence Olivier – échappé de Shakespeare & Rebecca mais pas des mains du Marlon-à-voile-et-à-vapeur, et Leigh – sur Dustin.

[9] Cette disquaire et musicienne punk devenue autrice à succès, féministe devenue Virginie Violente, sans pour autant réaliser sa résilience dans une société de plus en plus violente.

[10] « Les idées préconçues ressurgissent et meurtrissent la conscience féministe / Manifs de cathos, crackettes à problème d’ego / Parlent et parlent sans crainte de se tromper d’ennemi / Amalgament et sèment le doute dans les esprits / La mémoire courte, la femme libérée s’appauvrit. » dans We are at war.

[11] Gensoul, contre l’anesthésie, protégea les blessés ; Liszt chez Sand en rescousse en esprit.

[12] Le mot est de Vian, car un tube, c’est creux.

[13] Triage de lapins de garenne, lièvres, chevreuils, marcassins, biches, cerfs, poulets de Bresse, canards mulards, cailles et pigeons des Dombes, colverts, faisans, perdreaux, palombes, grouses d’Ecosse, viande – pas de la gorre – de porc, ris de veau, foie gras, truffes radioactives du Tricastin, pistaches ; marinage, préparation, garnissage, confection de farces, choix d’aromates et de couleurs, travail de la pâte et décor de la surface, montage, répartition, composition de la coupe et des couleurs, équilibre de l’ensemble, cuisson 8h et refroidissement à cœur d’un jour.

[Manuscrit Sales rêves] #épisode 2

Après avant-jour=patron-minette, Et que n’étant plus nuit il n’est pas encor jour[1], selon ce fils de soyeux, Lacenaire, le jour est mis. Glow is growing. L’en-ville : il est tôt à Tôkyôto©. Au déjucher et frotte-couille : vile symphonie de la ville folle, Rien que des heures de Cavalcanti (1926), Voi troverete una donna piacente, / di sí dolce intelletto / che vi sarà diletto / starle davanti ognora. Néons inactifs. La ville est comme une femme démaquillée dans le tremblant=lit=panier aux ordures=planche au pain. Les orphelines de Lacenaire, dont Didine Cendrillon aka Casque d’or ou Joséfa la Pierreuse tapinant désormais vers le nœud de routes – logique – ou aux abords du tunnel, près de la gare et de la fac catho à côté du centre psy dont le dirlo prône la castration chimique dans le quartier d’Asakusa, Yoshiwara de La rue de la honte de Kenji, dorment les yeux mâchés. Ciel clair, ecchymoses. Tôkyôto©, la ville, entre Lima, Turin et Lausanne, qui ne dort jamais.

Crash-tests sans frisson à la Cronenberg – via J.G. – ou Carpenter ou Ducournau, où finit mère-grand qui légua son corps à la science, grand bien lui fit. Autos à pots catalytiques – dieselgate -, avant électriques encore plus polluantes selon analytique, quand, grâce à l’intelligence artificielle, l’algorithme biaisé hésite entre tuer un conducteur[2] ou l’asphalteur=inspecteur des pavés=le polisseur d’asphalte=celle qui se bambane=celui qui prend le train d’onze heures, bref un piéton, et, en absence de bruit moteur, nocives aux marcheurs. Partition universelle de klaxons® éclectiques tendant vers l’intonation juste, de bruit d’essuie-glaces, parfois comme les polyrythmies et nuages harmoniques de sons statiques=micro-organismes mélodico-rythmiques des métronomes façon Ligeti (1962), genre Les Temps modernes (1936) de Chaplin, ou Ikeda. Silly symphonies©.

Ville belle, paraît-il. Vol d’oies sauvages sans Nils, ce nihiliste. Fondus, les brouillards industrieux : ville où  les solliciteurs de zozottes, adeptes de la théorie du grand placement, sûrs d’eux avec le t-shirt « i ♥ lovés » dansant de conserve en tremblant, en suspension comme sur de l’azote liquide, comme un robot sauce breakdance avant un soupçon de secousses tecktonik à la mode boys bandent – Genius tortoise© issu de la fusion d’Arashi® et Joe 1® – moula hop de Io Io Jupiter Io – to be or not to be 3 – 5 membres fantômes comme les Jackson©, le mc Dojo-le-physique, Akira-qui-rira-le-dernier-le-chanteur-leader, idol avec stalker, Mishiminima-le-jeune,Go-Godzilla-do-ré-le-drôle, Intel-Lo, managés par papy J dit papy art versus Docteur Nô – j pop® dans le cadre du plan de softpower Cool Japan® ; caméras►focus►zoom►centre de surveillance urbaine►policiers dépêchés sur place en un laps -, suite à une énième crise, les actions en yo-yo® à Tôkyôto©, dans les limites fractales©, de Consolited Fuzz à cause du retrait de la famille Addams©, ils sont comptables de leurs comportements – perdus dans les clouds® à défaut de les traverser pour avoir un travail ou devenir un groupe anglais aussi connu que Jésus©[3]. Un data center incendié – cause inconnue -, aucune sauvegarde de secours, panique sur les sites.

Entre brouées poisseuses, Fuzz, hologramme en toge avec œil du pli dans le drapé dans un yurei eiga, se retournant, bégaye, claudique, bégaie – son oscillant et continu : scie musicale, thérémine©, etherphon© et ondes Martenot© ; KŌmori de Fuj|​|​|​|​|​|​|​|​|​|​ta avec résonances d’ultrasons de chauves-souris sur tuyaux d’orgue : le spectre est joué par Shakespeare, ce deuxième Patient anglais vacciné contre le covid en terre d’Angle mort et son variant grand-breton. Chasser le brouillasseux=la crasse avec une bombe au pied-humide, il revient au galop. Au quartier octogonal – comme les unités romaines -, prendre diagonale – le champion mondial d’échecs, un norvégien, ne se représente pas, refusant la concurrence tout en soupçonnant un ancien jeune adversaire de tricherie à cause d’impulsions en langage morse dans une boule anale – en mangeant une crème catalane en songeant à la ville hexagonale divisée en six secteurs par six routes convergeant toutes vers la place principale, hexagonale, conçue par da Ferla et construite, après un tremblement de terre, par le prince de Roccella et Butera, Carafa Branciforte.

 Airpocalypse : gorges, nez pas zen, yeux irrités. Les sirènes des premiers mercredis du mois vers midi – loin Dresde en rolling thunder et blockbuster, et son christstollen, pilonnée lors de la deuxième guerre mondiale -, Tôkyôto© sous les bombes selon NTM : végétalisation par les bombes vertes à la Vesper© pour qui végète[4] – dont quelques bombasses, avaleuses de frimas, s’assommant de coca collapse®, hilare à l’aide de la bombe Chantilly®, en chantant, avec une voix suraiguë à cause de l’hélium, du hardcore mélodique puis de la pop décroissante à la Jack the Ripper[5] avec effet à la pédale fuzz maestro sur fond de cata[6] éclairée de Dupuy sans fond en une sorte de Zola Jesus© en bougeant frénétiquement de la tête ( ?:- Michael Jackson, Rap ? Métalleux ? Krautrock !:- Non, Parkinson 🙂 ) avec coiffure à la Cindy Sherman écrasée par un casque pseudo vintage du rappeur businessman=self made man – avec haleine qui danse toute seule tellement elle a avalé ses pieds à défaut de Thomas=fait tomber le rouge=tue les mouches au vol comme du radis râpé=kasumi-ae=mélange au brouillard sur les berges à l’odeur d’urine (318) ; « Tôkyôto© sous les bombes » en bombes de graphs Fuzz sur les murs[7] visités par les bobos comme une galerie d’expo gratos de street art, même les fresques deviennent institutionnelles. Basquiat dans ses basques. Paréidolie : elle interprète des formes dans les nuages, l’eau, la cuvette des wc, la tasse de café, le mug, les pièces de Scrabble© qu’elle collectionne.


[1] La Fontaine Livre X, Fable XIV, La Rochefoucauld, v. 13 ; Ovide, Amours, Livre V, v. 5-6 ; Boiardo, Roland Amoureux, I, XIII, 57 ; le Tasse ; Guarini ; Tristan l’Hermite.

[2] God is my co-pilot© à la place du mort comme celui du col de l’homme mort – sauf autosolisme ou hacking blanc.

[3] Le fameux passage piéton, distinct de ceux d’Angleterre, est filmé en webcam 24h / 24. Abbey road devait se nommer Everest, proposé par McCartney.

[4] Khmers verts en tortues ninja©, entraînées par le clone de Kadhafi et dirigées par Fuzz.

[5] Inspirée de Screaming Lord Sutch en jupette et sandalettes ou arrivant dans un cercueil avec crânes ou couteaux, rejoint par le guitar hero Jeff Beck, candidat marginal aux élections britanniques, notamment à Stratford-upon-Avon et la création de l’Official Monster Raving Loony Party. Débordant d’énergie, les ados s’agrègent en un groupe musical. Ils répètent jusqu’à épouvanter leurs voisins. Un single cartonne. Pleines d’hormones, les filles se précipitent. Ivre de succès, l’ado ne peut plus sortir tranquille. Les paparazzi les poursuivent. Alors l’ado boit, se drogue. C’est la rançon du succès. Le groupe est fatigué à force d’enchaîner les concerts. La vie devient un enfer. Des tensions apparaissent au sein du groupe. Alors l’un tente une carrière solo. Le succès n’est pas autant au rendez-vous. C’est la traversée du désert. Alors le gars se droguasse, boit. C’est la descente aux enfers. Soit le gars se suicide, tente de rentrer dans le club mixte des 27 (Laforgue, Hendrix, Joplin, Morrison, Brian Jones, Basquiat, Cobain, Winehouse) et c’est le jackpot en devenant encore plus connu jusqu’à avoir sa marque sur le Rock and Roll Hall of Fame and Museum Hollywood©, soit il devient un demi-dieu. Dans cette dernière hypothèse, il finira, dans la force de l’âge, par ressasser ses anecdotes dans divers talk-shows.

[6] Français est plus apocope que Procope – cet homme de glace.

[7] Comme une carte de visite à la Arsène-Marius, qu’assène Leblanc, ou Edgar-du-Nord-de-la-cambriole de Miyazaki, comme son Le château de Cagliostro, repris par Morita, sur Défense d’afficher, loi de 1881.

[Nuits de Fourvière; Diana Krall; Jazz] Princesse Diana

Krall versus Rolling stones et leur cirque à tiroir-caisse le même soir (200 € le billet premier prix; 50 000 personnes comme pour Rammstein et moins que pour Indochine – 73 000) ; Le Progrès est excité car Mick Jagger a été vu à Lyon, chez Brazier avec Viannay notamment ( » Je m’amuse dans la capitale de la gastronomie mondiale ! J’ai mangé une tête de veau et une brioche aux pralines. J’ai ruiné mon régime » confesse Mick au micro devant le public). Pour moi, ce sera no Mick today. Je suis plutôt brasse que crawl, comme dirait Darry.

Le grand cirque à tiroir-caisse des papy Rolling stones à Décines; © France TV

Diana, grande, empâtée (2 enfants avec l’inoxydable rockeur caméléon Elvis Costello) en grande robe blanche, a un swing et un groovy de folie (une reprise de Tom Waits, le standard Cheek to Cheek d’Irving Berlin pour Fred Astaire, repris par Ella, Doris Day, Sinatra, Rod Stewart et Tony Bennett notamment) chante de sa voix de femme mal réveillée le matin avant son café avec des phrases longues ; elle a du mal dans le vibrato – poussif. Le jeu de piano est excellent. Un batteur, un contrebassiste, deux noirs très talentueux ; le guitariste – quoique je n’aime pas tellement la guitare dans le jazz -, est émérite, je me demande si il n’a pas arrangé l’album. Parité blanc / noir mais pas homme / femme même si la meneuse est une femme. Des solos à l’ancienne applaudis comme jadis.

Presque 2 heures de concert pour 56€. Les conditions d’écoute étaient difficiles. Un type, bourré à force de s’ingurgiter des bières, qui parle; deux filles bénévoles qui papotent fortement; deux femmes au-dessus qui parlent, dont une qui n’arrête pas de chercher son portable dans son sac en papier très bruyant; un noir s’allume cigarettes sur cigarettes et regarde son portable sans cesse alors que derrière un blanc nous enfume de son vapotage ; une petite vieille use d’un flash éblouissant avec son portable pour filmer, c’est usant d’autant que d’autres l’imiteront. Les bourges d’à côté en place réservée laissent sonner leur portable pendant le concert. Nombre d’eau, avec le bruit des bouteilles d’eau en plastique sans bouchon, si ce n’est de bières, renversée sur les voisins de devant, la serpillère aura servi.

[Manuscrit Sales rêves] #épisode 1


 

Chant 7 Tout sur Tôkyôto© de toc

   « Quant à moi, je suis résolu à ne jamais lire de toute ma vie d’autre livre que le mien. »  (La vie et les opinions de Tristram Shandy, L. Sterne, VIII, 5)

– Chiche ! – : Parmi la bachassée=chiaillée=muflée de prix littéraires[1], celui de Sceptique de Fos honore le titre le plus court ? – à concurrence avec Tarkos – et l’incipit le plus bref, Ah ! Ce livre, avec le bandeau « A lire les yeux fermés », a été écrit grâce à un nouvel algorithme de l’intelligence artificielle Gennaro®[2] – typologie et émotions des personnages, densité des dialogues -, nourrie de Chat GPythie, générée par un fils d’espion infiltré de la DGSE, scénariste sur une série à succès. L’impétrant=récipiendaire, qui fait gémir les presses, cite inévitablement, près du village de Y, Wilder dans son coruscant mais peu commode discours de réception, nonobstant ennuyeux comme un brochet dans le tiroir d’une commode, qui croûtonne=palasse=scie le dos=jugule=est drabe=marqué à la fesse=égnolant=seringue=emmiellé=estouffe-gari=fait flasquer, derrière son pupitre sur lequel trône le logo de Préparation H concurrençant les Relais éponymes : « Les prix sont comme les hémorroïdes, n’importe quel trou du cul finit par en avoir ». Le public fait chorus ; l’attachée de presse, très attachée aux prix, met du bois=fait la claque=joue au chevalier du lustre, à la blanchisseuse au mireloque grave, soigne l’enfant jusqu’à l’apparition d’ampoules purulentes à force de faire trimer les battoirs. Chez ce peuple graphomane atteint de phobie administrative à cause des divers formulaires complexes acquis de haute lutte dans le labyrinthe bureaucratique à la Le Nôtre version Shining, n’importe qui, même les politiques, ou plus exactement leur teinturier, dont celui qui a gagné le prix du meilleur nègre, suscitant l’ire des anti-racistes et anticolonialistes, tartine du noir sur du blanc=graillonne=écrit=parle papier=brodanche, une vraie plaie[3]. Respirer en Alphabet street et dans des artères performatives et résilientes comme dans le clip The child par Bardou-Jacquet pour Alex Gopher.

La nuit est noire en son sein malgré. Vent Nuages Orages Pluie. Entre chou & lien, alba – ! Fermer à la Ozu les shōji. Point du jour point : à la piquette du jour. Poltron minet. Aurore à évènement de gomme. Eosophobie. Roulent au vent mauvais les tumbleweeds=virevoltants façon western ou The last picture show de Bogda et ses persiennes=lunettes hallucinantes concurrençant celles d’Elton. Lapin fluo[4] comme ornithorynque ou wombat-au-caca-cube-en-cairn – en dilicule. What’s up, Doc ? : ? La femelle éprouve-t-elle du plaisir lors de la lordose ? Are you lonesome tonight tente de chanter à Babylone, le bouffi Elvis-the-pelvis[5] entre un terrible fou rire à cause

a- d’une choriste partie en vrille ;

b- d’un membre du public ;

c- les deux ;

d- Love me, BarTender ;

e- autre ;

f- ne sais pas.

DisGraceland en Promessland : matant avec sa médaille de Saint Christophe autour du cou, derrière des miroirs sans tain – candaulisme et copertion -, les couples copulant, presse-les n’avait pas de couilles malgré ses pantalons moulants anticipant une stérilité mâle croissante. La nuit c’est fait pour épuiser les poèmes. That’s all, folks !

Trop de pollution lumineuse avec les pendus glacés=leds – skyline. Même les noctambulettes ne sont toujours pas rassurées à cause du célèbre serial killer recherché avant le bikini killer et l’Eventreur du Yorkshire – bruit des talons et cuissardes dans le smog (Loulou/gorge tranchée/ventre lacéré/par le tringleur/slasheur Fuzz-le-Rippeur ; Vacher[6], le Jack the Ripper du Sud-est, l’« anarchiste de dieu » dans Le juge et l’assassin de Tavernier, sème Hercule Poirot©, crève la pièce=saute le coffre-fort=fait une datte=tape dans le joufflu=en met plein les pattes=enviande=bourre le mou=défonce la pastèque=casse coco, le couloir à lentilles=chevauche à l’antique=tape dans le mignon, le bol, le petit, le rondinet, le borgne, le plissé, le détonateur, le Père Fouettard, le manant, la lucarne, la rose des vents=prend un buffet froid=épluche le garde-manger=pile les pois=décapsule la rondelle=la passe au brun=fait lanlère=tape dans le chouette=ramone la turbine à chocolat, l’œuf=dégage le couloir=tape dans le boyau, la lune, l’hostie, la trousse, les baguettes, les pattes=encaisse du rond de serviette=dauphe=va chez le voisin=prend la température=enfifre=baptise la campagne=refile du petit guichet=baptise à la bonne adresse=va chez tonton=enfouraille=tranche du cardinal=passe par la porte, la route étroite=enlève les toiles d’araignées=encaladosse=prend de la dossière=envergue=crève l’œil (de l’honnêteté)=prend du rein=préfère le visage à l’envers=appuie la tête au mur=secoue le pêcher=offre les pommes=recrache les pépins=daufe=prend de l’ogne, l’objet=court à rebours=défonce le pavot=fait fleurir son rhododendron=montre bruneau=fait l’arrière-boutique=secoue le prunier=va en pantoufles par le chemin sec=baise à la Florentine=le Phiron et le Miron=inaugure la salle de danse=aime la valse à l’envers=file du valseur=chante Ramona=englande=favorise la mode de Berlin=prend son cul pour le jardin de Versailles=prend l’escalier de service=va dans la soute à charbon=aime le cambouis=charge par la culasse=tisonne les deux hémisphères=s’emmanche comme des râteaux neufs=taraude le trou-monsieur au jeunot une fois la ventraille=les boyes=tripes à l’air de l’évent(r)é=éboyé). What’s up, Doc ?


[1] Plus que de durêmes=fromages=renachés – qui dansent ou non ? – chez les Tyrofageux.

[2] Comme le nom du  mafieux dans Gomorra, film Matteo Garrone (2008) et série (2014) d’après le roman de Roberto Salviano.

[3] Les éditeurs, en quête de marché de niche, de pépites comme comètes, sont souvent débordés, les orpailleurs=lecteurs-maison se déclarent en burn-out avant d’être remplacés par une intelligence artificielle.

[4] Grand débat sur la prononciation de Kac entre la spécialiste de la poésie visuelle brésilienne, Inès Oseki-Dépré, universitaire brésilienne d’origine japonaise, et Virgile Novarina qui travailla avec lui : Kak ou Katz ?

[5] Toujours vivant paraît-il selon certaines chapelles locales et repris par des clones tels que Tony March-l’Elvis-d’Aquitaine, Little Bob dans le fief de Coty – qui interrompit une revue de presse pour écouter Signé Furax de Dac & Blanche sur Europe 1 -, Le Havre, et tant d’autres.

[6] Gerbé à la passe=basculé=fauché=opéré=raccourci à Bourg-en-Bresse par l’hématophobe bourreau Deibler, l’homme qui fit les 400 cous – tout en boycottant, grand galant, l’affreuse belle-mère Joséphine Mory selon une chronique d’Arlt dans El Mundo -, l’Anatole plus célèbre que France, qui passa, à cette occasion, le témoin à son fils issu d’une longue dynastie de Pères Coupe-toujours=mecs des gerbiers=charlots=frapparts=béquillards=faucheurs=boyes=burlins=béquilleurs=buteurs=ganbilleurs, d’aricoteurs=accordeurs de la camarde.

[7] Qui envoya un disque sur platine dans l’espace grâce au Projet Icare©.

[8] A l’entrée du château – sans doute inspiré par Lacoste via la villa Noailles – un écriteau, écrit sur le tard : « La sonnette ne fonctionne pas, frappez fort, je suis masochiste. ». La sonnette est un piège à souris : l’impétrant devient sonnette personnalisée en criant à cause de doigt.s pris dans ledit piège.


[Live, Nuits de Fourvière] Free as a Bird

Portishead, Patrick Watson il y a peu d’années. Concert somptueux, à la lune quasi pleine, aux NUITS DE FOURVIERE en 2 parties du grand – aux deux sens du terme – ANDREW BIRD, violoniste (violon parfois utilisé comme un ukulélé) mal rasé, vêtu d’une veste blanche, guitariste (guitare sèche, avec bandoulière LGBT, et électrique), siffleur émérite et belle voix jusqu’aux aigus, cerné de Marshall : l’une avec l’ONL (Bird remercie l’Orchestre National de France et se reprend) dirigé par Jonas Ehrler (du vent effeuille les pages trop rapidement) et un solo magnifique quoique trop bref de l’excellente Jennifer Gilbert (un moment il joue seul comme avant, en homme-orchestre, oversampling, ripant sur sa pédale d’effet à la fin du morceau); l’autre avec son orchestre (une basse trop forte, batterie avec musicien au jeu subtil; les 3 chantent).

1h19 de concert pour 26 €, c’est honnête, contrairement à The Smile (1h25 pour 65 €). N’eussent été les mêmes imbéciles qui renversent de l’eau, font tomber un bout d’œuf, qui ont leur sonnerie de portable en activité, des bœufs qui filment avec leur portable fortement luminescent, gênant (merci Jack White d’interdire les téléphones portables et tablettes pendant les concerts). Un grand moment malgré tout. Je verrai bien un duo avec Rufus Wainwright. Filmé par Arte :

https://www.arte.tv/fr/videos/109039-001-A/andrew-bird-avec-l-orchestre-national-de-lyon/

[Ciné] Ennio l’éruptif

Ennio est un documentaire-somme, passionnant mais trop long, sur Ennio Morricone de Giuseppe « Peppuccio » Tornatore qui témoigne dans le film comme metteur en scène. 11 collaborations avec celui qui succéda au « copain » d’enfance Sergio Leone (6 collaborations) – « Je t’aime, moi non plus » au point de faire rater par exclusivité une collaboration entre Morricone et le mélomane Kubrick pour Orange mécanique (A Clockwork Orange, 1971) ! -, Mauro Bolognini (12 collaborations depuis son premier film, Les poings dans les poches, I pugni in tasca, 1965) et Giuliano Montaldo (13 collaborations). Et aussi, Pasolini, De Sica, Bava, Comencini, son grand ami Pontecorvo, Dmytryk, Ikeda, von Trotta, Lautner, Verneuil (son Peur sur la ville, qui m’effraya tant quand j’étais enfant – cet œil de verre tombant sur le toit hante mes cauchemars), Polanski, Boisset, etc.

*

Name dropping

Dans le documentaire, parfois un name dropping hagiographique à l’américaine et répétitif, sont également présents : Joffé (« Le voir composer, c’est comme regarder un athlète au travail. » ; Ennio, artisan et bourreau de travail, dégaine les notes à une vitesse hallucinante avec une maestria autre que celle, supposée, de l’insupportable Michel Legrand formé par la géniale Nadia Boulanger), Malick, Stone, Tarantino qui en fait naturellement des tonnes (rien sur leur polémique où Ennio, très franc voire abrupt, avec raison, aurait déclaré à Playboy, « Il n’a rien des grands d’Hollywood, comme John Huston, Alfred Hitchcock ou Billy Wilder. Tarantino ne fait que du réchauffé. » ; rien de plus vrai), Wong Kar-wai, co-producteur du documentaire, Bertolucci (ce fils de poète, co-scénariste avec Argento, d’Il était une fois dans l’OuestC’erà une volta il west, 1968 déclare : « Il a fusionné la prose et la poésie. »), les frères Taviani en relations très sinusoïdales, Cavani, l’excellente et trop peu connue Wertmüller, le metteur en scène et musicien Eastwood, l’incroyable Quincy Jones, le subtil Williams et le musicien bourrin Zimmer, Baez, Springsteen, Hetfield, leader de Metallica, qui ouvre tous ses concerts avec une musique de Morricone. Passons sur les samples de rap.

Les musiciens proches : le siffleur incroyable et multi-instrumentiste Alessandroni, Pieranunzi, Buttà, dell’Orso – cette chanteuse magnifique, trop peu présente ici, qui me tire des larmes tant le chant est parfait et mélancolique -, Dulce Pontes, etc. Le témoignage le plus pertinent, à part le malicieux Ennio lui-même sur 11 heures d’interviews avec un montage initial de 6 heures pour 5 ans de travail (du grain à moudre pour les bonus DVD), c’est le guitariste Pat Metheny, très fin. Il est très émouvant de voir des témoignages de personnes disparues, récemment ou non.

            Le spectateur perçoit le côté casanier d’Ennio dans son grand appartement bourgeois romain avec lustre et piles bordéliques de livres, lui qui venait d’une famille nombreuse et modeste du Trastevere avec un père trompettiste de boîte qui le détournera de sa vocation de médecin. Il est très amusant de débuter par un métronome, instrument utilisé par son inspirateur, Ligeti, symbole du côté mathématique pour le joueur d’échecs Ennio.

De la musique avant toute chose

Ses inspirations ? Le contrepoint chez Frescobaldi et surtout Bach, son professeur de musique classique Petrassi, Nono, Berio et Dallapiccola pour le contemporain. La période qui m’intéresse le plus est celle du Gruppo di Improvvisazione Nuova Consonanza (1966-1980) avec Macchi et Evangelisti. De là, proviennent l’utilisation des marranzani ou guimbardes siciliennes, de la cloche, du fouet, de la guitare électrique, du sifflement, des onomatopées. Ce qui me fascine, c’est cette alliance parfaite de musique savante, fondée sur de solides apports classiques (Monterverdi, Puccini, Rossini, Beethoven, Tchaïkovski, Stravinsky que l’on voit en archive), agrémentée de musique contemporaine, du dodécaphonisme à Cage en passant par la musique concrète, et le populaire (tarantelle, variétés).

Alimentaire, Watson !

Côté alimentaire, il a dû arranger pour la variété (Rai, RCA avec Bruno Nicolai et l’Argentin Luis Bacalov) avec la superbe Mina (Se telefonando), Morandi (Fatti mandare dalla mamma), très présent dans le film avec sa chirurgie esthétique ratée de la jetset à la Brazil (Gilliam, 1985), Paoli (Sapore di sale), Pavone (T’ho conosciuto), Vianello (O mio signore), Fontana (Il Mondo), Anka (Stasera resta con me). Exit Aznavour, Depardieu ou Buarque. « Ces années d’arrangements m’ont appris à apprivoiser les contraintes. À trouver un espace de liberté dans un projet qui n’était pas le mien ». Après avoir cachetonné avec sa trompette, il a été longtemps nègre pour la variété et le cinéma – Ennio en a conçu quelque amertume – qui ne le lui a pas tellement rendu avec si peu d’Oscars. Ennio est miné.

Sa carrière décolle avec Leone – rien sur l’escalier romain du Trastevere où Ennio & Sergio jouaient ensemble enfant alors qu’une scène de Les Incorruptibles (The Untouchables, 1987) de de Palma (le seul qui ait tenu à ne pas témoigner suite à fâcheries dont Ennio était coutumier), se référant à Le cuirassé Potemkine (Bronenosets Potemkin, Eisenstein, 1925). Musique concrète notamment au début d’Il était une fois dans l’Ouest (C’erà une volta il west, Leone, 1968) après avoir entendu le grincement d’une échelle manipulée par un machiniste dans un théâtre de Florence. Par contre, rien sur la pression sur l’harmoniciste jusqu’à l’étrangler après de multiples prises de son pour le thème de l’homme à l’harmonica. Les lettres de « Bach » se dissimulent derrière Le Clan des Siciliens (Verneuil, 1969), musique composée par juxtaposition de couches par le pieu Ennio. La musique d’Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto, 1970) du drôle et pénétrant Petri est disséquée par Ennio.

523 BO, Morricone connaissait le chiffre exact qu’il ne se privait pas de remémorer aux journalistes. Mais, ce dont il était le plus fier, c’est de plus de 120 pièces, de la musique de chambre à la symphonie, dite de « musique absolue » comme Simenon écrivait des « romans durs ». A la fin du documentaire, se succèdent des extraits lassants de concerts XXL hors de prix avec force musiciens, comme s’il cherchait le succès avec les dents, sur le terrain, tout en pratiquant son art de chef d’orchestre. Le spectateur est immergé dans sa musique de façon simple, il a l’impression d’être dans son cerveau, sans complexités musicologiques.

            Sale caractère

            Ce qui se dégage de sa musique, c’est de la mélancolie, de la tristesse. Nous ne voyons rien du sale caractère, atrabilaire et irascible, d’Ennio, de son mépris et de sa condescendance parfois, de son manque total de modestie à cause d’une insécurité profonde acquise depuis l’enfance. Il déclare ne pas aimer la mélodie alors qu’il est un « mélodiste formidable, possédait un langage harmonique très élaboré et un sens des timbres audacieux. » selon Stéphane Lerouge. Faut-il avoir sale caractère pour être un génie ? Le doute m’habite. Cette conception romantique est éculée. Pas d’éloge sans évocation de part d’ombre, pour reformuler Beaumarchais.

*

A cause de l’utilisation de nombreuses archives, passionnantes, plusieurs formats d’image se succèdent, générant un effet étrange mais inévitable.

Ce documentaire, la lettre d’un ami intime envoyée à un proche, disparu depuis 2 ans, a reçu de nombreux prix. C’est mérité.

Ennio, G. Tornatore, 2h36, Italie, noir et blanc, couleurs.

[Concert, Nuits de Fourvière, « The Smile »] Façon jambon d’Yorke

Nuits de Fourvière, sous la pluie à la fin d’un concert bref de moins d’1 heure 25 pour 65€, ça passe mal : un peu déçu ; un Suisse ajouterait-il « déçu en bien » ? Pas sûr. 

Le trio créé à l’occasion du Covid, The Smile (« ce n’est pas un sourire de type ahah. Plutôt le sourire de celui qui ment à longueur de temps » selon Yorke), humour yorkien, avec le fidèle Nigel aux manettes : Tom, Jonny-le-génie & Skinner, l’un des batteurs de Sons of Kemet un groupe de jazz londonien qui aurait pu inspirer Bowie. C’est un peu plus que des fonds de tiroir de Radiohead mais un peu moins qu’un album construit. On nous a promis du rock, seuls deux morceaux sont pêchus, le reste est très prog voire electronica à coups de Moog.

Les musiciens sont tous multi-instrumentistes, Yorke et sa basse rouge, un énorme synthé pour des solos, Greenwood étonne en jouant en même temps du piano et de la harpe celtique. Le plus fascinant est Skinner : une métrique redoutable à la Stephen Morris de Joy Division, des variations subtiles à la Stewart Copleand, un toucher à la regretté Toni Allen. Un grand batteur.

Le concert est introduit par un poème de William Blake enregistré par le comédien irlandais Cillian Murphy (Batman & Inception de Nolan, Peaky Blinders), rappelant qu’il existe « un sourire d’amour et un sourire de tromperie ». Quoi de plus normal après 2 jours avec Nick Cave ?

[Ciné] En corps, c’est le pied !

Le générique est à couper le souffle avec une musique forte à la Led Zep en Egypte (le chorégraphe israélien, entre danses tribales chtoniennes, sauts et jeux de mains de fêtes traditionnelles juives et clubbing, qui joue son propre rôle comme acteur, compose une musique percussive au rythme haletant ; Thomas Bangalter, l’un des deux de Daft Punk, met ses doigts de fée à la pâte). Le générique se termine par une image au ralenti qui se réfère à une étude du mouvement de l’homme par le physiologiste E.-J. Marey avec son chronophotographe, à l’origine du cinématographe – objet du court-métrage de Klapisch, Ce qui me meut, devenu le nom de sa maison de prod. -, de mouvements d’avant-garde comme le futurisme italien ou Nu descendant un escalier de M. Duchamp. Quant au générique de fin, il est du même tonneau, restez bien jusqu’à la fin !

            Après Les chaussons rouges de Powell-Pressbuger (The red shoes, 1948), les films de Donen sur les coulisses de Broadway ou d’Hollywood, Soleil de nuit (White Nights, Taylor Hackford, 1985 avec Baryshnikov), Black Swan de D. Aronofsky (2010) où Portman mit le pied dans la danse via Benjamin, Pina de Wim Wenders (2011 ; l’un des rares films où la 3D est vraiment intéressante), En corps est l’un des meilleurs films sur la danse. Klapisch avait signé un documentaire sur Aurélie Dupont (Aurélie Dupont, l’espace d’un instant, 2010), ici remerciée. Dans En corps, après le ballet classique avec tutu et pointes de Petipa sur La Bayadère, nous voyons des danseurs de hip-hop se déhancher dans cette ancienne fabrique de marbre funéraire, Le 104, le chorégraphe contemporain Hofesh Schechter au travail – sensible, intuitif et fluide – lors des répétitions de Dead duets dans Grande Finale en Bretagne ou le ballet Political mother de l’israélien à la Halle de la Villette où les danseurs s’envolent également sur les pavés mouillés, nourrissant le docu de Klapisch sur Hofesh pour Arte. Filmer la danse est encore plus compliqué que de capter un concert où tout est codifié : Klapisch est prodigieux en saisissant l’instantanéité des différents groupes de danse sur scène (solo, duo, réunion en groupes), en restituant l’énergie. Caricaturer en distinguant le ballet classique qui serait aérien et éthéré et le contemporain qui serait plus ancré dans la terre est tout bonnement faux.

            Le film débute par une scène muette réussie où le spectateur comprend facilement dans un théâtre à l’italienne, le Palais Garnier, façon Hitchcock, où les incriminés disparaissent dans le clair-obscur. Avec Amigorena au scénar’, nous rions beaucoup (le kiné bobo-écolo-bio au chignon si bien campé par François Civil, « La Bretagne, c’est pas Goa. » ; Podalydès en père engoncé façon Servillo en Andreotti dans Il divo de Sorrentino, 2008, le « plaide-boy » selon le baveux bavard ; la sœur féministe qui se met tout le monde à dos ; Pio Marmaï, un cuisinier dans son food truck rétro tendance, en crise pour manque de yuzu, pour qui le « tutu est cul-cul. », qui bouge des mains comme Chaplin, et mime une scène gore marquante ; Muriel Robin est irrésistible en Yoda ou marraine gâteau larguée), au milieu de séquences d’émotions très bien construite (la rupture, les secondes chances, comment survivre, le rapport père/fille). Malgré des cernes imposantes, Marion Barbeau, première danseuse à l’Opéra de Paris, montre une danse pointue, un jeu simple et efficace et, ce qui est rare pour une danseuse, de beaux pieds. Le côté choral, très inclusif ici, est toujours aussi réussi chez Klapisch, sa marque de fabrique. Il réactualise un Paris contemporain de carte postale : l’image et les prises de vues sont incroyables. Bref, c’est beau et populaire. Avec l’usage épisodique de l’anglais, le film coche toutes les cases pour l’export. Mieux vaut En corps que Coda (Sian Heder, 2021) inspiré de La famille Bélier (Éric Lartigau, 2014). Quand vous sortez du film, vous avez envie d’exprimer votre énergie en esquissant des pas de danse : chacun cherche son entrechat.

Michaël Moretti

En corps, 1h57, France, couleurs avec Marion Barbeau, Hofesh Shechter, Denis Podalydès, Muriel Robin, Pio Marmaï, François Civil, Souheila Yacoub.

[Ciné] Freak, c’est chic !

Attention : chef d’œuvre ! Il faut sauver le soldat del Toro car la fréquentation en salle, malheureusement trop faible (pandémie – avec interruption de tournage ; concurrence avec un blockbuster du même producteur, Disney, Spider-Man : No Way Home, Jon Watts, 2021), malgré un bouche-à-oreille favorable et une critique excellente, risque de forcer les réalisateurs créatifs et singuliers à se cantonner aux plateformes et au streaming. Si del Toro assure ses arrières avec, en parallèle, une comédie musicale sous le fascisme en stop-motion pour Netflix, Pinocchio, avec Blanchett, Turturro, McGregor, Swinton et Waltz, sur une musique de Desplat, les studios, frileux, risquent de faire payer cher l’échec de ce film d’auteur, Nightmare valley, pourtant le plus beau de del Toro à ce jour. Plus tragique que noir (Cain, Westlake et Chandler), le film atteint un niveau digne de Kubrick, del Toro s’inspirant, entre autres, du Baiser du tueur (Killer’s kiss, 1955, notamment la scène finale visuellement forte de poursuite au milieu des mannequins dans les hauteurs du magasin). Même Scorsese a dû prendre sa plume dans le Los Angeles Times pour défendre ce chef d’œuvre incompris qui deviendra certainement un classique alors que Le charlatan (Nightmare alley, E. Goulding, 1947 ; le rôle préféré de Tyrone Power), dont del Toro s’inspire, n’avait pas trouvé son public en son temps pour devenir finalement le meilleur film, révéré des cinéphiles, du réalisateur anglais, disponible en DVD chez Sidonis.

Comme Mad Max : Fury Road (George Miller, 2015) et Parasite (Gisaengchung, Bong Joon Ho, 2019, Palme d’or), il existe également une version noir et blanc de Nightmare alley : elle est d’une beauté rare grâce à la direction photo du fidèle danois, Dan Laustsen. Il s’agit d’un conte cruel, à partir du best-seller de l’étonnant Gresham (« Tristan Corbière du Maryland », selon Phil Garnier ; Edgar Allan Poe, voire William Blake, n’est pas loin), ou grandeur et décadence d’un Elmer Gantry (Elmer Gantry, le charlatan, Richard Brooks, 1960 d’après le roman de 1927 de Sinclair Lewis, prix Nobel de littérature 1930) sur fond shakespearien, d’un déclassé de la Grande Dépression à la Steinbeck qui s’élève comme self-made-man et pèche par orgueil malgré les avertissements de trois femmes (l’humaniste voyante Zeena, Toni Collette, qui l’initiera aux ficelles du métier d’illusionniste puis de mentaliste ; l’ingénue Molly, Rooney Mara, en Elektra ou femme électrique ; la bien nommée Lilith, Cate Blanchett en psy – « Découvrir par quoi ils sont effrayés et le leur revendre. Voilà la clé. » -, au sommet de son art inspiré de la femme fatale chez Bacall, Crawford, Davis et Stanwyck mais surtout Veronika Lake – « Tu es pourrie, et moi aussi » ; « Tu ne bernes personne, Stan. ») qui jalonneront le parcours initiatique en boucle de Carlisle (Cooper, coproducteur du film ; au début Di Caprio a été envisagé).

Après un crime refoulé dans un paysage à la Moissons du ciel (Days of Heaven, Terrence Malick, 1978), la première partie, où la pâte de del Toro est la plus reconnaissable, est l’occasion de présenter, sous un ciel plombé, la pluie et dans la boue, un freak show à la Tod Browning (Freaks, Freaks, la monstrueuse parade, 1932) : contorsionniste à claquette, prestidigitateur, géant (l’acteur fétiche de del Toro, Ron Perlman, en Hercule fatigué, qui attira son attention sur le roman de Gresham), nain, femme-araignée, geek qui croque un poulet vivant pour le plaisir du public hébété, bébés dans le formol dont le mythique Eunoch. Mieux que F for Fake (Vérités et mensonges, O. Welles, 1973) et Le prestige (The Prestige, C. Nolan, 2006), nous découvrons, stupéfaits, les coulisses peu reluisantes de l’illusion. Willem Dafoe en Clem Hoatley, taulier cynique et roublard (« Les gens aiment toujours payer pour se sentir supérieurs, ou se mettre en avant », « People are desperate to tell you who they are », « Les gens ne demandent qu’à être déchiffrés »), protecteur et menaçant, Monsieur Loyal à la voix éraillée, impressionne par sa brève prestation. A la recherche du geek, il évolue dans un décor peuplé d’yeux comme dans La maison du Docteur Edwardes (Spellbound, Hitchcock, 1945, décor de Dali).

Après la courbe de la cage ou de la piste comme une descente dantesque en Enfer, succède une deuxième partie rectiligne, froide du Buffalo ou New York Art déco de la haute bourgeoisie. Le bureau de la psy Lilith Ritter (Cate Blanchett), engoncée dans des robes hautes coutures (costumes de Luis Sequeira), est hallucinant grâce à la direction artistique de Tamara Deverell avec un luxueux bureau en bois laqué, des espèces de tests de Rorscharch imprimés sur les murs. – Nabokov aurait apprécié le parallèle entre le spectacle de l’illusion et la psychanalyse -. La précision maniaque des dessins et des plans de del Toro est au service de la beauté. La scène révélatrice finale est digne de la fin de Shining (Kubrick, 1980), buée sortant de la bouche en plus. Le spectateur comprend vite le dénouement car c’est le cheminement qui intrigue : le scénario, limpide et efficace, écrit par Kim Morgan, la femme de del Toro, est proche du roman, sombre et brut. « Cette histoire fait écho à l’époque actuelle avec son complotisme, ses mensonges et sa paranoïa. » insiste del Toro. Du grand art et plus qu’un hommage, malgré quelques scènes se terminant par un obturateur fermé à l’iris.

Nightmare alley, Guillermo del Toro (États-Unis, 2h30, une version couleur, une version n & b, 2021). Avec Bradley Cooper, Cate Blanchett, Rooney Mara, Willem Dafoe, Toni Collette, Richard Jenkins, David Strathairn, Ron Perlman.

[Ciné] Un film sévèrement burné

Red Rocket

« Red Rocket », c’est, en argot, un pénis de chien en érection, voilà le ton donné. Un acteur de porno de L.A., inspiré d’un vrai pilier de l’industrie du porno sauce sociopathe narcissique à la masculinité toxique, incarné par un acteur excellent, Simon Rex – « Désespéré, forcé de me débattre pour survivre, oui, j’ai déjà été dans cette position » ; son walk of shame : acteur de porno gay (Young, Hard & Solo), mannequin sous-vêtements égérie de Tommy Hilfiger, Calvin Klein, Versace et Levi’s, second rôle dans des séries (sitcom Jack & Jill, Alerte à Malibu, Summerland), acteur dans les Scary movie, VJ à MTV et rappeur (Dirt Nasty) -, en un adulescent genre JCVD de la teube, retourne la queue basse – que mesdames pourront admirer – sur le mode survie dans un milieu white trash texan (tatouages, dents pourries ou manquantes, obésité, maisons en ruines) avec une belle-mère (Brenda Deiss) à la tronche incroyable qui conforterait François Hollande. Nous sommes loin du misérabilisme facile de Nomadland de Chloé Zhao (2020). La peu farouche Strawberry, une Lolita, dépasse les stéréotypes d’Harmony Korine, de Larry Clark voire, parfois, Gus Van Sant : le peps de l’actrice (Suzanna Son qui crève l’écran) étonne ainsi que ses talents de compositrice, surtout quand elle joue du clavier poitrine nue. Sur fond de campagne de l’éructant Trump (ce panneau de triste mémoire : « Make America Great Again ») contre Hillary Clinton en 2016 comme Shampoo d’Hal Ashby (1975) lors des roueries de Nixon, un « Red Rocket », c’est également un « État rouge », qui vote pour les républicains, tel le Texas que nous voyons ici comme jamais. Nous sommes loin des facilités de We  blew  it ! de J.-B. Thoret (2017), trop fasciné par son sujet.

« Affreux, sales et méchants »

Réalisé en 23 jours avec une équipe de 10 personnes et 1 millions de dollars, ce film, inspiré par l’urgence à la Cassavetes avec force improvisations, est une totale réussite tant sur le fond (une critique caustique et drôle de la société américaine : son optimisme forcené jusqu’au ridicule, « quelqu’un qui aspire au succès sans se soucier des dommages collatéraux », la débrouille, un dingue à la tronche d’oncle Hô qui se fait passer pour un ancien combattant émérite, la condition pavillonnaire avec son rêve kitsch américain aux couleurs saturées à la Martin Parr, le très Pop Donut Hole – des trous, encore des petits trous) que sur la forme (lumières esthétiques, décors puissants comme ces raffineries aux ronronnements inquiétants et à la lumière parfois floutée rendant féérique le morose et glauque). A noter aussi Brittney Rodriguez, photogénique en fille de la baronne black de la drogue dans un minable trafic de proximité à l’aide de bras cassés. Un picaresque proche des frères Coen avec une bonne bande son.

Un prix du jury et de la Critique au Festival de Deauville 2021 bien mérité : être stupéfait tout en riant d’un univers glaçant de laissés-pour-compte avec une fin ouverte. Amateurs de politiquement correct, ce film n’est pas pour vous !

Red Rocket de Sean Baker (USA, couleurs, 2h10 ; interdit aux moins de 12 ans avec avertissement) avec Simon Rex, Bree Elrod, Suzanna Son.

[théâtre] Novarina : l’ombre de lui-même.

A la question « Qu’est-ce que le silence pour vous ? », Novarina me répondit dans sa période La voix négative : « La mort. ». C’est pour cela que la mise en scène de Le jeu des ombres est fondamentalement ratée : le sujet principal est la mort, à travers Orphée, mais Novarina, c’est la logorrhée (il reste quelques rares listes, de plus très réduites par rapport à ce qui est annoncé dans le texte – trop de coupes -, un duo comique qui permet de retrouver enfin notre Novarina d’antan, un monologue sur les conceptions de dieu de Leibnitz à … Ophélie Winter en passant par Serge Pey). Bien que la mort ait toujours été présente dans le théâtre de Novarina, c’est un sujet qu’il redoute quand il devient central, peut-être est-ce dû à l’âge avançant. Orphée réussit mieux à Pi. Novarina évite le fait qu’Orphée – ici un grand maigre comme un héroïnomane avec un blouson comme le conducteur de Drive -, se détourne des femmes, qui se vengent et le tuent, au profit des hommes. Pourtant Ovide (Les Métamorphoses, Livre X) est sans cesse cité, Dante est plus discret (les Enfers ; la toile de fond, inspirée lointainement de Kiefer, est plus réussie que les atroces crobars de Novarina) mais la présence de Virgile n’aurait pas été du luxe. La lyre est suggérée par un étrange instrument en fin de pièce, comme un rattrapage. L’auteur du Discours aux animaux se limite sur l’animalité et les animaux, son thème majeur, sauf vers la fin également. Le début est lent et peu novarinien, Novarina jette ses dernières forces dans le final. Nous nous prenons à rêver que toute la pièce ait été comme la fin.

La musique a toujours été présente dans le théâtre de Novarina. La pièce est une commande de Bellorini du TNP qui mit en scène Orfeo de Monteverdi à la Basilique de Saint-Denis (2017) alors qu’il dirigea le TGP : le créateur de L’opérette imaginaire, au service du metteur en scène, est réduit entre extraits d’opéra – pas toujours traduits -, la belle musique originale de Trouvé par un petit orchestre – c’est une tarte à la crème depuis des années – comme à Die Baracke puis la Schaubüne, quelques effets de cabarets, la chanson chilienne de Violeta Parra, Gracias a la vida, bref une comédie musicale avec des morceaux hétérogènes sans fluidité et cohérence autre que le thème, parfois très mal chantés pour deux acteurs notamment, dont une germanophone à l’allure teutonne que nous comprenons mal surtout quand elle présente les personnages au public – à faire passer Birkine pour une diva. C’est une co-création Novarina / Bellorini voire un putsch du metteur en scène sur le dramaturge qui n’arrive pas, à cause de la musique invasive, à laquelle tient Bellorini, à dérouler ses talents. Peut-être est-ce dû au Covid et à une création par transfert de fichiers. Avant, Novarina écrivait sur mesure pour les comédiens, Baudinat, Znik, Pinon, Sourdillon, Paccoud, Marcon, etc. La traversée de la langue n’a plus lieu, les effets de Novarina sont coupés et tournent donc un peu à vide. Il s’agit de fragments mal tissés et non une coulée, sans cesse gênée par d’autres extraits d’autres livres d’autres auteurs ou d’extraits musicaux. Il ne reste que le squelette ; heureusement que la langue est suffisamment forte pour résister au rouleau compresseur Bellorini. Les atroces costumes bobo kitchs de Makaïeff – la Criée, qui vit un atroce Falstafe du même Novarina en guise d’adieu cabotin de Maréchal qui me fit sortir de la salle avant la fin, ce qui est rare, est co-productrice de la pièce – n’arrangent rien. Un gloubiboulga indigeste. Pauvre Novarina ! La scénographie, assez pauvre, est brièvement réussie avec les restes de piano, un comique qui émerge, avec une lampe frontale ou non, d’une trappe du sol façon Beckett, un autre drolatique à la stature de Znik mais au talent moindre.

Sur la papier, la pièce avait tout pour réussir. Le metteur en scène, commanditaire, a parasité le texte trop engoncé ; Novarina a dû se limiter et se plier aux exigences de Bellorini. Quel dommage pour la première pièce de Novarina au Palais des Papes à Avignon entre deux vagues Covid, après un autre texte réussi créé à la Comédie française avec bonheur !

Vanités

Mi-figue mi-raisin

     Enfin une exposition digne de ce nom au Musée des Beaux-arts de Lyon, même si elle ne tient pas toutes ses promesses. C’est le résultat de la création du nouveau pôle des Musées d’art de Lyon, bien après celui de Marseille : le musée sus-cité ainsi que le MAC et même une timide percée du Musée des Confluences, bien à part. Dommage que la magnifique vanité gore du XVIe de J. Ligozzi (1549-1627) du Musée d’histoire de la Médecine et de la Pharmacie à Lyon 1 n’y figure point. « A la mort, à la vie. Vanités d’hier et d’aujourd’hui » : curieux thème, très classique, tout de même en pleine 5e vague de pandémie de Covid incitant à d’autres rêves. Si la scénographie de Flavio Bonuccelli est traditionnelle, il est dommage que les symboles des vanités décrits sur un mur (sablier, montre ; miroir, instruments de musique, livre ; papillon, mouche et autres bestioles ; crâne ; chandelle, fumée ; fleurs, écorces de citron ; bulle de savon, etc.) n’aient pas servi de fond global de l’exposition comme un papier peint décliné tout du long, peut-être à cause d’un manque de moyens flagrant.

Une dure entrée en matière

     Les danses macabres sont plus illustrées par des œuvres contemporaines que par des classiques (1848, 14-18). Aussi, d’atroces crobars d’Errò en début de carrière accueillent le visiteur, échaudé, ainsi qu’une œuvre mixte d’une laideur sans nom d’Armand Avril, avec des éléments récupérés, en résonance avec sa collection de sculptures du Nigéria de la seconde moitié du XXe siècle, déposée au Musée des Confluences (quid de la  restitution des œuvres au pays d’origine ?). Ce sera la seule référence à l’extérieur – rien sur l’art mexicain ou autre. Faire plaisir au dépositaire n’offre pas de joie au visiteur. Evidemment de magnifiques gravures au burin de Pencz (XVIe) mais Holbein, Dürer manquent cruellement, même si la peste, pandémie d’un autre temps, est mentionnée : par manque d’argent (les assurances notamment), aucun prêt de musées étrangers n’est à constater. C’est donc une exposition rustine où les trous sont bien bouchés, comme pour la décevante exposition Matisse, mais l’œil averti est alerté. Les âges de la vie sont illustrés par des œuvres placées au forceps : un bel Intérieur de savetier de Schaeck, une Femme âgée avec un livre dans un intérieur (1620-30) de Gerritz Pot. La gravure avec les Parques est plus pertinente donc convaincante. Dans une pièce à part, avec un avertissement bienvenu sur le fait que les images peuvent choquer, de belles photos Faces (1985-88) de Bazin sur des personnes de tous âges sur le point de mourir. De quoi avoir froid dans le dos. Vraiment très dur avec la souffrance tordant les visages, des enfants dont des bébés, surtout en début d’exposition. La mort est vue d’en face. Se récupérer avec une installation en boyaux de bêtes ?

Haut bas fragile

     La section Fragile jeunesse offre de curieuses œuvres : l’incroyable Monogrammiste M, Lucas de Leyde, ou l’eau-forte de Rembrandt, bien connue quoique très petite, La jeune fille et la mort de Frénet (1840-50) et une œuvre contemporaine passable, sans Schubert en bande-son mais évoqué. Une superbe œuvre des toujours étonnants Gilbert & George de 15 photos en noir et blanc assemblées, Cemetery youth (1980) laissant songer au best-seller Dance on my grave d’A. Chambers qui a inspiré Eté 85 d’Ozon. L’omniprésente et lassante théorie du genre est martelée avec des dessins maladroits sur un enfant qui s’interroge sur le sexe à choisir : les effets de mode commencent à devenir un diktat insupportable où le visiteur est pris en otage. Stop !

Eclectique Ecclésiaste

     Titre inévitable et attendu d’après L’Ecclésiaste : Vanités des Vanités. Bien qu’organiques, les sculptures d’Etienne-Martin, qui fit l’objet d’une exposition au Musée des Beaux-arts, rebutent malgré leur lointaine inspiration d’art océanien. L’un des joyaux du Musée des Beaux-arts, qui justifie l’exposition, c’est la Vanité, somme toute classique sans arriver à une émotion émanant de peintures flamandes, de Simon Renard de Saint André (c. 1650). Nous tournons autour de l’incroyable installation d’Erik Dietman qui n’est pas sans poser des questionnements éthiques à cause de crânes humains sachant que nombre de musées de médecine sont malheureusement obligés de fermer à cause des restes humains, nécessaires pour la pédagogie et l’enseignement. Au passage, aucun crâne de phrénologie, de Gall notamment, avec inscriptions dessus pour délimiter les zones alors qu’il en existe plusieurs au Musée d’histoire de la Médecine et de la Pharmacie à Lyon 1, le peu connu Musée Lombroso n’étant pas loin à Turin … Les révélations de l’exposition proviennent de collections particulières : l’œuvre magnifique de P. Cognée – justifiant à elle seule cette exposition, il faut prendre son plaisir, rare, là où il est – à partir de cire, jouant sur la disparition, Jim Din également dans un autre genre.

Un thème original

« Erudition : poussière tombant d’un livre dans un crâne vide. » (A. Bierce, Dictionnaire du diable). D’où la vanité des arts et des savoirs où « Il n’est rien de plus vain que de savoir beaucoup » selon l’humaniste Erasme, phrase qui résonne tout de même étrangement en ces temps de complotismes et de populismes. Deux tableaux exposés de façon permanente justifient également l’exposition : La Vanité de Picasso (1946), un dépôt du Musée Picasso à l’hôtel Salé, certainement pas son œuvre majeure mais pas inintéressante (penser aux fêtes de la mort au Mexique), et l’incroyable Les mangeurs de Ricotta de Campi (1580) laissant songer à Bruegel puis Le Nain, dont la présence ici est tirée par les cheveux, l’argumentaire reposant sur une mouche, la ricotta qui serait en forme de crâne (?) et le peintre qui serait représenté en Démocrite. Profitons-en pour remarquer que les textes explicatifs sont souvent répétitifs, notamment dans l’explicitation des symboles de vanités, les anciens cartels ayant été recyclés, les récents étant calqués dessus.

Acmé raté

La grande pièce, où les expositions décollent en général pour susciter l’admiration, déçoit nettement. Méditations est l’occasion de présenter des œuvres d’un style pompier dont Saint Jérôme – tout de même patron des bibliothécaires, ce qui n’est jamais mentionné – et Marie-Madeleine. Le thème est tiré ici aussi par les cheveux ; le gigantisme des formats n’est pas gage de qualité.

Sas moyennement sensass

A l’étage, Des plaisirs qui partent en fumée. Nous passons des bulles, occasion de peintures flamandes délicates, aux volutes de tabac dont il n’est pas indiqué qu’il avait à l’époque une vertu médicale et aidait même les noyés à revenir à la vie, soit les débuts étonnants de la réanimation au XVIIIe. C’est tout de même l’occasion de revoir le génial et drolatique Teniers II dit Le Jeune dont le permanent Joueurs de trictrac (XVIIe) et la réjouissante caricature avec singes et chat, même si c’est une copie sur gravure. Van Ostade, Brouwer.

L’absente de tous bouquets est classique, sans relief (de Hamilton, van Dael), Chardin manque alors qu’une magnifique nature morte réside dans les collections permanentes. Les personnes âgées, amoureuses de leur jardin, s’y retrouveront en picorant de la beauté dans cette ambiance de mort peu rassurante.

Après la flore, la faune : Le miroir animal on est mal. Le coq et le Lièvre de Berjon (XIXe), les Deux perdrix de Dubourg sont sans intérêt. Un atroce singe de cirque contemporain, ni fait ni à faire. Le Gigot d’Isabey étonne par sa modernité toute cézanienne. L’inévitable et permanent Carcasse de viande et oiseau de proie (1980) de Bacon, donné par Delubac – objet de la dernière grande et belle expo du monde d’avant -, impressionnante peinture semblant toutefois inachevée par surplus de dessin, n’est pas le meilleur Bacon. La photo du daim de Poitevin – artiste qui sera l’objet d’une expo ici en 2022 – est belle mais très dérangeante, surtout avec l’émergence bienvenu de la condition animale. L’animal semble en train de mourir sous nos yeux, ce qui est insupportable (Léautaud et Fallet s’en retournent dans leur tombe, pour rester dans le sujet). L’œuvre – installation – du protéiforme Bruce Nauman, à partir de mannequins désarticulés utilisés pour composer des animaux empaillés, intrigue par son hybridité. La fin de l’expo laisse un goût amer. Longtemps exposé, le fascinant quoique modeste Poisson sur une assiette (1921) de Bonnard semble fixé en réserve.   

Le contemporain et les collections particulières sauvent l’expo

Auparavant, La vie précieuse présente van Beyeren, Cruys, de Ring, le strasbourgeois Stoskopff, Kauw, son disciple, bien plus intéressant. La Nature morte de Claez. Heda (1642), pièce permanente par dépôt, fascine par sa sobriété, sa précision, sa coloration impeccable, le vernis stupéfiant, magnifiant l’œuvre, qu’utilise les flamands.  Encore une fois, les collections particulières rehaussent une exposition à la limite du terne : Les Termites – Fruits pourris (1994) du toujours étonnant Barcelò, ce grand format éclatant tout à fait incroyable de Rebeyrolle avec épaisseurs et coulures à partir d’un peu reconnaissable chou. Malgré un parcours trop labyrinthique, l’installation vidéo du génial B. Viola, Tiny Deaths (1993) absorbe par la présence/absence et remémore qu’entre chaque photogramme, l’image fantôme est révélée par la vitesse. Une expérience à la fois concrète et spirituelle, spirit même.

*

S’il s’agit d’invariant, d’un thème classique dans l’histoire de l’art, le visiteur, humblement, repart sans illusion, avec un goût amer vers le monde d’apprêt. Je regrette que la vidéo de Vinciane Desprets, cette philosophe belge, disciple de Stengers, présente lors d’une biennale à Lyon, ne soit pas projetée tant elle actualise la pensée géniale de Jankélévitch, une vraie révélation. Bien qu’il s’agisse essentiellement de mort, il faut positiver, alors la vie ou une dialectique caricaturale et hâtive.

