Salon gastro zéro, Lyon

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Jour gris et froid : aller au salon gastronomique, 1ère édition à Eurexpo à Chassieu au milieu des geeks habillés en Pikachu pour Asian expo et Japon touch. Les publics ne se mélangent pas, sauf par erreur, semble-t-il. 5 EUR l’entrée, comme à l’étique salon de la soie en même temps au Palais de la bourse  où enfin des animations à Gadagne (Chine et soie, rencontre organisée par une délicieuse et dynamique prof à l’ENS, spécialisée sur Shanghai, ancienne attachée culturelle en Chine) sont combinés enfin en même temps. Un verre vide vous est fourni pour dégustation.

      Restauration faible

      Ayant les crocs à 14h, après avoir bu un Pu’er des vieux théiers de mon chouchou Cha Yuan qui a inauguré cette année des thés taiwanais (wulong notamment), je me précipite au restaurant « Artisans restaurateurs » : plus de service, me dit un homme avec force publicité pour un hôtel derrière. Je sillonne : outre une charcuterie artisanale assez banale, des hamburgers avec la viande d’un Gaec où une foule monstre (tout est relatif vu le nombre chiche de visiteurs) fait la queue -non de bœuf, je trouve des escargots de Bourgogne chez un petit producteur, servi rapidement et avec soin (7 EUR pour moins de 10 escargots). Malgré la goutte (fort taux naturel d’urée ou acide urique), je dégote un Viré-Clessé, servi en bonne dose, dans ce qui s’avère être l’un des meilleurs stands de vin. Pour le plat de résistance, il me reste l’espace « Restauration Pavillon International » qui s’avère n’être qu’une pauvre enfilade de vendeurs de … kebabs turcs, puisque la Turquie est invitée d’honneur. Je trouve tout de même un gözlem (pâte, épinards où j’ai payé 4 EUR au lieu de 3 EUR annoncé, ce n’est pas pour un 1 EUR mais pour le principe) fait maison par une dame qui pourrait être notre grande tante avec tenue typique qui ne fait pas costume d’apparat. L’honneur est sauf grâce à ce stand venu du Beaujolais, KCT Turquie. Mais enfin tout ceci ne paye pas de mine. Je m’attable, me coltine une fille de 14 ans des plus disgracieuses avec ses parents puis une bourge pétasse jeune à tête de Lassie avec ses mèches blanches à la mode qui, avec son mec, Ken qui, bien sûr, porte une barbe de hipster, change 3 fois de place, la chieuse intégrale pour qui le monde doit se plier pour princesse. Je discute finalement avec une brune stéphanoise qui est affaiblie par les insomnies depuis la mort de ses parents. Nous discutons de Marcon (pas Macron !), qu’elle a connu avant la construction du bâtiment écolo avec vue sur le Mont Blanc à Saint-Bonnet-le-froid, et gastronomie (Point à Vienne, Trois Gros à Roanne, etc.). Nous partageons notre déception sur ce salon assez indigent. Débuter n’excuse pas tout : la première est ratée.

      Huile et Ardèche

      Le reste est franchement pire que décevant : désolant ! Des papys et mamies vous accueillent en tentant en amateur de fabriquer du pain et autre boulangerie. Pathétique. Les principaux exposants sont concentrés sur la restauration Auvergne – Rhône-Alpes et Saône-et-Loire. Un peu de Bretagne, très discret ; l’Alsace est absente ce qui est hallucinant, les Dom-Tom, on en parle même pas ! Franchement pas très original. Des ravioles de Saint-Jean qu’il est possible de trouver en supermarché. Je trouve tout de même une bonne huile de Nyons du domaine Piallat, où le vendeur à fort accent m’apprend, ce dont je me doutais, que la truffe dans l’huile, ne peut être qu’un produit artificiel (et bam pour le stand d’à côté), avec des Côtes du Rhône moyens goutés avec deux vieux aux joues rougeaudes de la confrérie du tastevin du Brouilly en costumes. Et que ça discute sur la cata du vendredi où pas un chat n’est venu. Et vogue vers Dumarcher, très connu, IGP Ardèche de bonne facture, AOP Côte du Vivarais, ce dernier étant peu à mon goût. La fille de la vigneronne, qui se fout de moi, met son rouge à lèvre. Un vin du Bugey, pas loin.

      Je picore quelques carrés de chocolat (de 64% à 80% noir), pas si extraordinaire au regard de Gimenez, Bernachon, Bouillet et un fabuleux choco au yuzu à Privas goûté il y a quelques années au salon du chocolat de Lyon, cher et décevant, décidément, à la Cité internationale.

