[Manuscrit Sales rêves] #épisode 2

Après avant-jour=patron-minette, Et que n’étant plus nuit il n’est pas encor jour[1], selon ce fils de soyeux, Lacenaire, le jour est mis. Glow is growing. L’en-ville : il est tôt à Tôkyôto©. Au déjucher et frotte-couille : vile symphonie de la ville folle, Rien que des heures de Cavalcanti (1926), Voi troverete una donna piacente, / di sí dolce intelletto / che vi sarà diletto / starle davanti ognora. Néons inactifs. La ville est comme une femme démaquillée dans le tremblant=lit=panier aux ordures=planche au pain. Les orphelines de Lacenaire, dont Didine Cendrillon aka Casque d’or ou Joséfa la Pierreuse tapinant désormais vers le nœud de routes – logique – ou aux abords du tunnel, près de la gare et de la fac catho à côté du centre psy dont le dirlo prône la castration chimique dans le quartier d’Asakusa, Yoshiwara de La rue de la honte de Kenji, dorment les yeux mâchés. Ciel clair, ecchymoses. Tôkyôto©, la ville, entre Lima, Turin et Lausanne, qui ne dort jamais.

Crash-tests sans frisson à la Cronenberg – via J.G. – ou Carpenter ou Ducournau, où finit mère-grand qui légua son corps à la science, grand bien lui fit. Autos à pots catalytiques – dieselgate -, avant électriques encore plus polluantes selon analytique, quand, grâce à l’intelligence artificielle, l’algorithme biaisé hésite entre tuer un conducteur[2] ou l’asphalteur=inspecteur des pavés=le polisseur d’asphalte=celle qui se bambane=celui qui prend le train d’onze heures, bref un piéton, et, en absence de bruit moteur, nocives aux marcheurs. Partition universelle de klaxons® éclectiques tendant vers l’intonation juste, de bruit d’essuie-glaces, parfois comme les polyrythmies et nuages harmoniques de sons statiques=micro-organismes mélodico-rythmiques des métronomes façon Ligeti (1962), genre Les Temps modernes (1936) de Chaplin, ou Ikeda. Silly symphonies©.

Ville belle, paraît-il. Vol d’oies sauvages sans Nils, ce nihiliste. Fondus, les brouillards industrieux : ville où  les solliciteurs de zozottes, adeptes de la théorie du grand placement, sûrs d’eux avec le t-shirt « i ♥ lovés » dansant de conserve en tremblant, en suspension comme sur de l’azote liquide, comme un robot sauce breakdance avant un soupçon de secousses tecktonik à la mode boys bandent – Genius tortoise© issu de la fusion d’Arashi® et Joe 1® – moula hop de Io Io Jupiter Io – to be or not to be 3 – 5 membres fantômes comme les Jackson©, le mc Dojo-le-physique, Akira-qui-rira-le-dernier-le-chanteur-leader, idol avec stalker, Mishiminima-le-jeune,Go-Godzilla-do-ré-le-drôle, Intel-Lo, managés par papy J dit papy art versus Docteur Nô – j pop® dans le cadre du plan de softpower Cool Japan® ; caméras►focus►zoom►centre de surveillance urbaine►policiers dépêchés sur place en un laps -, suite à une énième crise, les actions en yo-yo® à Tôkyôto©, dans les limites fractales©, de Consolited Fuzz à cause du retrait de la famille Addams©, ils sont comptables de leurs comportements – perdus dans les clouds® à défaut de les traverser pour avoir un travail ou devenir un groupe anglais aussi connu que Jésus©[3]. Un data center incendié – cause inconnue -, aucune sauvegarde de secours, panique sur les sites.