Reste à nous délecter de la collection originale Deliceratio Corporis de N. Delestre, un réjouissant mauvais genre, aux éditions lyonnaises Fage, avec un calendrier à la clef. Le catalogue ne sera disponible qu’en janvier : est-ce dû à la pénurie de papier ?

Poésies au XXIe siècle

« Peste ! La poésie est virale. »

Sceptique de Fos

§ : Les poètes, soit des bons élèves bien appliqués, soit des cancres fiers de leur posture, ne savent que recracher leur leçon – avec huître=crachat ou non. Obligation de clarté, des bons mots, la maîtrise d’une langue unifiée[1], la perfection étroite qui se souhaite, en toute illusion, universelle[2], ou à l’inverse EsotErik Wahl[3], jeu d’étiquettes et entre-gens avec carnet d’adresses, classement sec, chacun dans sa case, sa chapelle, flip flap versus vroum vroum à l’ère du clash, chacun son stéréotype.

La poésie a trop de télomères usagés dans les 242 pg de chromosomes par tête de pipe. Elle a des années-lumière de retard sur les découvertes scientifiques et artistiques, Bessette (GPS avant Giorno) et Heidsieck l’affirmaient déjà.

Créer, c’est ruer dans les brancards donc ne correspondre à aucun créneau voire, encore mieux, de l’inventer : scandalisme© ; poésie polémique, « contre tout contre » pour, même si tout n’est pas bon dans le Chocons. Cabrer barbaque. Fin de la partition fictive prose / vers : roème©, vive l’hybride où chaque forme varie selon le fond. 

*

I

Au pilon, les recueils où la Marquise est à l’heure. Merle moqueur. Préférer Vos yeux d’amour, Marquise me font. Poésie générative ad lib. et post-mortem de Balpe, Play it again, Pim Pam Poum©. Préférez l’heurt. Pas du gâteau, la Marquise. Nulle histoire, caguesangue, pas de narratif[4], surtout pas. Marre de ces bons contes, cruels et genrés, – princes et princesses se marrèrent, vécurent enfant et eurent beaucoup d’heureux – ne faisant pas de bons amis et de bons I am, serinés depuis l’enfance.

Rabelais, il a perdu, certes. Icigo, devine : il[5] sort ses gryphes en publiant Pantagruel et Gargantua ; l’éditeur Dolet en douleurs sur le bûcher. Ripolin® Amyot, Vaugelas, fils de juge : barre-les crie Rabelais. Il ne faut pas pousser la grammaire dans les orties, juste la syntaxe. Poète Flaubert est un pue-la-sueur. Pas de ci pas de ça, la France ne signe pas la Charte des langues régionales. Bretons, Corses, Occitans, Picards et al. Collectionner les brichetons=mots selon. L’avenir de la poésie réside dans les apports des francophonies, Caraïbes notamment[6], Caramba. Caresser la peau du monde – Prigent récuse cette expression –  compte-tenu du paradoxe de Kantor et de l’inadéquation des mots au monde – sens sont dans béances.

II

Création est camera obscura. What’s up, Doc ? L’artiste est anarchique et tire dans le noir, selon Mahler[7], et construit des échafaudages dans le vide qu’il pourlèche. A quand une création artistique quantique ? Etudier les spins des mots par des injections de blocs de sensations. Le poète est-il l’alliancier composant les tissures de phrases protons, avec l’interaction forte entre quarks[8] grâce aux gluons ou les résultats de collisions protons-anti-protons dans un anneau pour hadrons ? Pas assez pertinent, le système standard de physique, trop beau (kaloskagatos), digne de l’astronomie chez Aristote et consorts : trop de matière et d’énergie noires inexpliquées que les mots doivent retranscrire ; les muons ébranlent l’édifice, ce clinamen ou petit grain de sable salutaire. Changer enfin de paradigme. Noir, c’est noir, noir sur blanc.

La basse de Flea des Red hot chili pepper. Etre à sauts et à gambades, avec vitesse à la Tsvétaïeva  en mode urgence, à la façon de l’éborgné à coup d’agrafeuse, Tex Avery – Gimme some more de Busta Rhymes, de blocs piochés dans un Pet words à la Good vibrations des Beach boys, dont Brian Wilson, ou dans le Journal de mes sons de Pierre Henry, des connections inédites du logiciel son en acousmonium de pièces d’Aperghis et de LouBez, de John Zorn, en buvant Eyquem[9], ce célèbre auteur d’un livre sur le rugby[10] sur l’ongle, Les essais, inspirant Proust[11], dont l’intérêt, outre d’interminables descriptions dignes d’un collégien maladroit[12], inspiré par l’historien d’art anglais, éculé jusque dans sa grammaire et sa syntaxe, un skin russe ennemi de Whistler, est la translation de sens et de sensations sur fond, à compte d’auteur avec force complaisances et lobbying[13], de critiques de salons[14] et sexualités[15] en société en mutation, anticipant le sexe des modernes. La modernité est androgyne[16]. Gare ! Montagnes russes avec ou sans cigarette. Mieux vaut profiteroles que paperoles [inserts : copier/coller de Telser ; finie, la génétique des textes]. Jean Sans œil n’a qu’un œil. Proust générera nombre de pseudo – légitimation – en République des lettres. J’ai pleuré quand j’ai terminé La Recherche, dit-elle.

III

Phrase-protée en plasticité du cerveau via les cellules gliales et les neurones-miroirs saisie par le Professeur Simon, Nobel, peintre d’abord, Naccache bono renouvelant, grâce à la neurologie, la théorie de la perception en un Cinéma intérieur[17]. Maître hérisson creuserait le même sillon, soit. Préférer les renards, les éponges à la Picasso, Schwitters, Bowie, Kubrick, la création toujours renouvelée.

La phrase est un système planétaire, avec des trous noirs entre les mots ; être dense comme une étoile à neutrons avant de devenir supernova, avec sursauts Lorimer. Le radiotélescope d’Arecibo s’écroule comme son monde. Des deux mots, choisir le moindre. La modernité, foi de Baudelaire, est fragment comme chez Héraclite Boris, le triunisme de de Duksztat est notre affaire pour la poésie visuelle :

On ne se baigne jamais deux fois dans le même effluve.

On ne se prend jamais une baigne dans le même fleuve.

On ne se bugne jamais dans le même fleuve.

La poésie est admissible si les silences sont malaxés en verbi-voco-visuel[18]. Comme la majoritaire antimatière, le silence creuse les sens puisque le mot n’est que le haut de l’iceberg – tropisme. Colère l’habite – foie. La poésie, à bout de souffle et actuellement sans relève notable, a tenté, dans les années 80 à 2000, de puiser sans succès sa création dans les arts plastiques causant un bref rebond ; le pire étant les plasticiens qui se targuaient et se piquaient de poésie, une catastrophe. Une bombe derrière chaque mot[19]. Arc électrique avant arc créatif[20]. Tout est état de tension partout dedans, comme un oxyMoretti.

Prendre le pourpre, la turbine, la foudre, l’éclair, l’élicie, l’arge, le lanciz : convection de cumulonimbus en enclume – ascendance dedans -, en ligne de grain avec chapelet ; claquage – effet dans plasma – d’isolant à l’état ionisé ; traceurs en double arborescence. TLE=elphes, TGF=flashs gamma ; sprite=sylphe=méduse inverse. Hydroxyles et hydropéroxyles nettoyeurs. Pyronimbus. Purple rain.

Le poète atterré©.


[1] Richelieu, Versailles, jardins Le Notre beaux comme une chatte bien rasée, rien ne dépasse – le vôtre, de plaisir ne comptant point. Exemples devenus désormais anglo-saxons à l’encontre du jardin anglais, faussement profonds genre R. Padgget et Louise Glück.

[2] Le coq, ergots et ego, le seul animal qui chante avec les pieds dans la merde, Coluche avait raison.

[3] De l’art pour l’art comme les Parnassiens jusqu’à A. Zanzotto en passant par R. Char, le Résistant n’ayant jamais rien compris à Heidegger, et Saint John Perse pas très léger léger. 

[4] La cible n’est point Balzac – ce qui ne tient pas chez Robbe-Grillet qui a le mérite, via Kierkegaard, de favoriser la reprise, puisque le texte est tissé, contre la variation – mais Houellebecq et ses écrits classiques post-balzaciens dont sa pitoyable poésie puisant dans le banal et le quotidien, peu pérennes, comme des rapports de sociologie, dont la profondeur et le style simple, empruntés à un domaine désormais supplanté par l’économie appliquée ici au sexe, n’atteindront jamais ceux de l’excellent Bove, sur fond de décadence fin XIXe et, parfois, de la SF.

[5] Viré de l’Hôtel-Dieu pour absentéisme.

[6] Comme l’art africain pour la création des avant-gardes du début du XXe siècle. L’alternative à la mondialisation est, foi d’archipel sur un terrain Glissant, le Toutou-monde.

[7] « Archer qui tire dans le noir. » paraphrasa A. Co[h]en dans sa lettre du 27/03/1978 à D. R. Goitein-Galpérin.

[8] Les scientifiques se sont inspirés de Joyce-qui-dit-oui.

[9] A-t-il été mangé par les poux et la gale voire la vérole dans la tombe du musée de Bordeaux – si il s’agit bien de lui ?

[10] Cette ville où étudia brièvement et avec souffrance Lewis Carroll.

[11] Ni dieu ni maître ni naissance dans son œuvre.

[12] Torturant, selon la légende trop belle – mais comme le suggérait l’irish Ford, imprimons la légende -, un rat avec une aiguille de chapeau dans un bordel homo.

[13] C’est son côté proustitué.

[14] Wharton, ô Hyères, beaucoup plus douée, adaptée par Scorsese pour Le temps de l’innocence avec les ultimes Bass et Hermann.

[15] Un bottin de Qui suce qui ?, voire plus. Quant à Totor, c’est l’ancêtre de Tintin.

[16] Pour en finir avec cette mulierbrité où « Les femmes sont soupières, c’est dire l’importance du plumeau » d’après A. Vialatte.

[17] Cf. Calculs dans Roses et poireaux d’Arno Schmidt. Un nouvel apport concernant les flux de conscience semble décisif comme la première vague au XXe siècle, sur fond de freudisme, avec l’écriture automatique, Faulkner, Joyce et Woolf.

[18] La poésie, par essence intermédia (aède, troubadours, comptines, glossolalie, chanson, poésie sonore, visuelle, électronique) selon Philippe Castellin à la suite de Dick Higgins, utilisant les divers systèmes de communication, se doit de s’opposer à la communication, de l’interroger. Elle est « Une machine de destruction de la langue majoritaire » (Frank Smith, mail du 12/12/18 en réponse à « Qu’est-ce que la poésie au, du XXIe siècle ? »).

[19] « Poète, écris à coups de poing », c’est dans Aus dem leben eines fauns d’Arno Schmidt. « Un crime derrière chaque mot ! » écrit Novarina dans Le drame de la langue française dans Le théâtre des paroles.

[20] « « Amour, cela veut dire : arc / Tendu : arc, corde : l’accord craque. ») ». Poème de la fin, 5, M. Tsvétaïeva.

[Ciné] Benedetta : in godmiché we trust

Personal Jesus

Personal Jesus

« J’ai ce rêve récurrent depuis trente ou quarante ans d’être confronté à une puissance supérieure et maléfique. Le jour de ma perte, c’est-à-dire le jugement dernier, n’est-ce pas ? A chaque fois, je me réveille en hurlant. » Verhoeven est obsédé depuis l’enfance par Jésus. Pentecôtiste pendant sa jeunesse, avec crise de foi à la clé, membre du Jesus Seminar, un groupe d’étude consacrée à la véritable histoire du Christ (Robert Funk, 1985, Santa Rosa, Californie), il a commis un livre sérieux, Jésus de Nazareth (2008). Dans Turkish Délices (Turks fruit, 1973), Olga (Monique van de Ven) tombe sur un lit en imitant la croix ; dans Le Quatrième Homme (De vierde man, 1983), l’écrivain Gerard Reve (Jeroen Krabbé) picole tellement qu’il hallucine au point que son obsession, le bellâtre Herman (Thom Hoffman), se change en Jésus sexy sur sa croix avant d’apparaître mutilé, émergeant des eaux, enveloppé d’un linceul teinté de sang ; l’officier Murphy est démembré façon crucifixion par des malfrats puis marche sur l’eau (RoboCop, 1987). Dans Benedetta, dans une iconographie volontairement sulpicienne, donc kitsch, concurrençant Les Diables (The Devils, Ken Russell, 1971), Jésus décapite avec un glaive, comme dans un péplum du bon vieux temps, des serpents menaçants, se marie en grande pompe avec Benedetta qui a quelques visions lors d’un mystère en s’envoyant en l’air grâce à un système de poulies tout en remuant des jambes, s’approche du Christ crucifié en lui enlevant, à sa demande, le drap tout en constatant qu’il n’a pas de … petit Jésus.

Conditions sine qua nonnes

Le scénariste de Verhoeven, Gerard Soeteman, auteur des scripts de la plupart des films hollandais (de la série Floris, tournée en 1969 avec Rutger Hauer, jusqu’à Black Book, Zwartboek, 2006), lui présente logiquement le livre de l’historienne de Stanford, Judith C. Brown, Immodest Acts – The life of a lesbian Nun in Renaissance Italy (Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne : « Toute nouveauté est dangereuse et toute singularité est suspecte. »). D’après les archives et minutes du procès, la schizo Benedetta, pour qui « C’est son histoire à elle avec son Jésus à elle. », profite, comme dans Basic Instinct (1992), de son autorité pour assouvir son appétit sexuel, sous l’apparence de l’ange Splenditello, sur la jeune novice Bartolomea, violée par l’abbesse. Si Jean-Claude Carrière, avec qui Verhoeven avait tenté de développer son projet sur Jésus à partir de son livre et de L’Evangile selon Saint Matthieu (Il vangelo secondo Matteo, Pier Paolo Pasolini, 1964 ; dans Benedetta, le Buñuel de Viridiana, sur la folie religieuse, Palme d’or cannoise controversée en 1961, plane), a été envisagé, c’est finalement David Birke, auteur du scénario de Elle (2016) qui a été choisi. Les thèmes du « Hollandais violent » Verhoeven sont présents puisqu’ils sont au fondement de la civilisation : violence, désir, sexe, religion, pouvoir. D’où son intérêt également pour « Trump, Caligula et Hitler », un film sur le putsch raté de ce dernier en 1923 est sur le feu.

Une attention est portée à l’accessoire symbolique : un pic à glace dans Basic instinct (1992 avec Sharon Stone, en Catherine Tramell, devenue star) ; ici, un gode « un peu rugueux » taillé dans une sculpture en bois de la Vierge possédée depuis l’enfance, le MacGuffin parfait, le scandale assuré. Il est curieux que, pour un film pour les moins de 12 ans produit par Pathé – il est difficile de ne pas mentionner les producteurs comme SBS car ils sont martelés trois fois -, les catholiques, dont le primat des Gaules, comme par exemple feu Decourtray, manipulé et parti en guerre contre La dernière tentation du Christ (The Last Temptation of Christ, Scorsese, 1988), ne se manifestent pas, peut-être est-ce dû à une sortie estivale. Tant mieux !

Les poules du couvent couvent

Le film de couvent est au croisement de plusieurs courants avec la critique institutionnelle dans Mère Jeanne des Anges (Matka Joanna od Aniolów, Jerzy Kawalerowicz, 1961), La Religieuse de Rivette (1966, énorme scandale amplifié par le performeur J.-J. Lebel), Au-delà des collines (Dupa dealuri, C. Mungiu, 2012), le côté sérieux avec Dans les ténèbres (Entre tinieblas, Almodóvar, 1983), Thérèse (A. Cavalier, 1986, prix du jury à Cannes), l’érotique septante de la nonnesploitation avec le pink Le Couvent de la bête sacrée (Seijû gakuen, N. Suzuki, 1974), Lettres d’amour d’une nonne portugaise (Die Liebesbriefe einer portugiesischen Nonne, J. Franco, 1977), Intérieur d’un couvent (Interno di un convento, W. Borowczyk, 1978).

Dans Benedetta, le Batave Verhoeven s’inspire de la vie de Benedetta Carlini di Vellano (1590-1661) lors de la Contre-Réforme où les tétins ne sont point dédaignés au couvent des Théatines au péché de Pescia (Toscane) à une époque où le lesbianisme était inenvisageable (« péché muet ») selon les conceptions en vigueur puisque seule l’homosexualité est masculine car pénétration il y a. De même que dans Basic Instinct (1992) où la question se pose encore de savoir qui est la tueuse, Sœur Felicita (Charlotte Rampling, véritable star de Benedetta, excellant avec des répliques délicieusement acides au grand plaisir de l’actrice : « Le couvent n’est pas un lieu de charité : il faut payer. » ; « Tu es une fille intelligente, ça peut être dangereux, ma petite, et pas que pour les autres. » ; « Aucun miracle ne se produit dans un lit. »), une sceptique, une voyeuse, pose la problématique du film lorsqu’elle recueille Benedetta, une lettrée de 9 ans, issue d’une famille aisée : sœur Benedetta est-elle une vraie mystique ou une intrigante ? Plane constamment L’ombre d’un doute (Shadow of a Doubt, A. Hitchcock, 1943) à propos de l’insaisissable Benedetta, héroïne d’un film intitulé d’abord Sainte Vierge (Blessed Virgin).

Certes, Dieu l’habite mais « c’est par l’exercice de sa propre croyance qu’elle parvient à faire exister les choses ou à créer l’événement. » ou rouée méthode Coué selon Efira. Pour Verhoeven, « Benedetta s’invente un Jésus qui l’autorise à avoir des relations sexuelles avec Bartolomea. ». Le film repose sur cette merveilleuse ambiguïté qu’incarne parfaitement le visage poupon, magnifié grâce à la guimpe, de la fausse blonde (« à la fois Marilyn Monroe et Gérard Depardieu » selon Edouard Baer) belgo-française Virginie Efira, omniprésente comme Kad Merad, Berléand ou Huppert, qui joua déjà un petit rôle de bigote dans Elle (2016). Benedetta va commettre le péché de chair, quand elle s’éprend d’une novice tentatrice, au parler charretier et aux pets-de-nonne faciles dans une scène de chaise percée à la Brueghel (le réalisme des primitifs flamands – où dans le tableau Le Vagabond dit Le Colporteur dit Le Fils prodigue de Bosch, 1490-1510, l’arrière-plan est croustillant – jusqu’à RemBrandt, qui n’est pas un frigo, dessinant des femmes pissant, contre les films américains où « il n’y a plus que des super-héros qui ne baisent pas et ne vont jamais aux toilettes » selon PoPaul dans le journal Elle), violée par son père et ses frères, sœur Bartolomea (incarnée par la belgo-grecque Daphné Patakia, Djam, T. Gatlif, 2017, Eleanor dans la série Versailles, 2018, Véra Clouseau dans OVNI(s), 2021), et la soif de pouvoir. « Ce qui fait que lorsqu’elle a du pouvoir, elle l’utilise, et ne voit plus sa propre médiocrité. Elle croit en plus grand qu’elle, ça me touche beaucoup, mais ça va aussi l’amener à croire en son invincibilité, à basculer de l’autre côté. » selon Efira, sensible au thème shakespearien, secondée par un coach psy & religion et remise en forme à coups de régime et d’abdos pour obtenir un corps normalisé. Efira ajoute qu’« Elle utilise sa foi pour soumettre les gens à sa volonté. » tout en posant la question essentielle post #MeToo : « si la femme détenait le pouvoir, en ferait-elle bon usage ? Ne se croirait-elle pas elle aussi investie d’une forme d’impunité ? ».

Toutes les figures d’autorité sont déboulonnées. L’abbesse – nommée d’oxymore – Felicita (C. Rampling) dénonce par jalousie et s’enflamme. Le nonce (L. Wilson), représentant du pouvoir patriarcal, arriviste, cauteleux, vicieux, lubrique à souhait, sado-maso avec son enquête, comme pour Maria de la Visitation (Lisbonne, 1580), avec torture à la bonne poire d’angoisse et l’envoi de l’abbesse au bûcher – la fin de Jeanne d’Arc est le fantasme de toute actrice, de Falconetti à Bergman en passant par Seberg et Delay – pour blasphème, hérésie et bestialité, drag-queen avec son chapeau, sa cape, ses bijoux, ses talons, gore enfin vers la fin. Jouissant d’une aura dès 1619, en arguant d’une transplantation du cœur du Christ, en contrefaisant ses stigmates (paumes, pieds, côtes et front) mais en épargnant la peste à la population conquise, Benedetta s’affirme en étant une abbesse autoritaire et exigeante tout en profitant de sa position pour libérer son corps. Il lui a été intimé depuis l’enfance que « Votre plus grand ennemi, c’est votre corps » jusqu’à enfiler une robe de bure urticante alors que sœur Jacopa, qui mourra d’un cancer du sein, rêve d’avoir « un corps en bois avec le nom de Dieu gravé dessus. ». La voix gutturale de la possédée du précepteur qui éructe « blasphème », remémorant L’Exorciste (The Exorcist, W. Friedkin, 1973), n’est pas du meilleur goût.

Lapoirie d’angoisse

Ce film est une nonne Bouvelle. La lumière, à la de La Tour, grâce aux bougies, LEDs et rampes à gaz, est incroyable moyennant une production à plusieurs dizaine de millions de dollars. « Vous, les directeurs de la photo français, vous n’éclairez quand même pas beaucoup ! » lance Verhoeven, taquin. C’est pourquoi il choisira Jeanne Lapoirie (Les roseaux sauvages, A. Téchiné, 1994 ; Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, 2000, 8 femmes, 2002 et Le temps qui reste, 2005 de F. Ozon ; Michael Kohlhaas, A. des Pallières, 2013 ; 120 battements par minute, R. Campillo, 2017 ; Valeria Bruni Tedeschi et C. Corsini) qui a la particularité de travailler au zoom (avec  des Angénieux sphériques : jusqu’à une sensibilité de 1600 ISO, une ouverture d’obturateur à 300° en se battant contre son chef électro !), à deux caméras à l’épaule dans le même axe. « Les blancs devaient être atténués, et toutes les couleurs étaient permises à condition qu’elles soient estompées, jamais vives ou saturées. » selon le metteur en scène (Positif, n°725-26). Avec une femme à la photo et au cadre, pas besoin de « coordinatrice d’intimité » dans les scènes de nu où les ébats, chorégraphiques avec un « doux Jésus » échappé dans un soupir, sont moins ridicules que dans La vie d’Adèle (Kechiche, 2013, Palme d’or à Cannes).

Les références sont : Ivan le terrible (2e partie, La conjuration des boyards, Ivan Groznyy. Skaz vtoroy: Boyarskiy zagovor, S. M. Eisenstein, 1958 «  avec ses plans longs caractéristiques, d’un point de vue photographique » et pour ses noirs et blancs) et Le septième Sceau (Det sjunde inseglet, I. Bergman, 1957 avec, pour emprunt musical, le Dies iræ d’Erik Nordgren) pour la séquence de procession ; Huit et demi (81/2, F. Fellini, 1963) et les films d’Hitchcock comme La Mort aux trousses (North by Northwest, 1959).

Choisissant au maximum la lumière naturelle et le décor réel, il a fallu intégrer les plans truqués comme ceux de la comète – fait réel d’époque -, dont la lumière a été recréée sur la place véritable avec des SkyPanels Arri, dans le ciel rouge, Verhoeven ayant été échaudé par les effets spéciaux sur Mars dans Totall Recall : Voyage au centre de la mémoire (Totall Recall, 1990). Les extérieurs ont été tournés dans la petite ville de Bevagna (Lazio) et le Val d’Orcia entre Florence et Rome, Montepulciano (Toscane), les intérieurs dans les abbayes du Thoronnet (Var) et de Silvacane (Lubéron).

Dans une séquence d’anthologie, un suicide de nonne, Verhoeven mêle, avec une montée des marches, digne de Carlotta, filmée à la caméra à l’épaule, Sueurs froides (Vertigo, Hitchcock, 1958) et Le Narcisse noir (Black Narcissus, M. Powell, E. Pressburger, 1947) soit la place de Bevagna en extérieur nuit, le vrai toit de l’abbaye et un tournage en fond vert. Une dernière séquence offre une ambiance bucolique, comme les églogues d’époque, entre poils pubiens en triangle versus ticket de métro réduit à confetti où Benedetta, confiance chevillée au corps, médite sa reconquête.  

L’étalonnage a été effectué en deux semaines, sans Verhoeven, bloqué à Los Angeles. Le film a été projeté avec un grand décalage à cause d’une opération de la hanche pour le réalisateur âgé de plus de 80 ans puis les vagues de Covid. La pandémie actuelle permet d’interpréter ce film sous un autre angle avec la métaphore de la peste, déjà présente dans La chair et le sang (Flesh+Blood, 1985) avec force bubons tant l’intuition sûre de Verhoeven permet de capter l’esprit du temps dans un « film au contenu oblique avec un personnage merveilleusement complexe » selon Efira.

*

La musique est un mélange d’inévitables chants d’Hildegarde von Bingen (XIIe siècle) et de la musicienne Anne Dudley puisant chez Szymanowski et les cantiques sacrés de Stravinsky.

Mobilisé par ses projets, Verhoeven planche sur la trahison et l’entourage de Jean Moulin, un thriller contemporain se déroulant à Washington, une mini-série tv d’après Bel Ami de Maupassant (1885) avec son scénariste Soeteman.

Benedetta, P. Verhoeven, 2021, 2h07, couleurs, franco-hollandais. Avec : V. Efira, D. Patakia, C. Rampling, L. Wilson, L. Chevillotte, C. Courau.

[Ciné] Nomadland, Snif movie : madland aux Badlands

Nomadland est un snif movie, un Ken Loach labellisé Disney sur une Amérique alternative de carte postale où il semble qu’il existe plus d’une aube et d’un coucher de soleil par jour. Si Frances McDormand joue bien, le décalage avec les bons acteurs amateurs est patent, sur un scénario tenant sur un confetti.

Un scénario chiche

            Autant Zhao arrivait dans The Rider (2017, grand prix de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et celui du Festival américain de Deauville) à s’immerger complètement dans l’univers du rodéo dans la réserve indienne Sioux Lakotas de Pine Ridge (Dakota du Sud) avec un scénario fluide et cohérent joué par des acteurs non professionnels, autant – en emporte le van – Nomadland, ce film Disney, semble malheureusement artificiel, tant fiction et documentaire ne s’imbriquent pas parfaitement, à partir, cependant, de témoignages réels, compilés en un road movie servant de prétexte. L’histoire entre les deux seuls acteurs professionnels, jouant pourtant bien au point que Frances McDormand, enfant adoptée par un pasteur itinérant, devient McNomadland avec son 3e Oscar (Fargo, Frères Coen, 1996 ; 3 Billboards. Les panneaux de la vengeance, Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, McDonagh, 2017), comme Katharine Hepburn et Meryl Streep, ne tient pas une minute. Le liant entre les tranches abruptes de vie des acteurs amateurs ne prend pas. « Je ne suis pas le genre de scénariste-réalisatrice qui peut créer ses personnages toute seule dans une chambre sombre. » déclare Zhao au New York Magazine. Le problème provient probablement de là et inquiète le spectateur pour son prochain film Marvel, un blockbuster, Eternals, (la phase IV des Éternels créés par Jack Kirby : un comics à la Malick, tout un programme !) avec Angelina Jolie et Salma Hayek, avec un premier super-héros gay et un personnage sourd pour rester dans la tonalité sociale pour la fan de mangas, ainsi que pour sa prochaine version western futuriste de Dracula chez Universal. A voir ! Le public risque de ruer dans les brancards vus ses prochains films contrastant sérieusement avec les précédents.

La technique bien rôdée de Zhao est la suivante pour sa trilogie : une équipe réduite (20-25 personnes ici), un angle documentaire pour initier la fiction, une enquête de terrain rigoureuse en amont, des acteurs non professionnels rencontrés sur place (Swankie, 76 ans, Linda May, Noodle – pas celui de Il était une fois en Amérique, Once upon a time in America, S. Leone, 1984 -, Derek, Doug, Ryan ou Bob Wells), une esquisse de scénario – qui malheureusement ne reste qu’une esquisse ici -, un peu d’improvisation ; changement de dialogues au dernier moment, montage effectué par la réalisatrice au fur et à mesure. Quand, au début du film, chacun parle de sa vie autour d’un feu de camp, c’est une lourde scène d’exposition, le scénario est déjà plombé. En effet, le film repose sur le livre-témoignage Nomadland : Surviving America in the Twenty-First Century de Jessica Bruder paru en 2017, traduit en français en 2019. Une moitié  détaille la vie nomade ; l’autre partie est un reportage d’infiltration. Immédiatement, McDormand et Peter Spears, producteur de Call Me By Your Name (Luca Guadagnino, 2017 sur un scénario de James Ivory), achètent les droits. Ensuite, porteuse du projet, McDormand contacte Zhao – enchantée par la star et par des moyens accrus afférents – qui lui offre le rôle principal, rassurant ainsi producteurs et distributeurs (« Si Frances était d’accord pour interpréter Nomadland, nous pourrions attirer plus facilement l’attention du public. C’était une décision logique et pragmatique, Positif, 721, mars 2021)». Ce genre de démarche mène souvent aux Oscars. Aussi Zhao remporte-t-elle 3 Oscars : Oscar du meilleur film et de la meilleure réalisatrice après Kathryn Bigelow, ex-compagne de Cameron, réalisateur que Zhao admire (« La première chose qui m’avait donné envie de découvrir l’Ouest, ce sont les films de James Cameron. »), avec son film Démineurs (The Hurt Locker, 2008). Que d’OsCars pour un film sur les vans et « van dwellers » (« habitants des caravanes ») ! Cette moissonnée de prix (prix du public au TIFF de Toronto ; Lion d’or à Venise, soit la 5e femme en 88 ans ; 4 Bafta ; 2 Golden Globes où elle est deuxième femme à être lauréate dans la catégorie de la meilleure réalisation, après Barbara Streisand pour Yentl, 1984) s’explique par la rencontre avec l’esprit du temps – contestataire, et la mise à nue d’une réalité cachée puisque les invisibles trouvent enfin une visibilité et une dignité.

Madland

            Le snif-movie fait pleurer dans les chaumières. Etre obligé d’errer dans un van à cause de la crise des subprimes en 2008 est déjà une cruelle réalité à la Ken Loach, mais rajouter que Swankie, jouant son propre rôle, atteinte d’une leucémie, va s’éloigner jusqu’en Alaska-aux-beaux-souvenirs pour mourir d’un cancer avec un hommage posthume consistant à jeter des pierres dans un feu, c’est la larme de trop qui fait déborder le vase. « L’héroïne, Fern, est sans doute plus solitaire que la plupart des gens que j’ai rencontrés. Parce que c’est un personnage de fiction qui reprend à la fois certains traits de Linda May, de moi servant de point d’entrée dans ce monde et de Frances McDormand elle-même, qui raconte qu’à un moment elle pensait que, à 65 ans, elle laisserait tout tomber, prendrait la route avec un camping-car et une bouteille de whisky. » déclare Zhao. Si je suis resté au bord de la route, un beau moment de vérité se dégage toutefois quand le télévangéliste, le vrai Bob Wells, auteur de How to live in a car, van or RV, youtubeur et à l’initiative du rassemblement annuel de retraités routards Rubber Tramp Rendez-vous (Arizona), sort de son prêchi-prêcha (« I’ll see you down the road », « on se recroisera sur la route ») pour se confesser à Fern (Frances McDormand). Certains perçoivent dans Nomadland une ode à la liberté, aux grands espaces, l’Americana hérités des pionniers sur fond de transcendantalisme à la Thoreau et Emerson pour le wilderness. C’est une interprétation.

L’étude ethnographique avec force détails (apprendre à « comment gérer sa merde », conseils de vandwelling, se nourrir de boîtes de conserve, aller aux toilettes dans un seau, uriner le long d’une clôture, plier ses culottes, se vider bruyamment les boyaux, aménager l’intérieur d’un van, troquer, changer de pneu en absence de roue de secours, etc.), digne de Declerck sur les clochards, conduit à penser que les personnes sont prisonnières de leurs fêlures, psychologiques voire psychiatriques, d’autant plus qu’elles sont enfermées dans un immense paysage. Elles sont d’autant plus solitaires, souffrantes qu’elles sont dans la fuite du monde mais surtout d’elles-mêmes. On a beau partir à Pétaouchnock, on emmène toujours, résilience ou non, sa merde avec soi, c’est une règle intangible. Les grands espaces deviennent étouffants, même avec un ciel magnifique. Il s’agit de personnes en rupture. La situation n’est pas choisie mais subie, même avec résignation au fur et à mesure : par exemple Fern perd époux, travail et maison ; la bourgade d’Empire (Nevada) est rayée de la carte, au point que son code postal a été supprimé car elle n’existait que grâce à une mine de gypse, pour fabriquer des plaques de plâtre, désormais abandonnée. Fern (« fougère ») est donc obligée de prendre son van Ford qu’elle nomme Vanguard – nom d’un satellite, autre frontière dans une autre dimension -, pour aller vers l’Ouest. La dignité de l’écorchée vive, qui ne se plaint jamais, consiste à affirmer devant une famille empathique, connue dans la vie d’avant où elle était professeure remplaçante : « I’m not homeless. I’m houseless. » (« Je ne suis pas sans toit. Je suis sans maison… »). Vivre dans la terreur que quelqu’un frappe n’importe quand à votre fenêtre ou porte pour vous chasser, est-ce la liberté ? Passée la soixantaine, vivre de petits boulots – manutentionnaire chez Amazon en enchaînant automatiquement les paquets, trieuse de betteraves, serveuse de cafétéria ou employée dans un camping en lavant la merde des autres, tâche qui n’est pas sans noblesse -, est-ce la liberté ?

L’envers du rêve américain

Il s’agit plutôt de l’envers du rêve américain : en cela, le film est politique. Certes, les personnes se réunissent brièvement dans des rassemblements ou TAZ mais finalement chacun repart individuellement selon son chemin façon « I’m a poor lonesome cowboy », la solidarité, réelle, est temporaire. Les nomades, si chers à Attali, sont monades. Certes Zhao ne critique pas frontalement, contrairement au livre, le système épouvantable d’Amazon qui exploite notamment des retraités, sous couvert de faire du social tout en leur donnant gentiment un travail, et des saisonniers pour empaqueter lors des fêtes de Noël mais le plan large à la Gursky d’une lambda perdue dans la masse et la technologie froide et répétitive est déjà un parti-pris critique suffisant. C’était le prix à payer pour pouvoir tourner là-bas : même la cantoche Amazon paraît sympa, c’est le même sourire que sur le logo !

Par moments, la captation de la désindustrialisation laisse songer au point de vue de Cimino (notamment Voyage au bout de l’enfer, Deer hunter, 1978). Chez Zhao, l’Amérique est aussi froide et triste avec ses laveries aseptisées. Les gros plans sur les rides des personnes âgées remémorent les portraits photographiques d’oakies par Walker Evans lors de la Grande dépression et le plan photo du New Deal (FSA) qui inspirèrent le magnifique Les raisins de la colère (The grapes of wrath, J. Ford, 1940, d’après le roman du Nobel Steinbeck, 1939). Bien que, comme Rohrwacher avec sa famille en Italie, vivant dans une communauté hippie à Ojai (Californie), avec son compagnon britannique Joshua James Richards, chef opérateur sur ses films, Zhao loue l’entraide (la gamelle prêtée au voisin, le feu donné à un jeune étranger en errance), la solidarité, il est également possible d’interpréter ce film comme l’échec non seulement du capitalisme néo et e-libéral (pas de sécurité sociale, pas d’indemnités de chômage, pas de RSA, retraite moins que chiche) mais aussi l’échec de l’entraide alternative et éphémère, de la route, cette mythologique frontière repoussée vers l’ouest avec ses hobos, de la Beat generation, dont bien des membres ont eu une vie ruinée par l’alcool ou la drogue, des aspirations des acteurs reflétant celles d’une génération dans Easy rider (Dennis Hopper, 1969), film qui se termine lucidement mal, de l’utopie hippie enfin. C’est la fin pessimiste de Point limite zéro (Vanishing point, R. C. Sarafian, 1971), de Macadam à deux voies (Two-Lane Blacktop, 1971) de Monte Hellman, récemment disparu.

Malick et demi

            Emigrant à l’adolescence d’une famille pékinoise riche qu’elle rejette vers un pensionnat d’Angleterre puis aux Etats-Unis pour étudier les sciences politiques au Massachusetts puis le cinéma à la New York University, avec Spike Lee pour professeur, Zhao a la foi rigide des derniers convertis avec ses successions de clichés éculés de grands espaces faisant croire qu’il existe plus d’une aube et d’un coucher de soleil par jour, filmés en grand-angle, nappés d’une musique simple d’Einaudi (Intouchables, Toledano, Nakache, 2011), mais redondante, envahissante et, finalement, insupportable. La fascination de la naïve Zhao conduit à une Amérique alternative de carte postale éreintante œuvrant pour un softpower d’un autre temps. Les haltes « touristiques » au parc Custer ou à Sequoia (serrer l’arbre dans une pseudo communion à la Malick dont s’inspire maladroitement Zhao : « je suis tombée amoureuse de Terrence Malick. Il m’a influencée non seulement visuellement, mais aussi dans la philosophie de son approche, par les questions que posent ses films, la manière dont il invente et bâtit un univers. Sans lui, je ne serai pas devenue celle que je suis aujourd’hui. ») sont pesantes. « Si vous regardez bien, la question des personnes âgées, victimes collatérales du capitalisme, est présente à chaque plan. C’est juste qu’il y a un beau coucher de soleil derrière. » rétorque Zhao mais c’est précisément le problème ! Il y a une vraie pensée, une cosmogonie complexe, bien que trop érigée comme chrétienne, chez Malick. Zhao n’arrive pas à restituer une cosmogonie alternative, animiste ou panthéiste, personnelle.

Chine-USA

            Il est intéressant de constater que ce film est un révélateur du conflit géopolitique et économique entre la Chine et les USA. Avant, Zhao était perçue comme une « fierté » par la Chine. Depuis sa déclaration en 2013, qui est mystérieusement réapparue récemment, dans Filmmaker Magazine sur le fait que tout est mensonge dans l’Empire du Milieu, Zhao est brocardée par les nationalistes comme « traîtresse » à sa patrie. Depuis 2018, le cinéma chinois ne dépend plus administrativement du bureau d’Etat chargé de la presse, publication, radio, cinéma et télévision, mais directement du bureau de la propagande du Parti communiste. En cas de coproduction internationale, la Chine tente d’imposer une « clause de patriotisme ». Les comportements interdits sont : consommer de la drogue, être saoul au volant, « nuire aux traditions culturelles de la nation », se produire en play-back. L’Association chinoise des arts du spectacle a publié une liste recommandant dix comportements et en interdisant quinze autres. Les chinois nationalistes appellent au boycott de Nomadland. The Rider n’avait déjà pas été distribué en Chine, Nomadland a été déprogrammé. Le hashtag #nomadland a disparu des réseaux sociaux comme Weibo. Les félicitations des internautes chinois et du consulat américain ont été effacées. Le code Hayes va être de la roupie de sansonnet à côté ! Voilà un avant-goût du monde d’apprêt.

Nomadland, 1h48, USA, Couleurs, Drame, Scénario, réalisation & montage Chloé Zhao Avec Frances McDormand, David Strathairn, Charlene Swankie, Linda May, Gay DeForest, Douglas G. Soul, Bob Wells.

[ciné] Voyage à travers le cinéma français, Tavernier

L’idée du documentaire est née grâce à une proposition de la BBC à Tavernier, relevant de la gageure. Il devait  raconter le cinéma français … en moins d’une heure ! Après avoir été jeté par Studio Canal et recalé par deux fois par l’Avance sur recettes, Frédéric Bourboulon, le tenace producteur, a mis un an pour boucler le budget. Gaumont et Pathé, les Seydoux donc, se sont associés pour la première fois, Canal+ a suivi. « Une production artisanale et biologique » résume Tavernier.

Les autres compagnons sont : Emmanuelle Sterpin, documentaliste et première assistante (« nous devions retrouver tous les héritiers et légataires d’une centaine de films. »), Stéphane Lerouge, conseiller musical (un double CD de BO en produit dérivé ; Bruno Coulais, auteur de la musique originale de Benoît Jacquot, Anne Fontaine, Jacques Perrin et tant d’autres, crée une bande son originale), Guy Lecorne, monteur, Jean Ollé-Laprune, critique de cinéma et compagnon de route.

Derrière la passion soulignée par un prologue cosigné avec Godard (« Nous sommes les enfants de la libération et de la Cinémathèque » avait déclaré le suisse à l’Institut Lumière), la lassitude sourd pour ce qui apparaît comme un film testament : « J’en ai ma claque de mendier pour arriver à faire des films. ».

Coq en stock

« C’est un film qui, à travers tous les metteurs en scène évoqués, parle de la France. Il dit quelque chose de l’amour qu’on peut avoir pour son pays. J’espère que ça vous donnera envie de voir leurs films, parce qu’ils sont vivants, actuels : ça n’existe pas, le vieux cinéma ! » lance Tavernier. Ce qui me gêne, c’est le côté défense du patrimoine français par celui qui défendait avec véhémence l’exception française : « La civilisation qu’on sent derrière ces films, on sent qu’elle est française : il y a une façon de penser, de ressentir certaines choses, de mettre en valeur tel comportement plutôt que tel autre, qui est très très très française ». Outre Charlie, la mascotte de Pathé, « Le coq est le seul animal à chanter les pieds dans la merde » fustigeait Coluche. Pourquoi cette défense comme si nous étions sempiternellement en danger ? Certes, contrairement à ce que pensent les américains et autres étrangers, le cinéma français ne s’est pas arrêté à la Nouvelle vague !

Bref, six ans de travail, 582 extraits de 94 films choisis, plus de 950 films vus et revus, plus de 700 documents d’actualités visionnés – cédons au quantitatif américain digne d’une bande annonce marketing pour blockbusters – pour arriver à évoquer l’épure, l’acuité, l’attention à la réalité, la justesse des personnages, l’étude précise d’un milieu, d’un métier (« la décence ordinaire ») chez Jean Becker, le rythme à travers le mouvement de Renoir, le sens de la camera, hérité de Duvivier, et l’intérêt pour les dialogues, l’art du déplacement, la virtuosité dans les scènes de colère mais aussi la subtilité de Jean Gabin, sur lequel Tavernier insiste trop, l’acteur n’étant pas inconnu, pour jouer le charme ou la tendresse (« Il est plus qu’un acteur légendaire, explique Tavernier, il est à l’initiative de nombreux films, il achetait des droits, il s’engageait dans la production. [« Sans lui, la Grande Illusion, J. Renoir, 1937, ne se faisait pas, Quai des Brumes, M. Carné, 1938, non plus… »] Je ne vois aucun acteur aussi actif dans la création. Et j’avais envie de rendre hommage à son héroïsme pendant la guerre. Il a racheté son contrat avec Universal pour s’engager dans les fusiliers marins. Audiard a salué son courage sans vantardise par une réplique merveilleuse. Conversation, souvenirs de guerre : ‘Et toi, où tu étais?’ Réponse laconique de Gabin: ‘Sur les plages…’» Anecdote toujours).

Ego-histoire du cinéma

Tavernier a été un « assistant calamiteux » puis attaché de presse (pour Melville qui prétendait par ailleurs qu’il avait voulu rejoindre les Forces françaises à Londres juste pour voir « Le colonel Blimp », « The Life and Death of Colonel Blimp », Michael Powell et Emeric Pressburger, 1943), Sautet, cet excité à la clope au bec, pas si pompidolien pour un ancien communiste désireux d’« enrober sa noirceur », qui disait des « Choses de la vie », 1970, en répondant à un critique : « ce n’est pas un film sur le Code de la Route, c’est l’histoire d’un homme qui décide de mourir pour ne pas avoir à choisir », « Le Mépris », 1963, « Pierrot le fou », 1965, J.-L. Godard, etc.) avant de réaliser ses propres films.

Grâce à ses archives, nous avons des images inédites du « ressemeleur » de scénar’ Sautet, avec Piccoli imitant ses colères comme dans la scène du gigot dans « Vincent, François, Paul… et les autres » (1964), une scène improbable avec Georges de Beauregard (« C’était formidable de travailler sur les films de Godard. Le producteur Georges de Beauregard me poussait à mentir, à dire aux journalistes que le nouveau Godard suivait un scénario. C’était faux. ») et Chabrol en anarchiste potache pour qui Tavernier a travaillé, du studio rue Jenner (Paris 13e) du dingue Melville, où, pourtant friand d’anecdotes, il omet de dire que l’assistant Volker Schlöndorff (« Le Doulos », 1963 ; « Léon Morin, prêtre », 1961) a été mis au placard en ne portant que les grues et le matériel car il était costaud. « Quelle leçon j’ai retenu de mon travail d’assistant auprès de Melville ? Comment ne pas se comporter sur un plateau de cinéma ! ». Melville et Sautet ont été ses parrains de cinéma (cinéma et copinages !) jusqu’à tenter de convaincre son père tant le cancre Bertrand désespérait ses parents.
Son documentaire subjectif voire autobiographique à force de complaisances (c’est à 6 ans, dans un sanatorium de Saint-Gervais, en Haute-Savoie, car, tel les borgnes d’Hollywood, il a un œil touché par la tuberculose, mal soigné, avec des séquelles au niveau de la rétine, qu’a lieu le premier éblouissement cinématographique, avec la projection de « Dernier atout », 1942, une comédie policière enlevée de Jacques Becker – qui n’est quand même pas Kubrick !) est émouvant, n’eût été un immense ego. Il s’agit plus de « Mon voyage dans le cinéma français ». Et cette voix off condescendante : « ce film, c’est un peu de charbon pour les nuits d’hiver ». Ben voyons ! Sortez les mouchoirs avec un oh! d’admiration.

Tavernier affirmait les poings sur la table que s’il ne pouvait pas filmer les épisodes suivants, il s’exilerait. Les voici donc, même s’il aurait préféré en filmer 10 plutôt que 8, format infligé par France tv, et pas forcément diffusé à 23h30 à France 5 en même temps que Le cinéma de minuit, délaissant la possibilité du replay. Les génériques identiques des épisodes laissent songer justement à celui de Le cinéma de minuit : « L’Atalante » (J. Vigo, 1934) et la musique de Jaubert, jingle de feu Projection privée de Michel Ciment sur France culture, Panique (Duvivier, 1946) qui revient deux fois, l’inévitable et, selon moi, surestimé marivaudage « La règle du jeu » (Renoir, 1939), « Casque d’or » (1952) et « Le trou » (1960) de J. Becker, « Ascenseur pour l’échafaud » (L. Malle, 1958), « Alphaville » (Godard, 1965), un film non identifié avec Lino Ventura, un autre avec Arletty et Gabin.

 L’aspect inattendu de ces épisodes est de nous montrer l’état physique qui se dégrade de Bertrand Tavernier. Ayant mangé du mouton avec sa tremblante, il sucre les fraises. Il reste passionné mais on sent que c’est son testament, ce qui est émouvant. C’est donc avant tout, de façon inattendue, un documentaire sur la mort au travail. Ah la voix d’André Marcon ! Les épisodes manquent d’ouverture sur l’extérieur, tant rares sont les images d’archives, la voix off de Marcon est irritante à la longue. Les extraits de l’émission de TMC, avec témoignages d’acteurs ou autres, ne sont pas du meilleur effet à cause de la piètre qualité VHS – ce qui fait un peu amateur -, mais il est vrai qu’Ollé-Laprune, présent dans cette émission, collabore ici avec Tavernier.

1 Mes maîtres : Grémillon, M. Ophuls, Decoin

 Becker, Ophuls que je goûte peu. Becker est classique voire académique, la fameuse « qualité » française pour moi, au sens noble comme un bon artisan, mais a été un peu oublié. Bon faiseur comme Tavernier, dont il s’inspire. S’il y a des choses intéressantes, le cinéma de Becker a globalement mal vieilli. Il devait être un bon directeur d’acteur, l’humaniste, car les comédiens sont extraordinaires. Les métiers sont saisis avec une concision journalistique mais conservent malheureusement cette teneur sans la transcender.

 A part « Madame de … » (1953) que je trouve charmant et fluide, d’après un roman de Louise de Vilmorin laissant songer au collier de la reine chez Dumas père, avec une Danielle Darrieux et un de Sica extraordinaires, j’ai beaucoup de mal avec ses autres films, tous baroques, qui veulent en mettre plein la vue. Certes, les films sont bien tournés, construits, image et chef op’ impeccables, mais, je n’ai jamais su pourquoi, l’univers d’Ophuls, peut-être trop prétentieux et trop carton-pâte, me révulse, rien à faire. Un gros gâteau viennois dégoulinant de sucre. Il faut distinguer l’homme de l’œuvre, mais Ophuls était un sale type qui cognait femme et enfant. Dans ses films, le spectateur sent que le réalisateur, certes déraciné et ancré dans un univers, comme un Stroheim, bien plus inventif voire expérimental, est un être tourmenté. Par contre Tavernier mentionne ses films américains qui sont passionnants, notamment « Pris au piège » (« Caught », 1949) avec J. Mason, aussi flippant, Barbara Bel Geddes, qui sera, après des épisodes d’Hitchcock presents, dans « Sueurs froides » (« Vertigo », 1958) puis la matrone de Dallas, et Robert Ryan.

 Grémillon est lyrique parfois jusqu’à la niaiserie. Si ce metteur en scène est attachant, il sent le suranné. « Remorques » (1941) est limite ennuyeux tant il est répétitif. « Le ciel est à vous », mouais.

 Decoin est un type incroyable : issu d’une famille pauvre, il devient champion olympique de natation puis devient journaliste – ce qui aura une forte influence sur ses scénarios. Puis il fut résistant et décoré en tant que tel. Reste que, peut-être par peur de retomber dans la pauvreté, il a beaucoup tourné et pas que des chefs-d’œuvre. Il était/est vu comme un cinéaste commercial. Se dégagent « Les inconnus dans la maison » (1942 avec une touche antisémite comme chez Simenon dont le film est tiré), l’incroyable « Les amoureux sont seuls au monde » (1948), une ode à sa femme séparée, l’actrice Danielle Darrieux très attachée, avec un air de musique accrocheur, objet d’intrigue, le très noir « La vérité sur Bébé Donge » (1952), d’après Simenon, où Gabin est en faiblesse, et donc en valeur, lors de longs des flash-backs, le classique « Razzia sur la chnouf » (1955) où le milieu de la drogue est décrit, presque sur un ton documentaire, dans sa dureté, une vingtaine d’année après « Stupéfiants » (K. Gerron, un acteur qui joua le magicien dans « L’Ange bleu », « Der blaue Engel », 1930, de Sternberg, aussi von que Trier, aux côté de Dietrich, 1932) et avant « L’homme au bras d’or » (« The Man with the Golden Arm », O. Preminger, 1955) où Gabin n’a pas le beau rôle mais satisfaisant sa morale personnelle. A noter le peu réaliste « De onze heures à minuit » avec un dialogue de Jeanson qui fuse tant il fait flèche de tout bois, une délectation. Decoin, formidable directeur d’acteurs et grande force physique, a touché tous les genres.

2 Pagnol-Guitry / Bresson-Tati

 Les réalisateurs du verbe pour un amateur de théâtre, Tavernier. Guitry est un conteur. Faire de Guitry, le prédécesseur de Tarantino (la parlote qui domine, appuyé par le délirant Assayas, ancien des Cahiers du cinéma qui en compte tant, Douchet en première ligne, et son débit de mots insupportable : et pourquoi pas Nanni Moretti pendant que nous y sommes ?) et de la Nouvelle vague me fait littéralement bondir hors de mon siège tant c’est faux et incongru. Sacha qui se contemple en permanence, toujours content de lui, égratigne les femmes de façon mesquine. Sacha, avec sa ridicule voix nasale et son pédantisme, finit par nous faire rire avec ses dialogues au cordeau. Avec sa clique artistique héritée de son père, au fond Guitry poursuit le travail des Lumière en sauvegardant la mémoire d’une époque révolue (Monet aveugle, Renoir aux mains déformées, etc.).
A part quelques films de Pagnol trop ignorés, rien de neuf sous le soleil marseillais. Faire de Pagnol un moderne prête au ridicule. Il était un bon dialoguiste, un bon directeur d’acteur mais c’est tout. « Regain » doit tout au texte de Giono où l’insupportable Fernandel paraît incongru. Un bon dialogue ne suffit pas à faire un bon film.

 Tavernier était impressionné par Bresson qui faisait tout pour, jusqu’à la caricature. Ce qui est dit sur Bresson est assez juste mais souligner qu’il se déroule autant d’évènements dans « Au hasard Balthazar » (1966) que chez Tarantino (« On est frappé par le nombre de péripéties que contient le scénario. On est quasiment devant un film de Tarantino. Le contraste entre le nombre des péripéties et la manière dont Bresson les filme, donne un ton extraordinaire et souvent bouleversant ») est d’une grande débilité de cinéphile aveuglé par sa passion (pourquoi pas « Lancelot du lac » avec un début et une fin gore qui confine au nanar d’horreur ?) qui donne des références parlantes pour le spectateur actuel. A propos de « Un condamné à mort s’est échappé » (« Le vent souffle où il veut », 1956 ; « Œuvre limpide et mystérieuse, équilibrant l’expérimental et le cinéma traditionnel »), tourné à Lyon, aucune référence à « Le trou » (1960) de J. Becker, film radical à la magnifique beauté plastique où Jeannot a été piocher chez Robert, qu’apprécie pourtant Tavernier puisqu’il en cause dans un autre épisode. Le témoignage de Casarès (« Les dames du bois de Boulogne », 1944, d’après « Jacques la Fataliste » de Diderot lui-même inspiré de Laurence Sterne), actrice au jeu éculé et emphatique se complaisant dans la tragédie mélodramatique, est sans complaisance mais indique les exigences de Bresson qui affirme, dans un entretien, être solitaire sans aimer cela. Bresson, c’est un peu le Thelonious Monk du ciné : ça sonne faux. Ce qui compte, c’est le montage (Eisenstein, Koulechov) et les rapports entre les plans qui marquent. Rien sur le « Diable, probablement » (1976), titre magnifique et durassien pour un film revendicatif et écologique, pas plus sur « L’argent » (1977). Bresson n’a pourtant tourné … que 13 films !

Le parallèle avec Tati, pourquoi pas sur la radicalité, le rejet de la modernité et ses appareils, le travail du son et la post synchronisation, mais enfin un pascalien ennuyeux et un comique, si triste au fond, venu du music-hall et de la pantomime n’ont que peu de rapports, eu égard à l’absence de comique chez Bresson. Les approches sont radicalement différentes. Etonnamment, alors que la musique, bien sous-estimée en général, envahit littéralement le propos ad nauseam (vente du cd de musique de film en produit dérivé ?) dans chacun des épisodes de Tavernier, aucune mention n’est faite de la musique de Francis Lemarque, primordiale, chez Tati (nostalgie de l’enfance, manège, etc.). Il n’est pas possible de tout dire en si peu de temps mais omettre qu’Etaix, qui figure dans « Pickpocket » (R. Bresson, 1959) était l’assistant de Tati, c’est un peu gros. Plus intéressant que de pointer Balkany comme danseur dans « Playtime » (J. Tati, 1967) en tout cas. On a échappé à une section Balkany au ciné (« Soleil noir », de La Patellière, 1966, « J’ai tué Raspoutine », R. Hossien, 1967). Dire du compositeur J.-J. Grünenwald (chez J. Becker avec « Falbalas », 1945, « Antoine et Antoinette », J. Becker, 1947, « Édouard et Caroline », 1951 ; chez Bresson avec une fabuleuse partition dans « Les anges du péché », 1943 aussi forte que J. Williams dans « Seconds », J. Frankenheimer, 1966 ; je n’apprends rien sauf que pour qualifier les œuvres de Giraudoux, il faut dire giralducien – bon pour le scrabble ; « Les dames du Bois de Boulogne », 1945, « Journal d’un curé de campagne », 1951 entre autres) que, alors que c’était un organiste amateur de Bach, c’est le prédécesseur de Phil Glass (« La vérité sur Bébé Donge », H. Decoin, 1952), c’est d’une erreur et d’un anachronisme, concernant l’histoire de la musique, énormes; rien à voir avec la choucroute des répétitifs américains.

3 Les chansons / Duvivier

 Sur la chanson, l’approche, vendeuse, est intéressante. A se demander si l’un des commanditaires n’est pas la Sacem. Enfin, enquêter sur un réalisateur à partir d’une chanson qu’il (co-)écrit est original même si biaisé. Mais il oublie que nombre de nanars des années 30 et après comportent des chansons. Aller hop le Ducreux d’ « Un dimanche à la campagne » (1984), mon film préféré à partir d’autochromes Lumière du cinéaste de deuxième zone Tavernier, et pour cause vus ses cinéastes de chevet, d’après un roman à écriture blanche – mais pas avec la voix off idem comme chez Bresson, pitié ! -, de l’un de ses scénaristes après Autant-Lara, Bost. Si la comédie musicale française a été abondante dans les années 30-40, elle est devenue de plus en plus rare. Je ne supporte pas le kitsch Demy et encore moins Michel Legrand, rien à faire. La transition est habile avec chant et Duvivier.