Grieco, Domaine La Biscarelle

      Un espace peu fréquenté. Beaucoup de côtes du Rhône, les teneurs de stand sont mécontents et l’ont fait savoir à l’orga. La curiosité m’attire : Châteauneuf du Pape. Je tombe sur la perle : un jeune couple, les Grieco (Domaine de la Biscarelle),  dont  la dame est d’une famille de vignerons depuis … 9 générations (XVIIIe d’après une cousinade). On entame une discussion passionnante : ils fournissent Têtedoie, le Crillon et d’autres restaurants/hôtels prestigieux, où le vin est parfois vendu au verre tellement la bouteille est peu chère et de qualité. Leur chiffre d’affaire, fondé sur 60 000 bouteilles (Beaucoup de Côtes du Rhône, peu de Châteauneuf à leur grand regret eu égard à la taille des parcelles), est établi en majorité à l’export (Etats-Unis, pas tellement la Chine ou l’Amérique latine).  Les anglaises 2014 est une tuerie pour une vingtaine d’euros à consommer entre 4 et 8 ans. Un rapport qualité/prix incroyable. Sacré découverte. J’arrête là pour rester sur une bonne impression, à chercher au plus profond de soi tant le néant règne.

      L’espace prestige est nullissime avec Pralus, déjà connu, où l’on cherche ledit prestige, du moins dans la présentation. Si Marcon et Têtedoie, Trotta et ses cocktails sont passés sur une estrade aseptisée où une vente aux enchères se déroule puis une remise de prix professionnels, l’inintérêt gagne, l’ennui prenant le dessus. Au total : peut nettement mieux faire. Quelques Pikachu, désorientés, cherchent de quoi boire pour tenir. Evidemment aucune référence à la cuisine asiatique, à part un misérable chinois perdu au milieu de nulle part, ce qui est vraiment dommage. Nous sommes loin de la deuxième édition du street food festival (LSFF) aux Subsistances, plus conviviale (musique, ouverture sur le monde gastronomique avec Hong-Kong et l’Amérique latine comme le Mexique et la Colombie, Têtedoie, Viannay, le chef de la Mère Brazier, Viola de Denise et René et surtout le sympathique Régis Marcon qui régalent).

Parce que je le Malleval bien

Je me console en pensant à la fabuleuse dégustation annuelle hier chez Malleval qui fait décidément très fort à chaque coup : Sancerre, Givry premier cru avec assemblage de 4 1er crus, L’empreinte Domaine Joblot 2016 (à son sommet dans 4 ans) où le taux de sulfite semble moindre que d’habitude. Un jeune coupe de vignerons dont une très belle vingtenaire-trentenaire. Des Châteauneuf plutôt décevants malgré le prix dépassant parfois les 200 EUR. Que vois-je, un merveilleux Croze, vin dont je n’en peut plus tellement il est servi en gastronomie de la région avec Saint Joseph (Noël est annulé, le père a avoué) très finement travaillé en fût de chêne et, enfin, un Tokay de folie (5 putunios) accompagné d’un foie gras alsacien d’oie et de canard (dont il existe une variété  au champagne et 4 épices) proposé par un jeune commercial insupportable, gomina dans les cheveux, propos offensifs qui ne s’arrêtent jamais, qui me met le grappin dessus. Je lui laisse, amusé intérieurement, faire son numéro à vide. A cause du gras foie, je suis indisposé le lendemain. Tout ça pour ça. Le Monsieur, sorte de Phileas Fogg, fidèle depuis 4 ans, du cognac XO surprend toujours par la maestria de ses alcools forts très très chers mais très très bons, du haut de gamme. Il s’est instauré comme un jeu entre nous, l’année dernière, il m’avait klaxonné de son break alors qu’il repartait vers Bellecour. Comme quoi 7 exposants dans un petit espace font plus qu’un salon entier.

Je file chez mon chéri De l’autre côté de la rue avec leur cave Banastou & Fourquet : je les aime bien mais le fossé ne joue malheureusement pas en leur faveur. Ce n’est pas parce que c’est bio (d’ailleurs le taux de sulfite, fort, est permis en AB), que le vin doit être infâme voire ignoble. Privilégiez Déméter ou Nature et Progrès (ce Vosne-Romanée trop cher mais divin ou la cuvée Alicia de l’Apremont cévenol à la Cave nature chez Dengis rue Romarin au bon rapport qualité/prix) !

 

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