Entre brouées poisseuses, Fuzz, hologramme en toge avec œil du pli dans le drapé dans un yurei eiga, se retournant, bégaye, claudique, bégaie – son oscillant et continu : scie musicale, thérémine©, etherphon© et ondes Martenot© ; KŌmori de Fuj|​|​|​|​|​|​|​|​|​|​ta avec résonances d’ultrasons de chauves-souris sur tuyaux d’orgue : le spectre est joué par Shakespeare, ce deuxième Patient anglais vacciné contre le covid en terre d’Angle mort et son variant grand-breton. Chasser le brouillasseux=la crasse avec une bombe au pied-humide, il revient au galop. Au quartier octogonal – comme les unités romaines -, prendre diagonale – le champion mondial d’échecs, un norvégien, ne se représente pas, refusant la concurrence tout en soupçonnant un ancien jeune adversaire de tricherie à cause d’impulsions en langage morse dans une boule anale – en mangeant une crème catalane en songeant à la ville hexagonale divisée en six secteurs par six routes convergeant toutes vers la place principale, hexagonale, conçue par da Ferla et construite, après un tremblement de terre, par le prince de Roccella et Butera, Carafa Branciforte.

 Airpocalypse : gorges, nez pas zen, yeux irrités. Les sirènes des premiers mercredis du mois vers midi – loin Dresde en rolling thunder et blockbuster, et son christstollen, pilonnée lors de la deuxième guerre mondiale -, Tôkyôto© sous les bombes selon NTM : végétalisation par les bombes vertes à la Vesper© pour qui végète[4] – dont quelques bombasses, avaleuses de frimas, s’assommant de coca collapse®, hilare à l’aide de la bombe Chantilly®, en chantant, avec une voix suraiguë à cause de l’hélium, du hardcore mélodique puis de la pop décroissante à la Jack the Ripper[5] avec effet à la pédale fuzz maestro sur fond de cata[6] éclairée de Dupuy sans fond en une sorte de Zola Jesus© en bougeant frénétiquement de la tête ( ?:- Michael Jackson, Rap ? Métalleux ? Krautrock !:- Non, Parkinson 🙂 ) avec coiffure à la Cindy Sherman écrasée par un casque pseudo vintage du rappeur businessman=self made man – avec haleine qui danse toute seule tellement elle a avalé ses pieds à défaut de Thomas=fait tomber le rouge=tue les mouches au vol comme du radis râpé=kasumi-ae=mélange au brouillard sur les berges à l’odeur d’urine (318) ; « Tôkyôto© sous les bombes » en bombes de graphs Fuzz sur les murs[7] visités par les bobos comme une galerie d’expo gratos de street art, même les fresques deviennent institutionnelles. Basquiat dans ses basques. Paréidolie : elle interprète des formes dans les nuages, l’eau, la cuvette des wc, la tasse de café, le mug, les pièces de Scrabble© qu’elle collectionne.


[1] La Fontaine Livre X, Fable XIV, La Rochefoucauld, v. 13 ; Ovide, Amours, Livre V, v. 5-6 ; Boiardo, Roland Amoureux, I, XIII, 57 ; le Tasse ; Guarini ; Tristan l’Hermite.

[2] God is my co-pilot© à la place du mort comme celui du col de l’homme mort – sauf autosolisme ou hacking blanc.

[3] Le fameux passage piéton, distinct de ceux d’Angleterre, est filmé en webcam 24h / 24. Abbey road devait se nommer Everest, proposé par McCartney.

[4] Khmers verts en tortues ninja©, entraînées par le clone de Kadhafi et dirigées par Fuzz.

[5] Inspirée de Screaming Lord Sutch en jupette et sandalettes ou arrivant dans un cercueil avec crânes ou couteaux, rejoint par le guitar hero Jeff Beck, candidat marginal aux élections britanniques, notamment à Stratford-upon-Avon et la création de l’Official Monster Raving Loony Party. Débordant d’énergie, les ados s’agrègent en un groupe musical. Ils répètent jusqu’à épouvanter leurs voisins. Un single cartonne. Pleines d’hormones, les filles se précipitent. Ivre de succès, l’ado ne peut plus sortir tranquille. Les paparazzi les poursuivent. Alors l’ado boit, se drogue. C’est la rançon du succès. Le groupe est fatigué à force d’enchaîner les concerts. La vie devient un enfer. Des tensions apparaissent au sein du groupe. Alors l’un tente une carrière solo. Le succès n’est pas autant au rendez-vous. C’est la traversée du désert. Alors le gars se droguasse, boit. C’est la descente aux enfers. Soit le gars se suicide, tente de rentrer dans le club mixte des 27 (Laforgue, Hendrix, Joplin, Morrison, Brian Jones, Basquiat, Cobain, Winehouse) et c’est le jackpot en devenant encore plus connu jusqu’à avoir sa marque sur le Rock and Roll Hall of Fame and Museum Hollywood©, soit il devient un demi-dieu. Dans cette dernière hypothèse, il finira, dans la force de l’âge, par ressasser ses anecdotes dans divers talk-shows.