 Seul un borgne s’est tardivement rendu compte que J. Duvivier était l’un des plus grands metteurs français. Si Tavernier a la grandeur de reconnaître ses erreurs, il démontre, bien qu’il le dénonce, le parti-pris au sein de chapelles cinéphilique (les macmahoniens du Nikelodéon / Positif vs  Cahiers du cinéma – querelle intellectuelle âpre bien française qui ne lasse point d’étonner les étrangers). Il fallait vraiment avoir une poutre dans l’œil, Gabin ne s’y était pas trompé, lui. Pessimiste, je veux bien mais n’a-t-il pas tourné, entre autres, « Don Camillo » (1951), l’excellent et réjouissant « La fête à Henriette » (1952) avec ses mises en abyme ? Dire que Duvivier se moque de lui-même dans le dernier film cité en référence à « Un carnet de bal » (1937), le sketch en angles hollandais expressionnistes avec le grand acteur Pierre Blanchar, est une grave erreur d’interprétation. « David Golder » (1931) est raté tant il sent encore les débuts du parlant malgré Harry Baur qui porte le film sur ses épaules et un scénario bien ficelé à partir du roman assez autobiographique d’Irène Némirovsky. Grande envie de voir « Le paquebot Tenacity » (1934) qui a déjà été conseillé à l’Institut Lumière. Plaisir de voir des archives avec Duvivier, un homme rare et timide, présenté comme sec : il est dans ses œuvres, pourquoi s’expliquer ? Divers témoignages de Spaak sont de première main. Tavernier tente de le rendre humain, ce qui est évident. Homme du Nord, il était simplement pudique. Tavernier tente de le comprendre par le biais de Ford, mouais. Le corps de Duvivier était usé par son travail de metteur en scène. Il est important de souligner l’effort physique que réclame le métier de metteur en scène. S’il a trop tourné, par peur de perdre la main, il n’en reste pas moins qu’il est l’un des plus grands réalisateurs français – d’ailleurs, c’est le seul qui occupe toute une demi partie d’un épisode tant il a tourné des films divers.
4 Les cinéastes étrangers dans la France d’avant-guerre / Le cinéma sous l’Occupation / L’après-guerre

Première vague avec les russes fuyant la révolution de 1917. Tourjansky est un cinéaste mineur, il n’est qu’à voir « Volga en flammes » (1934). Je ne savais pas qu’il avait tourné un film désormais perdu, « Nostalgie » mais est-ce vraiment une perte ? « La Peur » (« Vertige d’un soir », 1936 malgré Gaby Morlay, Charles Vanel, Ginette Leclerc et Suzy Prim, Thirard en chef op’ et Piménoff au décor ; un pataud Kessel et un Feydeau au dialogue), film aux multiples tons d’après une nouvelle du Musso de l’époque, S. Zweig, qui a été mal tourné ensuite par Rossellini, le dernier et si raté avec Bergman (« Non credo più all’amore (La paura) », 1954, malgré Amidei au scenar et Kinski, est un sous Hitch plat avec poncifs sur l’Allemagne restauré par Immagine Ritrovata de Bologna, projeté lors du Festival Lumière 2014 en présence d’Isabella Rosselini : « Jamais film ne fut moins fignolé que celui-ci, exécuté en moins de trente jours par un cinéaste nerveux, incisif, charnel, impatient et soucieux de capter la vie à sa source, la juste expression d’une actrice à la première prise d’un plan et qui envie au cinéma d’actualités et de reportage sa spontanéité vraie et sa fulgurante vérité. », François Truffaut, Arts n°576, 11-17 juillet 1956) avec une chanson de Maurice Chevalier – aucune allusion à son comportement pendant la guerre, au regard de Trenet par exemple -, est rédhibitoire (« mélodrame fiévreux » selon Tavernier alors que c’est une daube ?). « Je te déteste, Je te déteste, Je te déteste » de Gaby Morlay qui annoncerait « Je ne t’aime pas, Je ne t’aime pas, Je ne t’aime pas » de « Madame de … » / Darrieux (Ophuls, 1953), bien que le contexte soit différent, pourquoi pas. Le dernier long-métrage de Tourjanski avant son retour en Allemagne, « Le mensonge de Nina Petrovna » (1937), remake du muet de Hanns Schwarz (« Die wunderbare Lüge der Nina Petrowna », 1929, UFA d’après l’oeuvre de Hans Székely) semble meilleur, grâce notamment à Jeanson au dialogue ainsi qu’Isa Miranda, Fernand Gravey, Paulette Dubost et la toujours excellente Dorziat.  Rien sur l’immense acteur Ivan Mosjoukine, qui a tourné d’ailleurs avec Tourjansky (« Michel Strogoff », 1926 d’après Jules Verne, évidemment) ou d’autres réalisateurs comme Volkoff et Protazanov.

La deuxième vague fuit le nazisme, avec Eugen Schüfftan – qui a travaillé, tiens tiens, avec Ophuls -, Curt Curant, etc., rien sur l’exode due à la guerre en Espagne. Siodmack a effectivement réalisé au moins un chef d’œuvre, bien oublié : « Mollenard » (1938, Spaak, Schüfftan, Trauner), film noir du Front populaire avec Harry Baur, au personnage complexe, et la Dorziat, Préjean, le paniquard Dalio, Pierre Pitoëff, Pierre Renoir, Spaak au scénar au sommet de leur art. Le témoignage de l’ancien dirlo de la cinémathèque suisse, souvent présent au festival Lumière, dans le superbe jardin d’hiver de la Villa Lumière, est intéressant). Dans « Pièges » (1939 dont l’horrible et kitsch Sirk fit un remake « Des filles disparaissent », « Lured », 1947 avec la sexy Lucille Ball et le noir et cynique George Sanders, les trognes Charles Coburn et  Boris Karloff), un film à sketch moyen style patchwork, les stars défilent (Marie Déa  en Adrienne Charpentier, Mademoiselle Blanche, Gabrielle Deny, Adrienne Du Pont et Raymonde Blanchard ; Pierre Renoir, Erich von Stroheim) dont Maurice Chevalier qui s’essaye, plutôt bien, au rôle dramatique pour se donner une légitimité.

Rien sur « Liliom » (1934, un certain Fritz Lang, metteur en scène pourtant cité, d’après Ferenc Molnár, avec l’omniprésent Charles Boyer, un certain Artaud, Viviane Romance, un excellent second rôle Alcover, un petit rôle de Roquevert ; c’est un remake d’un film du pleurnichard et insupportable Borzage, 1930), c’est tout de même étrange car c’est un film emblématique de multiples reprises par des réalisateurs multiculturels qui parfois sont restés, même brièvement, en France. Marcel L’Herbier retoqué par Jeanson : « Il ne connaît qu’un seul patriotisme, celui du porte-feuille » cité goulûment par Tavernier fort amateur de piques. Savoir que Feyder, auteur d’un film pour le pavillon germanique de l’Expo universelle de 1937, a dénoncé d’autres metteurs en scène, fussent-ils étrangers en France, est terrassant (« ils mangent le pain des français » avec force manifs) – comme Autant-Lara, d’ailleurs ; mais ce dernier nous a habitué à pire.

L’occupation, c’est le grand thème de Tavernier. Sur la guerre, Tavernier s’offre le luxe de s’auto-citer deux fois : le documentaire (« Lyon, le regard intérieur », 1988), genre où Bébert excelle, avec son père, René, écrivain et directeur de Confluence, hommage peu pertinent au papa bien plus talentueux que son fils qui le désespérait tant, et « Laissez-passer » (2002). Heureusement, il a la décence d’indiquer qu’il n’est pas historien – manquent les témoignages de J. Siclier ; il faut dire que l’autodidacte a raté toutes les écoles possibles comme sciences Po et autres. Encore moins historien du cinéma : il est un passionné averti et cultivé. Il faut dire que dans le riche « Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain » (« A Personal Journey with Martin Scorsese Through American Movies », 1995), le cultivé Martin s’était adjoint l’aide du précieux historien du cinéma, Michael Henry Wilson, plus sérieux qu’Ollé-Laprune. Pourquoi Tavernier n’a pas travaillé avec l’excellent N. T. Binh de Positif, revue née à Lyon ou Rissient avec qui il a été attaché de presse par exemple ? L’apport des étrangers est primordial, Tavernier a raison. Ont profité des départs, Becker, Clouzot, Autant-Lara, ces derniers affirmant qu’il s’agit d’un âge d’or, ce qui choque mais nombre d’enfants de l’époque ont bien clamé que c’était une période dorée. Affirmer que les metteurs en scène ou personnels du cinéma ont eu globalement un comportement exemplaire relève de l’aveuglement idéologique digne de Clément envers les travailleurs du chemin de fer (« La bataille du rail », 1946) – souvenons-nous de la perte du procès par Lipietz contre la sncf et les transports de juifs, entre autres, dans les camps. Tavernier s’extasie sur un passage chez Guitry (« Donne-moi tes yeux », hum … 1943, film vanté comme relatant les difficiles conditions pendant la guerre – il ne faut pas pousser !) où le spectateur ne voit que les jambes des protagonistes, éclairées par une lampe torche, avec les paroles échangées en voix off. Un type aussi cultivé que Tavernier ne peut ignorer que cela a déjà été pratiqué dans un film muet de la Gaumont dans les années 10 (« Des pieds et des mains », Ravel, 1915 d’après « Histoire d’une paire de jambes », auteur inconnu, 1909). Rien sur le rôle trouble de Guitry pendant la guerre, thème qui nourrira pourtant un épisode suivant de la série de Tavernier, bizarre. Certes l’acteur Francis Huster, d’origine juive, défend Guitry becs et ongles, Sacha a défendu le droit de jouer en toute circonstance mais les doutes subsistent. Mais n’est-ce pas une redite par rapport à Guitry cité plus amplement dans un autre épisode ? Pourquoi ne rien dire de la paradoxale Arletty, proche de Céline et pour qui son « cul est international », qui a aidé à ce que Trauner travaille malgré un froid persistant en studio ?

Tavernier casse le mythe du cinéma, pourtant majoritaire, pro-résistante en s’appuyant sur « Jericho » d’Henri Calef (1946 avec Heymann et Spaak au texte). Il était certain que Tavernier rajouterait une couche sur son chouchou et bien oublié, mais aucunement un réalisateur majeur, Le Chanois (« L’école buissonnière », 1949, … « Sans laisser d’adresse », 1951). Il a manifesté contre les scandaleux accords Blum-Byrnes mais le sulfureux Autant-Lara devait être de la partie. Ouf, nous évitons la référence à « Les portes de la nuit » (Marcel Carné, 1946), film raté mais symptomatique d’une époque où Jean Vilar est exceptionnel et Yves Montand, remplaçant Gabin en ticket avec Dietrich, pitoyable. Quelques films que je ne connais pas : un film à sketchs (« Retour à la vie », 1949, André Cayatte ; « Le retour de Tante Emma », Henri-Georges Clouzot ; « Le retour de Jean », où Jouvet joue admirablement un prisonnier revenu des camps, Jean Dréville ; « Le Retour de René » ; « Le Retour de Louis »). « Le silence de la mer » (1949) de Melville, le parrain de Tavernier en cinéma, avec un Vernon peu crédible en allemand. Une partie trop courte au regard de la complexité de l’époque.

4 La nouvelle vague de l’Occupation

Cher Autant-Lara malgré. Tavernier en scrute toutes les contradictions, et elles sont nombreuses. Jeanson a dit « C’est un con mais il a du talent ». Quoique classique et rigidifié par ses principes. Son atout, c’est son équipe (ses scénaristes, Aurenche et Bost, ses décorateurs, métier qu’il a pratiqué lui-même, les Douy, son musicien attitré Le Cloerec, son chef op’, et sa femme Ghislaine). Il rechignait à faire tourner Odette Joyeux qui est tout bonnement exceptionnelle dans « Le mariage de Fonfon » (1942 avec travelling sur voix off suite à l’erreur du producteur : les inventions naissent de hasards et d’erreurs), « Douce » (1943, cote 5, à proscrire, de la centrale catholique « utilisation sadique des chants de Noël », qui devient cote 6, au-delà de proscrire, dans un épisode suivant, avec un conflit de classe bien marqué) dans lequel la réponse à la tirade de la Moreno, coupée pendant quelques temps par Anastasie (« Je te souhaite la patience et la résignation. » ; « Souhaitez-lui l’impatience et la révolte ! ») par Aurenche et Bost a donné envie à Tavernier de tourner.

 Mon chouchou Clouzot est revisité par l’auteur D. Lehan : « Il ne nous dit pas, ‘Regardez comme le monde est laid’ mais plutôt ‘Regardez ce que nous en avons fait’. ». On ne saurait mieux dire. Tavernier démêle les problèmes de Clouzot pendant la guerre de façon limpide : il décevait tant les allemands, qui le trouvaient trop pessimiste, que les français qui le qualifiaient, injustement, de collabo. Le Chanois, juif et à la tête d’un réseau de résistance, témoigne en faveur de la Clouz. Personne n’a pardonné à Clouzot de mettre le fer sur la plaie. C’est pourtant le boulot de l’artiste. Le rôle des femmes, notamment l’invalide, Ginette Leclerc en Denise Saillens, dans « Le corbeau » (1944 cote 6, au-delà d’à proscrire, de la centrale catholique), est éminent. Dans « Quais des orfèvres » (1947), le côté humaniste du père commissaire lors des interrogatoires, avec explication de l’expression « se mettre à table », lors de ses rapports avec son fils dans une ambiance coloniale voire colonialiste. Son côté chrétien, apparu après un certain temps, et surtout sado-masochiste, flagrant dans son dernier film, « La prisonnière » (1968) est gommé. Le travail avec les artistes (Picasso, « Le mystère Picasso », et Karajan) est malheureusement occulté par le documentariste Tavernier, dommage. Il revient plusieurs fois sur « Manon » (1949, d’après le roman de l’Abbé Prévost), ce chef d’œuvre malgré Cécile Aubry que Clouzot a pas mal maltraité. Tavernier tente maladroitement de réhabiliter le raté, de quelque façon qu’on le prenne, « Les espions » (1957), sans oublier le bon mot de Jeanson, « Il a fait Kafka dans sa culotte ».

5 Les oubliés

 Maurice Tourneur a bercé ma jeunesse et mon amour pour les années 30. Mais pourquoi Tavernier oublie-t-il ce chef d’œuvre « Le val d’enfer » (1943) ? Si j’avais adoré jeune « Justin de Marseille » (1935) à cause des nombreux changements de tons, j’ai été horriblement déçu à la revoyure au Festival Lumière en copie neuve : comédie musicale avec les poncifs sur Marseille. « Les gaîtés de l’escadron » (1932), c’est « Le gendarme et les gendarmettes » (Jean Girault, 1982) de l’époque. Rien sur sa prolifique carrière tant ignorée lors du muet dans un épisode précédent.

Litvak est peu connu malgré une grande filmographie. Litvak n’est pas russe comme l’indique Tavernier mais ukrainien sous le régime soviétique, cela est fort différent, outre le contexte politique, géopolitique et historique, lorsque l’on connaît l’importance de l’école ukrainienne de Dovjenko (« La Terre », « Земля », « Zemlia », 1930) à Chepitko (« Les ailes », « Krylya », 1966). Il insiste sur « Cœur de lilas » (1932) tourné après avoir travaillé à la UFA. Le côté engagé (« Pourquoi nous combattons », « The nazis strike, Divide and conquer », 1943-1945, films de propagande au côté de Franck Capra et Ford) est souligné. Il mentionne rapidement l’excellent thriller « Raccrochez, c’est une erreur » (« Sorry, Wrong Number », 1948) avec le bon soldat d’Hollywood, Barbara Stanwyck, et Burt Lancaster, film projeté dans la très prisée section Art of noir avec Eddie Muller de Frisco et le taciturne mais belle plume Phil Garnier lors du Festival Lumière 2013 avec remise de prix à … Tarantino. Exit « La Fosse aux serpents » (« The snake pit », 1948), un film sur la folie avec Olivia de Havilland, la délicieuse et surannée adaptation de Sagan avec « Aimez-vous Brahms ? », « Good-bye again », 1961 avec Ingrid Bergman, Yves Montand et Anthony Perkins. Finir avec le fait que Tarantino trouve sa fin de carrière, avec « La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil (The lady in the car with glasses and a gun », 1970 en eastmancolor d’après un roman de Japrisot), cool, apporte peu de choses – c’est un effet du relationnel, mot poli pour évoquer le copinage éhonté, lors du Festival Lumière 2016.  

 Grâce au Festival Lumière j’avais découvert Raymond Bernard, le fils de Tristan. C’est classique (« Les croix de bois », 1932, avec des scènes de batailles sidérantes où nous sommes embarqués comme dans « Il faut sauver le soldat Ryan », « Saving Private Ryan », S. Spielberg, 1998) mais de haute tenue. Pour une fois, Tavernier a raison : son adaptation de « Les Misérables » (1934) est la meilleure car proche du roman populaire de Hugo, avec des acteurs extraordinaires (Harry Baur en Valjean, Charles Vanel, cet acteur vieux déjà jeune, en Javert, Dullin et Moreno en inoubliables teigneux Ténardier ; les opérateurs pleurèrent sur le plateau lors de la mort de Gavroche) et des plans hollandais expressionnistes, malgré la tonalité réaliste, pour coller au livre.

 René Clair est réévalué mais pas sur le bon axe : ce qui est important, c’est ce mélange dadaïste/surréaliste, de réalisme et de rêves entremêlés. En faire un tenant du classicisme et de la qualité française est donc bien, comme l’indique Tavernier, une imbécilité de critiques.
René Clément a été épinglé « qualité française » avec « Les maudits » (1947). Il est presque pré Nouvelle vague avec « Monsieur Ripois » (1954), un homme dans la foule, toujours avec cette notion de mouvement ; Tavernier n’aborde pas ce point. Que « Jeux interdits » (1952) soit une extension d’un court métrage ne m’étonne point tant le propos est vain. Il est vrai toutefois que c’est l’un des rares films où l’on voit l’exode. « La bataille du rail » (1946) a été un film de commande, intéressant sous l’angle des enjeux de mémoire, qui a entretenu le mythe de la France entièrement résistante, ce qui est totalement faux : c’est un film de propagande ou de manipulation mémorielle, même si c’est pour la bonne cause.    
  Un hommage au musicien Van Parys était nécessaire tant il a œuvré dans le cinéma français. Mais nous sommes abreuvés de comédies musicales, certes de bonne humeur mais tout de même de seconde zone, de Jean Boyer. Encore une fois des spectatrices dans leur siège fredonnent faussement les airs – insupportable.

 Au total, nous n’apprenons personnellement pas grand’chose à part quelques détails insignifiants, souvent des anecdotes inutiles, ne changeant aucunement la compréhension de l’histoire du cinéma.

6 Les méconnus

 Oubliés, méconnus, quelle différence ? Vallée, ne connais pas mais ne paraît pas impérissable. Premier film en couleur en 1936 ? C’est oublier les films muets coloriés à la main, au pochoir puis en kinorama, etc. Arte y avait consacré une série avec Loïe Füller et ses disciples.
Pierre Chenal inconnu ? Il l’est tellement qu’il a fait l’objet de remakes importants tels que « Le facteur sonne toujours deux fois » (« The Postman Always Rings Twice », Tay Garnett, 1946 avec rien moins que Lana Turner et J. Garfield) et celui, encore plus sulfureux, de Bob Rafelson (1981) avec Jessica Lange et Jack Nicholson à partir du « Dernier tournant » (1939), adapté du roman de James M. Cain, film qui n’est même pas cité alors que c’est son plus connu ! Ceci m’a donné envie de voir « Rafles sur la ville » (1958), film mineur, pour voir Vanel vieux alors que même jeune, il l’était déjà, vieux. Méchant, il l’était déjà dans « La belle équipe » (J. Duvivier, 1936 : film à deux fins !), un film symbolique du Front populaire, nettement supérieur au lourd « Le crime de Monsieur Lange » de Renoir où l’excellent Jules Berry cabotine.
Calef, son assistant, n’a tourné qu’une dizaine de films qui n’ont pas marqué l’histoire du cinéma. Et voilà que Tavernier recite « Jericho » (1946) – que de redites décidément ! Il n’a pas réalisé que des Dossiers de l’écran pour la tv. Viviane Romance et Anouk Aimé dans « La maison sous la mer » (1947), ok. Mais quid de Max Dalban, Gabrielle Fontan et Dora Doll ? Rien dessus ! « L’heure de la vérité » (1965), très bien ; sujet original et dérangeant. Rien sur l’acteur principal Karlheinz Böhm (passons sur les « Sissi », 1955,56,57 mais l’incroyable « Le voyeur », « The piping tom », 1960 par un Michael Powell que Tavernier révère, en plus ; « Les quatre cavaliers de l’apocalypse », « The Four Horsemen of the Apocalypse », V. Minelli, 1962 ; l’excellent « Rififi à Tokyo », 1963 par son pote Deray). Aucune mise en relation de Corinne Marchand, actrice principale de « Cléo de 5 à 7 » (Varda, 1962), alors qu’il cause de Varda plus loin ! Hallucinant !

Sur les réalisatrices, il a l’honnêteté de citer Alice Guy et Germaine Dulac. La filmographie d’Audry, sœur de Colette (le scandaleux érotique « Histoire d’eau ») et de la famille du politique Doumergue, est classique sur une petite dizaine de films même si les thématiques sous-jacentes sont osées. Aucune audace stylistique : son cinéma a vieilli. Néanmoins « Olivia » (1950) a un charme suranné où Edwige Feuillère excelle à lire des textes classiques (Racine, Lamartine), Noiret a un rôle croquignolet. Mais le témoignage de Delorme, épouse d’Yves Robert, sur une mauvaise VHS dans cette émission de TMC où participait le conseiller historique peu éclairé, Ollé-Laprune, est d’une qualité digne d’un film amateur ! « Minne, l’ingénue libertine » (1950) est une bluette où Tissier en fait des tonnes comme d’habitude. « Les malheurs de Sophie » (1946), un classique de la littérature enfantine pour jeune fille, n’a pour seul intérêt de montrer Marguerite Moreno. « La caraque blonde » (1953) n’a que pour intérêt quasi documentaire de présenter la Camargue.

 Varda et ses courts (« Les glaneurs et la glaneuse », 2000), ses longs mais reste-t-il un grand film ? A part « Cléo » … Rien sur son plus connu, « Sans toit ni loi » (1985). Kaplan et sa célèbre « Fiancé du pirate » (1969), comme un manifeste féministe. Sur 6 films …

 Grangier, là il touche une corde sensible. C’est un immense metteur en scène que Tavernier admire tellement qu’il le qualifie de « Becker mineur », ça serait plutôt l’inverse ! A mettre, pour certains de ses films, juste derrière Melville ! C’est le metteur en scène qui a le plus travaillé avec Gabin car ils étaient potes et leurs femmes aussi : « Le désordre et la nuit » (1958) bien sûr, comme étalon du film noir selon l’excellent et regretté Alain Corneau. « Le cave se rebiffe » (1961) bien sûr ; Audiard, d’accord, mais qu’a-t-on à faire de l’anecdote du BSA l’extrapiste ? Rien sur l’incroyable « Le rouge est mis » (1957), l’un des meilleurs noirs tous pays confondus des années 50. « Gas-oil » (1955) a un charme où Moreau est révélée comme Bozzu ou encore Girardot dans un autre de ses films. Grangier a une profondeur dans la prise en compte du quotidien – comme chez Jules Dassin -, qui n’est qu’un fond journalistique chez Decoin ou Becker. Tavernier donne envie de voir « Le sang à la tête » (1956) d’après Simenon.

Contre & pour

Tavernier est trop sur les anecdotes, c’est fatiguant. Peu nous chaut de l’inconnu qui, en pleine séance, a ouvert une boîte de conserve, l’a faite chauffer sur un réchaud et a mangé ses petits pois à la cuillère sans quitter l’écran des yeux. Rien à faire de Macao, le paradis des mauvais garçons (Macao, Josef von Sternberg, Nicholas Ray, 1952) découvert à la Cinémathèque dans une copie doublée en vietnamien.

Le montage est mauvais parce que brouillon (« le montage des extraits sera intuitif. » : marabout, bout de ficelle, Becker►Signoret►assistant de Renoir, etc.) malgré les 80 semaines de travail. Les mêmes extraits (mille euros la minute soit pas de friendly prize ou tarif préférentiel trois fois inférieur comme pour Scorsese mais est-ce un argument ?) sont réutilisés, peut-être à cause des ayant-droits, pour répéter le propos.

L’analyse de films, moins délirante que chez Douchet, est assez faible (« C’est un film de cinéphile et de cinéaste, pas un film de critique ou d’historien »; « je ne suis pas guide de musée »). Sa fuite devant Henri IV et Sciences Po se fait sentir : à chaque pore, cela sent le complexe de l’autodidacte content de jouer dans la cour des grands.
Par contre, il évite l’écueil des guerres de clans chez les cinéphiles. Celui qui fut un éphémère critique à Positif et aux Cahiers du cinéma explicite : « la politique des auteurs, les histoires d’écoles, de chapelles, ne m’intéressent pas. Seuls m’intéressent les combats des metteurs en scène pour faire exister leurs films. ». Ailleurs : « C’est un mal français d’avoir une vision biaisée de certaines œuvres ou de certains cinéastes : souvent, on s’est obligé à aimer des cinéastes contre d’autres. » Ou encore : « ‘le réalisme poétique’, par exemple. Je me suis toujours demandé ce que ça pouvait bien vouloir dire »). Il avait tout de même été membre des MacMahoniens. Il était l’un des piliers du ciné-club Nickelodéon.

[Ciné] Tout est bon dans le Viggo

    

La vieillesse est un naufrage, à l’artiste d’en faire de l’or. Falling est un film important. Hanté par la mort, Mortensen fait dire au père qui s’adresse tendrement au bébé, « Désolé de t’avoir mis au monde pour que tu meurs » ou Heidegger mis en pratique par un cul terreux de père. Autant dire que ce n’est pas un Harold Lloyd !

Le multilingue Viggo Mortensen est venu de Madrid, où il vit, en voiture pour présenter au Festival Lumière Falling, son premier film avec d’emblée un mérité label Festival de Cannes 2020. Long fut le parcours pour l’acteur, auréolé du prix Donostia du 68e Festival de San Sebastián 2020, qui était régulièrement coupé des scènes de film, chez Woody notamment (La rose pourpre du Caire, The Purple Rose of Cairo, 1985). Mortensen a déjà essayé de faire un film il y a 23 ans mais l’argent manqua. Il écrivait un autre scénario de reconstitution historique avec chevaux depuis 2015 quand sa mère, atteinte de Parkinson, est morte. Tout est remonté, un autre scénario a été écrit rapidement. Les deniers ne poussant pas sous le sabot d’un cheval, Mortensen, également poète, éditeur et photographe, a non seulement dû produire (au début du film, les logos se succèdent comme une grande production asiatique), jouer dans son film mais aussi composer la musique en s’asseyant devant le piano, sans souligner fortement façon Hollywood. Outre une scène comique concernant Picasso, le peintre abstrait Viggo créé une toile avec le flou des lumières sur l’aéroport et les signalisations de l’avion qui décolle. Le tournage a duré 5 semaines, en grande partie au Canada. Il a retenu de son travail avec Farrelly (Green Book, 2018) remercié ici, Cronenberg (A History of Violence, 2005 ; Les Promesses de l’ombreEastern Promises, 2007 ; A Dangerous Method, 2011) et Jackson (Aragorn dans Le seigneur des anneaux, The Lord of the Rings, 2001-2003) que le plan de travail et les répétitions, n’excluant pas la souplesse et l’écoute, doivent être réglés bien en amont.

Le film est sur le rapport d’un père déclinant – salop, atteint d’une maladie dégénérative et, semble-t-il, du syndrome de Gilles de la Tourette, à rendre Trump d’extrême-gauche[1] -, et son fils, pilote d’avion homo maqué avec un professionnel de santé américano-hawaio-asiatique très tatoué, avec qui il a adopté une enfant. Le tour de force est de réussir ces fluides flux de conscience avec mélanges présent / passé, ponctués de flash-back, où les prénoms d’ex femmes deviennent ceux des chevaux. Le principe du montage, comme la musique, c’est le rythme. L’acteur principal, c’est la mémoire : le « film traitait de la subjectivité de la mémoire et du manque de fiabilité de nos perceptions. C’est que, vous voyez, la mémoire est une chose très étrange, très faillible. C’est une histoire que nous nous racontons. Un même moment, on va tous s’en souvenir d’une façon différente : vous et moi, nous sommes assis ici en train de bavarder et, dans quelques années, je raconterai peut-être que nous avons dit ceci ou cela, et vous direz non, on a dit autre chose, et je dirai peut-être que le mur était bleu, et vous direz qu’il était rouge… Je pense que la mémoire nous fait nous raconter une histoire et que cela tient à notre désir de vouloir contrôler ce qui nous entoure ». Mortensen est parti d’émotions et de souvenirs d’enfance et d’adolescence comme ces scènes de chasses dans l’americana, un cerf remémorant Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter, M. Cimino, 1978). C’est également en creux un portrait d’une Amérique divisée.

Lance Henriksen, méritant ici l’Oscar tant il est l’Amstrong du ciné, est un acteur de genre (L’étoffe des héros, The Right Stuff, Philip Kaufman, 1983 ; supporter actor dans Terminator, James Cameron, 1984 et Alien, David Fincher, 1992, Paul W.S. Anderson, 2004). Henriksen, entouré de corneilles et de bagouses aux doigts, déclare avoir eu une enfance difficile. C’était très dur de faire appel à ses émotions profondes, de faire face à ses angoisses. Son personnage, odieux, lui a demandé beaucoup d’énergie, c’était fatiguant. Après un space mountain émotionnel, le spectateur sort le mouchoir. Une longue ovation au festival Lumière.

[1] Portrait du red neck qui aimait les chevaux : beurre frit contre bio, bière contre eau, macho contre homo, blanc raciste contre couple mixte, McCain versus Obama.

Falling, Viggo Mortensen, 2020, 1h52, USA, couleurs.

Pas la moyenne pour Maïwenn

ADN a tous les défauts du film français : bavard, égocentrique, mal filmé. ADN est un film fatiguant : tenir la caméra avec la tremblante du mouton n’est pas gage de réalité – édulcorée. ADN est un film totalement égocentré où Maïwenn se complaît à pleurer devant la caméra pour montrer sa douleur comme une pleureuse d’ancien temps. Une simple psychanalyse suffirait. Avec le scénario de … Maïwenn et Mathieu Demy, le dialogue de Louis Garrel, pas toujours audible, est un délicieux contrepoids, la scène de clash mère (Ardant) / fille (Maïwenn) est très réussie et aurait suffi à un court-métrage.

Le seul intérêt du film est le croisement entre une famille nettement dysfonctionnelle (la troupe en action : Vacht joue la sœur Isild le Besco ; le père, un intello qui vote Le Pen, joué par Françon ; Caroline Chaniolleau, une actrice de théâtre disparue du cinéma depuis les années 1990, comme une tante abrupte et ombrageuse ; Dylan Robert en Kevin – ce prénom stupide) et l’Histoire avec sa grande hache en Algérie, d’où Neige pour Nedjma. 5,7 / 10 sur Imdb, c’est peu, c’est mérité. Une ode bobo lourde au multiculturalisme.

Un beau jardin intérieur

Intériorité dans un triangle

          Voilà un film délicat. Yokohama, au sud de Tokyo, début des années 1990. Deux jeunes filles à la croisée des chemins d’une longue vie qui se profile. L’une, Noriko (Haru Kuroki, ours d’argent de la meilleure actrice à Berlin en 2015 dans La Maison au toit rouge, Chiisai ouchi, Yōji Yamada, 2014) indécise, réservée, de classe moyenne, qui se projette vaguement comme éditrice, incarne la voix off puisque le film est inspiré du roman autobiographique Morishita, Noriko. La Cérémonie du thé ou comment j’ai appris à vivre le moment présent, 2010 où il est écrit que la cérémonie du thé est « une religion du beau qui cherche à atteindre le « rien » »). Enfant, Noriko est allée voir avec ses parents La Strada (Fellini, 1954). Elle s’y est ennuyée. Plus tard, elle l’aimera – féru de Fellini, je n’ai jamais apprécié ce film, terriblement fauché et, pour une fois, sobre, malgré le jeu incroyable de Giulietta. Si Noriko n’est pas la plus douée pour la cérémonie du thé, elle est la plus assidue. Les nombreuses scènes d’intérieur alternent avec les premières expériences de Noriko, son renoncement au mariage au profit d’une libre vie amoureuse, ses visites régulières chez ses parents vieillissants.

L’autre, Michiko, spontanée, volontariste, rêve de voyages, d’amour, de fonder une famille pour finalement se fondre dans le mariage arrangé.

Madame Takeda, la maîtresse de cérémonie du thé est une professeure rigoureuse, bienveillante et facétieuse, aux gestes fluides. Elle est jouée par le « trésor national » Kirin Kiri (une partie de l’œuvre de Kore-eda Hirokazu de Still Walking, Aruitemo aruitemo, 2008 jusqu’à la palme d’or à Cannes en 2018, Une affaire de famille, Manbiki kazoku, en passant par I Wish – nos voeux secrets, Kiseki, 2011, Notre petite sœur, Umimachi Diary, 2015 ou Après la tempête, Umi yori mo mada fukaku, 2016 ; le très beau et émouvant Les délices de Tokyo, An, Naomi Kawase, 2015) dont c’est l’un des derniers films avant sa mort en 2018.

Nippon éternel

Entre, le chanoyu (« eau de thé »), cette cérémonie du thé, issue de la spiritualité bouddhiste zen, avec une série de gestes réitérés – le cheminement spirituel consiste à la découverte de soi, de la liberté dans la répétition ; l’art de vivre consiste à être en cohésion avec soi-même et la nature environnante – avec infimes variations, et méticuleux (« Il faut que la tranche de vos petits doigts touche le tatami en posant la jarre d’eau. ») avec le maniement de la boîte laquée pour la poudre de thé, une louche en bambou (hishaku), une spatule (chashaku), le fameux fouet en bambou (chasen) avec vitesse et position du poignet encore plus précises que pour créer la vinaigrette ou la béchamel, le bol en céramique (chawan) et ses diverses positions selon les saisons (les Géorgiques sont les petites chaleurs, les frimas de l’automne, le premier jour de l’hiver ou des grands froids, la douceur du printemps mais Nagori de Ryoko Sekiguchi[1] nous apprend qu’il existe beaucoup plus de saisons au pays du soleil levant), pour préparer le thé. Le salon de la maîtresse est la salle de thé (chashitsu), un vrai pavillon de thé un peu plus grand que la cuisine dans les Tontons flingueurs (Georges Lautner, 1963) mais guère plus, que jouxte un petit jardin (plantes sensuelles, vibrations, jeux de lumière), cet espace de civilisation (wabi : raffinement, sobriété et calme) à l’abri des tourments de la vie quotidienne (l’excellence et l’efficience exigées dans le travail dans une société à forte pression sociale – l’une sera écrivain ; l’autre, femme d’affaire ; la condition de la femme, réduite à un petit boulot ou à se consacrer à sa famille ; vitesse), orné, comme la librairie de Montaigne, d’idéogrammes en kakemono tels que le carpe diem nippon, « chaque journée est une belle journée ».

Le son est précis comme la constante attention au présent et le lien entre l’environnement et l’intériorité : le froissement d’une serviette, l’eau qui bout, le pas feutré d’une élève sur le tatami, le mouvement d’une porte, le vent contre le rebord d’une fenêtre. Grâce à la photographie précise du jeune chef opérateur Kenji Maki, les intérieurs de la maison de Madame Takeda reflètent le cycle des saisons. Les mouvements de caméra sont fluides et souples, le cadrage rigoureux, les plans sont fixes afin de capter le moindre détail, la délicatesse d’Ozu n’est pas loin – même si ce n’est point filmé au ras du tatami et où le saké est évidemment exclu.

Qui est le réal’ ?

Ōmori est né en 1970 à Tokyo. Il est l’enfant de l’artiste d’avant-garde Akaji Maro, fondateur du butô Dairakudakan. Ōmori débute en jouant dans Scarred Angels (Kizu darake no tenshi, Junji Sakamoto, 1997), ce qui aidera dans l’habile direction d’acteurs. Il est également producteur de Nami (Hiroshi Okuhara, 2001, primé à Rotterdam, 2003). Son deuxième film A Crowd of Three (Kenta to Jun to Kayo-chan no kuni, 2010) gagna le prix du meilleur nouveau réalisateur de la Guilde des réalisateurs du Japon. En 2013, The Ravine of Goodbye (Sayonara keikoku) a reçu parmi les nombreux prix, celui spécial du jury au Festival de Moscou. Dans un jardin qu’on dirait éternel (Nichinichi kore kôjitsu) est son dixième film, le premier à enfin sortir en France. Regretté Rissient.

Ōmori, Tatsushi. Dans un jardin qu’on dirait éternel, 1h40, Japon, couleur.


[1] Une belle méditation sur le temps (et la mort – dans la vie) à partir de la réflexion de chacun. Si l’intérêt est une ouverture anthropologique, il manque peut-être, outre les Géorgiques de Virgile, la profondeur d’une réflexion philosophique (le texte laisse songer aux discours ou dissertations d’Académie). Sur Fukushima, éthique et esthétique est un vieux débat mais l’art gagnerait à séparer les deux : pas de Céline, pas de Stockhausen écrivant sur la beauté de la destruction des twin towers par exemple. Sur le temps chez Anne-Sophie Pic, il n’est pas mentionné qu’elle a travaillé au Japon, ce qui l’a influencé grandement. Il n’est pas mentionné non plus le blet ou quand les fruits et légumes sont dans un stade délicieux juste avant la décomposition – Amélie Nothomb, qui a vécu au Japon, s’en targue suffisamment. N’est pas évoqué non plus, le gibier faisandé – une spécificité française. Pour préciser, les grandes vacances d’été en France sont liées au fait que les petits filles et garçons, quand la population était majoritairement paysanne, étaient préemptés pour les travaux des champs, la moisson notamment. J’ai regretté l’emploi malheureux d’un mot usité comme adverbe : « saisonnairement » ou « saisonnement ».

Tenet, un film pas net, net

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            Il est un temps où le palindrome (le titre du film et l’entreprise Rotas dirigée par Sator;  un peintre mystérieux cité se nomme Arepo, cet [h]apax de Pompéi en référence au carré magique Sator Arepo Tenet Opera Rotas) était le titre d’un film radical, In girum imus nocte et consumimur igni (1978), par un situationniste, Debord, et le temps, objet de réflexions avec le séminal court métrage La Jetée de Chris Marker (1962) dont s’est inspiré L’armée des 12 singes (Twelve Monkeys, 1995) de T. Gilliam.

 

*

 

Tinette : attention, danger !

   Comme C. Eastwood, D. Fincher, P.T. Anderson, J. Nichols, D. Villeneuve – les moins pires -, J. Gray, ce fondu de pellicule, W. Anderson, Nolan est également membre de ce néo Hollywood : blockbuster « auteuriste », magnifique oxymore marketing, jusqu’à la franchise du comics Batman ou la logique économique poussée à son terme ; salmigondis pseudo scientifiques[1], philosophiques[2] et politiques (nous sommes la cause de dégâts écologiques ; retourner dans le passé permettrait de corriger nos erreurs), loin des réflexifs Cronenberg et Lynch[3] ; académisme virant au classicisme avec scénario alambiqué pour plus de consistance sur des idées simplistes, images léchées mais sans originalité (la côte italienne est très carte postale), enchaînements de scènes d’action – non à ce canon !

   Ce qui est dangereux, c’est l’idéologie contestable sous-tendue en cette période anxiogène : des connaissances avérées[4] et des faits reconnus[5] mais non corrélés entre eux sont amalgamés de façon à nourrir, en terme poppériens, une théorie cohérente et close du complot, de structure paranoïaque donc, qu’il est impossible de réfuter. A l’ère du soupçon et des complots[6], nous vivons, en période sophistique, dans une dangereuse remise en cause de la réalité, héritée du post-modernisme, mal compris, de Lyotard à Baudrillard[7], et du relativisme du dangereux Rorty, le tout sur un terreau hégélien, mal assimilé, en géopolitique notamment, par un Fukuyama, sur fond de romantisme (Faust de Goethe et son inévitable pacte faustien, récurrent ici). Après la déconstruction derridienne, les reconstructions irrationnelles sur un fondement pseudo rationaliste, l’esprit a horreur du vide. C’est pour cela que Nolan a du succès : sur la séduction intellectuelle de la mise en abyme et de l’interconnexion, Nolan surfe sur la mode relativiste, dangereuse car nourrissant les populismes croissants, de gauche comme de droite, en temps de crise. Ce soft power divertissant, qui ne mérite évidemment aucune censure, est extrêmement dangereux à notre époque décadente mais en même temps il la révèle et en témoigne. Captant l’esprit du temps, il le conforte.

            L’art, à part le regretté Claude Régy, est pourtant très en retard en prenant peu en compte la mécanique quantique, ce changement paradigmatique copernicien, pourtant découverte il y a plus d’un siècle. L’avenir est aux incertains ordinateurs quantiques. Avec ses défauts soulignés ci-dessus, il n’y a guère que Christopher Nolan pour intégrer, de façon grossière et maladroite, cette donnée fondamentale[8]. L’écriture du scénario, qui aurait duré 6-7 ans, semble datée au mieux des expérimentations des années 20 (Wolf, Joyce, Faulkner) sans en avoir la qualité artistique.

Timefall

   Le politiquement correct est sauf : le héros, Washington Jr (Malcom X, 1992 et le lourdaud BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan, BlacKkKlansman du spice Spike Lee, 2018) est noir – ce dont on ne devrait plus s’étonner, enfin ; comme dans Inception (2009), le film de Nolan le plus abouti dont Tenet s’inspire largement (convergence des temporalités; tenet, c’est l’inception), un asiatique dans l’équipe satisfera le quota mais aussi l’export que confortent des scènes en Inde puisque le marché asiatique est nettement majoritaire[9]. Nolan pense mondial, avec placement de produits (alcools dont vodka et whisky, montres, vêtements, voitures, etc.) comme cette autre franchise d’espionnage des Broccoli, James Bond[10], et aussi le côté sf-fantasy avec Star Wars, Lucas puis Disney. Après Batman, Nolan tournera-t-il un 007 qu’il semble convoiter en lançant un sérieux appel de pied ?

   Le film s’ouvre sur une magistrale scène d’opéra digne d’Hitchcock (L’homme qui en savait trop, The man who knew too much, 1956) mais avec le suspense, qui aurait été généré par le montage, en moins. Le saisissant effet de réel a posteriori, c’est l’usage du masque à cause de la covid 19 et les masques à oxygène dans le film pour un casse-test, le passage d’un état à un autre. Le nonsense du mathématicien pédophile Lewis Carroll était toutefois plus fécond avec De l’autre côté du miroir (Through the Looking-Glass, and What Alice Found There, 1871).

 

FoRewind

   L’intérêt principal du film est de matérialiser le retour en arrière non seulement par l’image mais aussi par le son, ce que G. Martin à Abbey Road ne s’était pas privé, moyennant quelques psychotropes, avec les Beatles sniffant du kb, attirés par le sitar de lou Ravi Shankar. Le spectateur à l’impression, fausse, d’assister au montage en direct, donc au cœur du procès filmique. – Au passage, passées les longues et dégoulinantes plages de cordes à la Hans Zimmer[11], les beats technos de Ludwig Göransson (les derniers Rocky et Black Panther, R. Coogler, 2018, dont l’acteur principal, C. Boseman, vient de mourir) sont une grave tuerie, sans omettre le même auto-Tune, plus écoutable, utilisé dans le dernier single de Sébastien Tellier -. La seule chose à retenir, c’est une scène de combat inversée, répétée (effet Koulechov), aussi marquante que celles du wu xia pian Tigre et dragon (Wo hu cang long, Ang Lee, 2000) ou de Matrix (The Matrix, frères/sœurs Wachowski, 1999).

   Remontons le temps, c’est dans la thématique. Déjà les frères Lumière, avant Méliès – l’un des premiers acquéreurs de la caméra Lumière après la projection au salon indien -, filmaient cet effet spécial, l’un des premiers avec la surimpression, le retour en arrière (La démolition d’un mur, 1897[12]. Qui n’a pas vu la chute d’une tour de banlieue explosée à l’envers ?). C’est l’occasion d’affirmer enfin que la traditionnelle partition Lumière (neutralité et objectivité, documentaire) / Méliès (divertissement) est totalement fausse et artificielle – une querelle intellectuelle et une dichotomie, comme il est dit dans le triste sérail, bien françaises.

   Le début du XXe, c’est le cinéma, né en 1895, qualifié, stupidement, de « primitif » et la découverte de la théorie de la relativité restreinte d’Einstein (parution en 1905). A ce titre, le train est classiquement la métaphore des deux. Dans Tenet, le travelling rapide sur la grille, décomposant le mouvement, lors de la scène primordiale de l’attente de la mère à l’école (clin d’œil à la scène familiale finale d’Inception, 2009 répétée précédemment avant sa résolution) remémore les travaux du physiologiste E.-J. Marey ainsi que ceux de Muybridge ; les rotors bicolores des hélicoptères rappellent, sans walkyrie, le cache sur l’obturateur dans le projecteur et l’effet d’optique dont s’inspira Duchamp pour ses rotoreliefs vantés au concours Lépine.

 

*

 

   Warner aurait pris un risque : un blockbuster est sorti pour la première fois en Europe avant les Etats-Unis. Les pros du marketing tremblent dans leur sombre veste. Les chiffres Warner ne sont communiqués que le lundi 31 août, du jamais vu. Peut-être, foi de clair-obscur, que nous ne comprenons rien, qu’il faut ressentir – sans arriver à une immersion digne d’une installation d’art contemporain – comme l’indique la bande-annonce, mais dès le début, nous pressentons très vite qui fait quoi. Voir le shakespearien Branagh avec l’accent russe ne manque pas de piquant : il a cachetonné. Paradoxe amusant aussi de voir le cockney Caine, un fidèle de Nolan, en Sir. Pattinson est un faire-valoir potable, avec une dose de mystère, sans être un Sancho Panza – le film manque d’humour comme tout complotiste qui se respecte.

   Kubrick, auquel la scène de guerre fait référence (Full metal jacket, 1987), serait fou : pour voir dans de bonnes conditions Tenet en Europe, il faudrait aller … dans la salle Imax 70mm de Londres, c’est un peu loin ! Sinon Bruxelles voire, mais en moins bien, Montpellier, peut-être des copies 70 mm à Paris – pour un pays qui a inventé le cinéma, c’est chiche … J’avais vu Interstellar, ce film au scénario tenant sur un confetti, dans la salle Imax de Vaux-en-Velin dite La Soie où l’image était gonflée en hauteur et largeur. Ici, en Dolby cinéma, soit un billet à un peu moins de 20€, c’est cher le siège qui se déplie pour s’allonger, surtout pour enfoncer continûment des boules Quiès tout du long, tout comme lors de Dunkerque (Dunkirk, 2017), son film le plus réussi sur les temporalités et leurs convergences !

Tenet, Christopher Nolan, 2h30, USA, couleurs, Imax 70mm, Dolby digital.

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[1] Le tourniquet remplace ici l’invraisemblable « tesseract » d’Interstellar, avec encore le physicien théorique Kip Thorne comme caution autour de ses travaux sur la théorie de la relativité générale d’Einstein ; l’entropie introduite par Clausius à partir du principe de Carnot dans la deuxième loi de la thermodynamique et pourtant aucune évocation de son inverse, la néguentropie ; l’évocation du modèle standard des forces mais pour autre chose ; les algorithmes qui disputent la résilience – revivre après les chutes des twin towers – au podium de l’idée reçue mise à toutes les sauces.

[2] Préceptes ; méditation autour du temps, et ce, depuis son premier film Following – Le Suiveur (Follower, 1998), qu’il soit linéaire en occident, loin toutefois de Saint Augustin, soit circulaire comme chez les hindouistes, forts présents ici notamment sur la conséquence de nos actes, et les bouddhistes mais nous sommes plus en confusionnisme qu’en confucianisme; la remise en cause du principe de causalité bien mis à mal depuis la découverte de la mécanique quantique, angle mort de la pensée einsteinienne pour qui « Dieu ne joue pas aux dés » ; le renouvellement éthique depuis Aristote et Kant avec le Principe responsabilité d’Hans Jonas, disciple d’Heidegger.

[3] Quoique le transcendantalisme, artistiquement fructueux, dont se réclame Lynch n’est pas loin d’être une secte avec les dangers afférents.

[4] La science à la portée des caniches : la relativité d’Einstein, la physique théorique avec le paradoxe du grand-père (cf. Le Voyageur imprudent de R. Barjavel, Retour vers le futur, R. Zemeckis, Terminator, J. Cameron), l’évocation du spectaculaire Feynman, la vulgarisation évoquant avec humour le fait de « pisser contre le vent ».

[5] Le projet Manhattan dirigé par Oppenheimer contre lequel s’était finalement opposé Einstein et d’autres ; sans le talent d’un Tarkovsky (Stalker, 1979), Stalsk 12 repose sur le modèle des villes soviétiques fermées, secrètes (Zato) destinées à la fabrication nucléaire qui ont bien existé ; l’uranium 235, le plutonium, etc.

[6] Platistes ; anti darwinisme avec les créationnistes, les tenants de la singularité ; révisionnisme concernant différents faits historiques, des camps de la mort avec les révisionnistes et négationnistes Faurisson et consorts, à la covid 19 soi-disant échappée d’un labo P4 chinois croisée avec le cytomégalovirus (sida) en passant par le remise en cause du 11 septembre – Tenet était le nom de code du directeur de la CIA – par le réseau Voltaire, etc.

[7] Dont se réclame ce spécialiste du Nouvel Hollywood, le critique de cinéma J.-B. Thoret. Voir les dénonciations par Sokal et Bricmont dans Impostures intellectuelles (1997) de l’utilisation peu pertinente et abusive des concepts ou vocabulaire des mathématiques ou de la physique chez Lacan, Kristeva, Irigaray, Latour, Baudrillard, Deleuze, Guattari et Virilio.

[8] Le titre du livre, autre produit dérivé, sur les coulisses du film est : The Secrets of Tenet : Inside Christopher Nolan’s Quantum Cold War.

[9] La plupart des films de Nolan ont connu leur deuxième meilleur chiffre d’affaires en Chine.

[10] Un temps, il a été envisagé un 007 noir puis une 007 noire lesbienne.

[11] L’horrible musicien habituel de Nolan était indisponible car prévu pour le Dune de Villeneuve qui ne peut être que meilleur que celui de Lynch (1984) !

[12] Suite à un incident de l’opérateur Lumière oubliant d’éteindre la lampe à arc lors du rembobinage du film devant un public effrayé. L’invention vient de l’erreur – même si c’est faux pour la tarte tatin qui ne s’est pas renversée en tombant.

Arc narratif [Schéma] :

[Manuscrit] Bibliorama

chant 1 tôkyôto §11 & 12

du rififi à tôkyôto, fuzz and co : affaire du courrier jusque juges assassinés – spectateurs criant sac, sac, sac sur bips film boisset, le même que dupont lajoie, censuré, avec météore deweare et mannequin reconvertie clément, la même, nue, dans scène colonie française dans apocalypse now redux et final cut pour financer cuvée coppola – en passant par fameux gang, convoyeur fuyant avec butin – million manquant 😕 c’est votre dernier mot -, super flic décoré passant ligne volte-face jusque schtard quand réalité dépasse frictions. société divertissement, propriétaire rue glosée abandonnée hypercentre – où, pan dans le bec, officia chef étoilé entubé, expatrié en chine, par classe politique locale via fuzz – organisant meeting en dépassement comptes campagne pour président république élu, pourtant avalisés par énième comité théodule à la solde. malheur aux vaincus. selon un cocktail des cocteau, français, ritals mauvaise humeur ; corruption plus diffuse. tout s’arrange. surtout pour riches, entre eux. se réfugier avec yacht dans île disneyland fabriquée par néonéolibéral petit-fils milton friedman seasteading institute, autour selgaverland où opticien constate atol corail blanchi – confirmé par satellites sans déterminer si minéral ou végétal. humus pour fuzz. façon houdini, ghosn is gone se fait la malle dans housse instrument : se prépare pour jo tôkyôto souvent supprimés – fatalitaire cause tu n’as pas tout vu à – picadon – hiroshima réplique pour qui épèle phonétique, – boum – nagazaki, in godzilla we trust, tsunamis activés par fuzz, fukushima – sagai : eau dans feu dans eau – et tout tremblement – constipés tôkyôto, kobé – et ses répliques

dessus gassouilles=crottes=gabouilles=orphelin de muraille d’happins=alarmistes= !ouah ouah, après avoir fait traîneau, chaque pierre est carotte – tout paysage est horizon d’évènement, passé-présent-futur comme face mont cindre, sainte-victoire par cézanne, bibémus papam, avec spectre bataille cimbres -, déjà icicaille guerre religions. féroces protestants dans hexagone – qui aurait 4 coins au pays rosicrucien descartes, celui soi-disante rationalité. révolution, durement réprimée, pas finie, en monarchie républicaine où phrygien perd élytre et traits d’union, frigide égalité-liberté-fraternité, où pointe enfin sororité, bafouée chaque seconde – 119 : tuée car soupe pas assez chaude – et invoquée sans cesse. fin contrat social et pacte sécurité – léviathan lave plus blanc, lévite. fossés se creusent en abîmes. émargent sans-culottes émergent #guillotine2020 même si cahiers doléances grand débat terminent dans invention préfet=poubelle. haut panier crabes. west point godwin. élite se reproduit en toute consanguinité pour enfanter après tcherno – nuage radioactif s’arrêta douane sans se faire bile sur indication fuzz, aucune condamnation ; autour centrale ukraignos, pourléchée pendant pandémie par incendie cause sécheresse, tourisme tour operator fuzz développé grâce série us aboutissant à jeunettes à poil en selfie, drôle d’us, avec atomes crochus et plus si affinités sur deutérium 235 sur fond survivalisme – têtes de pine=spoke=vol 747, « le meilleur d’entre-nous » ou tentation de nevise – dans placard doré conseil constitutionnel après direction bordeaux chesnel – « nous n’avons décidément pas les mêmes valeurs » argue voix canard chaban- et sa nouvelle société – après quelques lacunes, condamnation et exil québécois mais dumas, que genet, avec circassien et romanesque romanès, avait dévalisé en grimpant mur dudit baveux=blanchisseur, n’était pas un saint non plus, avec pompes berluti en peau de ______ à peau des fesses, ses œuvres d’art volées, comme malraux, sa « putain de la république », la fille à la balançoire qui balance dans garçonnière, tout comme « responsable mais pas coupable » fabius pictor dédouanné par ses pairs=cour justice république en jury croupion pour sang contaminé, pas plus que debré (vilain canard dynastie républicaine dont carrington fut premier sinistre république qu’il créa toute pièce avec école hauts factionnaires, enul) porte-flingue du chi contre sharko se découvrant auteur polar sur tard -, avec cuillère en rageant, lobbyistes, politiques et journalistes avec crâne de toulouse win-win – sky is not a limit – issus mêmes grandes écoles sélectives, mandarinat éculé, favorisant endogamie, dit creuset avec ascenseur social en panne, tropdicieux=rentiers qui multiplient gains – crémastères & chrématistique – dont ils ne peuvent profiter en une seule vie tel jabba le hutt. toujours, toujours plus=pléonéxie. maulgouvert. capitain kirk, entreprise connaît pas crise, chante reprise common people different class jarvis cocker de pulp, maigre consolation. mortifère égalitarisme. potains martyrs en mémoire. irenée renaît rue des martyrs (400 coups puis arditi)

 

[Ciné] Été 85 violent

« La seule chose qui compte, c’est de réussir d’une manière ou d’une autre à échapper à son histoire. »

Dance On My Grave, A. Chambers / Été 85, F. Ozon

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  Introït

   J’avais osé Ozon et puis j’en ai eu ma claque de la subversion facile pour bobos autour du sexuel. Bien qu’Ozon n’ait pas l’impression de tourner des films « genrés », marre aussi de ces films qui se complaisent sur les homos comme si le choix d’une sexualité est révolutionnaire comme se teinter les cheveux en bleu, rouge, blanc ou autre, porter des tatouages ou des piercings, c’est devenu banal au point de presque devenir une injonction : si tu n’es pas lgbtqia+, tu n’es pas in voire pas contestataire ou transgressif – il est pourtant possible de l’être comme ceci mais autrement aussi. Dans une société française globalement encore homophobe, actes malveillants à l’appui, les valeurs changent lentement : ce n’est certainement pas aussi violent de se déclarer homo actuellement que dans les années 80 sur fond, en plus, de sida – toujours présent, il ne faudrait pas que la covid 19 nous le fasse oublier. Que chacune, chacun fasse ce qu’il veut, la liberté est pour tous ! La France, qui a certes encore de grands efforts à fournir, n’est tout de même pas l’Iran, l’Arabie Saoudite ou la Russie. Le film se situe avant la conscience globale des dangers du sida et avant la mode du coming out.

Bref, je me suis rabiboché grâce au film-dossier nécessaire Grâce à dieu (2018). Suite aux problèmes, notamment judiciaires, à la sortie, Ozon a voulu tourner ensuite un film plus léger en puisant au fond de lui-même.

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   Après avoir lu ado le livre controversé et fondateur paru en 1982, qui a infusé en lui, Dance On My Grave[1] à la construction intéressante[2] ainsi que la présence d’un travestissement[3], d’une morgue[4], d’un cimetière[5], d’une transmission prof/élève[6], du britannique Aidan Chambers[7], inspiré d’un fait divers lu dans The Guardian en 1966, Ozon voulait l’adapter[8] pour son premier film[9]. Bien qu’Ozon ait rêvé également que Gus Van Sant[10] ou Rob Reiner[11] tournent l’opus[12], il sera le 23e film du prolifique[13] Ozon, comme Fassbinder qu’il a adapté[14]. Il a l’intelligence ici de ne pas faire de l’homosexualité son sujet central, racontant une passion de vacances entre deux personnes tiraillées par leurs désirs, énonçant des fragments de discours amoureux discordants en pratique[15] où les protagonistes ont « le même tempo, mais pas le même pattern »[16] comme le démontre cette importante scène débutant dans une discothèque avec boule à facettes et strobo où l’un, croquant la vie, libre, sauvage (« Plaire, aimer et courir vite » C. Honoré, 2018), danse frénétiquement alors que l’autre, demandeur, romantique est passionné, possessif, avec son walkman sur les oreilles[17] sur Sailing de Rod Stewart (1975)[18]. La longue scène, magistrale, se termine sur un feu de camp à la plage où les potes reprennent la chanson à la guitare. Le tube sera repris, plus lourdement, pour une scène-clé avec chorégraphie du coucou par Preljocaj aussi forte que le final de Beau travail (C. Denis, 1999).

A noter que des scènes en plan fixe dans lesquelles les acteurs exécutaient l’intégralité des positions du kamasutra[19] ont été heureusement coupées au montage : Ozon nous épargne enfin des scènes gratuites de cul voyeuristes qui brouillent la narration, ouf, point de très porc ! Après les zones érogènes, les zones d’ombre.

Le temps de l’innocence

            Adolescence, intrigue, décennie et génération dépeintes, scène de fête avec musique rock du moment, super 16, ce film aurait pu rétrospectivement figurer dans la série Arte initiée par le regretté Chevalier, Tous les garçons et les filles de leur âge, avec des films projetés ensuite en salle en 1994 : Les Roseaux sauvages (Téchiné), L’Eau froide (Assayas) et Trop de bonheur (Kahn). Rien de tel qu’Été 85 en été sur les toiles, avec le label Cannes 2020, malgré l’offre alléchante de Netflix. Ozon résiste et tourne pour le cinéma, pas pour la tv ou une plateforme en streaming ; c’est un acte politique remarquable.

L’argentique capte la sensualité des corps, sature les couleurs en écho aux sentiments exacerbés ; la photo est granuleuse. La photo du chef opérateur Hichame Alaouié[20] est très travaillée : une scène avec une veste blue jean sans manches sur un fond marin avec trois bleus différents à la Rothko ou De Staël ; un bleu lumineux derrière une vitre translucide en angle façon Hopper ; la station balnéaire populaire du Tréport[21] avec ses falaises de craie blanche reflétant les sentiments exacerbés et remémorant l’Angleterre[22] du roman adapté tout comme cette anglaise[23], jeune fille au pair, qui se pare d’un brushing à la Cure comme Ozon à l’époque à l’aide de coca voire de salive.

Côté costumes, grâce à la fidèle Pascaline Chavanne : des pantalons retroussés, des jeans moulants façon Cyril Collard, des costumes canadiens en duo de jean superposés, un prof avec un pull façon motif de chaussettes Burlington à concourir au championnat du monde du pull moche (l’ambigu et excellent Poupaud[24]), des vestes lookées sport, des blousons trop larges, des Converse All Star aux pieds, des bandanas, des coupes mulet.

