[Manuscrit poésie] cadette des 7 [#épisode 46]

portrait nom

marital ______

nom jeune

fille      _____

qualité mère

au foyer

gentille, ma fille

taiseuse famille

nombreuse 7

ni heureuse

enfance

ni malheureuse

dires du box

pas su trouver ma place parmi 7

silence président

à mère dit

voulu famille nombreuse ?

ne sais pas ça c’est fait comme ça

pas dit aux enfants

qu’attendre enfants

c’est comme ça

famille laborieuse

débordée mère

au foyer

entre 7 et

travailleuse

c’est comme ça

surmenée mère

sourire complice

on lui pardonne aucun reproche

mère démenée

mieux au fond

du trou dit-elle

pleurs et    elle

l’a dit   dit-elle

c’est tout

président à

comprenez qu’elle craque souvent ?

oui dit-elle

vous ressemblez à votre mère ?

oui dit-elle

sourire papa

ignore couleur yeux

cadette des 7

labeur c’est

comme ça

souligne président

c’est tout

cadette des 7

ignore couleurs

yeux date

anniversaire

frères et sœurs

c’est comme ça

mal à me souvenir

pas sa faute

pas de fête de

famille jamais

c’est tout

sourire à

c’est comme ça

on fêtait pas de cadeau

non rien c’est tout

silence ils s’aiment

en silence

ni alcool

ni violence

sourire de là

cadette des 7

dedans box

assise yeux sur

chaussures

vie s’isoler

pas pour cacher des choses jamais

dedans box

mal à parler d’

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques, Espace(s). » Cyrille Martinez, D-Fiction

Il a tout raté dans « We blew it » !

We  blew  it, Jean-Baptiste Thoret, 2017.

159401.jpg-c_300_300_x-f_jpg-q_x-xxyxx

 

Loin, Tocqueville. « On a tout foiré » répète le fiston Fonda, avouant lui-même qu’il ne savait pas ce qu’il voulait dire alors qu’il n’avait pas sucé que des glaçons. C’est le seul extrait de film, Easy Rider (Dennis Hopper, lui aussi, dans le même état, incapable d’expliquer cette phrase, 1969, année de la naissance de Thoret), présent dans le documentaire (« J’avais surtout envie de faire un film dont la matière serait documentaire ») du yoda teigneux, mitraillant et sec, critique de cinéma Thoret, spécialiste des films des années 70 (Nouvel Hollywood avec Bonnie and Clyde, 1967, Boxcar Bertha, Martin Scorsese, 1972, Les gens de la pluie, The Rain People, 1969, Francis Ford Coppola, , La dernière corvée, The Last Detail, Hal Ashby, 1973, Le canardeur, Thunderbolt and Lightfoot, Michael Cimino, 1974, Cinq pièces faciles, Five Easy Pieces, Bob Rafelson, 1970; Carpenter, Argento, Hooper, etc.), décade qui le fascine jusqu’à une obsession suspecte (projection sur ses parents, années d’enfance où il aurait préféré être adolescent, « Et un peu inconsolable d’être arrivé après cette période-là. »). Le fondement est donc biaisé : l’hypothèse est fausse. « Je suis parti de ça. C’était une question, une proposition. L’idée était d’aller voir des Américains pour qu’ils me parlent de cette période-là ».