[6] Français est plus apocope que Procope – cet homme de glace.

[7] Comme une carte de visite à la Arsène-Marius, qu’assène Leblanc, ou Edgar-du-Nord-de-la-cambriole de Miyazaki, comme son Le château de Cagliostro, repris par Morita, sur Défense d’afficher, loi de 1881.

[Nuits de Fourvière; Diana Krall; Jazz] Princesse Diana

Krall versus Rolling stones et leur cirque à tiroir-caisse le même soir (200 € le billet premier prix; 50 000 personnes comme pour Rammstein et moins que pour Indochine – 73 000) ; Le Progrès est excité car Mick Jagger a été vu à Lyon, chez Brazier avec Viannay notamment ( » Je m’amuse dans la capitale de la gastronomie mondiale ! J’ai mangé une tête de veau et une brioche aux pralines. J’ai ruiné mon régime » confesse Mick au micro devant le public). Pour moi, ce sera no Mick today. Je suis plutôt brasse que crawl, comme dirait Darry.

Le grand cirque à tiroir-caisse des papy Rolling stones à Décines; © France TV

Diana, grande, empâtée (2 enfants avec l’inoxydable rockeur caméléon Elvis Costello) en grande robe blanche, a un swing et un groovy de folie (une reprise de Tom Waits, le standard Cheek to Cheek d’Irving Berlin pour Fred Astaire, repris par Ella, Doris Day, Sinatra, Rod Stewart et Tony Bennett notamment) chante de sa voix de femme mal réveillée le matin avant son café avec des phrases longues ; elle a du mal dans le vibrato – poussif. Le jeu de piano est excellent. Un batteur, un contrebassiste, deux noirs très talentueux ; le guitariste – quoique je n’aime pas tellement la guitare dans le jazz -, est émérite, je me demande si il n’a pas arrangé l’album. Parité blanc / noir mais pas homme / femme même si la meneuse est une femme. Des solos à l’ancienne applaudis comme jadis.

Presque 2 heures de concert pour 56€. Les conditions d’écoute étaient difficiles. Un type, bourré à force de s’ingurgiter des bières, qui parle; deux filles bénévoles qui papotent fortement; deux femmes au-dessus qui parlent, dont une qui n’arrête pas de chercher son portable dans son sac en papier très bruyant; un noir s’allume cigarettes sur cigarettes et regarde son portable sans cesse alors que derrière un blanc nous enfume de son vapotage ; une petite vieille use d’un flash éblouissant avec son portable pour filmer, c’est usant d’autant que d’autres l’imiteront. Les bourges d’à côté en place réservée laissent sonner leur portable pendant le concert. Nombre d’eau, avec le bruit des bouteilles d’eau en plastique sans bouchon, si ce n’est de bières, renversée sur les voisins de devant, la serpillère aura servi.

[Manuscrit Sales rêves] #épisode 1


 

Chant 7 Tout sur Tôkyôto© de toc

   « Quant à moi, je suis résolu à ne jamais lire de toute ma vie d’autre livre que le mien. »  (La vie et les opinions de Tristram Shandy, L. Sterne, VIII, 5)