Alors qu’un révisionnisme tend à faire croire que les années 80 étaient l’acmé musical[25], le spectateur se délecte tout de même d’In Between Days[26]« Come back come back / Don’t walk away / Come back come back / Come back today  ; Reviens reviens / Ne t’en va pas / Reviens reviens / Reviens aujourd’hui ») de The Cure, qui fit finalement passer, à cause de Robert Smith, le film de 1984[27], année fondamentale[28], à 1985[29] ; Toute première fois de Jeanne Mas ; Cruel Summer des ludiques Bananarama ; le chœur masculin de Self-Control de Laura Branigan ; une daube qui m’a échappé, Stars de la pub de Movie Music dont est fan Jean-Benoît Dunckel, la moitié d’Air, qui signe ici une bande son discrète avec guitare acoustique, cordes et programmation électronique.

Dans la pièce d’ado, la photo de Balavoine sévèrement nuqué, du charismatique chanteur de Queen, Freddy Mercury en basquets, survêt’ et marcel, du regretté Daniel Darc sur une pochette de Chercher le garçon de Taxi girl, un poème de Verlaine[30] récité par un ado, Ovomaltine au petit-déj.’, du papier Clairefontaine dans la réserve d’un magasin. Et même une DS ! Que de souvenirs !

Eros & Thanatos : « L’amour à la plage » (Niagara) et la mort ou Être et avoir été 85

            Pour Ozon, « c’était important qu’on soit dans la tête d’Alex, qu’on partage ses émotions, qu’on partage sa vision complètement idéalisée de sa relation avec David, et puis tout à coup un retour au réel. Ce retour au réel est douloureux mais, ce que j’aime chez ce personnage, c’est qu’il a une capacité à s’échapper du réel puis à finalement l’affronter, à aller de l’avant en sublimant son histoire par l’écriture. Parce que tout ce qu’on entend en voix off, c’est lui qui écrit. Il y a ce jeu de mise en abyme par rapport à la création : il réinvente cette histoire, il essaie de la raconter au juge, à l’assistante sociale, et il en fait un roman. ». L’histoire débute donc, à l’ancienne, par une voix off : « Entrée en scène de David Gorman. C’est lui le futur cadavre. » énonce sur un ton neutre Alexis entre deux gendarmes. Sur le bateau Le Tape-cul, Alexis chavire à la suite d’un orage. Le bellâtre David, avec sa dent de requin sur son poitrail exhibé symbolisant la fureur de vivre, sur la Calypso[31] le sauve. Coup de foudre, le cœur chavire, intermittences dudit cœur. Le filon Plein soleil (R. Clément, 1960) n’est exploité que pour la photographie. Ozon se concentre sur la psychologie d’adolescents fragiles, leurs relations mouvantes comme le temps normand. Les comédiens Félix Lefebvre[32], et, le déjà horripilant, Benjamin Voisin[33], fils d’un prof du Cours Florent qu’il fréquenta, fan de Belmondo et Dewaere, s’inspirent avec complicité de teen-movies[34].

            Si dans La vie d’Adèle (Kechiche, 2013, Palme d’or à Cannes), la famille d’Adèle mange des nouilles à la sauce tomate bolognaise tandis que celle de l’arty Emma, plus bourgeoise, s’empiffre d’huîtres[35], dans Été 85, la mère[36], pudique, déboussolée, neurasthénique, inquiète et tendre, qui peine à comprendre les troubles, sans les ignorer et sans rejeter le fiston ou l’oncle Jacky, épluche des patates au Tréport tandis que les plats se multiplient chez la gérante de « la Marine », une boutique locale de matériel pour la pêche et accastillage, une petite bourgeoise d’Yport, mère juive excitée ou mère poule exubérante et possessive (« Ma mère voit que ce qu’elle veut bien voir. » dit David), endeuillée incarnée par Valeria Bruni Tedeschi, une habituée d’Ozon[37], qui change inexplicablement de coiffure au cours du film. Ici tout est non-dit, « il y a des mères qui se doutent de l’homosexualité de leur enfant mais qui ne disent rien, un père [docker] qui, peut-être, n’en pense pas moins ». Alexis, renommé Alex par l’amant – car ce qui s’approprie se réintitule -, s’entiche, comme Ozon enfant, de rites funéraires de l’Égypte ancienne. Nous apprendrons également comment se déroule l’enterrement chez les juifs.

*

            Un beau film, charnel, mais au faux suspense décevant malgré quelques interprétations ouvertes. Une intéressante nouvelle piste d’Ozon où la nouvelle voie, ou le poncif de l’art comme thérapie, pointe au bout d’une initiation marquée par un trauma. La mort hante : le prochain film, avec Sophie Marceau, sera une adaptation du roman d’Emmanuelle Bernheim[38], Tout s’est bien passé (2013) dans lequel elle raconte la fin de vie de son père.

 

Été 85, François Ozon, 2020, 1h40, 1:85, 35mm, France, couleurs.


[1] Danse sur ma tombe, titre traduit en français « logiquement » en La danse du coucou.

[2] Avec dessins, extraits d’articles de presse, changements de points de vue, reprises de séquences sous un autre regard.

[3] Une robe d’été, Ozon, 1996, Une nouvelle amie, Ozon, 2014.

[4] Sous le sable, Ozon, 2000.

[5] Frantz, Ozon, 2016.

[6] Dans la maison, Ozon, 2012.

[7] « Après trente-huit ans d’attente, François m’a donné ce que j’attendais. Le résultat est un beau film – à mon avis l’un de ses meilleurs – et je me dis qu’aujourd’hui à 85 ans ça valait la peine d’attendre. »

[8] Un scénario, perdu, intitulé en référence à Vian, J’irais danser sur ta tombe, plus linéaire et violent, avec un contexte effacé (assistante sociale, différences de milieux, judaïsme), avait été écrit, très jeune, avec un ami.

[9] « J’ai essayé de faire le film pour l’adolescent que j’étais. Quand on est ado, on aime bien le mélange des genres. On peut passer de la farce au tragique, du rire aux larmes. »

[10] My Own Private Idaho, 1991, entre autres.

[11] Réalisateur de Stand by Me (1986).

[12] Un réalisateur français, un italien et un danois ont dû lâcher l’affaire par manque de moyens financiers.

[13] Les films de genres comme le drame psychologique, le thriller érotique, la comédie musicale et le drame ; le romanesque d’après Elizabeth Taylor, Ruth Rendell et Joyce Carol Oates, les pièces de théâtre adaptées de Robert Thomas, Montherlant, Barillet & Grédy et Juan Mayorga.

[14] Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, Ozon, 2000.

[15] « L’histoire est vraiment faite de la confrontation de deux conceptions amoureuses. De quelqu’un de très naïf, qui est dans l’idéalisation de l’autre, et de quelqu’un qui a plus de maturité, d’expérience et qui est peut-être plus cynique par rapport aux sentiments. » précise Ozon.

[16] Duo, Katerine / Angèle + Chilly Gonzales, Confessions, Katerine, 2019.

[17] Référence explicite à La Boum (Cl. Pinoteau, 1980).

[18] Ce slow pour pub anglais, repris des Sutherland Brothers (juin 1972), où le chanteur écossais, partant aux USA pour un problème d’impôt, clame son mal du pays, sa solitude (« I am dying, forever crying », « Je me meurs, je pleure à jamais »).

[19] « On va faire nos scènes à la Kechiche. » (rires).

[20] Nue Propriété, 2006 et Élève Libre, 2008 de Joachim Lafosse.

[21] Côte d’Albâtre, Seine-Maritime, Normandie, Ozon abandonnant sa Bretagne préférée.

[22] La station balnéaire ouvrière de Southend-on-Sea au sud-est.

[23] Une norvégienne dans le roman. L’Anglaise est jouée par l’anglo-belge Velge.

[24] Déjà présent dans Le Temps qui reste, 2005, Le Refuge, 2009, Grâce à dieu, 2018.

[25] Et pourtant, selon Ozon, « on a tendance à idéaliser les années 80 aujourd’hui, alors que c’était une période politiquement d’ultra-libéralisme ; il y a le sida qui nous tombait dessus, l’explosion du chômage… Dans mon souvenir, les années 80 étaient des années ingrates. Les costumes étaient affreux, les gens s’habillaient mal, la musique était nulle. Mais en même temps, je me suis dit qu’il pouvait y avoir encore quelque chose de sexy dans les années 80 ».

[26] Single de l’album The Head on the Door, 1985.

[27] Référence doublée à Été 42, Summer of ’42, Robert Mulligan, 1971.

[28] L’évêque sud-africain Desmond Tutu Prix Nobel de la paix ; le secrétaire général de l’ONU, Javier Pérez de Cuellar appelle à la mobilisation contre la famine en Afrique ; Pinochet rétablit l’état de siège au Chili ;        réélection de Ronald Reagan ; Indira Gandhi est assassinée en Inde par ses gardes du corps sikhs ; catastrophe de Bhopal ; guerre du Liban, un camion-suicide explose devant une annexe de l’ambassade des États-Unis à Beyrouth ; guerre Iran-Irak ; mort de Iouri Andropov, le Politburo choisit Konstantin Tchernenko en URSS ; grève des mineurs britanniques ; Jacques Delors est nommé président de la Commission européenne ; les élections européennes marquent la percée du Front national et le recul historique du PCF ; poignée de main entre François Mitterrand et Helmut Kohl à Douaumont ; le père Jerzy Popieluszko est assassiné en Pologne ; attentat contre le train Naples-Milan ; la loi Savary et ses manifestations ; mort de Foucault, Truffaut, l’éditeur Leibovici est assassiné ; l’affaire du petit Grégory ; la naissance de Canal+ et du Top 50 ; Fabius premier ministre ; le premier vol de la navette spatiale Discovery ; le premier Macintosh d’Apple ; les JO de L.A. ; l’accident de Michaël Jackson, Marvin Gaye assassiné par son père. L’année d’Orwell ; 1984 d’Eurythmics ; Maman a peur de Mylène Farmer.

[29] Année entre autre de la mort de Rock Hudson à cause, officiellement, du sida.

[30] Pas le Sonnet du trou du cul, co-écrit avec Rimbaud, qui valut à un prof de français d’être viré de l’Education nationale.

[31] Référence Cousteau et France Gall.

[32] Un sosie de River Phoenix, qui a déjà joué dans L’heure de la sortie, Sébastien Marnier, 2018 et la série Infidèle, 2019.

[33] Il a joué dans la mini-série Fiertés sur Arte de Philippe Faucon, 2018, La Dernière vie de Simon, Léo Karmann, 2019, un film hommage aux années 80 des Zemeckis ou Spielberg, et Un vrai bonhomme, Benjamin Parent, 2019 où il est récompensé au Festival du film romantique de Cabourg ; prévu en Lucien de Rubempré avec Depardieu, Jeanne Balibar, C. de France, Vincent Lacoste et Dolan dans La Comédie humaine de X. Giannoli, 2020 d’après Les Illusions perdues de Balzac ; dans le prochain film de Morgan Simon, il sera un astrophysicien incapable de séduire une femme.

[34] Grease (Randal Kleiser, 1978), Outsiders et l’esthétisant  Rusty James (Francis Ford Coppola, 1983), La folle journée de Ferris Bueller (Ferris Bueller’s Day Off, John Hughes, 1986), Call Me by Your Name (Luca Guadagnino, 2017), Quand on a 17 ans (A. Téchiné, 2017) mais aussi Le genou de Claire (1970), Pauline à la plage (1983) et Conte d’été (1996) d’Eric Rohmer qui fut le professeur d’Ozon (« C’est un teen movie, qui s’adresse aux adolescents d’aujourd’hui et aux adultes qui ont encore une part d’adolescent en eux. »).

[35] Métaphore peu subtile !

[36] L’excellente comédienne et metteure en scène Isabelle Nanty, pendante ici de Balasko dans Grâce à dieu, 2018.

[37] 5×2, Ozon, 2004, Le Temps qui reste, Ozon, 2005.

[38] Qui inspira récemment Alain Cavalier (Être vivant et le savoir, 2019).

 

[Manuscrit] Bibliorama

chant 1 tôkyôto §9 & 10

pilotisée sur uligineux : ville en vrille. en tetris©, habitations apparaissent façon abeille en jardin statuaires, comme champis après tcherno, disparaissent, réapparaissent autrement au gré – nombre réhabilitations : population aisée entassée d’haut dans cubes perspectives giotto à digicodes en mycélium hypercentre – la forme d’une ville change plus vite, hélas ! que le coeur d’un mortel – spécule à côté apparts vides, loués pour compléter salaire ou financer retraite chiche ou remplir rentiers=pain plus que cuit malgré impôts lourds comme eau ; ville gluante comme méduse inverse étend tentacules où pauvres s’éloignent – avec montée d’eau (réchauffement climatique), riches de bords d’eau envahissent centre gentrifié où pauvres désormais exclus jetés en pâture inondations malgré plans préventions

     babylone zoo en gomorra. omertà comme tire-moi-d’ssus sans mascarpone. pieuvre fuzz pénètre toutes couches société. se nourrit, entre autres, ordures, traitement et recyclage. grèves poubelaïres, déchets, encombrants ou non, suants et puants air libre où retour négs de petit croche, vie en bémols plus que sinusoïdes – tendance plus baissière qu’haussière – ou flexuosités, piochent. odeur pas nice. sur quais, échappée d’hypermarchés, zombie walk maquillages dégoulinants cause canicule en chantant thriller sans rire price puis kiss grâce fanfare métale non létale sur plage dynamique & éphémère. fuzz en body snatcher de consommateur – sont partout car vérité ailleurs ; en écosse, gosses précoces écossent=égoussent les cosses d’où village damnés et autres goules. retour à niche : pays pauvres sous férule fuzz renvoient en boomerang équevilles avec force plastique polluant jusque fosses mariannes et estomac gros poisson jonas : sous-traitants chine abdiquent. ça plane pour personne

 

[Ciné] Lucky strike met le paquet sur le polar gore

Lucky Strike (Jipuragirado jabgo sipeun jibseungdeul, Beasts That Cling to the Straw), Kim Yong-hoon, 2020, 108 mn, Corée du sud, couleurs.

luckystrike1

Monde d’apprêt

Retrouver enfin les salles obscures pour se faire une toile malgré des injonctions paradoxales (porter le masque en mouvement ; possibilité de l’enlever dans la salle, moyennant le respect des distances mais en omettant la possibilité réelle de diffusion du virus par la climatisation – quand elle ne vous transit pas sur place – vantée comme argument de vente lors des canicules). La distanciation dite sociale est pratiquée de fait : les salles sont vides – ce qui plaide en faveur de ma thèse pessimiste de la disparition progressive, à déplorer, des salles de projection au profit du streaming individualisé dans une transition globale vers une économie, donc un mode de consommation, numérique dite dématérialisée tout aussi polluante (data centers), contrôlable à souhait et, finalement, plus chère pour le consommateur. Il faut dire que, pour une reprise – l’industrie cinématographique se tire une balle dans le pied -, le spectateur n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Alors que, à cause du confinement, le trou (du tournage à la post-production en passant par la communication) ne devrait être sensible qu’en 2021, ressortir – pour finir leur cycle de première vie – des films moyens, interrompus de projection au printemps, sortir des films bas de plafond, ne suffit point puisque les salles UGC et Pathé comblent les vides avec des films plus anciens, comme ceux, par exemple, de C. Nolan, en attendant son blockbuster Tenet. Le cinéma n’est pas à la fête ! Les dés auraient pu être jetés autrement en bousculant enfin nos habitudes avec des films importants en plein été : l’occasion, unique, n’a pas été saisie par frilosité, belle métaphore du « monde d’après ». Peninsula (Train to Busan 2, Yeon Sang-ho), suite très attendue du Dernier train pour Busan (Busanhaeng, Train to Busan, 2016) a été logiquement reporté. Depuis un certain temps, l’ancestral cinéma sud-coréen me console, à quelques exceptions près, des blockbusters décérébrés d’une industrie hollywoodienne en panne d’inspiration rongée par l’entertainment ou divertissement infantilisant pour un jeune public cible désertant les salles ou de lassants films européens d’auteur au scénario creux tenant sur une unique idée, parfois originale mais insuffisante, pour contenter les cinéphiles – pilier de la silver économie – saturés de surproduction subventionnée, le tout se réfugiant de dépit dans des séries au scénario et aux effets visuels parfois plus inventifs, repères de metteurs en scène prestigieux pouvant enfin s’exprimer sur la longueur dans un système économique viable pour eux. Bref, et vlan, me voici à promouvoir un bon film, réjouissant, drôle et glaçant, au titre de marque de cigarette malgré la loi Evin ! Ça bout au pays des matins calmes : chaque été, un polar sud-coréen bien saignant sur le plateau !

Buitoni pimentée sur ketchup sur kimchi

Le titre du film, Lucky Strike (Jipuragirado jabgo sipeun jibseungdeul), signifie « Les bêtes qui s’accrochent à un brin de paille » (Beasts That Cling to the Straw). Lucky Strike – vanité de la superstition -, c’est le paquet qui porte chance avant d’achever d’un cancer. Lucky Strike désignait aussi le coup de bol qui, d’une chiquenaude, basculait la vie d’un prospecteur tombant sur le filon lors de la ruée vers l’or. Get Lucky ! Le réalisateur part du point de vue suivant : « J’avais envie d’interroger les spectateurs : que feriez-vous si vous tombiez sur un sac de billets ? ». L’argument est classique, de l’hard boiled hollywoodien (la femme fatale, le brave type honnête, l’homme endetté jusqu’au cou, le gangster méchant, le flic corrompu) jusqu’à Tarantino (narration éclatée ; personnages bavards avec, ici, scène de repas où trois personnages croquignolets dissertent à table sur la découverte d’un corps découpé pêché au fond d’un lac ; scènes étirées sans être ici ennuyeuses ; explosions de violence comme cette baillive toute tatouée prenant un malin plaisir à torturer sa victime en balançant, clope au bec, quelques blagues ; la mystérieuse mallette noire dans Pulp fiction, 1994; Jackie Brown, 1997), les frères Cohen (« excellents pour créer le suspens tout en générant de l’humour à l’intérieur de ce suspens. » : Sang pour sang, Blood simple, 1984 ; Fargo, 1996 ; No country for old men, Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme, 2007) voire G. Ritchie en passant par E. Leonard beaucoup adapté (Monsieur Majestyk, Mr. Majestyk, R. Fleischer, 1974; Paiement cash, 52 Pick-up, J. Frankenheimer, 1986 ; Get Shorty, B. Sonnenfeld, 1995; Hors d’atteinte, Out of Sight, S. Soderbergh, 1998; QT) : touchez pas au grisbi ! Le MacGuffin est un sac d’une marque française de luxe avec moult moula. « Quand tu as de l’argent, tu dois te méfier de tout le monde, même de tes parents », telle est la sagesse de la Madame Claude ou macrotin au tatouage de requin. Au menu, 8 salopards, en réaction en chaîne alimentaire comme des plats coréens défilant sur tapis roulant sous le nez titillé du badaud au resto, avec des trognes caractéristiques (notamment le bouffon, la Carpe, joué par Park Ji-hwan digne de Trainspotting, Danny Boyle, 1996) correspondant à un archétype du cinéma asiatique : un douanier louche (Jung Woo-Sung), une maquerelle psychopathe (Jeon Do-Yeon), un flic pot-de-colle, léthargique au point d’être à côté de la plaque sans l’être, un mafieux tatoué prêteur sur gage sanguinaire (Jeong Man-Sik), un ouvrier laborieux, une ménagère sans histoire, une femme battue et hôtesse de bar, cynique (Shin Hyun-Bin) et une jeune petite frappe, clandestin chinois, teinté blond. A cette galerie pittoresque, s’ajoute un adjoint mafieux mutique – Bae Jin-woong en sorte de requin / shark chez James Bond agent 007 -, tatoué jusqu’aux ongles et cannibale (magnifique plongée sur dégustation marine crue et gluante) – la figure cannibale est récurrente dans le cinéma coréen de genre. Gangster style. Mais encore ? Une forêt trempée de pluie, une casse automobile, une love room éclairée de néons dans un Pigalle coréen brillant de mille feux ; des coups bas entre mafieux, des psychopathes, des putes, des pigeons et un flic.

Explosif wok on the wild side

Le casting est aux petits oignons pour un marigot dans l’aquarium : Jeong Woo-Seong (hits commerciaux avec Steel Rain, Gangcheolbi, 2017 ; Le Bon la brute et le cinglé, The Good, The Bad, The Weird, Joheunnom nabbeunnom isanghannom, 2008), Jeon Do-yeon (prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 2007 pour son rôle dans Secret Sunshine, Milyang, Lee Chang-Dong, 2007 ; The Housemaid, Hanyo, Im Sang-Soo, 2010), Bae Seong-woo (The Great Battle, Ansisung, Kwang-shik, 2018), Jeong Man-sik (Chronicle of a Blood Merchant, Heosamgwan maehyeolgi, Ha Jung-woo, 2015; Man of Will, Daejang Kimchangsoo, Lee Won-Tae, 2017), l’actrice doyenne Youn Yuh-Jung (La femme insecte, Chungyo, Kim Ki-young, 1972; Une femme coréenne, Baramnan gajok, 2003, Le vieux jardin, Orae-doen jeongwon, 2006, In Another Country, Da-reun na-ra-e-seo, 2012, Hill of Freedom, Ja-yu-eui eon-deok, 2014, Un jour avec, un jour sans, Ji-geum-eun-mat-go-geu-ddae-neun-teul-li-da, 2015, Ha ha ha, Hahaha de Hong Sang-soo, 2010; Geuddae geusaramdeul, 2005, L’ivresse de l’argent, Donui mat d’ Im Sang-soo, 2012) ici en mamie gaga, incontinente mais lucide sur l’histoire chaotique de son pays (« Tant que nous sommes vivants et que notre cœur bat encore, il y a de l’espoir… »).

Du coup, le réalisateur a pris la « décision d’adapter la lumière à chaque personnage. Par exemple, une lumière blanche pour Yeon-hee, bleue pour Tae-young etc. Au-delà des personnages eux-mêmes, j’ai essayé de penser à des lumières qui correspondent au mieux à ce qu’éprouvent les protagonistes. Par exemple, quand nous essayions de faire ressentir l’anxiété et la solitude du personnage de Tae-young, nous avons utilisé un néon. Pour Jung-man, qui est le personnage le plus “ordinaire”, on a davantage travaillé avec une lumière naturelle. » Le travail du chef de la photographie, Kim Tae-sung (Best Cinematography Award en Corée en 2018 pour Keys to the heart, Geugeotmani Nae Sesang, Choi Sung-Hyun ; il a travaillé sur des films importants comme Hard Day, Kkeut-kka-ji-gan-da, Kim Seong-hun,  2014 ou Tunnel, Teo-neol, Kim Seong-hun, 2016), est hallucinant de maîtrise et de beauté (par exemple, ce mur d’angle centré, partageant l’écran en deux, avec bagnole en rade au milieu d’une étrange lumière ; traversée de plan à toute allure sous un ciel entre chien et loup, etc.).

La dream team ne s’arrête pas là : la directrice artistique, chargée des décors et des accessoires – le réalisateur étant réputé pour son sens du détail – est Han Ah-rum qui a travaillé sur A Single Rider (Sing-geul ra-i-deo, Lee Zoo Young, 2017), l’excellent polar Sans Pitié (Bulhandang, Byun Sung-hyun, 2017, remémorez-vous : « J’aime pas les poissons morts, t’as l’impression qu’ils se foutent de ta gueule et j’ai l’impression qu’ils me racontent des  conneries. ») et, récemment, dans 1987 : When The Day Comes (1987, Jang Joon-Hwan, 2017) ; la responsable des costumes Cho Hee-ran, qui a déjà habillé les acteurs dans A Man and A Woman (Nam-gwa yeo, Lee Yoon-ki, 2016), A Violent Prosecutor (Geom-sa-oe-jeon, Lee Il-Hyeong, 2016) ou Sans Pitié (Bulhandang, Byun Sung-hyun, 2017), permet au spectateur d’identifier les différents personnages sans qu’il ne s’y perde.

 

La qualité est exceptionnelle, jusqu’au magnifique générique de fin très graphique, pour un premier film, sélectionné au festival du film policier de Beaune dans la section sang neuf et primé (prix spécial du jury) au festival international du film de Rotterdam. Après avoir étudié le cinéma à l’université, Kim Yong-hoon a été, à l’ancienne, assistant réalisateur (sur Man On High Heels, Le flic aux talons hauts, Hai-hil, Jang Jin, 2014), puis dans la production, avant de travailler sur l’écriture de scénarios. Kim Yong-hoon a tourné des courts-métrages et des documentaires. Kim Yong-hoon signe le scénario de Lucky Strike adapté du roman noir à succès du japonais Keisuke Sone, transposé ici à 70 km de Séoul dans la ville portuaire de Pyeongtaek où se côtoient différentes personnes de diverses classes sociales. « C’est un roman qui a les codes d’un genre et qui montre par ailleurs comment l’homme se transforme en animal. J’ai beaucoup réfléchi à la façon dont il fallait transposer la saveur de l’écriture à l’écran. ». Le point fort du film, c’est sa maîtrise d’une construction rigoureuse, non chronologique, donc non linéaire bien que fluide, découpée en chapitres (6 ici) comme dans Kill Bill (Tarantino, 2003, 2004), d’abord déroutante puis réjouissante avec force retournements. Le spectateur est loin d’être passif !

Strike dans jeu de quilles !

Comme Parasite (Gisaengchung, Bong Joon-ho, 2019) et les polars depuis l’origine, la critique sociale, si elle est ici comique, n’en est pas moins acide : tout le monde aspire, à tout prix, jusqu’à se transformer en monstre, à une vie meilleure où l’argent, plus une fin qu’un moyen, est roi dans un capitalisme en crise où chacun essaye de sauver sa peau comme il le peut au mépris de l’autre. Les clients arrivistes, pétés de thunes, défilent, comme des coqs à poil décomplexés, dans le couloir du sauna, lieu de monstration et de domination, face à un employé laborieux – harcelé et rabaissé par son jeune patron, nouveau riche, exploiteur et imbu, jouant logiquement au golf virtuel et rivé à son cellulaire -, perclus de dettes, essayant, plus mal que bien, de payer les études de sa fille, taquiné par son épouse, femme de ménage au bord de la rupture et subit une mère rogue façon Tati Danielle (Étienne Chatiliez, 1990). Chez lui, la tv débite des faits divers communs ou atroces (piéton renversé, maison brûlée, cadavre déterré, corps retrouvé démembré) sur un même ton neutre et aseptisé où tout s’enchaîne en flux tendu et continu. Le réalisateur veut « montrer un échantillon particulier de la société moderne qui sombre peu à peu, et comment tous les maux et afflictions ont dans ce cas tendance à s’assembler ». La salutaire contestation est, depuis quarante ans, décidément sud-coréenne.

 

[Manuscrit] bibliorama

chant 1 tôkyôto §6, 7 & 8

 breaking news sos ghostbusters for ghostwriters=teinturiers sur chienne info continue : invasion saucisson chaud géant cause fuzz – images en boucle -, panique. info ignorée par pro grasse mat’ qui se pourlèche oreiller belle aurore – mauvais, selon l’aragne pro autodiagnostic et automédication sur doctissimo et téléconsultation, pour goutte (triage lapins de garenne, lièvres, chevreuils, marcassins, biches, cerfs, poulets de bresse, canards mulart, cailles et pigeons, colverts, faisans, perdreaux, palombes, grousses d’écosse, viande de porc, ris de veau, foie gras, truffes, pistaches ; marinage, préparation, garnissage, confection farces, choix aromates et couleurs, travail pâte et décor surface, montage, répartition, composition coupe et couleurs, équilibre ensemble, cuisson 8h et refroidissement à cœur d’un jour)

rite icigo : tout être vivant porte faux visage ou masque comme fuzz – épidémies, filtre air taxé – pour devenir personne. avant trinità par réalisateur polyflemmes où il n’y a pas de réveillon chez bob, son nom est personne selon test valéry, almería chante gainsbourg aménageant rue verneuil – œil de verre tombant sur toit, peur sur la ville. boire milkshakespeare : monde est scène. niveau supérieur à tôkyôto grâce persona 5 royal, loin sims dans ranch diavolo, western muet pointe expressionisme ford au carey. – théâtre antique là-haut -. cause épidémie, pain sucre catho sur forum – pas expiation massacre commune – défoncé par avion – sidération – fuzz, gentleman démotivateur selon réalisateur monsieur fantômas – lessivant=habillé de noir=lessiveur moerman, versificateur belge fantômas 33 posant chique dans roulotte -, avec jean mi, pronier=daron du figurant dans les diaboliques clouzot : lidl des jeunes, ?- : quoi ma gueule. tour métal sans eiffel à tôkyôto, beat takeshi, ancien yakuza de toc, « rooftop, c’est top » rue bât d’argent ou gît-le-cœur avec hôtel, sourire colgate en nhk. délices de tôkyôto : doriakis au thé vert sencha chimique avec, entre, montagnards=anko

se ressourcer dans bar-spa wifi à oxygène diverses couleurs avec caissons hyperbars marque jackson & co, sur fond d’easy listening lo-fi et poissons mangeurs durillons=males mules et cals sur pieds – rudes de stress – ensuite desangoniés=massés, comme dans épouses et concubines, par fétichistes haletants façon tarantino travaillant à la flamme moyenâgeuse ou papa schultz was a rolling stone. préférence chauffeur seins danseuses crazy horse en louboutin comme inventeur baronne de la tronche-en-biais. comme come dos massé pierre chaude, aller tuer temps long dans opéra rénové nouvel avec sièges aussi chers que ceux femme architecte bnf et bm alentour tôkyôto, et ruineux pour dorsal – mal du siècle mais lequel ? ministre porteuse loi mariage pour tous caillassée par amis fuzz lors première création claude gueux badinter hugo escaich py. en haut, 9e muse absente, volée par musidora puisque traces soie noire dans ville soies

 

[Manuscrit] Bibliorama

chant 1 tôkyôto §5

mâchonville pour mâches-drus au pays tribars : au dedans murs colline attrape-pantes, gravé – comme fossiles dans pierre de rogne aquasextine (ville non remise passage roi-soleil ; où fou chantant,, scandale sexe, la chance aux chansons ; et à double tour chabrol sur cours mirabeau et alentours) – bruit gamelles gâteaux foies volaille, gratins andouillettes lors odeurs croissants, pour travail harassant. au pays marionnettes – la plus connue (si girofle madelon à entre-sort ; ♪ moi, j’ai fabriqué une marionnette) au bâton au parler ouvrier bien pendu distrayait patient, qui ne l’était pas, lors arrachage dents sans anesthésie ( -:- c’est sans danger, dixit laurence olivier – échappé shakespeare & rebecca mais pas mains marlon – sur dustin) -, pantes de pantins -!- chenu reluit- et guenilles nuit se croisent quelquefois, virginie despentes sous subutex, entre colline qui travaille – gensoul, contre anesthésie, protégea blessés contre, liszt chez sand en rescousse en esprit – et celle qui prie comme psalmodie chanteur variété gringalet sans voix, pote clit boris-bébert mounier, héros bd, chanteur et meneur, affaire louis trio – chic planète, pas tant que ça en fait, fric c’est chic sur fond bistanclaques où ovalistes peinaient arrabiate

 

[Manuscrit] Bibliorama

chant 1 tôkyôto §4

smog vallée chimie où trônent torchères pour phobiques du fog au pays frogs étudiées par milliers par animaliste claude bernard, né saint ju en beaujo, pour médecine expérimentale, grâce serre-dents chiens. au marteau babinski en armory show, lever coude en coups d’arrosoir, un tomahawk sur l’armoire, en brèves de comptoirs, ‘ahlàonvaaubar éructe fuzz : tour du monde en 80 ballons dont brouilly, saint amour, juliénas, morgon, fleurie, moulin-à-vent, chiroubles, chénas, régnié, saint jo, croze, condrieux, 20 morts. arracher chiendent=aller persil : casse en split screen, barbot fuzz, bijoute – vol à aumône -, écorne boucard bazooka plein jour – voilà chiendent – par avales-tout-crû pour qui en croque ; il y a de la graisse pour grenouille, plus d’un million – bousin bouffe grenouille, hypothèque pour apothèque. taramis, ciel tombe sur tête pour jules l’averne non loin allobroges. tunnel enfumé jonction autoroutes et abords amphithéâtre antique. goût revenez-y façon reverzy et vice-versa

 

[Manuscrit] Bibliorama

chant 1 tokyoto, §3

airpocalypse : gorges, nez pas zen, yeux irrités. sirènes premiers mercredis mois vers midi, loin dresde, tokyoto sous bombes selon ntm : végétalisation par bombes vertes pour qui végète (khmers verts dirigés par fuzz) – dont bombasses, avaleuses de frimas, s’assommant coca colapse en chantant hardcore mélodique puis pop décroissante jack the ripper sur fond de cata – français est plus apocope que procope – éclairée de dupuy en sorte zola jesus en bougeant frénétiquement tête ( ?:- michael jackson, rap ? métalleux ? krautrock !:- non, parkinson 🙂 ) avec coiffure en choucroute bb écrasée par casque pseudo vintage rappeur businessman=self made man – sur berges odeur urine (318) ; « tokyoto sous bombes » en bombes de graphs fuzz sur murs – comme carte visite sur défense d’afficher, 1881 – visités par bobos comme galerie expo gratos street art, fresques institutionnelles. comme piqué oiseau-mouche pour sa belle, excité par battements d’ailes mouche verte femelle cadavres ?- !: demande, sur bords, mariage par haut-parleur drone,,, plus fûtée que – ~, à la mort – collé-noyé devant vitre, devant dulcinée bée dans chambre hôtel luxe exotique sous eau profonde. apocolapse sur pas maudit doc nostradamus. trop d’autos – limitation 80 km/h pour préserver vies en benchmarking déclenche révoltes ronds-points ridicules tant laids, dont france est championne mondiale (manèges, sur fond musique lemarque pour tati sur sketch devos), gilets jaunes après bonnets rouges et nuit debout (arc-en-ciel contestations – sport national ou quand octogone est hexagone)

 

[Mansucrit] Bibliorama

chant 1 tokyoto (§2)

après avant-jour=patron-minette selon lacenaire, est tôt à tokyoto. au déjucher et frotte-couille : vile symphonie ville folle. néons inactifs, ville comme femme démaquillée dedans lit. orphelines de lacenaire, désormais vers nœud routes confluences ou abords tunnel près gare, dorment. crash-tests où fini mère-grand qui légua corps science : autos à pots catalytiques – dieselgate -,  avant électriques encore plus polluantes selon analytique, quand, grâce intelligence artificielle, algorithme biaisé hésite entre tuer conducteur – co-pilote en place du mort sauf autosolisme – ou piéton, et, en absence bruit moteur, nocives marcheurs. partition universelle klaxons éclectiques, essui-glaces, parfois comme métronomes décalés. silly symphony. ville belle, paraît-il. fondus, brouillards industrieux : ville où  solliciteurs de zozottes avec t-shirt « i love lovés » dansant de conserve en tremblant robot breakdance avant soupçon secousses tecktonik comme boys bandent moula hop, suite crise, comptables de leurs comportements – perdus dans clouds. entre brouées poisseuses, fuzz, hologramme en toge, se retournant, béyaye, claudique, bégaie – son oscillant et continu : scie musicale, thérémine et ondes martenot : spectre joué par shakespeare. chasser brouillard avec bombe au pied humide

 

[Manuscrit] Sales rêves #épisode 1

chant 7

Tout sur Tôkyôto© de toc

 

   « Quant à moi, je suis résolu à ne jamais lire de toute ma vie d’autre livre que le mien. »  (La vie et les opinions de Tristram Shandy, L. Sterne, VIII, 5)

 

– Chiche ! – : Parmi la bachassée=chiaillée=muflée de prix littéraires[1], celui de Sceptique de Fos honore le titre le plus court ? – à concurrence avec Tarkos – et l’incipit le plus bref, Ah ! Ce livre, avec le bandeau « A lire les yeux fermés », a été écrit grâce à un nouvel algorithme de l’intelligence artificielle Gennaro®[2] – typologie et émotions des personnages, densité des dialogues -, nourrie de Chat GPythie, générée par un fils d’espion infiltré de la DGSE, scénariste sur une série à succès. L’impétrant=récipiendaire, qui fait gémir les presses, cite inévitablement, près du village de Y, Wilder dans son coruscant mais peu commode discours de réception, nonobstant ennuyeux comme un brochet dans le tiroir d’une commode, qui croûtonne=palasse=scie le dos=jugule=est drabe=marqué à la fesse=égnolant=seringue=emmiellé=estouffe-gari=fait flasquer, derrière son pupitre sur lequel trône le logo de Préparation H concurrençant les Relais éponymes : « Les prix sont comme les hémorroïdes, n’importe quel trou du cul finit par en avoir ». Le public fait chorus ; l’attachée de presse, très attachée aux prix, met du bois=fait la claque=joue au chevalier du lustre, à la blanchisseuse au mireloque grave, soigne l’enfant jusqu’à l’apparition d’ampoules purulentes à force de faire trimer les battoirs. Chez ce peuple graphomane atteint de phobie administrative à cause des divers formulaires complexes acquis de haute lutte dans le labyrinthe bureaucratique à la Le Nôtre version Shining, n’importe qui, même les politiques, ou plus exactement leur teinturier, dont celui qui a gagné le prix du meilleur nègre, suscitant l’ire des anti-racistes et anticolonialistes, tartine du noir sur du blanc=graillonne=écrit=parle papier=brodanche, une vraie plaie[3]. Respirer en Alphabet street et dans des artères performatives et résilientes comme dans le clip The child par Bardou-Jacquet pour Alex Gopher.

 

La nuit est noire en son sein malgré. Vent Nuages Orages Pluie. Entre chou & lien, alba – ! Fermer à la Ozu les shōji. Point du jour point : à la piquette du jour. Poltron minet. Aurore à évènement de gomme. Eosophobie. Roulent au vent mauvais les tumbleweeds=virevoltants façon western ou The last picture show de Bogda et ses persiennes=lunettes hallucinantes concurrençant celles d’Elton. Lapin fluo[4] comme ornithorynque ou wombat-au-caca-cube-en-cairn – en dilicule. What’s up, Doc ? : ? La femelle éprouve-t-elle du plaisir lors de la lordose ? Are you lonesome tonight tente de chanter à Babylone, le bouffi Elvis-the-pelvis[5] entre un terrible fou rire à cause

 

a- d’une choriste partie en vrille ;

b- d’un membre du public ;

c- les deux ;

d- Love me, BarTender ;

e- autre ;

f- ne sais pas.

 

DisGraceland en Promessland : matant avec sa médaille de Saint Christophe autour du cou, derrière des miroirs sans tain – candaulisme et copertion -, les couples copulant, presse-les n’avait pas de couilles malgré ses pantalons moulants anticipant une stérilité mâle croissante. La nuit c’est fait pour épuiser les poèmes. That’s all, folks !

 

Trop de pollution lumineuse avec les pendus glacés=leds – skyline. Même les noctambulettes ne sont toujours pas rassurées à cause du célèbre serial killer recherché avant le bikini killer et l’Eventreur du Yorkshire – bruit des talons et cuissardes dans le smog (Loulou/gorge tranchée/ventre lacéré/par le tringleur/slasheur Fuzz-le-Rippeur ; Vacher[6], le Jack the Ripper du Sud-est, l’« anarchiste de dieu » dans Le juge et l’assassin de Tavernier, sème Hercule Poirot©, crève la pièce=saute le coffre-fort=fait une datte=tape dans le joufflu=en met plein les pattes=enviande=bourre le mou=défonce la pastèque=casse coco, le couloir à lentilles=chevauche à l’antique=tape dans le mignon, le bol, le petit, le rondinet, le borgne, le plissé, le détonateur, le Père Fouettard, le manant, la lucarne, la rose des vents=prend un buffet froid=épluche le garde-manger=pile les pois=décapsule la rondelle=la passe au brun=fait lanlère=tape dans le chouette=ramone la turbine à chocolat, l’œuf=dégage le couloir=tape dans le boyau, la lune, l’hostie, la trousse, les baguettes, les pattes=encaisse du rond de serviette=dauphe=va chez le voisin=prend la température=enfifre=baptise la campagne=refile du petit guichet=baptise à la bonne adresse=va chez tonton=enfouraille=tranche du cardinal=passe par la porte, la route étroite=enlève les toiles d’araignées=encaladosse=prend de la dossière=envergue=crève l’œil (de l’honnêteté)=prend du rein=préfère le visage à l’envers=appuie la tête au mur=secoue le pêcher=offre les pommes=recrache les pépins=daufe=prend de l’ogne, l’objet=court à rebours=défonce le pavot=fait fleurir son rhododendron=montre bruneau=fait l’arrière-boutique=secoue le prunier=va en pantoufles par le chemin sec=baise à la Florentine=le Phiron et le Miron=inaugure la salle de danse=aime la valse à l’envers=file du valseur=chante Ramona=englande=favorise la mode de Berlin=prend son cul pour le jardin de Versailles=prend l’escalier de service=va dans la soute à charbon=aime le cambouis=charge par la culasse=tisonne les deux hémisphères=s’emmanche comme des râteaux neufs=taraude le trou-monsieur au jeunot une fois la ventraille=les boyes=tripes à l’air de l’évent(r)é=éboyé). What’s up, Doc ?

 

Les pollutions nocturnes – wet dream – chassent les moustiques – les pare-brise, désormais plus propres, ne ressemblent plus à de l’action painting nature à la Pollock – goûtés par les oiseaux, nyctalopes ou non, les chauves-souris-souches-à-virus en disparition. Shame chemtrails en morpions des Top gun sur le retour, BANG du mur du çon, Yaeger tué, Roswell® se rhabille et s’enfuit. S’évanouissent également étoiles filantes ou non, planètes, amas, nébuleuses dont les univers-îles=lactées galaxies en Messier, astéroïdes, comètes, dont celle de Allais, et autres masqués – découverte d’ahan après Héra, ne plus savourer Milky way® -, manger-bouger® – éclipsés par la saturation du ciel à cause des constellations de satellites, par colonisation en orbite basse, dont un endommagea une partie de la Terre lors de la Strategic Defense Initiative® ou guerre des étoiles, suite à l’affaire Farewell, avec dôme de fer défectueux, activée par Fuzz-l’ichiban, inspiré d’un Superman© avant que le protagoniste de Piège mortel de Lumet finisse, les quatre fers en l’air, dans un fauteuil roulant à cause d’un accident de cheval. Désidération. What’s up, Doc ?

 

Feu vert – pas son rayon au frelon -, ligne verte ; comment être devant âtre et chenets ? Comme pour ferragosto, Living in a ghost town façon Jarmusch en Only lovers left alive sur Detroit, ville native, sur fond d’émeutes d’été 1967 après bavures sur noirs, de John Lee Hooker, de la Tamla devenue Motown®, Stevie Wonder, Diana Ross, Marvin Gaye, de la boum-boum techno de The Belleville three© + Underground Resistance© & Sun Ra, les Stooges, les MC5, Eminem, Jack White[7], dépeuplée à cause de la faillite industrielle automobile, sortie d’un Rolling stones lors du premier confinement covid 19 avec Mick today, pas un second couteau, bloqué au château de Fourchette à Pocé-sur-Cisse en Touraine[8] et à ramasser à la petite cuillère pour héro – voilà où mène la Sympathie pour le diable dans One + one de Jeancul via Boulgakov et les rues désertes la nuit à la de Chirico et Delvaux comme Paris sous couvre-feu après le massacre de la Commune, le couvre-feu lors de l’invasion allemande ou la pandémie ; attention, à l’aide du vampire killer kit (1866) du Muséum d’Histoire surnaturelle, ail, pieu, soleil vers l’enfer de la marelle. Le beau hausse : Bela Lugosi’s dead.

 

Claquement de doigts macho en claquettes chaussettes=se sentir squelette à la Méliès pour épate – chacun sa kryptonite© : lumières éteintes d’un laps comme la tour Ei!!el© dorée – effet garanti, dans le tremblant=portefeuille pour la filoche, dans la poche, quoi, la pépé-au-moca ! Puis, après être passé.e à la casserole post #me too, s’amuser, au milieu de la foule en passeggiata, à slalomer en walking street© inspiré du silly walk de J. Cleese, Ministry of silly walks, du Monty Python’s Flying Circus© et de L’Hôtel en folie.

 

[1] Plus que de durêmes=fromages=renachés – qui dansent ou non ? – chez les Tyrofageux.

 

[2] Comme le nom du  mafieux dans Gomorra, film Matteo Garrone (2008) et série (2014) d’après le roman de Roberto Salviano.

 

[3] Les éditeurs, en quête de marché de niche, de pépites comme comètes, sont souvent débordés, les orpailleurs=lecteurs-maison se déclarent en burn-out avant d’être remplacés par une intelligence artificielle.

 

[4] Grand débat sur la prononciation de Kac entre la spécialiste de la poésie visuelle brésilienne, Inès Oseki-Dépré, universitaire brésilienne d’origine japonaise, et Virgile Novarina qui travailla avec lui : Kak ou Katz ?

 

[5] Toujours vivant paraît-il selon certaines chapelles locales et repris par des clones tels que Tony March-l’Elvis-d’Aquitaine, Little Bob dans le fief de Coty – qui interrompit une revue de presse pour écouter Signé Furax de Dac & Blanche sur Europe 1 -, Le Havre, et tant d’autres.

[6] Gerbé à la passe=basculé=fauché=opéré=raccourci à Bourg-en-Bresse par l’hématophobe bourreau Deibler, l’homme qui fit les 400 cous – tout en boycottant, grand galant, l’affreuse belle-mère Joséphine Mory selon une chronique d’Arlt dans El Mundo -, l’Anatole plus célèbre que France, qui passa, à cette occasion, le témoin à son fils issu d’une longue dynastie de Pères Coupe-toujours=mecs des gerbiers=charlots=frapparts=béquillards=faucheurs=boyes=burlins=béquilleurs=buteurs=ganbilleurs, d’aricoteurs=accordeurs de la camarde.

[7] Qui envoya un disque sur platine dans l’espace grâce au Projet Icare©.

 

[8] A l’entrée du château – sans doute inspiré par Lacoste via la villa Noailles – un écriteau, écrit sur le tard : « La sonnette ne fonctionne pas, frappez fort, je suis masochiste. ». La sonnette est un piège à souris : l’impétrant devient sonnette personnalisée en criant à cause de doigt.s pris dans ledit piège.

 

 

 

 

 

 

[Livre] Liliane Giraudon, poétesse sismographe

B7, touché-coulé : Lili ne pleure pas, elle observe le monde devenu fou, corps planté dans la terre[1], et crie (« arrêtons de voir / la littérature comme un enclos / protecteur une / réparation du vivre / il faut cracher dans la soupe »[2]). Voilà qui est dit. Après Un peu de viande hachée[3], la bouchère-charcutière a été très correcte : il nous est offert un pied paquet épicé ; les morceaux serviront d’osselets. L’amazone court après plusieurs dadas, d’où les jockeys camouflés[4], une gazette (2013-2014 chez feu Bazar éditions), pour la passeuse et revuiste[5], et un titre (1918) de l’excellent et oublié Reverdy. Ce dernier est l’un des « Pénétrables »[6] de la bustière, avec, pour les vivants, la générosité pour les remerciements[7] ; Hélène Bessette et Vsevolod Meyerhold[8], pour les morts, en « lecture latérale » (Aby Warburg) nourrissant le « lirécrire ». Le théâtre ne parle pas à Lili[9] et pourtant le metteur en scène « biomécanique » est présent tout comme, dans une mise en abyme, Robert (Cantarella) dans Oreste pesticide[10].

Tout gire chez Lili : les genres, les mots. Tout est en mouvement[11]. L’écrit est hybride[12] comme La vie matérielle : essais, récits « homobiographiques », prélèvements, poèmes, poésie visuelle avec calligrammes aux ciseaux entre Mallarmé[13], Apollinaire et Queneau, conte, pièce sans théâtre, où les références se répondent[14], allusions au cinéma[15], insertion d’images[16]. « lili elle exagère »[17] ! Non, toute publication poétique devrait être cet heureux mélange ou zibaldone en écho au monde chaotique : c’est pile l’intemporelle modernité[18], le ça de l’écrit. On the edge, elle y va, la battante, et jamais Lili ne se viande.

Aucune capitale dans le titre car tout est à égalité, c’est logique, puisque dieu est mort depuis longtemps et pas de maître non plus mais beaucoup d’influences. Liliane Giraudon est noire de monde[19]. Faire commun, depuis Heidsieck, devient, malgré tout, encore possible (le on car « (…) quand je lis-écris c’est souvent nous. Ou plutôt on »[20]).

            « Face à ce travail de la viande informations ou distraction. / Des bouts des morceaux raccordés manuellement. / La main sur la page opère des connexions. / Quelque chose de tactile. »[21]. Le travail de la viande[22] : travail de la langue[23] pour la mort au travail[24] alors que sourd un continu appel à la vie[25] où son corps à soi[26] s’exprime. Giraudon est sorcière[27]. Le travail de la viande, un titre à la Artaud[28].

 

*

 

Conte cruel

D’emblée, retour à l’enfance avec La fille aux mains coupées, à partir du conte des frères Grimm, La jeune fille sans mains[29]. Giraudon va à l’os avec cette viande découpée : avec la mort de P.O.L., un soutien à une certaine poésie contemporaine, elle applique à l’insu de son plein gré, pour sa mise en espace, le schéma Z de Lacan[30] à partir de La lettre volée de Poe, à savoir le travail de l’espace[31], du vide[32], conditions de la création[33]. Ecrire dans les trous. Enfance[34], toujours dans l’ombre de l’artiste comme une peinture rupestre, sempiternellement regardée jusqu’à ce que le sens apparaisse enfin ; réappropriation du corps[35] puisque, en « homobiographie », « je m’aperçois que cette fille aux mains coupées et qui a demandé qu’on lui attache les bras dans le dos c’était moi. »[36]. La main, c’est-à-dire l’outil principal de la poétesse qui coud[37], comme petite main, entre formes diverses de textes, à travers le vide révélé par la mort de l’éditeur. Le travail fondamental ? « Page abolition mémoire : un travail à plein temps. »[38]. Ce vide tout beckettien[39], c’est aussi la diagonale, brèche entre passé et futur, interprétée par Hanna Arendt[40], à partir de la parabole de Kafka dans Le procès à partir de « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament »[41] alors que, pour Giraudon, « le passé n’éclaire pas / le présent mais en barre l’accès »[42].

 

Poésie visuelle

Dans le cornet à dé : « le sang sur les mains s’endort et s’efface ». La fille du conte cruel est rassurée. Comme dans Syllabes précipitées[43] du livre précédent, L’amour est plus froid que le lac (2016), nous retrouvons le même dispositif plastique : à « agir c’est connaître le repos », qui était le titre provisoire du livre le travail de la viande, répond « ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu ». Des phrases sans ponctuations sont ponctionnées, comme des Biopsies à la Heidsieck dans la globalité de le travail de la viande. C’est probablement le dernier texte écrit, la trace d’une étape de travail où trous et blancs sont interrogés à même la page. Le travail de la viande : « mouches à viande allez-vous-en ! », « les morts sont terriblement seuls ». Avec le verbi-voco-visuel de Campos à partir de Mallarmé : le hasard ou accident comme liberté et démarche expérimentale. La poésie visuelle échappe tellement à POL qu’aucune mention de cette partie n’apparaît en quatrième de couverture.

« la grammaire en démolition n’arrange pas le drame », cette phrase prélevée chez Bessette revêt un autre sens si nous la rapprochons de …

 

Quand Oreste peste

Voici l’une des parties les plus importantes, quantitativement et, peut-être qualitativement, de le travail de la viande – le dramaticule ou le « dramolette »[44]. Drôle de drame : « une tragi-comédie » selon Robert [Cantarella], le metteur en scène[45] mais « Elle a insisté sur le fait que ce n’était qu’un déchet de drame. » selon Nicolas [Maury], l’acteur[46]. Dame, une photo du fils, Serra : émerge une enseigne « boucherie » (la viande, toujours la viande[47]) derrière d’atroces palissades de travaux de démolition, grosses comme la Porte d’Aix, au Boulevard des Dames (dames fliquettes ? Sannom ?) inscrit en tag sur du béton. Métaphore de l’écriture accidentée – un laboratoire – de Giraudon ? La viande encore : « sur deux grands écrans silencieux (sorte d’installation) passe en boucle un montage de films d’horreur et pornographiques. »[48], une sorte de porcherie[49] dénoncée à la Pasolini. Sur scène, il y aura donc du multimédia : la pièce sera immersive. Viande encore : « Mais qui vous dit qu’une tumeur n’est pas en train de germer dans vos jolis seins ? »[50] en écho aux éléments « homobiographiques » dans Madame Himself (2013).

« Pour Oreste, remettre en scène les hyènes. » (carnet). Il est vrai que notre époque ne manque pas de faits anxiogènes[51] d’autant que la hyène est en nous[52]. Au reste, pourquoi Oreste ? « Parce que je suis un reste. (…) Et que je reste ici ! »[53]. Oreste, un trans ou travelo matricide[54] entre Genet[55] et Pasolini (« La seule poésie est la poésie à faire. ») laissant songer à Valérie Dréville avec gode-ceinture en Médée-Matériau[56] de Heiner Müller mise en scène par Vassiliev (2002). Oreste, un Docteur Folamour : « deux fauteuils roulants bricolés. Oreste (gants noirs, masque de chien, sur un fauteuil roulant […]) »[57]. L’une des filles d’Oreste est pénétrable comme fille cousue au point de se faire recoudre l’hymen, barbarie actuelle, opération détaillée par le menu, qui concurrence l’excision, sur fond de Daech[58], d’état d’urgence, de reconstruction de quartier à Marseille – alors que l’insalubrité cause l’effondrement éhonté d’immeubles -, de violences conjugales voire de féminicide, de bavure policière par deux lesbiennes. L’histoire avec sa grande hache rejoint la mythologie grecque, somme toute, cruelle comme un conte de Grimm. Une toile de fond – she does Sker – qui justifie tant de mises en scène actuelles d’Orestie[59] ou d’Atrides. Il est vrai que toute civilisation est fondée sur la barbarie, le génocide primordial notamment[60].

L’intérêt supplémentaire est le côté méta en dernière partie, comme Didascalie dans Solilocas ou la vie sexuelle des lamproies dans Le Garçon Cousu (2014). Les lamproies, nous les retrouvons d’ailleurs ici, puisque Freud[61], les étudiait en tant que neurologue, avant d’intégrer le service de Charcot à la Salpetrière dont une citation figurait dans la première version du manuscrit puisque la génétique des textes est ici intégrée ou du moins présentée comme telle : « Pour apprendre comment l’homme et les animaux vivent, il est indispensable d’en voir mourir un grand nombre. »[62]. Sur le fondement d’une réflexion sur la folie[63], comme le « Pénétrable » ou deuxième AA, c’est de « dramolette » de l’intérieur dont il s’agit en écho à un monde fou, comme Hamlet, la véhémente extériorité de la mort d’un mollusque (Amleto, la veemente esteriorità della morte di un mollusco) par Castellucci où les bombes de gaz pètent et le lit en fer est porté au rouge[64]. Les morceaux de la psyché – 7 ans de malheur comme le vase de terre brisé donnant étymologiquement le symbole – sont recollés, la création est dans l’interstice[65], la collure. C’est dans la partie méta que la fin de l’histoire est soudainement révélée – réajustée, même.

 

Fonction Meyerhold

Voici le texte-pivot du livre : un beau chant désespéré. En « homobiographie », la lectrice braconne le tome 4 du Théâtre des années 20 et tombe sur Meyerhold[66]; le moi, comme l’humain, « vain, divers et ondoyant » (Montaigne) ne se souvient plus de la raison de l’annotation à cet endroit[67]. Si ce n’était pas très gai pour Maïakovski et Mandelstam, la photo anthropométrique du dossier 337 n’augure pas d’un destin plus enviable. A cause de son théâtre d’avant-garde, Meyerhold est arrêté en juin 1939 lors des purges staliniennes, torturé dans les caves de la Loubianka, contraint d’avouer une prétendue culpabilité aux motifs de trotskysme et d’espionnage et exécuté en secret le 2 février 1940. La viande est ici le corps martyrisé[68]. Sa femme, Zinaïda Reich, est assassinée peu après par des policiers. Meyerhold n’est réhabilité juridiquement qu’en 1955. Les circonstances réelles de sa mort ne seront connues officiellement qu’en 1988 pendant la perestroïka. La réhabilitation esthétique sera plus tardive. Voir au festival d’Avignon 1999 Un homme est un homme (Mann ist mann, Brecht) par Ostermeier, alors à la Baracke (Deutsches Theater de Berlin), était un vrai choc : spectacle dynamique avec panneaux de bois coulissants, expressivité des corps, orchestre rock sur scène bi-frontale, sensations assurées. L’acteur, procureur du personnage, joue de sa dynamique corporelle ou « principe biomécanique » : le corps est un mécanisme vivant, fonctionnant par réflexes, qui projette ses moyens expressifs ; le théâtre propose un monde reformé de façon créatrice. Quoi de plus cohérent avec le corps omniprésent chez Giraudon ?

« (…) ici le monde va / mal (…) »[69] ; « dans le match du nouveau siècle / la barbarie / a pris de sérieuses longueurs d’avance »[70] : extinction d’espèces[71], racisme[72], pédophilie[73], management et ses dérives[74], Syrie[75] et Russie de Poutine[76], D’Ormesson en Pléiade[77], les poètes devenant des « enquêteurs sociaux / rêvant d’étreinte / avec le grand capital (et + si affinités) »[78]. Ces rappels sont importants « (…) puisque oublier est plus facile »[79]. Noix, tripes, compote : le siècle passe décidément mal dans l’estomac.

 

Vive Reverdy ?

Dans le chaos ontologique du monde[80] comme une constante cosmologique, la lucide missive avec adresse et prélèvements[81], a été envoyée laissant songer au dernier livre de Bernard Heidsieck, Respirations et brèves rencontres. Chez les obsédantes nonnes trinitaires d’Avignon[82] : Reverdy, un poète de chevet[83]. Giraudon reprend la formule de Pierrot pas lunaire : « Écrire m’a sauvée. A sauvé mon âme. Je ne peux pas imaginer ma vie si je n’avais pas écrit. »[84].Je marche ou je m’endors, l’un des premiers livres publiés par Giraudon, était directement inspiré de Reverdy[85]. Nous retrouvons les vides et blancs[86] déjà évoqués dans le conte La fille aux mains coupées.

Quelques révélations : l’ouvrier typographique a pratiqué la boxe ; il a sauté à la gorge du musicien borderline Scelsi à cause d’une discussion mondaine autour des limites de l’art ; ami de Max Jacob, poète juif, converti au catholicisme et mort à Drancy, il fut peu amène à son égard ; il ne suçait pas que des glaçons[87] ; début années 1920, il a été l’amant de Coco Chanel à qui il dédicaça de nombreux poèmes[88]. Tout ceci est en effet un peu lourd pour insérer Reverdy dans Les Pénétrables. Chanel fut antisémite comme les Renoir, Degas, Morand, Audiard et, malheureusement, tant et tant, c’est connu. Duras a travaillé pour Vichy pour rédiger un livre sur l’Indochine et la Cochinchine, Merleau-Ponty et Ricoeur ont été, même brièvement, pétainistes, Brasillach, Fernandez et Drieu la Rochelle ont plus que collaboré, Céline exhortait Otto Abetz voire Hitler à massacrer plus de juifs mais j’ignorais que Chanel avait été un actif agent nazi[89]. La France moisie ne date pas d’aujourd’hui alors que les nuages bruns obscurcissent de plus en plus nos horizons sous couvert d’un peuple fantasmé et récupéré[90]. Sous le ciel de Narbonne, des Cévennes, de Solesmes : « La Lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil. »[91] écrivait le résistant Char – qui invitait Heidegger à l’Isle-sur-la-Sorgue. Il s’agit donc d’un hommage ambivalent où Reverdy est saisi dans toute sa complexité : le cadavre bouge encore, au nord, au sud, ailleurs.