Poncifs

Spécialiste du road movie (Bénoliel, Bernard ; Thoret, Jean-Baptiste. Road movie, USA. Paris : Hoëbeke, 2011. 239 p.), Thoret nous assomme avec un … road movie de … 137 minutes ! Nous sommes très loin du fabuleux et juste Route one USA de Robert Kramer (1989). Nous sommes plus dans un reportage sur la fascination/haine du frenchy pour le pays sans nom, inaugurée par Godard, dans un antiaméricanisme typiquement français, partant avec des idées toutes faites : plans séquences en Scope et format 2:35 trop longs (sur 5 mois, « j’avais 145 heures de rush. J’ai fait un premier montage de neuf heures, puis un autre de trois heures, avant d’arriver à un peu plus de deux heures. ») et répétitifs avec inévitables couchers ou levers de soleil pour saisir l’ampleur de l’espace que le soft power nous a seriné, avec voiture dans le plan ou non, sur la grande route, la 66 évidemment (la nouvelle ou dernière frontière, les pionniers, tout ça) avec deux caméras Alexa avec objectifs des années 70 récupérés non à Berlin mais à Los Angeles ; les bourgades perdues à la Quatrième dimension (The Twilight Zone, 1959-1964), Bagdad Café (Out of Rosenheim, Percy Adlon, 1987) avec un péquin avec une trogne à la Palance ; un long plan séquence carrément contestable où Ronee Blakley, la chanteuse country vedette de Nashville chez Altman en 1975, joue sur son piano au milieu d’une immense pelouse, devant le Parthénon de la ville qui avait servi de décor pour la séquence de concert finale et tire, tire pour essayer de capter l’émotion, la larme qui ne vient pas ; des plans fixes d’interviewés à la Magnolia (Paul Thomas Anderson, 1999) ou à la Depardon, comme il n’est plus possible d’en filmer ; un dernier trop long plan-séquence avec travelling arrière de sept minutes, se référant lourdement à La Horde sauvage (The Wild Bunch, Peckinpah, 1969), Electra Glide in Blue (James William Guercio, 1973) voire l’intro de Lost Highway à l’envers (David Lynch, 1997) ou La route (The Road, John Hillcoat, 2009 d’après le roman de Cormac McCarthy, 2006, prix Pullitzer) suivant une voiture se perdant peu à peu dans l’immensité d’un énième paysage désertique en passant d’un trait de la couleur au noir, de la bile, et blanc, sur Tell Me de Terry Kath au refrain de God Bless America today. Vu et revu. Si le rédacteur en chef de Simulacres (1999-2003) nous épargne son Baudrillard, créateur des merveilleux Cool memories, mal assimilé en des délires abstraits typiques de l’intellectuel français déconnecté des réalités, style Douchet ou Badiou, Thoret plonge dans un pessimisme lyrique à la Virilio où l’apocalypse en devient drôle tant elle devrait nous terrifier, comme un bon giallo. Nous évitons tout de même la voix off et les motels où Thoret logea, forcément à la Marc Augé ou Bruce Bégout teintés d’Hitch. Tous les poncifs y passent : Elm Street à Dallas, l’assassinat de Kennedy, qui était loin d’être un sain derrière la belle gueule, le 22 novembre 1963, avec une caméra voyeuriste, au mauvais sens du terme, montée sur automobile, refaisant le trajet de feu le président, passant devant le célèbre immeuble, la fenêtre d’où étaient tirés les coups de feu, l’endroit d’où Zapruder a filmé, qui pénètre dans un tunnel et plonge dans le noir, avec le thème de Michael Small du thriller paranoïaque À cause d’un assassinat (The Parallax View, Alan J. Pakula, 1974 ; Thoret, auteur de 26 secondes, l’Amérique éclaboussée : l’assassinat de JFK et le cinéma américain, n’a pas réussi à interviewer Warren Beatty qui s’est décommandé au dernier moment pour un problème de calendrier ; Faye Dunaway n’a pas voulu figurer dans un film s’intitulant We blew it, titre négatif, nocif pour son image), jusqu’à un énième type qui développe son énième théorie avec panneaux dans la rue sur le célèbre crime ; les inévitables vétérans du Vietnam à la Trumbo avec séance digne des alcooliques anonymes, aucune comparaison avec d’autres guerres (Corée, Irak, etc.) ; une bande son fatigante de tubes enchaînés à la Scorsese (Jefferson Airplane, Crosby Stills Nash & Young, Simon & Garfunkel, Dylan, avec ou sans The band, The Mamas and the Papas, Creedence Clearwater Revival, Springsteen, Otis Taylor, Sam Cooke, Led Zeppelin, Allman Brothers, etc.).

