« Peste ! La poésie est virale. »
Sceptique de Fos
§ : Les poètes, soit des bons élèves bien appliqués, soit des cancres fiers de leur posture, ne savent que recracher leur leçon – avec huître=crachat ou non. Obligation de clarté, des bons mots, la maîtrise d’une langue unifiée[1], la perfection étroite qui se souhaite, en toute illusion, universelle[2], ou à l’inverse EsotErik Wahl[3], jeu d’étiquettes et entre-gens avec carnet d’adresses, classement sec, chacun dans sa case, sa chapelle, flip flap versus vroum vroum à l’ère du clash, chacun son stéréotype.
La poésie a trop de télomères usagés dans les 242 pg de chromosomes par tête de pipe. Elle a des années-lumière de retard sur les découvertes scientifiques et artistiques, Bessette (GPS avant Giorno) et Heidsieck l’affirmaient déjà.
Créer, c’est ruer dans les brancards donc ne correspondre à aucun créneau voire, encore mieux, de l’inventer : scandalisme© ; poésie polémique, « contre tout contre » pour, même si tout n’est pas bon dans le Chocons. Cabrer barbaque. Fin de la partition fictive prose / vers : roème©, vive l’hybride où chaque forme varie selon le fond.
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I
Au pilon, les recueils où la Marquise est à l’heure. Merle moqueur. Préférer Vos yeux d’amour, Marquise me font. Poésie générative ad lib. et post-mortem de Balpe, Play it again, Pim Pam Poum©. Préférez l’heurt. Pas du gâteau, la Marquise. Nulle histoire, caguesangue, pas de narratif[4], surtout pas. Marre de ces bons contes, cruels et genrés, – princes et princesses se marrèrent, vécurent enfant et eurent beaucoup d’heureux – ne faisant pas de bons amis et de bons I am, serinés depuis l’enfance.
Rabelais, il a perdu, certes. Icigo, devine : il[5] sort ses gryphes en publiant Pantagruel et Gargantua ; l’éditeur Dolet en douleurs sur le bûcher. Ripolin® Amyot, Vaugelas, fils de juge : barre-les crie Rabelais. Il ne faut pas pousser la grammaire dans les orties, juste la syntaxe. Poète Flaubert est un pue-la-sueur. Pas de ci pas de ça, la France ne signe pas la Charte des langues régionales. Bretons, Corses, Occitans, Picards et al. Collectionner les brichetons=mots selon. L’avenir de la poésie réside dans les apports des francophonies, Caraïbes notamment[6], Caramba. Caresser la peau du monde – Prigent récuse cette expression – compte-tenu du paradoxe de Kantor et de l’inadéquation des mots au monde – sens sont dans béances.
II
Création est camera obscura. What’s up, Doc ? L’artiste est anarchique et tire dans le noir, selon Mahler[7], et construit des échafaudages dans le vide qu’il pourlèche. A quand une création artistique quantique ? Etudier les spins des mots par des injections de blocs de sensations. Le poète est-il l’alliancier composant les tissures de phrases protons, avec l’interaction forte entre quarks[8] grâce aux gluons ou les résultats de collisions protons-anti-protons dans un anneau pour hadrons ? Pas assez pertinent, le système standard de physique, trop beau (kaloskagatos), digne de l’astronomie chez Aristote et consorts : trop de matière et d’énergie noires inexpliquées que les mots doivent retranscrire ; les muons ébranlent l’édifice, ce clinamen ou petit grain de sable salutaire. Changer enfin de paradigme. Noir, c’est noir, noir sur blanc.
La basse de Flea des Red hot chili pepper. Etre à sauts et à gambades, avec vitesse à la Tsvétaïeva en mode urgence, à la façon de l’éborgné à coup d’agrafeuse, Tex Avery – Gimme some more de Busta Rhymes, de blocs piochés dans un Pet words à la Good vibrations des Beach boys, dont Brian Wilson, ou dans le Journal de mes sons de Pierre Henry, des connections inédites du logiciel son en acousmonium de pièces d’Aperghis et de LouBez, de John Zorn, en buvant Eyquem[9], ce célèbre auteur d’un livre sur le rugby[10] sur l’ongle, Les essais, inspirant Proust[11], dont l’intérêt, outre d’interminables descriptions dignes d’un collégien maladroit[12], inspiré par l’historien d’art anglais, éculé jusque dans sa grammaire et sa syntaxe, un skin russe ennemi de Whistler, est la translation de sens et de sensations sur fond, à compte d’auteur avec force complaisances et lobbying[13], de critiques de salons[14] et sexualités[15] en société en mutation, anticipant le sexe des modernes. La modernité est androgyne[16]. Gare ! Montagnes russes avec ou sans cigarette. Mieux vaut profiteroles que paperoles [inserts : copier/coller de Telser ; finie, la génétique des textes]. Jean Sans œil n’a qu’un œil. Proust générera nombre de pseudo – légitimation – en République des lettres. J’ai pleuré quand j’ai terminé La Recherche, dit-elle.
III
Phrase-protée en plasticité du cerveau via les cellules gliales et les neurones-miroirs saisie par le Professeur Simon, Nobel, peintre d’abord, Naccache bono renouvelant, grâce à la neurologie, la théorie de la perception en un Cinéma intérieur[17]. Maître hérisson creuserait le même sillon, soit. Préférer les renards, les éponges à la Picasso, Schwitters, Bowie, Kubrick, la création toujours renouvelée.