Recours au poème

L’activité du poème n’est pas incessante … « mais elle peut se faire sans nous. »[92]. Plusieurs fois, Liliane Giraudon affirme, reprenant Reverdy : « Je vis d’abord, j’écris ensuite. »[93]. Et l’écriture, c’est du vol[94]. Du souvenir troué aussi : l’herbe de l’enfance[95] – tout en s’effaçant[96]. L’influence de Walser semble manifeste[97]. Ce modeste texte d’abord paru en 2017 dans la Collection la Motesta Section Les Communs chez Fidel Anthelme X de Frédérique Guétat Liviani peut être perçu comme un manifeste d’écriture sans s’affirmer péremptoirement comme tel : voler ; accueillir l’invisible[98] ; écrire avec, pour, contre ; se déposséder. Ces pistes sont révélées par la différence entre les deux éditions :

– « Une peut-être couleur. »[99] devient, dans un geste évoquant le peintre De Staël qui offrit un magnifique Vieux Port « Comme parfois ici le ciel. / Ce couvercle uni et parfaitement étalé qui derrière des grilles peut vous rendre fou. »[100] ;

– « J’avançais dans le noir et j’ignorais tout. »[101] devient, dans une atmosphère onirique quasi fellinienne, « J’avançais entre deux mondes comme une enfant à demi idiote. / Comme quand on rêve de personnes mortes depuis longtemps et qu’on se demande où elles étaient passées durant tout ce temps. / Sachant pourtant que le rêve est actuel. »[102]

Il s’agit de travailler avec le vide car la mort est dans la vie (apoptose, étymologiquement, la chute des feuilles). L’inconnu est déplié sans être défloré : écrire, noir sur blanc, c’est aussi sculpter les blancs, le silence, se blottir dans les trous, établir péniblement des échafaudages dans le vide – nous rejoignons Reverdy. Pas étonnant que Giraudon ait travaillé avec Ryoko Sekiguchi[103] : cette conception, toute japonaise, se retrouve dans le chinois Yi-King dont s’inspira Cage abondamment cité dans le texte étudié ici. La sagesse de Cage, limpide et évidente, devrait accompagner comme un viatique toute personne sensée : « Notre poésie aujourd’hui c’est de réaliser qu’on ne possède rien. Toute chose est donc une joie puisqu’on ne la possède pas et donc on n’a pas à craindre de la perdre …». L’enfance, c’est aussi une chèvre qui mange l’ABC de la lecture de Pound[104]. En contrepoint, Giraudon dénonce la pornographie textuelle : « Sauf que moi, quand on me dit : ‘ça signifie que’, ça cesse de m’intéresser. / Ça fixe l’intérêt au point où ça tombe. / Ça meurt aussi sec. Ou tout comme. C’est mort.»[105].

La réflexion, à partir de Gertrude Stein[106], sur la distinction entre dupliquer – son rythme, son intentionnalité – et répéter – au sens kierkegaardien – est fondamentale pour l’écriture contemporaine. Dans la métaphore couturière en basse continue[107], il faudrait introduire un troisième terme, utilisé par Robbe-Grillet : la reprise.

 

B7, cette A7

Après Laure Limongi avec sa collection Laureli chez Scheer, Claudine Hunault et Cédric Jullion ainsi que Le Nouvel Attila, collection Othello poursuivent la publication et l’étude de la trop méconnue Hélène Bessette[108]. Le monologue de Bessette à partir de textes inédits, A cup of tea, Fading, La lettre à Adrienne, Mer calme Voyage heureux est, comme en partie pour « Cadavre Reverdy »[109], composé de prélèvements pour la voix off ou scénario du film, dédié à P.O.L., B7 : un attentat attentif, co-signé avec le fils de Liliane Giraudon, Marc-Antoine Serra. Au XXe siècle, Simone Weil, Anna Seghers, Simone de Beauvoir, Apollinaire, Jean Cocteau, André Breton, Eluard, René Char, Louis Aragon, Blaise Cendrars, Albert Camus, Albert Cohen, Ernst Jünger, Joseph Roth, Heinrich Mann, Walter Benjamin, Joseph Conrad, Albert Londres sont passés à Marseille, c’est connu. Mais Bessette ? « Qui est cette femme ? »[110]. A Phocée, en 1946, Bessette accoucha de son deuxième fils et devint indépendante en se débarrassant de sa carte d’identité et vendit son alliance offerte par son mari pasteur à Nouméa. Libre et errante, elle monta à la Bonne-mère. La photo de l’angelot prend alors tout son sens.

« Bessette aime bien que les mots s’appellent par répétitions de sonorités[111], ce qui lui permet d’inventer une sorte de syntaxe syllabique naturellement inapte au calme plat et à la progression linéaire. Cette écriture n’a souci que d’être rapide, efficace, pratique. Elle ne s’arrête pas, ne développe pas, n’habille pas, mais décharne, tranche, découpe. Elle n’a cessé de se dépouiller (…) »[112]. Point commun avec la dépossession chez Giraudon. Le vide est présent[113]. Des phrases sont répliquées selon la leçon steinienne : « Plus ça change plus c’est la même chose »[114] ; « Qui est derrière moi ? »[115] ; « Ou la souffrance »[116]. La condition de la femme[117], qui venait enfin d’acquérir le droit de vote, est aux prises avec « L’odeur lourde des tragédies rapides ». Le crime ne provient pas du gang du roman poétique.

 

*

 

Un dedans extérieur ; dessus, c’est dessous ; tout est réversible avec des plots bien ancrés : l’écriture de Liliane Giraudon est une expérience ; le lecteur, libre d’accéder et de cheminer à l’endroit du livre où il veut, ressort du livre pas pareil que comme il est rentré, pour emprunter un phrasé à la Giraudon évoquant l’oralité à la Céline. Possédée, la sorcière, pleine de sororité, arbore sa dépossession et nous livre un paquet de quartiers de viandes crues et cuites dont nous sommes libres d’en faire ce que nous voulons – la tragédie est sacrifice du bouc. L’écriture, accidentée et intégrant blancs, vide et espace, est en plusieurs strates[118] comme chez le philosophe Bacon ou la poésie de Zanzotto. L’eau de la rivière, dans laquelle on ne se baigne jamais deux fois, polit la pierre en galet. Monter, démonter, remonter ; effacer comme Rauschenberg. L’écriture est un palimpseste infini. Réflexions théoriques sur l’écriture exprimées, grâce à un gai savoir, comme une discussion simple avec un.e ami.e et un désir de transmission non didactique ; saines dénonciations se contrefoutant joyeusement du politiquement correct ; méditations sur la vie, la solitude, la mort ; présence de l’enfance où elle tire la langue après avoir mangé des pets-de-nonne car être radicale, c’est revenir à la racine ; l’histoire intime – soi-même comme un autre[119] – rejoint de façon fluide et continue l’Histoire ; le corps, toujours le corps – et son évolution : rouge, la viande à vif. Liliane Giraudon n’a rien à perdre : toute écriture publiée devrait naître, comme ici, de nécessités profondes. Un titre, le travail de la viande, qui pourrait résumer toute l’œuvre de Liliane Giraudon.

 

[1] « et c’est vrai que nous écrivons / avec nos pieds (…) les fragments pour l’entrepôt / passent des pieds / jusqu’à la cervelle », le travail de la viande, p. 72 ; « (…) la chose / se fait sans nous / dans notre dos ou sous nos pieds », ibid., p. 73.

[2] ibid. p. 88.

[3] Madame Himself, 2013.

[4] le travail de la viande, p. 108-109.

[5] Banana split, 1980-1990 avec poèmes, textes, traductions (plus d’une quinzaine de numéros étrangers), entretiens, interventions d’artistes (26 plasticiens) et musiciens ; If, 1992-2012, deux numéros par an, la revue continuant une fois par an sous la direction désormais d’Hubert Colas en lien avec actOral de Montévidéo qu’il co-dirige ; Action poétique. Bref un « poétariat international » (Haroldo de Campos) et un feed-back créatif : « C’est par le travail de ‘revuiste’, (cette ‘pratique’) que j’ai appris à travailler à l’intérieur de ma propre langue comme un étranger. Son et sens. En opposition ouverte à une normalisation mécanique des expériences. » (Liliane Giraudon, Marseille, mars 2015) sur son site internet.

[6] ibid. p. 116 avec un possible Les Pénétrables II avec Sade et Mallarmé.

[7] galaxie LG ou le travail collectif : la fine poétesse bien armée Frédérique Guétat Liviani pour son édition Fidel Anthelme X, Michel Maury, Laurent Cauwet, ancien directeur, engagé, d’Al Dante où Giraudon co-dirigea la collection Les Comptoirs de la Nouvelle B.S., atelier de traduction, Roberto Comini et la galerie Où tenue à Marseille par Axelle Galtier, Christian Tarting, Yves Bical, l’excellente poétesse et chercheuse Isabelle Garron, spécialiste de Reverdy, et Yves Di Manno, chez Serra Serra, Claudine Hunault, Cédric Jullion.

[8] Déjà « ARTAUD et Meyerhold » dans Les Pénétrables, p. 301. Nous les retrouvons réunis dans le travail de la viande, p. 125.

[9] Ibid, p. 59 ; « moi qui suis / en ce qui concerne le théâtre / une infirme véritable », ibid., p. 78 ; « la mise en scène / c’est la spécialisation / la plus large du monde », ibid., p. 98.

[10] Génie des titres au point de proposer ailleurs, comme l’hydropatho-fumiste AA, une « banque des titres ».

[11] Souvenons-nous du générateur de poésie aléatoire ou mots en osselets de Jourdain chez Molière dans Le Bourgeois gentilhomme – inspirant le titre Marquise vos beaux yeux avec Grangaud, Lapeyrère, Portugal (2005) -, à l’origine de la poésie générative de Balpe. « Lire ne se sépare pas d’écrire et du jeu d’osselets. (…) Les osselets s’y distribuent comme des lettres qu’il faut placer selon des figures successives. Aujourd’hui encore je suis intriguée par l’association Jeu d’osselets / Acte d’écrire. (…) Osselets + Poèmes (lus, recopiés, singés). », le travail de la viande, p. 128.

[12] « les mélanges adultères » ; « Les mots flottent, un état de suspension », p. 12 ; les pavés de Farocki en exergue – comme les osselets – remémorent ceux du parterre de la basilique cathédrale Saint-Marc, dans la Sérénissime, évoqués par Proust dans A la Recherche du temps perdu ; « un livre de proses – des mélanges. Du montage en montage. » dans le carnet scanné ; « Ma langue (…) Ecrite par moi seule. Un français accidenté. » Le Garçon Cousu, 2016, p. 34 inspirant la revue Faire Part pour son dossier « Liliane Giraudon. Une creative method accidentée », 2017.

[13] le travail de la viande, p. 114, p. 116.

[14] Reverdy avec « Cadavre Reverdy », ibid., p. 106-121 et « L’activité du poème n’est pas incessante », ibid., p. 125 ; Oreste dans Oreste pesticide, ibid., p. 27-64 et « Fonction Meyerhold », ibid., p. 82 ; Pound, « Fonction Meyerhold », ibid., p. 86 et « L’activité du poème n’est pas incessante », ibid., p. 128 ; Maeterlinck, ibid., « Cadavre Reverdy », p. 112 et « L’activité du poème n’est pas incessante », ibid., p. 125 ; le spectre familier P.O.L., ibid., p. 17, p. 108, p. 146.

[15] ibid., p. 69, p. 74, p. 82-83, p. 85, p. 93, p. 97-98, p. 102, p. 109, p. 111 ; film B7 : un attentat attentif, ibid., p. 137.

[16] Illustration d’un vieux livre de classe sur la découverte des contes de la petite enfance ; photo du fiston sur le triste destin de Phocée mais aussi sa beauté avec l’angelot de la Bonne-mère ou l’amour-haine que suscite Marseille ; deux fois la même page arrachée à un des carnets de l’auteur « agir c’est connaître le repos.» ; une photo de Reverdy avec son fameux nœud pape dans une porte entr’ouverte, une photo anthropométrique de Meyerhold.

[17]  ibid., Balestrini, p. 86.

[18] Dans un entretien sur ses diverses revues, Giraudon rappelle cette vérité essentielle de Gertrude Stein : « Chaque auteur contemporain doit trouver son sens intérieur de la contemporanéité. ».

[19] ibid. p. 108-109.

[20] ibid., p. 129.

[21] Madame Himself, p. 47.

[22] « mécanisation du sexe / travail de la viande », le travail de la viande, p. 102.

[23] « mon amour à moi / c’est le langage », p. 74 ; « Les poèmes foutaient du bruit dans la musique, rendaient la musique au bruit. / Défaisaient la langue sans la bouche. / Rendaient l’eau dans le fossé plus eau, les herbes plus herbes. », ibid., p. 127.

[24] « je ne suis pas encore morte / mais il semble que ma vie s’efface », ibid., p. 89 ; « la mort est un processus / pas un état », ibid., p. 96 ; « L’activité du poème n’est pas incessante. (…) / Celle invisible des vers dans le cadavre ? », ibid., p. 127 ; une évolution par rapport à Les Pénétrables, préface p. 10 où « les livres (…) [sont] Des outils pour faire reculer le travail de la mort. ». Cf. Les Pénétrables, p. 143.

[25] Dans B7 : un attentat attentif : « Je suis éberluée de vivre encore / D’être une vieille », ibid., p. 137 ; « Je suis sidérée d’être vieille / Je pensais tant ne l’être jamais », ibid., p. 142 ; « Je suis abasourdie de vivre encore », ibid., p. 143.

[26]  Comme Woolf prônait Une chambre à soi.

[27] Comme rebelle, insoumise, pour notre bonheur, en tant que celle qui sait « Qu’organiser le pessimisme est un acte révolutionnaire. » (W. Benjamin).

[28] le marseillais ou deuxième AA, poète cité p. 125.

[29]  Dont est inspirée la pièce d’Olivier Py, La jeune fille, le diable et le moulin, elle-même à l’origine du superbe film d’animation de Sébastien Laudenbach, La Jeune Fille sans mains (2016), prix du jury à Annecy.

[30] « Seul l’espace du conte et les mots qui s’y trouvent suspendus peuvent nous éclairer. », p. 13.

[31] Le point central du conte est le cercle de craie protecteur tracé par la jeune fille sans mains.

[32] « Sous le vide des mots un monde également vide et mort. » Madame Himself, p. 51. Le vide et les blancs sont évoqués dans « Cadavre Reverdy », le travail de la viande p. 111-112, p. 120.

[33] Ce que n’aurait pas renié le regretté Claude Régy.

[34] En un twist, « l’homobiographie » se distingue de l’autofiction avec l’espace temporel : « Cette enfance, était-elle vraiment la mienne ? », ibid., p. 128.

[35] « (…) du vide entra dans son corps », ibid., p. 14 répond à « Etre une femme, c’est un corps occupé » Le Garçon Cousu, 2014, p. 11.

[36] Le travail de la viande, p. 17. Sur une possible interprétation concernant le dos, cf. ibid., p. 15, p. 73 et Le Garçon Cousu, Postface, « Arrêtez d’applaudir avec vos cuisses », p. 109 : « Les textes qui précèdent celui-là et forment le corps du livre ont été écrits par elle mais sans elle, parfois même dans son dos. / Oui, on pourrait dire dans son dos. / Parce que c’est sur le dos que se portent le plus souvent les coups invisibles, ceux qu’on ne voit pas venir et ceux dont on ne se remet pas. ». Cf. deuxième partie note 1.

[37] N’oublions pas que texte vient étymologiquement de textus, tissu, trame. Cf. le cadavre de la viande, p. 119. Chanel et son attitude envers les « petites mains », la femme de Reverdy qui était couturière. Plus loin : « Je recopie puis je défais. Comme je le vois faire avec de vieux tricots de laine. », ibid., p. 128.

[38] ibid., p. 15

[39] « Je veux mettre de la poésie dans le théâtre, une poésie en suspens dans le vide et qui prenne un nouveau départ dans un nouvel espace. » Les Pénétrables, 2012, Beckett, p. 295.

[40] Dans la préface de La crise de la culture (Between past and future).

[41] Feuillets d’Hypnos, Fureur et mystère, René Char.

[42] le travail de la viande, p. 85. Plus loin, évoquant l’angelus novus de Klee cité par Benjamin, « ‘Car c’est une image irrécupérable du passé qui risque de s’évanouir avec chaque présent qui ne s’est pas reconnu visé par elle.’ ‘La mémoire marche derrière nous.’ », ibid., p. 116.

[43] p. 67-73

[44] Les Animaux font toujours l’amour de la même manière, 1995.

[45] ibid., p. 59.

[46] ibid. Liliane Giraudon a écrit Le Garçon Cousu (p. 79-99) pour le même acteur, ce qui est réaffirmé ibid., p. 109.

[47] « (Un bruit de mouches envahit la pièce) (…) Flic 1 Ça doit venir de la boucherie d’à côté (…) Oreste La boucherie hallal ! Dites-le au moins puisque c’est ce que vous pensez ! La boucherie hallal ! », le travail de la viande, p. 50.

[48] ibid., p. 44.

[49] « (…) approche du corps d’autrui… (…) violence du voir… » selon « Robert (lisant des notes de l’auteur) », ibid., p. 62.

[50] Oreste, ibid., p. 50 ; cf. “Fonction Meyerhold”, ibid., p. 96.

[51] « (Il [Robert] répète ‘ de la folie de la surveillance’ (…)) », ibid., p. 63.

[52] « Aurons-nous à la place d’Œdipe un Oreste ? » Robert Musil en exergue. Entreprenant de retraduire Sophocle, Hölderlin et Pasolini se sont intéressés à Œdipe, personnage central de La sphinge mange cru, Al Dante, 2013.

[53] ibid., p.  47.

[54] Déjà « L’Omelette rouge » ou Sarah Bernhardt travestie, 2011, et, inspiré de Stein, Pierrette Davignon et M. Daubignan dans Madame Himself, 2013.

[55] le travail de la viande, p. 109, p. 146.

[56] Médée : ibid., p. 82.

[57] ibid., p. 44.

[58] remember : « Les talibans n’aiment pas la fiction », Inventaire / Invention, 2005.

[59] Dans la légende des Atrides : Orestia – una commedia organica ?, Castellucci (1995, 2015), Py (2008), Lavaudant (2019) avec des dieux en drag queen lors du procès final, Jean-Pierre Vincent (2019), Oreste à Mossoul, Milo Rau (2019), Électre/Oreste, Ivo van Hove (2019).

[60] Cf. note 80.

[61] Cité dans le travail de la viande, p. 63.

[62] ibid., p. 61.

[63] « structure fêlée (…) Ces malades se sont détournés de la réalité extérieure c’est pourquoi justement ils en savent plus long que nous sur la réalité intérieure et peuvent nous révéler certaines choses qui sans eux seraient restées impénétrables. »,  ibid., p. 63 à partir de Freud. Gardons-nous toutefois d’une vision romantique de la folie comme, par exemple dans un autre genre, les aveugles qui verraient mieux que les voyants.

[64] A croiser avec Giraudon, Liliane. L’onanisme d’Hamlet, Les cahiers de la Seine, 2004.

[65] « On se néantit pour laisser passer autre chose. Dans le mince. L’inextricable. (…) », ibid., p. 130. De quoi se rapprocher de l’inframince de Duchamp.

[66] ibid., p. 76-77.

[67] ibid., p. 77-78, p. 89.

[68] ibid., p. 77.

[69] ibid., p. 76.

[70] ibid., p. 82.

[71] ibid., p. 75, p. 85-86, p. 100, p. 102.

[72] ibid., p. 90.

[73] ibid., p. 101.

[74] ibid., p. 100.

[75] ibid., p. 79, p. 91.

[76] ibid., p. 92-93.

[77] ibid., p. 70.

[78] ibid., p. 84.

[79] ibid., p. 81. La vérité, alètheia, est le privatif du fleuve de l’oubli, le Léthé, l’un des fleuves de l’Enfer chez les grecs.

[80] « Il y a toujours une mare de sang quelque part, dans laquelle nous marchons sans le savoir. », ibid., p. 116 d’après Straub citant Pavese.

[81] ibid., p. 108-109, 110. « Le véritable poème n’est pas propriété. La création n’est pas possession. Plutôt, peut-être, un étrange exercice de dépossession. », ibid., p. 113. Une technique connue depuis longtemps en littérature, depuis Godard au cinéma.

[82] ibid., p. 107, le travail de la viande ; p. 9, Madame Himself. La conversion catholique de Reverdy est bien connue même si, remarque Giraudon avec malice « le poème lui-même n’en a pas été touché. » (le travail de la viande, p. 113).

[83] ibid.

[84] ibid., p. 108. Duras aurait pu écrire exactement les mêmes phrases.

[85] ibid.

[86] ibid., p. 111, p. 120.

[87] ibid., p. 113.

[88] Encore en 1949 puisqu’il lui a dédicacé un poème de Main d’œuvre, cf. ibid., p. 118.

[89] ibid., p. 119.

[90] ibid., p. 88, p. 110.

[91] Aphorisme 169 des Feuillets d’Hypnos, Fureur et mystère.

[92] ibid., p. 129.

[93] ibid. p. 109. « mon livre est engagé / puisque c’est lui / qui m’engage / à vivre ce que j’écris », ibid., p. 89.

[94] ibid., p. 109, p. 126-127.

[95] ibid., en écho aux p. 78-79.

[96] ibid., p. 130.

[97] « J’écrivais au crayon. Le plus minuscule possible. », ibid., p. 127 remémore les microgrammes de l’interné d’Herisau évoqué dans Les Pénétrables, p. 149-155, not. p. 155. Sans omettre Onze chambres pour Robert Walser, avec J.-J. Ceccarelli, éditions CK, 1988.

[98] L’activité du poème n’est pas incessante. « Elle ne l’a jamais été ou alors d’une manière invisible, c’est-à-dire dans un dedans extérieur. Quand dessus c’est dessous », ibid., p. 125.

[99] p. 3 in L’activité du poème n’est pas incessante. Fidel Anthelme X : Marseille, 2017. Collection la Motesta. Section Les Communs.

[100] le travail de la viande, p. 125. Nous avons l’impression de plonger dans une œuvre totalement bleue de James Turrell comme pour l’exposition La beauté (Avignon, 2000) en écho avec l’école primitive avignonnaise. Je nomme pour ma part ce ciel marseillais, « ciel en fer blanc ». Ce déplacement ou évolution de l’écriture est explicitée dans un entretien, sur un autre sujet, réalisé pour Diacritik par Emmanuèle Jawad, Paris-Marseille, décembre 2016 : « Disons que je ramasse ce qui me traverse, ensuite je l’incruste dans ce sur quoi je travaille. L’agencement se fait de manière assez artisanale, quasi intuitive. Comme on déplace des couleurs sur une page. ».

[101] p. 3 in L’activité du poème n’est pas incessante. Fidel Anthelme X : Marseille, 2017. Collection la Motesta. Section Les Communs.

[102] le travail de la viande, p. 126.

[103] Giraudon, Liliane ; Viton Jean-Jacques ; Bistra ; Sekiguchi, Ryoko. Température du langage. Estepa, 2005. Bilingue japonais.

[104] le travail de la viande, p. 128.

[105] ibid, p. 129.

[106] ibid, p. 129-130. Cf. également Le Garçon Cousu, Postface, « Arrêtez d’applaudir avec les genoux », Ce qui lui vient du dehors, p. 108 : « Stein a raison, c’est extraordinaire comme un vocabulaire ne peut qu’avoir du sens. Et la poésie, contrairement à la prose, a quelque chose à voir avec le vocabulaire. ». 

[107] Cf. note 37.

[108] Bessette était déjà Hélène, un personnage dans Solilocas ou la vie sexuelle des lamproies dans Le Garçon Cousu (2014). La revue If n°30, 2007 est consacrée à Hélène Bessette avec des inédits.

[109] Le travail de la viande, p. 109-110.

[110] ibid., p. 140.

[111] Le titre trouvé par Liliane Giraudon, Un attentat attentif, est un hommage, par les allitérations répétitives, à la technique d’écriture de Bessette.

[112] Noël, Bernard. Postface « Le plus que présent », p. 245 in Bessette, Hélène. Le bonheur de la nuit. Léo Scheer : Paris, 2006. Laureli. 249 p.

[113] ibid., p.139, p. 140.

[114] ibid., p.135-136, p. 141. Et, déjà, Fonction Meyerhold, ibid., p. 83.

[115] ibid., p.136-137.

[116] ibid., p.139-140.

[117] « Ils ont dit : ‘elle a du charme’ ‘elle est frivole’ », ibid., p.135. « ‘C’est une femme qu’il faut éviter’ », ibid., p. 136 ; « J’ai pris un emploi de secrétaire », ibid., « Qui déteste la couleur de mes cheveux ? », ibid. ; « Non, je ne suis pas contagieuse », ibid., p. 141 ; « La prostitution exotique », « ‘ La route noire’ », ibid.

[118] Une translation, comme un des instruments utilisé pour l’écriture accidentée, peut-être héritée de Proust via Claude Simon, qui était, à ses débuts, peintre. Cf. également note 99, 100 pour le passage de « Une peut-être couleur. » vers le bleu non défini comme tel.

[119] Référence à Ricoeur mais aussi à « ce que j’écrivais m’apparaît souvent / comme écrit par une autre », ibid.

[Gastro] Médite la méditerranée avec Passédat

Se lécher les babines et les yeux en voyant la fin du marché de poisson à la criée sur le vieux port. Un bus 83 arrivant enfin, me voici arrivé à Fausse monnaie sur la Corniche Kennedy, passés le vallon des Auffes et la plage de Malmousque. Le quartier d’Endoume, la anse de Maldormé. Passé Passédat, héritier d’une famille d’artistes, ancien élève d’Alain Chapel, des frères Troisgros et de Michel Guérard, me voici au-dessus de plagistes se bronzant en pleine vacance de Toussaint alors que les vagues fouettent les rochers. Un couloir en plein air qui pue la pisse, je tourne en rond, je trouve finalement le 1917 grâce à un taxi sortant du parking. Je passe la magnifique piscine, non utilisée à cet instant, qui préfigure l’architecture du relais et châteaux par Rudi Riciotti (le MuceM). Tout le contraste de la triste et aimée mais aussi détestée Marseille ou Phocée : la grande classe qui surplombe les gens qui, en dessous, n’en ont rien à foutre – et ils ont bien raison – et se grillent au soleil encore égal pour tous, heureusement. La délicieuse dame m’a gardé une place devant les vitres avec double vue : à droite, une île privée, qui a appartenu au bijoutier Morabito, père du designer Ora-ito qui a pignon à la maison du fada, au vallon des Auffes ; plus loin, le Frioul. A gauche, la rade de Marseille, représentée en 3D par du relief de plâtre creux et blanc sur la table. En bas, de belles baigneuses qui se lancent dans l’eau en plein soleil, un 29 octobre ! Les rideaux noués tremblent au vent : impression d’être dans un film – Le Mépris de Godard ? La pièce, spacieuse, qu’agrandit un magnifique grand tableau abstrait du génial peintre Marseillais Traquandi, n’accueille qu’une dizaine de tables loin d’être toutes remplies, des chaises blanches orientables d’un design des années 60-70, un verre-ciboire Stark, un petit promontoire en argent, avec un poisson accolé, pour y poser le couteau à poisson. Un immense Saint-Pierre, le paradis dans l’assiette, est présenté. Choix : pain de campagne ou pain blanc. Penser à Poisson sur une assiette du nabi japonisant Pierre Bonnard au Musée des Beaux-arts de Lyon.

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Une jeune femme, fine et grande, brune aux cheveux décolorés vers le bas avec petit chignon, élégante dans son tailleur, un bracelet discret en or, sert. Le sommelier, un grand méditerranéen, un vieux plutôt jovial mais échaudé que je ne prenne qu’un vin au verre : ouf, il ne me fera pas son numéro à la Raimu, pourtant né à Toulon. Il n’a pas l’air convaincu par ma démonstration que, ne pouvant boire que du vin rouge, un pinot noir d’Alsace ou de Bourgogne, par exemple, pouvait accompagner un poisson. Allons pour Un Beaune Côte de Nuit 2014, le type m’évite un Côte Rotie, mon péché mignon, à la peau des fesses. Je goûte et dis « on ne discute pas ! » tant le vin est incroyable par son côté à la fois fruité, mais pas trop, et tanique marquant le fait qu’il a eu le temps de vieillir en fût ; « on peut toujours discuter ; le vin sert à ça. », rétorque-t-il.

En amuse-gueules, une incroyable longue herbe corse verte, un peu comme du céleri, mais en plus évolué, sur son lit de glace, pour conservation, à plonger dans un humus du cru, il pleut plein de petites fleurs délicieuses à croquer (orange, jaune, etc.) ; un gressin, gratté à l’huile d’olive sicilienne, avec sumac des calanques présenté entier devant nous – rouge, rouge, rouge qui tombera sur la table ; un incroyable bouillon de rouget de roche avec de l’anis étoilé qui éclate en bouche ; une raviole en vitraux de Saint Victor (ah, les navettes de là-bas, dans le croquant, la fleur d’oranger – un hommage aux marins !) avec crudités sur un fond d’artichaut avec, à côté, artichauts crus de Sardaigne.  Un italien, toque en tête, moustache de hipster à la Cardoz, présente une focaccia, un mix de plusieurs régions selon lui, aux incroyables tomates cerises de Provence arrosée d’huile de Toscane. Dès l’entrée en table, deux petits pots blancs bien distincts sont présentés : sont versés dans des petits plats prévus à cet effet, une huile de Toscane donc, très proche de l’incroyable Perdissaca Buža croate (élue meilleure huile du monde 2019) trouvée à Dubrovnik / Ragusa, perle de l’Adriatique), d’une ardance toutefois peu prononcée (la forte ardance, gage de qualité, peut heurter le public) et une huile de Provence, près de Maussane ( à base de picholine donc ?), je crois, plus douce et totalement différente, très intrigante voire mystérieuse car au caractère peu prononcé. Je me gave littéralement de ces deux huiles sur du pain ou en cuillère, quelques gouttes tombent sur la nappe en tissu d’un blanc qui était immaculé. Est-ce de l’huile Alexis Muñoz, celui qui fournit Anne-So Pic, Viannay de la Mère Brazier, Têtedoie, le Savoy, etc. ? J’opte pour le menu Passédat (270 €) au déjeuner. Un mistral insistant calme le soleil en fer blanc : les plats refroidiront très, voire trop, vite malgré les précautions prises (cloches, etc.).

            Deux très belles tentacules onctueuses de poulpe découpées en lamelles. Curieuse infusion d’aubergine, à tendance poivrée, à la menthe fraîche du Maroc, forte à vous réveiller un mort. Passent les 3 poissons, grâce à la pêche de Christian, souvent cuits à basse température. Arrive le plat signature de Passédat, héritée de sa grand-mère cantatrice, photographiée par les frères Lumière : le loup de palangre Lucie Passedat ou pavé épais cuit à la vapeur, décoré de craquants et délicieux rubans colorés de courgette et concombre, avec une teinte de camaïeu de verts sombre et clair sur une base densément parfumée (tomate rouge et verte, citron, basilique, coriandre, fenouil sauvage, huile d’olive, pointe de truffe noire – rappel de ses racines du Quercy) sur lit moelleux à déguster à la cuillère.

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Un discret accord terre/mer qui change du htv (homard tête de veau de Têtedoie). Délicieux mais, méditerranée oblige, l’huile abondante rend le plat trop gras comme en Grèce ou ailleurs, comme un effet de saturation voire d’écoeurement. Accompagné avec une sauce à la truffe noire toujours bienvenue, les frères Marcon ne seront pas jaloux. Problème : à aucun moment le goût de la truffe ne transparaît, seule sa texture reste. La belle serveuse lâche, avec son accent marseillais, que j’ai fait honneur au plat.

Un plat incroyable : la poutargue (au mulet, bien sûr, il en existe d’autres ?!!) est présentée entière puis découpée en lamelles. C’est tellement fort en bouche que le reste, dont, comme Alain Ducasse (Plaza Athénée) ou encore Bernard Pécaud (L’Ambroisie), un magnifique caviar Schrencki d’un lac du nord de la Chine, Qindaoh dit le lac aux milles îles, où il faut attendre une dizaine d’années pour atteindre une bonne qualité d’œufs d’esturgeons – qui va jusqu’à 120 kg ! – à leur deuxième voire troisième ponte. Un magnifique champignon blanc et beau, comme une estampe japonaise, rare mais son goût ne me convient pas – trop aigre, contrapunctique. Le jardin marin est une merveille visuelle avec bouffée d’iode relevée de criste marine au goût vif et puissant de roche. La moule est charnue, l’huître tombe dans la soupe, c’est-à-dire un bouillon de planctons, riches en vitamine c et qui permet de lutter contre le scorbut, qui revient actuellement, présenté dans une conque, et tâche ma chemise pour ma lecture-performance avec un pistolet de capitaine Flam dans l’auguste salon du FID (Festival International du Documentaire) avec stuc rococo, peinture licencieuse XVIIIe en plafond et sièges noirs fort confortables nonobstant une excellente acoustique. Un filet de sardine, normal puisque les Sardes dînent à l’huile. La chair tendre d’un coquillage proche du couteau, du concombre de mer. Pour remonter le palier de l’apnée gastro, un bouillon avec une bizarre texture filandreuse en tube, entre la coquille Saint-Jacques et le salsifis : une mauvaise impression.

            Le trou normand, terme qu’ignoraient les personnes au service, est un verjus, c’est-à-dire des grains de raisin très acides recueillis en juillet, nous est-il expliqué par une jeune acnéique concurrençant un serveur boutonneux, glacé, – mais moins que les autres jusqu’à ramollir comme une bite non d’amarrage mais d’ancêtre, étant le dernier arrivé-, puis râpé, neutralisé avec une sauce plus douce avec bouts de glace, le tout surmonté de gingembre éclatant.

 

            Le frometon est peu surprenant – ce n’est pas la saison de l’excellente et délicate chèvre toute de cornes torsadées en forme de lyre du rove de la Côte bleue servie en tube et affinée au vinaigre car tout le secret est dans le dosage -, avec une tome de tome et une autre tome avec une sauce verte très relevée avec de l’aubergine, un parmesan de 36 mois et une mi-mollette vieille, à part ce chèvre des Arnavaux accompagné de confiture de fruits rouges. Un peu décevant. C’est plus roboratif chez Bocuse mais, ma foi, je me suis ici bourré le bédelet pour un bon pénéquet. Un pain encore chaud avec du raisin.

 

            Le dessert est incroyable, le père de Passedat était boulanger-pâtissier : des mikados en meringue sur une figure en forme de croissant aux multiples saveurs à manger de gauche à droite. Très esthétique. Plaisantes sont les mignardises avec miel de forêt des Pyrénées à plus de mille mètres montré dans son cadre ; sur un plateau façon tea time, une tartelette d’avocat incroyablement travaillée, des raisins secs qui pendouillent comme des couilles de centenaire, une figue noire à la peau légèrement violacée de Solliès, AOC depuis 2006 et AOP depuis 2011, d’une incroyable finesse de chair et de texture, une espèce de mendiant de céréales ou plaque bourrative pour sportif avec crème légère sur le bout, et un nougat avé pistache de Sicile et miel. A côté, un roudoudou, bonbon au grand succès enfantin dans les années 60-70 : lécher la confiserie collée à l’intérieur de la coquille.

*

            Un grand et beau voyage dans les divers bords de la méditerranée, beaucoup de bouillons raffinés qui laissent songer au dashi très utilisé par Pic depuis son séjour nippon ; trop d’huile, peut-être, dans les plats mais c’est la touche méditerranéenne qui manque ici singulièrement d’ail. Des saveurs parfois trop fortes – la mer s’impose naturellement – qui écrasent la richesse d’autres senteurs et goûts. Ainsi le goût du poisson n’est pas perceptible, contrairement aux plats à viande, gibiers notamment. Il reste au moins la texture. A part les bouillons, peu de points communs avec les japonais, qui, je trouve, mettent plus en valeur les saveurs marines tout en l’ornant de façon équilibrée : leur culture est totalement différente mais plus en osmose, peut-être grâce au shintoïsme, avec le milieu marin. Je mettrai 2 étoiles et demi, soit plus près de deux étoiles que de trois étoiles ; disons que l’impression ici est d’être dans un deux étoiles qui aspire à la troisième.  Bref, je ne suis pas complètement convaincu, d’autant qu’il y a, heureusement, de rares moments où le goût est détestable du fait de certains produits marins. Il faudrait voir lors du repas du soir, plus fourni, du printemps en général, de la période des oursins, des anémones de mer et du chèvre du Rove (printemps-été). Anne-Sophie Pic est toujours la meilleure (son restaurant à Londres a gagné une étoile de plus), je n’ai, pour l’instant, pas trouvé mieux. Reste à savourer le coucher de soleil aux premières heures d’hiver sur la terrasse de la Caravelle sur le vieux port où l’esprit jazzistique d’Elangué, du coltrainien Imbert et du patron Jean-Louis plane.

[Ciné, Festival lumière 2019] The Irishman : un terrible irish coffee

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  Encore un film Netflix, puisque ce sont malheureusement les seuls à financer les 175 millions de dollars du pharaonique budget alors que le projet était en développement depuis 2008 et abandonné par Paramunt pictures en 2011. Scorsese a raison : les studios de cinéma n’investissent de l’argent actuellement que dans des franchises Marvel ou le pire stade de la disneylandisation du monde, avec scénario débile tenant sur un timbre-poste, pour atteindre un jeune cœur de cible. Ici, 117 lieux de tournage différents, 309 scènes distinctes, une caméra virtuose (excellente photo de Rodrigo Prieto, déjà présent sur Le loup de Wall Street, The Wolf of Wall Street, 2013, sur le pilote de la série Vinyl en 2016 et sur Silence, 2016 ainsi que chez Iñárritu, Almodóvar ; ici, gros plans, le cadrage de plusieurs personnages dans un même plan, une rue en v saisie d’un seul tenant) avec des mouvements complexes (usage de grues).

 

      Le plus cher est le fameux effet spécial, le de-aging, développé par Industrial Light & Magic (ILM, société créée par George Lucas) ou rajeunissement du visage d’un acteur comme dans L’Etrange histoire de Benjamin Button (The Curious Case of Benjamin Button, David Fincher, 2008, d’après une nouvelle de Francis Scott Fitzgerald), les « fameuses » productions Marvel avec un Samuel Jackson rajeuni dans Captain Marvel (Anna Boden, Ryan Fleck, 2019) ou dans le récent et raté Gemini Man (Ang Lee, 2019) avec l’insupportable Will Smith. Le problème est que Pacino (79 ans), qui rejoint enfin le clan mythique, De Niro (qui garde la même corpulence jeune ou vieux), ayant présenté le projet à Marty comme Raging bull (1980) en son temps où le réalisateur était au fond du trou, et Pesci (76 ans, ce dernier ayant dû se faire longtemps prier) semblent brûlés comme des homards au soleil de Floride. Bobby, en grande partie avec son visage de constipé, tout en tronche plissée, indiquant les cruels dilemmes, les nombreuses tensions ou tempêtes sous le crâne de Sheeran l’irlandais, a une lueur étrange dans les yeux, augmentée par l’effet des lentilles bleues. Il est tout de même plus reconnaissable que dans Joker (Todd Phillips, 2019), proche de La valse des pantins (The King of Comedy, Scorsese, 1982). Tel Saint-Denis, les visages sont détachés des corps. Bref un procédé qui fera rire dans quelques années. « Je pourrais rallonger ma carrière de 30 ans », énonce Bob De Niro dans un sourire.

      C’est l’histoire du criminel de Philadelphie, Frank « The Irishman » Sheeran, et son rôle décisif dans la mystérieuse disparition en 1975 de Jim Hoffa, patron du syndicat des Teamsters acoquiné avec la mafia. Le scénariste Steven Zaillian a adapté le best-seller de 2004, I Heard You Paint Houses, J’ai tué Jimmy Hoffa de Charles Brandt, l’avocat du syndicaliste – ce qui remémore, par exemple, le principe de Le mystère Von Bulow (Reversal of Fortune, B. Schroeder, 1990 d’après le livre de l’avocat Dershowitz). Par la même occasion, l’assassinat des Kennedy est résolu comme une évidence, loin d’Oliver Stone (JFK, 1991). Il s’agit en effet d’une fresque, sur un ton à la Ellroy, sur les crises de maturité d’une démocratie, qui a perdu son innocence, en permanente construction soit la deuxième partie du XXe siècle. D’où l’évocation de Castro, du Watergate et, évidemment, de la collusion de la politique et de la mafia. Scorsese au XXIe siècle nous propose un film archéologique décisif qui nous indique d’où nous venons avec le règne de la rex et pax americana. Nous retrouvons la Little Italy de New York de l’enfance de l’asthmatique Marty, présente depuis Mean Streets (1973) avec Edward Hooper en grande inspiration picturale. Le rôle, d’abord secondaire, de De Niro rappelle l’ambiance du quartier new-yorkais de Il était une fois le Bronx (A Bronx Tale, 1993). Dans The Irishman, nous retrouvons avec délectation les petits bouis-bouis italo-américains ou repères de la pègre, les restaurants cossus avec les tractations en arrière-salle. L’odorat est suggéré avec quelques scènes de cuisine que la longueur du film (3h29) permet d’exposer comme une madeleine de Proust – qui était, originellement, du pain grillé. Le particulier, voire le singulier rejoint l’universel, selon la grande leçon de Faulkner. Voix off d’une voix brisée de la conscience malheureuse, découverte émerveillée de la pègre, meurtre originel, violence, amitié et fraternité donc loyauté, montée en grade, grandeur puis trahison, malhonnêteté, devoir, impossibilité de choisir son destin, décadence, constat d’une vie ratée, notamment du côté du privé, faillite émotionnelle, voilà un mouvement shakespearien, tant capté par Welles, qui clôt la trilogie Les Affranchis (Goodfellas, 1990), Casino (1995). Et tout ceci avec une fluidité que Scorsese souligne dans son costard bleu électrique : « Il s’agit d’une structure solide avec de l’improvisation dedans ».

      Loin de glorifier la mafia, comme Scorsese en fut accusé, comme De Palma avec Scarface (1983), elle se révèle pathétique. Car le génie de ce long film, où Scorsese peut enfin s’exprimer pleinement, c’est de mélanger et renouveler road trip / road movie ou axe spatial et fresque historique ou axe temporel avec force flashbacks et mise en abymes shakespaerienne avec flashbacks de flashbacks. C’est le côté proustien du Temps de l’innocence (The Age of Innocence, 1993 d’après le roman brillant, prix Pulitzer, d’Edith Wharton, finalement son film le plus violent) et les dernières séquences pathétiques du Temps retrouvé à la fin de 2001, l’odyssée de l’espace (2001 : A Space Odyssey, 1968) ou Barry Lyndon (1975) de Kubrick, la totalité de Les gens de Dublin (The Dead, 1987), le dernier film de J. Huston. Bref, il s’agit d’une méditation, plus nostalgique que mélancolique (quelle trace laisser ?), drôle parfois (le choix d’un cercueil et l’escroquerie du marché funéraire) sur le vieillissement et la mort. Nulle rédemption ici. C’est son film fleuve, son œuvre-monde, son Il était une fois en Amérique (Once upon a time in America, S. Leone, 1984), son Le Parrain 1,2 et 3 (The Godfather, F. F. Coppola, prix lumière 2019, 1972, 1974, 1990). Si Visconti n’a pas réussi à tourner son Proust, Scorsese a réussi le sien avec son prisme.

 

      Outre des dialogues trop longs comme dans Les Affranchis (Goodfellas, 1990 ; je songe à la scène où dans le resto, Pesci se vexe et joue tout en jonglant sur un seul mot) repassés à la moulinette de Tarantino, restent quelques scènes piquantes. Frank Sheeran (De Niro), fraîchement reconverti en tueur à gage après avoir participé à la deuxième guerre mondiale, jette un revolver ayant servi à un assassinat dans la rivière qui traverse Philadelphie. Un plan sous-marin nous montre l’arme couler au fond du fleuve, pour venir s’entasser sur des centaines d’autres armes rouillées, jetées par d’autres gangsters, après de multiples assassinats. Si l’effet spécial est un peu grossier (prix des effets spéciaux Hollywood Film Awards 2019 ; la froideur de l’image remémore Hugo Cabret, Hugo, 2011), les rires sont assurés. En écho, plus tard dans le film, ce sont des taxis qui sont immergés dans la même rivière. Ici, effets visuels assurés. Une superbe scène visuelle avec des quartiers de viande alignés en attentes plus près de Menace dans la nuit (He Ran All the Way, John Berry, 1951) que de Rocky (Stallone, 1976). Lorsque Frank revient à la maison pour apprendre que l’épicier local a « poussé » sa fille préférée, Peggy, il vient, emporté par ses passions, le corriger. Ce sera pourtant le début du fossé qui va miner Frank : mafia vient de figlia, « non toccare ma figlia » (« ne pas toucher à ma fille ») selon un code éculé. Frank rencontre son mentor sur le fait de repeindre des maisons. Ici Scorsese repeint la toile : il réinvestit son genre préféré, qui lui colle, à l’insu de son plein gré, comme un shrapnel, à la peau, pour offrir une nouvelle synthèse cinématographique (bande son/image, dilatation du temps, dont les ralentis, et séquences rythmées), une vraie leçon.

 

The Irishman, Martin Scorsese, 3h29

 

[Opéra] TELLement bien !

Le dernier opéra de Rossini, ce forçat de la composition jusqu’à la mort, qui ouvre la saison lyonnaise de façon originale, fut créé en 1829 grâce à une pension de Charles X – comme quoi la Restauration peut avoir de bons côtés. Si le succès ne fut qu’au mieux d’estime, l’opéra annonce les révolutions de 1830. Souvent tailladé, l’opéra Guillaume Tell persiste dans le répertoire de l’Opéra de Paris jusqu’en 1932. Puis, pratiquement plus rien, chanté plus en italien qu’en français et coupé au-delà du raisonnable, à part au festival Rossini à Pesaro, dans une version de six heures ou, cet été, aux Chorégies d’Orange, où le baryton Alaimo tenait déjà le rôle-titre. A Lyon, la partition a été habilement allégée de la bénédiction des couples et de quelques répliques répétitives : la durée de l’opéra n’est plus que d’environ 3h30. De nombreux moments musicaux d’exception marquent les spectateurs. Dire que Goethe a failli écrire la pièce finalement créée par le rousseauiste (ici nous nous remémorons son débat avec Rameau : oui, l’opéra français est opérant !) et post kantien Schiller (qui ne connaissait pas la Suisse) !

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Noire montagne

La mise en scène du sulfureux allemand Tobias Kratzer, minimale jusqu’à une belle abstraction, manque de couleur – sauf à un rare moment avec le sang et l’obligation des habitants de se vêtir autrement. Une partie de l’ouverture et d’autres extraits ont inspiré Kubrick pour Orange Mécanique (A Clockwork Orange, 1971 d’après le roman de Burgess écrit d’après des faits, terribles, vécus par lui). Il est donc logique que les méchants soient des droogies. Le spectateur est surpris par la défonce sauvage d’un violoncelle solo, de la baguette de direction de Melcthal, des partitions brûlées. Effet garanti ! McGyver Tell fabrique son arbalète avec un bois et les éclisses de violon, ce qui est une géniale idée de mise en scène. Les partisans de Guillaume Tell forgent leurs armes dans des instruments, un fond de violon fixé sur une clarinette forme par exemple une hache, ce qui est moins convaincant. Le personnage principal, c’est le chœur de l’opéra de Lyon, préparé par Johannes Knecht, avec intensité expressive, tuilé et précis jusque dans les chants a cappella et sur un tempo endiablé avec « Quand l’orgueil les égare ».

Chorégraphie gracieuse de Volpi, qui use d’une symbolique à la Béjart hérité de Lifar pour les mains, avec trois couples de danseurs, le plus souvent mêlés à la foule. Aucun folklore !

 

En voix

Chiches sont les interprètes capables d’exécuter cette partition complexe, ce qui explique la rareté de l’exécution de l’opéra. Le plateau vocal est homogène, même si le chant des deux rôles les plus importants ne sont pas les plus appréciés du public. A noter la qualité de la langue, même si la mexicaine Enkelejda Shkosa, familière du rôle, en femme de Guillaume Tell, Hedwige, a un fort accent mais un ample vibrato et des basses de contralto, l’aisance de chacun dans les airs, les ensembles, et, surtout dans les nombreux récitatifs. Nicola Alaimo interprète le rôle-titre avec, pour un homme de poids, une bonne présence scénique et vocale, la technique relayant le timbre qui s’élime dans les aigus voire une limitation dans le haut de la tessiture. La soprano (d’abord colorature) Jane Archibald / Mathilde a un legato magnifique, tout comme le superbe ténor John Osborn / Arnold alors que son maître, Nicolai Gedda le chantait à Vienne, et avec aigu vaillant, phrasé ouvragé, souffle long, son timbre clair aux reflets cuivrés. Archibald s’élève au lyrisme mélancolique dans sa romance au début du deuxième acte (« Sombre forêt »), démontre sa virtuosité napolitaine dans son deuxième air, « Pour notre amour, plus d’espérance » qui ouvre le troisième acte est une réussite majeure. Sa voix est flûtée dans l’aigu, se corse dans le bas-médium, garde son agilité dans les douces vocalises et trilles. Si Jennifer Courcier, qui a un bel avenir, est douée et ample dans sa voix, a un timbre au velouté juvénile mais elle est un peu tendre dans le médium, décoche des flèches vocales tout en forçant parfois trop ; elle bouge parfois inutilement. Le parti-pris d’utiliser une femme pour incarner le fils – qui est également sur scène, avec dédoublement donc -, est pour le moins étrange mais doit probablement exister dans la partition ou le livret (de Jouy et Bis + Marast et Crémieux avec l’étrange et éculé « nautonier »; étaient-ils en français originellement alors que l’italien, nationalité du compositeur de Pesaro, est également usité en Suisse ? La création eût lieu en 1829 à la salle Le Peletier). La convention, une fois acceptée, est oubliée.

Le jeune chef italien tient l’orchestre avec fermeté et enthousiasme, ne fait pas forcément dans la nuance mais vous enveloppe par la puissance de la musique. Le même  Daniele Rustioni dirigera des opéras en français, notamment un  Moïse de Rossini (2023 en coproduction avec le festival d’Aix-en-Provence), Benvenuto Cellini  de Berlioz, et une trilogie Massenet (Thaïs, Hérodiade et Werther).

 

*

 

Un opéra ample, qui, dynamique et prenant, puise chez Mozart et préfigure Verdi et son nationalisme revendiqué dans le Nabucco, qui devrait être plus joué.

être & avoir

insensés

son, sa, ses

ressassés

sans cesse

 

tout est choix

choisir vie

choisir droitier, droitière, gaucher, gauchère ou ambidextre

choisir carte d’identité ou passeport ou les deux

choisir sexe

choisir hétéro, homo ou neutre

choisir passif, passive, actif, active

choisir soumis.e ou pas

choisir pyjama, habillé.e, slip ou nu.e

choisir matelas dur ou mou

choisir avec oreiller ou sans

choisir nudisme ou non

choisir avec ou sans soutien-gorge

choisir robe ou jupe

choisir bas ou jambes nues

choisir avec ou sans culotte

choisir cheveux longs ou courts

choisir voile ou pas

choisir vêtement d’été ou d’hiver

choisir manches courtes ou longues

choisir bottes, talons hauts ou chaussures plates

choisir chaussettes ou non

choisir parfum ou sans

choisir maquillage ou pas

choisir bijou.x ou pas

choisir lunettes ou lentilles

choisir fumer ou pas

choisir d’avoir la foi ou pas

choisir sa croyance ou pas

choisir un pays

choisir nord ou sud

choisir est ou ouest

choisir occident ou pas

choisir usa ou pas

choisir sa couleur de peau

choisir caucasien, mongoloïde, négroïde, australoïde, capoïde

choisir cases qcm

choisir intellectuel.le ou manuel.le

choisir privé ou public

choisir chez soi ou cantine

choisir courant, bio, hallal ou casher

choisir études courtes ou longues

choisir prépa ou pas

choisir bourse ou pas

choisir université ou grandes écoles

choisir banque

choisir liquide ou carte

choisir prêt ou pas

choisir en ligne ou pas

choisir son ordi

choisir pc ou apple

choisir portable ou pas

choisir vitesse lente ou rapide

choisir téléphone

choisir avec ou sans fil

choisir bas de gamme ou haut de gamme

choisir avec ou sans casque

choisir voiture

choisir avec option ou pas

choisir boire ou conduire

choisir écolo ou pas

choisir se nourrir ou pas

choisir comment se nourrir

choisir croissant ou pain au chocolat

choisir thé ou café

choisir thé vert, blanc, jaune, rouge ou noir

choisir café robusta ou arabica

choisir café court ou long

choisir cours ou jardin

choisir apéro ou pas

choisir sucré ou salé

choisir gluten ou non

choisir végétarien, végétalien, vegan ou flexitarien

choisir vin blanc, rosé ou rouge

choisir bière blonde ou brune

choisir eau plate ou gazeuse

choisir pizza avec ou sans sauce piquante

choisir viande ou poisson

choisir bleu, saignant ou à point

choisir sel ou poivre

choisir avec ou sans sauce

choisir fromage ou dessert

choisir chèvre, brebis ou vache

choisir frais, demi-sec ou sec

choisir fruit ou pâtisserie

choisir dijo ou pas

choisir thé ou café

choisir maigrir ou grossir

choisir marché ou supermaché

choisir bio ou pas

choisir ce qui est bon ou pas

choisir caddy ou pas

choisir ticket ou pas

choisir contact ou pas

choisir son animal de compagnie

choisir son réseau

choisir ses ami.e.s

choisir célibataire ou pas

choisir sans sexe, masturbation ou sexe à deux ou à plusieurs

choisir sexe hétéro, homo, bi ou polyamoureux, partouze

choisir embrasser ou pas

choisir bonne haleine ou pas

choisir préliminaires ou pas

choisir capote ou pas

choisir sucer ou pas

choisir avaler ou pas

choisir par devant ou par derrière

choisir lubrifiant ou pas

choisir sodomie ou pas

choisir sexe normal ou autre

choisir sa moitié

choisir mariage, pacs ou pas

choisir son couple

choisir son toit

avec ou sans toi

choisir résidence principale ou secondaire

choisir ville ou campagne

choisir hypercentre, banlieue ou périphérie

choisir paris ou province

choisir locataire ou propriétaire

choisir appartement ou maison

choisir avec ou sans terrasse

choisir avec ou sans jardin

choisir bain ou douche

choisir lave-vaisselle ou pas

choisir séparation à l’amiable ou pas

choisir isolement ou sociabilité

choisir électrique ou gaz

choisir ivg ou pas

choisir bébé ou pas

choisir un plusieurs enfant.s

choisir bébé à la carte

zéro défaut – ou pas

choisir fille ou garçon

choisir homozygote ou hétérozygote

choisir actif, active ou non actif, active

choisir chômage ou pas

choisir employabilité ou pas

choisir métier

choisir cdd ou cdi

choisir intérim, mission  ou poste pérenne

choisir privé ou public

choisir armée ou pas

choisir bureau ou dehors

choisir qualité

choisir collègues

choisir carrière

choisir adaptabilité ou non

choisir vacances

choisir place assise ou en fosse

choisir piscine ou pas

choisir moyens de transport

choisir écolo ou pas

choisir réduction ou pas

choisir mer ou montagne

choisir adret ou ubac

choisir ombre ou soleil

choisir bbq ou pas

choisir vote ou abstention

choisir parti

choisir gauche ou droite

choisir chemin plus court

choisir traverser ou pas

choisir vie

choisir  mort

choisir médicament ou pas

choisir chimio ou pas

choisir perruque ou pas

choisir euthanasie ou pas

choisir enterré ou incinéré

choisir concession brève ou éternelle

tout t’échoie

paraît-il

 

insensés

son, sa , ses

ressassés

sans cesse

 

extrait de Poésies atterrées

Circonférence : colloquinte esthétique

Performance Musée des Beaux-arts de Lyon (avec marteau frappé à la Artaud)

 

Dédicaces

       Au prof d’esthétique, le jazzeux Cometti d’Aix, traducteur de l’Homme sans qualité de Musil, membre du Roarty’s club, RIP.

       A Arthur Cravan, poète-boxeur, neveu d’Oscar Wilde.

 

   Remerciements GA BO ZU ME à Sylvie MaRon et gilets jaunes devant ME ME BO BO – elle n’aura pas eu le Louvre malgré le soutien de Filipetti ZU ZU BO BO mais elle a gagné récemment un autre musée, le mic MAC – l’homme à la barbichette étant atteint par la limite d’âge ZU ZU GA GA. Le Louvre, qui a le label rouge Musée de France, tout comme le Musée de Médecine de l’Hôtel-dieu, virtuel, enfermé dans des caisses à cause de crâne d’oeuf petit Collomb BO BO GA GA, le même qui n’a pas sauvé le musée des Situs avec ses carrés de soyeux lurons – les lyonnais étant plus prompts à se mobiliser pour le tissu, sous l’autorité d’Esclarmonde de la toile Jouy, que pour la médecine. ME ME GA GA. Voilà pour les lyonnaiseries avec gratons et compliments à l’ail.

 

       De tout temps … 3 parties, thèse antisèche, foutaise. 3 sous-parties, idées directrices; exemples. Problématique : mais pourquoi les kiwis m’empêcheraient-ils d’être sereins ? Annonce plan : il n’en reste pas moins que … Et en même temps.