Flou

Le lyrisme nuit à la rigueur historique, bien qu’une historienne culturelle de l’UCLA intervienne de façon éclectique. Il n’est nulle part indiqué que les Beat, sauf peut-être le plus doué mais le plus publicitaire, Ginsberg, figurant dans le clip ou scopitone de Subterranean Homesick Blues (Bringing It All Back Home, 1965) et dans l’enregistrement de Do The Meditation Rock (1982) de Dylan, haïssaient les dits beatniks et hippies. La fin du soi-disant âge d’or serait l’assassinat de Sharon Tate par la « family » de Charles Manson, le 9 août 1969 au Spahn Ranch à Topanga Canyon en Californie, alors que les chercheurs se réfèrent de façon consensuelle au Festival d’Altamont, en décembre 1969, avec le coup de poignard mortel donné à Meredith Hunter, un jeune étudiant afro de 18 ans, par un hells angel du service d’ordre lors d’un concert des Rolling Stones. Plus fort : si les tours de Watts de Rodia sont évoquées au large de L.A., aucune référence n’est faite aux émeutes afro-américaines sur les mêmes lieux entre le 11 et 17 août 1965 !

L’analyse, d’ailleurs absente, à partir de témoignages, dont l’inévitable ancien militaire virulent (il nous manque Clint « Harry » ou Schwarzy), est binaire malgré la diversité des opinions. C’est la même ligne que Peter Biskind dans son ouvrage Easy riders, raging bulls : how the sex drugs and rock ‘n’ roll generation saved Hollywood. New York, NY : Simon & Schuster, 1998. 506 p. : après le flower power de Woodstock, Hollywood a connu une parenthèse enchantée de liberté créatrice avant que Steven Spielberg et George Lucas ne l’abrègent avec Les Dents de la mer (Jaws, 1975) et La Guerre des étoiles (Star Wars, 1977) initiant une prétendue infantilisation générale que prolongeraient les films de super-héros suite au rachat de la Marvel par Disney. Le Thoret ton ne sied pas : certes Gray, Nichols, somme toute académiques, Tarantino, le recycleur, Mann (en 1972, après six ans d’exil à Londres où il regrette avoir raté les soubresauts de la contre-culture américaine, Michael a parcouru durant trois semaines les routes américaines pour réaliser 17 Days Down the Line, un documentaire moyen prenant le prétexte d’interroger des vétérans du Vietnam pour sonder les reins des Etats-Unis ; « Si vous interrogiez un fermier du Nebraska sur ce qu’il pensait de la vie dans les villes américaines, la conversation pouvait durer deux heures. Ce qui se disait était fondamental, raconte Mann. En comparaison, les débats entre Clinton et Trump ont l’air incroyablement superficiels et médiocres. » Puis viennent des considérations sur l’invention des chemises avec col à pelle à tarte symbolisant le triomphe de l’individualisme dans la culture américaine, « Et puis le disco est arrivé : tout ce que je détestais »), admiré par Jean-Baptiste, Friedkin, qui déteste Michael, mais qui est trop dans le show et le disque rayé, Fincher mais aussi Kenneth Lonergan (Manchester by the Sea, 2016 produit par Amazon, comme quoi !), Nolan pour des blockbusters de qualité, Anderson, les frères Cohen ou Quay, etc. Pour illustrer avec mauvaise foi la lapalissade de l’abandon des rêves de jeunesse, Thoret filme la fin du festival Burning Man, où, comme son nom l’indique, une immense structure éphémère est brûlée sur le Requiem de Zelenka. Il oublie simplement d’expliquer que là se réunissent les grands pontes de la Silicon Valley. Parce que la désindustrialisation à la poupée Cimino (Voyage au bout de l’enfer, The Deer Hunter, 1978 ; Thoret, Jean-Baptiste. Michael Cimino, les voix perdues de l’Amérique. [Paris] : Flammarion, 2013. POP culture. 293 p.) existe avec son cortège de laissés-pour-compte chantés par Dylan ou Springsteen, il oublie de souligner les profondes transformations de la société par le politique et l’économique, non plus la route 66 mais les autoroutes de l’information avec le net, le web et les GAFA et, désormais, l’intelligence artificielle, héritée de Von Neumann, Wiener et Biglow et la cybernétique des années 40 & 50 qui laissera nombre de gens sur le carreau, jusqu’aux délires du trans et post-humanisme, l’économie verte dans un pays tout de même capable d’élire un président noir – ce qui est impensable, pour l’instant, en France. Bref, le film, confus, va dans tous les sens sans ligne cohérente autre que la nostalgie et la mélancolie ainsi que le surgissement d’une campagne électorale en vue de l’élection présidentielle américaine où l’élimination de Sanders a révélé une fracture franche. Nous sommes loin du projet, inabouti, de Clouzot au Brésil, Brasil (1950), pays doté lui aussi de grands espaces.