– Chiche ! – : Parmi la bachassée=chiaillée=muflée de prix littéraires[1], celui de Sceptique de Fos honore le titre le plus court ? – à concurrence avec Tarkos – et l’incipit le plus bref, Ah ! Ce livre, avec le bandeau « A lire les yeux fermés », a été écrit grâce à un nouvel algorithme de l’intelligence artificielle Gennaro®[2] – typologie et émotions des personnages, densité des dialogues -, nourrie de Chat GPythie, générée par un fils d’espion infiltré de la DGSE, scénariste sur une série à succès. L’impétrant=récipiendaire, qui fait gémir les presses, cite inévitablement, près du village de Y, Wilder dans son coruscant mais peu commode discours de réception, nonobstant ennuyeux comme un brochet dans le tiroir d’une commode, qui croûtonne=palasse=scie le dos=jugule=est drabe=marqué à la fesse=égnolant=seringue=emmiellé=estouffe-gari=fait flasquer, derrière son pupitre sur lequel trône le logo de Préparation H concurrençant les Relais éponymes : « Les prix sont comme les hémorroïdes, n’importe quel trou du cul finit par en avoir ». Le public fait chorus ; l’attachée de presse, très attachée aux prix, met du bois=fait la claque=joue au chevalier du lustre, à la blanchisseuse au mireloque grave, soigne l’enfant jusqu’à l’apparition d’ampoules purulentes à force de faire trimer les battoirs. Chez ce peuple graphomane atteint de phobie administrative à cause des divers formulaires complexes acquis de haute lutte dans le labyrinthe bureaucratique à la Le Nôtre version Shining, n’importe qui, même les politiques, ou plus exactement leur teinturier, dont celui qui a gagné le prix du meilleur nègre, suscitant l’ire des anti-racistes et anticolonialistes, tartine du noir sur du blanc=graillonne=écrit=parle papier=brodanche, une vraie plaie[3]. Respirer en Alphabet street et dans des artères performatives et résilientes comme dans le clip The child par Bardou-Jacquet pour Alex Gopher.

La nuit est noire en son sein malgré. Vent Nuages Orages Pluie. Entre chou & lien, alba – ! Fermer à la Ozu les shōji. Point du jour point : à la piquette du jour. Poltron minet. Aurore à évènement de gomme. Eosophobie. Roulent au vent mauvais les tumbleweeds=virevoltants façon western ou The last picture show de Bogda et ses persiennes=lunettes hallucinantes concurrençant celles d’Elton. Lapin fluo[4] comme ornithorynque ou wombat-au-caca-cube-en-cairn – en dilicule. What’s up, Doc ? : ? La femelle éprouve-t-elle du plaisir lors de la lordose ? Are you lonesome tonight tente de chanter à Babylone, le bouffi Elvis-the-pelvis[5] entre un terrible fou rire à cause

a- d’une choriste partie en vrille ;

b- d’un membre du public ;

c- les deux ;

d- Love me, BarTender ;

e- autre ;

f- ne sais pas.

DisGraceland en Promessland : matant avec sa médaille de Saint Christophe autour du cou, derrière des miroirs sans tain – candaulisme et copertion -, les couples copulant, presse-les n’avait pas de couilles malgré ses pantalons moulants anticipant une stérilité mâle croissante. La nuit c’est fait pour épuiser les poèmes. That’s all, folks !

Trop de pollution lumineuse avec les pendus glacés=leds – skyline. Même les noctambulettes ne sont toujours pas rassurées à cause du célèbre serial killer recherché avant le bikini killer et l’Eventreur du Yorkshire – bruit des talons et cuissardes dans le smog (Loulou/gorge tranchée/ventre lacéré/par le tringleur/slasheur Fuzz-le-Rippeur ; Vacher[6], le Jack the Ripper du Sud-est, l’« anarchiste de dieu » dans Le juge et l’assassin de Tavernier, sème Hercule Poirot©, crève la pièce=saute le coffre-fort=fait une datte=tape dans le joufflu=en met plein les pattes=enviande=bourre le mou=défonce la pastèque=casse coco, le couloir à lentilles=chevauche à l’antique=tape dans le mignon, le bol, le petit, le rondinet, le borgne, le plissé, le détonateur, le Père Fouettard, le manant, la lucarne, la rose des vents=prend un buffet froid=épluche le garde-manger=pile les pois=décapsule la rondelle=la passe au brun=fait lanlère=tape dans le chouette=ramone la turbine à chocolat, l’œuf=dégage le couloir=tape dans le boyau, la lune, l’hostie, la trousse, les baguettes, les pattes=encaisse du rond de serviette=dauphe=va chez le voisin=prend la température=enfifre=baptise la campagne=refile du petit guichet=baptise à la bonne adresse=va chez tonton=enfouraille=tranche du cardinal=passe par la porte, la route étroite=enlève les toiles d’araignées=encaladosse=prend de la dossière=envergue=crève l’œil (de l’honnêteté)=prend du rein=préfère le visage à l’envers=appuie la tête au mur=secoue le pêcher=offre les pommes=recrache les pépins=daufe=prend de l’ogne, l’objet=court à rebours=défonce le pavot=fait fleurir son rhododendron=montre bruneau=fait l’arrière-boutique=secoue le prunier=va en pantoufles par le chemin sec=baise à la Florentine=le Phiron et le Miron=inaugure la salle de danse=aime la valse à l’envers=file du valseur=chante Ramona=englande=favorise la mode de Berlin=prend son cul pour le jardin de Versailles=prend l’escalier de service=va dans la soute à charbon=aime le cambouis=charge par la culasse=tisonne les deux hémisphères=s’emmanche comme des râteaux neufs=taraude le trou-monsieur au jeunot une fois la ventraille=les boyes=tripes à l’air de l’évent(r)é=éboyé). What’s up, Doc ?