 

*

   Alors, que dit le power point ? «  Merdre à celui qui le lira ». Ok, c’est productif et proactif. Le SEX ou Société pour l’égalité du Xanax m’ordonne de corriger derechef le power point : « Merdre à celui ou celle qui le lira ». ZU ME GA GA Le CON ou Comité du Ouïr National, s’oppose au SEX : obligation de positionner, si j’ose dire, le féminin avant le masculin bien que le SEX argue du fait que la politesse est sexiste : « Merdre à celle ou celui qui le lira ». Balance ton poil. Les LGBT+ revendiquant la reconnaissance du 3e sexe, le neutre, – quasi barthésien, le power point sera « Merdre à qui lira » mais comme plus personne ne lit, du moins sur papier – qui déforeste les forêts. GA BO ZU ME

 

_______________________________

 

   Ici ZoBar / Alexandrie Alexandra / cabinets curiosité / Mayeuvre de Champvieux à la Manœuvre, ok les p’tits loups / musée pour le peuple, noway / volonté générale / progrès humain Condorcet / mumuse / même si opéra a perdu 9e muse / we have the power, we are the people / Angelus novus de Klee / Artung, Hans, Artaud / traverse d’éclair expo Gogh : suicidé de la société à satiété / Antonin n’a pas eu le temps d’aller au gogue puisque là où il y a de la merde, il y a l’être, sachant que toute personne cague de la couleur primaire / donc tout le monde est artiste, noway : populisme / ZU BO GA ME / Artaud donc, Guigue, Chaine, sabre et Faucillon / L’aura, Laura pas, Preminger, Gene Tierney avant hp, Dana – Andrews / film préféré Tavernier au père revuiste et éditeur Confluences bien plus doué / poids Walter mal compris par frère Balthus / Walter aura son opéra par Debray, le normalien laïc zézayant, créateur de la fumisterie médiologique, conseiller de Mitterrand / L’aura, Laura pas / faire son ciné / 3 Sorties d’usine Lumière dont 1 trouvée dans poubelle cause problèmes successions / aura :  » trame singulière d’espace et de temps : unique apparition du lointain  » / Perte d’aura et conso : satiété du pestacle / Meuuuuuu GA BO ZU / poids Walter marxien / passage de l’Argue / matérialisme dialectique boîtes Cornell – pas l’université – très Duchamp / à dada, œuvre perd aura et gagne en créativité pour œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique / lama PB-V pontifie aux ZoBar sur EG EG EOU EOU PGIFT PGIFT Schwitters / ZZ ZZ ZZ ZZ / subsistons / de Cornell à Campbell de Warhol / art mis en boîte / scatola di merda de Manzoni / racler à tous râteliers : pour ne pas _rire, pour ne pas _rire / #Balance ton poète / Aby Aby Warburg happy hapiculteur / pour pragmatiste Danto, sur fond d’historicisme hégélien croisé avec phénoménologie expérience et réception chez Merleau-Syrah-Ponty ainsi que Curry et Kivy, l’art est en boîte : savoir faire différence, grâce à connaissance des arts, pour savoir faire la différence ; interpréter pour transfigurer le banal du mal, fulgure au poing / GA GA ZO ZO / art, hors jugement subjectif de goût, est produit artificiel issu jeu de langage et communication dans l’institution artistique / ZU GA ME BO / discours fait œuvre, ne reste que procédure où médiation déflore artistique / médiatrice prend tangente / dir’ comm’ parti yoga / reparamétrer organigramme selon algorithme / échec esthétique relationnelle pipeau Bourriaud palais de Tokyo / comme on dit dans bouchons de Lyon, tout est bon dans le choCon / circulez, rien à voir / sans rentrer, fichtre !, dans la conception fichtéenne, reprise par Malraux, de la révélation devant la présence de l’œuvre par elle-même – j’t’en fiche -, il ne s’agit pas de comprendre mais de re-ssen-tir sans habitus et capital cuculturel.

 

   BO BO ZU ZU / ZoBar naît de renaissants inversant l’ut pictura poesis de l’ami de Virgile Al Dante, Horace sans Curiaces, la poésie, ça tire, ami de Mécène – on y était déjà, la Totale, GL events / ZU ZU GA GA / Sirotons un blue lagoon, 1 milkShakespeare et 1 Kirkegaard avant communard et canut / Art naît en tant que tel avec Laocoon toi-même, étouffé avec ses deux fils, plutôt électriques, par deux serpents monétaires – Brexit: l’Angleterre lâche la proie pour Londres -, sculpture antique d’Agésandre, Polydore, suceur de roue toujours deuxième, et Athénodore de sainteté, offerte à Jules II / ME ME GA BO / pour planète Lessing pas sage (XVIIIe), repris par Greenberg (XXe) tout domaine artistique est autonome et n’a rien à voir avec la nature. ME ZU GA BO / Pour Wilde, wild into à l’ouest, la nature imite la vie, c’est son avis. Pour Danto sans vigile, selon Michaud d’Ibiza d’hier, ancien dirlo ZoBar Paris « Il y a là un processus de dés-esthéticisation de l’objet qui accompagne celui de la dé-définition de l’art. » / dés pipés sont jetés / GA ME BU ZO / bref, requiem pour un Laocoon / Ecoute les orgues, elles jouent pour toi  / Pacha Baumgarten (XVIIIe) fait boum et crée l’esthétique comme domaine indépendant. Non non, tout, mais Pacha ! Pour Adorno (« la poésie est impossible après Auschwitz » – foutaise : malaxons silence), de l’école de la saucisse sans curry de Francfort, les arts con-vergent mais c’est chaud, chaud, chaud, hot-dog, moutarde monte au nez ! – La perte d’aura de Walter est consommation de masse / queue expo Léonard avec air b & b avec coucher avec cocktail devant Mona Lisa, Raphaël, Rembrandt – qui n’est pas qu’un frigo avec ses magnets et malgré le coucher avec cocktail devant La Ronde de Nuit, Poussin L314, être au parfum avec Fragonard, Watteau-Watteau Récré A2, impressionnistes, Cézanne par France Gall, van Gogh, Chagall, Rodin, Calder, Matisse, Picasso, Miro, Warhol, Soulages, les wc sont à gauche, Koons, etc. -. / ZU ZU GA BO / ce qui revient avec transmédial du fluxus Dick autorivers Higgins, récupéré dans l’esthétique analytique post wittgensteinienne de Goodman – pas acteur frères Cohen ou famille Pierrafeu. Pour bonhomme qui dénote, art comme science, sont systèmes symboliques de connaissance et non de représentation, fondés sur logique mathématique de Quine et Carnap. Il y a art lorsqu’une chose fonctionne symboliquement comme œuvre d’art. Se sustenter chez Pignol.

 

Attention arrêt travaux

Performance Musée des Beaux-arts de Lyon 07/06/2019

Traits carrés / Vendredi, c’est poisson ! / écaillé, vidé / christique / avenglés, va ! / trait carré / grâce refus MNAM Paris où Jazz Matisse / 1995 don Delubac is back onlyLyon / 1995-7 / expo Delubac et la modernité 2014-15 / blanc bleu / l’issue des soyeux d’ici a vu péter le loup / jazz / Jacqueline / a mordu à l’hameçon de Guitry (Cora Chérie; Marions-nous, Simone; Une brune piquante; Marie, Bonne chance !; Mon père avait raison, Loulou; Odette dans Désiré; servante maladroite dans Le mot de Cambronne ; Claudine, Quadrille; Remontons les Champs Elysées, Flora; Lady du Collier de chanvre; Anita dans La locomotive du bonheur) – écaillée, vidé – et du diamantaire arménien / blanc bleu / jazz / carrés traits / appart’ Delubac quai d’Orsay déco Henri Samuel / tableau 33,8 * 59,8 huile sur bois 1921 /

Bonnard-Pierre_poisson-sur-une-assiette_1921_MBAlyon

carrés tirets / vidé écaillé / retour réserves musée portant 11 / sourire poissonnière criée / achetez mon bon poisson ! / Bonnard, écaillé, vidé / « J’aime pas les poissons morts, t’as l’impression qu’ils se foutent de ta gueule et j’ai l’impression qu’ils me racontent des  conneries » / tirer trait / sur le carreau, le loup bar, gris, estourbi façon sans-gêne Maïté / écaillé vidé / jazz / années folles / tirets carrés / d’eau : caton vert identité peu définie dans partie supérieure du champ, Marcel / bleu blanc / traits carrés / touffe de verdure avec tâches jaune safran / équilibre chromatique / sang par plaie à la Soutine / écaillé, vidé / organes retirés / christique / Bonnard l’Origine du monde / touche-touche / traits carrés / sourire : lendilles, landrons, espondilles, labies, spopondrilles, nymphes, bibilles, foie gras, escalopes, poissons panés pas nés carrés, ses rougets (autre nature morte, Bonnard, 1921), adjas, faire courtine / les anglais arrivent ! / traits carrés / mer nourricière, nourrissait hier / bleu blanc / finie pêche électrique / guerre anglo-française pêcheurs ! / les anglais arrivent ! / blanc bleu / très carrés / fraîcheur / pêche éclectique / vieil homme et la mer / bleu blanc / bar, espèce en danger / quota / traits carrés / parfois œufs, délices ! / poutargue / la graine et le mulet / branchie ouverte : loup, bar atlantique nord, mer celtique, croûte sel / trait carré / ekphrasis : nappe toile cirée – prosaïque – tremblantes lignes verticales oranges, pointillés, à carreaux bleus foncés, tremblantes lignes horizontales bleues foncées, déco japoniste Bonnard / même plan / « principal sujet, c’est surface qui a sa couleur, ses lois, par-dessus objets. » (P. Bonnard, 1935) / Nabi, là / blanc bleu / touches à touches / vibrations /  traits carrés / Vieira da Silva / Bonnard signe en haut à droite / entre traits carrés / plongée : a bigger splach d’Hockney / bleu blanc / fond piscine pop d’Hollywood / d’après Hooper / ondes d’eau se propagent en rides / soleil / bleu blanc / vibrations / tiret carré / rythme 24 images secondes / jazz / cran à cran / photogramme par photogramme / carrés tirets / mer en subliminale, dégradée de plastiques et produits chimiques (bocon), en dégradés de bleus tâchés de migrants noyés / bleu blanc / faire péter les agottiaux / carrés traits / le loup se tord en trois – ligne cassée – en accordéon sur et non dans assiette blanche ovale et floue qui sourit bleu d’ombre / saveur / blanc bleu / vague irrésolue entre tes riens / traits carrés / écume vénusté flots fixes / bleu blanc / mer toujours recommencée / issu d’abysses / touches à touches / jazz / vague vers abstrait Mondrian / carrés tirets / loup infusé, au thé vert de Chine, attend filet d’huile première pression à froid / dashi, umami / de nécessité, Hitler mangeait truite au beurre / laitue de mer : algues, salicorne iode / traits carrés / salade verte / cri cœur cru de laitue / peau craquelée en papillote / loup y es-tu ? / tirets carrés / œil de poisson mort / axé comme primitifs italiens pour nabis / traits carrés / cosmos aborigène / poisson pourri par tête / ombre portée / monde dans assiette / traits carrés / No bar, Bonnard !

Exorcisme

Performance Musée des Beaux-arts de Lyon 07/06/2019

Mes sœurs chères, mes bien chers frères, ô, j’ai dit ô, voici hic et nunc invocation finale ô feu Sœur Alice, Alix de Theizé aka Télieux, hôte, secrétaire abbaye Saint-Pierre-les-Nonnains où vocation ô combien contrariée (convoquée; dévoyée; beau flanc et femme fontaine de la margaude bi amante religieuse – chasteté évaporée entre autre; refoulée à grandes enjambées; ulcérée, voleuse parements autel, pour survivre – s’en cogne; parti avec amant, de lève-groin à poutrône – prostituée pour situer; morte dans ô combien d’atroces souffrances après ulcères et vénériennes de la vénèr) devenue [tac-tac-tac] esprit frappeur qui cognait [toc-toc-toc] sous pieds et [tic-tic-tic] [genou-caillou-pou] en traçant, médiatrice, de nuit signe de croix sur visage effleuré alors que chien noir yeux de feu rôde et nuit, apparaît, ô, en vierge religieuse avec cierge en main à l’amante, en gros, de la riche hétaïre Antoinette de Groslée en licencieuse abbaye Saint-Pierre-les-Nonnains, après exorcisme ce vendredi 22 février 1526, fête de la Chaire de Saint Pierre ou saint Béber voire Meriadeg, par Portalenqui avec abbé de Montalembert sous François de Rohan, après effarement Louis XII et Anne de Bretagne puis François Ier et Claude, après extinction chandelles, cloche en détestation qui sonne  :

ô Marie, accroche-toi à ton acrostiche :

 

« Médiatrice de Dieu et des hommes, fontaine vive répandant incessamment des ruisseaux de grâce, ô Marie ! » 

 

« Auxiliaire de tous et source de la paix éternelle, ô Marie ! »

 

« Réparatrice des faibles et médecine puissante de l’âme blessée, ô Marie ! »

 

« Illuminatrice des pécheurs, flambeau de salut et de grâce, ô Marie ! »

 

« Allégeance des malheureux opprimés, c’est vous qui finissez tous nos maux, ô Marie ! »

 

Sœurs bénédictines semblaient moins vierges que Marie (Joseph a avoué, Noël est annulé). Fœtus retrouvés en ubac sous décombre abbaye licencieuse après destruction protestant Baron des Adrets. Résonnent avec :

cadette des 7

balade les 2

affection matern

elle pays du mur

heureux cachés

zone délimit

p’tit déj’ bus

allers-retours

colline maternelle

attention ! pour

d’autres drôles

pays du mur

français fréquentent

français s’invitent

réservée forcément

cours yoga

inspirer expirer

corps se retourne

fœtus vert

ical lon git

udinal

habits amples

avec

-nul corps-

n’y pense plus

pas feu vert

tête corps

dedans silence organes

c’est comme ça

plus su

pays matins frais

n’y pense plus

pierre qui roule

allers-retours boulot

s’ingénie

pas vu pas su

tic-tac du temps

allers-retours

tête corps

compliqué dedans

silence

sexe plâtré

en rêve

en boucle

un jour bogue

cadette des 7

se met en 2

dedans baignoire

se vide

expirer inspirer

expulser masse

molle humide

+cordon glissent

ici du corps

dedans baignoire

rouge sur blanc

-rouge panique

au pays des matins calmes

dedans noire de sang

par terre -traces

n’y pense plus

aller-retour

colline maternelle

du corps

dedans baignoire

salle de bain

sale de sang noire

c’est comme ça

fœtus dedans

congélo blanc

n’y pense plus

emmailloté fœtus

dedans

essuie-mains blancs

enrobé

n’y pense plus

aller-retour

colline maternelle

tête corps

fœtus emballé

dedans sac

plastique blanc

dedans congélo blanc

pays matins frais

plus su

c’est comme ça

 

 

 

 

 

 

Notre-Drame de Paris

menaces

protection rapprochée

07 janv. 2015

tirs

attentat charlie

chialer

cayat

charb

cabu

wolinski

tignous

oncle bo

honoré

flic brinsolaro

et merabet

et d’autres

glas bourdon

notre-dame

 

 

france en flammes

notre-dame des landes

aéroport vs zone humide

zad des ladres

france en feu

tourne en rond

gilets jaunes

ronds-points

france en feu

cahiers doléances

flammes manif’

lacrymo vs cacatov

balles flashball

lbd sur femmes

retraité.e.s, jeunes

éborgné.e.s

passé.e.s à tabac

comble

france en flamme

conseil europe onu

condamnent police

grand débat

grand oral

jt craMon

mis france

en flammes

57072649_2423895337621765_28395596456919040_n

comble île cité

18h50 lundi 15 avril 2019

saint paterne

sainte anasthasie

début semaine sainte

cul notre-dame

combles

en flammes

ceci tuera cela

alarme sonne

pas acceptée

appel pompier

charpente : la forêt

flammes chantier

ceci tuera cela

rénovation toiture

forêt poutres chênes

XIIIe, XIXe

en flammes

ceci tuera cela

combles

en flammes

ceci tuera cela

fumées noires

flèche 93 m

dessinée viollet-le-duc XIXe

19h50

s’écroule

en flammes

flèche en feu

s’effondre

coq avec

sainte couronne d’épines

relique de saint denis

relique de sainte geneviève

flammes

quai de seine

public sidéré

flammes filmées

sur portables

ceci tuera cela

prière en chant

je vous salue marie

pompier sauve pietà

pompier sauve couronne d’épine

pompier sauve tunique saint louis

intoxiqués en hôtel-dieu

donald agir vite

canadairs

pompiers contre

flammes

robot colossus

par poterne

flammes beffroi nord

lances croisées

feu toit

gris de plomb

fondu

flammes

échafaudages éventrés

évacuation urgence

hôtel-dieu

spectaculaire mais pas grave

insoumis coquerel

ceci tuera cela

flèche tombe dans cœur

selon boutin

voûte flageolante

plomb dessus

eau dessus

chaleur dedans

23h30 président

nous rebâtirons

nous la rebâtirons tous ensemble

incendie mosquée

al aqsa

mont du temple

jérusalem

3h feu fixé

procureur

destruction involontaire par incendie

flammes

chaque flot

dépose son alluvion

pierres chaudes

trois rosaces sauvées

quatre tableaux perdus

orgue cavaillé-coll fumé

pinault arnault raquent

flammes

gilets jaunes

ronds-points

Poussière blanche dans rivières et lacs

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Les Eternels (Ash is purest white), Jiang hu er nü, Jia Zhang-ke, Chine, 2h17, 1:85.

 

   A l’heure où chaque citoyen est désormais noté, le récent député chinois Jia Zhang-ke, réalisateur de la 6e génération, celle de Tiananmen, nous envoie, avec ce 9e film de fiction, une nouvelle carte postale de la situation, de l’évolution glaçante de la vie dans l’empire du milieu en pire. Moins formaliste que le magnifique A Touch of Sin (Tian zhu ding, 2013, inspiré de A Touch of zen, Xia nü, King Hu, 1971), Les Eternels est un film (néo)réaliste – Vittorio De Sica première période est l’une des influences majeures de Jia -, fluide sublimé par la photo du français Eric Gautier (chef op’ d’Assayas, spécialiste du ciné asiatique, marié un temps avec Maggie Cheung, avec Irma Vep, 1996, Les destinées sentimentales, 2000, Clean, 2004, L’heure d’été, 2008, Après mai, 2012, avec Desplechin avec Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle), 1996, Esther Kahn, 2000, Rois et reine, 2004, Un conte de Noël, 2008, avec Chéreau avec Ceux qui m’aiment prendront le train, 1998, Intimité, 2001, Son frère, 2003, Gabrielle, 2005, avec Resnais, Cœurs, 2006, Les herbes folles, 2009, Vous n’avez encore rien vu, 2012 ; Into the Wild de Sean Penn, 2007) n’omettant pas les classiques du noir avec un éclairage à la James Wong Howe lors de la tombée de la pluie sur les escaliers semblables à ceux de la piazza di spagna voire du Cuirassé Potemkine (Bronenosets Potemkin, Eisenstein, 1925) sentimental ou le néon vert se reflétant dans une chambre glauque d’hôtel dans une scène clé entre les deux protagonistes, purifiés par l’ancestral brasero, à l’instar de la révélation spectrale de Eslter / Barton via Carlotta dans Sueurs froides (Vertigo, Hitchcock, 1958). Il s’agit plus d’un film sur le délitement d’un couple façon Rossellini (Voyage en ItalieL’amour est le plus fort, Viaggio in Italia, 1954 ou aussi L’Avventura, M. Antonioni,  1960, film adoré par  Zaho Tao; « je me suis intéressé à l’effet du temps sur l’individu, sur une durée de dix-sept ans, aux modifications physiques des personnages principaux, et , en parallèle, à l’évolution de leurs sentiments. J’avais envie que l’on sente une dynamique, due aux effets du temps. Donc se concentrer sur le couple était important. » selon Jia), que sur la pègre, déclinée toutefois en organisation pyramidale dans les années 30, héritée de la dynastie Tsing, dont la patronne est aussi la femme, une jianghu inspirée d’une biographie de She Aizhen formant un couple à la Bonnie et Clyde (Bonnie and Clyde, Arthur Penn, 1967), puis sur le modèle des wu xia pian hongkongais plus rythmés (rivalités entre clans ; anciens / modernes ; respect de l’aîné ; Qiao Qiao n’utilise-t-elle pas comme dans Still Life, San xia hao ren, 2006, à partir d’improvisations initiées par la comédienne Zaho Tao, la femme du réalisateur, une bouteille d’eau comme arme d’art martial, comme refus de relation amoureuse, comme ténacité et impossibilité de communiquer derrière une porte vitrée ?) type Election de To (Hak se wui, 2005 ; Hak se wui: Yi wo wai kwai, 2006), et en malfrats locaux ordinaires après 1949 avec la corruption quotidienne contre laquelle manifeste, de dépit, le père de Qiao, ancien mineur sur le carreau, les maisons de jeux clandestins dans les arrières boutiques présentes partout sur fond de désindustrialisation à La Cimino (Voyage au bout de l’enfer, The Deer hunter, 1978), ici les mines abandonnées, les entrepôts miteux du Shanxi (nord-est), contrastant avec les chantiers pharaoniques comme ce stade (aussi impressionnant que ce collisionneur en construction dans De l’eau tiède sous un pont rouge, Akai hashi no shita no nurui mizu, Shôhei Imamura, 2001), les ensembles immondes d’immeubles, filmés en plongée depuis les airs, de villes actives surpeuplées à cause de l’exode rural. Les rapports s’inversent au cours du temps entre les deux membres du couple : parce que c’était lui, parce que c’était elle ; chacun a ses raisons ; vases communicants. Ni le titre français, Les Eternels, ni le sous-titre anglais, Ash is purest white (Les cendres sont de la plus pure blancheur) ne rendent justice à la subtilité du propos : tel Au-dessous du volcan (Under the Volcano, J. Huston, 1984, d’après le roman ésotérique de Malcom Lowry, 1947), le volcan de Datong, symbole du fatum omniprésent, éteint comme un amour qui disparaît, contient un débris de cendres de la lave qui, à très haute température lors de l’éruption, devient blanc, soit l’amour de la femme pour l’homme. Cette pureté serait aussi tant le code d’honneur avec justice (Bin, joué par Liao Fan, héros dans Black Coal, Bai ri yan huo, Yi’nan Diao, 2014, médiateur, concilie), droiture, fidélité et loyauté (la scène avec le « frère » endetté qui porte le même nom que celui du réalisateur) que l’insertion dans le circuit économique par reconversion (Bin s’occupe d’une centrale électrique ; l’étudiant en droit des affaires et conseiller mafieux devient un riche homme d’affaire) mais aussi et surtout la pureté des sentiments corrodés par la vie. Ici, nul couple figé dans la lave comme à Pompéi. La femme est, comme d’habitude chez Jia Zhang-ke, perdante mais battante et, pour tout dire, moins lâche que les hommes : blessée, elle renaît de ses cendres. Le film se déroule en trois actes avec force ellipses délicates (2001, 2006, 2016) ponctués par des coups sourds comme au théâtre. Le metteur en scène a eu l’idée du film en voyageant jusqu’à Shanxi dont est originaire Jia Zhang-ke. Comme dans Still life (San xia hao ren, 2006), il choisit l’image du barrage des Trois-Gorges (Yangzi Jiang, Hubei, centre) et de l’inondation de lieux de vie, comme en Turquie (mais c’était déjà le cas avec la politique de Roosevelt aux USA, cf. Le fleuve sauvage, Wild River, Elia Kazan, 1960) symbole de la politique autoritaire et d’une modernité ravageuse. Le titre original n’est-il pas Les Hommes et les femmes des rivières et des lacs soit une métaphore de la pègre ? En un split screen digne de de Palma (Snake Eyes, 1998, par exemple), l’individu n’est plus qu’un personnage sur un écran vidéo de contrôle, une tache pixelisée, tramée.

Le film, d’abord un road movie dont la donnée principale est la durée, est si riche que des pistes sont ouvertes sans être pourtant exploitées complètement : science-fiction avec évocation d’extraterrestres ; western avec un plan panoramique sur un désert chinois du Xinjiang en proie aux projets touristiques fous ; l’ethnologie avec ce travelling sur les personnages présents au port ; la comédie musicale, suscitée par l’ancienne danseuse Zhao Tao, avec cette fois YMCA de Village people qui remplace Go West dans Au-delà des montagnes (Shan he gu ren, 2015), où les gangsters se convertissent à la danse de salon, cet autre couple alerte de danse acrobatique, ce rocker qui chante faux.

Malgré les multiples producteurs, dont Arte et MK2, et producteurs exécutifs, tout le monde s’étonne que ce film soit reparti bredouille d’un Cannes 2018 plutôt falot.

 

Les Eternels (Ash is purest white), Jiang hu er nü, Jia Zhang-ke, Chine, 2h17, 1:85.

Bibliorama #1

« L’inexistence est sanglante. » Ionesco

§ : intérieur nuit américaine. Nuit noire en son sein. Complexée par sa truffe. Stévenin harassé. Suite armoricaine. Blousons dorés en coureurs de nuit. Rétif grave nuit sur murs paris. Hibou caillou. Timide comme un arbre. Nuit livre. C’était écrit. Script. Noir sur blanc. Flashforward : livres seront maquis & prisons. Voire l’inverse. Depuis petit.e. Rituel pages tournées scande silence relatif. Se décartonner. Fini insupportable tic-tac horloge à remonter. Chat grand-parent avaler coucou. Contre-plongée. Creuser dans sol. Tic-tac. Fin coups poignards secs – ce ligeti contre staline dans bande-son ultime film kubrick ambiance schnitzler. Se concentrer, comme tomates, malgré. – Tuer temps avant qu’il ne te tue -. Sur pellicule, cran à cran, chercher image-fantôme subliminale entre photogrammes : tête de mort sublime, vanité mère empaillée en surimpression du schizophrène bates au regard ras, comme mcdowell droogs, lors levée voiture noyée ; fœtus mystérieusement momifié recta 1934 par magnétisme mains par prix nobel. Bruit systole, air dans nez comme maigrelet cremer, diastole et bouche, déglutition – zen : boules quiès, plus grande invention siècle passé, nonobstant fin millénaire – station mir boum selon rabane -, avec sopalin. Intérieur nuit. Immersion en silence d’organes. Chambre anéchoïque. Cage. Ouïr déglutition. Etre en adéquation avec soi. Je est un hôte. Soigner corps. Moi ne serait plus maître en sa maison. Balayer devant sa porte. Conscience des cellules, paraît-il. Se voir d’haut. Trop d’intérieur nuit. Noir c’est noir. Storytelling board. Les boules, se faire bile – noire : mélancolie. Trop dit que genuflexion oblique est acédie. Quoi de neuf, docteur ? Conscience de soi. S’oublier. Livres seront son marquis. Ne pas enduire doigt de salive, ne pas souiller livre, ne pas. C’est sale. Bactéries partout. Ph non neutre. the pillow book. Peau acide : versicolor. Pas ici livres anglais XIXe reliés peau humaine, cuir jaune à gris clair épais et grené, ambiance dickens par lean noir et blanc, mystères de sue par poutouille, des destinées de l’âme d’houssaye ( ?-: houghton, harvard – darnton) ou lacassagne fils reliant confession condamné à mort avec peau d’icelui parce qu’il n’en a pas – couic. Gabin dans le tatoué : mon corps, j’ai. Etre acide. Jeter livres où marquise à l’heure. Merle moqueur. Préférer vos yeux d’amour marquise me font. Poésie générative. Préférez. Goutte, taches dans swift par grandville vu dans inuendo de queen. Show must go on. Acide tue page. Après psoriasis. Cires baretta saint-louis dermato pathologique au musée horreurs. Poupée porcelaine cassée. Moi-peau de vache. Contre-poison : papier neutre comme pays du coucou selon rose buddy holly orson : suisse connu fraternité, 500 ans démocratie et paix. Et ça a donné quoi ? … Coucou ! Tendance no wash. Acide tue bonnes bactéries. Boîte de petri. Quoi de neuf docteur ? Technique du doigt mouillé, ma belle. Agent zone humide. Du vent, joris. Sayat nova. Page humide, livre abîmé. Principe constitutionnel de précaution. Tourner pages – sans page turner, proud mary – comme observer étoiles : passé – poire avec singularité – se mire. Flashback : sonorité « convoitise » évoque sans cesse lapin gentil – se nourrissant de sa propre crotte – dans manuel scolaire éclairé en isocèle de rayons de soleil de boîte en fer blanc. What’s up doc ? Tout se débloquait d’un laps. Rembrandt n’était pas qu’un frigo sans magnet. Gaz rare polluant. Schéma z lettre volée d’ivre nul dans caniveau sans lune par nœud pap nabot psy à carrière politique éclipsée avec, dans commodités, danseuse, disputée avec whistler, en origine du monde courbet derrière paysage suggestif beau-frère masson. Etron est couleur primaire. Ring de vie – tératologie, wagner : côtés rectangle, carré parfois, quatre pour yeux deux, quadrature quelque fois. Espace vital est parallépipède. Jeu de forces. Seul au pays de descartes, hexagone a quatre coins, logique. Impossible n’est pas français. Pas de pétrole mais des idées. Je pense donc tu suis. Hypoténuse. Théorème limite. Sa marelle. Peu d’enfer dans sa bibliothèque grandissante en arborescence jusqu’à saturation. Recueils de signes. Prendre tangente : vecteurs. Tir arc tendu. Paradoxe de russell. Gödel tutoie dieu.

.EXE

AU PAYS SANS NOM

joseph  joseph paul je m’appelle joseph paul jernigan du comté de navajo usa. j’ai un corps jeune et bien bâti. j’ai une bonne adhérence musculaire. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. j’ai un corps normal, représentatif du genre humain : 1m80 de hauteur et 30 cm d’épaisseur. j’appartiens à une race normale. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. je suis habile de mes mains. je veux qu’on m’aime. mes mains ont réalisé le mal. un 3e délit. mes mains ont tué. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. ma femme m’a dénoncé. ma femme a écouté le shérif. ma femme m’a dénoncé pour passer une dernière nuit avec moi. le shérif a menti. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. coupable ? oui, disent-ils. susceptible de recommencer ? oui, disent-ils. l’avocate commise d’office m’a défendu. l’avocate débutante a fait ce qu’elle a pu. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. ils m’ont mis une longue ceinture de fer. je suis le 63e condamné à mort de l’aumônier. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. 5 août 1993 12h31. ils me droguent. huit douloureuses fois pour planter l’aiguille. les tuyaux sortent du corps. le sang est siphonné. le sang est refoulé. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. j’ai fait don de mon corps. sans aucune précision. 5 août 1993. ils lèvent le corps. tant qu’il est encore frais, ils le lèvent. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. ils me débitent en 4 membres. les lames sont en rotation. ils me tranchent millimètre par millimètre. j’ai une bonne adhérence musculaire. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. il manque des tranches de mon cerveau. les tendons posent problème. ils congèlent le corps. l’alcool sert à enlever les scories. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. « on lui a donné toute ses chances. c’était le mal » dit le procureur. « passionnant d’étudier l’homme du début à la fin » dit le médecin. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. je suis visible man. je suis le modèle du cd rom d’anatomie humaine, visible man. mon image est fluide. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. «  papa sert d’atlas » dit ma belle-fille. « bien des gens vont pouvoir en profiter » dit le procureur. je suis joseph paul jernigan du comté de navajo, usa. j’appartiens à une race normale. je suis l’Homme. ils m’ont choisi. 12h31. je suis immortel. je suis joseph paul jernigan, usa.

 

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[Poésie atterrée] Trucs & astuces

Se procurer un chien et aller le promener.

Casser sa voiture dans des lieux stratégiques.

Rejoindre un club de randonnée.

Lire les rubriques nécrologiques pour trouver des veufs potentiels.

Se mettre au golf et aller sur les différents cours de golf.

Prendre plusieurs petites vacances à différents endroits plutôt qu’une seule à un seul endroit.

S’asseoir sur un banc dans un parc et nourrir les pigeons.

Trouver un job dans une école médicale, dentaire ou de droit.

Devenir une infirmière ou une hôtesse de l’air – elles ont un taux élevé de mariage.

Être gentille avec tout le monde – Ils peuvent avoir des frères ou des fils potentiels.

Se porter volontaire pour un jury dans un procès.

Dites à vos amies que vous êtes intéressée par un projet de mariage. Ne le gardez pas secret.

Allez vous perdre dans des matchs de football.

N’acceptez pas de travail dans une entreprise tenue largement pas des femmes.

Prenez un job de démonstratrice d’hameçons dans un magasin d’articles de sport.

Dans un avion, un train ou un bus, ne vous asseyez pas à côté d’une femme – asseyez-vous à côté d’un homme.

Allez à toutes les réunions de lycées ou de fac, il pourrait y avoir des veufs.

N’ayez pas peur de fréquenter des jolies filles : il pourrait bien y avoir des restes.

Ne vous mettez pas dans la même chambre qu’une fille qui est rabat-joie, elle pourrait vous tirer vers le bas.

Quand vous voyagez, prenez des petits hôtels, on y rencontre plus facilement des étrangers.

Trébuchez en entrant dans une pièce où il se trouve.

Oubliez la discrétion de temps en temps et appelez-le.

Transportez une boîte à chapeau.

Portez un pansement, les gens demandent toujours ce qu’il s’est passé.

Gagnez beaucoup d’argent.

Apprenez plusieurs histoires drôles et racontez-les bien – mais faites attention de ne pas les lui dire plus d’une fois.

Marchez vers lui et dites-lui que vous avez besoin d’un conseil.

Faire tomber son mouchoir fonctionne toujours.

Faites acheter des billets de théâtre à votre père dont vous devez vous débarrasser.

Tenez-vous dans un coin et pleurez doucement, il y a de grandes chances pour qu’il arrive et demande ce qui ne va pas.

Achetez une décapotable, les hommes adorent faire des tours dedans.

Apprenez à faire des tartes aux pommes goûteuses. Amenez-en une au bureau et laissezles potentiels prétendants la goûter.

Riez à ses blagues.

Faites tomber le contenu de votre sac à main « accidentellement » dans la rue.

Les hommes aiment à penser qu’ils sont des autorités à propos des parfums. Demandez son avis sur lequel vous devriez porter.

Ayez des lunettes qui ont meilleure allure – les hommes aiment passer devant les filles qui portent des lunettes – ou essayez les lentilles de contacts.

Portez des talons hauts la plupart du temps – ils sont plus sexy !

Dites-lui qu’il est beau.

Prenez bien soin de votre santé, les hommes détestent les femmes malades.

Attrapez un coup de soleil.

Mettez-vous au régime si c’est nécessaire.

Ne lui parlez pas de vos allergies.

Ne soyez pas trop difficile.

Ne pleurnichez pas.

Montrez-lui que vous pouvez vous amuser pendant un rendez-vous pas cher – mais ne le faites pas trop !

Demandez à vos parents de disparaître quand vous vous amusez.

Demandez à vos parents de disparaître quand vous vous amusez.

Organisez un double rencard avec un couple marié gai et heureux – faites-lui voir ce que c’est !

Envoyez à sa mère une carte d’anniversaire.

Demandez à sa mère ses recettes de cuisine.

Parlez avec son père à propos des affaires et soyez d’accord sur le fait que les taxes sont trop élevées !

Pendant le premier rendez-vous, dites-lui que vous n’êtes pas intéressée par le mariage !

Ne parlez pas du nombre d’enfants que vous voulez.

Si c’est un pêcheur, apprenez à écailler et à nettoyer un poisson.

Quand vous flânez avec lui, n’insistez pas pour vous arrêter devant chaque vitrine.

Ne lui dites pas combien vos vêtements coûtent.

Découvrez les filles avec qui il ne s’est pas marié et pourquoi. Ne répétez pas les mêmes erreurs.

Ne parlez pas de votre ancien petit copain.

Soyez souple. S’il décide d’oublier la danse pour aller ramer sur un lac, allez-y ! Même si vous portez votre plus belle robe de bal.

Restez innocente mais pas ignorante.

Apprenez à jouer au poker.

S’il est riche, dites-lui que vous aimez son argent – l’honnêteté l’intriguera !

Ne le laissez jamais croire que votre carrière est plus importante que votre mariage.

Ne racontez jamais d’histoires salaces.

Faites-lui remarquer que le taux de mortalité pour les hommes célibataires est deux fois plus élevé que celui des hommes mariés.

Faites l’acquisition d’un permis de chasse.

Louez un panneau publicitaire et postez votre photo et votre numéro dessus.

Prenez le bus qui va à l’aéroport en faisant plein d’allers-retours.

Freud est notre ami

Ça s’esquiche dans l’exigu Musée d’art et d’histoire du judaïsme (Paris, Le Marais), plein de menus recoins, fêtant ses 20 ans. Si Freud apparaît comme un thème d’expo évident, c’est pourtant la première fois en France. D’où la présence de l’ambassadeur autrichien et de son staff, échappant à la vigilance et créant presque un incident diplomatique. (L’Autriche, ayant évité de justesse l’élection d’un chancelier d’extrême-droite, qui a prêté nombre d’œuvres via ses musées, Osterreichische Galerie Belvedere, Wien Museum, entre autres, n’était et n’est pas le pays le plus bienveillant avec les juifs). Un membre du personnel, particulièrement excité, gâche le vernissage à cause de son impolitesse et de son agressivité gratuites. L’enfer est tel, jouant des coudes, qu’une psychologue et une psychanalyste partent au bout de 5 minutes, atteintes … d’agoraphobie. Flegmatique, le commissaire principal, Jean Clair, plus doué pour diriger des expositions magistrales (où Freud était déjà parfois présent : Duchamp ; Vienne 1880-1938. L’apocalypse joyeuse, 1986 ; L’âme au corps. Arts et sciences 1793-1993, 1993 avec JP Changeux, qui avait dû s’interrompre brutalement suite aux chutes de boulons dans la Grande Nef du Grand Palais ; Balthus ; la décisive et inoubliable Mélancolie. Génie et folie en Occident, 2005 ; Crime et Châtiment) que pour évoquer l’art contemporain à partir des années 90, réalise une fois de plus, une exposition de référence quoique disparate (200 œuvres dont des objets scientifiques, des gravures, des ouvrages, des revues scientifiques ou littéraires, des dessins ou des peintures). Cette exposition d’envergure n’est pas faite pour ce lieu, délicat à scénographier, par manque d’espace, mal agencé dès la construction.

L’angle original est d’offrir un Freud scientifique, goûtant les joies de la vie parisienne, inspiratrice, passant du salon bourgeois et ses images surchargées, au dépouillement de la parole et du mot (du regard à l’écoute : au « mot qui manque » répond, pour Jean Clair, « le Verbe qui se dérobe »), enfin la judéité, tirée ici par les cheveux (« juif tout à fait sans Dieu » selon Freud lui-même, héritier des Lumières, aspirant à une science universelle) mais compris dans les obligations du cahier des charges, vu l’institution, avec un apport pécuniaire substantiel du Mémorial de la Shoah. Le parcours est d’une chronologie parfois bouleversée par les thématiques.

Une spéciale dédicace à une prof de français-latin-grec devenue conservatrice de bibliothèque n+1 qui détermina d’autorité que Freud n’avait rien à voir avec la psychiatrie ! Big up, bisous.

*

« Freud appartient plus au XIXe siècle qu’au XXe, explique Jean Clair. Il se consacre pendant près de quarante ans aux recherches scientifiques et aurait pu devenir un grand neurologue. Mais au fur et à mesure il s’intéresse à représenter l’appareil psychique. » Concernant les arts (« moi qui suis si éloigné de l’art », 1932), outre sa collection impressionnante de pièces d’Egypte antique (provenant du Freud museum, Londres), remémorant, selon une notule évidente de Ouaknin, les illustrations de la Bible de Philippson qui berça la vie de Freud depuis sa jeunesse, inspirée par l’accumulation d’objets dans le cabinet de Charcot, il était imprégné  de symbolisme et de la peinture d’Arnold Böcklin (Bouclier avec le visage de Méduse, 1897, Musée d’Orsay ; des lithos du génial Odilon Redon grâce à la BNF mais rien d’Orsay; une peinture de Séon et un pastel de mon chouchou Osbert de la collection privée Audouy ; rien de Gustave Moreau au Musée d’Orsay ou Moreau, dommage). Freud n’ira pas plus loin dans la contemporanéité des arts de son temps, était plus proche de Maupassant que de ses contemporains comme Schoenberg, viennois comme lui, qui fit l’objet d’une belle expo au MahJ, et d’autres avant-gardistes en art plastique. Il détestera le surréalisme (Section 8 de l’expo) puisqu’il prendra Breton, ancien interne en psychiatrie, ne comprenant absolument rien aux théories de Freud, sauf la libre association des mots (Les champs magnétiques, 1919 avec Soupault), pour un fou « à cent pour cent –disons plutôt, comme pour l’alcool, à quatre-vingt-quinze pour cent. » (correspondance Freud / S. Zweig, 1938 ; rencontre en forme de dialogue de sourds entre Freud et Breton en 1921 à Vienne, comme Bowie avec Warhol à la Factory); seul Dalí (fac-similé, ersatz trop nombreux dans cette expo, d’un portrait de Freud travaillé par la mort, 1938 ; « Le phénomène de l’extase », Le Minotaure, 1933, bibliothèque Kandinsky), le reliera à ce mouvement (rêve, le recours à l’inconscient et l’importance donnée à la sexualité ; cinquantenaire de l’hystérie, dans la revue La Révolution surréaliste, 1928 ; collage de Max Ernst, collection particulière, une gravure de la BNF mais rien de Pompidou y compris la bibliothèque Kandinsky malgré les expos de Spies ; dessin de Victor Brauner et Artaud, Pompidou mais pas de Cantini, Marseille ; peu d’œuvres de Picasso, une étude au crayon, 1907, des Demoiselles d’Avignon  car un étudiant en médecine est représenté, Métamorphose II, un plâtre de 1928, une étude à l’encre de Chine, 1936, alors que Clair a été directeur du Musée Picasso). « Malheureusement, c’est sur la beauté que la psychanalyse a le moins à nous dire » (Malaise dans la civilisation, 1930). Haddad avance que dans le milieu juif traditionnel, dont Freud est issu, poésie et musique étaient favorisées au détriment des arts plastiques, ignorés, à cause de « l’assomption de l’image du corps et au rapport à la mort comme impureté radicale ». Le surréalisme est représenté par de nombreux livres (par exemple Sueur de sang, PJ Jouve, marié à Blanche, psychiatre, psychanalyste et traductrice de Freud, 1933, dédicacé au disciple de Freud, Otto Rank Xerox, collection particulière), Il Ritornante de De Chirico (1917-18, Pompidou provenant de la collection Bergé – Yves Saint-Laurent), Le Viol de Magritte (1945, Pompidou), un dessin, Transparence du « cacodylate » Picabia (1930, collection privée).

Freud scientifique

Neuro

Nous découvrons cinq rares dessins scientifiques à l’encre de Freud de ganglions spinaux et de moelle épinière de la lamproie marine (1876-1878, Londres, Freud Museum). Le neurobiologiste Freud (1876-1896) officie comme neuroanatomiste en 1876 chez le maître de l’école autrichienne de physiologie, Wilhelm von Brücke (1919-1892, fondateur de l’anatomie microscopique) où Sigmund étudie les propriétés pharmacologiques de la cocaïne, dont il sera dépendant comme Sherlock Holmes, afin de décrire l’effet anesthésique local, avant de se tourner en 1883 vers la neurologie clinique auprès du psychiatre viennois Theodor Meynert (1833-1892 et sa conception de l’ « appareil psychique » dans la lignée contestable de la physiognomonie de Lavater, 1741-1801, présent grâce à un livre imprimé prêté par la BNF, et inspirant un plâtre de Messerschmidt, de Gall, 1758-1828, père de la terrible phrénologie dont il reste la bosse des maths et inspirant la triste criminologie de Lombroso avec son Homme criminel, dont on regrette la présence d’un crâne en plâtre prêté par le Mnhn au lieu d’un vrai crâne, notamment de Spurzheim, 1776-1832, mais peut-être est-ce dû à la récente législation restrictive sur les restes humains, à cause des crânes maoris et leur restitution ainsi que d’autres problèmes éthiques, mettant en cause d’importantes et nécessaires collections d’anatomie dans les musées français de médecine déclinant quand ils ne sont pas fermés – AP-HP, Dupuytren, etc.; un curieux dessin du père de la bd, le suisse R. Töppfer, BNF), l’un des pères des localisations cérébrales et du spécialiste controversé de l’hystérie, Jean-Martin Charcot (1825-1893 ; révélation : voir son impressionnant et surprenant schéma de l’inconscient de 1892, prêté par la Sorbonne, similaire à la première topique de Freud en 1900 ainsi qu’un étonnant dessin sous haschisch, 1853), pendant trois mois intenses, à Paris en 1885. Etudiant les paralysies infantiles chez Kassowitz (1842-1913), il tentera de concilier neurologie et psychologie (1895, écrit publié après la mort de Freud) en préfigurant les synapses et la plasticité de la mémoire.

Dès l’entrée, le visiteur tombe sur une pièce unique au monde, en noyer marqueté (XVIIIe) : le baquet de Mesmer, et non de Messmer (le charlatan qui offre actuellement des spectacles d’hypnose) comme le note Adrien Goetz dans un article du Figaro, à magnétiser avec le fluide animal prêté par le trop méconnu Musée d’histoire de la Médecine et de la Pharmacie de Lyon (le maire Collomb, ayant réussi le repêchage de Lyon comme cité gastronomique, refoulant le musée de de médecine de l’Hôtel dieu de Lyon, au label « musée de France » comme le Louvre, dans une réserve au profit d’un hôtel cinq étoiles et de boutiques de luxe). Hypnotisées par le charlatan autrichien Mesmer, toge et chapeau pointu dans la pénombre et accompagné de musique mozartienne, les patientes se pâmaient dans des chambres de crise où les valets les réveillaient avec des sels en les pelotant. La princesse de Lamballe voire Marie-Antoinette venaient en cachette. Le succès fut tel que le baquet migra de la place Vendôme au palais de Versailles. L’effet de suggestion était né, inspirant Charcot, lui aussi controversé. Le riquiqui fac-similé de pièce facétieuse de 1784 (BNF), disposé en face du baquet, n’est ni visible ni compréhensible par le public. Pourquoi, dans l’ensemble d’appareils scientifiques peu pertinents (myographe de Marey, un dynamomètre Lüer de Burq, un objet de chez Charrière de Duchenne de Boulogne montrant dans quel environnement travaillait Freud) mais asseyant faussement la légitimité scientifique des débuts de Freud, un analyseur du timbre des sons à flammes manométriques dit de Koenig, alors qu’il s’agit plutôt d’un résonateur de Helmotz à miroirs de Koenig ? Mystère. Clair insiste sur l’importance de la figure de l’hystérique Wittman et son arc hystérique inspirant Une leçon clinique à la Salpêtrière (A. Bouillet, 1887, Musée d’histoire de la Médecine, Université Paris-Descartes), dont une reproduction figurait dans le cabinet de Freud, les photos de Bourneville et Regnard (Bibliothèque Charcot), de Londe, les précieux cahiers de Richer (1879, 1881, 1882-1883, une incroyable eau-forte d’un tableau synoptique de 1885, Ensba Paris) grâce à Comar, la posture scénique de la chanteuse Yvette Guilbert (croquée par Toulouse-Lautrec, 1898, Albi), de l’actrice Sarah Bernhardt dans Théodora (pièce de V. Sardou écrite pour elle ; photo de Nadar, 1884 ; une affiche de Mucha figure dans une belle expo simultanée sur le célèbre affichiste au Palais du Luxembourg), le rôle de Lucia de Lammermoor dans l’opéra de Donizzeti (Signol, 1850, MBA de Tours).

« Fantaisies phylogénétiques »

Laura Bossi, neurologue et historienne des sciences (Université Paris-Diderot), exhume les illustrations des traités scientifiques et médicaux de l’époque, soulignant les fascinantes « fantaisies phylogénétiques » (L’interprétation des rêves, 1900, Totem et tabou et L’intérêt de la psychanalyse, 1913, Vue d’ensemble des névroses de transfert, 1915, Le Moi et la Ça, 1923, Malaise dans la civilisation, 1930, L’Abrégé de psychanalyse, 1938, Moïse et le monothéisme, 1939). Après Copernic, instrument à l’appui (était-ce nécessaire ?) et la fin de l’héliocentrisme, après Darwin où l’homme descend du singe – ce qui est actuellement contesté par l’idéologie dangereuse du créationnisme aux USA qui compte ses propres musées révisionnistes, le moi n’est plus maître en sa maison avec Freud. L’évolutionniste lamarckien et généalogiste Haeckel (1834-1919 ; cf. la toile de von Max, Pithecanthropus alalus, ou homme-singe sans langage, 1894, Iéna) qui a inspiré l’écologie mais aussi les nazis – triste récupération omise dans l’exposition, étrange pour le MahJ -, a été le passeur de Darwin dans le monde germanophone. Le développement de chaque individu (ontogénèse) répète rapidement le développement de l’espèce (phylogénèse). C’est le « plasma germinatif » de Weismann (1834-1914) préfigurant le génome. Chez Freud, inspiré par L’Hymne à la nature de Goethe (1780) en tête de l’Histoire de la création des êtres organisés d’après les lois naturelles (Haeckel, 1868), cela devient l’évolution dans la théorie de la sexualité infantile (stade oral, anal, phallique) et la théorie des névroses en parallèle de l’enfance phylogénétique de l’espèce. Et une gouache de Kupka (1919) de la collection Bueil et Ract-Madoux (Paris). Si cette section est la plus rigoureusement scientifique, c’est la moins nourrie artistiquement, on ne peut pas tout avoir.

L’art dans tous ses états

S’ensuit le fameux divan, avec une fumeuse litho de Madame Récamier par Dejuinne (mais qu’est-ce que cela à avoir avec la choucroute à part la position horizontale ? Anachronisme), une œuvre contemporaine en technique mixte d’Hans Hollein (1984-85, archives privées). La maquette du 19 Berggasse à Vienne de Matton (Le cabinet de Sigmund Freud, 2002) impressionne. Un fusain de Longo (1938-2004) avec un texte de Spies en annexe du catalogue d’expo.

L’impression d’exiguïté renforce l’ampleur de cette collection antique, dont la fameuse Gradiva, mais moulée en plâtre, exposée dans la pénombre pour des raisons de conservation. Mystère des origines. Comme si nous y étions.

La partie rêve (L’interprétation des rêves, 1900 ; « En fait, l’interprétation des rêves est tout à fait analogue au déchiffrement d’une écriture pictographique ancienne telle que les hiéroglyphes d’Egypte », L’intérêt de la psychanalyse, 1913) est naturellement plus fournie en œuvres artistiques importantes : l’excellent Grandville représenté par des impressions sur papier de collection particulière, Le rêve du prisonnier de von Schwind (1836, Pinacothèque de Munich), La porte des rêves (1899) de Schwob et de Feure, une eau-forte de Saint Rops, La Tentation de Saint Antoine (1887), du musée de Namur, complétée par celles, illustrant Les Diaboliques du dandy Barbey d’Aurevilly, provenant de Morlanweltz (Belgique) dans la très réussie section sexuelle (Trois essais sur la théorie sexuelle, 1905 ; Contribution à la psychologie de la vie amoureuse). Le sexe inspire, un vrai festival : un dessin de Klimt où une femme se branle joyeusement (1916-17, Leopold museum, Vienne) avec un sacré coup de crayon, une aquarelle de Rodin (musée Rodin) mais surtout, en descendant l’escalier, dans un renfoncement bienvenue, un tête-à-tête avec L’origine du monde de Courbet, qui a traversé pour la première fois la Seine, représentant la danseuse Constance, et le panneau dessiné du beau-frère de Lacan, André Masson (1955) pour masquer accompagnés d’une photo du gogue de Lacan montrant l’ingénieux dispositif; Fontaine (1917) de Duchamp avec la Scatola di merda de Manzoni, que Clair décrit avec gourmandise, malgré l’absence surprenante de cartel et de mention dans le catalogue. La « libido », ou « Énergie », mot du XVIIIe siècle, est décrite par Jean Clair comme de l’énergie pure. Kokotschka, Schiele : fac-similés, arglll. A ce sujet, est-il normal qu’une fondation privée comme Pinault (Vuitton avec en simultanée une expo Basquiat / Schiele) ait la prépondérance sur une institution publique ?

 

https://www.franceculture.fr/emissions/moi-sigmund-freud

 

« Freud : du regard à l’écoute », jusqu’au 10 février. Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Parais, le Marais, rue du Temple.

 

[Manuscrit Poésie] Cadette des 7 (#épisode 70)

expliquer comme

mots pas hauteur

tués bébés

7 heures

tuer : oui

préméditation : non

tuer 461 : oui

préméditation : oui

tuer 462 : oui

préméditation : oui

va vis deviens

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques. » Cyrille Martinez, D-Fiction

Papy Godard fait de la résistance

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« du visible dans le non-vu, de l’audible dans le non-entendu, du compréhensible dans l’incompris, de l’aimable dans le non-aimé. » (Jean Epstein, Le Cinéma du Diable).

Jean-Hulk a gobé des rayons gamma. Longtemps que j’ai décroché de Godard. Trainé des pieds. Et là, la claque, la commotion. C’est l’un des grands films de cette année, n’en déplaise aux dernières déclarations d’Eddy Mitchell / Moine. Je dirais même plus : nous ne sortons pas dans le même état que dans lequel nous sommes entrés, cela se nomme art. Comme une évidence en temps d’urgences. Limpide.

Le livre d’image sera peu diffusé en salle (« les images doivent passer sur une toile réservée à la peinture ») car l’œuvre se positionne entre l’installation d’art contemporain et poésie, au sens étymologique de faire (poiesis), visuelle et sonore (voire électroacoustique avec son choral dispersé en 7.1, une sorte d’Ecrits/studio réussi, il n’y a pas de mal) avec des moyens artisanaux (un écran plasma sur lequel Aragno, l’un des collaborateurs comme monteur, filmeur et producteur, « Ou des fois je lui laisse faire, je lui dis : « Faites à votre idée », et puis ça me donne d’autres idées. Ou bien on garde et puis, disons, il régularise la chose pour la livraison. Au tournage, il fait aussi bien le son que l’image comme quelqu’un en documentaire. » selon JLG, précise qu’« Aujourd’hui, sur les téléviseurs 8K, le contraste entre le noir et le blanc est de 10 000, alors qu’en salle, on arrive à peine à 2000. Le livre d’image a été fabriqué sur un grand écran plat, avec 10 000 de contraste. Projeté sur un écran blanc, le noir n’est jamais noir. C’est de la non-lumière sur du blanc, toujours un peu grisâtre. Tandis que sur un écran plat, LED ou plasma, c’est noir noir. Un gouffre. », et deux hauts parleurs éloignés pour que le son soit découplé au maximum de l’image puisque « Le but était de séparer le son des images, qu’il ne soit pas le compagnon de l’image mais qu’il la commande. Les frères Lumière qui n’avaient pas le son, à leurs débuts, étaient des contemporains des impressionnistes, ils ont utilisé les couleurs » – le projet initial était un film-sculpture pour trois écrans, ce qui a déjà existé avec Napoléon d’Abel Gance, 1927, en cours de restauration, que j’ai eu la chance de voir dans le dispositif original dans les arènes de Nîmes). La projection se déroulera dans des théâtres (comme le Vidy à Lausanne du 16 au 30 novembre), au Centre Pompidou, à la Galerie nationale de Singapour, au musée Reina Sofia à Madrid et dans un musée new-yorkais. D’où le privilège de l’avoir vu – Claire Denis était également dans la salle -, à l’Institut Lumière (Lyon), là où le cinéma est né (3 versions de La Sortie des usines Lumière, 1895), précisément.

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   Le sous-titre du film est : Image et parole (« Parce que les Américains et les Allemands, ils n’ont pas de mot pour ‘parole’. Ils disent ‘Worte’ ou ‘words’. Même Hamlet dit : « Words, words, words. » Mais il n’y a pas de mot pour ‘parole’ »). C’était le titre initial du film, avec papyrus entre parenthèses. Il s’agit, dans la lignée de ses Histoire(s) du cinéma (1989, 1999, 2005) – aporie esthétique annonçant les plus classiques Scorsese (Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain, A personal journey with Martin Scorsese through american movies, 1995 ainsi que Mon voyage en Italie, My voyage to Italy, Il mio viaggio in Italia, 1999), Frears (A personal history of British cinema by Stephen Frears, 1995) et Tavernier (Voyage à travers le cinéma français, 2016, 2017) -, d’un travail de collage (images d’actualité, archives, extraits de films en HD,  morceaux d’œuvres, transformées ou non, fragments textuels ou musicaux, surimpression et surexposition des images, titres, surtitres, intertitres), comme chez Schwitters, Heartfield, Ernst ou de montage (par exemple, des victimes de Daech sont jetées à l’eau d’où James Stewart sauve Kim Novak dans Sueurs froides, Vertigo, Hitchcock, 1958; un monstre de Freaks de Tod Browning, 1932, se retourne confus devant une image porno – montage facile mais efficace) plus que de tournage.

Jeux de main

L’expérience est en cinq parties, comme les cinq doigts de la main – « Et – enfin ! – ma main vit, ma main voit. »; la geste étant omniprésente comme dans l’art religieux et l’histoire de l’art en général -, mais le dernier doigt, selon Godard, est aussi le centre, la partie centrale de la main :

1- « Remakes » (constat de l’invariable répétition des guerres, qualifiées de « divines » en tant que constante de la nature humaine, et des catastrophes au cours de l’histoire, en confrontant les conflits d’antan avec ceux d’aujourd’hui ; toute civilisation est fondée sur un génocide, « C’est une brève histoire que celle de l’extinction en masse des espèces » ; Remakes rime avec rimes, à condition de le scinder en Rime(ake)s; remake, c’est aussi la copie),

2- « les Soirées de Saint-Pétersbourg » (la superbe plume du philosophe savoyard contre-révolutionnaire et ultramontain, ambassadeur de Napoléon en Sardaigne, Joseph de Maistre – choix étrange pour un Godard de gauche bien que son portefeuille soit à droite, à la place du cœur – dont l’ermite de Rolle aurait pu choisir l’ouvrage du frère Xavier, Voyage autour de ma chambre, 1794),

3- « Ces Fleurs entre les rails, dans le vent confus des voyages » (sur ces vers de Rilke, nombre d’extraits de films apportés par la chercheuse Nicole Brenez où le train – « Сomme si c’était un train, le cinéma était la locomotive et la politique, tout ça, était le dernier wagon », déjà présent dans la catastrophique exposition Voyage(s) en utopie, à la recherche d’un théorème perdu à Pompidou en 2006, cause de fâcherie provisoire avec Païni, objet de Reportage amateur, ersatz du projet initial Collage(s) de France, archéologie du cinéma, d’après JLG laissé en chantier, maquettes comprises -, est présent dès L’arrivée du train en gare de La Ciotat, frères Lumière, 1896, reflet du procédé cinématographique avec le travelling et sa dite morale, évoque, comme dans Le mécano de la Générale, The General, de Keaton,  1926, les mouvements conjoints de l’histoire, dont les camps de la mort ou l’exode dans Manon de Clouzeau, 1949, d’après le roman de l’abbé Prévost, et des images),

4- « l’Esprit des lois » (Henry Fonda incarnant le jeune Lincoln dans Vers sa destinée, Young Mr Lincoln, J. Ford, 1939, avant celui, jouant un homme enfermé à tort, du Faux coupable, The Wrong Man, Hitchcock, 1956 ; la politique où la justice passe avant la loi ; le cadre d’après Montesquieu dans une société actuelle où la notion de contrat des Lumières tend à être obsolète sans modèle alternatif viable; une chanson de Vissotski évoquant les règles et le dépassement des règles pour survivre),

5- « la Région centrale » (titre emprunté à Michael Snow, 1971; un Touareg caresse délicatement le menton d’une innocente gazelle comme dans une aquarelle ou une peinture de Delacroix ; allusion à l’Arabie heureuse d’Alexandre Dumas, le Moyen-Orient fantasmé par Godard sur le fondement du chemin de fer en Turquie de Smyrne, construit par son grand-père maternel, à un petit endroit qui s’appelait Cassaba, nom de son premier chien, par l’occident avec Salammbô de Flaubert avec tournage à la Marsa, sur l’ancienne Mégara, et l’inévitable Shéhérazade des Mille et une nuits, Saint Louis, mort à Carthage; Jeancul God cause des religions du livre, « les hommes vénèrent beaucoup trop les textes, la Bible, le Coran, la Torah », et du rapport à la guerre; l’actrice Ghalia Lacroix, qui joue en Tunisie, pays où plusieurs plans ont été tournés par Aragno, le rôle de Djamila dans For Ever Mozart, 1996 – où il était question déjà d’« une saturation de signes magnifiques qui baignent dans la lumière de leur absence d’explication » selon Manoel de Oliveira en 1993 -, et qui apparaît à plusieurs reprises, sans oublier Beyrouth et la Jordanie pour Ici et ailleurs, 1976 réalisé avec Jean-Pierre Gorin ; bref, un long chapitre, naïf sur le plan géopolitique – Bruno Etienne où es-tu ? Kepel sera ton disciple -, son Automne à Pékin sur le Moyen-Orient sentimental et sa satellisation par le reste du monde, où revient la question lancinante « Les Arabes peuvent-ils parler ? » avec l’occident qui ne comprend rien telle Bécassine car « les arabes et les musulmans n’intéressent personne », sont-ils audibles par des personnes sachant les écouter voire les entendre ?, à travers plusieurs extraits, lus par lui, du roman Une ambition dans le désert, 1984, Dofa, la « misérable oasis de Dofa » où régnait une paix souveraine, « car là où il n’y a rien, même les scélérats se résignent à l’indigence » alors que le premier ministre, Ben Kadem, dirige – car chacun se rêve actuellement roi mais personne ne se rêve Faust – tout en organisant de faux attentats révolutionnaires dans son propre État pour attirer l’attention des grandes puissances car privé de ressources pétrolières, bien que son sage cousin, Samandar, déplore que les bombes pleuvent, de l’écrivain égyptien francophone Albert Cossery habitant à l’hôtel Louisiane à Saint-Germain; Hasards de l’Arabie heureuse, titre en français dans le texte, de l’américain Frederic Prokosch; l’extrait du philologue palestino-américain Edward Said, Dans l’ombre de l’Occident, offre un apport critique : « la représentation, plus précisément l’acte de représenter (et donc de réduire) implique presque toujours une violence envers le sujet de la représentation; il y a un réel contraste entre la violence de l’acte de représenter et le calme intérieur de la représentation elle-même, l’image (verbale, visuelle ou autre) du sujet. » – Marie-José Mondzain aurait à disserter sur le sujet, le statut de l’image ; finalement, la région centrale, c’est l’amour, présent par exemple avec un couple tragique dans La Terre, Zemlya, de Dovjenko, 1930).