Testimony

L’analyse, la seule, du peu sympathique mais toujours lucide Paul Schrader, aux scénarios d’une lourdeur sans nom, est la plus intéressante. La spécificité du cinéma américain de la période considérée, tiendrait moins à la supériorité des films d’alors qu’aux attentes que le public plaçait en eux. D’après lui, ils n’étaient pas nécessairement meilleurs, simplement porteurs de réponses à ses questions. Thoret n’est pas d’accord sur le fait que les films tournés aujourd’hui soient meilleurs. Techniquement, c’est pourtant un fait ; ce qui n’en fait pas pour autant systématiquement de l’art. Si l’art changeait le monde, malheureusement, ça se saurait ! Mais alors le chapelet de Thoret lancé dans TéléObs, le supplément médias de L’Obs, comme quoi il n’existe plus de classe moyenne chez les cinéphiles, quelle honte et quel aveuglement de l’intello sus-cité : les salles sont bondées de profs, de CSP, de CSP+, de retraités, les présentations abondent, la cinéphilie en France jouit d’un statut particulier, les émissions radio (le plus que cinquantenaire Masque et la plume sur une chaîne où Thoret officia avec Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert, France culture avec Plan large d’Antoine Guillot qui reprend la suite de Projection privée de Michel Ciment, directeur de Positif, et Mauvais genre où JB faisait le duo avec Rouyer de Positif, La Dispute d’Arnaud Laporte ; Un dimanche de cinéma, plus promotionnel, sur Europe 1, les indéboulonnables Cahiers du cinéma et Positif, Télérama, Septième obsession, Mad Movies, etc.). Cette ineptie aurait pu figurer dans le livre drolatique de Nathalie Quintane, Que faire des classes moyennes ? (POL, 2016). S’ensuivent Peter Bogdanovich, mélancolique devant une piscine ouverte, un peu décrépit, Tobe Hooper, peu avant sa mort, le film lui est dédié, Peter Hyams, qui rappelle que les années 50 étaient infernales, Bob Rafelson, tourné vers l’avenir, James Toback, Jerry Schatzberg, et sa voix éraillée, sur les lieux de Needle Park (Panique à Needle Park, The Panic in Needle Park, 1971 qui lui a valu d’être fâché à mort avec Bob De Niro), ce qui n’apporte pas grand’chose (Noodles Park ?).

