Allen : mort à Venise

Après une conférence de presse en catimini dans le jardin d’hiver de l’Institut Lumière où le tricard serine sa chance, Woody Allen, 87 ans avec le dos courbé, et son bob Hermès, en compagnie de de Laâge, Poupaud et Schneider se présente au public à l’Institut Lumière de Lyon pour l’avant-première de Coup de chance, un 50e film – entièrement tourné en français (faute de financement américain suite aux accusations sexuelles où Woody est ressorti blanchi par la justice), ponctué de jazz rebattu et répétitif comme Cantaloupe Island de Nat Adderley, tout comme un Paris de carte postale – comme déjà Minuit à Paris (2011) ou Emily in Paris du même producteur, Benoliel – avec Tour Eiffel à l’arrière-plan de l’Avenue Montaigne et l’écrivain, forcément bohème, dans les combles mais pas de baguette au bras comme Dujardin pour la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby-, faible, peu inspiré, ennuyeux, un film du dimanche à la papa, au scénario et au dialogue paresseux, bien éclairé par Storaro (couleurs automnales, dans un ton cuivré lourd, saturées puis désaturées vers la fin ou le noir domine en intérieur : le passage est gros), inspiré de Mais qui a tué Harry (The Trouble with Harry, 1955), un film moyen d’Hitchcock. Deux longues ovations pour Woody pour l’ensemble de sa carrière. A noter Lemercier, surprenante, en détective (on a échappé à l’agence Duluc) qui nous extirpe momentanément de notre léthargie. La seule saillie drôle : être « délicieusement solvable« . Le dialogue de Niels est plat. Ce film n’est pas le coup de chance que fut le très réussi Match point (2005), révélant Scarlett. Allen, tout comme Polanski, est mort à Venise : leur carrière est derrière eux mais une surprise du dernier moment n’est pas impossible.

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