5 comme les cinq doigts de la main – reçue 5 sur 5 -, par quoi l’homme pense, accomplissant sa véritable condition dans cet Essai à la Montaigne : « La vraie condition de l’homme, c’est de penser avec ses mains » selon Rougemont cité ; « Avec ce film, je me suis intéressé aux faits, à ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. J’espère que mon film montre ce qui ne se fait pas. Il faut parfois penser avec les mains et non la tête ». Leroi-Gourhan, l’homo faber de Bergson. Godard fait main basse : « Par exemple tendre la main au dehors et rassembler en un faisceau, du simple geste de la refermer, les voix qui passent du monde. Un simple geste de la main. » comme l’écrit Cholodenko.
« Un crime derrière chaque mot ! » écrit Novarina dans Le drame de la langue française dans Le théâtre des paroles. Godard fait un doigt avec son contestable « Que des gens lancent des bombes, ça me paraît normal, que faire d’autre ? Je serai toujours du côté des bombes… » compréhensible d’un certain sens mais quid du Bataclan et ailleurs ?

Godard aime le côté artisanal de la collure au montage (« Vous savez, moi je ne suis qu’un fabricant de films ») : il utilise le montage analogique avec de vieux appareils, 7 ou 8 machines qui remplissent la pièce datant d’il y a 10, 15 ans, dont l’un ne permet pas de revenir en arrière – aucune erreur possible. Constatant, de façon réaliste et logique, que nous sommes en guerre (« On n’est jamais suffisamment triste pour que le monde soit meilleur » Elias Canetti, clamait à Cannes sa productrice Mitra Farahani, Ecran noir; « La guerre est là…», nous annonce Yoda avec une faible et vieille voix tremblotante au souffle coupé par trop de cigares ; « tout ce qui vit doit être immolé sans relâche »), le sujet proposé par Godard est l’histoire des images et leur utilisation pour comprendre les régimes autoritaires (l’image arrêtée de l’armée israélienne suivie d’un plan du Cercle de la merde dans Salo ou les 120 journées de Sodome, Salò o le 120 giornate di Sodoma, Pasolini, 1975; dans le film de Rossellini, on les voyait jeter à la mer, pour signifier la fin de la guerre, et puis après dans le film islamiste on les voit rejeter à la mer), le fascisme, l’obscurantisme (les islamistes dans Timbuktu de Sissako, 2014), la mythologie et l’art.

Au début est le noir. Et la lumière fut. Faisant fi des Schtroumfs, Godard invoque Bécassine : « Les maîtres du monde devraient se méfier de Bécassine parce qu’elle se tait ». « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » concluait Wittgenstein dans son Tractatus Logico-Philosophicus écrit dans les tranchées. Antépénultième : « Même si rien ne devait être comme nous l’avions espéré, ça ne changerait rien à nos espérances » Peter Weiss. La fin : l’association (samples et boucles, surimpressions et monologues, cut-up), principe essentiel du dispositif godardien agrémenté de la translation comme chez Proust inspiré de Ruskin ou Claude Simon qui faillit être peintre, de la « révolution » (« Il doit y avoir une révolution. ») et de l’image finale d’une chute. Le dernier plan, emprunté à Le plaisir (Ophuls, 1952), c’est un couple de la Belle Epoque exécutant la danse du Masque de façon survoltée ; l’homme, un dandy sans visage, bouge comme un pantin, s’écroule d’un coup, raide mort, disparaît du champ ; sa cavalière poursuit sa danse, puis recouvre ses esprits, se retourne – on achève bien les chevaux. Les derniers mots : « ardent espoir ».

Le monde est bleu comme un orage

Les portraits défilent : Rimbaud, trafiquant aux semelles de vent arrivé à Aden, puisque le film est sous le sceau de Les Illuminations où le livre d’image serait, en une fausse piste, parsemé d’enluminures et de fulgurances guidées par de puissantes intuitions qui mériteraient parfois d’être développées, Céline, « Faites passer sur nos esprits, tendus comme une toile, vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons. » (Voyage, Baudelaire), ralenti sur Jean Gabin, un fond de Scott Walker, l’un des modèles de Bowie qui contribua à faire connaître Brel dans le monde anglo-saxon, le C. F. Ramuz de l’enfance, écrivain si oublié et pourtant si contemporain avec ses répétitions hypnotiques, un plan sur Cocteau foudroyé avec l’emphase que nous lui connaissons, Caillebotte, Eddie Constantine (souvenons-nous d’Alphaville, 1965), Depardieu, Odile Versois, Rosa Luxembourg très présente, Gauguin, sa compagne Miéville avec le plan sur son livre, préfacé par Jean-Luc, Images en parole où un extrait poétique est lu, etc. Au gré, sont reconnaissables, comme des restes archéologiques, Le dernier des hommes (Der letzte Mann, Murnau, 1924), le fameux œil tranché, ou métaphore du cinéma qui nous plonge dans une scène d’horreur qui marque comme aux débuts du cinéma, du Chien andalou (Luis Buñuel, 1929 avec Salvador Dalí), le père Jules (Michel Simon) et, dans un autre extrait, la jeune mariée (Dita Parlo) dans L’Atalante (J. Vigo, 1934), Berry en diable dans Les Visiteurs du soir (M. Carné, 1942), le kitsch Johnny Guitar (Nicholas Ray, 1954), La strada (Fellini, 1954), En quatrième vitesse (Kiss Me Deadly, R. Aldrich, 1955), Alenka (Alyonka, Barnet, 1962), Hamlet (Franco Zeffirelli, 1990), Elephant (Gus van Sant, 2003), etc. ; il ne s’oublie pas avec des extraits du Le Petit Soldat et Les Carabiniers (1963), de Week-end et La Chinoise (1967) et d’Hélas pour moi (1993). Si aucun droit n’est demandé aux auteurs, le tout figure dans un générique digéré dans le film, comme dans le catalogue dada.
Outre le train, le symbole le plus parfait du cinématographe est cet extrait de Mouchette (Bresson, 1967, d’après un roman de Bernanos), mais aussi bien dans La règle du jeu (le marivaudage de Renoir, 1939), parfois mis en ralenti par Godard, de ce lapin chassé, entre vie et mort, présent et futur débouchant sur le passé, où Mouchette projette son destin malheureux. C’est sa flèche de Zénon. Ici compte le mouvement, le contrepoint (« le contrepoint est une discipline de la superposition des mélodies », dans une perspective où les arrangements prévalent sur l’harmonie et la différence des mélodies sur leur parenté), l’ascétisme (Godard retire, élague, d’où son équation, omettant pourtant un nombre imaginaire dans sa conférence de presse cannoise en FaceTime sur un téléphone portable où les journaleux défilent un à un : « Un film c’est plutôt une équation que peut résoudre un enfant. C’est X+3=1. Si X plus 3 égale 1, alors X égale à -2. Autrement dit, quand on fait un film, pour pouvoir trouver une image, il faut en supprimer deux. C’est la clef du cinéma. Mais si c’est la clef, il ne faut pas oublier la serrure », c’est-à-dire l’image), le rapport entre les plans par le montage avec un effet Koulechov décuplé. Godard retire comme les affiches lacérées de Hains : aller à l’os. Gilles Jacob a raison de qualifier Godard de « Picasso du cinéma », sachant qu’ayant dépassé sa période bleue, il revient à cette couleur.

« Nous nous demandions comment dans l’obscurité totale / Peuvent surgir en nous des couleurs d’une telle intensité ». Le livre d’image a failli s’intituler Tentative de bleu ou Le grand tableau (noir). Nous plongeons dans le bleu, couleur primaire (cyan), comme dans une installation de James Turrell (exposition La beauté, Avignon, 2000), en évitant le bleu Klein, l’océan, la méditerranée, les qualifiés de migrants ou réfugiés sur des Radeau de la méduse, Lesbos, la poésie, Ulysse (Le mépris, 1963). Godard choisit des extraits et les triture avec un appareil spécifique qui amplifie le signal : les aplats de zones saturées à dominante bleue, l’étalonnage en bleu laissent songer nettement à Nicolas de Staël qui était exposé à Voyage(s) en utopie, à la recherche d’un théorème perdu (le tableau Les musiciens, souvenir de Sidney Bechet, 1953 mais également La Blouse roumaine d’Henri Matisse, avril 1940). Loin de Van Gogh, dominé par le bleu, de Pialat (1991), anciennement peintre, JLG utilise des couleurs, un noir et blanc triturés, parfois sursaturés, solarisés, pixellisés, jusqu’à la dégradation volontaire (le bal dans Guerre et paix, Voyna i mir, Sergey Bondarchuk, 1966 d’après Tolstoï en souvenir de l’invasion allemande en Russie ; l’érudit Eisenschitz fournit en films russes). Aragno remonte et retravaille sur ordinateur (HD, 3D) afin de rechercher une définition meilleure, éviter les problèmes de trame. L’apport numérique révèle la matière, vivante, organique, argentique du cinéma par le grain de l’image, les perforations de la pellicule. Le résultat : l’expressionnisme numérique.

Le changement de format en cours de projection (4/3, 16/9 : « Je veux dire qu’autrefois les peintres, ils peignaient avec ce qu’ils avaient à disposition. Quand on a inventé les tubes de peinture, ça a beaucoup changé, l’impressionnisme etc. Donc, on fait rien que le réel. (…) Même la télé : il n’y a pas un téléviseur qui fasse pareil que l’autre. Donc, on n’y peut rien. Il faut tâcher qu’il reste une chose et c’est cette chose qu’on doit choisir au départ et chercher, si vous voulez. »), de cadre, en jouant sur la télécommande, comme ce qui est possible de faire avec la tv, n’est pas maîtrisé et pas heureux. Le texte comme valeur cardinale justifie le titre Le livre d’image où les mots à l’écran sont comme des images : « Avec les religions du livre, le texte des lois, les Dix Commandements, nous avons sacralisé le texte. Il fallait le livre d’image. ». La qualité de Godard est sa capacité à recevoir. JLG réinvente le visuel en réaffirmant que la langue ne sera jamais le langage.

Le son du chaos du monde

« On a perdu un peu la sensation d’espace, beaucoup même, qu’il y avait dans les premiers films avant la Deuxième Guerre mondiale. Tout est devenu plus à plat, si vous voulez, et très différent de la peinture. Une bonne photo à un moment parle mieux qu’une image. Même les travellings : je me souviens de la phrase de Cocteau qui disait que faire un travelling était complètement idiot parce que ça rendait l’image immobile. » « Pendant quatre ans, j’ai cherché à trouver quelque chose, certains sons qui pourraient raconter quelque chose. Parce qu’il faut quand même raconter quelque chose ! Je pense que le texte peut s’accrocher aux images ». Et encore : « la recherche d’un son qui est l’équivalent d’une image et qui est plus près de la parole au sens profond ». Si Adieu au langage (2014) explorait la 3D en image, ici le 3D est sculpté par le travail sonore spatialisé. Son tournoyant et décalé pour les voix off du réalisateur, on dirait une production de l’INA/GRM mais il s’agit d’une élaboration là aussi artisanale : pression acoustique, baffle Jbl des années 80 avec une belle rondeur dans le son, nul max msp. Si les 3 panneaux centraux de l’écran sont utilisés comme d’habitude, les panneaux latéraux sont mis à contribution, non pour un dolby ou autre, pour un effet sidérant, immersif et saisissant, même si la voix de Godard est parfois inaudible, à cause d’un mauvais dosage, au point de se reporter aux sous-titres en anglais auxquels Godard avait d’abord renoncés car en « américain ». Le découplage image/parole, notamment pour les bombes et les explosions, est justifié contre « le son [qui] va avec l’image et qu’on croit ce qu’on voit ».

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Si Artaud prônait un séminal théâtre de la cruauté, Godard révèle ici un cinéma de la cruauté : être une pensée par l’image et une image de la pensée dans le chaos du monde. Inspirant.

Pour ces 50 ans de mai 68, où l’affiche de Cannes piochait dans Fierrot le pou (1965) où Bébel embrasse son ex Karina, une palme d’or spéciale a été créée. Cate Blanchett a salué « un artiste qui fait avancer le cinéma, qui a repoussé les limites, qui cherche sans arrêt à définir et redéfinir le cinéma ».

[Welles, Lumière 2018] The other side of the mouise

De_l_autre_cote_du_vent

The Other Side of the Wind, Orson Welles, 1970-76/2018, 2h02, noir et blanc et couleurs.

Rocambolesque

Vérités et mensonges (F for Fake, 1973) augurait fort mal de la suite. Oja Kodar, sculptrice d’origine croate, la compagne d’Orson, jouait déjà, montrée sous toutes les coutures. La suite, c’est un projet écrit en 1950, tourné entre 1970 et 1976 puis bloqué par un financier, beau-frère du Shah d’Iran, puis par un conflit entre Kodar et la fille cadette du metteur en scène, Béatrice, Jeanne Moreau aussi, paraît-il. Résultat : 1 000 bobines de rushs, soit des centaines d’heures, restaient conservées dans un dépôt de Bagnolet sans être exploitées ; Welles, échaudé, avait heureusement sauvé 42 mn qu’il a ramené aux Etats-Unis. Stone et Lucas s’y sont ensuite cassés les dents. En 2015, trois producteurs – louons leur travail -, Frank Marshall, qui a produit Spielberg, Jens Koethner Kaul, Filip Jan Rymsza, directeur de Royal Road Entertainment et réalisateur de deux films (Dustclouds, 2007, Sandcastles, 2004) – ce dernier était présent à la présentation, d’ailleurs indigente, où Frémaux déclare l’avoir pris au début pour un charlatan-, firent appel au monteur Bob Murawski pour le montage titanesque (2 ans) vu la variété du matériel (super 8, image tv, 16mm, 35mm, images d’archives, etc.). Frémaux, qui, d’un revers de main, ne reconnaissait pas officiellement la faible représentation des réalisatrices au Festival de Cannes en 2017 avant de récupérer de façon opportuniste le mouvement #metoo suite au scandale Weinstein, bien que la défense de la projection sur écrans de cinéma soit légitime et nécessaire, a loupé le coche à Cannes 2018, malgré les suppliques de la fille cadette de Welles. Netflix a finalement présenté The other side of the wind à la Mostra de Venise, festival créé sous et par Mussolini, rappelons-le, qui a damé le pion à tous les niveaux cette année au festival français (Lion d’or à Roma de Cuaròn qui ne devrait malheureusement pas sortir sur les écrans alors qu’il a été tourné en 65mm pour le cinéma).

Daube de taureau

          La séance du Festival Lumière 2018 commence mal malgré la présence dans la salle, soulignée par Frémaux, de Claire Denis et de Schatzberg, pote de Tavernier présent chaque année – même Chardère, le fondateur de l’Institut Lumière et de Positif est là, nombre de spectateurs sont sur les marches : Peter Bogdanovich, acteur principal du film, ami d’Orson Welles qu’il a interviewé (Moi, Orson Welles : entretiens avec Peter Bogdanovich, 1993, This is Orson, 1992, 1998), obligé moralement de terminer le film à cause d’une promesse, n’est pas présent (j’apprends ensuite qu’il sera absent pour sa master class car il vient de rentrer à l’hôpital : il a chu) ; le film lancé en 35mm est … This Other Eden (1959) de Muriel Box où le point commun serait vaguement l’Irlande ; Frémaux, le granthomme qui veut qu’on l’applaudisse et qui ne saurait avoir tort malgré le nombre de bêtises et de questions stupides qu’il profère, cabotine en disant que c’est une blague ; enfin Frémaux remercie Netflix, ce qui ne manque pas de piquant.

Le film commence par un accident, image statique qui ne laissera pas de souvenir comme dans Les choses de la vie (Claude Sautet, 1970 d’après un roman éponyme de Paul Guimard) mais les moyens diffèrent, il est vrai. A retenir le principe du flash-back global comme dans Citizen Kane (1941). Nous voyons dans The other side of the wind, une Oja Kodar souvent nue, comme si le voyeur et exhibi (« Je prépare un film cochon » avait-il déclaré à Bogda), l’obèse ourson et vieux Orson, était content de présenter sa jeune et jolie conquête (Pocahontas), néanmoins co-scénariste, en pâture au spectateur dans des scènes opportunément hippies et beat-nique, avec scène de baise dans la bagnole sous un orage violent où elle chevauche le John/Bob, sur une musique originale psyché rendant la bande-son jazz 2018 de Michel Legrand (« Le sujet du film me touche : l’idée du passage du temps, le renouvellement de l’inspiration » ; il est question dans le film de jazz et de nains), qui travailla sur l’indigent Vérités et mensonges (F for Fake, 1973), omniprésente et obsolète. Le voyeur spectateur se rince l’œil – pourquoi pas. « Plusieurs voix raconteront l’histoire, expliquait le réalisateur dans son livre de mémoires écrit avec Peter Bogdanovich qui lui insuffla l’idée du film. On entendra des conversations enregistrées, sous forme d’interviews, on verra des scènes très diverses qui se déroulent simultanément. Il y aura des gens qui écrivent un livre sur lui. Des documentaires. Des photos, des films. Plein de témoignages. Le film sera un assemblage de tout ce matériau brut. ». Malheureusement, nous sommes loin d’un Joyce, Dos Passos ou A. Schmidt au cinéma : la simultanéité n’est que successions, aucun split screen (L’affaire Thomas Crown, The Thomas Crown Affair, Norman Jewison et L’étrangleur de Boston, The Boston Strangler, Richard Fleischer, 1968 par exemple), alors que cette pratique existe depuis le muet, ou autre ; bref, aucune recherche formelle originale.

Dans une longue fête goyesque à la Arkadin (Dossier secret, Mr. Arkadin, 1955) Welles propose un montage effréné (y a-t-il au total plus de plans que dans Othello, The Tragedy of Othello: The Moor of Venice, 1951 ?) , voire fatiguant, où alternent les scènes en noir et blanc et en couleur – ce qui ne gêne pas pour les films muets mais qui sont ici plus que contrariants, ou se succèdent une multitude de personnages (Peter Bogdanovich, Mercedes McCambridge, Edmond O’Brien, Lilli Palmer, Dennis Hopper, qui n’a pas besoin de forcer pour avoir les yeux exorbités par la came, la Strasberg, Claude Chabrol, symbole d’une nouvelle vague ici mal comprise, qui fait une saillie drôle, Stéphane Audran, Norman Foster, Gary Graver, Curtis Harrington, Paul Mazursky, etc.) qui s’invectivent, se questionnent, s’agressent à coup d’aphorismes souvent hilarants (« On a dit de lui qu’il était le Murnau américain ! Mais j’ai oublié qui était Murnau »). L’humour est aussi léger que dans Falstaff (Campanadas a medianoche, 1965), d’ailleurs il est encore question de Shakespeare mais comme un cheveu sur la soupe, sur fond de flamenco car Orson est amateur de tauromachie en Espagne – le personnage principal, joué fort peu légèrement par John Huston incarnant un porc velu aux propos antisémites et homophobes, lorgnant sur une petite fille et terrorisant son entourage, n’est-il pas présenté ici comme le Hemingway du ciné ? C’est qu’Orson se venge d’Hollywood avec ses réalisateurs, leurs petites cours, les producteurs à l’ancienne, le fixeur, les critiques, pour nous servir du taureau … en daube ! La charge est plombée. La machine bavarde tourne à vide, la scène d’anniversaire en ciné-vérité, sous alcool ou drogue, est interminable. Dans une lourde mise en abyme, des séquences du film en question, entre série B à la Corman (bikers et femmes dénudées) et Zabriskie Point (Antonioni, 1970, dont les parodies sont décidément nulles, si nous tenons compte de Twentynine Palms, 2003, de Bruno Dumont ; ici, des perles qui tombent ridiculement sur le corps nu d’Oja Kodar que nous aurons décidément vu sous tous les angles) et sont projetées par intermittence entre des coupures de courant, dans un drive-in, avec des nains qui lancent des feux d’artifices mais malheureusement nous sommes loin de la Dolce vita (1960) ou 8 ½ (1963) de Fellini. La charge est vulgaire (dans le sens où Le loup de Wall Street, The Wolf of Wall Street, M. Scorsese, 2013 à force de dénoncer cette vulgarité permanente finissait par le devenir lui-même) : en voulant être dans le mouvement de l’époque, il rate sa confrontation avec Antonioni, Fellini et Godard des années 70, où Welles serait plutôt ici à bout de souffle malgré une forte énergie inutile, mais aussi avec le nouvel Hollywood (Hopper, De Palma, le critique McBride, jouant son propre rôle ici, déclarant hors champ « Si l’on veut savoir à quoi ressemblait l’ambiance à Hollywood pendant l’ère ‘Easy Rider’,  quand la nouvelle génération a bousculé les vieux réalisateurs, il suffit de visionner ‘The Other side of the Wind’. », Monty Hellman, etc.) que représente le « magnétophone vivant » Peter Bogdanovich, excellent réalisateur quoique parfois trop référencé (les excellents La dernière séance, The last picture show, 1971, La barbe à papa, Paper moon , 1973, sentent Les raisins de la colère, The grape of wrath, J. Ford, 1940. Bogda était perçu comme un pasticheur, comme Tarantino aujourd’hui). Deux scènes à sauver : une poursuite, esthétisante, laissant songer à la fin de La dame de Shanghai (The lady from Shanghai, 1947) ; la fin du film dans le drive-in où l’image sur l’écran s’efface progressivement. L’allusion à la bombe laisse penser au début de La soif du mal (Touch of evil, 1958), de même lorsqu’un personnage se vautre dans une flaque d’eau.

*

A la fin, une fois que tout le monde est parti, les gens n’en pouvant plus de ce gloubi-boulga, Orson nous gratifie en voix off d’un « cut », probablement rajouté postérieurement. Gageons que la critique française criera au génie et nous assommera avec des articles pseudo-savants. Franchement, si ce n’était pas d’Orson Welles, personne ne s’y intéresserait ! Il restera à se reporter au documentaire, diffusé uniquement malheureusement sur Netflix, de Neville, They’ll love me when i’m dead (2018), phrase que confessait Welles à Bogdanovich. Reste à savoir si Netflix confirmera sa tentative de légitimation dans la profession cinématographique et auprès des cinéphiles par une sortie de The other side of the wind prévue en salle. Chacun.e pourra ainsi se forger sa propre opinion.

[Manuscrit Poésie] Cadette des 7 (#épisode 69)

cadette des 7

avance pas dangereuse

demi femme  heureuse

pas à    pas dangereuse

enfants attendent

leur maman pleure

acte monstrueux

mais pas monstre

fini bébé pour

cadette des 7

utérus enlevé

va pas à pas

dissiper brume

oui donner mort pis

pas acquitter non

pas à pas avance

j’ai tué mes enfants ça je le sais

pas facile ça ici

hors norme ça

souffre comme aucune

femme souffre ça

pas à pas

cadette des 7

avance ah

acquitter non

mais juste pour

cadette des 7

juste pour enfants

juste ça

pas à pas sortir

sortir vite

suivie jour

après jour

déchirer brumes

pas à pas

clive plus

de bébés tués

accepter ça

porter ça

pas à pas

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques. » Cyrille Martinez, D-Fiction

[Manuscrit Poésie] Cadette des 7 (#épisode 68)

cadette des 7

souffre tétanisée

acte monstrueux

mais pas monstre

non avocat général

veux pas monstre

noir sur blanc

pas une icône

cadette des 7 souffre

comprendre incompréhensible

limite du mur

ça comprendre ça

pas acquitter non

461 462

je ne leur parlai pas

pas allers-retours

aux enfants eux

 je leur parlais

tête corps

aller-retour

pas vu ah

limite du mur

noir brumes

vous punir oui

  • murmures –

voir dedans brume

pas danger

cadette des 7

pas à pas

déchirer brume

pas des êtres

sa mère

pas responsable

remous sables

mouvants

peut-être enfance

père pas responsable

pis brume plante

là pas à pas

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques. » Cyrille Martinez, D-Fiction

[Manuscrit Poésie] Cadette des 7 (#épisode 67)

monsieur le président

mesdames cour

-blanc sur noir-

mesdames messieurs jurés

ici décision grave cour

ici cadette des 7 grave

là enfants grave

là mari grave

bref social

société sociétal grave

noir sur blanc

donc pas acquitter

mais espoir

bébés dedans tête

vos bébés dedans

nos bébés

poings serrés

nos yeux fermés

peau fripée

vos morts bébés

pas des êtres

bébés tués oui

cadette des 7

seule dedans baignoire

rouge sur blanc

bébés nés

cadette des 7

souffre sans sage-

femme déchirée

sans médecin

  • morts – sans

matrone – souffre –

sans personne

dedans baignoire

nés bébés sidérée

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques. » Cyrille Martinez, D-Fiction

[ciné] Voyage à travers le cinéma français (suite), Tavernier

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Tavernier affirmait les poings sur la table que s’il ne pouvait pas filmer les épisodes suivants, il s’exilerait. Les voici donc, même s’il aurait préféré en filmer 10 plutôt que 8, format infligé par France tv, et pas forcément diffusé à 23h30 à France 5 en même temps que Le cinéma de minuit, délaissant la possibilité du replay. Les génériques identiques des épisodes laissent songer justement à celui de Le cinéma de minuit : L’Atalante (J. Vigo, 1934) et la musique de Jaubert, jingle de feu Projection privée de Michel Ciment sur France culture, Panique (Duvivier, 1946) qui revient deux fois, l’inévitable et, selon moi, surestimé marivaudage La règle du jeu (Renoir, 1939), Casque d’or (1952) et Le trou (1960) de J. Becker, Ascenseur pour l’échafaud (L. Malle, 1958), Alphaville (Godard, 1965), un film non identifié avec Lino Ventura, un autre avec Arletty et Gabin.

     L’aspect inattendu de ces épisodes est de nous montrer l’état physique qui se dégrade de Bertrand Tavernier. Ayant mangé du mouton avec sa tremblante, il sucre les fraises. Il reste passionné mais on sent que c’est son testament, ce qui est émouvant. C’est donc avant tout, de façon inattendue, un documentaire sur la mort au travail. Ah la voix d’André Marcon ! Les épisodes manquent d’ouverture sur l’extérieur, tant rares sont les images d’archives, la voix off de Marcon est irritante à la longue. Les extraits de l’émission de TMC, avec témoignages d’acteurs ou autres, ne sont pas du meilleur effet à cause de la piètre qualité VHS – ce qui fait un peu amateur -, mais il est vrai qu’Ollé-Laprune, présent dans cette émission, collabore ici avec Tavernier.

     1 Mes maîtres : Grémillon, M. Ophuls, Decoin

     Becker, Ophuls que je goûte peu. Becker est classique voire académique, la fameuse « qualité » française pour moi, au sens noble comme un bon artisan, mais a été un peu oublié. Bon faiseur comme Tavernier, dont il s’inspire puisque c’est le réalisateur du premier film qui l’a marqué (Dernier atout, 1942). S’il y a des choses intéressantes, le cinéma de Becker a globalement mal vieilli. Il devait être un bon directeur d’acteur, l’humaniste, car les comédiens sont extraordinaires. Les métiers sont saisis avec une concision journalistique mais conservent malheureusement cette teneur sans la transcender.

     A part Madame de … (1953) que je trouve charmant et fluide, d’après un roman de Louise de Vilmorin laissant songer au collier de la reine chez Dumas père, avec une Danielle Darrieux et un de Sica extraordinaires, j’ai beaucoup de mal avec ses autres films, tous baroques, qui veulent en mettre plein la vue. Certes, les films sont bien tournés, construits, image et chef op’ impeccables, mais, je n’ai jamais su pourquoi, l’univers d’Ophuls, peut-être trop prétentieux et trop carton-pâte, me révulse, rien à faire. Un gros gâteau viennois dégoulinant de sucre. Il faut distinguer l’homme de l’œuvre, mais Ophuls était un sale type qui cognait femme et enfant. Dans ses films, le spectateur sent que le réalisateur, certes déraciné et ancré dans un univers, comme un Stroheim, bien plus inventif voire expérimental, est un être tourmenté. Par contre Tavernier mentionne ses films américains qui sont passionnants, notamment Pris au piège (Caught, 1949) avec J. Mason, aussi flippant, Barbara Bel Geddes, qui sera, après des épisodes d’Hitchcock presents, dans Sueurs froides (Vertigo, 1958) puis la matrone de Dallas, et Robert Ryan.

     Grémillon est lyrique parfois jusqu’à la niaiserie. Si ce metteur en scène est attachant, il sent le suranné. Remorques (1941) est limite ennuyeux tant il est répétitif. Le ciel est à vous, mouais.

     Decoin est un type incroyable : issu d’une famille pauvre, il devient champion olympique de natation puis devient journaliste – ce qui aura une forte influence sur ses scénarios. Puis il fut résistant et décoré en tant que tel. Reste que, peut-être par peur de retomber dans la pauvreté, il a beaucoup tourné et pas que des chefs-d’œuvre. Il était/est vu comme un cinéaste commercial. Se dégagent Les inconnus dans la maison (1942 avec une touche antisémite comme chez Simenon dont le film est tiré), l’incroyable Les amoureux sont seuls au monde (1948), une ode à sa femme séparée, l’actrice Danielle Darrieux très attachée, avec un air de musique accrocheur, objet d’intrigue, le très noir La vérité sur Bébé Donge (1952), d’après Simenon, où Gabin est en faiblesse, et donc en valeur, lors de longs des flash-backs, le classique Razzia sur la chnouf (1955) où le milieu de la drogue est décrit, presque sur un ton documentaire, dans sa dureté, une vingtaine d’année après Stupéfiants (K. Gerron, un acteur qui joua le magicien dans L’Ange bleu, Der blaue Engel, 1930, de Sternberg, aussi von que Trier, aux côté de Dietrich, 1932) et avant L’homme au bras d’or (The Man with the Golden Arm, O. Preminger, 1955) où Gabin n’a pas le beau rôle mais satisfaisant sa morale personnelle. A noter le peu réaliste De onze heures à minuit ( ) avec un dialogue de Jeanson qui fuse tant il fait flèche de tout bois, une délectation. Decoin, formidable directeur d’acteur et grande force physique, a touché tous les genres.

     2 Pagnol-Guitry / Bresson-Tati

     Les réalisateurs du verbe pour un amateur de théâtre, Tavernier. Guitry est un conteur. Faire de Guitry, le prédécesseur de Tarantino (la parlote qui domine, appuyé par le délirant Assayas, ancien des Cahiers du cinéma qui en compte tant, Douchet en première ligne, et son débit de mots insupportable : et pourquoi pas Nanni Moretti pendant que nous y sommes ?) et de la Nouvelle vague me fait littéralement bondir hors de mon siège tant c’est faux et incongru. Sacha qui se contemple en permanence, toujours content de lui, égratigne les femmes de façon mesquine. Sacha, avec sa ridicule voix nasale et son pédantisme, finit par nous faire rire avec ses dialogues au cordeau. Avec sa clique artistique héritée de son père, au fond Guitry poursuit le travail des Lumière en sauvegardant la mémoire d’une époque révolue (Monet aveugle, Renoir aux mains déformées, etc.).

A part quelques films de Pagnol trop ignorés, rien de neuf sous le soleil marseillais. Faire de Pagnol un moderne prête au ridicule. Il était un bon dialoguiste, un bon directeur d’acteur mais c’est tout. Regain doit tout au texte de Giono où l’insupportable Fernandel paraît incongru. Un bon dialogue ne suffit pas à faire un bon film.

     Tavernier était impressionné par Bresson qui faisait tout pour, jusqu’à la caricature. Ce qui est dit sur Bresson est assez juste mais souligner qu’il se déroule autant d’évènements dans Au hasard Balthazar (1966) que chez Tarantino (« On est frappé par le nombre de péripéties que contient le scénario. On est quasiment devant un film de Tarantino. Le contraste entre le nombre des péripéties et la manière dont Bresson les filme, donne un ton extraordinaire et souvent bouleversant ») est d’une grande débilité de cinéphile aveuglé par sa passion (pourquoi pas Lancelot du lac avec un début et une fin gore qui confine au nanar d’horreur ?) qui donne des références parlantes pour le spectateur actuel. A propos de Un condamné à mort s’est échappé (Le vent souffle où il veut, 1956 ; « Œuvre limpide et mystérieuse, équilibrant l’expérimental et le cinéma traditionnel »), tourné à Lyon, aucune référence à Le trou (1960) de J. Becker, film radical à la magnifique beauté plastique où Jeannot a été piocher chez Robert, qu’apprécie pourtant Tavernier puisqu’il en cause dans un autre épisode. Le témoignage de Casarès (Les dames du bois de Boulogne, 1944, d’après Jacques la Fataliste de Diderot lui-même inspiré de Laurence Sterne), actrice au jeu éculé et emphatique se complaisant dans la tragédie mélodramatique, est sans complaisance mais indique les exigences de Bresson qui affirme, dans un entretien, être solitaire sans aimer cela. Bresson, c’est un peu le Thelonious Monk du ciné : ça sonne faux. Ce qui compte, c’est le montage (Eisenstein, Koulechov) et les rapports entre les plans qui marquent. Rien sur le Diable, probablement (1976), titre magnifique et durassien pour un film revendicatif et écologique, pas plus sur L’argent (1977). Bresson n’a pourtant tourné … que 13 films !

Le parallèle avec Tati, pourquoi pas sur la radicalité, le rejet de la modernité et ses appareils, le travail du son et la post synchronisation, mais enfin un pascalien ennuyeux et un comique, si triste au fond, venu du music-hall et de la pantomime n’ont que peu de rapport, eu égard à l’absence de comique chez Bresson. Les approches sont radicalement différentes. Etonnamment, alors que la musique, bien sous-estimée en général, envahit littéralement le propos ad nauseam (vente du cd de musique de film en produit dérivé ?) dans chacun des épisodes de Tavernier, aucune mention n’est faite de la musique de Francis Lemarque, primordiale, chez Tati (nostalgie de l’enfance, manège, etc.). Il n’est pas possible de tout dire en si peu de temps mais omettre qu’Etaix, qui figure dans Pickpocket (R. Bresson, 1959) était l’assistant de Tati, c’est un peu gros. Plus intéressant que de pointer Balkany comme danseur dans Playtime (J. Tati, 1967) en tout cas. Dire du compositeur J.-J. Grünenwald (chez J. Becker avec Falbalas, 1945, Antoine et Antoinette, J. Becker, 1947, Édouard et Caroline, 1951 ; chez Bresson avec une fabuleuse partition dans Les anges du péché, 1943 aussi forte que J. Williams dans Seconds, J. Frankenheimer, 1966 ; je n’apprends rien sauf que pour qualifier les œuvres de Giraudoux, il faut dire giralducien – bon pour le scrabble ; Les dames du Bois de Boulogne, 1945, Journal d’un curé de campagne, 1951 entre autres) que, alors que c’était un organiste amateur de Bach, c’est le prédécesseur de Phil Glass (La vérité sur Bébé Donge, H. Decoin, 1952), c’est d’une erreur et d’un anachronisme, concernant l’histoire de la musique, énormes; rien à voir avec la choucroute des répétitifs américains.

     3 Les chansons / Duvivier

     Sur la chanson, l’approche, vendeuse, est intéressante. A se demander si l’un des commanditaires n’est pas la Sacem. Enfin, enquêter sur un réalisateur à partir d’une chanson qu’il (co-)écrit est original même si biaisé. Mais il oublie que nombre de nanars des années 30 et après comportent des chansons. Aller hop le Ducreux d’Un dimanche à la campagne (1984), mon film préféré à partir d’autochromes Lumière du cinéaste de deuxième zone Tavernier, et pour cause vus ses cinéastes de chevet, d’après un roman à écriture blanche – mais pas avec la voix off idem comme chez Bresson, pitié ! -, de l’un de ses scénaristes après Autant-Lara, Bost. Si la comédie musicale française a été abondante dans les années 30-40, elle est devenue de plus en plus rare. Je ne supporte pas le kitsch Demy et encore moins Michel Legrand, rien à faire. La transition est habile avec chant et Duvivier.

     Seul un borgne s’est tardivement rendu compte que J. Duvivier était l’un des plus grands metteurs français. Si Tavernier a la grandeur de reconnaître ses erreurs, il démontre, bien qu’il le dénonce, le parti-pris au sein de chapelles cinéphilique (les macmahoniens du Nikelodéon / Positif vs  Cahiers du cinéma – querelle intellectuelle âpre bien française qui ne lasse point d’étonner les étrangers). Il fallait vraiment avoir une poutre dans l’œil, Gabin ne s’y était pas trompé, lui. Pessimiste, je veux bien mais n’a-t-il pas tourné, entre autres, Don Camillo (1951), l’excellent et réjouissant La fête à Henriette (1952) avec ses mises en abyme ? Dire que Duvivier se moque de lui-même dans le dernier film cité en référence à Un carnet de bal (1937), le sketch en angles hollandais expressionnistes avec le grand acteur Pierre Blanchar, est une grave erreur d’interprétation. David Golder (1931) est raté tant il sent encore les débuts du parlant malgré Harry Baur qui porte le film sur ses épaules et un scénario bien ficelé à partir du roman assez autobiographique d’Irène Némirovsky. Grande envie de voir Le paquebot Tenacity (1934) qui a déjà été conseillé à l’Institut Lumière. Plaisir de voir des archives avec Duvivier, un homme rare et timide, présenté comme sec : il est dans ses œuvres, pourquoi s’expliquer ? Divers témoignages de Spaak sont de première main. Tavernier tente de le rendre humain, ce qui est évident. Homme du Nord, il était simplement pudique. Tavernier tente de le comprendre par le biais de Ford, mouais. Le corps de Duvivier était usé par son travail de metteur en scène. Il est important de souligner l’effort physique que réclame le métier de metteur en scène. S’il a trop tourné, par peur de perdre la main, il n’en reste pas moins qu’il est l’un des plus grands réalisateurs français – d’ailleurs, c’est le seul qui occupe toute une demi partie d’un épisode tant il a tourné des films divers.

4 Les cinéastes étrangers dans la France d’avant-guerre / Le cinéma sous l’Occupation / L’après-guerre

Première vague avec les russes fuyant la révolution de 1917. Tourjansky est un cinéaste mineur, il n’est qu’à voir Volga en flammes (1934). Je ne savais pas qu’il avait tourné un film désormais perdu, Nostalgie mais est-ce vraiment une perte ? La Peur (Vertige d’un soir, 1936 malgré Gaby Morlay, Charles Vanel, Ginette Leclerc et Suzy Prim, Thirard en chef op’ et Piménoff au décor ; un pataud Kessel et un Feydeau au dialogue), film aux multiples tons d’après une nouvelle du Musso de l’époque, S. Zweig, qui a été mal tourné ensuite par Rossellini, le dernier et si raté avec Bergman (Non credo più all’amore (La paura), 1954, malgré Amidei au scenar et Kinski, est un sous Hitch plat avec poncifs sur l’Allemagne restauré par Immagine Ritrovata de Bologna, projeté lors du Festival Lumière 2014 en présence d’Isabella Rosselini : « Jamais film ne fut moins fignolé que celui-ci, exécuté en moins de trente jours par un cinéaste nerveux, incisif, charnel, impatient et soucieux de capter la vie à sa source, la juste expression d’une actrice à la première prise d’un plan et qui envie au cinéma d’actualités et de reportage sa spontanéité vraie et sa fulgurante vérité. », François Truffaut, Arts n°576, 11-17 juillet 1956) avec une chanson de Maurice Chevalier – aucune allusion à son comportement pendant la guerre, au regard de Trenet par exemple -, est rédhibitoire (« mélodrame fiévreux » selon Tavernier alors que c’est une daube ?). « Je te déteste, Je te déteste, Je te déteste » de Gaby Morlay qui annoncerait « Je ne t’aime pas, Je ne t’aime pas, Je ne t’aime pas » de Madame de … / Darrieux (Ophuls, 1953), bien que le contexte soit différent, pourquoi pas. Le dernier long-métrage de Tourjanski avant son retour en Allemagne, Le mensonge de Nina Petrovna (1937), remake du muet de Hanns Schwarz (Die wunderbare Lüge der Nina Petrowna, 1929, UFA d’après l’oeuvre de Hans Székely) semble meilleur, grâce notamment à Jeanson au dialogue ainsi qu’Isa Miranda, Fernand Gravey, Paulette Dubost et la toujours excellente Dorziat.  Rien sur l’immense acteur Ivan Mosjoukine, qui a tourné d’ailleurs avec Tourjansky (Michel Strogoff, 1926 d’après Jules Verne, évidemment) ou d’autres réalisateurs comme Volkoff et Protazanov.

La deuxième vague fuit le nazisme, avec Eugen Schüfftan – qui a travaillé, tiens tiens, avec Ophuls -, Curt Curant, etc., rien sur l’exode due à la guerre en Espagne. Siodmack a effectivement réalisé au moins un chef d’œuvre, bien oublié : Mollenard (1938, Spaak, Schüfftan, Trauner), film noir du Front populaire avec Harry Baur, au personnage complexe, et la Dorziat, Préjean, le paniquard Dalio, Pierre Pitoëff, Pierre Renoir, Spaak au scénar au sommet de leur art. Le témoignage de l’ancien dirlo de la cinémathèque suisse, souvent présent au festival Lumière, dans le superbe jardin d’hiver de la Villa Lumière, est intéressant). Dans Pièges (1939 dont l’horrible et kitsch Sirk fit un remake Des filles disparaissent, Lured, 1947 avec la sexy Lucille Ball et le noir et cynique George Sanders, les trognes Charles Coburn et  Boris Karloff), un film à sketch moyen style patchwork, les stars défilent (Marie Déa    en Adrienne Charpentier, Mademoiselle Blanche, Gabrielle Deny, Adrienne Du Pont et Raymonde Blanchard ; Pierre Renoir, Erich von Stroheim) dont Maurice Chevalier qui s’essaye, plutôt bien, au rôle dramatique pour se donner une légitimité.

Rien sur Liliom (1934, un certain Fritz Lang, metteur en scène pourtant cité, d’après Ferenc Molnár, avec l’omniprésent Charles Boyer, un certain Artaud, Viviane Romance, un excellent second rôle Alcover, un petit rôle de Roquevert ; c’est un remake d’un film du pleurnichard et insupportable Borzage, 1930), c’est tout de même étrange car c’est un film emblématique de multiples reprises par des réalisateurs multiculturels qui parfois sont restés, même brièvement, en France. Marcel L’Herbier retoqué par Jeanson : « Il ne connaît qu’un seul patriotisme, celui du porte-feuille » cité goulûment par Tavernier fort amateur de pics. Savoir que Feyder, auteur d’un film pour le pavillon germanique de l’Expo universelle de 1937, a dénoncé d’autres metteurs en scène, fussent-ils étrangers en France, est terrassant (« ils mangent le pain des français » avec force manifs) – comme Autant-Lara, d’ailleurs ; mais ce dernier nous a habitué à pire.

     L’occupation, c’est le grand thème de Tavernier. Sur la guerre, Tavernier s’offre le luxe de s’auto-citer deux fois : le documentaire (Lyon, le regard intérieur, 1988), genre où Bébert excelle, avec son père, René, écrivain et directeur de Confluence, hommage peu pertinent au papa bien plus talentueux que son fils qui le désespérait tant, et Laissez-passer (2002). Heureusement, il a la décence d’indiquer qu’il n’est pas historien – manque les témoignages de J. Siclier; il faut dire que l’autodidacte a raté toutes les écoles possibles comme sciences Po et autres. Encore moins historien du cinéma : il est un passionné averti et cultivé. Il faut dire que dans le riche Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain (A Personal Journey with Martin Scorsese Through American Movies, 1995), le cultivé Martin s’était adjoint l’aide du précieux historien du cinéma, Michael Henry Wilson, plus sérieux qu’Ollé-Laprune. Pourquoi Tavernier n’a pas travaillé avec l’excellent N. T. Binh de Positif, revue née à Lyon ou Rissient avec qui il a été attaché de presse par exemple ? L’apport des étrangers est primordial, Tavernier a raison. Ont profité des départs, Becker, Clouzot, Autant-Lara, ces derniers affirmant qu’il s’agit d’un âge d’or, ce qui choque mais nombre d’enfants de l’époque ont bien clamé que c’était une période dorée. Affirmer que les metteurs en scène ou personnels du cinéma ont eu globalement un comportement exemplaire relève de l’aveuglement idéologique digne de Clément envers les travailleurs du chemin de fer (La bataille du rail, 1946) –souvenons-nous de la perte du procès par Lipietz contre la sncf et les transports de juifs, entre autres, dans les camps. Tavernier s’extasie sur un passage chez Guitry (Donne-moi tes yeux, hum … 1943, film vanté comme relatant les difficiles conditions pendant la guerre – il ne faut pas pousser !) où le spectateur ne voit que les jambes des protagonistes, éclairées par une lampe torche, avec les paroles échangées en voix off. Un type aussi cultivé que Tavernier ne peut ignorer que cela a déjà été pratiqué dans un film muet de la Gaumont dans les années 10 (Des pieds et des mains, Ravel, 1915 d’après Histoire d’une paire de jambes, auteur inconnu, 1909). Rien sur le rôle trouble de Guitry pendant la guerre, thème qui nourrira pourtant un épisode suivant de la série de Tavernier, bizarre. Certes l’acteur Francis Huster, d’origine juive, défend Guitry becs et ongles, Sacha a défendu le droit de jouer en toute circonstance mais les doutes subsistent. Mais n’est-ce pas une redite par rapport à Guitry cité plus amplement dans un autre épisode ? Pourquoi ne rien dire de la paradoxale Arletty, proche de Céline et pour qui son « cul est international », qui a aidé à ce que Trauner travaille malgré un froid persistant en studio ?

Tavernier casse le mythe du cinéma, pourtant majoritaire, pro-résistante en s’appuyant sur Jericho d’Henri Calef (1946 avec Heymann et Spaak au texte). Il était certain que Tavernier rajouterait une couche sur son chouchou et bien oublié, mais aucunement un réalisateur majeur, Le Chanois (L’école buissonnière, 1949, …Sans laisser d’adresse, 1951). Il a manifesté contre les scandaleux accords Blum-Byrnes mais le sulfureux Autant-Lara devait être de la partie. Ouf, nous évitons la référence à Les portes de la nuit (Marcel Carné, 1946), film raté mais symptomatique d’une époque où Jean Vilar est exceptionnel et Yves Montand, remplaçant Gabin en ticket avec Dietrich, pitoyable. Quelques films que je ne connais pas : un film à sketchs (Retour à la vie, 1949, André Cayatte ; Le retour de Tante Emma, Henri-Georges Clouzot ; Le retour de Jean, où Jouvet joue admirablement un prisonnier revenu des camps, Jean Dréville ; Le Retour de René ; Le Retour de Louis). Le silence de la mer (1949) de Melville, le parrain de Tavernier en cinéma, avec un Vernon peu crédible en allemand. Une partie trop courte au regard de la complexité de l’époque.

     4 La nouvelle vague de l’Occupation

Cher Autant-Lara malgré. Tavernier en scrute toutes les contradictions, et elles sont nombreuses. Jeanson a dit « C’est un con mais il a du talent ». Quoique classique et rigidifié par ses principes. Son atout, c’est son équipe (ses scénaristes, Aurenche et Bost, ses décorateurs, métier qu’il a pratiqué lui-même, les Douy, son musicien attitré Le Cloerec, son chef op’, et sa femme Ghislaine). Il rechignait à faire tourner Odette Joyeux qui est tout bonnement exceptionnelle dans Le mariage de Fonfon (1942 avec travelling sur voix off suite à l’erreur du producteur : les inventions naissent de hasards et d’erreurs), Douce (1943, cote 5, à proscrire, de la centrale catholique « utilisation sadique des chants de Noël », qui devient cote 6, au-delà de proscrire, dans un épisode suivant, avec un conflit de classe bien marqué) dans lequel la réponse à la tirade de la Moreno, coupée pendant quelques temps par Anastasie (« Je te souhaite la patience et la résignation. » ; « Souhaitez-lui l’impatience et la révolte ! ») par Aurenche et Bost a donné envie à Tavernier de tourner.

     Mon chouchou Clouzot est revisité par l’auteur D. Lehan : « Il ne nous dit pas regardez comme le monde est laid mais plutôt regardez ce que nous en avons fait. ». On ne saurait mieux dire. Tavernier démêle les problèmes de Clouzot pendant la guerre de façon limpide : il décevait tant les allemands, qui le trouvaient trop pessimiste, que les français qui le qualifiaient, injustement, de collabo. Le Chanois, juif et à la tête d’un réseau de résistance, témoigne en faveur de la Clouz. Personne n’a pardonné à Clouzot de mettre le fer sur la plaie. C’est pourtant le boulot de l’artiste. Le rôle des femmes, notamment l’invalide, Ginette Leclerc en Denise Saillens, dans Le corbeau (1944 cote 6, au-delà d’à proscrire, de la centrale catholique), est éminent. Dans Quais des orfèvres (1947), le côté humaniste du père commissaire lors des interrogatoires, avec explication de l’expression « se mettre à table », lors de ses rapports avec son fils dans une ambiance coloniale voire colonialiste. Son côté chrétien, apparu après un certain temps, et surtout sado-masochiste, flagrant dans son dernier film, La prisonnière (1968) est gommé. Le travail avec les artistes (Picasso, Le mystère Picasso, et Karajan) est malheureusement occulté par le documentariste Tavernier, dommage. Il revient plusieurs fois sur Manon (1949, d’après le roman de l’Abbé Prévost), ce chef d’œuvre malgré Cécile Aubry que Clouzot a pas mal maltraité. Tavernier tente maladroitement de réhabiliter le raté, de quelque façon qu’on le prenne, Les espions (1957), sans oublier le bon mot de Jeanson, « Il a fait Kafka dans sa culotte ».

     5 Les oubliés

     Maurice Tourneur a bercé ma jeunesse et mon amour pour les années 30. Mais pourquoi Tavernier oublie-t-il ce chef d’œuvre Le val d’enfer (1943) ? Si j’avais adoré jeune Justin de Marseille (1935) à cause des nombreux changements de tons, j’ai été horriblement déçu à la revoyure au Festival Lumière en copie neuve : comédie musicale avec les poncifs sur Marseille. Les gaîtés de l’escadron (1932), c’est Le gendarme et les gendarmettes (Jean Girault, 1982) de l’époque. Rien sur sa prolifique carrière tant ignorée lors du muet dans un épisode précédent.

     Litvak est peu connu malgré une grande filmographie. Litvak n’est pas russe comme l’indique Tavernier mais ukrainien sous le régime soviétique, cela est fort différent, outre le contexte politique, géopolitique et historique, lorsque l’on connaît l’importance de l’école ukrainienne de Dovjenko (La Terre, Земля, Zemlia, 1930) à Chepitko (Les ailes, Krylya, 1966). Il insiste sur Cœur de lilas (1932) tourné après avoir travaillé à la UFA. Le côté engagé (Pourquoi nous combattons, The nazis strike, Divide and conquer, 1943-1945, films de propagande au côté de Franck Capra et Ford) est souligné. Il mentionne rapidement l’excellent thriller Raccrochez, c’est une erreur (Sorry, Wrong Number, 1948) avec le bon soldat d’Hollywood, Barbara Stanwyck, et Burt Lancaster, film projeté dans la très prisée section Art of noir avec Eddie Muller de Frisco et le taciturne mais belle plume Phil Garnier lors du Festival Lumière 2013 avec remise de prix à … Tarantino. Exit La Fosse aux serpents (The snake pit, 1948), un film sur la folie avec Olivia de Havilland, la délicieuse et surannée adaptation de Sagan avec Aimez-vous Brahms ?, Good-bye again, 1961 avec Ingrid Bergman, Yves Montand et Anthony Perkins. Finir avec le fait que Tarantino trouve sa fin de carrière, avec La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil (The lady in the car with glasses and a gun, 1970 en eastmancolor d’après un roman de Japrisot), cool, apporte peu de choses – c’est un effet du relationnel, mot poli pour évoquer le copinage éhonté, lors du Festival Lumière 2016.

     Grâce au Festival Lumière j’avais découvert Raymond Bernard, le fils de Tristan. C’est classique (Les croix de bois, 1932, avec des scènes de batailles sidérantes où nous sommes embarqués comme dans Il faut sauver le soldat Ryan, Saving Private Ryan, S. Spielberg, 1998) mais de haute tenue. Pour une fois, Tavernier a raison : son adaptation de Les Misérables (1934) est la meilleure car proche du roman populaire de Hugo, avec des acteurs extraordinaires (Harry Baur en Valjean, Charles Vanel, cet acteur vieux déjà jeune, en Javert, Dullin et Moreno en inoubliables teigneux Ténardier ; les opérateurs pleurèrent sur le plateau lors de la mort de Gavroche) et des plans hollandais expressionniste, malgré la tonalité réaliste, pour coller au livre.

     René Clair est réévalué mais pas sur le bon axe : ce qui est important, c’est ce mélange dadaïste/surréaliste, de réalisme et de rêves entremêlés. En faire un tenant du classicisme et de la qualité française est donc bien, comme l’indique Tavernier, une imbécilité de critiques.

René Clément a été épinglé « qualité française avec Les maudits (1947). Il est presque pré Nouvelle vague avec Monsieur Ripois (1954), un homme dans la foule, toujours avec cette notion de mouvement ; Tavernier n’aborde pas ce point. Que Jeux interdits (1952) soit une extension d’un court métrage ne m’étonne point tant le propos est vain. Il est vrai toutefois que c’est l’un des rares films où l’on voit l’exode. La bataille du rail (1946) a été un film de commande, intéressant sous l’angle des enjeux de mémoire, qui a entretenu le mythe de la France entièrement résistante, ce qui est totalement faux : c’est un film de propagande ou de manipulation mémorielle, même si c’est pour la bonne cause.

      Un hommage au musicien Van Parys était nécessaire tant il a œuvré dans le cinéma français. Mais nous sommes abreuvés de comédies musicales, certes de bonne humeur mais tout de même de seconde zone, de Jean Boyer. Encore une fois des spectatrices dans leur siège fredonnent faussement les airs – insupportable.

     Au total, nous n’apprenons personnellement pas grand’chose à part quelques détails insignifiants, souvent des anecdotes inutiles, ne changeant aucunement la compréhension de l’histoire du cinéma.

6 Les méconnus

     Oubliés, méconnus, quelle différence ? Vallée, ne connais pas mais ne paraît pas impérissable. Premier film en couleur en 1936 ? C’est oublier les films muets coloriés à la main, au pochoir puis en kinorama, etc. Arte y avait consacré une série avec Loïe Füller et ses disciples.

Pierre Chenal inconnu ? Il l’est tellement qu’il a fait l’objet de remakes importants tels que Le facteur sonne toujours deux fois (The Postman Always Rings Twice, Tay Garnett, 1946 avec rien moins que Lana Turner et J. Garfield) et celui, encore plus sulfureux, de Bob Rafelson (1981) avec Jessica Lange et Jack Nicholson à partir du Dernier tournant (1939), adapté du roman de James M. Cain, film qui n’est même pas cité alors que c’est son plus connu ! Ceci m’a donné envie de voir Rafles sur la ville (1958), film mineur, pour voir Vanel vieux alors que même jeune, il l’était déjà, vieux. Méchant, il l’était déjà dans La belle équipe (J. Duvivier, 1936 : film à deux fins !), un film nettement supérieur au lourd Le crime de Monsieur Lange.

Calef, son assistant, n’a tourné qu’une dizaine de films qui n’ont pas marqué l’histoire du cinéma. Et voilà que Tavernier recite Jericho (1946) – que de redites décidément ! Il n’a pas réalisé que des Dossiers de l’écran pour la tv. Viviane Romance et Anouk Aimé dans La maison sous la mer (1947), ok. Mais quid de Max Dalban, Gabrielle Fontan et Dora Doll ? Rien dessus ! L’heure de la vérité (1965), très bien ; sujet original et dérangeant. Rien sur l’acteur principal Karlheinz Böhm (passons sur les Sissi, 1955,56,57 mais l’incroyable Le voyeur, 1960 par un Michael Powell que Tavernier révère, en plus ; Les quatre cavaliers de l’apocalypse, The Four Horsemen of the Apocalypse, V. Minelli, 1962 ; l’excellent Rififi à Tokyo, 1963 par son pote Deray). Aucune mise en relation de Corinne Marchand, actrice principale de Cléo de 5 à 7 (Varda, 1962), alors qu’il cause de Varda plus loin ! Hallucinant !

     Sur les réalisatrices, il a l’honnêteté de citer Alice Guy et Germaine Dulac. La filmographie d’Audry, sœur de Colette (le scandaleux érotique Histoire d’eau) et de la famille du politique Doumergue, est classique sur une petite dizaine de films même si les thématiques sous-jacentes sont osées. Aucune audace stylistique : son cinéma a vieilli. Néanmoins Olivia (1950) a un charme suranné où Edwige Feuillère excelle à lire des textes classiques (Racine, Lamartine), Noiret a un rôle croquignolet. Mais le témoignage de Delorme, épouse d’Yves Robert, sur une mauvaise VHS dans cette émission de TMC où participait le conseiller historique peu éclairé, Ollé-Laprune, est d’une qualité digne d’un film amateur ! Minne, l’ingénue libertine (1950) est une bluette où Tissier en fait des tonnes comme d’habitude. Les malheurs de Sophie (1946), un classique de la littérature enfantine pour jeune fille, n’a pour seul intérêt de montrer Marguerite Moreno. La caraque blonde (1953) n’a que pour intérêt quasi documentaire de présenter la Camargue.