Un John Doe a l’honnêteté de déclarer : « Rock, drogue, plus de rock, plus de drogue et sexe ». Les gars manifestaient ou allaient à Woodstock pour se défoncer et faire l’amour, il ne faut quand même pas se leurrer ! Le gars était tout de même un bikerside pro-Nixon-le-mal-rasé. Période bénie, ces glorieuses (1960-1973) ? Le réalisateur afro-américain oublié, Charles Burnett, symbole du militantisme noir américain, modère en remémorant enfin que cette décennie fut aussi celle d’une ségrégation raciale implacable aux États-Unis. Fred Williamson, acteur emblématique des films de la blaxploitation (Black Caesar, le parrain de Harlem, Black Caesar et Casse dans la ville, Hell Up in Harlem, Larry Cohen, 1973), livre sans état d’âme sa vision business des relations entre noirs et blancs aux États-Unis : le billet vert n’a pas d’odeur, la couleur de la peau passe derrière, raison pour laquelle il vote Trump. A Kingston (Tennessee), Summer, une jeune mère de famille bien grassouillette, tient la permanence électorale, digne de celle de Taxi Driver (M. Scorsese, 1976), flanquée de ses deux lardons style kinder. Pour elle, Trump est un sauveur, « Make America great again ». Carl, programmateur d’une radio locale d’une ville sinistrée du Nevada, Brad, le paupérisé ressemblant à Marielle derrière sa vitrine, qui tient une boutique d’articles pour chiens sur fond de Rolling Stones à Dunsmuir (Californie), près de la voie ferrée, votent également pour Donald en adressant un coup de semonce à l’establishment incarné par Hillary Clinton. The sky is grey. Dennis Hopper, référence de la contre-culture, appartenait à la mouvance démocrate dans les années 70, fut républicain en 2000 (ère Bush) et pro Obama en 2008. Angel, barbier de Seligman sur la route 66, défenseur de la contre-culture, répète « We, the people » comme Ma Joad à la fin des Raisins de la colère (The Grapes of Wrath, John Ford, 1940) ou Patti Smith (People Have the Power, Dream of Life, 1988) ou encore Abraham Lincoln, qui fut d’abord esclavagiste mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis : un « Gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Bob Mankoff, le caricaturiste du New Yorker, est filmé dans sa tour d’ivoire en haut d’un gratte-ciel. Foi de Piketty, le fossé est patent mais New York n’est pas les Etats-Unis comme Berlin n’est pas l’Allemagne. J’avais discuté avec un cgt qui vota fn dans la célèbre pizzeria, ouverte depuis 1943, Chez Sauveur rue d’Aubagne à Marseille : je n’en ai pas fait un film pour autant avec une enfilade de témoignages à la Gouriot ! Thoret est en outre un peu midinette et fan de la première heure en revisitant la ville de Goldfield (Arizona) où fut tourné le road movie qui se termine, décidément, fort mal, Point limite zéro (Vanishing Point, de l’obèse Richard C. Sarafian, 1971).

Généreux générique

Ce qu’il y a de mieux, c’est le générique finalement. Bon Thoret n’a pas eu les droits de diffuser Star Spangled Banner par Jimi Hendrix lors du Festival de Woodstock à cause des ayant-droits qui ne souhaitent plus que le nom d’Hendrix soit associé à la violence, à la drogue et à la politique. Ce sera un God Save America déjanté avec un montage cut et rapide quasi psyché d’images d’archive où il faut bien garder les yeux ouverts comme Alex dans Orange mécanique (A Clockwork Orange, Stanley Kubrick, 1971). C’est un peu de l’épat’ mais c’est efficace et, parfois, drôle. Le coup du film qui brûle, présent dans le final de Macadam à deux voies (Two-Lane Blacktop, du beckettien et camusien Monte Hellman, 1971), est un poncif du cinéma expérimental mais cela fonctionne bien. « La cime de la vague immense et magnifique » évoquée par Hunter S. Thompson dans Las Vegas Parano (Terry Gilliam, 1998 d’après Fear and Loathing in Las Vegas : a Savage Journey to the Heart of the American Dream, 1972), film ennuyeux à force de scènes de défonce, reprise dans l’épigraphe du film, laisse froid par son lyrisme abscons.