[1] Plus que de durêmes=fromages=renachés – qui dansent ou non ? – chez les Tyrofageux.

[2] Comme le nom du  mafieux dans Gomorra, film Matteo Garrone (2008) et série (2014) d’après le roman de Roberto Salviano.

[3] Les éditeurs, en quête de marché de niche, de pépites comme comètes, sont souvent débordés, les orpailleurs=lecteurs-maison se déclarent en burn-out avant d’être remplacés par une intelligence artificielle.

[4] Grand débat sur la prononciation de Kac entre la spécialiste de la poésie visuelle brésilienne, Inès Oseki-Dépré, universitaire brésilienne d’origine japonaise, et Virgile Novarina qui travailla avec lui : Kak ou Katz ?

[5] Toujours vivant paraît-il selon certaines chapelles locales et repris par des clones tels que Tony March-l’Elvis-d’Aquitaine, Little Bob dans le fief de Coty – qui interrompit une revue de presse pour écouter Signé Furax de Dac & Blanche sur Europe 1 -, Le Havre, et tant d’autres.

[6] Gerbé à la passe=basculé=fauché=opéré=raccourci à Bourg-en-Bresse par l’hématophobe bourreau Deibler, l’homme qui fit les 400 cous – tout en boycottant, grand galant, l’affreuse belle-mère Joséphine Mory selon une chronique d’Arlt dans El Mundo -, l’Anatole plus célèbre que France, qui passa, à cette occasion, le témoin à son fils issu d’une longue dynastie de Pères Coupe-toujours=mecs des gerbiers=charlots=frapparts=béquillards=faucheurs=boyes=burlins=béquilleurs=buteurs=ganbilleurs, d’aricoteurs=accordeurs de la camarde.

[7] Qui envoya un disque sur platine dans l’espace grâce au Projet Icare©.

[8] A l’entrée du château – sans doute inspiré par Lacoste via la villa Noailles – un écriteau, écrit sur le tard : « La sonnette ne fonctionne pas, frappez fort, je suis masochiste. ». La sonnette est un piège à souris : l’impétrant devient sonnette personnalisée en criant à cause de doigt.s pris dans ledit piège.


[Live, Nuits de Fourvière] Free as a Bird

Portishead, Patrick Watson il y a peu d’années. Concert somptueux, à la lune quasi pleine, aux NUITS DE FOURVIERE en 2 parties du grand – aux deux sens du terme – ANDREW BIRD, violoniste (violon parfois utilisé comme un ukulélé) mal rasé, vêtu d’une veste blanche, guitariste (guitare sèche, avec bandoulière LGBT, et électrique), siffleur émérite et belle voix jusqu’aux aigus, cerné de Marshall : l’une avec l’ONL (Bird remercie l’Orchestre National de France et se reprend) dirigé par Jonas Ehrler (du vent effeuille les pages trop rapidement) et un solo magnifique quoique trop bref de l’excellente Jennifer Gilbert (un moment il joue seul comme avant, en homme-orchestre, oversampling, ripant sur sa pédale d’effet à la fin du morceau); l’autre avec son orchestre (une basse trop forte, batterie avec musicien au jeu subtil; les 3 chantent).