     Varda et ses courts (Les glaneurs et la glaneuse, 2000), ses longs mais reste-t-il un grand film ? A part Cléo … Rien sur son plus connu, Sans toit ni loi (1985). Kaplan et sa célèbre Fiancé du pirate (1969), comme un manifeste féministe. Sur 6 films …

     Grangier, là il touche une corde sensible. C’est un immense metteur en scène que Tavernier admire tellement qu’il le qualifie de « Becker mineur », ça serait plutôt l’inverse ! A mettre, pour certains de ses films, juste derrière Melville ! C’est le metteur en scène qui a le plus travaillé avec Gabin car ils étaient potes et leurs femmes aussi : Le désordre et la nuit (1958) bien sûr, comme étalon du film noir selon l’excellent et regretté Alain Corneau. Le cave se rebiffe (1961) bien sûr ; Audiard, d’accord, mais qu’a-t-on à faire de l’anecdote du BSA l’extrapiste ? Rien sur l’incroyable Le rouge est mis (1957), l’un des meilleurs noirs tous pays confondus des années 50. Gas-oil (1955) a un charme où Moreau est révélée comme Bozzu ou encore Girardot dans un autre de ses films. Grangier a une profondeur dans la prise en compte du quotidien – comme chez Jules Dassin –, qui n’est qu’un fond journalistique chez Decoin ou Becker. Tavernier donne envie de voir Le sang à la tête (1956) d’après Simenon.

[Danse] Gravité sans gravité

Preljocaj, Angelin; Gravité, Biennale de la danse 2018, Lyon, TNP, salle Roger Plancho, 24/09/2018

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   Bien longtemps que je n’aie vu une œuvre de Preljocaj pour l’étudiant qui vécut à Aix-en-Provence avant la création du beau centre chorégraphique où officie Preljo. Biennale de la danse : création, première mondiale. Si la technique est parfaite car de haute volée – quoiqu’une danseuse a eu la jambe tendue qui flagellait à cause de son partenaire qui ne l’a pas saisie à temps, un moment de ratage à ce niveau, c’est émouvant -, l’artistique est plat, convenu. Bref, comme Gravity (2013) – décidément – de Cuaròn au scénario qui tient sur un timbre-poste. Impression parfois d’être dans un cours ou concours de gymnastique. L’ancien judoka présente des roulades dignes de l’aikido. Plus de tables, toujours la vélocité. Ne ressort pas un langage chorégraphique propre à Preljo, il a baissé le bonhomme qui pouvait réserver de belles surprises sur la longueur. De rares bons moments se dégagent toutefois. Gageons que le spectacle tournera de par le monde tant tout est facilement assimilable par le spectateur mondialisé, un peu comme un show de J.-M. Jarre.

Un manque de fluidité, malgré quelques rappels comme grosse couture, où les tableaux s’enchaînent sans lien (« donner l’impression que la gravité change pendant le spectacle. » ; « Chaque gravité s’accompagnera ainsi d’une atmosphère différente. »), les vignettes dansées, certaines un peu trop étirées – notamment les tableaux d’ensemble, se succèdent. Pour la lumière, on se croirait dans un concert de musique minimale (79D) à la Carsten Nicolai/Alva Noto voire Ikeda mais sans la grâce de la chorégraphie en adéquation. Toutefois à un moment, la lumière d’Eric Soyer est telle que nous avons l’impression furtive que les dames dansent sur plusieurs plans en géométrie euclidienne (Einstein, la mécanique quantique, les géométries non euclidiennes, les notions de trous noirs, les diverses théories et modèles astrophysiques sont oubliés malgré ses propos : « J’essaie de me tenir au courant des avancées de la recherche en physique quantique, en cosmologie, à travers des ouvrages de vulgarisation. Cette année a été marquée par la disparition de Stephen Hawking. J’ai relu ‘Une brève histoire du temps’ quand je préparais ‘Gravité’, et il est décédé à ce moment-là. J’ai aussi échangé avec Cédric Villani, qui est venu voir un de mes spectacles à Versailles »), très impressionnant. Le premier tableau est calme. Une douzaine de corps alanguis, reposant au sol, mêlés les uns aux autres. Justaucorps épais et noirs pour les filles comme pour les garçons, jambes blanches, torses foncés. La scène est un damier. Peu à peu, des vagues musicales poussent les danseurs à se redresser par salves. Gravité donc mouvements au ralenti sur propos au talkie façon « allo Huston » et ce, par deux fois : attendu. Des moulinets rapides des mains à la J. Travolta, à la limite du ridicule pour signifier le mouvement à tout prix à la Montalvo. Sur les danses groupées, une pointe de Forsythe en nettement moins bien et moins articulé : aucun alphabet, même abstrait, ne se dégage. Preljo revient à ses thèmes de prédilection avec deux couples où la tête de la dame est enfermée dans un casque à la Daft Punk telle Musidora version SM. Ah, ses danses d’autrefois avec les béquilles ! L’inévitable Boléro de Ravel, morceau de bravoure que j’exècre (à la Orange mécanique, A Clockwork Orange, 1971) à cause des poncifs hispaniques, tout comme son auteur qui trouvait cette pièce trop facile et masquant son œuvre, est éprouvant tant Preljo est enserré dans du Béjart moyenne période, entre Boléro L’oiseau de feu et sa fin de triste période avec son hommage à Freddie Mercury de Queen, Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat  (1997), etc. : le groupe forme une espèce de moule à kouglof, puis s’ouvre comme un artichaut ou un kaléidoscope, vu et revu. Nous ne sommes pas loin des comédies musicales à la Busby Berkeley où quelques acrobaties ici nous extirpent parfois de la léthargie. Aucune sensualité ne se dégage, ce qui est tout de même dommage. Je n’ai pas été pris par la progression et je me demande ce que le Boléro vient faire ici, à des années-lumière de la thématique. C’est sûr qu’avec ce morceau, Preljo met le public de son côté tant la musique est populaire. Peut-être a-t-il voulu se coltiner ce morceau de bravoure pour laisser une empreinte. Certains costumes noirs et blancs du russe Igor Chapurin, styliste et collaborateur du Bolchoï, réversibles, façon dervich revisité par E. Slimane, sont plaisants mais la danse est trop classique – danseuses et danseurs pieds nus, souvent pointés (« Mary Wigman [qui] cherchait à descendre le centre de gravité vers le sol. A contrario, la danse classique ne pense qu’à s’élever, à se libérer de la gravité. Les thématiques sont romantiques, mais physiquement, c’est ce qui se joue. »),  les corps et les apparats ne sont pas mis en valeur. A noter tout de même un superbe solo à la fin, où la danseuse évoque les études de Degas concernant la danse qui dominent l’intégralité de la pièce, pour terminer sur une L’origine du monde habillée, final bien pataud. Peut-être Gravité va-t-il s’affiner au fur et à mesure de son exécution mais ce n’est certainement pas une pièce majeure de Preljo qui, tel La Palisse, découvre que « Depuis des années, les questions de poids, d’espace, de vitesse et de masse ont traversé de façon intuitive ma recherche chorégraphique. ». C’est tout de même la base de la danse ! Il aurait dû aller dans le dépouillement à la Claude Régy, inspiré par les trous noirs, ou Wilson/Glass, aller à l’os plutôt que de rester dans le lourd exercice de style. Le morceau de Daft punk, trop boule à facettes, n’est pas du meilleur effet avec Bach, Xénakis (les percussions sont l’occasion d’un moment chorégraphique réussi), Chosta et Glass. Branchouille à tout prix ! A noter une danseuse enceinte, avec un costume légèrement différent car adapté, en espérant que ceci s’est fait dans un plein accord entre la danseuse, en pleine possession de ses moyens – mais ne s’est-elle pas sentie obligée pour rester dans la course ?, et le chorégraphe ? Une expérience singulière et intéressante mais cet état de fait est peu exploité en tant que tel – ce qui est dommage pour une première. Au milieu de ses danseuses et danseurs, Preljo vient saluer de nombreuses fois lors des rappels et applaudissements nourris.

[Danse] Maguy, c’est de la soupe

Marin, Maguy Ligne de crête, Biennale de la danse 2018, Lyon, TNP, salle Jean Bouise, 13/09/2018

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     Création mondiale mais le monde va nous en vouloir. Je ne connaissais pas Marin ; longtemps que je voulais la voir. Devant ma prudence, à la billetterie, on m’a assuré, comme pour m’amadouer : « c’est politique ! ». Après avoir vu l’excellent May B, mes parents étaient dépités, sautant de déconvenues en  déconvenues au cours de ses différentes pièces. Elle a scruté la décadence éthique des puissants de ce monde dans Deux mille dix-sept. Ici le goût pour l’unité de temps, l’action unique, le sens de l’image est maintenu. C’est un Umwelt remixé par une mélenchoniste.

Après les soupes Campbell de Warhol dénonçant la société de consommation tout en rapportant de délicieux royalties à Andy dis-moi oui, voici la soupe Maguy. « Faire plaisir n’est pas ma priorité » ; « Je suis capable de pousser jusqu’à l’insupportable. Je cherche la confrontation. Autant avertir le public ». Ok, Marin, pas mon cœur, même pas moqueur. C’est ici une énième dénonciation de la société de consommation sauf que, entre autres, Herbert Marcuse, Guy Debord, Pasolini, où la personne mange sa propre merde, et Marco Ferreri, avec sa La Grande bouffe (1973) l’avaient pratiquée largement avant et radicalement. Nous voyons simplement des « artistes-interprètes », aux corps robotisés et aliénés collés à leur cellulaire tout en mangeant de façon infâme, dans des costumes flashy de golden boys et girls des années 80, apporter sur un mode combinatoire, selon des trajectoires mécaniques et répétitives, des objets de consommation qui s’accumulent jusqu’à saturation de l’espace dans un open space avec jeux de miroirs (Les temps modernes, Modern Times, Chaplin, 1936 ; Playtime, Tati, 1967 ; froideur à la Hanecke) avec force ordi et autres appareils électroniques au bureau. Transparence de la bêtise dans des boîtes isolantes. Evidemment des images iconiques : Marx, Keynes, Freud, la photo des poings levés de Tommie Smith et John Carlos, les deux sprinteurs américains lors des Jeux Olympique de 1968 à Mexico, celle du jeune étudiant devant le char de la place Tian’anmen en 1989, Zidane, etc. ; nous échappons au Che. Si Marin s’inspire de Lordon, à la tête de ce fiasco que fut Nuit debout, et de sa critique du capitalisme (Capitalisme, désir et servitude), elle devrait relire Spinoza et sa conception et du désir et de la liberté (pour Marin, « On n’agit pas, mais on est agis par le monde extérieur »).

Le son ? Un bruit de photocopieuse en boucle par Charlie Aubry, un petit sample répété ad nauseam, parodiant la musique répétitive ou minimal sans arriver au niveau de Scanner ou Carsten Nicolai/Alva Noto. Assourdissant au point que des boules quiès sont distribuées à l’entrée, je suis habitué mais cela paraît si vain tant les évidences, si naïves, s’accumulent aussi jusqu’à enfoncer des portes ouvertes. Saturation de l’espace et du son, quitte à causer la frustration du public : « Je tente de ne laisser aucune échappatoire », affirme-t-elle, « Au risque d’être assez simple dans mon propos ». La lumière monte et descend, comme pour montrer les journées qui passent, toutes identiques. Travail paresseux, si tant est qu’il y ait travail. Brut de décoffrage mais peu de sensations : le spectateur est anesthésié au lieu d’un rappel salutaire.

Biennale de la danse ? Ici, il n’y a pratiquement pas de danse et encore moins de pas (les seuls effectués sont ceux que je pratiquais enfant pour me marrer ; quelques rares hochement de tête et sautillements), sans être de la non danse pour autant, ce serait trop beau. Parfois les intervenants miment un rewind vidéo ; parfois ils se percutent, deux hommes s’engueulent de temps en temps, c’est la seule action entre êtres passifs. C’est plus de la performance dans une installation – au moins dans Tous des indiens d’A. Platel y avait-il de la danse -, bien qu’éculée, avec une pseudo radicalité de façade. Que de facilités ! 18€ – mais est-ce de la consommation d’aller voir un spectacle de danse de Maguy Marin ? – pour cette daube d’une heure où je me suis ennuyé à mort, jusqu’à parfois fermer les paupières brièvement en espérant un sursaut artistique tout en baillant à répétition. Un spectacle peut donc être court et ronflant, en voici la preuve et l’épreuve par neuf. Peu d’applaudissements au début, peut-être les spectateurs étaient-ils abasourdis, comme sidérés ; puis ce fut un peu plus nourri avec pas mal de rappels. En tout cas, honneur aux interprètes qui ont mouillé la chemise. A la fin, j’ai demandé si les spectateurs pouvaient aller sur scène pour fureter entre les îlots d’objets empilés – ce qui serait logique finalement –, il m’a été opposé un niet catégorique avec possibilité de remonter ma demande à la direction. Quel pensum ! J’ai eu l’impression de perdre une heure de ma vie tout en tombant par hasard dans la rue sur des personnes dont les comportements étaient pointés. Ici, la forme ne convient pas tant le fond est abyssal, même s’il s’agit de renforcer les lignes comme une caricature. Je n’avais pas besoin de Maguy pour savoir que les gens se précipitent aux soldes (mais des personnes pauvres ont-elles le choix ?), que nombre de couples ne se parlent plus au resto car focalisés sur leur portable, etc. Marin est Mme de la Palisse. Le quotidien est tant affligeant et flagrant qu’une couche superficielle n’apporte rien et finit par ne rien dénoncer tant le propos se dissout dans son propre néant. Marin ne suscite ni dégoût ni désir : c’est juste rien. So what ? a-t-on envie de lui rétorquer ! Je ne pensais pas qu’au XXIe siècle, ce genre de pièce existait encore. En outre, l’intitulé est faux : la ligne de crête est celle qui permet de ne pas tomber de Charybde en Scylla, d’éviter les extrêmes avec hauteur de vue, d’être dans l’œil du cyclone – qui est calme, et non un « endroit étroit, d’où on peut glisser d’un côté comme de l’autre » (Marin). Petite jauge complète pour cette mouise dans la salle Jean Bouise, ce pauvre acteur étant sali par ce spectacle atterrant. A éviter absolument. Très en colère contre Marin.

[Manuscrit Poésie] Cadette des 7 (#épisode 66)

blanche sur noire

agir illogique

elle sincère

expliquer inexplicable

dire indicible

elle là

et pas là

2 fœtus dans

congélo blanc

ménagère ouvre

mari ouvre

congélo agir

pas logique

 

autre blanche

sur noire

pas prémédité

car pas visible

comprendre blancs

pas allers-retours

tête corps

silence

dire indicible

belle personne

elle attachante

elle douce

elle timide

elle touchante

souffre sincère

 j’ai tué mes enfants

je le sais

silence

expliquer inexplicable

pas place prison

quel risque ?

pas là-bas s’insère

bonne mère

champion gratin fraises

mère bonne

prison pas place

belle personne

silence enfants

réclament leur mère

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques. » Cyrille Martinez, D-Fiction

[Manuscrit Poésie] Cadette des 7 (#épisode 65)

avocat général

dit médias

ne pas voler

la justice

à la justice

procureur souligne

meurtres enfants

de moi tous les droits donner mort

noir sur blanc

avocat général

requiert su

mort a-t-elle dit

décision de suite

dit-elle et

redit-elle

mobile

pas d’enfant

pas à la hauteur

plus d’enfant

pierre mobile

plus -allers-retours- moto

que femme

pas subir

même sort

que sa mère

dépassée

pleure

mère râle

mère dit-elle

dans presse

cas d’école

déni grossesse dit-il

elle ment fainéante

elle renonce

tuer froide

ment bébés dit-il

ni déni grossesse

ni déni maternité dit-il

tué bébés froidement

tuais bébés car n’en voulais pas d’autres bébés

noir sur blanc

fait grave dit-il

personnalité en

faveur dit-il

comprendre ses blancs

pas qu’on en fasse un monstre

silence

n’en faites pas une icône

avocat général

requiert 10 ans

pas une icône

dedans tête

mari perdu

pas un monstre

8 ans ça va

10 ans ça va

12 ans c’est dur

je l’aime

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques. » Cyrille Martinez, D-Fiction

[Manuscrit Poésie] Cadette des 7 (#épisode 64)

président dit

obligé rappeler

dires dedans

garde à vue

dedans box

je n’ai jamais eu

conscience d’être enceinte

d’un bébé

pleurs

pas de lien créé

président comprendre

réel normal mobile

clivage disent experts

président dit

qu’en – lien –

pensez-vous ?

je ne sais pas

président comprendre

dedans tête

mari perdu

potentiel de mère sinon on fait quoi ?

sinon on se retranche derrière les actes ?

cadette des 7

assise dedans box

effacée assises

ce que j’ai fait je l’ai fait

remords toute ma vie

pleurs

avocate dit

quel regard

cadette des 7 ?

quel réel

cadette des 7 ?

que j’ai tué

pleurs

que j’ai tué mes enfants

aujourd’hui je le sais

silence

c’est difficile j’ai tué mes enfants

et ceux de pierre je le sais

pleurs

en pleine poire

abymes abysses abîmes

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques. » Cyrille Martinez, D-Fiction

Impers et passe

Une pluie sans fin, Bàoxuě jiāng zhì, The looming storm, Dong Yue, 2017, Chine, 1h56.

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Un polar asiatique mineur

     Persiste un sentiment de déjà-vu : encore un énième film de tueur en série enchaînant les clichés avec ses classiques scènes de crime peu explicitées et son enquêteur forcément obsessionnel. Le polar, genre codifié utilisant un langage universel renvoyant à un inconscient collectif identifié, diffusé pour le grand public et facile à l’export (cf. la critique répétitive contre l’œuvre de Kurosawa comme pour l’excellent Chien enragé, Nora inu, 1949, par exemple), sert souvent de prétexte pour une critique sociale.

Depuis les années 50, le film noir s’est implanté en Asie grâce à une réinterprétation des codes hollywoodiens du genre par les hongkongais (statut spécial, diaspora chinoise) avec les apports essentiellement de John Woo et Johnnie To dans les années 80-90 (The Killer, Dip huet seung hung, 1989 ; The Mission, Cheung foh, 1999) qu’Hollywood récupérera en retour.

Le cinéma d’auteur sud-coréen, aidé par Lee Chang-dong, ministre de la culture coréen (2003-2004) et réalisateur du décisif et séminal Peppermint Candy (Bakha satang, Lee Chang-dong, 1999  ; « J’avais revisionné [s]es films au stade de l’écriture du scénario » selon Dong Yue),  renouvellera le genre grâce à l’exposition d’une violence cathartique d’une société coréenne perçue comme rude, au sortir d’une dictature sanglante et d’une longue guerre fratricide avec son voisin, la Corée du nord, à la monstration des angoisses et des obsessions d’une génération : Old Boy (Park-Chan-Wook, 2003), Memories of Murder (Salinui chueok, Bong Joon-Ho, 2003; ressemblance de certaines séquences, atmosphère de province oubliée, conversations enfumées, terreau social identique, corruptions, meurtres sordides, ambiance désenchantée, noirceur abyssale, quête obsessionnelle et vaine pour anti-héros monomaniaque renvoyant à l’impossibilité des protagonistes de se délivrer de leur condition, pays en transition économico-politique, histoire collective et sociale derrière le parcours d’un individu et le suspense d’une enquête policière désespérée qui tend vers la non-résolution, conclusion poignante, le spectateur qui se prend en pleine poire l’impact du temps qui passe, son irréversibilité, et de ce qui ne peut être réparé), A Bittersweet Life (Dalkomhan insaeng, Kim Jee Woon, 2005), Na Hong-Jin (The Chaser, Chugyeogja, 2008 ; The Murderer, Hwang-hae, 2010 ; The Stranger, Gok-seong, 2016).

Côté chinois, la sixième génération, au réalisme quasi-documentaire prégnant, s’impose avec People Mountain People Sea (Ren shan ren hai, Cai Shangjun, 2011), l’incroyable Black Coal (Bai Ri Yan Huo, Diao Yi Nan, 2014, lauréat de l’Ours d’or, gros succès en Chine comme en France), A Touch of Sin (Tiān zhù dìng, un film-somme, prix du scénario au Festival de Cannes 2013, au solide scénario inspiré de celui, éprouvé, de A Touch of Zen, Hsia nu, King Hu, 1970 ou comment faire vivre la brutalité des développements économiques qui renvoie à celle des actes de violence qu’ils provoquent, effet de sidération de certains actes compris ?) et Les Eternels (Jiānghú érnǚ, Ash Is Purest White, Cannes 2018) de Jia Zhangke.

Le cofondateur de Wild Bunch, qui n’a pas sa langue dans sa poche, Vincent Maraval, distributeur d’un grand nombre de films primés à Cannes estime qu’ « aujourd’hui, le 7e art se joue en Asie et Cannes a acté cela depuis longtemps ». Hommage au travail de feu Pierre Rissient et J.-P. Dionnet.

Points négatifs

     Esthétisant

     C’est un film de technicien qui se regarde sans cesse filmer. Yue a une formation de chef opérateur à l’Académie du cinéma de Pékin (2006). Il est devenu directeur de la photo pour longs métrages, films institutionnels et publicités. Résultat : plans larges en scope, avec déformation de lignes, et très lents, souvent trop esthétisants ; couleurs désaturées, détrempées pour souligner une palette terne (gris, marron, noir), une plongée dans la folie obsessionnelle, moins bien réussie que la matité chez l’épuré Melville ; site industriel majeur du sud de la Chine avec ses cités-dortoirs et clapiers entassés, autour d’une Rue sans joie (Die Freudlose Gasse, G. W. Pabst, 1925) ou Rue de la honte (Akasen chitai, K. Mizoguchi, 1956), devenu un no man’s land avec ces laissés-pour-compte à la fin des années 1990, tourné à Hengyang (Hunan) moins bien campé que la communauté industrieuse de l’est européen à Clairton (Pennsylvanie), dans Voyage au bout de l’enfer, The Deer Hunter, M. Cimino, 1978; aciérie à la Pollet avec le jeu pictural forcé feu / eau ; répétition de l’image terne du vieux stade glauque devenu lieu de rencontres interlopes façon On achève bien les chevaux, They Shoot Horses, Don’t They ?, S. Pollack, 1969, une bonne idée malheureusement trop serinée ; un plan récurrent de tuyaux fins en coudes, parallèles aux lignes électriques hautes tension par trop présentes ; l’horizon n’est que brouillard, où les ouvriers, filmés en contre-plongée parfois en travelling lourd, deviennent une foule interchangeable en un pataud Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath John Ford, 1939 d’après la prix Nobel Steinbeck) en remémorant, pour une scène, La Sortie de l’usine Lumière à Lyon (1895) des Frères Lumière.

Une réussite : une séquence de poursuite de plus de dix minutes, très cut, – heureux changement de rythme – digne de John Doe (= quidam ou Monsieur Dupont) coursé par l’inspecteur Mills dans Seven (Se7en, D. Fincher, 1995, même atmosphère pluvieuse), sur les coursives et les échelles de ce labyrinthe de fer et de poussière avec jeux de verticales et horizontales (cheminées crachant des nuages de fumées polluantes à la Monet) pour terminer sur des enchâssements de voies ferrées avec force contre-plongées sur un train roulant, ou non, souvent en angles hollandais.

Nous n’échappons pas aux inévitables néons clignotants à travers la fenêtre, gimmick du film noir américain, la référence de Yue étant Vertigo d’Hitchcock (Sueurs froides,  1958) et les frères Cohen : dans la chambre glauque de l’esthéticienne, pute occasionnelle pour arrondir ses fins de mois, évidemment au grand cœur avec possibilité de rédemption, réflexion sur les vitres dégoulinantes d’un salon de coiffure sans clients où tourne une enseigne dorée à laquelle répond celle du barbier à l’occidentale, lignes bleu blanc rouge qui correspondent aux idéogrammes de mêmes couleurs où la tête du héros transparaît, d’une gargote où Yu boit en guettant sa proie.

La pluie, brouillant les cerveaux et les perceptions, métaphore plombée de la fatalité, est diluvienne, tenace, opaque, omniprésente. Suintements, dégoulinement, poisseux, poisse. Crasse, poussière et boue. Pluie, capuches cachant des stalkers virant zombies à la vue brouillée, obstruée : le très réussi et maîtrisé La isla mínima de l’Espagnol Alberto Rodriguez (2014), fondé sur un lieu fort, les marais du Guadalquivir et sur un contexte historique puissant, le post-franquisme, s’impose, tout comme la scène finale de Que dios nos perdone (Roberto Sorogoyen, 2016). La pluie se rigidifie en neige – métaphore bien lourde à cause de parallélismes répétitifs et insistants – comme le régime après Tian’Anmen, 1989 et surtout la rétrocession d’Hong Kong, pays dit de Cocagne aussi riche qu’inaccessible auparavant, en 1997 : réception de la médaille de l’employé modèle de l’année, avec force discours plein de ferveur et de convictions aux collègues,  remise en plan large et symétrique par des dignitaires du Parti, parasitée par une mise en route impromptue d’une machine à neige artificielle, seule pointe d’humour dans le film ; le bus immobilisé dans le froid à la fin tout comme les vélos, motos ou side-cars, autre métaphore éléphantesque de la fatalité et du régime embourbé, du héros le long du film, une usine en effervescence puis en décrépitude, un homme respecté (« J’ai un don », « Maestro », « Détective Yu » : sérieux, efficace, apprécié de sa hiérarchie, il croit débusquer les petits délinquants qui trafiquent des produits dérobés dans l’usine) puis bafoué (dans le premier plan sur la nuque à la Yi yi, Edward Yang, 2000, il décompose ses nom et prénom Yu Guowei en Yu comme vestige, Guo comme nation et Wei comme glorieux pour répondre à la fonctionnaire pénitentiaire « Yu comme inutile » ; personne ne se souvient de son nom ni de son ancienne gloire, le monde a avancé sans lui, out, perdu ; il doit composer non seulement avec un commissaire, inconséquent, impuissant entre sous-effectif et équipement défaillant, enfermé dans un système et ses privilèges, las et proche de la retraite, qu’il admire bien que le gradé le méprise avec cette impossibilité d’évoluer professionnellement de vigile à flic, son rêve, mais aussi avec des apparatchiks qui n’hésitent pas à la congédier quand ils ne peuvent plus l’exploiter ; la dernière confrontation de Yu, scène bien artificielle, avec un gardien de l’usine oublieux comme les lieux vite reconstruits sur de récentes ruines industrielles).

Si les bruits de pluie et d’orages (le titre anglais est pertinent, « The looming storm ») renforcent la perception stéréo et la profondeur audio (un travail inspiré, selon Yue, de Conversation secrète, The Conversation, Francis Ford Coppola, 1974), les erreurs de montage abondent : inserts visuels évidents, rajouts sonores flagrants issus de studio de sound design (l’inutile goutte à goutte dans la morgue lors de l’autopsie est un écho lourd à la pluie constante), phénomène d’upscaling 4K parfois assez grossier poussé sur la photo.

     Une histoire mal structurée

La structure narrative, on ne peut plus classique, prise entre deux temporalités, où le récit principal est enchâssé dans un long flash-back, où tout le monde manipule tout le monde, ressemble a posteriori à un examen de conscience du personnage principal, revenant sur les lieux dix ans plus tard. Le film, victime de son ambition minée par l’écriture, tant du scénario que filmique, bancale à force d’intégrer trop de dimensions, part dans tous les sens sans prendre parti et sans articulation fluide : polar, comédie sentimentale atypique, bâclée et peu crédible, et chronique politique ; hésitations entre cinéma de divertissement et projet personnel, mal articulé. Ici, l’intrigue policière, délaissée au profit de la focalisation sur l’obsession fatale du héros (« Ce qui m’intéressait, c’était de comprendre le mécanisme qui a conduit à l’aliénation de mon personnage. »), se construit en effet sur le schéma classique occidental du whodunit peu exploité dans le cinéma chinois qui préfère le modèle du film de gangsters. « J’ai eu de la chance. Avec mon synopsis, j’ai trouvé tout de suite un producteur. Le film a été aidé par la fondation de soutien au jeune cinéma chinois créée par le cinéaste Wu Tia Min. Elle a organisé un forum de rencontre au Festival de Cannes. Cinq projets, dont le mien, ont été retenus. A mon retour en Chine, des investisseurs se sont rapprochés de moi. Le scénario est arrivé entre les mains de l’acteur principal, qui s’y est intéressé. Lorsqu’il a accepté de participer, on a pu envisager un film avec un peu de moyens. » Vu le nombre de co-producteurs cités et les logos à rallonge, les moyens n’ont pourtant pas manqué.

     Manque d’incarnation

Un autre problème est un manque d’incarnation.

Sans voyeurisme, aucune mention n’est faite du sort barbare qui a été réservé aux corps de femmes assassinées selon une méthode identique.

La pute vient comme un cheveu sur la soupe : personne n’y croit ; c’est à se demander si la femme, sans épaisseur psychologique, est rêvée, fantasmée.

La rétrocession de la Cité-Etat n’est qu’un prétexte lointain dont Yue ne fait absolument rien. Le twist final, séduisant noir sur blanc, est laborieux.

Enfin, bien que récompensé par le prix du Meilleur Acteur au Tokyo International Film Festival (2017), je n’adhère pas au jeu cabotin, car peu naturel à cause de tics d’acteurs selon les directives probablement du metteur en scène, de Duan Yihong, un acteur chinois, né en 1973 dans la région autonome du Xinjiang, diplômé de la Central Academy of Drama avec une mention en comédie. En 1998, il débuta au sein du China National Theater. En 2003, il a joué dans le film Summer Palace (Lou Ye). Cette même année, il a obtenu le prix du Meilleur Acteur au International Film Festival of India pour sa performance dans le film Drifters (èr dì,Wang Xiaoshai). Il s’est ensuite fait connaître en Chine en 2006, grâce au rôle de l’officier Yuan Lang dans la série télévisée Soldier attack. En 2011, il était le rôle principal du film Bái Lù Yuán (White Deer Plain) du réalisateur Wang Quanan. La même année, il est récompensé par le Golden Phoenix Award (Prix de la China Film Society of Performing Art). En 2014, il obtient le prix du Meilleur Acteur au Shanghai International Film Festival pour son rôle dans The dead end (Cao Baoping, 2015).

*

     Afin d’échapper à la censure de son pays, Dong Yue, à la technique de papier glacé, semble plus un cinéaste roublard que prometteur. Grand Prix du Jury au 10e festival international du film policier de Beaune (2018).

Une pluie sans fin, Bàoxuě jiāng zhì, littéralement La tempête qui arrive, The looming storm, Dong Yue, 2017, Chine, 1h56.

[Manuscrit Poésie] Cadette des 7 (#épisode 63)

en procès

écriture au

fil de la

pas à pas

noir sur blanc

audition

cadette des 7

assises

dedans box

comprendre ses blancs

à force

président dit

pas faire

impasse instruction

réel normal mobile

président dit

personne a

retiré faculté raison

cadette des 7

dedans box

bien consciente que ce que je dis est souvent absurde

pleurs

dedans box

président dit

amour haine

pour enfants ?

j’aime mes enfants tous les deux

chacun a sa personnalité différente

je les aime

silence

comprendre ses blancs

m’écouter

écouter mon corps

parler à soi

silence

si j’avais pu

en parler

j’aurais pu

ne pas les tuer

pas de lien créé

pas allers-retours

tête corps

pour moi

il n’y avait pas de bébé

président comprendre

réel normal mobile

enfant de moi

tous les droits

en garde à vue

plus garder

de suite bébés

processus enclenché

de suite

dedans  pv

noir sur blanc

comprendre ses blancs

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques. » Cyrille Martinez, D-Fiction

Huis clos pour un grand huit psy

The Guilty, Den skyldige, Gustav Möller, 1h25, Danemark.

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Chef d’œuvre

     Attention, voici un diamant noir, épuré, minimaliste comme du design danois à la Georg Jensen et froid, sans être formaliste, fluide et clinique, comme le climat du pays scandinave. Ce premier film, comme Jusqu’à la garde (Xavier Legrand, 2017), est déjà un classique qui sera enseigné, comme Reservoir dogs (Quentin Tarentino, 1992) – mais sûrement pas le raté Les huit salopards (The Hateful Eight, Quentin Tarantino, 2015) bien inférieur à La chevauchée des bannis (Day of the Outlaw, André de Toth, 1959) – dans les écoles de cinéma, n’eût été à terme le vieillissement voire l’obsolescence des appareils technologiques (suspense de la sonnerie, urgence de la numérotation rapide, drame du répondeur, téléphone portable comme moyen de court-circuiter les canaux officiels, écrans de contrôles, ordinateurs avec jeux d’écrans dans l’écran comme chez Brian de Palma, GPS permettant l’affichage sur l’écran de l’identité et du numéro de mobile du correspondant sur fond de carte géographique des environs, etc.) sauf dans 2001, l’odyssée de l’espace (2001 : The Space Odyssey, Stanley Kubrick, qui bénéficia de l’expertise de la Nasa, 1968). Il s’agit, comme La corde (Rope, 1948) d’Alfred Hitchcock, qui rêvait de tourner intégralement un film dans une cabine téléphonique, d’un opus à contraintes ou à dispositifs (« Je suis intimement convaincu que les contraintes stimulent la créativité. C’est une tradition que j’ai en grande partie héritée de mes années à l’École de cinéma du Danemark. Je pense que c’est une chose avec laquelle il faut travailler, quel que soit le budget du film. Les contraintes rendent plus créatif – du moins elles me rendent plus créatif. Là, la prémisse du film elle-même requiert de se restreindre. Le film ne fonctionnerait tout simplement pas si on avait choisi de quitter le personnage. » expose Möller) filmé chronologiquement sur treize jours, après six mois de préparation, avec trois caméras : unité de lieu (tout se déroule dans le centre d’appel d’urgence de la police entre deux pièces contiguës équipées de bureaux, de postes téléphoniques et d’ordinateurs: l’une, open space aux néons crus et impersonnels, avec collègues flous ou non ; l’autre, isolée avec stores vénitiens intérieurs et demi-obscurité zébrée du halo rouge de la lampe d’alerte fixe comme une installation d’art contemporain dans les films du thaïlandais Apichatpong Weerasethakul et non comme chez Clouzeau, Le corbeau, 1943 film imprégné d’expressionnisme de la UFA; ici les angles hollandais sont exclus car la sobriété est de mise), d’action et de temps (le récit se déroulant quasiment en temps réel sans aucun flash-back ; « nous avons tourné en live, même avec les acteurs faisant les voix. Et l’équipe de production, le réalisateur se connaissent depuis l’école de cinéma » déclare l’acteur Jakob Cedergren).

     La vertu du film est aussi qu’il ne dure que 85 mn soit 1h25, bien loin de ces œuvres de plus de 2h qui deviennent la norme où le spectateur, dont le billet est certes rentabilisé, sort lessivé.

L’action (course-poursuite sur l’autoroute, perquisition informelle, intervention des policiers au domicile de la victime, etc.) est hors-champ selon l’essentielle leçon de Jacques Tourneur (La féline, Cat People, 1942) : « J’ai compris que chaque personne écoutant cet enregistrement verrait des images différentes. Je crois que les images les plus fortes d’un film sont celles que l’on ne voit pas. » affirme Möller, sorti de l’École nationale de cinéma du Danemark où règnent les spectres paralysants de C. T. Dreyer et Lars von Trier). Le hors-champ génère la peur, fait travailler le spectateur, actif, par l’imagination ou cosa mentale, supprime le mouvement en construisant progressivement un polar de l’impuissance. Le spectateur est réduit au statut d’auditeur, catégorie à laquelle appartient, également, le policier lui-même. Sous l’influence du séminal Conversation secrète (The Conversation, Francis Ford Coppola, 1974), le son structure l’espace grâce au design sonore fin et immersif d’Oskar Skriver (les sons, craquements d’un parquet, frottement des roues sur l’asphalte, bruit de moteur, du vent, souffle, voix lointaines, chuchotées, exigeantes, interrogatives, suppliantes, implorantes d’où le choix de « Jessica Dinnage parce qu’elle avait de la souffrance dans la voix, un timbre rauque, un peu brisé, très spécifique » presque enfantine, sonnerie dans le vide se prolongeant trop longtemps, ont été enregistrés sur les lieux de l’action, à l’intérieur d’une voiture de police ou dehors, sur une autoroute, sur un pont : « c’est comme si on avait fait la moitié du travail sur les décors et l’image dans la salle du montage son » ; « Le bruit de la pluie est l’un des meilleurs sons qui soient pour créer une sensation. Il suffit de l’entendre pour avoir l’impression d’y être. Nous avons différents types de pluie dans le film. Au début elle est agressive, avec une pluie qui frappe fort et des essuie-glaces » précise Möller). Les sens sont convoqués, vue, ouïe, les dimensions essentielles du cinématographe depuis l’avènement du parlant.

La force du film, outre d’habiles intrications de scénarios ou arc narratif personnel, suggérées par une alliance au majeur, un doigt cassé, quelques cicatrices sur les mains, entre la vie privée mouvementée et la vie professionnelle accidentée du policier, d’une triste actualité, d’où sourd l’inévitable besoin de rédemption, est que le spectateur est au même niveau de connaissance, tâtonnements, changements de sens avec retournements ou switches, que le personnage principal, augmentant ainsi le principe d’identification et le suspense, grande leçon hitchcockienne encore une fois, où l’enlèvement est ici le MacGuffin, le sparadrap au doigt, un gimmick comme celui sur le nez de Jack Nicholson dans Chinatown (R. Polanski, 1974) : « Nous voulions donner au public la même perspective sur le monde que celle qu’a notre héros et ce faisant, le faire parvenir aux mêmes conclusions ».

 

Contexte

     Le film s’inscrit dans un genre : le huis clos. Soit Les Maudits (René Clément, 1947), Répulsion (Repulsion, R. Polanski, 1965), Out Of Order (Abwärts, Carl Schenkel, 1984) où quatre personnes sous tension sont coincées dans un ascenseur, Conversations nocturnes (Talk Radio, Oliver Stone, 1988) où un cynique animateur de radio converse avec ses auditeurs,  Cube (Vincenzo Natali, 1997) où cinq inconnus prisonniers d’une pièce cubique flottent dans l’espace intersidéral, Panic Room (David Fincher, 2002), Phone Game (Phone Booth, Joel Schumacher, 2002) où Colin Farrell, coincé dans une cabine téléphonique, est menacé par un sniper fou avec qui il est obligé de dialoguer sous peine de prendre une balle, Buried (Rodrigo Cortés, 2010, récompensé dans plusieurs festivals à sa sortie) où le spectateur passe 90 minutes dans un cercueil, Locke (Steven Knight, 2013), Tunnel (Teo-neol, Seong-hun Kim, 2016), Wheelman (Jeremy Rush, 2017) mais aussi, références explicitées par le jeune réalisateur Möller, 12 Hommes en colère (12 Angry Men, 1957) et Un après-midi de chien (Dog Day Afternoon, 1975) de Sidney Lumet qui venait de la tv. Les films à téléphone sont légion : Raccrochez, c’est une erreur (Sorry, Wrong Number, Anatole Litvak, 1948), The Call (Brad Anderson, 2013 avec Halle Berry), Her (Spike Jonze, 2013), la série Calls de Timothée Hochet diffusée sur Canal + focalisée sur un écran noir avec quelques lumières clignotantes.

     « C’est basé sur les recherches, sur des histoires d’officiers de police passés par des histoires traumatisantes et qui en ont été profondément affectés » selon l’acteur principal. Le cinéaste a co-écrit le scénario avec Emil Nygaard Albertsen avec qui il avait également créé son court-métrage I Mørke (In Darkness, 2015, prix Next Nordic Generation). Tout est parti en regardant une vidéo réelle, sur YouTube, où une américaine victime d’un enlèvement parle à un urgentiste de la veille 911, l’équivalent de notre 17 aux USA, le 112 au Danemark. Möller a été intéressé par « Le fait que chaque personne, en écoutant le même clip, puisse voir des images différentes ». C’est le premier film de cinéma inspiré par un documentaire radio, un podcast américain Serial diffusé en feuilletons hebdomadaires, délivrant une vérité complexe. L’immersion est dans le film quasi documentaire : le flic, au piquet, rongé par la culpabilité – ce qui ne l’empêche pas de déroger à la procédure en prenant des initiatives personnelles -, répond avec un peu d’ironie à un drogué en pleine crise d’angoisse, à un homme cadenassé dans sa voiture après avoir été agressé et volé par une prostituée dans un quartier chaud de la capitale, à une fille qui a fait une chute à vélo et c’est fait mal au genou, à un gars au milieu d’une bagarre à la sortie d’une boîte de nuit (« Vous n’avez pas idée du nombre de coups de téléphone étranges qu’ils reçoivent. » souligne l’acteur en immersion). Ecouter, tout en conseillant, être empathique, rassurer, consoler, hiérarchiser les priorités, poser des questions, fermées ou non, repérer l’endroit où se trouve la voiture, agir avec le secteur Nord. Bref, qui est le coupable dans l’histoire ?

 

L’acteur

     Tout repose sur Jakob Cedergren,  acteur suédois vivant au Danemark, révélé dans la mini-série danoise The Spider (Edderkoppen, 2000), Meurtres à Sandhamn, (Morden i Sandhamn, 2010-2018 diffusée sur Arte), Traque En Série (Den som dræber, 2011) et des films comme Les Bouchers Verts (De grønne slagtere, Anders Thomas Jensen, 2003 aux côtés de Mads Mikkelsen), Frygtelig lykkelig (Terribly Happy, Henrik Ruben Genz, 2008), Rage (Sally Potter, 2009), Submarino (Thomas Vinterberg, 2010), Antigang du français Benjamin Rocher (2015). Il est filmé sous toutes les coutures : gros plans en plein format 2:39 avec casque-téléphone ou non, souvent fixes, cadrés impeccablement, parfois à la caméra à l’épaule lors de scènes de dramatisations, de profil, de face, en plans-séquences, dont un de 35 minutes, les doigts qui tapotent de nervosité, la tension du film perceptible sur son visage (bonne volonté, doute, rage, confusion, remords, pardon) et dans les diverses intonations de sa voix, un découpage avec une échelle de plans, des angles de prise de vue travaillés quoique classiques, un cadre large du lieu de travail du début se resserrant dans l’autre bureau isolé dans lequel Asger s’enferme. La caméra de Jasper J. Spanning suit le moindre mouvement d’Asger / Jakob « Ce sont ses yeux qui m’ont convaincu qu’il était parfait pour le rôle, explique le metteur en scène. C’est comme s’il vous cachait un secret, mais en même temps on peut lire tellement de choses à travers son regard ! ». Les yeux clairs, expressifs, une échancrure à l’œil droit qui pourrait suggérer, parfois, une larme. Selon Möller, l’acteur principal « a pu contribuer à l’écriture du scénario en apportant ses propres idées ».

*

     Un film justement récompensé : prix de la critique au Festival du Film Policier de Beaune, pour sa 10e édition, prix du Public à Sundance, Rotterdam et au Festival international du film de Transylvanie, prix RTBF et Prix BeTV au BRIFF ou Festival international du film de Bruxelles. Pas mal pour un film qui a vu le jour grâce à un programme de développement de jeunes talents ! « Je travaille sur un long métrage qui, comme The Guilty, se déguise en film de genre pour aborder un sujet très complexe. »

[Manuscrit Poésie] Cadette des 7 (épisode #62)

allers-retours

experts

psy5 psy6

à la barre

cadette des 7

expertisée rencontrée

psy5 dit

rouages défense

psychotique

type clivage

type déni

psy6 dit

sphère histrionique

prédomine pour

psy5 psy6

cadette des 7

responsable pas

coupable

distorsions rapports

réel allers-retours

peut-être

contrôle actes

cadette des 7

responsable

pas coupable

procureur comprendre

je patauge moi

abîmes abysses abymes

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques. » Cyrille Martinez, D-Fiction

La bise de la Mère Brazier

   En cette journée de grève de la Sncf (CGT et Sud puisque les syndicats patronaux ont lâché l’affaire), je me précipite derrière l’opéra, celle qui a perdu sa 9e muse, réhaussé par Jean Nouvel qui nous a gratifiés de sièges design noirs nous donnant mal au cul, rue Royale, rue du petit mais charmant L’ourson qui boit, autre resto tenu par des japonais enrichissant la cuisine française comme l’excellent Arai rue du Bœuf avec son 14 février ou, vers Foch, Taka qui travailla avec Le Bec, dans la fameuse rue Grôlée, désormais expatrié en Chine, selon les uns pour malversations comptables, selon d’autres à cause de manipulations politiques, d’un resto moyen mais amusant, tenu par un croate, rue adjacente à la petite librairie d’occas’ joyeusement foutraque de Fabrice Sivignon. 12 rue Royale, précisément, là où la pâtissière chez qui la Brazier va se fournir en quenelles lui conseilla une épicerie-comptoir à vendre en 1921 dans le quartier des soyeux, entre l’hôtel de ville et la demeure de ce maire bon vivant d’Ed. Herriot qui abandonna Vettard place Bellecour pour en faire ici son salon privé. – Tous y sont passés, des Milliat-fabriquants-de-pâtes, où Eugénie fut cuisinière, à Agnelli, l’épuré Balenciaga, de Givenchy, Rikiel, le génial Courrèges, en passant par les banquiers du Crédit lyonnais, soit quelque milliers d’euros par tête de pipe depuis leurs malversations, les patrons de la Fabrique tels que les Biancarini-Férier, les Brochier, les Colcombet, les Baboin, les Porcher, les Guérand Hermès, les Proverbio, les Perrin, les Berliet -. Ma ponctualité ne fut pas royale, retenu par l’émission estivale Blockbuster (France inter) sur La petite maison dans la prairie (9 saisons !), qui est l’objet de dénonciation actuelle, politiquement correcte, de racisme, où l’on apprend que la série est libertarienne, que le charmant Michael Landon / Charles P. Ingalls, une célébrité venue du mythique Bonanza, ruiné par l’alcoolisme, a eu une enfance malheureuse. Fi du quart d’heure lyonnais, 12h35, mon hôte, robe noire – sur lequel pend un collier discret et contemporain -, masquant un petit ventre augurant d’un bel évènement, m’attend. Pas vu depuis 2 ans : Roure, deux étoiles également au compteur du Michelin, rue Cuvier, début août puis Parc de la Tête d’or. Aller plus profond qu’un saucisson chaud sur le pouce avec le poète Claude Yvroud.

Décor

   Les faïences, le parquet et les baies vitrées des années 30 sont agrémentés, notamment à l’étage (rideaux en velours, tables Knoll et rayures noires et blanches à la Buren), de la déco des géniaux Vavro. 60 couverts en tout, peu de monde aujourd’hui. Des photos de ladite mère, fille-mère de paysans pauvres, et tôt orpheline de mère, chassée par son père, dont celle de Lucien Rey qui démontre que la forte en gueule avait de la gouaille et ne s’en laissait pas compter. Nous mangeons au petit salon du rez-de-chaussée à côté de nombreux asiatiques dont les limitrophes émerveillés par le poulet de Bresse en demi-deuil (c’est-à-dire champignons sous la peau, la truffe notamment, lors de la saison adéquate; accompagnement original de petits pois à la française, sauce suprême à l’estragon pour 2 personnes en 2 services) d’abord présenté en entier puis découpé devant les convives ébaubis devant le mort volatile et les lourdes saucières en argent. Un œillet blanc discret sur la table en résonance avec un bouquet frais blanc. Un petit abat-jour de table Starck, designer largement  présent chez Pic, à l’armature de verre lourde cache une menue bougie coquette qui attend la fête des lumières du 8 décembre pour rejoindre son lumignon; des chaises rouges années 70. J’ai la vue sur les vitraux translucides, donc sans couleurs contrairement à ceux du Docteur Antonin Poncet, dont seules les armatures sont conservées, observables depuis la rue. Les gars en blouse et toque blanches fument sur le trottoir en plein cagnard.

Commencer

   Amusons-nous la gueule avec du pâté de volailles de Bresse venant de la maison Miéral en croûte, sacré champion du monde en 2012, avec cerise (pointe extrême-orientale ; avec noyau, nous est-il précisé) au vinaigre. En apéro, un jus de fruit rafraîchissant à la pomme-reinette et fruit rouge (fraises) en cette canicule modérée par une climatisation pour une fois discrète. Jamais deux sans trois, Jérôme Desbois, maître d’hôtel, vient prendre la commande. Nous optons pour le menu classique, où Math Viannay, revisite les classiques de la mère Eugénie Brazier, femme qui fait l’objet d’une nombreuse littérature depuis ses double trois étoiles au Michelin depuis 1933, remarquée par Prévert, toujours à l’affût, jusqu’aux éditions Wespieser et un hommage google en 2018. J’avoue que la pomme de ris de veau rôtie, croustillant de riz soufflé, jus à l’anguille fumée m’a tout de suite tapée dans l’œil. Sur table, un beurre doux et demi-sel avec un beau B comme Bordier de Saint-Malo, une huile d’olive délicieuse venue soit du moulin de Tunisie (vers Sfax) soit de Tolède (Espagne), dont je me repais le long du repas comme souvenir de ma vie dans le Sud, avec du pain au levain, du pyrénéen franco-espagnol Alexis Muñoz, installé à Lyon, fournisseur de Pic, Têtedoie, Savoy entre autres – mais pourquoi pas une huile drômoise comme Nyons ou provençale comme celle de La Fare-les-Oliviers, mystère ?

Parti sur un Pinot noir d’Alsace, j’opte, sur le fondement d’un lourd bottin noir et avec l’aide de Sieur Verneau, directeur de salle et chef sommelier, pour un Côte de Nuits 2015 au verre qui a eu un coup de chaud, tanique à l’odeur, à laisser décanter donc, mais jeune au goût, servi dans un verre translucide Riedel. Non je ne ferai pas la blague de François Jaubert / Gérard Philipe dans Le diable au corps (Autant-Lara, 1947) au Grand Véfour sur le côté pseudo bouchonné pour en boire plus. Une eau pétillante Orizza (Corse) et plate (Evian).

Nous squizzons l’artichaut et foie gras n°12, un classique de la mère, pas envie de foie, outre la méthode d’obtention et le sort de la bête qui choque de plus en plus ; les artichauts à l’italienne, accommodés de mille manières, notamment croustillants à la juive à Rome au Ghetto (Dal Pompiere, via Santa Maria dei Calderari, 38) sont tellement succulents qu’il est difficile de les égaler. La fourchette est dignement posée à la française : nous sommes à une grande table, s’il était permis d’en douter.

Arrive un plat rouge vert, comme un gaspacho après le feu d’artifesse du 14 juillet, de tomates, mozarella, pesto et huile d’olive et, touche d’originalité, du cecina, du bœuf séché espagnol – j’avais découvert le lard de Colonnata, près des carrières de Carrare où piochait Michel Ange entre autres sculpteurs, chez Pic -, dans une assiette creuse blanche. C’est bon, même si ce n’est pas transcendant ; c’est frais. Un pain rouge original, betteraves-cranberries, cuit maison.

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Plats simples et élégants

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   Singapour, Australie, Hawaï, Amsterdam, Londres. Arrive le pain de brochet croustillant, sensation très agréable, aux écrevisses bien alignées sauce Nantua avec une pointe de vin jaune, une petite émulsion sur le dessus, une carotte et un poireau des maisons Barnas, Bail et des Halles Trottemant, façon nouvelle cuisine déjà ancienne. Voilà qui revisite en effet un plat traditionnel, brochet sauce Nantua tout en évitant la quenelle, remplacée par un pain qui offre une texture intéressante et qui est plus rapide à cuisiner, qu’il est possible de trouver partout à Lyon et en Bresse, Bourg notamment. – A noter que, chez Giraudet, la sauce existe également aux écrevisses en période de fête, outre de délicieuses quenelles à la truffe -. J’aurais bien vu une touche jaune, déjà fort présente, de polenta, revenue en grâce dans la gastronomie et permettant de faire une double nique à la cantoche d’école d’antan, Marcon m’ayant rabiboché avec le salsifis de fort mauvais souvenir. A manger de la main gauche puisque Ravel vint se sustenter ici.

Une drôle de petite pointe dans le fond d’assiette pour monter le pain de brochet. Un opinel original avec un manche en bois avec stries marron claires et sombres, du plus bel effet, ma foi.

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     Dans un accord terre/mer bien différent du HTV (Homard Tête de Veau) de chez Têtedoie pour lequel le gouvernement de l’autre Philippe sous Macron s’est déplacé à l’invitation de l’ancien maire de Lyon, Gérard Collomb, voici la fameuse pomme de ris de veau rôtie, fourni par la boucherie Giroud Perrier ou J.A. Gastronomie, toute unifiée de façon intelligente, croustillante de riz soufflé, j’en ris, porte des Lilas, sur un lit de petits pois à la française, qui changent de mon séjour londonien, le génial jus à l’anguille fumée de chez Vianey, de la Croix-Rousse, devenu MOF, souvenir des Salins de Giraud en Camargue ou plutôt de la mère Guy à la Mulatière. La sensation de croustillant du ris est tout à fait incroyable, on s’attend presque à goûter des amandes grillées. Très fin. Une étonnante assiette Jars (Anneyron) en céramique à imitation couleur bois. Le souvenir de ce ris de veau aux deux truffes (blanche et noire) de chez Marcon à Saint Bonnet-le-froid, entre Velay et Vivarais, dans un nid d’aigle écolo hqe  et ntic avec vue sur le Mont Blanc par beau temps est indétrônable.

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Le trou normand, calvados manquant à l’appel, est, comme chez Roure, une petite madeleine encore chaude digne de Blé sucré de Fabrice le Bourdat, un nantais d’origine qui a officié au Bristol et au Plaza Athénée (Paris) ainsi qu’au Martinez (Cannes) en face du square Trousseau dans le 12e arrondissement de Paris près de l’inratable marché d’Aligre, avec une boule de glace à la vanille à manger grâce à une magnifique cuillère en nacre dans une petite assiette noire. Dire que le pain grillé précéda la madeleine dans les paperoles de Proust présentes à la fondation Bodmer (Genève) !

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Au pays des fromages

   Une faisselle d’un côté ; un plateau achalandé par Renée Richard, Didier Lassagne, qui a également ouvert avenue Lumière où il est possible de trouver une petite boule dure du Rove du Vaucluse mais non du crémeux et frais chèvre du Rove comme au Petit Nice de Marseille chez Passéda (cf. la regrettée émission de Kruger sur France culture, On ne parle pas la bouche pleine : https://www.franceculture.fr/emissions/ne-parle-pas-la-bouche-pleine/ah-quelle-est-belle-la-chevre-du-rove-et-comme-sa-brousse-est-delicieuse), Jean-Yves Bordier, Bernard Mure-Ravaud et la Ferme du Puy, toujours avec le Côte de Nuits 2015, avec Beaufort, le fameux Saint-Marcellin de la mère Richard, une rigotte qui me remémore ma période savoyarde (et période obsession Saint-Marcellin, pavé d’Affinois, etc.), un picodon sec d’Ardèche, un fromage caprin persillé de Tignes, un camembert de Normandie qui serait menacé par la législation européenne, etc.

Desserts esthétiques

   Les desserts : un chou praliné comme un Paris-Brest beau comme un personnage du Ballet triadique du bauhaus Oskar Schlemmer et ses traces de pas laissant songer au Joan Miró dernière période ;

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bien que tenté par un soufflé au divin Grand-Marnier, je me reporte, été oblige, sur les framboises au gingembre et coriandre, épices ma foi superbes, glace à l’huile d’olive (Ladurée faisait bien de délicieux macarons au basilic et à l’huile d’olive), eau de citron et pain de Gênes, hommage au pesto précédent, protégé par une petite toiture comestible à la Shigeru Ban (Pompidou Metz), qui supporte de fragiles cerceaux parallèles rouges à la Richard Serra. Délicieux et rafraîchissant mais pas aussi surprenant que, chez Roure, la petite tarte au citron meringuée déstructurée, cul par-dessus tête, mise sous cloche en esthétique manga Akira ou igloo de Mario Merz en arte povera, selon sa culture, avec du citron glacé rafraîchissant en un tube fin éloigné qui se mire dans un miroir intégré avant de se briser de façon exquise sous la dent à vous déclencher une injection de dopamine ou de sérotonine.

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     J’enfile en dijo une eau de vie fraîche d’alisier Decorse de Haute-Marne à l’arôme d’amandes fraîches rappelant la frangipane. Des petites pâtisseries : un petit café avec son grain, je n’en raffole pas mais la sensation en bouche ravit par le craquant et la montée du goût en bouche, et un admirable parfait de framboise, pour rester dans le ton, avec … de la roquette. Ce dernier est le plus marquant par son inventivité.

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Nous sont offerts à la fin des guimauves de fraise et vanille, sous cloche comme une touche d’enfance, un paléor de chez Bernachon, un caramel, un peu fondu par la chaleur mais qui ne colle pas aux dents, un nougat.

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Mon hôte m’offre gentiment le repas en m’apportant en outre du divin et onctueux miel de sapin des Vosges (le rucher de Raybois, Le Puid ; merci les pucerons de la ligne bleue), du miel de fleurs et de la liqueur d’eau de vie de miel de Salm (Senones, Vosges), du thé noir TWG de Singapour.

16h passées. Un homme part, c’est le chef Math Viannay, MOF 2004, à peine reconnaissable avec sa barbe mais toujours aussi classieux. Il me signe, tout comme Têtedoie et Roure, mon catalogue d’expo Privat-Savigny, Maria-Anne. Gourmandises ! : histoire de la gastronomie à Lyon : [exposition, du 18 novembre 2011 au 29 avril 2012, Gadagne musées]. Milano : Silvana ed. ; [Morangis] : [diff. Vilo], impr. 2011. 175 p., avec un petit dessin, une toque, avec la légende « Et toc ! » afin de prendre toute la place par rapport aux autres confrères ! Gentil, non ?

     Article rédigé par hasard pendant la rediffusion de « Les mères lyonnaises : Histoire de la gastronomie » dans La fabrique de l’histoire sur France culture :

https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/la-fabrique-de-lhistoire-les-meres-lyonnaises-histoire-de-la-gastronomie-1ere-diffusion-23112010-0

Photo : Marie-Caroline Raboldt

[Manuscrit; poésie] Cadette des 7 (épisode #61)

comprendre incompréhensible

écrire indicible

comprendre ses blancs

allers-retours

sachants psy3 psy4

à la barre

rencontrée expertisée

cadette des 7

psy3 dit

sans doute

pas état second

psy4 dit

pas déni grossesse

cadette des 7

psy4 approuve psy3

dit pas alteration discern

ment peut-être

pris plaisir à

mais pas jouir

psy3 psy4

sans doute

se savait enceinte

psy4 dit

clivage objet

enfant dés

humanisé

jeté comme caca

pas clivage moi

avocat géné

ral comprendre

déni ? silence dénégation ?

psy4 psy3

sans doute

peut-être

savait-elle

bonne mère

moments altération

conscience

pas voulu mais

savait mal finir

mère bonne

voir exprès

bébés dans congélo

au pays du mur

avocat géné

ral comprendre

je patauge moi

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques. » Cyrille Martinez, D-Fiction