*

C’est tout de même un film à 800 000 euros financé avec l’argent américain, sans aide pécuniaire française, même pas le CNC pour la production ou la distribution, encore moins du fric européen. Thoret a dû se fader, avec force compromis expliquant ce film boiteux, des conseils avec les nombreux executive producers, dont Spyros Niarchos, où Olivier Assayas a dû jouer les intermédiaires en tant que facilitateur pour rassurer. Le distributeur Marc Olry, intermittent du spectacle, directeur de Lost Films, a investi entre 15 000 et 20 000 euros pour sortir le film en salle, même si la diffusion est chiche – dans la 3e ville de France aussi. Mais que fait la société française Section 5 ? Cela promet pour le film que Thoret vient de terminer sur Jean-cul God, 86 printemps.

[Manuscrit poésie] cadette des 7 [#épisode 45]

MGMT en boucle

blanc sur noir

avocat dit

comprendre

incompréhensible

dire indicible

noir sur blanc

ami dit

enjeu émerger souf

france dedans

alors clémence

parler enfin au je

peut-être dit ami

mire perpét’

pour elle

c’est tout

noir c’est noir

avocate

blanche sur noire

dit beaucoup

à expliquer

principal

exprimer émotions

les siennes à elle

être ‘hui a hâte

même si

angoisse dedans box

assises cadette des 7

attend beaucoup

dedans box

proche dit

__________ ou jamais

que pas monstre

attend beaucoup

a hâte anuit

stress bien

qu’angoisse

forcément

dedans box

assise elle seule

chétive même si

pas son âge

fatiguée – nul corps

ai- effacée forcément

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques, Espace(s). » Cyrille Martinez, D-Fiction

Salon gastro zéro, Lyon

salon-gastronomique-de-lyon_format_626x331

Jour gris et froid : aller au salon gastronomique, 1ère édition à Eurexpo à Chassieu au milieu des geeks habillés en Pikachu pour Asian expo et Japon touch. Les publics ne se mélangent pas, sauf par erreur, semble-t-il. 5 EUR l’entrée, comme à l’étique salon de la soie en même temps au Palais de la bourse  où enfin des animations à Gadagne (Chine et soie, rencontre organisée par une délicieuse et dynamique prof à l’ENS, spécialisée sur Shanghai, ancienne attachée culturelle en Chine) sont combinés enfin en même temps. Un verre vide vous est fourni pour dégustation.

      Restauration faible

      Ayant les crocs à 14h, après avoir bu un Pu’er des vieux théiers de mon chouchou Cha Yuan qui a inauguré cette année des thés taiwanais (wulong notamment), je me précipite au restaurant « Artisans restaurateurs » : plus de service, me dit un homme avec force publicité pour un hôtel derrière. Je sillonne : outre une charcuterie artisanale assez banale, des hamburgers avec la viande d’un Gaec où une foule monstre (tout est relatif vu le nombre chiche de visiteurs) fait la queue -non de bœuf, je trouve des escargots de Bourgogne chez un petit producteur, servi rapidement et avec soin (7 EUR pour moins de 10 escargots). Malgré la goutte (fort taux naturel d’urée ou acide urique), je dégote un Viré-Clessé, servi en bonne dose, dans ce qui s’avère être l’un des meilleurs stands de vin. Pour le plat de résistance, il me reste l’espace « Restauration Pavillon International » qui s’avère n’être qu’une pauvre enfilade de vendeurs de … kebabs turcs, puisque la Turquie est invitée d’honneur. Je trouve tout de même un gözlem (pâte, épinards où j’ai payé 4 EUR au lieu de 3 EUR annoncé, ce n’est pas pour un 1 EUR mais pour le principe) fait maison par une dame qui pourrait être notre grande tante avec tenue typique qui ne fait pas costume d’apparat. L’honneur est sauf grâce à ce stand venu du Beaujolais, KCT Turquie. Mais enfin tout ceci ne paye pas de mine. Je m’attable, me coltine une fille de 14 ans des plus disgracieuses avec ses parents puis une bourge pétasse jeune à tête de Lassie avec ses mèches blanches à la mode qui, avec son mec, Ken qui, bien sûr, porte une barbe de hipster, change 3 fois de place, la chieuse intégrale pour qui le monde doit se plier pour princesse. Je discute finalement avec une brune stéphanoise qui est affaiblie par les insomnies depuis la mort de ses parents. Nous discutons de Marcon (pas Macron !), qu’elle a connu avant la construction du bâtiment écolo avec vue sur le Mont Blanc à Saint-Bonnet-le-froid, et gastronomie (Point à Vienne, Trois Gros à Roanne, etc.). Nous partageons notre déception sur ce salon assez indigent. Débuter n’excuse pas tout : la première est ratée.

