[Ciné] FESTIVAL LUMIÈRE 2014, Lyon, Jour 7 Dernière séance bye bye

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« César et Rosalie », Claude Sautet, 1972

Trop discuté, donc cantonné au premier rang. Pas plus mal pour poser son barda et allonger ses jambes. Tavernier juste derrière, se précipite vers le micro pour la dernière présentation. Il cite « Classe tous risques » (Claude Sautet, 1959 ; cf. FESTIVAL LUMIÈRE Jour 2) : ce film n’a pas été bien perçu par les critiques. Ce serait l’un des trois chefs d’œuvres du noir, Gilles Jacob dixit dans son mea culpa. Le critique de cinéma de l’époque ne regardait pas les scénaristes. Or Sautet était co-scénariste sur « Les Yeux sans visage » (Georges Franju, 1959). Sautet est hésitant avant de tourner un film. Le scenario de « César et Rosalie » existe depuis longtemps avec le « zubial » Jardin, repris par Dabadie, soit 9 ans au total. L’histoire est simple : un jour, Sautet voit un type expansif dans une casse de voiture où une superbe femme l’attendait ; il s’est interrogé sur son comportement vis-à-vis de cet homme en cas de béguin ; d’autre part, Jardin et Sautet étaient amoureux de la même femme, impliquant rivalité et amitié. Tavernier déploie tous ses efforts et sa générosité pour réhabiliter Sautet.

« Max et les ferrailleurs » (Claude Sautet, 1970) est un bide. Il est grillé en France. C’est la Paramount qui produit donc. Michelle De Broca va s’en charger, après s’être occupée des films de Louis Malle comme « Le Souffle au cœur » (1970) ou « Lacombe Lucien » (1973). Sautet pense d’abord à Catherine Deneuve et Vittorio Gassman qui se retirent du projet, ce dernier refusant de jouer un homme trompé (« Cornuto ? Jamais ! »). Michelle De Broca ne veut plus de noirceur mais un rapport de comédie intense (enjoué même quand Montand-César imite Bach, retrouvant son côté music-hall). La musique de Sarde est inspirée par Bach. L’enjeu était de casser l’aspect sérieux de Montand en intensifiant l’accent du Midi (« Rashmaninov » comme « ferry boîte »). Il imite bien le cacou, ce gamin, avec sa montre en or et le bagout fatiguant à la Raimu. Tavernier indique que l’accent est peu présent dans le cinéma français. Il n’est qu’à penser qu’aux films de Pagnol ainsi que leur remake par Claude Berri ou Daniel Auteuil, « Bienvenue chez les Ch’tis » (Dany Boon, 2007) et encore récemment « P’tit Quinquin » (Bruno Dumont, 2014). « César et Rosalie » (1972) est un succès malgré la mélancolie, la gravité. Le thème de « Jules et Jim » (François Truffaut, 1961) est repris mais inversé : la femme, indépendante part, les hommes restent amis. Le rôle de Sami Frey (David) rappelle le Prince Igor dans l’irrésistible « Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? » (William Klein, 1966). Le triangle amoureux sera si bien accompli que des tensions naîtront entre les acteurs sur le tournage. Isabelle Huppert (Marité), en rousse affirmée, préfigure Jacqueline dans « Les Valseuses » (Bertrand Blier, 1973). Et Bernard Le Coq (Michel), Michel Piccoli pour la voix du narrateur lors de la belle scène de la lettre. Une charmante bluette qui n’a pas le charme de certains films de Sautet des années 70. Le côté décalé est appuyé par une affiche de Charlie Hebdo devant le studio de dessins.

« Dès qu’on me crie action / Elle est bonne, ça va pour le son / Yé n’en pé plou » (A. Bashung / B. Bergman, « Rebel », « Pizza », 1981. Bernard se précipite vers la charmante bénévole Rachel Welsh pour récupérer le dernier « Rue du premier film », le n°7. Bien que le tirage est de loin le plus important (9100 exemplaires), il n’aura, grâce au dévouement de Rachel, qu’un numéro déchiré avec un gros scotch de déménagement ! L’alcool et les tapas (calamars et chorizo) ont été dévorés par les bénévoles : normal puisque c’était pour eux. Je revois Ivan, qui travaillais avant à l’Institut Lumière, en poste à l’UGC Cité International, accompagné d’un croupier. Ils se dirigent vers la Plateforme.

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