La phrase est un système planétaire, avec des trous noirs entre les mots ; être dense comme une étoile à neutrons avant de devenir supernova, avec sursauts Lorimer. Le radiotélescope d’Arecibo s’écroule comme son monde. Des deux mots, choisir le moindre. La modernité, foi de Baudelaire, est fragment comme chez Héraclite Boris, le triunisme de de Duksztat est notre affaire pour la poésie visuelle :
On ne se baigne jamais deux fois dans le même effluve.
On ne se prend jamais une baigne dans le même fleuve.
On ne se bugne jamais dans le même fleuve.
La poésie est admissible si les silences sont malaxés en verbi-voco-visuel[18]. Comme la majoritaire antimatière, le silence creuse les sens puisque le mot n’est que le haut de l’iceberg – tropisme. Colère l’habite – foie. La poésie, à bout de souffle et actuellement sans relève notable, a tenté, dans les années 80 à 2000, de puiser sans succès sa création dans les arts plastiques causant un bref rebond ; le pire étant les plasticiens qui se targuaient et se piquaient de poésie, une catastrophe. Une bombe derrière chaque mot[19]. Arc électrique avant arc créatif[20]. Tout est état de tension partout dedans, comme un oxyMoretti.
Prendre le pourpre, la turbine, la foudre, l’éclair, l’élicie, l’arge, le lanciz : convection de cumulonimbus en enclume – ascendance dedans -, en ligne de grain avec chapelet ; claquage – effet dans plasma – d’isolant à l’état ionisé ; traceurs en double arborescence. TLE=elphes, TGF=flashs gamma ; sprite=sylphe=méduse inverse. Hydroxyles et hydropéroxyles nettoyeurs. Pyronimbus. Purple rain.
Le poète atterré©.
[1] Richelieu, Versailles, jardins Le Notre beaux comme une chatte bien rasée, rien ne dépasse – le vôtre, de plaisir ne comptant point. Exemples devenus désormais anglo-saxons à l’encontre du jardin anglais, faussement profonds genre R. Padgget et Louise Glück.
[2] Le coq, ergots et ego, le seul animal qui chante avec les pieds dans la merde, Coluche avait raison.
[3] De l’art pour l’art comme les Parnassiens jusqu’à A. Zanzotto en passant par R. Char, le Résistant n’ayant jamais rien compris à Heidegger, et Saint John Perse pas très léger léger.
[4] La cible n’est point Balzac – ce qui ne tient pas chez Robbe-Grillet qui a le mérite, via Kierkegaard, de favoriser la reprise, puisque le texte est tissé, contre la variation – mais Houellebecq et ses écrits classiques post-balzaciens dont sa pitoyable poésie puisant dans le banal et le quotidien, peu pérennes, comme des rapports de sociologie, dont la profondeur et le style simple, empruntés à un domaine désormais supplanté par l’économie appliquée ici au sexe, n’atteindront jamais ceux de l’excellent Bove, sur fond de décadence fin XIXe et, parfois, de la SF.
[5] Viré de l’Hôtel-Dieu pour absentéisme.
[6] Comme l’art africain pour la création des avant-gardes du début du XXe siècle. L’alternative à la mondialisation est, foi d’archipel sur un terrain Glissant, le Toutou-monde.
[7] « Archer qui tire dans le noir. » paraphrasa A. Co[h]en dans sa lettre du 27/03/1978 à D. R. Goitein-Galpérin.
[8] Les scientifiques se sont inspirés de Joyce-qui-dit-oui.
[9] A-t-il été mangé par les poux et la gale voire la vérole dans la tombe du musée de Bordeaux – si il s’agit bien de lui ?
[10] Cette ville où étudia brièvement et avec souffrance Lewis Carroll.
[11] Ni dieu ni maître ni naissance dans son œuvre.
[12] Torturant, selon la légende trop belle – mais comme le suggérait l’irish Ford, imprimons la légende -, un rat avec une aiguille de chapeau dans un bordel homo.
[13] C’est son côté proustitué.
[14] Wharton, ô Hyères, beaucoup plus douée, adaptée par Scorsese pour Le temps de l’innocence avec les ultimes Bass et Hermann.
[15] Un bottin de Qui suce qui ?, voire plus. Quant à Totor, c’est l’ancêtre de Tintin.
[16] Pour en finir avec cette mulierbrité où « Les femmes sont soupières, c’est dire l’importance du plumeau » d’après A. Vialatte.
[17] Cf. Calculs dans Roses et poireaux d’Arno Schmidt. Un nouvel apport concernant les flux de conscience semble décisif comme la première vague au XXe siècle, sur fond de freudisme, avec l’écriture automatique, Faulkner, Joyce et Woolf.
[18] La poésie, par essence intermédia (aède, troubadours, comptines, glossolalie, chanson, poésie sonore, visuelle, électronique) selon Philippe Castellin à la suite de Dick Higgins, utilisant les divers systèmes de communication, se doit de s’opposer à la communication, de l’interroger. Elle est « Une machine de destruction de la langue majoritaire » (Frank Smith, mail du 12/12/18 en réponse à « Qu’est-ce que la poésie au, du XXIe siècle ? »).
[19] « Poète, écris à coups de poing », c’est dans Aus dem leben eines fauns d’Arno Schmidt. « Un crime derrière chaque mot ! » écrit Novarina dans Le drame de la langue française dans Le théâtre des paroles.
[20] « « Amour, cela veut dire : arc / Tendu : arc, corde : l’accord craque. ») ». Poème de la fin, 5, M. Tsvétaïeva.