      Huile et Ardèche

      Le reste est franchement pire que décevant : désolant ! Des papys et mamies vous accueillent en tentant en amateur de fabriquer du pain et autre boulangerie. Pathétique. Les principaux exposants sont concentrés sur la restauration Auvergne – Rhône-Alpes et Saône-et-Loire. Un peu de Bretagne, très discret ; l’Alsace est absente ce qui est hallucinant, les Dom-Tom, on en parle même pas ! Franchement pas très original. Des ravioles de Saint-Jean qu’il est possible de trouver en supermarché. Je trouve tout de même une bonne huile de Nyons du domaine Piallat, où le vendeur à fort accent m’apprend, ce dont je me doutais, que la truffe dans l’huile, ne peut être qu’un produit artificiel (et bam pour le stand d’à côté), avec des Côtes du Rhône moyens goutés avec deux vieux aux joues rougeaudes de la confrérie du tastevin du Brouilly en costumes. Et que ça discute sur la cata du vendredi où pas un chat n’est venu. Et vogue vers Dumarcher, très connu, IGP Ardèche de bonne facture, AOP Côte du Vivarais, ce dernier étant peu à mon goût. La fille de la vigneronne, qui se fout de moi, met son rouge à lèvre. Un vin du Bugey, pas loin.

      Je picore quelques carrés de chocolat (de 64% à 80% noir), pas si extraordinaire au regard de Gimenez, Bernachon, Bouillet et un fabuleux choco au yuzu à Privas goûté il y a quelques années au salon du chocolat de Lyon, cher et décevant, décidément, à la Cité internationale.

Grieco, Domaine La Biscarelle

      Un espace peu fréquenté. Beaucoup de côtes du Rhône, les teneurs de stand sont mécontents et l’ont fait savoir à l’orga. La curiosité m’attire : Châteauneuf du Pape. Je tombe sur la perle : un jeune couple, les Grieco (Domaine de la Biscarelle),  dont  la dame est d’une famille de vignerons depuis … 9 générations (XVIIIe d’après une cousinade). On entame une discussion passionnante : ils fournissent Têtedoie, le Crillon et d’autres restaurants/hôtels prestigieux, où le vin est parfois vendu au verre tellement la bouteille est peu chère et de qualité. Leur chiffre d’affaire, fondé sur 60 000 bouteilles (Beaucoup de Côtes du Rhône, peu de Châteauneuf à leur grand regret eu égard à la taille des parcelles), est établi en majorité à l’export (Etats-Unis, pas tellement la Chine ou l’Amérique latine).  Les anglaises 2014 est une tuerie pour une vingtaine d’euros à consommer entre 4 et 8 ans. Un rapport qualité/prix incroyable. Sacré découverte. J’arrête là pour rester sur une bonne impression, à chercher au plus profond de soi tant le néant règne.