1h19 de concert pour 26 €, c’est honnête, contrairement à The Smile (1h25 pour 65 €). N’eussent été les mêmes imbéciles qui renversent de l’eau, font tomber un bout d’œuf, qui ont leur sonnerie de portable en activité, des bœufs qui filment avec leur portable fortement luminescent, gênant (merci Jack White d’interdire les téléphones portables et tablettes pendant les concerts). Un grand moment malgré tout. Je verrai bien un duo avec Rufus Wainwright. Filmé par Arte :

https://www.arte.tv/fr/videos/109039-001-A/andrew-bird-avec-l-orchestre-national-de-lyon/

[Ciné] Ennio l’éruptif

Ennio est un documentaire-somme, passionnant mais trop long, sur Ennio Morricone de Giuseppe « Peppuccio » Tornatore qui témoigne dans le film comme metteur en scène. 11 collaborations avec celui qui succéda au « copain » d’enfance Sergio Leone (6 collaborations) – « Je t’aime, moi non plus » au point de faire rater par exclusivité une collaboration entre Morricone et le mélomane Kubrick pour Orange mécanique (A Clockwork Orange, 1971) ! -, Mauro Bolognini (12 collaborations depuis son premier film, Les poings dans les poches, I pugni in tasca, 1965) et Giuliano Montaldo (13 collaborations). Et aussi, Pasolini, De Sica, Bava, Comencini, son grand ami Pontecorvo, Dmytryk, Ikeda, von Trotta, Lautner, Verneuil (son Peur sur la ville, qui m’effraya tant quand j’étais enfant – cet œil de verre tombant sur le toit hante mes cauchemars), Polanski, Boisset, etc.

*

Name dropping

Dans le documentaire, parfois un name dropping hagiographique à l’américaine et répétitif, sont également présents : Joffé (« Le voir composer, c’est comme regarder un athlète au travail. » ; Ennio, artisan et bourreau de travail, dégaine les notes à une vitesse hallucinante avec une maestria autre que celle, supposée, de l’insupportable Michel Legrand formé par la géniale Nadia Boulanger), Malick, Stone, Tarantino qui en fait naturellement des tonnes (rien sur leur polémique où Ennio, très franc voire abrupt, avec raison, aurait déclaré à Playboy, « Il n’a rien des grands d’Hollywood, comme John Huston, Alfred Hitchcock ou Billy Wilder. Tarantino ne fait que du réchauffé. » ; rien de plus vrai), Wong Kar-wai, co-producteur du documentaire, Bertolucci (ce fils de poète, co-scénariste avec Argento, d’Il était une fois dans l’OuestC’erà une volta il west, 1968 déclare : « Il a fusionné la prose et la poésie. »), les frères Taviani en relations très sinusoïdales, Cavani, l’excellente et trop peu connue Wertmüller, le metteur en scène et musicien Eastwood, l’incroyable Quincy Jones, le subtil Williams et le musicien bourrin Zimmer, Baez, Springsteen, Hetfield, leader de Metallica, qui ouvre tous ses concerts avec une musique de Morricone. Passons sur les samples de rap.

Les musiciens proches : le siffleur incroyable et multi-instrumentiste Alessandroni, Pieranunzi, Buttà, dell’Orso – cette chanteuse magnifique, trop peu présente ici, qui me tire des larmes tant le chant est parfait et mélancolique -, Dulce Pontes, etc. Le témoignage le plus pertinent, à part le malicieux Ennio lui-même sur 11 heures d’interviews avec un montage initial de 6 heures pour 5 ans de travail (du grain à moudre pour les bonus DVD), c’est le guitariste Pat Metheny, très fin. Il est très émouvant de voir des témoignages de personnes disparues, récemment ou non.

            Le spectateur perçoit le côté casanier d’Ennio dans son grand appartement bourgeois romain avec lustre et piles bordéliques de livres, lui qui venait d’une famille nombreuse et modeste du Trastevere avec un père trompettiste de boîte qui le détournera de sa vocation de médecin. Il est très amusant de débuter par un métronome, instrument utilisé par son inspirateur, Ligeti, symbole du côté mathématique pour le joueur d’échecs Ennio.