      L’espace prestige est nullissime avec Pralus, déjà connu, où l’on cherche ledit prestige, du moins dans la présentation. Si Marcon et Têtedoie, Trotta et ses cocktails sont passés sur une estrade aseptisée où une vente aux enchères se déroule puis une remise de prix professionnels, l’inintérêt gagne, l’ennui prenant le dessus. Au total : peut nettement mieux faire. Quelques Pikachu, désorientés, cherchent de quoi boire pour tenir. Evidemment aucune référence à la cuisine asiatique, à part un misérable chinois perdu au milieu de nulle part, ce qui est vraiment dommage. Nous sommes loin de la deuxième édition du street food festival (LSFF) aux Subsistances, plus conviviale (musique, ouverture sur le monde gastronomique avec Hong-Kong et l’Amérique latine comme le Mexique et la Colombie, Têtedoie, Viannay, le chef de la Mère Brazier, Viola de Denise et René et surtout le sympathique Régis Marcon qui régalent).

Parce que je le Malleval bien

Je me console en pensant à la fabuleuse dégustation annuelle hier chez Malleval qui fait décidément très fort à chaque coup : Sancerre, Givry premier cru avec assemblage de 4 1er crus, L’empreinte Domaine Joblot 2016 (à son sommet dans 4 ans) où le taux de sulfite semble moindre que d’habitude. Un jeune coupe de vignerons dont une très belle vingtenaire-trentenaire. Des Châteauneuf plutôt décevants malgré le prix dépassant parfois les 200 EUR. Que vois-je, un merveilleux Croze, vin dont je n’en peut plus tellement il est servi en gastronomie de la région avec Saint Joseph (Noël est annulé, le père a avoué) très finement travaillé en fût de chêne et, enfin, un Tokay de folie (5 putunios) accompagné d’un foie gras alsacien d’oie et de canard (dont il existe une variété  au champagne et 4 épices) proposé par un jeune commercial insupportable, gomina dans les cheveux, propos offensifs qui ne s’arrêtent jamais, qui me met le grappin dessus. Je lui laisse, amusé intérieurement, faire son numéro à vide. A cause du gras foie, je suis indisposé le lendemain. Tout ça pour ça. Le Monsieur, sorte de Phileas Fogg, fidèle depuis 4 ans, du cognac XO surprend toujours par la maestria de ses alcools forts très très chers mais très très bons, du haut de gamme. Il s’est instauré comme un jeu entre nous, l’année dernière, il m’avait klaxonné de son break alors qu’il repartait vers Bellecour. Comme quoi 7 exposants dans un petit espace font plus qu’un salon entier.

Je file chez mon chéri De l’autre côté de la rue avec leur cave Banastou & Fourquet : je les aime bien mais le fossé ne joue malheureusement pas en leur faveur. Ce n’est pas parce que c’est bio (d’ailleurs le taux de sulfite, fort, est permis en AB), que le vin doit être infâme voire ignoble. Privilégiez Déméter ou Nature et Progrès (ce Vosne-Romanée trop cher mais divin ou la cuvée Alicia de l’Apremont cévenol à la Cave nature chez Dengis rue Romarin au bon rapport qualité/prix) !

 

[manuscrit poésie] Cadette des 7 [# épisode 44]

assises seule

dedans box

noir sur blanc

petite quadra

de brune boulotte

  • nul corps ai-je –

à mince trop

usée jusqu’

air triste

bas fragile

noir c’est noir

toute terne

assise dedans box

tout terne

dehors crise

MGMT en boucle

affaire kerviel

aplomb mayday

n’y pense plus

chut

e

du desk

affaire madoff

aplomb mayday

chutes banques

séquestrés boss

tout tombe

tonnes de plomb

c’est comme ça

 

« Je vous conseille de lire Erik Wahl. C’est un excellent poète. Il n’a pas encore publié de livre mais, on peut découvrir ses textes dans des revues comme Nioques, Espace(s). » Cyrille Martinez, D-Fiction