De la musique avant toute chose

Ses inspirations ? Le contrepoint chez Frescobaldi et surtout Bach, son professeur de musique classique Petrassi, Nono, Berio et Dallapiccola pour le contemporain. La période qui m’intéresse le plus est celle du Gruppo di Improvvisazione Nuova Consonanza (1966-1980) avec Macchi et Evangelisti. De là, proviennent l’utilisation des marranzani ou guimbardes siciliennes, de la cloche, du fouet, de la guitare électrique, du sifflement, des onomatopées. Ce qui me fascine, c’est cette alliance parfaite de musique savante, fondée sur de solides apports classiques (Monterverdi, Puccini, Rossini, Beethoven, Tchaïkovski, Stravinsky que l’on voit en archive), agrémentée de musique contemporaine, du dodécaphonisme à Cage en passant par la musique concrète, et le populaire (tarantelle, variétés).

Alimentaire, Watson !

Côté alimentaire, il a dû arranger pour la variété (Rai, RCA avec Bruno Nicolai et l’Argentin Luis Bacalov) avec la superbe Mina (Se telefonando), Morandi (Fatti mandare dalla mamma), très présent dans le film avec sa chirurgie esthétique ratée de la jetset à la Brazil (Gilliam, 1985), Paoli (Sapore di sale), Pavone (T’ho conosciuto), Vianello (O mio signore), Fontana (Il Mondo), Anka (Stasera resta con me). Exit Aznavour, Depardieu ou Buarque. « Ces années d’arrangements m’ont appris à apprivoiser les contraintes. À trouver un espace de liberté dans un projet qui n’était pas le mien ». Après avoir cachetonné avec sa trompette, il a été longtemps nègre pour la variété et le cinéma – Ennio en a conçu quelque amertume – qui ne le lui a pas tellement rendu avec si peu d’Oscars. Ennio est miné.

Sa carrière décolle avec Leone – rien sur l’escalier romain du Trastevere où Ennio & Sergio jouaient ensemble enfant alors qu’une scène de Les Incorruptibles (The Untouchables, 1987) de de Palma (le seul qui ait tenu à ne pas témoigner suite à fâcheries dont Ennio était coutumier), se référant à Le cuirassé Potemkine (Bronenosets Potemkin, Eisenstein, 1925). Musique concrète notamment au début d’Il était une fois dans l’Ouest (C’erà une volta il west, Leone, 1968) après avoir entendu le grincement d’une échelle manipulée par un machiniste dans un théâtre de Florence. Par contre, rien sur la pression sur l’harmoniciste jusqu’à l’étrangler après de multiples prises de son pour le thème de l’homme à l’harmonica. Les lettres de « Bach » se dissimulent derrière Le Clan des Siciliens (Verneuil, 1969), musique composée par juxtaposition de couches par le pieu Ennio. La musique d’Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto, 1970) du drôle et pénétrant Petri est disséquée par Ennio.

523 BO, Morricone connaissait le chiffre exact qu’il ne se privait pas de remémorer aux journalistes. Mais, ce dont il était le plus fier, c’est de plus de 120 pièces, de la musique de chambre à la symphonie, dite de « musique absolue » comme Simenon écrivait des « romans durs ». A la fin du documentaire, se succèdent des extraits lassants de concerts XXL hors de prix avec force musiciens, comme s’il cherchait le succès avec les dents, sur le terrain, tout en pratiquant son art de chef d’orchestre. Le spectateur est immergé dans sa musique de façon simple, il a l’impression d’être dans son cerveau, sans complexités musicologiques.

            Sale caractère

            Ce qui se dégage de sa musique, c’est de la mélancolie, de la tristesse. Nous ne voyons rien du sale caractère, atrabilaire et irascible, d’Ennio, de son mépris et de sa condescendance parfois, de son manque total de modestie à cause d’une insécurité profonde acquise depuis l’enfance. Il déclare ne pas aimer la mélodie alors qu’il est un « mélodiste formidable, possédait un langage harmonique très élaboré et un sens des timbres audacieux. » selon Stéphane Lerouge. Faut-il avoir sale caractère pour être un génie ? Le doute m’habite. Cette conception romantique est éculée. Pas d’éloge sans évocation de part d’ombre, pour reformuler Beaumarchais.

*

A cause de l’utilisation de nombreuses archives, passionnantes, plusieurs formats d’image se succèdent, générant un effet étrange mais inévitable.

Ce documentaire, la lettre d’un ami intime envoyée à un proche, disparu depuis 2 ans, a reçu de nombreux prix. C’est mérité.

Ennio, G. Tornatore, 2h36, Italie, noir et blanc, couleurs.